• Chapitre 17 - Désolé

    Chapitre 17

    Le corps d’une personne allongée sur l’herbe, le haut de son corps soutenu par ses coudes, il regardait le ciel sans nuage. Ses sourcils noirs se froncèrent inconsciemment.

    “Ton visage se rembrunit.”

    Le murmure était accompagné d’un toucher se posant entre les sourcils de la personne, appuyant jusqu’à ce que cette dernière doive le regarder.

    “Phi Korn, à quoi tu penses ?” In était installé à genoux à côté de lui, sa main continuait de lui caresser le front pour le soulager de son anxiété.

    “Je suis tellement fatigué.” Il répondit en fermant les yeux. Son esprit était rempli d’inquiétude au sujet de son père. 

    Le toucher sur son front fit que Korn se détendit et s’endormit presque. Cependant, il ouvrit soudain les yeux quand il sentit quelque chose toucher ses lèvres.

    Léger, mais aussi chaud que du feu.

    In se redressa précipitamment en riant et rougissant. “J’ai volé le premier baiser.”

    Korn sourit avant de rire. “Ce n’était pas mon premier baiser.”

    “Mais c’était la première fois pour nous deux.” Insista In

    Les yeux de Korn rétrécirent puis il attrapa le garçon têtu et l’attira contre sa poitrine. Il appuya sur sa tête et pressa leurs lèvres l’une contre l’autre une nouvelle fois. Le baiser était puissant, envahissant jusqu’à ce que In se débatte si fort qu’il le lâcha. Korn rit avec satisfaction car l’autre partie rougissait de partout, tout comme sa bouche qui était ridiculeusement rouge.

    “C’est pourquoi ceci est notre premier baiser.”

    -----------

    La sonnerie du réveil sonna comme tous les jours. Une grande main tâtonna autour du lit, ramassa le téléphone, le regarda avant de l’éteindre et de le jeter plus loin. Dean se retourna, ses yeux gris-vert fixaient le plafond encore sombre. Le bord de ses yeux étaient rempli de larmes avant qu’elles ne coulent, attirées par la gravité de la terre, et ne disparaissent dans le matelas. Il toucha ses lèvres en jurant doucement.

    Aujourd’hui, il devait aller voir Phi Sin.

    La bibliothèque centrale de l’université comptait désormais de nombreux étudiants occupant des sièges pour étudier en vue des examens qui approchaient. Il en était de même pour les juniors de première année de la Faculté d’économie. A seize heures, Pharm et tout son groupe d'amis venaient de terminer leur séances de révisions. Certaines personnes avaient encore des cours, mais beaucoup rentraient chez elles. Manaow avait également un rendez vous pour aller manger, alors que Team lui rentrait chez lui, sur le point de s’évanouir. Pharm était le seul à retourner dans la salle, personne ne restait pour continuer à étudier.

    Il se gratta la tête en lisant certains contenus qu’il ne comprenait pas, puis il se souvint que leur professeur leur avait suggéré un bon livre qui l’aiderait à élargir sa compréhension. En pensant à cela, il s’approcha pour trouver la bibliothécaire et lui poser des questions sur le livre.

    La jeune bibliothécaire tapa sur le clavier, tapant, tapant, fixant l'écran un moment en secouant la tête avant de se tourner vers lui avec un sourire.

    “Ce livre a déjà été emprunté. Il ne devrait revenir qu’après la fin des examens.”

    Pharm blêmit.

    “Il n’y a pas d’autres exemplaires ?” Les yeux de la bibliothécaire papillonèrent. 

    La jeune fille tapa à nouveau sur son clavier et cette fois, elle sourit largement.

    “Il y a un autre livre, mais il est à la bibliothèque de la faculté de gestion. Allez y jeter un coup d'œil, il n’y a aucun historique de ceux qui l’ont emprunté.”

    Pharm resta silencieux un instant avant de la remercier avec un sourire.

    La bibliothèque de la faculté de gestion ?

    L’image du visage d’une certaine personne lui vint à l’esprit. Depuis deux jours, Dean semblait plus silencieux que d’habitude, il ne s’était même pas montré et même s’il continuait de s’appeler sur Line, c’était vraiment inhabituel.

    Peut-être qu’il pouvait y passer et jeter un petit coup d'œil.

    Il se mordit légèrement la lèvres, rangea ses affaires dans son sac et sortit précipitamment pour se rendre à l’endroit qu’il souhaitait.

    La zone d’activité de la Faculté de Gestion regorgeait d'étudiants regroupés pour étudier des livres comme toutes les autres facultés. Pharm se redressa, regarda son téléphone en hésitant à appeler Dean ou pas. Il se souvint alors qu’à ce moment-là, il devait étudier, alors il abandonna l’idée, envoya simplement un message Line et entra seul dans le bâtiment.

    C’était la deuxième fois qu’il entrait dans ce bâtiment, mais Pharm se rappelait où se trouvait leur bibliothèque. Il se souvenait bien de ce que Dean l’avait emmené voir et il se souvenait aussi de ce qu’il s’était passé entre eux deux.

    Leur premier baiser…

    “Merde…” Il souffla en sentant ses joues chauffer. Il les tapota hâtivement avant de se rendre à la bibliothèque comme c’était prévu en premier lieu.

     

    Dans la salle de classe avec une soixantaine chaises pour les matières de commerce international, se trouvaient maintenant des étudiants entassés pour discuter des examens. Devant la salle, il y avait un panneau annonçant l’annulation des cours et les élèves venaient ici pour profiter de la climatisation pour étudier.

    La porte coulissante grinça quand un nouveau venu entra, il tenait plusieurs verres de smoothie dans ses mains pour les donner à ses amis sur place.

    “Hey Dean !” Cria-t-il à travers la pièce, obligeant celui qui venait d’être interpellé à poser son livre et à lever un sourcil pour la personne qui venait de l’appeler.

    “Tout à l’heure, j’ai vu ton petit-ami se promener dans notre bibliothèque. Il gardait la tête baissée en marchant, c’était mignon.”

    Les sourcils noirs se froncèrent légèrement. Dean sortir son téléphone et vit que Nong avait laissé un message sur leur groupe Line, parlant d’emprunter un livre.

    “Nong Pharm, pas vrai ? Je veux le voir en vrai, pas seulement sa belle silhouette, n’est-ce pas ?” Un autre ami arrêta immédiatement de parler de leurs révisions.

    “Je pense tellement à ses collations. Il en a apporté aujourd’hui ?”

    “Oui je l’aime bien aussi. Il est à la bibliothèque ?” Cette fois, c’est une jeune femme qui dit quelques mots et fit mine de se lever tout en parlant.

    Mais le vrai propriétaire se leva et balaya la salle de son regard avec une expression impassible sur son visage. Les personnes qui avaient l’intention d’aller retrouver le Nong baissèrent soudainement les yeux et se réinstallèrent sur leur siège. Beaucoup d’autres rirent de la jalousie inattendue du président du club de natation qui ne s’était jamais soucié de personne.

    Dean se préparait à se rendre à la bibliothèque, mais fut d’abord tiré par l’ourlet de sa chemise, l’amenant à se retourner, insatisfait, vers le propriétaire de la main.

    “Si tu vas à la bibliothèque, tu peux emprunter un livre d’Intertrade ?” Demanda Win avec un regard aussi aiguisé que la pointe des crayons qui servait à encercler les réponses de l’examen. Win était vraiment le meilleur de la faculté.

    Dean hocha la tête, prit seulement son téléphone et sortit de la pièce en ignorant les taquineries et les huées derrière lui.

    Le jeune homme marchait le long du couloir, ses sourcils étaient froncés alors qu’il repensait au rêve de ce matin. La sensation de chaleur dans sa poitrine persista jusqu’à ce qu’il ne puisse plus s’empêcher de réfléchir.

    Devait-il en parler à Phi Sin ou bien devait-il simplement laisser les choses comme ça, sans creuser davantage ? Dans la curiosité, il y avait de la peur et dans la peur, il y avait de l’incertitude.

    S’il le savait, comment cela se passerait-il ? Lui et Pharm s’aimeraient-ils toujours ?

    Dean serra le poing jusqu’à ce que ses veines gonflent.

    S’il n’y avait pas Pharm, il n’y aurait pas de sourire, pas de regard le fixant avec incrédulité.

    Rien que d’y penser, c’était comme si le monde s’effondrait devant lui.

    ..  

    ..  

    Il n’avait jamais abandonné. Pas une seule fois !

    Le président du club de natation se tenait devant la porte de la bibliothèque, il ajusta son humeur avant de l’ouvrir. Les yeux gris-vert balayèrent les alentours puis il marcha lentement pour trouver une silhouette familière, qu’il ne vit nulle part. Il essaya de l’appeler, mais il ne répondit pas.

    Ou bien était-il reparti ?

    Dean fit claquer sa langue et se tourna pour prendre son téléphone, mais son regard se posa sur le livre que Win lui avait demandé d’emprunter auparavant. Il se dirigea vers l’étagère, le prit et vit alors la personne qui cherchait un livre de l’autre côté de l’étagère.

    Le visage de celui qu’il cherchait était baissé pour faire quelque chose. Dean le regarda le visage lumineux, Pharm regardait son téléphone et pressa une touche, aussitôt, celui de Dean vibra.

    P@rm : Je suis toujours à la bibliothèque.

    Le cœur froid se réchauffa lentement, ces petites actions étaient précieuses. 

    Ils ne s’étaient rencontrés que depuis quelques mois.

    Ils s’étaient décidés d’être ensemble depuis peu de temps.

    Mais tout était rempli de sentiments.

    Dean le regarda alors que le Nong restait immobile fixant son téléphone en attendant une réponse. Quand il vit que Dean ne lui avait pas renvoyé de messages, ses sourcils baissèrent légèrement comme s’il était déçu. Pharm laissa échapper un soupir avant de lever la tête et d’établir un contact visuel avec lui dans l’espace entre les étagères. Les deux restèrent immobiles un moment, stupéfaits.

    Pharm écarquilla les yeux, il regarda son téléphone en alternance avec le visage de Dean puis il rit doucement. Ensuite il éteignit l’écran pour donner l’impression qu’il ne s’agissait de rien d’important. Ses lèvres fines étalaient un large sourire et ses yeux étaient brillants et pétillants.

    En un clin d'œil, son anxiété s’était évaporée.

    ...

    Tu sais pourquoi j’ai peur.

    ...

    Parce qu’il l’aimait, il l’aimait au point qu’il ne voulait pas le perdre. Il l’aimait jusqu’à avoir peur de choses qui ne se sont pas encore produites.

    Pharm se précipita vers lui avec un sourire qui ne s'estompait pas. Il s’arrêta devant Dean qui le regardait toujours.

    “Phi ?” Sa voix retentit alors qu’il touchait son avant bras en voyant qu’il était si silencieux. “Qu’est-ce qui ne va pas ?” Il se mit alors sur la pointe des pieds avant de doucement lui brosser les cheveux.

    Dean sentit une sensation de picotement dans sa poitrine, il voulait lui faire un câlin, il voulait lui dire les sentiments qu’il ressentait, mais qui étaient piégés.

    … Il était vraiment tombé amoureux de Pharm.

    “Hein ?” Pharm s’exclama quand son corps fut enlacé par des bras larges. Son visage commença à virer au rouge, car même s’ils se trouvaient entre les étagères à l’abri des regards, cela ne voulait pas dire que des passants ne pouvaient pas les voir.

    “Phi… Phi ?” Sa poitrine s’alourdit légèrement, il resta immobile en fronçant les sourcils devant l’expression étrange de Dean. “Tu… tu vas…” Sa voix s’éteignit avec un doux toucher sur ses lèvres.

    Pas un baiser profond, ce n’était pas un baiser de désir. C’était juste le contact doux de leurs lèvres qui transmettait ce qu’il y avait dans leur cœur.

    Les lèvres de Dean s'entrouvrirent légèrement, il déposa un dernier baiser sur les joues rouges puis il étreignit Pharm dans ses bras.

    Il ne voulait qu’une seule personne dans ses bras.

    “Je t’aime Pharm.”

    Pharm fut légèrement surpris, il leva rapidement les yeux vers lui, le cœur palpitant et quand leurs yeux se rencontrèrent, il devint plus confiant. Le livre avait été oublié, il se fichait de qui pouvait les voir, il enroula ses deux bras étroitement autour du plus grand. Il n’y avait plus de mots, juste des câlins chaleureux pour protéger l’autre.

    “... Je t’aime.”

    De nombreux étudiants passaient dans les couloirs de la Faculté de gestion, beaucoup regardaient le jeune homme familier qui marchait maintenant aux côtés du président du club de natation avec un sourire éclatant. Quant à celui qui avait toujours un regard féroce, il était devenu étonnamment doux.

    Dean l’emmena dans la salle de classe peu après. Il ouvrit la porte et cela attira le regard de ses camarades de classe.

    “Nong Pharm !!” Cria une voix féminine. Puis les filles se précipitèrent vers le junior, qui se cachait derrière le plus grand, pour lui pincer les joues et lui caresser la tête avec affection. 

    “Arrêtez de le taquiner.” Gronda Dean, mais personne ne s’en soucia. Pharm lui-même secoua la tête et rit avec les aînés.

    “Attrapez-le !” Un garçon à proximité se leva et essaya de le saisir, mais cette fois la grosse main de Dean s’abattit sans hésitation. 

    “Utilise seulement tes yeux.” Il haussa un sourcils vers son ami et cela fit rire tout le monde.

    “Un peu jaloux.” dit la personne qui avait été frappée en tenant sa main douloureuse.

    “On dirait qu’il est jaloux, Nong Pharm.” Le son de la taquinerie lui fit presque cacher son visage derrière Phi Dean afin de ne pas montrer ses joues extrêmement rouges. A chaque fois qu’il venait dans ce groupe, il se faisait taquiner. 

    Ils parlèrent un moment puis Dean s’excusa. Il emmena Pharm jusqu’à sa voiture devant la faculté d’économie. Aujourd’hui, tout le monde était occupé, alors ils ne partaient pas ensemble. Dean lui fit un signe de la main alors que Pharm était déjà installé derrière le volant. Avant de faire reculer la voiture, il se tourna pour descendre la vitre, les yeux grand ouverts.

    Dean inclina la tête, haussant un sourcil interrogateur, mais Pharm tendit la main et lui toucha le bras. 

    “Ces derniers jours, tu avais l’air stressé. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour t'aider ?”

    “...” Les yeux gris-vert le regardèrent tendrement, il attrapa la main du Nong et embrassa le milieu de sa paume avant de la poser sur sa joue. Il ferma les yeux et s'imprégna de cette tendresse.

    "Rechargé."

    Il avait dû dépenser la bonne fortune de sa vie pour avoir Pharm près de lui.

    Les joues de Pharm redevinrent chaudes, il hocha précipitamment la tête, attendant que Dean le relâche avant de s’éloigner, le cœur tremblant. La voiture passa à peine la clôture de l’université, le timide ne réussit pas à le supporter, il leva sa main et l’embrassa au milieu de la paume.

    Dean retourna à sa voiture. Dès qu’il monta, il jeta le livre et ses feuilles sur le siège passager. Ces beaux yeux étaient fixés droit devant lui, le regard vide. Les sourcils sombres se froncèrent avant qu’il ne démarre la voiture. Comme prévu, il se rendit à son rendez-vous à la boutique de son senior.

     

    A dix-neuf heures, le magasin Forever Tea était toujours animé. Sorn leva les yeux du comptoir quand il vit son ami d’enfance entrer. Il hocha la tête et se dirigea vers le deuxième étage qui était maintenant fermé.

    Le deuxième étage était faiblement éclairé, mais dès qu’il monta les escaliers, il vit la lumière extérieure briller à travers une grande fenêtre. Phi Sin était assis à une table, regardant le miroir accroché au mur devant la table où une enveloppe de documents marron était posée dessus. Il tapotait doucement le doigt de son autre main contre la table pour réduire son envie de fumer.

    “Tu as trop fumé ?”

    Dean s’assit en face de lui, les yeux fixés sur l’enveloppe devant lui, sans lever les yeux.

    “J’essaie de réduire, Sorn se plaint beaucoup.” Le propriétaire des cheveux noirs ondulé se frotta les cheveux de frustration avant de remettre en place ses lunettes qui avait bougé puis il ramassa l’enveloppe.

    “Je peux te poser une question Dean ?”

    “Oui ?” Dean n’avait aucune idée de la force dans son poing serré à ce moment-là.

    “Pourquoi cherches-tu ces deux-là ?" Sin sortit les documents où se trouvaient de nombreuses photos.

    Les yeux gris-vert regardaient la main de l’autre personne. Avec ses deux mains serrées, Dean prit une profonde inspiration avant de réussir à déplacer son regard vers le senior. 

    “J’ai fait un rêve…” Dit-il doucement d’une voix basse.

    “Tu as rêvé de quelqu’un, pas vrai ? Sorn en a parlé.” Demanda Phi Sin en regardant le plus jeune.

    Dean hocha la tête, relâchant ses mains quand il ressentit de la douleur. Il changea de position pour poser ses mains sur la table et commença à tout raconter à Sin.

    “J’en rêve depuis très longtemps. Je rêve de quelqu’un et je le cherche depuis toujours. Et puis je l’ai trouvé…” Il serra à nouveau sa main. "Depuis, les rêves sont devenus plus intenses, plus détaillés, plus longs. Avec cette personne, on a découvert que les personnes de nos rêves s’appelaient Korn et In.”

    Sin regarda la photo en fronçant les sourcils, il ne voulait pas deviner qui était cette autre personne. 

    “Ce dont je suis à peu près sûr, c’est..” Il leva la main pour mimer le fait de pointer une arme contre sa tempe. “que l’un des deux s’est suicidé.”

    Dean écoutait Sin qui parlait en ajustant ses lunettes, il se mordit la lèvre, il avait froid et frissonna de ce qu’il venait d’apprendre.

    “Depuis la dernière fois, j’en suis certain.” Il tendit la main vers l’aîné. “Que je suis Korn qui s’est suicidé.” Il fixait le document dans la main de Sin qui tremblait maintenant visiblement. “Je peux… Je peux voir une photo ?”

    Sin soupira lourdement puis il plaça la photo dans la main de son cadet, laissant Dean plonger dans ses souvenirs. 

    Les tons bruns orangés de la photo étaient nettement atténués. Bien que l’image ne soit pas très claire, le sourire de la personne dessus restait gravé dans sa mémoire. Ses yeux scintillant glissèrent le long de ce sourire et il sentit les poils de sa nuque se hérisser. Il y avait le bras de quelqu’un autour de son cou, mais il ne pouvait voir que l’épaule. 

    Dean sentit que ses yeux étaient brûlants et ses mains tremblaient de manière presque incontrôlable.

    “La personne sur la photo est Intouch.” expliqua la voix de Phi Sin et même si c’était léger, c’était très clair pour lui maintenant.

    -----------

    “Phi Korn, prenons une photo ensemble.”

    “Non je n’aime pas ça.”

    “Juste une, s’il te plaît, viens ici.”

    “D’accord.”

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    “Il s’est suicidé à l'âge de dix-huit ans. Seulement un mois après avoir pris cette photo.”

    Immédiatement, Dean leva la tête.

    “Un suicide ? A l’âge de dix-huit ans ?” Il demanda encore, cela n’apparaissait pas dans sa mémoire, il n’aurait pas dû se suicider.

    Sin acquiesça. “Tu te trompes Dean.” Il regardait sérieusement le junior dans les yeux. “Ils se sont suicidés tous les deux le même jour.” Sin ramassa un document et le tendit au jeune homme. “Pour être clair, la personne nommée Korn s’est suicidée en premier, ensuite une personne nommée In s’est suicidée.”

    Tout le corps de Dean trembla, il était incapable de dire quoi que ce soit. Il se frotta les cheveux et ferma les yeux un instant avant de regarder le document devant lui, lisant lentement les lettres. 

    "Intouch Chatpokin"

    “Tu connais ce nom de famille ?”

    Le jeune homme secoua la tête.

    “Alors si je te demande si tu connais Anhtika Chatpokin ?"

    Dean continua à secouer la tête

    "Connais-tu le nom de famille de ta mère avant son mariage ?”

    La grande main s’agita, ses yeux vifs rencontrèrent immédiatement les yeux du senior.

    "Alin Chatpokin", Sin parla lentement et clairement.

    ".... La personne nommée Anhtika est ta grand-mère."

    "... Dean."

    ...

    ...

    "La personne sur cette photo n'est autre que le jeune frère de ta grand-mère."

    Dean ne se souvint pas de comment il était sorti du magasin pour rejoindre sa voiture. Il ne savait même pas dans quelle direction il avait tourné. Avant qu’il ne s’en rende compte, l’horloge de la voiture indiquait vingt-deux heures trente. Il continua de faire le tour de la capitale. Sa vision était floue, il ne se concentrait sur rien, tout était instinctif.

    Après que Korn se soit suicidé, In avait suivi presque immédiatement. Tous les deux étaient jeunes, Korn n’avait que vingt ans et ses deux parents avaient été bouleversés, mais son père était une personne influente avec beaucoup d’argent, donc il avait pu faire taire l’information. In venait d’une famille moyenne, alors elle n’avait pas pu garder toutes les informations. Il avait vécu toute son enfance avec sa grand-mère et sa mère ne contactait presque jamais du côté de sa grand-mère, pas vrai ? Il pensait qu’il aurait dû connaître Intouch, car c’était son oncle.

    La voix de Phi Sin  persistait encore dans sa tête, ses mains se tendirent, agrippant fermement le volant. Il se sentait inconfortable, comme s’il suffoquait, il serra la mâchoire, alors que la douleur dans ses tempes apparaissait. Des souvenirs essayaient de refaire surface et le torturaient vivant. 

    -----------

    Phi aime In.

    Non !!!! Phi Korn.

    In t’aime le plus.

    Phi ne me quitte pas.

    Après notre diplôme, on pourrait s’enfuir ensemble ?

    Je t’aime… on s’est fait une promesse.

    ..

    Promets moi que l’on sera ensemble pour toujours.

    BANG !!!

    -----------

    Des gouttes d’eau chaude coulèrent de ses yeux de manière incontrôlable.

    Il avait emmené son amant vers la mort avec lui.

    Il avait détruit un sourire éclatant, détruit un bel avenir. Il n’avait laissé que des larmes, des cris et un cœur brisé, menant celui qu’il devait protéger à la mort.

    Il avait tué In.

    Il avait tué la personne qu’il aimait.

    Son corps se tendit.

    “Tu es tellement mauvais, batard.” Il frappa violemment le volant jusqu’à ce que la voiture oscille. Heureusement il était très tard et la route était déserte.

    “Tu es mauvais !”

    Il serra le volant plus fort.

    “Tu es mauvais !!!!”

    Un grand cri retentit lorsque la voiture s’immobilisa sur le bord de la route. Dean s’effondra contre le volant, laissant les larmes couler sur ses joues, les épaules tremblantes. Il savait maintenant pourquoi Pharm avait peur des bruits forts. Il savait maintenant pourquoi Pharm aimait tant cuisiner. Sa mémoire la plus profonde se souvenait encore de tout, même à propos de son suicide devant lui ou même à propos du fait que son Nong voulait apprendre à cuisiner.

    C’était à cause de lui.

     

    Un immeuble de faible hauteur dans une rue illuminée. Dean n’avait aucune idée de comment il était venu ici en voiture. Le jeune homme fit un signe de tête au garde avec familiarité et gara la voiture. La lumière des boutons de l’ascenseur brillait vivement alors qu’il montait lentement dans les étages. Il plissa les yeux au changement de numéro avant de s’arrêter à l’étage qu’il voulait.

    Les couloirs de l’immeuble étaient silencieux car il était minuit. Dean s’arrêta devant la chambre 802, sa large main toucha le panneau de la porte froide en fermant les yeux avant de toquer.

    Le son du coup retentit dans le couloir, mais il n’y eut pas de réponse de la chambre. Dean frappa encore quelque fois et ne put s’empêcher de penser qu’il dormait probablement. Il hésita avant de mettre les mains dans sa poche et il sentit soudain quelque chose. 

    Sa main souleva le porte-clés en cuir, la clé de la chambre était toujours placée à la même place. Les yeux gris-vert regardèrent la porte, puis il décida d’utiliser la clé et ouvrit doucement la porte.

    "Oh."

    L’exclamation face à la confrontation soudaine les figea tous les deux. Le propriétaire de la chambre, en pyjama à manches longues, était abasourdi à la porte lorsqu’un intrus l’ouvrit. En fait, Pharm était couché, mais, il n’arrivait pas à fermer l'œil. Il s’était levé pour boire de l’eau et quand il eut fini il était sur le point de se recoucher quand il avait entendu frapper à la porte. Aujourd’hui Pharm n’avait pas mis la chaîne à la porte, il s’était donc dépêché pour voir qui était venu à minuit, mais avant qu’il ne puisse regarder dans le judas, la porte s’était ouverte sur une silhouette familière. 

    "Phi..."

    La personne à laquelle il ne s'attendait vraiment pas.

    Pharm scruta sur le visage de Dean. Il s’arrêta à ses beaux yeux qui étaient maintenant injectés de sang. Il tendit la main pour le caresser alors que Dean fermait les yeux, permettant au plus jeune de lui toucher les paupières.

    “... je peux demander ?”

    Dean tendit la main pour saisir le poignet de Pharm et il lui sourit avec un sourire extrêmement fatigué.

    “Je peux rester avec toi ?”

    “Hein ?”

    Pharm se figea, les yeux écarquillés

    “Alors je te dirai tout…” Dean lui embrassa doucement le poignet.

    Pharm regarda son intrus de la nuit pendant un long moment avant de fermer les yeux et de tirer Dean par la main dans la pièce au lieu de répondre.

    Cette fois, la porte était complètement verrouillée avec la chaîne. Le jeune garçon tourna les talons et disparut dans la chambre qui était séparée du salon par une vitre. Ainsi Dean pu voir ce qu’il faisait et au bout d’un moment, Pharm revint avec une serviette et un pantalon.

    “Tu devrais pouvoir porter ce pantalon, mais… je n’ai pas de t-shirt à la taille de Phi Dean.”

    Dean sourit et lui frotta doucement la tête. 

    “D’habitude, je ne porte pas de pyjama.” Il prit les affaires et pointa la salle de bain du doigt pour demander s’il pouvait l’utiliser. Pharm hocha rapidement la tête et prit plusieurs affaires de première nécessité avant de les lui donner. Lorsque la porte de la salle de bain se referma, il s’assit sur le canapé en croisant ses bras, il plia les genoux et baissa le visage.

    Phi Dean allait rester ici…

    Il essaya de respirer profondément, il se tapota les joues puis tenta de déterminer s’il avait une couverture ou un oreiller de rechange, mais il n’avait rien dans sa chambre. Il regarda le petit canapé sur lequel il était assis et soupira. Il serait plus confortable pour Phi Dean de dormir sur le lit.

    En y réfléchissant, il se déplaça pour s’allonger sur le canapé moelleux, il prit un oreiller et le serra dans ses bras.

    Il pouvait dormir sur le canapé.

    ...

    ...

    Froid.

    Ses yeux s’écarquillèrent et il resta stupéfait avant d’éclater de rire alors qu’il était maintenant dans les bras de Dean, qui était encore humide car il venait de sortir de la salle de bain. 

    “Phi !?” Il s’écria fortement car Dean le souleva et l’emmena pour le déposer sur le lit. Il le taquinait ce qui fit qu’il se tenait la bouche ouverte, le visage rouge, impuissant.

    “Pourquoi tu ne dors pas dans ta chambre ?” Grondra Dean.

    "Eh bien, Phi Dean sera mal à l’aise. Mon lit n’est pas assez grand.” Pharm essaya de se lever du lit pour aller se recoucher sur le canapé, mais il fut tiré vers le bas pour le faire se rallonger sur le lit moelleux, suivi par Dean qui s’allongea sur lui.

    Pharm était brûlant quand le nez de Dean entra en contact avec son cou. Il ne savait pas où mettre ses mains car elles ne sentaient que la peau de l’envahisseur. Son cœur battait la chamade alors que Dean lui embrassait abondamment le menton et il suffoqua presque quand ses lèvres se pressèrent sur sa poitrine, juste au niveau de son coeur à travers le fin pyjama.

    “Phi Dean…” Pharm murmura d’une voix douce. Maintenant leur peau et leurs corps étaient si proches qu’il sentait la chaleur de Dean, il ferma les yeux fortement, serrant fermement les draps.

    Puis tous les mouvements s'arrêtèrent.

    La chambre était silencieuse, il n’y avait plus que le bruit du climatiseur et de son cœur qui battait la chamade. Dean appuya son visage contre son torse chaud. Il ferma les yeux et inhala le parfum de Pharm, ce qui le calma. Les morceaux de son cœur brisé se réunirent juste grâce à la présence du jeune homme.

    Désolé. Désolé. Désolé. 

    Korn s’excusait dans son coeur

    Je suis désolé de ne pas avoir pu te protéger…

    Dean resserra ses bras autour de Pharm, enfouissant son visage dans le son du rythme de son cœur et il sentit ce que l’on appelait la vie. Il se recroquevilla légèrement, se cachant comme un animal blessé. Pharm ne posa aucune question, mais le caressa doucement sur la tête pour le détendre. Il lui brossa lentement les cheveux tandis que son autre main lui caressait le dos, le serrant dans ses bras petits mais puissants.

    La voix de Pharm résonna à ses oreilles.

    “Ça ne fait rien…”

    Le coin des yeux du jeune homme redevint brûlant.

    “Tout va bien maintenant.”

    Un doux baiser sur sa tempe, comme une sensation apaisante.

    “Je suis là…”

    Comme la lumière au bout du tunnel.

    Chapitre 17 - Désolé

     



  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Janvier 2022 à 14:03

    Merci pour ce chapitre.

    Encore une fois je vais le dévorer.

    Merci beaucoup pour ce travail fourni, j'adore.

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