• Spécial 4 : Every Day (Chaque Jour)

    Chapitre Spécial 4
    Every Day

    Si je t'ai chaque jour, mes rêves resteront vivants

    Si je peux te tenir la main chaque jour, nous nous embrasserons l'un l'autre

    Si je t'ai chaque jour, toute la douleur disparaîtra bientôt

    Les jours merveilleux viendront si je t'ai juste toi

     

    4

    Every Day

     

    [DimGreen : Sunshine & Daisy]

    Bonjour à un samedi radieux, où l'atmosphère est parfaite. Les oiseaux gazouillent par la fenêtre. Je me déplace sur mon lit, repousse la couverture et m'étire. Ha~ Cela fait longtemps que j'aspire à quelque chose de simple et de normal comme ça.

    Imaginez un peu. Me réveiller au son de la nature, apprécier l'odeur du café fraîchement préparé, le siroter sur le balcon. Rien que d'y penser, je suis exalté.

    — Zzzzzzzzzzz…

    — … 

    — Zzzz… Zzzzzzz…

    Je vais te botter le cul, putain de femme. Tu as ruiné mon imagination.

    Mes rêves se sont envolés. Il ne reste plus que le corps de mon amant, et sa lourde jambe repose sur ma taille. Putain, ça fait mal. Je n'arrive pas à respirer. En plus, il marmonne une chanson avec tant de charme et ne semble pas vouloir s'arrêter.

    C'est bien toi, le maître du ronflement. Tu t'entraînes pour battre le record du monde ou quoi ?

    — Green, dors correctement.

    — Hmmmm, umm, umm. 

    J'ai envie de le jeter par la fenêtre, mais en réalité, je ne peux que chuchoter et soulever sa jambe aussi doucement que possible.

    Je ne veux pas le déranger, car j'ai peur qu'il gémisse comme un bébé si je le réveille. L'écouter mâcher dans son sommeil est un bien meilleur choix.

    En semaine, ma routine n'a rien d'intéressant. Si je ne vais pas acheter de la nourriture au supermarché, je reste à la maison et je joue à des jeux. Mais Green ? Il faut voir s'il ne va pas se mettre à faire des activités bizarres dès son réveil. Il est obsédé par la création de contenu sur Youtube en ce moment.

    Sa chaîne s'appelle “Sunshine & Daisy”. Il est sans aucun doute inspiré par mon groupe, “Sunshine & Daisies & Butter Mellow”.

    Je suis Mr. Sunshine et lui Mr. Daisy, les cofondateurs de la célèbre chaîne Youtube qui compte 168 abonnés. Ah ! Cela fait trois mois qu'elle est active, mais la vidéo la plus regardée n'a que 1 334 vues. Je pense que Green l'a regardée près de 1 200 fois lui-même. Je me sens vraiment mal pour lui.

    C'est décourageant. Je me lève et me dirige vers la salle de bains, comme d'habitude. Le matin, ma vie est confortable. Je peux trouver quelque chose à manger dans le frigo avant que ma foutue femme ne se réveille. Heureusement qu'il y a du pain presque périmé et un peu de confiture de fraises. Mon repas est prêt.

    — Bébééééé. 

    Le son de l'enfer se répercute avant même que je puisse attraper un morceau de pain.

    — Quoi ?! lui crié-je de l'extérieur de la pièce. 

    Un instant plus tard, Green s'appuie sur le chambranle de la porte et me regarde d'un air somnolent. Il devrait retourner se coucher s'il a encore sommeil, ou alors autant ne pas se lever du tout.

    — Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

    — Pour que tu fasses du grabuge ? Bien sûr que non.

    — Je suis sur le point de m'énerver contre toi, bébé. Tu sais que… 

    — Je ne sais pas, réponds-je immédiatement.

    — P'Dim, je n'ai pas fini ma phrase, pourquoi tu m’as coupé la parole comme ça ?

    J'adore le faire tourner en bourrique. Dis-toi que c'est une punition pour m'avoir constamment donné mal à la tête.

    — Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

    — J'ai rêvé que tu me maudissais.

    — Oh, comment tu le sais ? dis-je en gardant mon sérieux. 

    Il me montre du doigt et marmonne quelque chose. Espèce de merde, tu me maudis en retour ?

    — Va te laver avant de te venger. On va prendre le petit-déjeuner ensemble.

    — Je prendrai du porridge aux crevettes, bébé.

    Il hoche la tête, rayonnant. Argh, mignon comme tout.

    — On n'a pas ça. Il n'y a que du pain, ça ira ?

    — D'accord, je veux du pain complet.

    — On n'en a plus. Mange ça. 

    Il est si difficile. Heureusement pour lui que j'ai cessé de le traiter de manière agressive comme avant. Je suppose que le karma est réel parce que l'esclave est maintenant Dim Dissatat.

    — D'accord, bébé. J'enregistrerai une vidéo que je mettrai sur Youtube après le petit-déjeuner. Plus important encore, nous allons faire un pique-nique aujourd'hui. Ouais…

    — Hein ? 

    Je suis tellement choqué que je laisse tomber un morceau de pain par terre. 

    — Tu te moques de moi ?

    Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit avant ? J'avais prévu de rester à la maison aujourd'hui. Green est maintenant occupé à préparer quelque chose dans la cuisine. Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à pique-niquer dehors.

    — Je ne plaisante pas. Regarde dehors, chéri. Il fait beau. Notre pique-nique va être romantique.

    — Tu as regardé la météo ?

    — Crois-moi, il va faire beau.

    — Tu es l'être le moins fiable qui soit.

    — Tu viens avec moi ou pas ?

    — Comme si je pouvais dire non. 

    Pour être honnête, je ne peux jamais lui dire non. Je suis prêt à faire tout ce qu'il veut si ce n'est pas trop. Et il est énergique ces jours-ci, toujours prêt à faire quelque chose. Quelle vie super productive ! Cependant, il fait tout, mais rien d'utile.

    Green met une éternité à se doucher. Je m'endors presque en attendant qu'il choisisse ses vêtements, qu'il se fasse une beauté et qu'il s'asperge de ce parfum bizarre.

    — Tu as fait tout ça pour moi. Je suis ému. 

    Il essuie une larme invisible en voyant l'assiette pleine de pain et de confiture.

    — Oui, j'ai fait tout ça pour toi.

    — Tu dois m'aimer beaucoup.

    — Non, ça va expirer demain. Il faut que tu prennes tout.

    — Quoi... ? 

    Hé ! Si tu me donnes un coup de pied, je vais te frapper en plein visage.

    Je m'y suis habitué. Nous nous chamaillons tous les matins. Les jours où nous avons cours, nous n'attendons pas pour nous dire bonjour. Green part généralement avec ses meilleurs amis, tandis que je pars un peu plus tard. Nous avons tous les deux le temps de vivre notre propre vie, et le temps de passer ensemble les week-ends pour ne pas nous éloigner l'un de l'autre.

    Mais nous sommes collés l'un à l'autre depuis un moment car il a des activités jusqu'au début du mois prochain.

    — P'Dim, laisse-moi d'abord installer la caméra.

    — Euh, tu devrais faire la vaisselle avant.

    — Donne-moi une seconde. 

    Après avoir englouti le pain jusqu'à la dernière bouchée, il s'est précipité pour installer la caméra. Avez-vous déjà vu une ménagère japonaise se lever le matin pour moudre des grains de café et continuer à vivre lentement ? Green veut être comme elle.

    Quel est mon travail ? Oh, je nettoie après lui, je m'occupe de tout ce qu'il a laissé sur le comptoir. C'est vraiment la vie du président du club des Music Lover ? Quelle plaaaaaie.

    Nous préparons un peu de choses pour notre pique-nique. Juste quelques fruits - d'autres emballeraient des oranges ou des pommes, mais ce voyou emballe des fruits du dragon et des longanes. Il n'est pas seulement créatif pour les fruits, mais aussi pour le panier - il est recouvert d'un tissu coloré comme une maison des esprits. Nos collations sont des bonbons du club, et les boîtes à lunch sont plutôt bonnes - du riz en bouillie fraîchement préparé avec des protéines provenant d'arêtes de poisson.

    Nous avons tout mis dans le panier. Je plie le tapis jaune moutarde que nous avons acheté en solde et j'emporte ma guitare préférée parce que Green insiste.

    Ce n'est pas facile d'être un Youtuber. Green ne fait rien, sauf l'enregistrement. C'est moi qui monte les vidéos et ajoute la musique de fond. Il m'a dit que je devais écrire une nouvelle chanson pour éviter les problèmes de droits d'auteur. Honnêtement, j'ai du mal à composer une bonne chanson, mais je suis le meilleur pour écrire un mantra pour chasser l'esprit de Green.

    — Tu as fini ? 

    Je lui demande de vérifier si tout est prêt.

    — Oui. Oh, attends une seconde... 

    Son téléphone sonne. Je ne sais pas qui appelle, mais les yeux de ma foutue femme brillent.

    — Tine... 

    Et voilà. Peu de gens peuvent le rendre aussi heureux par un simple appel.

    Je ne peux que le regarder. On partira quand il aura fini. Je vais attendre ici avec un tapis sous le bras.

    — Tu veux faire du shopping avec moi ? Waaaah, mais P'Dim et moi allons faire un pique-nique aujourd'hui. Tu veux te joindre à nous ? 

    J'ai failli tout jeter. Comment peut-il inviter quelqu'un d'autre ? Je vais le gifler.

    Il semble percevoir mes sentiments et lève les yeux pour me demander mon avis. Sa voix s'adoucit lorsqu'il voit que je lui jette un regard noir.

    — Tu ne veux pas nous déranger ? D'accord, on y va ensemble la prochaine fois.

    Il raccroche enfin. C'est très bien. Tant mieux pour Tine, il n'est pas obligé d'éplucher les longanes avec nous, sinon Sarawat viendrait me fouetter à coup sûr.

    — On y va maintenant ?

    — Oui, oui. 

    Je vais m'arrêter là s'il continue à me faire perdre du temps.

     

    Nous pique-niquons dans un beau jardin du centre-ville. La chaleur n'est pas une plaisanterie, 34°C. Nous transpirons sous un arbre. J'en suis à ma deuxième canette de cola, mais j'ai toujours aussi chaud.

    — Chante-moi une chanson, bébé, dit joyeusement Green après que nous ayons mangé un peu de poisson.

    — Quelle chanson ?

    — N'importe laquelle.

    — D'accord, je crois que cette chanson t'appartient. 

    J'attrape la guitare à côté de moi et je pose mes doigts sur les cordes, l'air professionnel et super cool.

    — Je suis excité. 

    Green se déplace sur le tapis avec excitation et applaudit, attendant que je chante.

    — Je vais chanter avec mon cœur.

    — … 

    — Meurs, meurs déjà...

    — Urrrrrrrgh, P'Dim, tu me maudis encore.

    — Je ne te maudis pas, je pensais chaque mot.

    — Ce n'est pas du tout romantique. Je veux vivre un moment comme celui où Sarawat a chanté une chanson pour Tine, dit-il en se pinçant les lèvres de jalousie.

    — Très bien, alors... Quelqu'un qui nous fait rêver, quelqu'un qui nous rend heureux.(1)

    — Kyaaaaaa, t'es le meilleur.

    Plop

    Je sens une fraîcheur soudaine sur ma tête et je lève les yeux vers l'arbre. J'ai peur que ce soit une crotte d'oiseau, mais c'est pire et encore plus inattendu.

    — Bébé, il pleut.

    Putain de merde, quoi ?! Je me demandais pourquoi j'avais l'impression d'étouffer aujourd'hui. Alors il allait pleuvoir, hein ? Hahahahahahaha, j'emmerde ma vie. Arrrgh !

    J'ai dit à Green de vérifier la météo, mais ce connard m'a dit de lui faire confiance. L'enfer sur terre s'est déguisé sous la forme de Green, et il... se trouve être mon amant.

    — Prends nos affaires, P'Dim.

    — Lève-toi pour que je puisse plier le tapis.

    Pas de temps à perdre. Ma main droite prend la guitare pendant que ma main gauche roule le tapis très vite. Green utilise la force de ses mains pour ramasser l'appareil photo, les fruits du dragon, les longanes et les snacks et les mettre dans le panier. Nous sommes tous les deux trempés. Nous n'avons pas le temps de nous adonner à la douceur, nous courons vers la voiture pour sauver notre vie.

    SLAM !

    Nous claquons les portes de la voiture. Je suis sur le siège du conducteur et ma putain de femme est en train de serrer le panier à côté de moi, avec un air affreux. Même nos sous-vêtements sont mouillés.

    — Comment ça se passe ? Du soleil et des marguerites, hein ?

    Voici notre samedi radieux. Radieux, mon cul !

    — La météo s'est trompée. Je vais signaler leur erreur.

    — Oublie ça, Green. Maintenant, je veux te chanter une chanson. Tu veux l'entendre ?

    — Bien sûr, je veux l'entendre. Une chanson sous la pluie, c'est pas mal non plus.

    — Écoute attentivement.

    — Pourquoi on a quitté la pièce si vite, putain...

    — P'Dim, j'ai mal agi, je suis tellement dééééééésolé.

    — Je ne te pardonne pas !

     

    C'EST TOUT pour Sunshine & Daisy.

     

    [SarawaTine : Samedi avec toi ]

    Sarawatlism

    Les exan de mi-frimestre sont à peune termibés, mais suand triuverai-je quelsy'un qui feta palmiter mon cœir ?

     

    En général, il ne sait pas taper correctement, mais là, il essaie la phrase de drague, et la légende est mon idée. J'en ai tellement marre de lui.

    Le samedi est fait pour se détendre. J'avais prévu de faire la grasse matinée jusqu'à l'après-midi, mais mon corps n'a pas voulu m'écouter. Je me suis réveillé à 7 heures du matin et je n'ai pas pu me rendormir, même en essayant de trouver une position confortable.

    Sarawat n'est plus aussi froid qu'avant. Il est devenu plus amical maintenant, disant qu'il veut être joyeux comme moi. Bon, le niveau de Tine, le chic type, est bien au-dessus de lui, alors je lui ai dit de ne pas se prendre la tête. Il n'y a pas besoin de se changer tant qu'il peut fréquenter les autres et être aimé.

    Il a beaucoup changé, entre autres choses : il ne fait plus la tronche. Il sourit davantage, salue les autres en premier et semble accessible. Je pensais qu'il était possédé, mais maintenant je sais qu'il souhaite vraiment changer. Je lui apporte tout mon soutien et il est devenu encore plus populaire grâce à cela.

    Mais il y a une chose qui ne change pas : c'est qu'il peut être très pénible.

     

    FengFei1999 Les exams de mi-trimestre viennent de se terminer, mais quand pourrai-je voir Sarawat ? >///<

    Beebehoney Maman m'a demandé hier quand tu allais me demander en mariage. J'ai des rides à force d'attendre, tu sais.

    KittiTee est-ce que je dois traduire à nouveau ? Tape correctement pour une fois, je t'en supplie

    Man_maman Tu ferais mieux de me créditer. J'ai fait un bakasana(2) pour prendre cette photo

    prapats03rn #TeamSarawatsWives

    uu.thgjf La personne plus mignonne que Sarawat est le Sarawat de demain

    I.ohmm Tine Teepakorn

    JittiRain le pouvoir des avengers réunis n'est pas aussi fort que la beauté de Sarawat

    GOMBEN Sarawat n'est pas qu'un nom, Sarawat est un mari

    Boss-pol Vogue boy

    Thetheme11 Whoa ! C'est le bâtiment des sciences politiques ou la semaine de la mode de Hang Dong ?

    I.amFong Si beau, je peux te draguer ?

     

    Woooooow, regardez chaque commentaire. Ce ne sont que des exemples, il y en a des milliers d'autres.

    Je suis vraiment surpris, vous savez. Il a téléchargé une photo de lui avec son visage impassible et des poubelles en arrière-plan dans le bâtiment des sciences politiques, mais les gens sont toujours amoureux de lui. Regardez-moi, je prépare l'arrière-plan et j'ajuste parfois la lumière pendant environ une heure pour obtenir une bonne photo, mais personne ne se pâme autant devant moi. Tout ce que je reçois, ce sont des commentaires demandant Sarawat.

    C'est tellement bouleversant, mais je ne peux que le garder à l'intérieur. Grrrrrrrrr.

    — Tine, va prendre une douche, dit-il depuis la porte de la salle de bains. 

    Je me tourne vers lui et je vois l'ange rêveur que tout le monde adore, debout, le visage impassible. On dirait qu'il a fini de se doucher.

    — Plus tard. Il n'y a pas d'urgence un samedi. 

    Je continue de rouler sur le lit.

    — Tu n'as pas faim ?

    — Tu ne me prépares pas le petit-déjeuner ? 

    Je dis ça gentiment pour qu'il ait pitié, mais la réponse est totalement inattendue.

    — Fais-le toi-même, putain.

    Bon sang, il était si près de me nourrir quand nous avons commencé à sortir ensemble. Maintenant, c'est exactement le contraire.

    — D'accord, connard.

    — Je vais commander. Qu'est-ce que tu veux ? 

    Il s'arrête à l'armoire et enfile un T-shirt blanc et un short usé, même si un autre short et un autre pantalon peuvent lui donner un air plus décent.

    — Kaosoy Nimman.

    — Ce n'est pas ouvert, choisis autre chose. 

    Je suis furieux. Même Kaosoy Nimman n'est pas ouvert pour moi. Voilà ce qui arrive à l'indésirable

    — Un bon riz frit fera l'affaire. C'est de ta faute si le goût est mauvais.

    — C'est absurde.

    — En échange, je te préparerai un dîner super spécial.

    — Je te laisse une chance de revenir sur ta décision. Je n'ai jamais rien goûté de bon dans ta cuisine depuis que nous sortons ensemble. 

    Si je n'avais pas de crampes dans les jambes, je me lèverais pour lui donner un coup de pied. Il dit que je suis pénible alors que c'est lui qui se moque toujours de moi.

    — Je suppose que tu veux davantage manger mon pied que de la nourriture, hein ?

    — Quelle cruauté.

    Il n'a pas l'air intimidé du tout, alors je lui fais un doigt d'honneur. Sarawat rit et quitte la chambre avec son téléphone. Il est satisfait, maintenant qu'il a réussi à m'énerver.

    Pendant les jours de congé qui nous permettent d'échapper aux cours et aux activités fatigantes de l'université, beaucoup prévoient des excursions ou des activités à faire. Mais Sarawat et moi ? Rester tranquillement dans notre chambre est suffisant. Mais je ne devrais pas perdre mon temps. Il y a quelque chose de plus utile à faire.

    C'est-à-dire... fouiner sur l'Instagram de mon petit ami.

     

    Sarawatlism @Man_maman Credut : Man-Oh-hun

    Sarawatlism @Boss-pol Vogue m'a cpntacté. Jvais etrz celebrz

    Sarawatlism @I.amFong Dragye-moi, mon cheti edt mort

    Sarawatlism @l.ohmm Tine Teepakom. Ça a l'aur famikier. J'ai fu lr rencontrer ay bar

     

    Ton nom me dit quelque chose aussi. J'ai dû te rencontrer en enfer !

    En lisant tous les commentaires de Sawarat, j'ai envie de le frapper à mort. Ses interminables fautes de frappe sont une chose, mais ses commentaires exaspérants me font grincer des dents encore et encore.

    Depuis qu'il est devenu amical récemment, il y a eu des jours où il a répondu à des commentaires sur Instagram. Non seulement à ses amis, mais aussi à d'autres. Il est attentif à tout le monde et aime tout le monde de la même manière. Le seul qui ne reçoit pas son amour, c'est moi.

    Peiné par cette pensée, je sors du lit et me dirige vers la salle de bain avec lenteur.

    Une fois à l'intérieur, je me retrouve face à deux brosses à dents dans un gobelet que nous avons acheté ensemble, deux petites serviettes et deux mousses nettoyantes. C'est un peu bizarre - mon cœur palpite toujours autant qu'avant, ce n'est pas différent aujourd'hui. Putain, c'est génial qu'on vive ensemble.

    Si seulement...

    DING !

    Mon téléphone, que j'ai pris dans la salle de bain pour écouter quelques chansons pendant la douche, a reçu une notification il y a quelques secondes. Je baisse les yeux vers l'écran, ayant désespérément envie de voir ce qui se passe parce que c'est un message de Fong, mon pote fouineur.

    Ta-da !! Je suis sous le choc, ma poitrine se serre, mes paupières papillonnent de manière incontrôlée et ma patience inexistante s'envole. J'appelle immédiatement mon cher ami et il décroche en un rien de temps.

    — Je suis Fong. Je suis Fong. Je suis ici avec Puck et Ohm.(3)

    Espèce de meeeeerde ! Ce n'est pas le moment de plaisanter. Et il chante une putain de chanson que j'ai du mal à me sortir de la tête. Je danse presque en l'écoutant.

    — Ça suffit avec ça. Venons-en au fait. Comment se fait-il que sa photo ait soudainement été postée sur la page des Cute Boys ? Ils ne savent pas que Sarawat déteste que sa photo soit affichée sur des pages publiques ?

    — Ils le savent. Ohm a demandé à l'administrateur, et apparemment, ils ont obtenu la permission de ton petit ami.

    — Hein ? C'est de Sarawat qu'on parle.

    La photo que Fong m'a envoyée est celle de Sarawat assis sur la ligne de touche. Ils ont probablement joué au football à fond, c'est pourquoi il était tout en sueur et qu'il a enlevé sa chemise pour la mettre sur son épaule. Tout aurait été parfait si la photo n'avait pas été publiée sur la page Cute Boys, qui compte plus de cent mille abonnés. Le nombre de commentaires et de partages monte en flèche.

    — Il n'est plus aussi froid qu'avant. Allez... Laisse-le mesurer sa popularité. Ne sois pas trop jaloux, d'accord ?

    — Écoute-moi, espèce de merde.

    — Je suis tout ouïe.

    — Je ne suis pas jaloux. 

    Mais je serre les dents si fort que j'ai mal à la mâchoire. 

    — Mais ne me l'envoie pas la prochaine fois, parce que ce n'est pas grand-chose pour moi.

    — Tu es fatigué ?

    — De quoi ?

    — De te mentir à toi-même.

    — C'est absurde.

    — Admets que tu es jaloux. Sale menteur. Quel chic... ken.

    — Si tu étais avec moi en ce moment, tu serais déjà mort. 

    Je l'entends rire. Cet enfoiré raccroche quelques instants plus tard, me laissant dans l'embarras avec la bombe qu'il m'a lancée.

    Alors même que je me douche, mon cerveau me commande d'attraper mon téléphone pour aller sur ce post et lire l'énorme flot de commentaires à plusieurs reprises. Si le propriétaire de cette voix grave ne m'avait pas appelé, je serais certainement resté collé à mon téléphone jusqu'à la fin de la journée.

    — Ducon, tu as quelque chose à me dire ? 

    Je me tiens devant la porte de la salle de bain, les yeux fixés sur le beau visage qui semble maintenant totalement confus.

    — Te dire quoi ?

    — Je vais te donner une dernière chance de le dire. Je te promets que je ne serai pas fâché. 

    Je suis prêt. Je vais me déchaîner sur lui si je n'aime pas ce qu'il a à dire. Il doit mourir pour m'avoir rendu jaloux. Attendez une seconde ! Est-ce que je viens de dire que je suis jaloux ?

    Mes pensées sont de plus en plus embrouillées, alors je me secoue et je lève le regard pour le regarder dans les yeux, sans reculer.

     — Je suis désolé, Tine, dit-il d'une voix basse et culpabilisante. Le caleçon était usé. Je l'ai jeté sans te le dire avant.

    — Hahaha, bien joué. 

    Putain de meeeeeerde ! 

    — Il ne s'agit pas de ça !

    Pour être honnête, je viens d'apprendre que mon boxer préféré a été jeté par cet abruti impassible. Dois-je aller le chercher dans une poubelle ? Il était trop lâche, mais je pouvais l'attacher avec un élastique et le porter sans problème.

    — De quoi tu parles, alors ? 

    Il se gratte la tête avec sa grosse main. Je n'arrive pas à savoir s'il n'en a vraiment aucune idée ou s'il essaie de m'embêter.

    — Je vais te laisser réfléchir encore une fois.

    — Oh, j'ai aussi jeté ta serviette moisie. Pardon.

    Laissez-moi me défouler, s'il vous plaît. Juste un peu, ne m'en veuillez pas. FILS DE PUTE !

    Nous ne parlons pas de la même chose et cela me donne envie de prendre deux comprimés de paracétamol. Je crois qu'il faut que je lui dise franchement ce que je pense. Si je le laisse continuer à faire des suppositions, j'ai peur de découvrir que toutes mes affaires ont été jetées par ce connard.

    — Est-ce que tu as autorisé la page de Cute Boys à publier ta photo ?

    — Oui, répond-il, sans même broncher, le visage inexpressif. 

    Il n'a même pas l'ombre d'une crainte que je sois fâché ou contrarié.

    — P... Pourquoi ? Normalement, tu préfères garder les gens à l'écart de ta vie privée.

    — Oui, mais plus maintenant. J'aime tout le monde maintenant.

    — Tu as déjà tellement aimé tout le monde sur Insta que je suis confus, Sarawat. 

    La différence, c'est qu'il n'y a pas de photos torse nu sur Insta. Ce sont généralement des paysages, de la nourriture, et son visage de temps en temps à la demande de ses amis. La photo de lui torse nu sur la page Cute Boys, c'est trop. Aaaaaargh.

    — On a réglé ça maintenant. Mangeons.

    — D'accord.

    Je ne peux pas m'empêcher de ressentir quelque chose même si nous avons résolu le problème, alors j'ai l'air vraiment irrité pendant que nous mangeons. Je vérifie le post toutes les deux minutes. Le nombre de commentaires et de partages augmente au fur et à mesure que le temps passe.

    — Mange ta nourriture, Nuisance.

    — Je mange.

    — Tu manges en jouant sur ton téléphone ? Maman te gronderait si elle le voyait.

    — Elle ne peut pas le voir. 

    Je m'empiffre d'une main et je fais défiler les commentaires d'une autre. 

    — Merde, celle-là est jolie. Pourquoi se pâme-t-elle devant toi ? Ça ne devrait pas être moi ?

    — Tu dis n'importe quoi. 

    Il me pousse la tête de sa main rugueuse. Mes cheveux sont plus désordonnés maintenant.

    — Et celle-ci, “Sarawat m'a souri une fois quand il est passé. J'ai fondu sur place”, dis-je en prenant une voix aiguë pour correspondre à sa jolie photo de profil. “Sa beauté me fait fondre, je n'en peux plus.”

    — C'est la vérité.

    Toujours aussi imperturbable, hein ? Toujours aussi innocent.

    — “Je me porte volontaire pour laver le t-shirt sur son épaule.” Wow, ça sent mauvais. Tu ne pourras pas l'imaginer à moins de le sentir toi-même. 

    J'exprime ma frustration sur les dernières phrases. Nous utilisons un service de blanchisserie, mais pour les t-shirts que nous portons souvent, comme les maillots de football, je les lave volontiers pour lui, car ils sont utilisés tous les jours.

    L'odeur est incomparable. Je dois respirer par la bouche chaque fois que je les sors du panier.

    — Tu essaies de souligner mes défauts pour que les gens m'aiment moins ?

    — Pourquoi je ferais ça alors qu'un chic type comme moi est bien plus sexy que toi ? Regarde mon visage.

    — On dirait de la merde.

    — Je te donne encore une chance.

    — Tu es mignon.

    — Tu es sauvé maintenant.

    — Petit buffle.

    Sarawat se lève soudain et m'embrasse sur le front.

    — Ew, ta salive est sur mon front.

    Il semble heureux de m'entendre me plaindre, puis il sourit, ramasse son assiette et la lave dans l'évier d'un air provocateur. Il n'y a pas mieux que lui pour jouer les abrutis.

    Le problème qui brûle en moi n'est toujours pas résolu. Je continue à consulter la page Cute Boys jusqu'à ce que j'aie l'impression de perdre la tête. J'ai besoin de me débarrasser de ces sentiments en sortant prendre l'air.

    Il est hors de question de sortir avec Sarawat. Cela me démange de vérifier le post qui est partagé sans arrêt chaque fois que je vois son visage. Ce foutu Star Gang a posté “Ne pas déranger” sur notre chat de groupe. Je pense soudain à ce joyeux compagnon qui n'arrête pas de parler, Green.

    Green et moi traînons ensemble assez souvent, et il est toujours ravi de passer du temps avec moi. Pas de temps à perdre, je l'appelle tout de suite, mais sa réponse est...

    “Tu veux faire du shopping avec moi ? Waaaah, mais P'Dim et moi, on va faire un pique-nique aujourd'hui. Tu veux te joindre à nous ?”

    Argh, je refuse tout de suite. P'Dim me botterait le cul si j'étais la cinquième roue du carrosse.

    Ohm, Puek, Fong et Green ne sont pas libres. Mes amis proches de la même faculté semblent également être occupés pendant le week-end - qu'il s'agisse de craindre que son œuf au plat ne soit pas cuit correctement au bistro de la faculté ou de régler ses comptes avec sa petite amie parce qu'il s'est saoulé vendredi soir dernier. Bon sang ! Si c'est aussi pénible, je vais rester à la maison.

    Je joue à nouveau sur mon téléphone, en me disant de ne pas aller sur Facebook et de jouer à un jeu à la place. Je vais tirer sur des zombies.

    — Qu'est-ce que tu fais ? 

    Le canapé bouge quand Sarawat s'y effondre et me demande doucement.

    — Tu ne vois pas que je joue à un jeu ?

    — Tu as appelé qui tout à l'heure ?

    Il a remarqué ? Je l'ai vu travailler sur un document à son bureau.

    — Mes amis. Je me sens seul, tu sais. Je veux sortir.

    — Je suis libre. Tu veux aller où ?

    — Je ne veux pas sortir avec toi. 

    Je l'ai dit.

    — Tu es fâché ou quoi ?

    — Qui est fâché ?

    Il m'attrape les deux mains d'un coup, interrompant le jeu. Je lui lance un regard noir, mais il me lance un regard suffisant comme pour me provoquer.

    — Parlons-en. Je ne saurai pas pourquoi si tu ne me le dis pas. Tu es en colère parce que j'ai jeté ta serviette et ton caleçon en lambeaux ?

    — Noooooooooon ! 

    Il continue de se préoccuper de mes affaires préférées.

    — Alors qu'est-ce que c'est ?

    — Tu le sais.

    — Je ne le sais pas.

    — A propos de la photo sur cette page.

    — Je ne suis pas assez beau ? Je dirai à l'administrateur d'en télécharger une nouvelle.

    — Non ! Je me fiche de savoir qui veut mettre ta photo, parce que moi, je ne veux pas. Je suis jaloux. Tu es content maintenant ?

    Je suis haletant, tellement en colère que mes lèvres se contractent. Je n'ai pas pensé aux conséquences avant de tout déballer. J'ai perdu le contrôle. Mon cerveau m'a ordonné de le dire, sinon mon cœur aurait éclaté.

    — C'est mignon quand le petit buffle est jaloux.

    — Tu veux que je te donne un coup de poing. 

    Plus je vois son visage, plus j'enrage. 

    — Télécharger des photos sur Insta est suffisant. N'en fais pas trop quand tu réponds aux commentaires. Je suis content que tu aies changé pour devenir une meilleure personne, mais il n'est pas nécessaire d'abandonner ce que tu étais avant. Tu es content de voir ton visage affiché sur la page ? 

    J'ai pensé à tout cela toute la matinée.

    — Eh bien, tu es heureux ? me demande Sarawat si soudainement que je ne peux rien faire d'autre que de cligner des yeux. Ça te plaît, Tine ?

    — … Non.

    — C'est pareil. C'est exactement ce que j'ai ressenti quand la page a publié tes photos. “Le cheerleader de l'université est trop mignon”, “Chic Tine est Mignon Tine”, “Je peux te draguer ?” Je voulais absolument répondre à tous ces commentaires, mais je n'ai pas de compte Facebook. Les gars ont fait des captures d'écran et m'ont envoyé tout ça.

    — … 

    — Tu comprends maintenant, ce que c'est que de vouloir que quelqu'un soit seulement à soi ?

    Je pensais avoir beaucoup parlé, mais Sarawat m'a rendu la monnaie de ma pièce deux fois.

    — Je ne le savais pas. 

    Je suis tout penaud à présent. 

    — Je ne les laisserai plus afficher mes photos. Tu dois faire la même chose.

    — Hum, je vais leur dire rapidement.

    — Bien. 

    Je me déteste pour ne pas avoir réussi à étouffer un sourire. Ma rancœur s'est envolée.

    Nous sortons ensemble depuis longtemps. Je n'aurais jamais pensé être aussi mesquin. Le problème de tout à l'heure semblait sans importance au départ. Qui aurait pu penser que cela affecterait nos sentiments à ce point ?

    — Maintenant que tu es heureux, qu'est-ce que tu veux faire ?

    — Manger.

    — Tu viens de le faire.

    — Je ne suis pas rassasié. J'étais occupé à penser à toi.

    — D'accord, je vais préparer quelque chose.

    — Je veux une omelette sur du riz.

    — Deux œufs ? demande-t-il.

    Il sait ce que j'aime.

    — Je vais t'aider.

    — Reste ici. J'ai peur que la cuisine explose.

    — Tu veux te battre ?

    Sarawat se lève et va à la cuisine pendant que je le regarde d'ici. J'esquisse lentement un sourire, je me sens heureux. J'adore les week-ends, putain. Non, j'adore les week-ends avec Sarawat.

    DING !

    C'est reparti, la notification. Je tourne mon attention vers l'écran. Un chic type comme moi a activé toutes les notifications concernant ce mec au visage impassible, donc je reçois toutes les notifications le concernant.

    En voyant la photo sous mes yeux, je ne peux pas me résoudre à lui en vouloir. Il a posté une photo de moi en train de manger à table, le visage boudeur, avec une légende qui restera à jamais pleine de fautes de frappe.

     

    Sarawatlism quelqy'un fzit la têtr

     

    Quelques secondes plus tard, ses amis cliquent sur J'aime et laissent plusieurs commentaires. Ils m'aiment tous. C'est pour ça qu'ils me complimentent, euh...

     

    I.amPuek Je ne pense pas qu'il boude. Il est juste bizarre.

    I.amFong Je le savais. Il a dit qu'il n'était pas jaloux. Menteur ! Poule mouillée !

     

    Je sais maintenant que la première personne dont je dois me venger, c'est Fong. Il attise les flammes.

     

    Chaemfriendzone Tine est cuuuuute

    KittiTee Vous faites le défi d'une bouderie par heure ?

    I.ohmm Conneries

    Bigger330 Disons juste qu'il est mignon. Je le plains.

    Thetheme11 Mon ami a transformé le bâtiment des sciences politiques en un défilé de mode et maintenant Tine a transformé une pièce en un champ de perdants.

    FengFei1999 L'examen de mi-semestre vient de se terminer, mais si Sarawat n'est pas là, je choisirai Tine.

    Momomoko #TeamChic(ken)sWives

    Original__mee Le Tine le plus en pétard est le Tine de demain

    GOMBEN Teepakorn n'est pas un nom mais la femme de Sarawat

    Boss-pol Si Sarawat est un vogue boy, Tine est... un voyou

    Sarawatlism arrdtez d'attaquer Tinr

     

    Le dernier commentaire est celui du légendaire auteur de fautes de frappe. Je lève la tête et jette un coup d'œil au grand gaillard qui se tient au loin. Il me fait un putain de beau sourire avant de taper quelque chose.

    Je n'en peux plus d'attendre.

    Cinq minutes plus tard, je reçois pleinement son amour.

     

    Sarawatlism si tinr pleure, je serzi trop heureux

     

    Putain de Ducooooon !

    Tu m'aimes ou tu veux juste te moquer de moi ? Quel emmerdeur !

     

    [ManType : Coup de pied de bonjour ]

    La vie de Man-Oh-Ho se concentre actuellement sur le fait d'être un homme utile.

    Je dois profiter au maximum de chaque seconde de la journée. Le samedi est parfait pour cela. Je vais me lever à cinq heures, préparer le petit-déjeuner pour nourrir ma femme, puis je vais ranger la chambre, en déplaçant un peu les choses. Je vais remettre la chambre à neuf, comme j'en ai toujours eu l'intention.

    Après cela, mon temps libre ne peut pas être gaspillé. Je vais suivre des cours en ligne, faire des dessins, jouer de la guitare, jouer au sepak takraw avec un cerceau dans ma chambre, arroser les plantes, faire la vaisselle et la lessive, et siroter mon thé sur le balcon sous un soleil de plus de 30 degrés. Rien que d'y penser, j'exulte.

    Mais tout cela n'arrivera jamais si...

    — Man, lève-toi !!

    — Pas maintenaaaaaaant.

    C'est un petit ami très ordonné, avec des centaines de qualités et des milliers de défauts. P'Type me tape sur les fesses avec son pied. Je dois adapter mes yeux à la lumière du soleil pendant un moment avant de pouvoir me lever pour faire face à la réalité.

    La première chose que je vois, c'est mon maître vêtu d'une chemise blanche et d'un caleçon vert mousse. Il tient un plumeau dans une main, et l'autre main est posée sur sa taille, me poussant à sortir du lit.

    Il me regarde comme un démon. Comment ai-je pu penser que c'était mignon quand je le draguais ? Je suis vraiment dégoûté. Donnez-moi un inhalateur pour respirer, s'il vous plaît.

    — A quelle heure tu as dit que tu te réveillerais hier soir ?

    — A cinq heures. Je suppose que je ne suis pas si en retard ?

    — Il est presque neuf heures. Si tu ne te lèves pas maintenant, tu vas mourir de faim. 

    Il est foutrement cruel. Où est passée son attitude raffinée et cultivée du bon vieux temps ? C'est comme si Thanos avait claqué des doigts et que l'ancien P'Type avait disparu. Il faut que je demande à son frère, Tine, où est passé le vrai P'Type.

    Nous avons traversé des tonnes d'obstacles pour en arriver là. Nous ne sommes pas comme les autres couples qui passent toutes les nuits ensemble ou qui ont souvent des moments de douceur. Comme nous vivons loin l'un de l'autre - j'étudie à Chiang Mai et mon précieux petit ami travaille à Bangkok - nous ne nous voyons que quelques jours par mois. Je vais pleurer.

    Nous nous rendons visite à tour de rôle lorsque nous sommes libres. Je suis libre ce week-end, et donc P'Type est venu ici pour passer chaque seconde avec moi au maximum, comme si la fin du monde était pour demain.

    — Tu es toujours cruel avec moi. Laisse-moi embrasser ta joue. 

    Les joues flasques sont ce qu'il y a de mieux.

    — Arrête de perdre ton temps, Man. Lève-toi et prends une douche. On redécore la chambre aujourd'hui. 

    Nous avons prévu de rénover toute la chambre, mais le plan n'est pas encore prêt, alors nous allons d'abord ranger les choses et nous occuper de ces caleçons usagés et roulés.

    — Oui, bien sûr.

    Je réponds, me lève et m'étire un instant. P'Type est en mode homme au foyer (brutal) aujourd'hui, se préparant à la grande tâche. C'est un maniaque de la propreté, très méthodique, qui déteste tout ce qui n'est pas rangé. Toutes ses caractéristiques sont...

    En contraste avec moi. Hehe...

    — Est-ce qu'il y a quelqu'un d'assez gentil pour me préparer un petit-déjeuner ? 

    Je me débarrasse de toutes les pensées parasites, je m'inquiète de mon estomac qui gargouille.

    — J'ai préparé quelque chose.

    — Ooh, quelle vie merveilleuse. Qu'est-ce que mon bébé a fait pour moi ?

    — Mon pied !

    — Whoa, tu ne te retiens jamais, hein ? Tu ne m'aimes plus ? 

    Voyant son visage extrêmement fatigué, j'arrête de plaisanter et je me dépêche de prendre une douche, m'occupant de mes affaires personnelles à toute vitesse. Lorsque je sors de la salle de bain, P'Type a déjà mis la table.

    Ha ! Vous êtes jaloux, pas vrai ? Parce qu'il a fait de son mieux pour cuisiner pour moi ? Non, il l'a commandé, sûr à un million de pour cent. Les boîtes de nourriture dans la poubelle en sont la preuve.

    Je suis un gars simple. Une fois que j'ai fini de me goinfrer, je me précipite pour aider le plus petit à ranger les meubles. Nous avons eu besoin de nous adapter l'un à l'autre plus que d'autres couples, car nos personnalités sont complètement différentes. J'étais à deux doigts d'avaler toutes les pilules anti-stress pour trouver un terrain d'entente. Certains problèmes, cependant, ne peuvent jamais être résolus, peu importe le nombre de fois que nous essayons.

    — Est-ce qu'on devrait déplacer le canapé vers la gauche ? demandé-je à la personne en face de moi, tout en observant son expression et les mouvements de son corps.

    — Ça me paraît bien, mais… 

    Je te déteste, putain. Puis-je acheter ton “mais” et le jeter ? Le prix n'a aucune importance.

    — Mais quoi ?

    — La lumière du soleil nous atteindra directement. Il va faire chaud à midi. Il devrait être au milieu de la pièce.

    — Comme tu veux. 

    Après avoir obtenu son accord, c'est maintenant à moi de tout déplacer - le canapé, l'armoire, la table - et mon bébé me demande même de déplacer le lit. Heureusement qu'il me donne un coup de main...

    En rangeant la couverture. Moi, par contre, je dois ranger toutes les autres choses !

    — Où est-ce qu'on met cette table ? 

    Je suis en sueur, mais je ne peux pas m'arrêter à cause de cet esclavage sans fin.

    — Tu ne peux pas décider toi-même ?

    — Eh bien, je ne sais vraiment pas. Je ne sais rien de la table, tout ce que je sais c'est que mon coeur est le tien. 

    Kya… Je meurs d'envie de voir son visage rougissant et ses joues rouges. Qui aurait cru qu'il me jetterait la nappe au visage en guise de réponse ?

    — Admets que tu rougis. Arrête de faire comme si tu étais en colère pour le cacher.

    — Comment j'ai pu sortir avec toi pendant des années ?

    — Hehe.

    — Hehe, mon cul !

    — Tu es toujours si dur avec moi. Je suis triste.

    — Range la chambre. Je vais commander à manger. 

    Il me lance un regard noir et fait comme si de rien n'était, comme d'habitude. Et moi, alors ? Pas la peine de demander, je suis sacrément occupé. Je ne sais pas quand je vais pouvoir me reposer. Je suis fatigué, je suis découragé, j'ai envie de m'allonger et de ne rien faire.

    Après avoir grogné pendant une demi-heure, la nourriture est enfin arrivée. J'adore ce genre de moment où votre amoureux s'occupe de tout pour vous. Il met la nourriture dans l'assiette, verse de l'eau dans votre verre et prépare de délicieux en-cas pour que vous puissiez vous régaler.

    — Tu es vraiment mignon. 

    Je m'assois à la petite table, regardant le maniaque de la propreté tout poser et s'asseoir en face de moi.

    — Pourquoi ça ?

    — Eh bien, tu as commandé beaucoup de nourriture pour moi. Où est la mienne, d'ailleurs ?

    — Apporte-la toi-même.

    — Hein ?! Tout ça n'est pas pour moi ?

    Est-ce qu'il peut au moins finir ça ? Il est si petit.

    — Tout est pour moi, pas pour toi.

    — Tu es méchant. 

    Je fais semblant de bouder pour qu'il se sente mal, mais P'Type ne me regarde même pas. Je ne peux que serrer les dents et le maudire à voix basse tout en mettant la nourriture dans mon assiette avec irritation.

    Je n'ai pu manger qu'à 15 heures, car j'étais occupé à ranger les meubles. Nous mangeons ensemble. Je regarde mon bébé prendre une cuillerée de ceci et de cela et je me sens rassasié. C'est tout ce dont j'ai besoin dans la vie.

    — Qu'est-ce qu'il y a ? 

    Sa voix me réveille soudain de mon doux rêve.

    — Je suis heureux de te regarder.

    — C'est un faux bonheur. Je sais que tu me maudis dans ta tête.

     Oups, comment diable a-t-il su ? Super génie.

    — Qui maudirait quelqu'un d'aussi mignon ?

    P'Type lève les yeux au ciel, comme s'il n'en revenait pas. Il continue de manger avant de pousser une assiette de nuggets vers moi.

    — C'est horrible.

    P'Type dit ça, et j'ai du mal à cacher mon sourire.

    Il s'inquiète pour moi. Il ne le dit pas, mais il veut vraiment que je mange quelque chose de délicieux autant que moi. Comment ne pas l'aimer ?

    — Merci.

    — Mange, ou ce sera des restes.

    Menteur ! Une fois les nuggets terminés, d'autres plats sont poussés vers moi. Il ne prend qu'un morceau des fruits et me donne le reste. Je me demandais comment il pouvait tout finir, mais maintenant la question me revient si vite comme un karma.

    Cela pourrait le blesser si je ne peux pas tout finir, alors je dois tout engloutir. Urrrrgh !

    — Man. 

    C'est comme si ma vie était en jeu. Je suis nerveux à l'idée de ce qu'il va dire. Je ne peux que prier pour qu'il ne me donne plus de nourriture. J'ai atteint ma limite. 

    — Man… 

    — Ouais ? 

    Je n'arrive pas à parler. Mon estomac est sur le point d'exploser.

    — Les snacks.

    — … 

    — Ne les mange pas si tu es rassasié. Pourquoi tu te forces ?

    Merci à tous les dieux et déesses de lui faire remarquer ma souffrance.

    — J'ai peur que tu te sentes blessé. Tu as tout commandé pour moi.

    — Je vais faire sauter cet endroit si tu vomis. 

    D'autres pourraient penser que P'Type est un tyran ou un maniaque du contrôle, mais combien de personnes savent qu'il est en fait mignon et très attentionné ?

    Nous sortons ensemble depuis un certain temps. Nous ne sommes d'accord que sur quelques points et nous avons du mal à nous entendre sur le reste. La raison pour laquelle nous pouvons encore être ensemble n'est pas l'amour ou l'attachement, mais c'est la façon dont nous voulons grandir et apprendre beaucoup de choses l'un avec l'autre.

    Les Man et P'Type d'aujourd'hui sont différents de ceux d'hier, mais Man et P'Type seront toujours là l'un pour l'autre. Putain, je suis ému.

    — Ton imagination est débordante ?

    — Tu le vois ?

    — Je peux voir à travers toi juste en regardant tes yeux.

    — Devine à quoi je pense, alors.

    — Tu me maudis.

    — C'est faux. Recommence.

    — Je n'en ai aucune idée. 

    Aw, il détourne les yeux et rougit. Il perd toujours face à moi. On dirait que c'est lui qui domine notre relation, mais c'est parce que je le laisse faire.

    — Je dis “je t'aime” dans ma tête. Tu me crois ?

    — Oui.

    — Mais ce n'est pas le cas. Bwaaaaaaa ! 

    Il me frappe en pleine tête avant que je puisse dire quoi que ce soit de plus.

    Ça t'apprendra, Man. D'habitude, je fais attention à ne pas risquer de me faire frapper si je fais une blague. Mais cette fois, j'ai fait une erreur. Ma bouche a agi avant mon cerveau. J'ai de la chance que P'Type soit assis, je m'enfuis de la table juste à temps avant qu'il ne puisse se lever pour me frapper. Mais j'ai failli ne pas y arriver.

    — Je vais te dire la vérité.

    — Ferme-la, Man.

    — Je pense juste… 

    Même s'il essaie de m'en empêcher, je veux le dire.

    — … 

    — J'ai de la chance de t'avoir, et tu sais que c'est ce que j'ai toujours ressenti.

     

    J'adore le temps que nous passons ensemble. Nous nous retrouvons plusieurs fois par mois, mais à chaque fois, c'est comme si tous les moments difficiles et l'épuisement étaient balayés d'un revers de main. Parfois, nous ne parlons même pas. Le simple fait de rester l'un à côté de l'autre me réconforte comme rien d'autre.

    — Pourquoi tu m'as tiré dessus ?

    — Parce que je suis agacé.

    On s'est levés tôt, on a rangé la chambre, on a mangé, et maintenant on joue à un jeu sur le téléphone portable. Le jeu des zombies est de nouveau à la mode, et P'Type a l'air angoissé. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour l'énerver, mais il me tire dessus juste après ma résurrection. Je suis déjà mort une douzaine de fois.

    — Mais on est dans la même équipe. Meeeerde.

    — Je peux faire cavalier seul.

    — Tu n'as pas peur des zombies ? Laisse-moi te protéger.

    — Va te faire foutre.

    BANG !

    J'ai encore reçu une putain de balle dans la jambe. On ne peut pas faire ça à moins d'être totalement impitoyable.

    Nous avons tous les deux des noms dans le jeu. Nous avons créé nos personnages pour qu'ils soient les potes badass qui sèment la mort sur tous les champs de bataille ! Je veux dire, qui m'apportent la mort.

    Janvier et Septembre sont nos noms fictifs. Je suis né en janvier et P'Type en septembre. Nous nous appelons généralement 'Jan' et 'Sep' pendant le jeu.

    — Recommençons. Promets-moi que tu ne me tireras pas dessus cette fois-ci. 

    Je dis cela en jetant un coup d'œil à son profil.

    — D'accord.

    — Fantastique.

    BANG !!

    Putain ! Il m'a explosé la tête une seconde après me l'avoir promis.

    — Tu peux être gentil avec moi pour une fois ?

    — C'est parce que tu es nul.

    — Recommence, alors. 

    En attendant que P'Type explose tous les zombies et que le jeu redémarre, je réfléchis à un plan génial pour me venger. Une fois de retour dans le jeu, je ne perds pas une seconde...

    BANG !

    J'ai tiré sur lui. Haha, il est mort, mais maintenant la prochaine personne qui sera tuée est... moi.

    — Noooooooon ! P'Type, non !

    Tu es condamné, mec. Tu as fait une erreur et maintenant tu vas mourir. Je suis trop lent pour m'enfuir du canapé cette fois, alors le plus petit me tire par le col et me punit en me tordant les oreilles. C'est la scène de fin du Grand Man, à la fois dans le jeu et dans la vie réelle.

     

    22 h 15

    — Les étoiles sont belles ce soir.

    — Les étoiles, mon cul. Le ciel est complètement noir.

    — Tu peux être romantique une seconde ? 

    Nous sommes assis sur le balcon. On ne voit que des maisons et des immeubles. Il n'y a rien de beau à voir comme lorsque nous partons en voyage.

    Mais nous aimons toujours nous asseoir ici le soir, boire de la bière à la canette, nous enivrer ensemble et parler de ce qui nous arrive chaque jour.

    — Je pars demain soir. 

    Il ne me regarde pas. Ses yeux se fixent sur les lumières de l'immeuble en face de nous.

    — J'ai vérifié l'heure. Cette fois, tu ne rateras certainement pas ton vol.

    — Hum, répond-il en buvant sa bière.

    — Je vais me sentir tellement seul quand tu seras parti.

    — Toi ? Tu as ces voyous et mon frère. Tu n'auras pas le temps de te sentir seul.

    — Même si nous sommes entourés de beaucoup de gens, si ton coeur est seul, tu te sens seul quand même. 

    Quelle émotion. C'est le moment où je vais toucher son cœur. 

    — Attends-moi. Attends que j'obtienne mon diplôme.

    — … 

    — Et alors nous pourrons être ensemble.

    — J'en ai marre de ta tête. Tu n'as pas besoin d'être diplômé. Redouble juste une année.

    — Arrrrrgh.

    Sois maudit, P'Type. Tu as gâché la romance. Espèce de bâtard cruel. Espèce de mignon. Espèce d'idiot !

    En plus de se connaître si bien, l'autre chose que nous savons, c'est que nous n'aurons jamais de moments de douceur comme les autres couples. Bon sang… 


    Notes

    (1) took-wan (Every Day : "Chaque jour") par Scrubb
    (2) Fong imite une chanson qui est devenue virale en Thaïlande pendant un certain temps.


  • Commentaires

    2
    Jeudi 29 Juin 2023 à 18:29

    Merci pour la traduction de ce roman et de toussss ses nombreux extra XD

    C'était sympa de les retrouver ^^

    1
    Joue
    Mercredi 28 Juin 2023 à 21:05

    Merciiiiiiiii

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