Le son doux et lent de la musique créait une atmosphère nuageuse, invitant le public à fermer les yeux dans la bulle de chaleur. Ses lèvres fines murmuraient alors qu’il s’immergeait dans la musique.

“Cette chanson est trop bien.”

Le plus grand qui venait de mettre la cassette se tourna pour regarder son amant allongé dans le lit. Il ouvrit le boîtier, en sortit le livret avec les paroles et le déplia en cherchant le nom de la chanson et quel genre de paroles c’étaient avant de sourire et de se souvenir.

Petit à petit, les personnes qui ne se souciaient de rien commençaient à apprendre ce que l’autre aimait et à le remplir dans une boîte appelée souvenir. 

Korn recula et s’assit à côté de lui sur le lit. Sa grande main toucha les cheveux doux du plus jeune, les caressant doucement. Il voulait que le plus jeune se rendorme, avant de pouvoir dormir à nouveau à son tour. Intouch ferma les yeux avec un petit sourire.

Il aimait tellement ce sentiment.

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“Snif”

De doux sanglots. La personne dans son étreinte obligea Dean à resserrer sa prise sur son corps. Les yeux vert-gris fixaient son visage mal à l’aise, tourmenté et dont les larmes coulaient sans arrêt.

“Chuuuut, ne pleure pas.” Murmura-t-il d’une voix apaisante, accompagnée d’un toucher chaleureux sur sa joue. La grande main essuya doucement les larmes car il avait peur de réveiller Pharm. Dean se pencha pour lui embrasser le front et lui frotta le dos pour l’endormir à nouveau.

Pharm bougea légèrement avant de se détendre et de se calmer. Il se blottit contre la poitrine chaude de Dean, un sourire rêveur placé sur ses lèvres.

“Phi… Korn.”

Au milieu des ténèbres, l’horloge numérique indiquant cinq heures du matin, le cœur de quelqu’un s’emballa.

S’il vous plaît… Laissez-les libres du passé.

Une musique inconnue résonnait fort à côté du lit, réveillant celui qui dormait d’un sommeil heureux. Pharm soupira et gémit, le visage enfoui dans son oreiller. Il pouvait sentir l’humidité au bord de ses yeux, il les essuya avec désinvolture. A contrecœur, il tendit la main et décrocha le téléphone qui était la source du son. 

“Allo…”

[“... Phi ?”]

Encore à moitié endormi, Pharm fronça les sourcils.

“Qui est-ce ?” Sa voix était toujours étouffée et il se recroquevilla légèrement en sentant une chaleur derrière lui.

[“Ph… Pharm ?”] La voix au téléphone devint si aiguë que Pharm ouvrit les yeux.

“Hein Del ? Qu’y a-t-il ?” Il était sur le point de s’étirer, mais il s’arrêta quand il sentit qu’il ne pouvait pas bouger. Pharm s’immobilisa et regarda ce qui le retenait à la taille.

Des bras bronzés… Une grande main familière et la chaleur qui l’enveloppait dans son dos.

...

Surprise !!

“Del, Del !!” Il appela rapidement son amie à l’autre bout du téléphone. Le jeune homme venait de réaliser que ce n’était pas son téléphone, c’était celui de Dean.

[“Oh… euh alors Phi est avec Pharm, c’est ça ? Alors je suis soulagée. J’ai vu qu’il n’était pas rentré alors j’ai appelé pour savoir si tout allait bien.”] Dit Del en bégayant car elle avait vraiment eu une frayeur, mais Pharm avait déjà perdu la tête.

“Non, ce n’est pas ça, non !”

[“Dit à Phi Dean que s’il veut rester plus longtemps, qu’il m’appelle pour me le faire savoir. Bye-bye,  je ne te dérange pas plus longtemps…. Kyaaaaa Phi Dooooon !!”] Le cri sifflé par sa bonne amie s’échappa du téléphone juste avant qu’elle ne coupe l’appel. Le visage de Pharm était tout pâle, alors qu’il regardait le téléphone présent dans sa main comme s’il voyait un objet interdit.

Qu’est-ce qu’il allait faire ? Qu’avait-elle compris !?

“Hmm…” La voix basse semblait être agacée par le dérangement. La force de l’étreinte devint si forte que le corps de Pharm disparut presque entre ses bras. Il ouvrit la bouche, essayant de repousser avec difficulté les bras, mais la force de Dean n’était pas normal du tout.

“Phi Dean… Phi Dean.” Quand il vit que Dean ne voulait pas bouger et le relâcher, il ne put faire autrement que le réveiller. Pharm frappa légèrement le haut du bras de Dean, mais il eut l’impression d’être tenu plus fort.

“Euh… Phi Deaaan.” Marmonna-t-il à cause de l’haleine chaude qui lui frappait la nuque. Son cœur battait si vite qu’il avait peur que Dean, serré contre lui, ne puisse l’entendre. Finalement, il ne réussit plus à le supporter, il essaya de faire demi-tour avant de réussir. Les yeux de Pharm s’écarquillèrent alors qu’il était sur le point de lui crier dessus, mais une chanson familière s’éleva soudain sur la table de nuit en face de lui. Pharm fut surpris et essaya de se dépêcher de répondre au téléphone.

"Euh…oui.”

Hey !!??

La personne qui avait auparavant eu du mal à se réveiller, se tourna pour s’allonger sur le dos, tendit la main et décrocha le téléphone.

“Phi Dean !!!” Cria Pharm, la voix aiguë, embarrassé, il grimpa sur le torse du senior pour essayer de saisir le téléphone.

Dean resta silencieux pendant un moment quand il entendit un sifflement provenant de l’autre bout de la ligne. Il déplaça sa main, afin de voir à qui il était en train de parler, mais le visage sur la photo du téléphone ne lui était pas familier. Ses yeux perçants regardèrent la personne au visage rouge dans ses bras qui essayait de tendre la main pour récupérer l’objet présent dans sa main. Dean haussa les sourcils et fit exprès de mettre le téléphone plus loin avant de parler tranquillement à la personne au bout du fil.

“Hum… d’accord, quinze heures. Hmm… je vais le déposer.”

Au bout d’un moment, il raccrocha, mais avant qu’il ne puisse remettre l’écran de veille, Pharm attira son attention.

“Waouh !!!! Non Phi Dean, ne regarde pas !!.” Pharm sentit la panique monter en lui, il couvrit les yeux de Dean, le visage rouge vif, embarrassé au point de pleurer. Il ne savait pas si Dean avait eu le temps de voir ou non, il ne savait pas.

“Je n’ai pas fermé les yeux.” Protesta Dean sur un ton amusé, car il était déjà trop tard, il l’avait vu de ses propres yeux. 

“Phi… Tu l’as vu ?” Pharm utilisa une main pour couvrir les yeux du senior, tandis que l’autre se tendait pour récupérer son téléphone.

Dean ne répondit pas, il se contenta de sourire en entourant la taille de Pharm qui était méfiant, mais tellement embarrassé qu’il semblait avoir oublié qu’il était toujours allongé sur lui.

“Phi Deaaan !” Quand il ne put rien faire d’autre, il reprit son habitude, s’écriant et prononçant son nom longuement. “Pourquoi agis-tu comme ça ?” Pharm aurait voulu enfouir sa tête sous son oreiller et se couvrir d’une couverture pour ne pas montrer son émotion, comme une autruche qui enfouirait sa tête dans le sol.

“Tout à l’heure, Manaow a dit que vous aviez un rendez cet après-midi chez votre ami pour étudier.” Le jeune Dean préféra changer de sujet de conversation. “Je vais t’y emmener et pour ce qui est du retour, c’est surement Team qui s’en chargera.”

Pharm pinça ses lèvres, retira sa main de devant les yeux de Dean en roulant des yeux

"J'ai une voiture."

“Mais je veux t’y emmener.” Dean changea légèrement de position, cette fois, il plaça ses bras derrière sa tête, laissant Pharm appuyer contre son corps.

Pharm agit avec agacement, mais ne put rien dire pour le contredire, il fit semblant de taper sur le large torse. Il fronça les sourcils avec l’intention de rappeler Manaow.

Manaow ?

Attendez !!! Tout à l’heure, c’était Manaow qui appelait !?

“Hey ! Quand tu as décroché le téléphone comme ça, Manaow n’a pas été choqué ?”

Dean haussa les sourcils, sentant que le lendemain matin serait bien moins agréable que celui-ci.

“Elle a crié dans mon oreille.” 

Pharm avait l’impression que son monde s'effondrait, Del savait, Manaow savait et qu’allait-il rester de lui quand il rencontrerait ses amis ?

“Ah !” Pharm tressaillit lorsqu’une main toucha sa joue. Phi Dean utilisa le bout de ses doigts pour caresser légèrement le bord rouge de ses yeux.

“Tes yeux te font mal, est-ce qu’il sont toujours rouges ?” Demanda Dean en fronçant les sourcils parce que ses yeux semblaient encore humides de larmes.

Pharm sourit timidement, il aimait ce genre de toucher de Dean et encore plus quand sa grande main chaude se leva pour lui caresser affectueusement la tête. 

“Je n’ai plus mal, mais cette fois, c’est bien de faire un bon rêve, même si c’est un peu tremblant dans ma poitrine.” Pharm ferma les yeux et réfléchit à l’image dans sa mémoire. “J’entendais de vieilles musiques, comme celles que ma mère jouait quand elle était enfant, puis il m’a tapoté la tête comme ça.”

Les yeux gris-vert fixaient le plus jeune avec un regard coupable. Il caressa la tête de son Nong avant de bouger sa main pour toucher plus vivement la tache de naissance sur sa tempe. Dean se redressa, n’oubliant pas de soutenir Pharm pour qu’il s'assoit avec lui, il se pencha pour lui embrasser le front avant d'esquisser un sourire quand leur regard se croisèrent.

“Va prendre une douche, je la prendrai après toi.”

Il attendit que Nong se lève, attrape sa serviette et marche d’une manière incertaine vers la salle de bain. Juste avant que la porte ne se referme, Dean lança juste assez fort pour être entendu.

“L’écran de veille, tu peux le changer maintenant. Pas besoin d’utiliser de photo secrète.”

La vision encore floue alors qu’il se réveillait, Pharm s’écria de la salle de bain en fermant la porte dans un bang sonore. Dean trembla de rire en voyant le jeune homme si timide et embarrassé, alors qu’il se sentait impuissant.

L’écran de veille était une photo prise secrètement, alors que Dean dormait. Vu l’arrière-plan, c’était probablement à la bibliothèque, le jour où Pharm lui avait rendu sa feuille.

Parce qu’il n’avait pas de T-shirt propre pour se changer, Dean mit une serviette autour de ses épaules afin de pouvoir sortir sans que personne ne soit choqué de le voir à moitié nu. Il alla frapper à la porte de l’appartement voisin et attendit. Bientôt, une figure familière apparut.

Sin, qui avait encore le visage endormi, un pyjama en désordre et les cheveux légèrement ébouriffés, plissa les yeux vers son ami junior et l’observa de la tête aux pieds.

“Tu n’es pas rentré chez toi ?” Demanda-t-il en jetant un coup d'œil vers la chambre voisine pour savoir s’il était resté dans la chambre de son Nong ou pas.

Dean haussa les épaules sans s’en soucier. “Je peux t’emprunter un t-shirt.”

“Tu penses que tu peux rentrer dans mon t-shirt ?” Un sourire moqueur au coin des lèvres. Les épaules de Dean étaient si larges qu'il serait fou de les porter.

“Je veux dire, un t-shirt de Phi Sorn. Tu en as sûrement ici ?” Dean se massa les tempes, il se sentait vraiment paresseux pour discuter avec lui. 

“Oh…” Sin laissa traîner sa voix, appuyé contre la porte de l’appartement, il croisa les bras, alors qu’il le taquinait délibérément. Seulement, avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, un bruit retentit derrière lui, détruisant complètement ses intentions. 

“Awo !” La personne qui venait de jeter un T-shirt n’était pas Phi Sin, car il était encore occupé à agacer Dean devant la porte, mais Phi Sorn qui arriva derrière et prit la taille de son amant pour le coller contre sa poitrine.

Ils ne pensaient pas trop à leur image, car ils savaient très bien, qu’en les regardant, Dean saurait que la nuit dernière avait été probablement agitée.

“Tu as déjà parlé à ton Nong ?” Demanda Sin en remontant ses lunettes sur son nez et en repoussant ses cheveux en arrière d’un air ennuyé.

Dean resta silencieux un moment, il regarda ses deux amis dans les yeux et il était sûr que Phi Sorn devait déjà tout savoir à ce sujet. 

“Je vais lui en parler aujourd’hui.”

“S’il y a quelque chose, appelle-moi dans la journée.” Sorn ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiet, ils étaient amis depuis toujours.

“Merci Phi.” L’homme à la peau bronzé tapota vivement l’épaule de son meilleur ami d’enfance. Il les salua avant de retourner vers l’appartement pour prendre une douche, mais Phi Sin l’interpella.

“Hey, si tu as besoin de préservatifs, préviens-moi à l’avance au cas où un seul ne suffirait pas.”

La porte de la chambre lui claqua au nez alors que la phrase lui emplissait les oreilles. Dean jura et roula des yeux froidement.

Phi Sin batard !!

Quand Dean sortit de la salle de bain, il était déjà assez tard. Il se dirigea vers la cuisine où Pharm était en train de faire cuire du porridge dans une casserole. Dean s’assit à la table en regardant son Nong saisir quelque chose en s’activant joyeusement. Il fut un peu surpris quand il vit un sac de nourriture posé près de lui et il soupçonnait que pendant qu’il prenait sa douche, Nong Pharm s’était sûrement dépêché d’aller acheter des choses au marché du matin en face de son immeuble.

“Oh, Phi Dean, tu veux du café ?” Pharm qui s’était retourné pour prendre une assiette sur la table s’arrêta, légèrement embarrassé quand il vit l’autre personne le fixer. Il ne savait pas depuis combien de temps il le regardait.

“Où est le café ? Je vais le préparer moi-même.” Il posa l’assiette sur la table et vit que Pharm était en train de préparer du radis sucré et une omelette à manger avec le porridge.

“Dans le placard à droite, il y a de l’eau chaude dans la bouilloire. Tu peux aussi m’apporter les morceaux de porc.” Il s’y rendit rapidement, mais se cogna la tête contre le placard.

Dean ne pouvait que l’admettre, Pharm était une personne très bien organisée et qui avait toujours une longueur d’avance. Peu importe ce qu’il faisait, Nong Pharm avait déjà tout préparé. Par exemple, quand il finit de préparer du café, il se retourna vers la table et il y avait une petite assiette pour poser sa tasse avec du sucre en morceau dessus.

Le riz blanc et chaud avait été déposé dans un bol et était placé devant lui. Pharm plaça les Pathongko (1) qu’il avait achetés plus tôt dans une assiette car il savait que Dean mangeait beaucoup.

“Du lotus ? Tu vas rendre hommage aux moines ?” Dean montra la grande fleur de lotus rose et blanche enveloppé dans du papier, mais Pharm secoua la tête.

“Dans le coin, il n’y a qu’un petit temple, alors j’utilise habituellement un Phuang Malay (2) pour rendre hommage. Cette fleur de lotus me sert à emballer les collations.”

“Emballer des collations ?” Demanda le jeune homme en ayant un air perplexe sur son visage.

“Oui, quand j’ai parlé avec Manaow, elle m’a demandé de préparer des collations.”  Pharm ne voulait pas admettre qu’il avait l’intention de préparer des collations pour faire taire la bouche de son amie. Manaow l’avait appelé et avait hurlé en racontant la façon dont Phi Dean avait répondu au téléphone. Puis elle lui avait posé une série de questions jusqu’à ce qu’il doive la couper en disant qu’il lui raconterait plus tard.

“J’allais acheter de jeunes feuilles de bananier au magasin local, mais il n’en avait plus, alors j’ai acheté des fleurs de lotus à la place.” Il mit du radis sucré dans un bol avec du porridge pour Dean. “Arrête de poser des questions, le riz va finir par être froid. Quoi qu’il en soit, tu dois être mon apprenti pour faire des collations aujourd’hui.”

Dean haussa les sourcils alors qu’il était réprimandé, puis il eut un petit sourire en coin avant de commencer à manger la nourriture devant lui. Le goût sucré du radis se mariait bien avec le porridge, c’était croquant, mais pas trop sucré.

Dean marmonna doucement.

“C’est bien de vivre ensemble…”

Pharm s’arrêta, la bouche étroitement serrée. Ses joues étaient rouges jusqu’à ses oreilles et son expression montrait clairement qu’il avait tout entendu, mais il ne savait pas comment réagir et heureusement, Dean ne le força pas à répondre.

De la farine de riz gluant, de la farine de haricot et de la farine de riz blanc étaient mélangés dans un bol en argent. Suivi du sucre, du lait de coco et du sel. Une fois mélangés, ils versèrent la pâte dans une casserole et la mire à feu doux tout en remuant progressivement pour que ce soit homogène. Pharm se retint de rire quand il vit Dean à côté de lui essayant de presser le jus d’un pandan (3) après avoir reçu l’ordre de le laver, de le couper et de le piler soigneusement afin de récupérer le jus en les pressant à l’aide d’un chiffon blanc fin.

Ses grandes mains étaient trop grandes pour faire quelque chose comme ça. Pharm ne put s'empêcher de sortir son téléphone pour prendre quelques photos.

“C’est suffisant ?” Dean essuya sa transpiration avant de lui tendre une tasse pleine de jus de pandan vert foncé.

Le jeune homme hocha la tête puis remua la pâte jusqu’à ce qu’elle commence à s’agglutiner, puis il versa lentement le jus de pandan fait par le président du club de natation.

“Qu’est-ce que tu vas préparer comme collation ?” Dean regardait la pâte dans la casserole qui prenait une belle couleur verte tout en prenant l’aspect d’une crème anglaise.

“Ce sont des Cha Mongkut (4)” dit Pharm en se tournant pour saisir une assiette de graines de pastèque grillées qu’il donna à Dean pour qu’il y goûte.

Dean haussa un sourcil. “Des Cha Mongkut ? C’est jaune et orange, non ? Ça ressemble à des citrouilles.” Dit-il en faisant référence à ces bonbons ronds, jaune orangé, garnis d’une graine de melon. Certaines personnes mettaient également de la feuille d’or sur le dessus.

Pharm secoua la tête. "Celui-là s'appelle Dara Thong ou Tong Ek Krachan. Il a été créé à l’époque du maréchal Po (6). Mais ce que je fais, c’est un dessert qui est fait depuis le règne du roi Rama II. En fait, tu n'es pas obligé de mettre des feuilles de pandan, mais ça sent bon, j’aime ça.”

Les mains du jeune homme s'arrêtèrent lorsque la pâte devint lisse et brillante. Il utilisa une cuillère pour prélever un peu de pâte chaude et la goûta. La pâte douce et caramélisée remplit sa bouche d’un parfum de gelée et de feuille de pandan.

“Délicieux.” Il se retourna et sourit à Dean jusqu’à ce que ce dernier, qui le regardait, sourit à son tour. 

Dean observa son Nong prendre de la pâte et la poser sur une assiette. Puis il saisit un pétale de la fleur de lotus qui avait été roulé pour le ramollir et il mit la préparation à l’intérieur.

“Ça me semble familier, comme si ma grand-mère parlait de ce dessert, mais je ne m’en souviens pas. Pourquoi est-ce que je l’ai mal appelée." Il se tourna pour prendre l’assiette contenant les graines de pastèque pour la garniture et la tendit à Pharm.

“Parce que dans le passé, il y avait un livre avec le mauvais nom sur la collation.” Pharm réfléchit un peu avant de répondre. “Aujourd’hui, ce livre est devenu un modèle pour les desserts thailandais, alors c’est difficile de le corriger.” Tout en parlant, il découpa la pâte, puis la plaça dans les pétales de la fleur de lotus. Il disposa les graines de pastèque pour décorer la pâte verte appétissante, puis il l’enveloppa et fixa le pétale avec une petite brochette en bois.

“Après l’avoir emballé, il faut le mettre un peu au soleil, comme ça, le dessert sentira la fleur de lotus. C’est très appétissant.” Pharm emballa soigneusement chaque morceau de dessert.

Dean regarda le Nong qui préparait soigneusement chaque pièce, même s’il cuisinait pour ses amis, Pharm ne négligeait jamais les détails. Il avait entendu le jeune homme enseigner à Del que les desserts thailandais étaient si beaux et charmants qu'il fallait du temps pour les faire. Afin que ce soit réel ou amusant, il fallait y porter une attention particulière.

“Tu veux en goûter un ?” Demanda Pharm sans lever les yeux, mais la réponse reçue s’avéra être tout autre chose.

“... à propos d’hier soir.”

La main qui manipulait la pâte se figea pendant une fraction de seconde avant de reprendre.

“Il s’agit d’Intouch.”

Pharm pressa ses lèvres l’une contre l’autre alors que ses yeux se mirent immédiatement à trembler. Dean lui toucha la main avant de la serrer légèrement.

“Phi Dean, je peux te demander ?”

“Oui ?”

Pharm leva les yeux pour rencontrer les beaux yeux de Dean et il esquissa un léger sourire.

“Si j’écoute l’histoire d’Intouch, notre relation va-t-elle changer ?”

Dean fronça immédiatement ses sourcils sombres. “Elle ne changera pas, elle ne changera jamais.”

“Si je t’écoute, serai-je triste ou heureux ?”

Les yeux gris-vert scintillèrent de tristesse. Pharm posa sa cuillère et attrapa la main libre de Dean.

“... peut-être… triste.” La voix de Dean tremblait.

Pharm serra doucement la main de son Phi et se mit légèrement à rire. “Alors, je pense qu’il vaut mieux ne pas le savoir.”

Quand il vit le visage surpris de Dean, alors il sourit encore plus. “Le savoir n’est pas bon. Je ne serai pas mieux, en plus, ça ne peut plus être réparé maintenant.” Il regarda les desserts enveloppés dans des pétales de lotus roses et blancs magnifiquement disposés. “Tu sais, je n’ai jamais utilisé de pétales de lotus pour envelopper des desserts auparavant.” Il tapota sa tempe avec son autre main. “Mais il y avait des images qui sont apparues dans mon esprit. Je pense que Intouch l’a déjà vu quelque part auparavant.”

Il regarda Dean à nouveau, sa voix était ferme et sans hésitation. “En dehors de se sentir triste parfois, je pense que c’est bien de tout laisser aller. C’est vrai, il y a une chanson dont j’aime vraiment les paroles.” 

Pharm prononça les mots suivants lentement. 

“Si les vieux souvenirs du passé me reviennent. Je choisirai de ne me souvenir seulement des bons. Il n’y aura donc que la beauté de demain.”

Ayant fini de parler, il sourit. “C’est une vieille chanson que ma mère avait l’habitude de chanter. Elle a une bonne signification. Pourquoi tu fronces les sourcils ?” Quand il en fut averti, les sourcils sombres se relachèrent. Dean regarda la personne en face de lui avec de nombreux sentiments qui débordaient.

Il ne voulait pas que ce sourire s'efface.

“J’abandonne.”

Pharm cligna des yeux. “Quoi ?”

Dean baissa la tête et posa son front contre celui de Pharm.

“J’abandonne…” Il tira le plus petit contre son corps dans une étreinte plus serrée. “Je me rends à toi.”

Le cerveau de Pharm était lent, il était toujours confus et ne comprenait pas. Mais dès qu’il rassembla ses esprits, ses joues virèrent immédiatement au rouge.

“Phi Deaaan.” Sa voix glissa parce qu’il commençait à réaliser qu’on le taquinait.

Dean rit, frotta le bout de son nez et vola un baiser sur les deux joues de Pharm. Le garçon aux joues rouges tenta de s’échapper, mais il ne le lâcherait pas si facilement.

Comment pouvait-il expliquer ce sentiment dans sa poitrine ? De l’amour, de l'amour, tellement d’amour.

“Puis-je t’embrasser ?”

Pharm était perplexe et cette fois, la couleur rouge se répandit jusqu’à ses oreilles. Même si ce n’était pas leur premier baiser, il ne pouvait pas s’empêcher de trembler de gêne. Dean ne s’était pas contenté de parler, mais ses lèvres chaudes se blottirent au coin de sa bouche, le pressant de répondre.

“Un baiser ?” Demanda à nouveau Dean et il attendit que Pharm ait hoché légèrement la tête pour que presque immédiatement ses lèvres chaudes s’écrasent contre les siennes.

Leurs lèvres étaient pressées l’une contre l’autre, se blotissaient ou se suçotaient jusqu’à ce qu’elles deviennent rouges. Puis la lourdeur commença à augmenter en même temps que le rythme de leur respiration. Pharm ouvrit sa bouche pour respirer, ce qui permit à Dean d’envoyer le bout de sa langue pour l’envahir.

Le bruit d’humidité de leurs deux bouches se fit entendre. Dean retira sa langue pour inviter celle de Pharm à venir la rejoindre. Ce dernier serra fermement les bras de son amoureux, son corps s’écrasant instinctivement contre l’autre. Il répondit à ce baiser si intense que le senior faillit soupirer de satisfaction.

“Ah, ah !”

Pharm fut surpris quand son corps fut soulevé pour se retrouver assis sur le plan de travail. Le baiser devint encore plus intense jusqu’à ce que ses yeux deviennent flou. Dans la petite cuisine de l’appartement, le doux parfum des desserts se mêlait aux doux halètements. Ils ne savaient pas depuis combien de temps ils s’embrassaient. Ils ne savaient pas depuis combien de temps ils se touchaient, mais ce qui était ressenti n’était tout simplement pas suffisant.

Ce n’était jamais assez…

“Han.” Pharm prit une profonde inspiration, ses yeux se fermèrent étroitement et tout son corps se mit à trembler.

Comme s’il était sur le point de mourir.

La langue chaude de Dean traîna du bout du menton jusqu’à sa gorge, pressant un baiser avant de se blottir contre lui. Le t-shirt de Pharm fut relevé, déclenchant de nombreuses émotions avec la sensation d’une grande main caressant sa peau. Dean lui toucha le téton avec le bout de son pouce, il pressa dessus encore et encore jusqu’à ce que Pharm se saisisse du poignet espiègle.

Ses yeux s’écarquillèrent, suppliant Dean d’arrêter, sans se rendre compte qu’un tel regard rendait les gens incapables de réprimer leurs émotions. Pharm fronça les sourcils, à bout de souffle, il serra plus fort le poignet de l’assaillant et se pinça les lèvres quand il sentit un son étrange sortir de sa gorge.

"Humm"

Dean pressa un baiser sur sa poitrine nue jusqu’à ce que la peau devienne rouge. Un sentiment de possession, de vouloir posséder et de vouloir garder son Nong avec lui était tellement puissant qu’il pouvait à peine le supporter. Il voulait le dévorer, tout prendre pour lui. 

Pharm est Pharm, pas Intouch. Le plus jeune était à lui, rien qu’à lui et Korn n’avait aucun droit !!

“Merde !” Jura-t-il agacé. Dean releva la tête et ferma les yeux. Ces mains s’écartèrent de la peau brûlante avant de rabaisser le t-shirt de l’homme dans ses bras. Il regarda lentement les yeux tremblants de l’autre partie. Il croyait que même s’il continuait et allait jusqu’au bout, ils ne se plaindraient de rien. Mais… ça ne devait pas se faire alors qu’il ne pouvait toujours pas chasser la sensation de Korn dans sa tête.

Les deux hommes se regardèrent dans les yeux. Le souffle de Pharm tremblait encore, personne ne bougeait comme s’il avait peur qu’au moindre geste, cela ne se transforme en carburant que rien n'arrêterait. Les émotions adolescentes et la passion déferlante les incitaient  à plonger dans le désir.

"Phi Dean."

Le tremblement dans la voix de Pharm était perceptible. Il lui fallut un petit moment pour que le plus jeune ne se calme et quand il vit le regard du senior commencer à s'apaiser, il ordonna immédiatement. “Ouvre la bouche !”

Dean qui était toujours désorienté, ouvrit docilement la bouche. Aussitôt Pharm saisit un Cha Mongkut et le glissa dans la bouche de celui qui était sur le point de parler.

“Hmf.”

“Est-ce que c’est bon ?” Pharm fit semblant de lui remettre un autre dessert dans sa bouche s’il ne répondait pas. En faisant cela, son désir s’était rapidement éteint, comme s’il avait été éclaboussé d’eau.

Le président du club de natation hocha la tête. Il macha le dessert tout en retenant son rire jusqu’à ce qu’il reçoive un coup sur son avant-bras. Parce que la menace était toujours assise sur le plan de travail, que son visage était rouge et que ses mains tenaient une cuillère à dessert comme une arme.

C’était vraiment comme être dans un endroit chaleureux.

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Il était presque quinze heure trente, soit un peu plus tard que l’heure dite. La berline noire s’éloigna alors qu’elle venait de déposer Pharm. Celui-ci tenait une boîte remplie de desserts avec ses manuels scolaires. Il entra dans la maison et sourit en voyant un groupe de près d’une douzaine d’amis rassemblés sur le balcon donnant sur la cour.

“Tu arrives enfin.” Team courut, enroula son bras autour du cou de son meilleur ami et le traîna à moitié dans le cercle d’étude. Évidemment, la boîte de gâteau était également déjà entre ses mains.

Dès que Pharm fut assis, tous les yeux du groupe d’amis le fixèrent. Les expressions souriantes et taquines poussèrent Pharm à tenter de fuir, mais son bon ami Team se leva et posa fermement sa tête sur son épaule.

“Confesse toi.” Manaow tendit une bouteille d’eau comme un micro.

“Confesser quoi ?” S’écria-t-il, mais ses joues rouges avouèrent pour lui en premier.

“C’est à propos de Phi Dean qui répond à ton téléphone. Chut, ne me dis pas qu’il est arrivé tôt.” Team sourit avec des yeux pétillants. Les amis de son groupe hochèrent la tête presque en même temps. L’histoire de Pharm et du président du club de natation était tellement passionnante. Ils voulaient avoir une chance de connaître les nouvelles de l’intérieur, qui ne voudrait pas les entendre ? 

Pharm roula des yeux. “Oh attend !! Ce n’est pas normal ? Il reste juste dans les parages.” Il essaya de retirer la main de Team de son épaule.

“Si Phi et toi n’étiez pas amants, nous n’y aurions pas pensé.” expliqua l’un des amis du groupe et cela rendit la personne interrogée rouge jusqu’à sa gorge.

“Merde, tu as été mangé, pas vrai ?” Team attrapa rapidement son ami, le tourna à gauche et à droite avant de soulever le t-shirt de Pharm. Mais avant que Team ne puisse clairement voir, la paume du pâtissier lui frappa la tête de plein fouet.

“Tu parles de manger quoi ?! Waouh !! Ces desserts n’ont pas besoin d’être mangés !” Pharm saisit la boîte de gâteaux et la tint en otage, faisant semblant de ne pas vouloir les laisser en manger. Ses bons amis se prosternèrent à la hâte et s’excusèrent grandement. Il était touché, mais il ne pouvait pas les laisser manger les desserts qu’il avait faits.

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Dean rentra chez lui peu de temps après. Il portait deux boîtes de desserts dans ses mains et entra dans la maison. Une autre gentillesse de Pharm était que peu importe la nourriture qu’il cuisinait, il en gardait toujours de côté pour lui.

Il rit doucement tout en rentrant dans le salon où son petit frère et sa petite sœur étaient assis, un petit orage vola vers lui avec un tel amour qu’ils faillirent tomber.

“Phi Dean !! Tu n'es pas rentré à la maison hier pour rester dans la chambre de Pharm, pourquoi tu ne me l’as pas dit ?!” Del serra fermement la taille de son frère en lui criant dessus.

Dean caressa la tête de sa sœur, puis il regarda derrière lui et trouva son frère qui haussait les sourcils en lui lançant un regard suggestif. Le senior ne pouvait pas le gronder avec cette bouche, parce que le matin elle avait presque “dévoré” Pharm.

“Désolé, il est tard. Tenez, des desserts.” Il tendit une boîte en plastique avec de jolies collations en guise d’excuse.

“Oye, qu’est-ce que c’est ? C’est rose, tellement mignon.” Del le montra rapidement à son frère. A la hâte, ils prirent tous les deux des photos pour les mettre sur les réseaux sociaux alors que leur senior expliquait ce que c’était.

Le Cha Mongkut sentait légèrement le parfum des pétales de lotus. La texture lisse et douce explosa dans leur bouche. Bien sûr, tout s’épuisa rapidement, il n’y avait plus que les pétales de lotus de couleur pâle que la jeune fille ne voulait pas jeter et les regardait avec regret.

Dean s’assit sur le canapé en les regardant discuter avec bonne humeur. Soudain la phrase que Phi Sin avait prononcé hier lui revint à l’esprit.

‘Intouch est l’oncle de ma mère…’

Quand est-ce que maman et papa reviennent ?” dit-il avec désinvolture, mais obligeant ses frères et sœurs à se retourner et à le regarder, perplexes. Parce que d'habitude, leur frère aîné ne se souciait pas vraiment du jour du retour de leurs parents.

“Pas avant la fin de l’année ou dans le courant de la nouvelle année, d’après leur message. Ils ne pourront probablement pas arriver à temps pour qu’ils puissent assister à la compétition de natation après les examens.” Répondit Del avec regret, elle voulait vraiment que ses parents voient Dean lors de ses compétitions parce que c’était vraiment cool.

Dean fit claquer sa langue et fronça légèrement les sourcils.

“Del, Don vous avez déjà rencontré grand-mère ?"

“Euh.” Cette fois, Del s’exclama bruyamment, la jeune femme jeta un coup d’oeil à Don qui était maintenant assis bien droit, sous le choc.

Le frère aîné de la famille soupira, il n’avait jamais posé de questions sur grand-mère auparavant, pas étonnant que les plus jeunes semblent aussi choqués.

“Phi… tu ne détestes pas Grand-mère ?” Don qui était de l’autre côté du canapé, se rapprocha.

“D’où te vient cette idée ? Pourquoi je détesterais Grand-mère ?” Il le regarda sévèrement jusqu’à ce que sa tête se transforme en un sourire.

“Papa a dit que Grand-mère n’aimait pas maman et que maman détestait beaucoup la maison de grand-mère. Alors je pensais que tu devais la détester…” Don trouva rapidement une justification à sa pensée et Dean ne put que hocher la tête.

“Grand-mère ne m’a jamais appris à haïr qui que ce soit. Avez-vous accepté de la rencontrer ?” Cela faisait trois ans, depuis qu’ils avaient emménagé dans la maison Wongnet. Dean n’avait pas vu sa grand-mère une seule fois, au point qu’elle ne lui était jamais venu à l’esprit.

Le frère et la soeur hésitèrent avant que Del ne parle en premier.

“Nous allons souvent chez grand-mère, mais on ne te l’a pas dit.” s’empressa de dire la jeune fille à Phi Dean. “J’avais peur que Dean n’aime pas ça, mais grand-mère a souvent demandé si tu allais bien. Je lui apporte souvent des photos de toi.”

Dean ferma les yeux avant de regarder ses mains serrées. Dans les faibles souvenirs de Korn, il y en avait quelques un avec la soeur de In, mais pas beaucoup.

Grand-mère Antika, une femme svelte qui avait toujours un léger sourire aux lèvres, de longs cheveux raides et noirs et des yeux aussi brillants que ceux de son petit frère. 

“Je voudrais la voir.”

Le jeune homme leva la tête et se tourna pour rencontrer le regard de ses jeunes frères et sœurs.

“Je veux voir grand-mère. Aujourd’hui ce serait encore mieux, vous pouvez m’y emmener ?”

Les yeux de Don et Del s’écarquillèrent, ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Mais, ils comprirent à son air sérieux que leur frère aîné ne plaisantait pas et que c’était suffisamment important pour donner envie à Phi Dean de la rencontrer aujourd’hui.

“Attends une seconde.” Don décrocha rapidement son téléphone, il parla à quelqu’un à l’autre bout du fil d’un ton sérieux avant qu’il n'ait un large sourire en se tournant vers son frère. “Grand-mère est chez elle, la maison n’est pas très loin.”

Dean hocha la tête, il se leva d’un bond et attrapa ses affaires alors que Don le regardait, confus, avant de se lever rapidement pour suivre son frère.

C’est ce qu’il voulait faire.

C’est ce que Korn voulait faire. 

Pour la soeur qui avait perdu un frère important.

…

Je veux m'excuser auprès de vous moi-même.