• Scène Dix

    Scène Dix
    Pat

    Il est parti !

    En toute honnêteté, je ne savais pas que Pran serait ici, surtout seul avec ce singe. Il sait. Il sait où je vais pour évacuer mon stress et me bourrer la gueule avant de rentrer à la maison. Aujourd'hui n'est pas différent. Je suis allé en cours et je suis venu au bar pour traîner avec Gon et les gars. Nat est arrivée ici à l'avance pour m'attendre car elle n'avait pas pu me contacter pendant des jours. Ce n'est pas une surprise. Comment pouvait-elle me joindre après que ma sœur l'a bloquée sur toutes les plateformes ? Nat ne voulait pas rabaisser sa fierté et emprunter le téléphone de quelqu'un pour me contacter, alors elle a agi comme si nous nous étions rencontrés par hasard.

    Je sais tout. Pourquoi tout le monde pense que je suis stupide ? J'ai fait une erreur une fois et je ne ferai plus jamais confiance aux autres facilement. Jouer avec les filles ne signifie pas que je ne peux pas deviner leurs véritables intentions. Je le fais juste pour vérifier ma popularité. Je ne me laisserai pas prendre. La personne que j'aimerais voir essayer de m'attraper s'est levée et est partie avec ce punk à la mine boudeuse. Il n'avait pas l'air très bien et son visage était tout rouge. Ce type l'a rendu ivre ?

    — Pat, où vas-tu ?

    Je laisse l'argent sur la table et pose un verre dessus. Nat s'accroche à mon bras alors que je me lève. Jor et les gars nous regardent, mais personne n'essaie d'arrêter la dispute.

    — Je m'en vais. J'ai un truc à faire.

    — Quel truc ? Tu t'enfuis encore ?

    — Laisse-moi tranquille, Nat.

    — Comment je pourrais faire ça quand...

    — Nat, coucher ensemble une fois ne signifie pas que nous sortons ensemble. C'est ce que toi et moi voulions. Je ne joue pas avec toi ou quoi que ce soit, murmuré-je à travers mes dents serrées, en retirant ses mains de mon bras. 

    Je comprends maintenant ce que Par voulait dire quand elle a dit que j'aurais des problèmes plus sérieux. 

    — Tu sais bien que certaines personnes séparent le sexe et l'amour. Je suis l'une d'entre elles. Je crois que tu l'es aussi.

    — Mais de quoi tu parles, Pat ?

    — Que veux-tu que je fasse puisqu'on ne peut pas sortir ensemble ?

    Je soupire et me fraye un chemin hors du bar. Nat me suit sur ses talons hauts, trottinant à travers la foule. Elle saisit mon bras à nouveau. Merde ! Cela devient ennuyeux.

    — Tu ne peux pas faire ça, Pat. Les gens pensent qu'on sort ensemble. Comment peux-tu dire que tu n'as pas de sentiments pour moi alors que les gens se méprennent déjà sur notre relation ?

    — Nat, j'ai un secret que je veux que tu sois la première personne à connaître, grogné-je en retirant mon bras de sa prise. 

    C'est sans espoir de rattraper Pran maintenant. Je me sens mal à l'aise, mais je dois mettre un terme à cette affaire. 

    — Je pense que je suis peut-être gay. J'avais le cœur brisé et j'étais stressé, et tu es arrivée. Le sexe cette nuit-là était génial. C'était incroyable, mais ça n'a pas pu m'empêcher de tomber amoureux de cet homme. Je peux coucher avec des filles, mais je ne peux pas effacer mes sentiments pour cet homme. Je suis désolé.

    Nat laisse finalement tomber ses mains. Ses lèvres rouges s'écartent maladroitement après que j'ai fini de parler. Mes yeux, mon comportement, tout lui montre que ce n'est pas une excuse. C'est la vérité.

    — Maintenant, c'est ton choix de sortir avec moi jusqu'à ce que les gens découvrent que je suis gay et de rompre avec moi ensuite. Choisis la meilleure option pour toi.

    — Pat ! Espèce d’enfoiré !

    — Je suis désolé. Je ne peux rien dire de plus. Je ne peux pas changer ce qui s'est passé. Tu vas me laisser partir maintenant ?

    Ses lèvres sont serrées. Nat me gifle le visage aussi fort qu'une fille le peut, mais ça ne suffit pas à me faire rester pour entendre sa réponse à la question récente. Les cris et les jurons ne servent à rien pour m'arrêter non plus. J'ai déjà perdu trop de temps, et je dois récupérer Pran avant que cet enfoiré ne me le prenne pour de bon.

     

    Heureusement, je trouve rapidement un taxi. En chemin, j'essaie d'appeler Pran plusieurs fois, inquiet pour sa sécurité. Est-il conscient ? Bien qu'il sache se battre et qu'il ait assez de force pour frapper les gens, je ne suis toujours pas à l'aise. Ce voyou est faible, mais comparé à lui, Pran est tellement plus vulnérable. De plus, quand on est envahi par la luxure, on peut être impulsif. Pran pourrait même ne pas donner son consentement.

    Merde. Dans d'autres circonstances, si Pran et moi avions été en bons termes, je n'aurais pas été aussi anxieux. Eh bien, il m'a frappé assez fort quand je l'ai embrassé. Il pourrait être dégoûté par les hommes.

    Ça veut dire qu'il est aussi dégoûté par moi ?

    Pour l'amour de Dieu. Et alors quoi si Pran est dégoûté par moi ? Je vais le faire tomber amoureux de moi de la même façon qu'il l'a fait avec moi. Honnêtement, mon esprit n'a jamais été aussi confus. J'avais l'habitude d'être confiant dans tout ce que je faisais. Mais quand il s'agit des sentiments de Pran, je suis complètement troublé.

    Si Pran essaie juste de se venger de moi de la même manière que j'ai câliné Nat, mon cœur me fait mal juste en pensant à ça.

    L'ascenseur monte plus lentement que d'habitude. Ma tête est sur le point d'exploser au moment où j'atteins mon étage. La porte de l'ascenseur s'ouvre, et je vois ce punk pâle debout devant la chambre de Pran, une main sur le mur. Pran croise les bras, s'appuyant à l'encadrement de la porte. Les yeux sombres du gars à la peau rougie se tournent vers moi. Au moment où il me voit, il fait un pas en avant et pousse son putain de cher ami derrière.

    — Pat !

    — Combien de temps vas-tu le protéger ?

    — Tu ne t'es toujours pas remis de cette bagarre ? Tu en veux plus ?

    — Wai, ne te bats pas avec lui. 

    Pran prévient son ami et se tourne vers moi.

    Quel est son nom déjà ? Mauviette ? Je n'ai pas vraiment compris.

    — Pourquoi tu n'es pas avec ta copine ?

    — Demande à cette mauviette pourquoi il a essayé de se battre avec moi s'il en a marre.

    — C'est toi qui cherches la bagarre, pas moi.

    — Bien, je vais te mettre en pièces. Tu as un problème ?

    — Pat ! Reprends tes esprits !

    — Je vais te parler, mais laisse tomber pour l'instant. Je ne me battrai pas contre toi, Pran.

    — Tu es venu pour embêter mon ami juste devant sa porte. Tu crois que tu peux te pointer seul et agir comme tu veux ? 

    Ugh, putain de mauviette. Il écarte Pran du chemin, en se montrant arrogant, alors qu'il ne sait rien du tout. 

    — Tu veux régler ça une fois pour toutes ? Et arrête de t'en prendre à Pran.

    — Si tu veux me parler, laisse Wai tranquille.

    — Dis à ce singe de s'en aller.

    — Je ne pars pas !

    — C'est bon, Wai. Il ne me fera pas de mal.

    — Mais...

    — Tu veux finir à l'hôpital ? Tu es vraiment prêt à combattre ce chien fou ? Je t'ai dit que je ne voulais pas davantage de problèmes. Tu as ton projet à terminer. Ne perds pas ton temps avec un type comme lui. Je vais m'occuper de lui moi-même.

    — Pran.

    — Tu n'as pas compris ce que j'ai dit ?! crie Pran, ce qui est rare. 

    Sa voix grave se répercute. Cela signifie que le singe n'a pas d'autre choix que de céder. Il me regarde, sans vouloir reculer, et fait un rapide signe de tête au propriétaire de la chambre.

    — Appelle-moi si quelque chose arrive. Je vais attendre en bas.

    — Rentre chez toi. Ne t'inquiète pas pour moi. Il ne me fera pas de mal.

    — Je veux juste avoir une discussion à cœur ouvert.

    Un sourire triomphant apparaît sur mon visage tandis que l'autre type semble vexé. L'ami de Pran passe devant moi et me cogne intentionnellement l'épaule. Je n'en ai rien à faire. Plus vite il part, mieux c'est. Une fois la porte de l'ascenseur fermée, Pran ouvre la porte pour que nous puissions parler à l'intérieur.

    — Dis ce que tu as à dire.

    — Tu es ivre ?

    — Non.

    — Ton visage est si rouge. 

    Je touche sa joue, et Pran repousse ma main comme si elle l’avait brûlée.

    — Ne me touche pas. Retourne avec ta copine.

    — Tu m'as dit de ne pas fréquenter Nat l'autre jour. Pourquoi tu me chasses maintenant ?

    — Tu avais l'air heureux. Je ne pensais pas que tu partirais si tôt. 

    Je n'ai jamais vu Pran agir de façon aussi méprisante. Il croise les bras et lève son menton, refusant de me regarder. Quand je m'approche, il recule d'un pas las.

    — Je suis désolé. Tu es toujours en colère pour le baiser ?

    — Huh, une personne comme toi pourrait même embrasser un chien. Ça ne veut rien dire pour moi.

    — Hé, la façon dont tu agis ressemble à une femme qui s'énerve parce que son mari la trompe.

    — Je ne suis pas énervé ! Dis juste ce que tu as à dire. Tu me fais perdre mon temps. Et arrête de plaisanter.

    — Sérieusement, nous ne nous sommes pas vus depuis un moment. Je ne t'ai pas manqué du tout ?

    — Non, je me débrouillais bien.

    — Mais tu m'as tellement manqué.

    Les yeux de Pran se tournent vers moi. Au moment où il baisse sa garde, je m'avance et l'attire dans une étreinte. Je m'abandonne et j'enfouis mon visage contre son épaule. J'étais bouleversé et jaloux comme un fou, mais tout s'est envolé à la seconde où Pran a renvoyé ce bâtard pour être avec moi. J'ai agi imprudemment pendant des jours juste parce que je voulais qu’une certaine personne montre un peu d'affection ou d'inquiétude envers moi.

    Comme on dit, les gens agissent mal quand ils ont besoin d'amour.

    Et j'ai terriblement besoin de son amour.

    — Pran, je suis désolé au sujet de Nat. J'étais confus. C'est beaucoup de choses. Je ne sais pas.

    — Ne t'excuse pas auprès de moi. C'est ton problème.

    — Comment je pourrais ne pas le faire ? Tu boudais au bar parce que tu étais jaloux, non ?

    — Tu es tellement imbu de toi-même.

    — Qu'est-ce que je suis censé penser ? Ton attitude t'a trahi.

    — Je n'étais pas jaloux. C'est à toi de décider avec qui tu veux passer du temps. Je ne m’en mêlerai pas.

    — Je le permettrai si tu es jaloux. Je te laisserai même me commander.

    — Pourquoi je me mêlerais de tes affaires ? Lâche-moi. Ne me touche pas. Je ne suis pas...

    — Non, tu n'es pas ma copine, mais tu es à moi. Tu ne l'as pas compris ? Si tu n'es pas à moi, je ferai en sorte que tu le sois. Un jour tu seras à moi parce que je ne peux pas te laisser partir. Et je ne peux pas être avec quelqu'un d'autre pour t'oublier. Tu sais ce que je ressens, n'est-ce pas ?

    — Arrête de dire des bêtises. Garde ton imagination pour toi. 

    Pran s'éloigne de moi. Je regarde son visage, boudeur mais attirant. Il fronce les sourcils et se frotte le nez. 

    — Ton parfum sent très mauvais.

    — C'est celui de Nat.

    — C'est vrai.

    — Je ne la vois plus. On en a parlé. Je suis vraiment désolé. Je ferai tout ce que tu veux. Je comprends maintenant que ça ne sert à rien de se venger.

    — C'est toi qui parles, grogne Pran. 

    Il est toujours de mauvaise humeur mais moins qu'avant. Je le sais. Je le connais depuis toujours. Pourquoi ne le verrais-je pas  ?

    — Tu trouveras bientôt quelqu'un de nouveau. Cette personne devra avoir l'approbation de Par pour que je ne sois plus obligé de mettre mon nez dans tes affaires.

    — Allez, tu es tellement en colère que tu n'es plus le Pran cool que je connais. Tu répètes toujours la même chose, tu m'engueules pour le même sujet. Admets juste que tu es jaloux.

    — Ne sois pas si imbu de toi-même. Tu n'as aucune qualité pour être aimé. Tu ne fais que causer des problèmes.

    — Tu as raison. Je ne voulais pas tomber amoureux, mais je ne peux pas m'en empêcher.

    Pran se tait, ne croisant toujours pas mon regard. Ses yeux montrent de la confusion. C'est comme s'il ne comprenait pas ce que j'essaie de dire.

    — Tu vois ? Tu peux dire que tu es jaloux, et tu peux dire que tu m'aimes. Comme je te l'ai avoué.

    — Tu n'es pas logique.

    — Je dis la vérité.

    — Tu parles toujours comme ça aux autres ?

    — Tu sais très bien si je suis comme ça avec les autres ou seulement avec toi. Tu es celui qui me connais le mieux, Pran.

    Je le regarde dans les yeux, le suppliant en toute sincérité. Je ne le cacherai plus. Je ne le garderai pas à l'intérieur. Mes agissements déraisonnables et sauvages venaient de ces sentiments réprimés. Je ne laisserai pas Pran s'enfuir. Nos sentiments mutuels ne sont pas seulement dans nos têtes. Ce ne serait pas aussi clair si Pran n'avait pas perdu son sang-froid avec Nat. Peu importe à quel point j'étais pénible ou à quel point il se sentait en colère, les choses se sont toujours bien terminées après que je me suis excusé, contrairement à maintenant.

    — J'étais confus. Ce que j'ai fait était stupide et idiot. Je le sais maintenant. Je n'ai jamais voulu t'aimer, Pran. Je n'ai jamais voulu ressentir ça. Nous sommes tous les deux des hommes, mais je suis tombé amoureux de toi. Tu m'as brisé le cœur. Tu ne connais ce bâtard que depuis quelques années, et pourtant tu tiens à lui plus qu'à moi. Pourquoi ? Je ne suis pas assez bien pour qu'on me donne une chance ?

    — Donc tu as couché avec Nat parce que la façon dont je me suis soucié de mon ami t'a contrarié ?

    — Tu sais que je suis un idiot. 

    Et puéril. Et exigeant. Je suis allé voir ailleurs pour blesser Pran, mais celui qui a le plus souffert, c'est moi. 

    — J'ai mal agi. Je le pense vraiment. Ça ne se reproduira plus. S'il te plaît, donne-moi une chance.

    — Huh, tu penses que tu es assez bon pour mériter une autre chance ?

    — Alors dis-moi que tu n'as jamais eu de sentiments pour moi. Que tu n'as jamais pensé que mon existence signifiait quelque chose pour toi. Que tu ne t'es jamais senti à l'aise et détendu quand nous sommes ensemble. Et que tu iras bien... si je disparais de ta vie un jour. Si c'est ce que tu veux, regarde-moi et dis-le. Je te croirai.

    Mes yeux se fixent sur Pran, le suppliant. Je suis prêt à tout pour lui. Toutes ces choses que j'ose lui dire sont à l'opposé de mes sentiments. L'avoir à mes côtés et être la première personne qu'il recherche sont des choses vraiment précieuses.

    — Je n'arrive pas à trouver un moyen de te faire arrêter de traîner avec ce connard et de revenir vers moi. Je sais que c'est stupide, mais je m'en veux d'être aussi inutile. Je ne peux même pas être à tes côtés comme lui...

    Ses yeux sont pensifs et confus. Je comprends tout à fait. Je suis passé par ce genre de moment. C'est un moment difficile, et il a besoin de temps pour le digérer. Mon penchant agressif était motivé par mon incapacité à gérer cette agitation. Comme je n'arrivais pas à trouver ce qui n'allait pas chez moi, j'ai été provoqué facilement par la peur de perdre Pran.

    Pran reste silencieux. Cela me perturbe comme rien d'autre. S'il me rejette, mon monde va s'écrouler. J'appuie ma tête sur son épaule, épuisé et usé. Si je résous cette affaire avec des émotions et de la violence comme avant, la situation va empirer.

    — Je ne peux pas supporter de vivre comme ça, Pran. Je ne peux pas t'avoir dans ma vie sans que tu sois à moi, murmuré-je d'une voix rauque en enroulant mes bras autour de sa taille. Si tu me rejettes, je devrai probablement disparaître pour de bon.

    — Disparaître où ? 

    Sa voix est tout aussi tremblante. J'entends les battements de son cœur et les miens, qui sont plus lents et plus faibles.

    — Je ne sais pas, mais je ne peux pas rester ici en sachant que tu as choisi ce connard. Je deviendrais fou. Je regrette tout ce que j'ai fait, même de t'avoir aimé. Je le regrette car ça te met mal à l'aise. 

    Ma confiance débordante s'évapore peu à peu puisque la personne dans mes bras ne veut toujours pas parler. Je ne peux pas imaginer ma vie sans Pran. 

    — J'ai juste besoin de ta réponse pour que je puisse décider de mon prochain mouvement.

    J'ai l'impression d'attendre sa réponse pendant une éternité. Le silence est assourdissant, pressant mon cœur misérable. Je lève mon visage de son épaule pour voir sa réaction. Pran est calme et posé, comme toujours. Il bouge ses yeux de gauche à droite lentement, pensif. Je regarde même quand Pran serre ses lèvres, les relâche, inspire et expire.

    — Le nom de mon ami est Wai, Waiyakorn.

    — J'en ai rien à foutre ! T'es obligé d'en parler maintenant ?

    — Tu me demandes d'être ton petit ami, Pat. Ne sois pas désagréable. 

    Pran est toujours posé. Il me calme quand mon cœur est agité. Je brise l'étreinte et fais face au mur avant d'y frapper ma tête à plusieurs reprises.

    — Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu peux arrêter d'être un idiot pendant une minute ? Ça dérange les voisins.

    Pran tire sur mon épaule et je regarde son visage. Il est toujours inquiet pour moi mais il agit comme s'il se souciait des autres. Il fronce les sourcils et se racle la gorge.

    — Wai est mon ami, et je ne prends pas parti pour une personne qui agit mal. C'est toi qui as cherché la bagarre. Je veux que tu t'excuses auprès de lui.

    — C'est quoi ce bordel, Pran ?! Je viens de dire que je voulais frapper ce bâtard au visage. Si jamais je le revois, je le réduirai en bouillie. Et maintenant tu me dis de m'excuser auprès de lui ?

    — Pat, je ne veux pas que tu sois déraisonnable comme ça.

    — Je peux être raisonnable pour n'importe quoi, mais pas quand tu es impliqué, d'accord ? 

    Pran reste immobile, serrant les lèvres, toujours déconcerté.

    — Pat, tu ne plaisantes pas, n'est-ce pas ? Tu es sérieux, n'est-ce pas ?

    — Tu m'as déjà vu aussi sérieux ? C'est la première fois de ma vie. 

    Je soupire en me massant les tempes. Je suis submergé par le stress, et Pran peut le voir. Je le devine à sa voix adoucie lorsqu'il prononce les mots suivants.

    — Depuis quand te sens-tu... comme ça ?

    — Je ne sais pas. Comment le pourrais-je ? Si j'avais su, j'aurais essayé de t'oublier. Avant de m'en rendre compte, ça me faisait mal de te voir tout mielleux avec ce salaud.

    — C'est Waiyakorn.

    — J'ai dit que j'en avais rien à foutre.

    — Tu dois t'en soucier parce que c'est mon ami. Tu veux sortir avec moi, mais ça ne sera pas terrible si tu ne te souviens pas du nom d'un seul de mes amis ?

    Merde, est-ce que j'ai bien entendu ?

    Mes yeux s'écarquillent, mon cœur bat la chamade. Je prends Pran dans mes bras et j'embrasse ses joues, les rendant à nouveau rouges après qu'elles soient devenues plus pâles. Gauche puis droite, droite puis gauche.

    — Je l'ai entendu, Pran. Je l'ai entendu. Je ne l'ai pas imaginé.

    — J'ai dit, 'Tu veux...'. Je n'accepte pas ta confession.

    — Alors si je me souviens du nom de ton ami... C'est Wai, n'est-ce pas ? Ok, je m'en rappelle. Tu veux bien être mon petit ami maintenant ? Je m'en souviens parfaitement. Je rêverai de ça cette nuit.

    — Tes sautes d'humeur sont folles !

    — Tu ne comprendrais pas. 

    A l'instant, j'ai eu l'impression que le ciel me tombait sur la tête. C'est comme si j'étais au tribunal à attendre la sentence de mort et qu'on me graciait soudainement. J'étais un homme au bord de la mort qui avait une chance de respirer à nouveau. 

    — Pran, tu le pensais vraiment ?

    — Merde, laisse-moi partir. Pourquoi es-tu si tactile ? Merde, ta barbe !

    — Oh, désolé. Je ne me suis pas rasé.

    Je rigole et me retire, regardant affectueusement le gars énervé. Pran devient tout rouge, encore plus rouge que lorsqu'il est ivre.

    — Arrête de sourire. Nous n'avons toujours pas parlé de la fille et de la façon dont tu m'as craché ces mots blessants.

    — Allez, Pran, je suis désolé. Je le dirai autant de fois que tu veux. Je me sens vraiment coupable. Tu sais que je ne peux pas me contrôler quand je suis furieux. La façon dont j'ai essayé d'attirer ton attention était merdique. J'admets que j'ai été un connard. Punis-moi. Tu peux me rendre mon baiser.

    — Putain, quel sans-gêne.

    — Mes lèvres sont douces. 

    Je fronce mes lèvres, mais Pran me frappe doucement le menton. Ça ne fait pas mal du tout car sa main est douce. 

    — J'ai sommeil. Laisse-moi dormir ici. Je n'ai jamais été capable de dormir depuis que nous nous sommes battus.

    — Tu me demandes ça mais tu es déjà dans ma chambre. Pat, prends une douche d'abord. Tu ne veux pas retourner dans ta chambre pour aller chercher ton lapin minable ?

    — Non.

    Je me tourne et je souris.

    — Je suis un adulte avec un amant. Comment puis-je jouer avec une peluche ? Je vais te câliner à la place de Nong Nao ce soir.

    — Qui est ton amant ?

    — Tu as dit que tu serais en couple avec moi.

    — En tant qu'ami.

    — Praaaaaan, gémis-je. 

    Pran croise les bras avec un visage vide, essayant de me taper sur les nerfs. 

    — Sois un homme. Ne retire pas tes paroles.

    — Tu t'imagines des choses.

    — D'accord, mais je ne te laisserai plus partir. 

    Je remue les sourcils. Pran me regarde fixement, les bras croisés. Il semble de meilleure humeur maintenant, mais il est évident qu'il est toujours ennuyé.

    — Encore une chose.

    — Vas-y.

    — A propos de Nat. Je vais laisser passer puisque nous étions juste amis avant. Tu avais le droit de faire n'importe quoi ou de coucher avec n'importe qui. 

    La sévérité de sa voix m'empêche de le taquiner. Je reste immobile, écoutant attentivement. 

    — Tu n'aimes pas quand je suis avec Wai, alors je crois que tu sais comment je me sentirai si tu fais l'idiot.

    — Je jure que cela ne se reproduira plus jamais.

    — A partir de maintenant, je ne te pardonnerai pas si tu fais une nouvelle erreur. Si ce que tu as expliqué avec un visage triste aujourd'hui est réel, je me débarrasserai de toi même si tu ne fais que regarder quelqu'un d'autre, sans parler de coucher avec, avertit Pran et je sais à quel point il est sérieux. Je le pense, Pat. Tu peux encore changer d'avis.

    Malgré l'avertissement sinistre et l'expression sévère, comme si ma tête allait être coupée au moindre faux pas, je ne me sens pas du tout anxieux. Je prends ses mains et lui adresse le plus sincère des sourires.

    — Je ne change pas d'avis.

    — Et... quand j'ai su que tu avais couché avec elle, ça m'a vraiment fait mal. 

    Le propriétaire de la chambre révèle ses véritables sentiments. Je n'arrive pas à croire que ses mots honnêtes puissent me faire sentir terriblement coupable. Nos yeux se fixent l'un sur l'autre, exposant tous les secrets de nos cœurs. 

    — Ne me fais pas regretter ma décision aujourd'hui, Pat.

    — Jamais.

    Je me penche et touche son front avec le mien, lui transmettant toutes mes pensées. 

    — Je protégerai la chance que tu m'as donnée.

    — Ringard. 

    Pran recule et fronce les sourcils. Je commence à réaliser qu'il a l'air gêné à chaque fois que je suis romantique. Attends... peut-être qu'il rougit ? 

    — Prends une douche. Je déteste vraiment l'odeur du parfum sur ton corps.

    Pran se retourne. Je saisis l'occasion de l'enlacer par derrière et je suis instantanément frappé à la joue par son coude.

    — Aïe ! Pran, ça fait mal.

    — Pourquoi diable as-tu fait ça ? Tu m'as fait peur, en arrivant par derrière.

    Je place ma main sur ma joue. Pran la retire et examine ma joue avec ses yeux sombres, puis il soupire et secoue la tête. 

    — Va prendre une douche. C'est déjà la troisième fois que je le dis. Je t'appliquerai de la pommade plus tard.

    — Je ne veux pas prendre de douche maintenant. Reste avec moi un peu plus longtemps, d'accord ?

    Je souris et saisis les mains de Pran, mes yeux s'attardant sur ses lèvres. Si j'ai une autre chance, je l'embrasserai à nouveau, délicatement, lentement, en douceur, pour me faire pardonner le baiser brutal de la dernière fois. Pran lit dans mes pensées et se renfrogne. Il pousse ma tête si fort que je vacille.

    — Qu'est-ce que tu regardes ?

    Je ne réponds pas, gardant mon regard sur son visage. Mon cœur se sent si plein.

    Bien que je me sois fait gronder et frapper, je ne peux pas du tout m'empêcher de sourire.

    Bon sang, est-ce que je deviens inconsciemment masochiste ?

    — Encore une chose, Pat.

    — Oui ?

    — J'espère que tu sais ce que tu as fait de mal. Quand je te gronde, ne t'excuse pas juste pour t'en débarrasser comme tu l'as toujours fait. Tu peux ne pas faire ça ?

    — D'accord.

    — Tu acceptes juste pour t'en débarrasser à nouveau.

    Whoa, j'ai finalement compris la morale de l'histoire du berger et du loup. Je prends les mains de Pran et je le fixe du regard pour lui assurer que je ne prends pas ça à la légère. Je ne vais pas tout envoyer balader comme avant.

    — Pran, je vais réfléchir sur moi-même à propos de tout. Si je me trompe, je m'excuserai auprès de tes amis en personne. Je le pense vraiment.

    Sur ces mots, le propriétaire de la chambre pousse un long soupir avec un visage détendu.



  • Commentaires

    2
    Mercredi 6 Juillet 2022 à 20:55

    Je fooooonds, c'est trop adorable ^.^

    Merci pour ce chapitre <3

    1
    Mercredi 6 Juillet 2022 à 20:23

    Encore un très beau chapitre, j'aime beaucoup leur rapprochement et acceptation de leurs sentiments

    merci pour ce nouveau chapitre =)

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