• Chapitre 5

    Chapitre 5

     Je n'étais pas un expert en matière de traque. Même si je travaillais dans le domaine de la profession juridique, je n'étais qu'un simple médecin. Je ne savais tout simplement pas comment suivre sa voiture sans l'alerter de ma filature, surtout sur une route déserte comme celle-ci. Il n'y avait pas beaucoup de véhicules dans cette petite province, en particulier à la tombée de la nuit. Les habitants de cette petite ville rentraient chez eux. La route qui était emplie de mouvements de véhicules pendant la journée commençait à retrouver son calme. À ce moment-là, il n'y avait qu'une camionnette et une moto qui roulaient derrière moi, ce qui me donnait une certaine impression de calme.

    Je suivais Tann en gardant une distance d'environ 50 à 100 mètres depuis un certain temps déjà. La voiture noire devant moi n'avançait pas très vite. Je canalisais toute ma concentration vers la cible.

    C'est alors que la voiture noire mit son clignotant à gauche.

    Je regardai rapidement l'endroit où Tann s'apprêtait à tourner. Il quitta la route principale, se dirigeant vers une petite ruelle dans laquelle se trouvait une vieille maison en bois. Je ralentis la voiture, la garant sur le côté gauche de la route et j'éteignis rapidement les phares. Je regardai à l'intérieur de la ruelle dans laquelle Tann venait d'entrer. C'était une petite ruelle sombre, avec seulement quelques lumières fluorescentes. La voiture de Tann, phares éteints, s'arrêta devant la clôture de la maison en bois. A l'intérieur, la maison était complètement sombre, l'ombre des arbres à longanes en obscurcissait certaines parties.

    Est-ce qu'il vivait ici ? Il était peu probable que le propriétaire de la plus grande école de tutorat de la province puisse vivre dans ce type de maison.

    Je décidai d'éteindre le moteur, descendis de la voiture et fermai la portière sans la claquer  pour éviter tout bruit. Je savais que c'était dangereux. Cependant, dans une situation qui m'obligeait à démasquer l'identité du tueur, je n'avais pas d'autre choix que de trouver des preuves à l'appui de mes suppositions. Je me levai et regardai à l'intérieur de la maison en bois qui était complètement plongée dans le noir. Je ne vis aucun signe de présence d'autres personnes à l'intérieur. Je cherchai un moyen de pénétrer à l'intérieur. La porte était rouillée et délabrée, une clôture en béton construite de façon terriblement sommaire et dépourvue de tout équipement de protection. Je me dis qu'il ne devrait pas être difficile d'y pénétrer, mais je n'avais pas l'intention de m'introduire dans la maison de Tann pour l'instant. Je reviendrai quand Tann enseignerait à l'école de tutorat.

    Une fois que j'eus rassemblé toutes les informations nécessaires sur les environs, je retournai rapidement à ma voiture. Je n'avais fait que deux pas vers ma destination quand, soudain, la voix de quelqu'un résonna dans l'obscurité jusqu'à mes oreilles.

    — Pourquoi me suivez-vous ?

    Je tournai la tête dans la direction de la voix. Un homme sortit de l'ombre où il s'était caché. Je ne perdis pas de temps à trouver un quelconque terrain d'entente et je m'élançai vers la voiture qui bloquait l'entrée de la ruelle. J'entendis les pas de l'homme derrière qui me poursuivait. Mon cœur faillit bondir hors de ma poitrine. J'allais atteindre ma voiture, à quelques mètres de là.

    Les bras longs et forts s'enroulèrent autour de mon torse, l'énorme élan de vitesse de l'homme derrière moi nous jeta tous les deux au sol, nous faisant rouler. C'est Tann qui se retrouva sur moi, j'essayai de le repousser. Au lieu de cela, Tann agrippa mes deux poignets, m'empêchant de le repousser.

    — Lâchez-moi ! criai-je, essayant de m'échapper de cet emprisonnement. 

    Je vis une expression de choc après qu'il eut découvert mon visage.

    — Officier !?

    Il relâcha rapidement sa prise sur mon poignet et se redressa sur ses pieds.

    — Désolé, je n'avais pas vu que c'était vous ! Ça va ?

    Je me mis sur le ventre et me relevai du sol. La chute avait provoqué une douleur lancinante dans tout mon corps, et mes bras devaient être couverts d'écorchures. Tann s'avança pour me saisir le haut du bras, essayant de me remettre sur pied, mais je dégageai vivement mon bras, refusant son aide.

    — Je suis désolé. J'ai vu que quelqu'un me suivait en voiture. J'ai eu peur, alors je me suis faufilé dans cette ruelle pour voir si quelqu'un m'avait vraiment suivi. Je ne pensais pas que c'était vous.

    Tann leva les mains pour exprimer sa sincérité, tout en respirant difficilement.

    Je reculai d'un pas, mon cœur battait encore la chamade. Je regardai le grand homme avec méfiance. Pouvais-je croire ce qu'il disait ?

    — La police soupçonne toujours que j'ai tué Jane, n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'ils ont mis un officier à mes trousses, c'est ça ? Je vous ai déjà dit que je ne l'avais pas fait. J'étais ailleurs cette nuit-là. Et je vous ai déjà donné le numéro du témoin qui pourrait confirmer l'affaire, j'ai des amis qui...

    — Vous êtes le meurtrier, répliquai-je avant qu'il n'ait le temps de terminer.

    Tann s'interrompit, abasourdi.

    — Ce n'est pas le cas, vous vous méprenez.

    — Où est le procureur  ?

     Je commençais à reprendre mes esprits. J'essayais de dire beaucoup de choses pour voir la réaction de l'homme. Je pouvais encore distinguer son comportement malgré la faible luminosité.

    — De quoi parlez-vous  ? dit Tann en fronçant les sourcils. Que se passe-t-il exactement, monsieur l'agent ?

    — Et je ne suis pas policier, je suis médecin.

    Les yeux de Tann s'écarquillèrent.

    — Quoi... 

    — Je suis médecin légiste et j'ai pratiqué une autopsie sur Mme Tanejira. J'ai été le premier à savoir qu'elle avait été assassinée.

    La réaction de l'homme en face de moi ne fut pas du tout celle à laquelle je m'attendais. Tann semblait choqué par ce qu'il venait d'entendre de ma bouche. 

    — Vous êtes déjà au courant. Vous avez demandé le rapport d'autopsie à votre collègue policier, et lorsque vous avez appris que j'avais conclu à un meurtre, vous m'avez menacé pour que je fasse un faux rapport disant qu'il s'agissait d'un suicide. Avec ça, vous seriez tiré d'affaires.

    Tout en parlant, je m'éloignai de lui.

    Tann resta là, silencieux. J'étais persuadé que ce que j'avais dit avait déclenché quelque chose en lui. Je me disais que j'aurais bientôt la chance de voir cet homme agir, ce qui confirmerait ma conviction.

    — Y a-t-il une preuve que c'est moi  ? demanda Tann tout en fronçant les sourcils.

    Franchement, je n'en avais aucune. Je n'avais aucune preuve pour affirmer que Tann était le meurtrier, je n'avais que mes spéculations instinctives ainsi que des statistiques sur les cas d'homicides de femmes dans le monde. Environ la moitié des femmes victimes d'homicide avaient été tuées par leur amant. Un certain nombre de cas d'homicide sur lesquels j'avais pratiqué une autopsie le laissaient supposer.

    Je décidai de ne rien dire, de faire demi-tour et de retourner en courant à ma voiture. J'entendis la protestation de Tann, mais je me moquais bien de ce qu'il disait. La porte étant restée légèrement entrouverte, je me faufilai sur le siège conducteur, verrouillai la porte et appuyai sur un bouton pour démarrer le moteur. Je vis Tan se précipiter en avant, bloquant le passage devant ma voiture. Voyant cela, je mis la voiture en marche arrière et tournai à droite, retournant sur la route en toute hâte. Il se pouvait que je n'obtienne aucune preuve cette fois-ci. Mais j'étais certain que si Tann était le véritable meurtrier, ma présence devant ses yeux prouverait que je n'étais pas un imbécile. S'il pouvait me trouver, je pouvais le trouver aussi.

    C'était la première fois que je voulais que l'agresseur revienne, car j'étais sûr que si Tann était vraiment ce type, je serais capable de le reconnaître tout de suite. Cependant, si Tann était assez intelligent, il n'oserait plus me menacer ou me faire du mal, car je serais capable de reconnaître qui il est, et donc de le démasquer.

    Couvre-toi le visage et reviens vers moi. Je te mets au défi, Tann.

     

     

    — Dr Bunn ! 

    Tik, l'infirmière des urgences, courut derrière moi alors que j'entrais dans la salle d'urgence et que je me dirigeais directement vers la salle d'examen médico-légal, un endroit réservé à mon travail de légiste. Cette petite salle d'examen n'occupait que quelques mètres carrés des urgences. Malgré sa petite taille, c'était mieux que rien, car ce type d'examen nécessitait un endroit relativement isolé, car des vêtements pouvaient être retirés des corps... Pratiquer un examen médico-légal au milieu des urgences ne serait pas très approprié, étant donné l'endroit. 

    — Combien de cas ai-je aujourd'hui ? demandai-je sans me tourner vers l'infirmière qui avait une expression paniquée sur le visage.

    — Ça va aller, docteur ? Vous n'avez pas pris de repos  ?

    Tik accéléra et me bloqua le chemin avant que je ne puisse pénétrer dans la salle d'examen.

    — Vous pouvez demander aux internes de faire l'examen pour vous, docteur.

    — Inutile de les déranger, je vais le faire moi-même, dis-je en regardant l'infirmière d'âge moyen qui se tenait devant la porte de la salle d'examen, les bras en croix, bloquant l'entrée.

    — Mais vous êtes sorti de l'hôpital hier.

    Je soupirai doucement avant de lui faire un faux sourire. 

    — Je vais très bien, ma belle.

    La nuit dernière, après être rentré à l'hôtel, je n'avais pas réussi à dormir. J'avais fini par rester dans le hall jusqu'à une heure du matin. J'avais donc pris la décision de venir travailler aujourd'hui, car la peur avait pris le dessus sur moi. Il valait mieux que je sois dans un endroit entouré de gens, je me sentais plus en sécurité. Aussi lâche que cela puisse paraître, dans cette situation, je ne voulais pas être seul. C'était vraiment dommage que je vive seul, dans un endroit isolé, loin de ma famille et de mes proches. Personne ne pouvait me tenir compagnie pendant tout ce temps. Aujourd'hui, c'était probablement la première fois que je souhaitais ne pas avoir à quitter mon travail. Je voulais continuer à rester à l'hôpital.

    Au moins, je pouvais faire mon travail comme je l'entendais. Ma tâche actuelle consistait à délivrer des documents juridiques, la plupart du temps des certificats médicaux pour des demandes d'assurance maladie ou dans le cadre de lois sur les accidents. Il était rare que je rencontre des patients qui avaient été agressés physiquement ou sexuellement. Je les examinais de la tête aux pieds à la recherche de signes de blessures, j'en évaluais la gravité, je déterminais l'ancienneté de la blessure et le temps qu'il faudrait pour la traiter.

    Le premier patient était un jeune homme à la silhouette élancée, vêtu d'un tee-shirt et d'un short. Ses membres étaient couverts d'écorchures et, d'un seul coup d'œil, je compris que ce garçon avait dû être blessé lors d'un accident de la route. L'infirmière le guida pour qu'il s'assoie sur une chaise ronde disposée au milieu de la pièce. Je pris le dossier du patient que l'infirmière me tendait et enfilai les gants tandis qu'elle découvrait la plaie pour moi.

    — M. Sorrawit Kamma, n'est-ce pas ?, demandai-je au garçon. Quel âge avez-vous ?

    — Dix-huit ans, Monsieur.

    — Que s'est-il passé ? Quel jour ? À quelle heure ? Racontez-moi.

    Eh bien, je cond’sais ma moto. Vers 20-21 heures. Y’avait un trou sur l’route mais je ne l'ai pas vu. J'ai heurté l’trou et j'ai glissé sur le côté de l’route. Je roulais pas vite.

    Il me fallut un certain temps pour essayer de comprendre le dialecte. Deux années passées dans le Nord m'avaient permis de saisir quelques phrases du dialecte nordique, même si j'étais incapable de le parler. Tout ce que je pus saisir de son histoire, c'était que, vers 21 heures hier soir, ce garçon conduisait une moto avant de heurter un nid-de-poule et de tomber sur le bas-côté de la route.

    — Vous portiez un casque  ? lui demandai-je en khammeuang, le dialecte du Nord, avec mon accent de Bangkok.

    J’en portais pas, m’sieur.

    Je notai les détails dans le dossier avant d'ôter les vêtements du garçon pour vérifier s'il y avait des blessures sur tout son corps. Il y avait des écorchures sur son front, ses joues, son bras droit et sa cheville. Je ne remarquai aucune blessure inhabituelle. Je fis des dessins et écrivis une description de la blessure à l'intérieur d'un diagramme humain vierge conçu pour faciliter l'enregistrement des blessures.

    C’est quoi vot’ nom, Doc ? demanda le jeune homme avec un regard brillant. Vous êtes mignon, Doc, vous le saviez ?

    L'infirmière gloussa pendant que je faisais semblant d'ignorer ce commentaire. En temps normal, j'aurais répliqué en plaisantant avec ce garçon. Mais à cet instant, je n'étais pas d'humeur à le faire.

    — Levez les bras comme ceci, montrai-je, en levant les bras de façon à ce que mes coudes soient dirigés vers l'avant et en plaçant mes mains derrière la tête.

    Le patient imita ma posture. Je ne m'attendais pas à d'autres blessures que des égratignures.

    Eh... ?

    Sur les avant-bras du garçon, il y avait deux ecchymoses parallèles l'une à l'autre, avec une couleur de peau normale entre les deux. Ces ecchymoses avaient probablement été causées par un objet long et contondant, comme une barre. Les ecchymoses se situaient dans la zone qu'une personne utiliserait en cas d'autodéfense. Imaginez que quelqu'un vous frappe avec un gourdin, vous lèveriez automatiquement les bras pour bloquer le coup. Par conséquent, vous auriez des traces de blessures défensives sur l'intérieur de vos avant-bras.

    Le problème de ce garçon n'était pas seulement un accident de moto, il avait aussi été agressé.

    — Quelqu'un vous a frappé  ? demandai-je au jeune homme. 

    Il sursauta légèrement, un air de panique sur le visage.

    N... non, monsieur. Seulement un accident de moto. 

    Le garçon baissa rapidement les bras et les croisa sur sa poitrine.

    — Si vous me le dites, je vous dirai mon nom, utilisai-je comme astuce pour le séduire.

    Sorrawit bégaya un peu avant de l'admettre.

    J'ai été frappé par des gangsters avant mon accident.

    — Ok, dis-je en notant plus de détails sur le dossier après avoir enlevé mes gants. Vous n'avez pas signalé cela à la police, n'est-ce pas ?

    Non, m'sieur. Je l'ai pas fait. J’veux pas me frotter à eux. J’veux juste un certificat médical pour mon congé maladie. 

    Le jeune homme se retourna pour me regarder. 

    Vous êtes incroyable, Doc.

    — D'accord, je vais vous faire un certificat médical. Veuillez attendre dehors.

    Je me tournai vers le jeune homme qui m'observait avec impatience.

    — Oh... je suis le docteur Bunnakit, au fait. Si vous avez besoin d'autre chose, vous pouvez revenir me voir.

     

     

    Il me fallut deux heures pour terminer l'examen de tous les patients. Une fois mon travail terminé, je sortis de la petite salle d'examen. Une infirmière s'approcha de moi et me dit qu'il y avait le corps d'une personne décédée à l'hôpital qui attendait mon examen post-mortem au service de médecine légale. Je décidai d'aller manger quelque part devant l'hôpital avant de retourner au travail. Je sortis le téléphone de Pert et le regardai. Personne ne m'avait appelé via ce téléphone. Ce n'était pas une surprise, étant donné que le téléphone portable que j'utilisais en ce moment n'était pas le mien.

    — Docteur ! 

    Une voix familière m'interpella alors que je sortais des urgences. Alarmé, je tournai rapidement la tête pour regarder la personne qui m'appelait. Un homme de grande taille s'approcha de moi à grandes enjambées, le visage empreint d'une certaine appréhension.

    Tann ! Je reculai automatiquement, regardant l'homme qui avait surgi de nulle part. Mon cœur s'emballa sous l'effet de la peur. C'était le meurtrier. Bien sûr, il devait savoir où je travaillais. Mais je ne pensais pas qu'il viendrait me voir en personne comme ça, sous sa véritable identité, qui plus est.

    — Je suis ici pour montrer sincèrement que ce n'est pas moi qui l'ai fait. Si vous êtes disponible, pouvons-nous parler, docteur ?

    — Je suis occupé, dis-je en m’éloignant rapidement. 

    Tann me suivit à la trace, implacable.

    — Après ce qui s'est passé hier soir, vous n'avez vraiment rien à me dire  ?

    Tann haussa le ton, les yeux de tout le monde - infirmières et patients - devant les urgences se posèrent soudain sur nous.

    — Qu'est-ce qui se passe exactement ? Qu'est-il arrivé à Jane ? J'ai essayé de demander à la police, mais ils ne m'ont donné aucune réponse.

    Je ne lui répondis pas. Je me précipitai pour sortir de cet endroit.

    Je ne suis pas tombé dans ton piège...

    Je mis à profit ma connaissance des couloirs de l'hôpital, me faufilant parmi la foule de gens et de couvertures jusqu'à ce que j'aie réussi à semer Tann. Je me dirigeai directement vers le service de médecine légale, pensant me réfugier un moment dans la salle d'autopsie.

    Je vis un homme qui attendait sur une chaise devant le service médico-légal. Il se leva dès qu'il me vit, et je faillis crier en le voyant : le capitaine Aem. Le capitaine était en tenue décontractée et sa grande silhouette s'approcha de moi.

    — Pourquoi ne puis-je pas vous joindre, docteur Bunn ? J'ai demandé à vos collègues, et ils n'ont cessé de me donner votre ancien numéro.

    — Aem ! dis-je en courant vers lui. J'ai perdu mon téléphone.

    Le capitaine Aem soupira et jeta un coup d'œil à la blessure que j'avais au front.

    — Qu'est-ce qui s'est passé ?

    — ... 

    C'était peut-être l'occasion d'en parler au capitaine Aem. Devais-je tout lui dire ? Si je le faisais, le tueur le saurait-il ? Que se passerait-il s'il l'apprenait ? Pouvais-je faire confiance à cet officier de police ? Etait-il du côté de l'assassin ? Tout était imprévisible.

    — Aem, qu'est-ce qui vous amène ici  ? m'empressai-je de changer de sujet.

    — Deux raisons. La première est que je ne peux pas vous contacter. La seconde, c'est à propos du procureur…

    Mon cœur se serra en entendant cela. 

    — Je travaille sur cette affaire. Je suppose que vous avez déjà entendu la nouvelle ?

    Je hochai la tête. 

    — Doc, avez-vous des indices ? Je sais que vous êtes tous les deux amis. Savez-vous s'il a des conflits avec quelqu'un  ? poursuivit le capitaine Aem.

    Je restai silencieux pendant quelques secondes avant de secouer lentement la tête.

    — Je ne sais pas vraiment non plus.

    — Quand vous serez disponible, docteur, rejoignez-moi au poste de police pour en discuter plus en détail. Et j'aimerais aussi avoir votre nouveau numéro.

    Comme je ne connaissais pas le numéro de ce téléphone, je demandai celui du capitaine et le composai une fois. Après avoir échangé nos numéros, le capitaine me dit au revoir et quitta les lieux. Je m'enfonçai avec lassitude dans le fauteuil qui se trouvait devant le département de médecine légale. Tout me paraissait trop lourd pour que je puisse porter le fardeau tout seul.

    Même si j'avais l'impression de ne pouvoir faire confiance à personne, je voulais que quelqu'un sache ce qui m'était arrivé. Je voulais surtout que quelqu'un m'aide à comprendre. Cette personne devrait être Pert, mais il n'était plus là. Je ne savais même pas s'il était mort ou vivant. Je levai les yeux au plafond sans but précis. Jusqu'à présent, la police n'avait pas trouvé d'autres preuves ? Pas d'images de vidéosurveillance ou quoi que ce soit qui puisse indiquer que quelqu'un avait tué Janejira ? Je voulais vraiment interroger le capitaine Aem à ce sujet, mais si je le faisais, cela aurait-il d'autres conséquences ? Un de mes proches disparaîtrait-il à nouveau ?

    Je levai les mains pour me frotter la tempe, fermant les yeux, laissant échapper un soupir pour apaiser ma mélancolie.

    A cet instant, je perçus des bruits de pas qui s'approchaient de moi.

    — Docteur…

    Et voilà, Tann m'avait trouvé.



  • Commentaires

    3
    Mercredi 24 Mai 2023 à 20:04

    Merci pour la traduction de ce nouveau chapitre ^^

    2
    Mercredi 24 Mai 2023 à 19:19

    merci pour ce chapitre l histoire est aussi intéressante que la série

    1
    Mercredi 24 Mai 2023 à 18:59

    Merci pour ce chapitre

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