• Règle n°11

    Règle n°11
    Ne vous Mêlez pas des Affaires du Bizuteur

    — … 44 ! … 45 ! … 46 ! … 47 ! …

    — Stop ! Vous ne pouvez toujours pas le faire en même temps ! Combien de fois je vous ai ordonné de faire des squats depuis le début du semestre ? C'est tout ce que vous pouvez me faire ? ! C'est minable ! Je ne vois aucun progrès. Recommencez. Faites-le maintenant !

    C'était l'un des ordres que les étudiants de première année avaient entendus et auxquels ils étaient devenus presque apathiques, on leur disait d'enrouler leurs bras autour du cou de leur ami puis de faire des squats à plusieurs reprises. Ils avaient presque terminé le cinquantième tour, mais les bizuteurs n'étaient pas contents. On leur avait demandé de recommencer, en faisant un cercle, et ils ne pouvaient pas s'arrêter tant que les bizuteurs n'étaient pas satisfaits, ce qui était tout à fait contraire au sentiment de ras-le-bol qui habitait tous les élèves de première année.

    ... Ils avaient pensé que tout irait mieux une fois les Freshy Games terminés parce que la faculté d'ingénierie avait fait une performance spectaculaire, en remportant tous les sports et en gagnant le concours du roi et de la reine de l'université. Les étudiants de première année avaient espéré que les bizuteurs seraient plus sympathiques et apprécieraient leurs efforts.

    En fin de compte, les bizuteurs étaient toujours les mêmes et conservaient leur brutalité comme le sel conserve son goût salé. Ils étaient toujours des démons assoiffés de pouvoir aux yeux des étudiants de première année. Ils étaient d'autant plus terrifiants qu'il ne restait qu'une semaine avant le "jour de la reconnaissance" et que le bizutage allait baisser le rideau. Ainsi, les bizuteurs avaient senti qu'ils devaient faire un effort supplémentaire pour rappeler aux élèves de première année qui ils étaient. Par conséquent, ces derniers étaient les premiers à payer le prix fort.

    Les étudiants de première année se préparaient pour un nouveau round de "squat". Avant qu'ils ne commencent, la porte de la salle d'activités s'ouvrit et cinq ou six hommes entrèrent dans la pièce à la manière des membres d'un boysband. Leurs allures étaient à l'opposé de leurs regards sauvages et leurs visages étaient moins familiers aux élèves de première année. Ils comprirent qu'il devait s'agir des seniors, car dès que les bizuteurs les virent, ils se levèrent d'un bond, le dos droit, et levèrent les mains pour faire un wai, saluant bruyamment à l'unisson.

    — Bonsoir, Phi !

    Les seniors hochèrent la tête et se dirigèrent vers le centre de la salle. Les bizuteurs s'écartèrent rapidement de leur chemin et présentèrent les hommes.

    — Voici vos seniors de quatrième année. Saluez-les !

    Le son des salutations retentirent dans toute la salle. Les étudiants de première année reçurent alors l'ordre de s'asseoir et de se préparer pour le discours du senior qui occupait la salle.

    Les élèves de première année étaient anxieux et nerveux. À chaque réunion, les étudiants de deuxième année étaient les animateurs et dirigeaient les activités récréatives, les étudiants de troisième année étaient les bizuteurs et les seniors de quatrième année restaient en dehors de tout ça. Les premières années n'avaient aucune idée de ce qui les attendait. Les troisièmes années étaient déjà assez brutaux, comment les quatrièmes années pourraient être pires ? Ils ne survivraient pas à une autre punition, même s'ils en avaient une.

    Les élèves de première année retenaient leur souffle, essayant d'évaluer la décision des aînés. Puis ils entendirent quelque chose de totalement inattendu.

    — Vous avez fait du bon travail aux Freshman Games. Nous vous en remercions.

    ... Pas une réprimande, mais un compliment.

    Les élèves de première année se regardèrent, sidérés et étonnés. Ils recevaient rarement des compliments. La plupart du temps, ils étaient grondés ou intimidés, blessés encore et encore jusqu'à ce qu'ils soient engourdis. Ils ne pouvaient pas riposter, car les aînés avaient le droit de les traiter ainsi, selon les règles : "Ceux qui sont venus avant vous sont de grands frères et soeurs. Ceux qui sont venus après vous sont vos petits frères et sœurs. Et si vous êtes ici en même temps, vous êtes des amis". Donc, ceux qui sont venus après doivent obéir et respecter ceux qui sont venus avant eux, tout comme ceux qui avaient le droit de contrôler les troisièmes années étaient naturellement les quatrièmes.

    Ainsi, les quatrième année tournèrent leur attention vers les bizuteurs qui se tenaient en ligne, silencieux.

    — Quant à vous, les troisièmes années, qui punissez les premières années, je ne suis pas sûr que vous soyez aussi bons qu'eux. Quelqu'un m'a dit que vous les punissiez de manière inappropriée, en leur ordonnant de courir et de former une ligne, de s'asseoir et de se tenir debout, de faire des squats et des pompes. Vous leur avez même ordonné de faire cinquante-quatre tours de piste.

    Kongpob leva rapidement les yeux, en entendant ces derniers mots. C'était la punition qu'il avait reçue pour avoir défié les bizuteurs. Il avait également été isolé du reste de ses camarades de classe et avait reçu une double peine par rapport à celle de ses amis parce qu'il n'avait pas de badge. D'une certaine manière, les bizuteurs avaient été moins brutaux avec lui après qu'il ait cessé d'être un héros comme le chef des bizuteurs, Arthit, le lui avait appris. Les bizuteurs lui avaient alors permis de rejoindre ses amis sans être puni deux fois.

    L'incident remontait à un certain temps, mais les sanctions sévères que les bizuteurs leur infligeaient n'avaient pas changé. Elles étaient encore fraîches dans l'esprit des élèves de première année, qui se souvenaient de celui qui les avait impitoyablement punis.

    — Qui est le chef bizuteur ?

    — C'est moi !

    Arthit avança et se tint dans la position de repos, son visage stoïque et sans expression, convenant à sa position de chef bizuteur, attendant que l'aîné ne demande sombrement.

    — Donne-moi la raison pour laquelle tu as puni les étudiants de première année. 

    — Je les ai punis pour qu'ils restent disciplinés, Phi !

    La réponse était claire et catégorique. Et c'était quelque chose que tout le monde savait déjà. Pourtant, certains se demandaient pourquoi la punition était nécessaire. Les bizuteurs n'étaient jamais satisfaits. Les élèves de première année avaient l'impression que les bizuteurs le faisaient par pure satisfaction plutôt que pour les discipliner. La question soulevée au milieu de la salle d'activités avait piqué la curiosité des élèves de première année qui écoutaient la conversation.

    — Alors, puisque tu es le responsable, tu peux refaire toutes les punitions que tu leur as données, pas vrai ? 

    — Oui, Phi !

    — Montre-le à nous et aux nouveaux.

    À la fin de la demande, le chef bizuteur se retourna vers ses amis qui attendaient d'entendre la suite. Puis, il prononça la sanction qui choqua tout le monde.

    — Bizuteurs, voici votre punition ! Cinq cents squats, cinq cents pompes et cinq cents sauts accroupis. En tant que chef des bizuts, je suis tenu de tout faire et de finir les cinquante-quatre tours. Allez !

    — Oui, Phi ! !

    Les bizuteurs crièrent à l'unisson, acceptant volontiers la punition. Ils se mirent en ligne, enroulant leurs bras autour du cou de leurs amis, faisant des squats tout en comptant à voix haute. Les chiffres étaient beaucoup plus sévères que ceux qu'ils avaient donnés aux étudiants de première année, et ceux-ci les regardaient avec étonnement.

    Certains d'entre eux jubilaient, comme s'ils se vengeaient des bizuteurs, en voyant comment ils goûtaient à leur propre médecine. Mais la plupart des élèves de première année ne souriaient pas, observant comment les bizuteurs étaient punis. Même si les juniors les avaient contrariés et qu'il y avait un certain degré de mystère, au fond, les premières années connaissaient la raison derrière les actions des bizuteurs. Cela faisait partie du système SOTUS. Chaque fois que les élèves de première année avaient des problèmes, les bizuteurs étaient les premiers à les aider à les régler. Ils les poussaient et les motivaient également à accomplir de nombreuses choses.

    ... Cela pouvait sembler exagéré, mais c'était vrai quand ils disaient : "ils ont gagné leur fierté d'étudiants de première année grâce aux bizuteurs."

    De nombreux étudiants de première année commencèrent à s'agiter, mal à l'aise avec la punition. Kongpob voulut lever la main pour demander la permission d'aider. Mais il craignait d'être doublement puni parce que les seniors étaient là. S'il parlait, cela pourrait empirer les choses. En plus, il était certain que les aînés ne laisseraient jamais un étudiant de première année intervenir.

    Ils durent donc supporter et regarder la punition se dérouler. Ils seraient autorisés à partir une fois que les bizuteurs auraient terminé tous les ordres. Même s'ils avaient l'air forts grâce à l'entraînement précédent, ils furent sanctionnés en se levant et en s'asseyant, en faisant des squats et des pompes sans s'arrêter. Ils avaient beau essayer de cacher leur épuisement, ils ne pouvaient pas dissimuler leur transpiration et leur respiration sifflante lorsqu'ils essayaient de reprendre leur souffle.

    Même Arthit, le responsable du bizutage, était visiblement fatigué. Il eut du mal à sortir de la salle d'activités pour accomplir la dernière pénalité : les cinquante-quatre tours de piste.

    Kongpob se prépara à se lever une fois la réunion terminée, voulant suivre Arthit à l'extérieur et vérifier qu'il allait bien. Mais avant qu'il ne parte, la voix de son meilleur ami l'arrêta.

    — Où tu vas, bon sang ?

    — Je vais voir P'Arthit courir.

    — Il va vraiment courir ? Tu n'as même pas fini tous les tours.

    M disait la vérité et c'était ce que Kongpob avait pensé.

    ... En vérité, il n'avait pas fait les cinquante-quatre tours. Il avait couru six ou sept tours quand le bizutage s'était terminé. Les médecins lui ont demandé de s'asseoir et de se détendre avec ses amis. Faire autant de tours l'aurait envoyé à l'hôpital, et les bizuteurs auraient eu des problèmes. Donc, le reste de l'équipe avait essayé de sauver les étudiants de première année. Il se rappelait combien ses jambes étaient douloureuses le lendemain matin, juste après avoir couru quelques tours. Le chef bizuteur qui venait de terminer toutes ces punitions devait se sentir très fatigué. Il n'était donc pas certain que l'homme ait assez d'endurance pour terminer la course.

    — Allons manger et on pourra retourner faire le devoir d'anglais. On a un test de physique demain.

    M l’avait alerté de la charge de travail qu'il fallait faire d'ici la fin de la nuit. Cela rendit Kongpob encore plus hésitant. Il regarda l'horloge qui indiquait presque 18 heures. Le temps de manger son dîner, de faire son devoir et de réviser, il serait trop tard de toute façon. Même s'il allait surveiller Arthit, il ne pourrait que rester là et regarder, car il ne pourrait rien faire pour aider.

    Finalement, Kongpob laissa tomber. Il alla dîner avec M et ses autres amis, puis retourna au dortoir en moto. Plus tard, il finit de taper son devoir d'anglais et le sauvegarda pour en imprimer une copie dans une boutique d'impression en bas de la résidence. Ensuite, il devait étudier pour le mini test de physique de demain matin.

    Mais après avoir lu la moitié des livres, il s'endormi, les yeux tombant, à cause des chiffres étourdissants. Il était presque 21 heures quand il regarda de nouveau l'horloge. Un café en canette lui permit de rester alerte. Kongpob s'étira, chassant sa fatigue, et jeta un coup d'œil à la porte vitrée du balcon, pour voir des gouttes de pluie tomber. Oh, quand est-ce qu'il avait commencé à pleuvoir ? Il était perdu dans ses révisions et ne l'avait pas remarqué.

    Kongpob attrapa un parapluie et prit l'ascenseur pour descendre, avec l'intention d'aller au magasin 7-Eleven près du dortoir et d'acheter quelques snacks pour se débarrasser de sa somnolence. Il marcha sous la pluie qui commençait à devenir plus forte, tenant fermement son parapluie. Quand il arriva à la supérette, beaucoup de gens étaient là pour se protéger de la pluie. Avant qu'il n'entre, une moto s'arrêta près du trottoir, et deux étudiantes trempées se précipitèrent pour rester sous le toit.

    — Merde, la pluie est arrivée de nulle part.

    — Pas vrai ? Il ne pleuvait pas autant tout à l'heure. On est presque au dortoir. Ou on devrait faire un tour là-bas ?

    — Tu es folle ? ! Non, je ne vais pas parler. Ça va se calmer bientôt. Mais quand on était en voiture, j'ai vu quelqu'un courir sous la pluie sur le terrain de foot.

    — Tu as dû rêver, allez. Pourquoi quelqu'un courrait-il sous la pluie en ce moment ?

    — Je ne sais pas. Peut-être que je l'ai imaginé. Il faisait sombre. Je ne voyais pas très bien.

    Kongpob s'arrêta, entendant la conversation qui avait attiré son attention. Ces mots lui rappelaient quelqu'un.

    ... Quelqu'un qui courait sous la pluie sur le terrain de football en ce moment. Cela pourrait-il être...

    La seule réponse qui lui vint à l'esprit fit que le type qui était venu ici pour acheter du café, oublia tout. Il se précipita vers le dortoir, attrapa sa moto, et roula avec le parapluie vers le campus. Il ne savait pas si la femme avait réellement des hallucinations, mais il voulait le voir de ses propres yeux.

    Kongpob gara sa moto près du terrain de football et regarda rapidement la zone où il y avait encore quelques lumières allumées. La forte pluie rendait la visibilité très faible - presque nulle - mais il repéra une silhouette qui se déplaçait.

    ... Cela ne pouvait pas être vrai. Qui courait si tard alors qu'il pleuvait des cordes. Rien que de penser que ça pourrait être cet homme, il avait tellement envie d'aller le voir. Tu dois avoir perdu la tête, espèce de fou !

    L'homme s'en voulut, soupira avec résignation et tourna le dos, prêt à retourner au dortoir. C'est alors qu'un bruit le stoppa net dans son élan. C'était un son faible et distant. Et même s'il était presque inaudible à cause de la pluie, il réalisa que c'était le bruit de pas frappant le sol. L'homme qui avait fait ce bruit était la personne qu'il cherchait...

    Kongpob s'approcha de la personne sans aucune hésitation. Son souffle se bloqua dans sa gorge alors qu'il observait l'état du chef bizuteur.

    L'homme était trempé comme s'il était tombé dans l'eau, trempé de la tête aux pieds. Ses cheveux, son jean et le T-shirt noir qui était l'uniforme des bizuteurs collaient à son corps. Mais le pire de tout était son visage qui montrait l'épuisement dû à une longue course.

    — P'Arthit ! Il pleut. S'il te plaît, arrête de courir !

    Kongpob ouvrit rapidement son parapluie et le tint au-dessus du senior, et la pluie l'éclaboussa. Il s'en fichait car elle ne pouvait pas être comparée à la fatigue du chef bizuteur qui le regardait. Puis, Arthit siffla un renvoi.

    — Tu... tu ne te mêles pas de mes affaires. Encore cinq tours et j'ai fini.

    ... Cinq tours ? Cela signifiait que depuis 18h00, Arthit avait couru et tenu ses promesses. Il ne s'arrêterait pas avant d'avoir terminé les cinquante-quatre tours. Kongpob n'avait pas atteint ce chiffre lui-même, donc il ne pouvait pas croire qu'Arthit irait vraiment aussi loin. Cela devait être la dignité des bizuteurs.

    — Mais tu es trempé. Tu vas être malade.

    Il essaya d'arrêter Arthit mais l'autre lui coupa la parole.

    — Si... si tu veux que j'arrête alors reste à l'écart. Ne sois pas sur mon chemin pour que je puisse terminer !

    — Je vais courir avec toi.

    Kongpob lui annonça la nouvelle et se mit à courir à côté du chef des bizuteurs, tenant le parapluie pour protéger le troisième année de la pluie. Arthit dut s'arrêter et aboya un ordre.

    — Qu'est-ce que tu fais ?! Recule !!!

    Kongpob ne voulait pas céder ? Il le fixa de nouveau dans ses yeux féroces et resta sur ses positions.

    — Non. Si tu ne t'arrêtes pas pour te reposer, je n'arrêterai pas de courir.

    — Kongpob !!

    Arthit hurla le nom du jeune homme, et perdit patience. Kongpob savait que l'homme était furieux mais il ne laisserait pas Arthit courir sous la pluie comme ça. Il ne pouvait pas. Alors que les choses s'intensifiaient, une autre personne intervint.

    — Qu'est-ce qui se passe ici, Arthit ?

    Les deux se tournèrent pour regarder l'un des bizuteurs qui tenait un parapluie en s'approchant. Arthit n'était pas surpris par l'apparition de son ami et il commença à s'énerver, frustré.

    — Ce petit nouveau est une plaie. Tu peux t'occuper de lui pour que je puisse continuer ?

    L'autre bizuteur changea son attention de cible pour se tourner vers la personne non invitée, demandant d'un ton tendu, comme le font habituellement les bizuteurs.

    — Qu'est-ce que tu fais ici, le nouveau ?

    — C'est un torrent ici. Pourquoi P'Arthit doit continuer à courir ? Je peux prendre sa place ?

    Kongpob espérait que ce bizuteur montrerait de la sympathie envers son ami et lui permettrait de terminer les tours pour montrer son esprit. Mais à sa surprise, le bizuteur le repoussa et lui expliqua clairement.

    — C'était la punition du chef des bizuteurs, pas celle d'un étudiant de première année.

    — Mais...

    — Ça suffit ! Tu n'as pas ma permission ! Va attendre sous le toit du bâtiment !

    ... Même pas une chance de protester.

    Kongpob réalisa que se disputer serait inutile. S'il avait insisté, il aurait été traîné par ce bizuteur imposant et musclé dont l'expression ressemblait à celle d'un démon du Temple de l'Aube.

    Il regarda Arthit avec hésitation mais l'autre homme détourna le regard. Il reprit sa course sous la pluie qui commençait à devenir une simple bruine, laissant Kongpob derrière lui. Le bizuteur restant lui donna une tape et lui demanda de se rendre avec lui sous le bâtiment.

    Il dut donc suivre le bizuteur, confus, alors que les questions et la colère tourbillonnaient dans son esprit.

    Pourquoi ?

    Pourquoi les troisièmes années ne faisaient rien pour aider, en voyant leur ami courir comme ça ? Pourquoi P'Arthit devait-il le faire seul ? Pourquoi ne pouvait-il pas courir à sa place ?

    Mais toute cette confusion se transforma en surprise. Dès qu'il atteignit le dessous du bâtiment près du terrain, il vit beaucoup de gens qui attendaient à chaque table. Ils venaient de l'ingénierie, et tous - les bizuteurs et les troupes récréatives - étaient là. Même les paramédicaux comme P'Fang étaient présents et elle l'appela dès qu'elle le repéra.

    — Oh, hey, Kongpop, tu es là ! Tu es trempé. Tu veux une serviette ? Tu peux attendre avec tes amis là-bas, je te l'apporterai.

    ... Amis ??

    Il regarda directement la table que Fang lui avait indiquée. Ses yeux s'agrandirent quand il vit que près de vingt étudiants de première année étaient là, en train de discuter. Certains d'entre eux s'étaient changés en vêtements décontractés comme lui. Mais certains portaient encore des maillots de sport qui indiquaient qu'ils n'étaient pas retournés au dortoir. Parmi eux, une femme portant des lunettes dont le regard l'a attiré, et elle lui a fait signe.

    — May.

    Kongpob appela le nom de l'amie qui avait été gravé dans son esprit. Il lui avait coûté le badge nominatif qui avait été déchiré en morceaux par le chef bizuteur après qu'il n'ait pas répondu à la question. Il avait donc donné son badge à May et pris la punition à sa place. À ce moment-là, il savait que May avait pleuré toutes les larmes de son corps et avait eu peur des bizuteurs. Mais maintenant, elle était là, debout, avec une expression anxieuse, avec d'autres bizuteurs et le personnel.

    — Pourquoi tu es là ? Depuis combien de temps tu es arrivée ?

    Demanda rapidement l'homme qui venait d'arriver, perplexe, et essayant de faire des rapprochements pour comprendre la tournure inattendue de l'événement. May lui fit finalement une révélation.

    — Je suis ici depuis presque une heure. J'ai quitté la bibliothèque et je rentrais au dortoir en passant par la piste. Mais j'ai vu P'Arthit courir, alors j'ai appelé mes copines et elles sont venues ici pour voir.

    May fit un signe de tête en direction de ses copines qui ne tardèrent pas à intervenir.

    — Oui, j'ai pris une photo de la tête du bizuteur et je l'ai postée sur Facebook. C'est devenu viral."

    L'explication donna à Kongpob assez d'informations pour reconstituer l'histoire. Donc, ce n'était pas seulement lui qui savait qu'Arthit courait.

    TRRRRRR ! !

    La sonnerie du téléphone le fit sursauter, interrompant sa rêverie. Il avait presque oublié qu'il avait son téléphone sur lui. Il glissa rapidement ses mains dans la poche trempée de son short. Heureusement, le tissu était assez épais pour empêcher l'eau de s'infiltrer dans le téléphone. Il regarda l'écran, puis voyant le nom de son ami proche, il répondit à l'appel.

    — Hey, M.

    — Kong mec ! Dernières nouvelles ! J'ai vu des gens partager une photo du chef bizuteur en train de courir !

    — Ouais. Je sais. J'y suis.

    — Woah ! Donc c'est vrai ! Est-ce qu'il court toujours ? Mais il pleut. Ne me dites pas qu'il court sous la pluie !

    ... Le gars devait être fou. Seul un homme qui avait perdu la tête pouvait faire ça. Mais le plus fou... ça devait être lui. Il savait qu'Arthit luttait pour finir les tours mais personne ne faisait rien pour l'aider. Tout ce qu'ils faisaient, c'était de rester là, à attendre, et à s'inquiéter, en regardant le chef bizuteur tenir sa parole.

    Il réalisa à ce moment-là à quel point l'honneur et la dignité du chef bizuteur étaient grands. Et maintenant, il savait pourquoi Arthit avait été choisi pour occuper ce poste. Il n'avait pas demandé de sympathie. Aucune chance qu'Arthit accepte son aide.

    Kongpob regarda distraitement la pluie qui se transforma en bruine jusqu'à ce qu'elle cesse complètement. C'était au même moment qu'Arthit termina sa course.

    Les bizuteurs et l'équipe médicale se précipitèrent hors du bâtiment pour jeter une couverture sur l'homme trempé qui boitait et titubait comme s'il était sur le point de tomber car toutes ses forces avaient quitté ses membres. Kongpob, qui les suivait sur le terrain, posa une question, inquiet de l'état de l'homme.

    — Tu vas bien, P'Arthit ?

    Même s'il était fatigué au point de ne plus pouvoir parler, le chef des bizuteurs trouva tout de même l'énergie d'aboyer sur les premières années qui était rassemblés autour de lui pour l'observer.

    — Qu'est-ce que vous faites ici, vous les étudiants de première année ? !! Dégagez et retournez dans vos dortoirs ! Knot, ramène-moi dans ma chambre. Je vais me changer.

    Cette dernière phrase était destinée au grand et imposant bizuteur qui était venu plus tôt pour emmener Kongpob. Knot aida son ami épuisé à s'éloigner du terrain et se dirigea vers la voiture qui attendait à proximité. Tout le monde leur fit place, à l'exception de Kongpob qui continuait à les suivre pour leur offrir son aide.

    — Je vais vous accompagner.

    Arthit se retourna vers l'homme au complexe du héros. Les vêtements et les cheveux mouillés du jeune homme commençaient à sécher, mais son entêtement ne faiblissait pas pour autant. Il le fusilla du regard, frustré.

    — Pourquoi tu me suis ? !

    — J'aimerais m'assurer que tu es bien rentré chez toi.

    — Non ! Un étudiant de première année reste avec les étudiants de première année. Ne te mêle pas des affaires des bizuteurs !

    — Un première année n'a pas le droit de s'inquiéter pour les troisièmes années ?!

    Un grand cri au milieu du terrain rendit tout le monde silencieux aux alentours. Tous les regards étaient tournés vers les deux hommes, et Kongpob fixait Arthit avec ses yeux suppliants.

    Il voulait demander au chef bizuteur. Le supplier... que ce n'était pas seulement lui mais beaucoup d'autres étudiants de première année qui s'inquiétaient pour lui et voulaient s'assurer qu'il allait bien.

    Mais pour toute réponse, Arthit détourna simplement le regard et se tourna vers ses amis.

    — Knot, allons-y. Quant à toi, si tu me suis encore, je punirai toute ta classe demain !

    Le chef des bizuteurs donna un dernier avertissement aux élèves de première année qui l'entouraient avant de se diriger vers la voiture avec les autres bizuteurs et les médecins. Il ne restait plus que les étudiants de première année sur le terrain, ainsi que l'équipe de récréation qui partait progressivement alors que la pluie qui s'était arrêtée recommençait à tomber.

    — Kongpob, on y va.

    May se rapprocha et appela l'homme stupéfait. Il acquiesça, marchant derrière son amie pour retourner au bâtiment sous la pluie qui tombait sur le sol et disparaissait dans la terre.

    Ce n'était pas différent de ses sentiments. Peu importe à quel point il essayait de les transmettre à l'autre homme, ils étaient juste balayés et évaporés...

    ... Et n'atteignaient jamais le coeur de cette fameuse personne.





  • Commentaires

    3
    Mardi 11 Avril 2023 à 20:18

    Franchement j’ai un grand respect pour Arthit, finir tout ça, le pauvre il a dû vraiment souffrir…

    Je pense qu’Arthit a éloigné les étudiants de  première année car il ne voulait pas être vu dans cet état ……

     

    2
    Jeudi 1er Décembre 2022 à 11:49

    Merci pour ce chapitre, comme d'hab, je partage l'avis de Yu9 he Bises <3

    1
    Mercredi 30 Novembre 2022 à 20:23

    J'avais déjà bien aimé ce passage dans le drama, je le trouve aussi bien à lire =)

    Hâte d'être au prochain XD

    Merci pour la traduction de ce nouveau chapitre.

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