• Chapitre 11

    Chapitre 11

    Toon (1) dit qu'un petit bateau devrait quitter le rivage. C'est pourquoi, le lendemain matin, je me rends au bâtiment de Médecine pour attendre Mork. Pensez-y. D'habitude, j'attends mon poisson dans le ciel au Bâtiment de Pharmacie, mais je perds mon temps ici pour lui parler des frasques de ses fans. Cependant, une fois dans le Bâtiment de Médecine, je réalise que je n'ai pas de sixième sens pour m'aider à trouver ce fauteur de troubles.

    Je ne peux que rester là, la tête vide, à regarder les gens entrer et sortir jusqu'à ce que je me sente étourdi. C'est alors qu'une jolie fille se dirige vers moi.

    — Pi...

    Oh ! Elle me connaît ? Je suis si populaire que les autres me reconnaissent ? Duean ! Le relooking que tu m'as fait subir a finalement porté ses fruits. Je suis tellement ravi que je vais pleurer.

    — Pi.

    — O... Ouais ?

    Je reviens à la réalité immédiatement, en regardant la fille qui porte un uniforme correct. Elle doit être en première année.

    — Que fais-tu dans le bâtiment de Médecine ?

    — Oh, je suis ici pour voir quelqu'un.

    — En quelle année ?

    — Deuxième.

    — Qui c’est ? Oh, je suis Prik. Je connais peut-être cette personne.

    Donc, elle s'appelle Prik. Pourtant, elle n'a pas l'air sauvage. (2)

    — 'C'est Mork, l... la lune de deuxième année de médecine.

    — Kyaaaaaaa !!!

    — ... !

    Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce qu'elle crie ?

    — Mork est dans la salle MD 5014 parce que le cours d'introduction à l'anatomie a été annulé aujourd'hui.

    Elle donne des informations sur l'emplacement de Mork avec éloquence après avoir crié. Je ne peux pas m'empêcher de me demander si cette fille est normale. Pourquoi connaît-elle l'horaire des cours de Mork comme par magie ?

    — Comment tu sais ça ?

    — Je suis à la tête du fan club de Mork.

    — Oh, donc il n'a pas cours en ce moment ?

    — Non.

    — Merci beaucoup.

    — De rien.

    Je m'éloigne, en jetant un coup d'œil vers la fille qui me fait signe. Ses yeux délirants me font froid dans le dos. Est-elle charmée ou maudite par un mauvais sort ?

    Peu importe. Je devrais me concentrer sur le sujet en question. Je me dirige vers l'ascenseur et appuie sur le bouton du cinquième étage. Ma cible est là, attendant que je la découpe en rondelles. Quand je suis devant la salle MD 5014, je frappe à la porte par courtoisie, sachant qu'il est en train de traîner avec ses amis.

    TOC, TOC, TOC.

    Rien ! Personne ne me répond.

    TOC, TOC, TOC.

    C'est toujours aussi calme. Je prends une profonde inspiration avant d'entreprendre une action audacieuse.

    CLAC !

    Je pousse la porte, n'attendant pas une seconde de plus, voulant mettre les choses au clair avec lui le plus vite possible.

    Mais ce que je vois, c'est...

    L'enfer qui attend de m'avaler tout entier !

    Pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité, Prik ? Tu as dit que Mork n'avait pas cours, alors pourquoi une centaine d'étudiants en médecine sont dans cette pièce ? Ils me fixent tous comme s'ils essayaient de me tirer dessus avec leurs yeux si je n'ai pas une excuse raisonnable pour faire irruption et les interrompre.

    Combien de paires de pieds sont là pour m'écraser à mort ? J'ai le vertige en les comptant. J'ai envie de pleurer et de courir chez mon frère.

    J'analyse la situation. Que ferait Duean ? J'ai une idée ! Je vais sauver mon cul avec de la vulgarité comme mon frère le fait toujours.

    — Hé, mec ! Désolé. Mauvaise salle.

    C'est assez féroce ?

    — ...

    Silence. Ils me regardent encore plus fixement, alors je recule lentement, la main cherchant la poignée de la porte. Je prévois de sortir d'ici sur la pointe des pieds comme si rien ne s'était passé, mais ça ne se passe pas comme prévu.

    — Pattawee !

    Me faisant appeler, je tourne la tête dans tous les sens.

    — Pattawee Panichapun !!!

    Qui m'appelle ?

    Je lève les yeux au premier rang alors que la salle se remplit de voix. Tout le monde semble bavarder sur quelque chose. Quand j'utilise mon exceptionnel nerf auditif pour distinguer la langue étrangère qu'ils parlent, ce que j'entends est...

    — C'est vraiment lui.

    — Il est vachement mignon en vrai, mais un peu grossier.

    — Il est ici pour voir Sutthaya ?

    — Donc c'est le gars que les gens shippent avec Mork sur Facebook ?

    — Hey, hey.

    Quelqu'un me tape sur l'épaule.

    — ...

    — Tu es ici pour Sutthaya ? demande un type à lunettes alors que la pièce redevient étonnamment silencieuse.

    — O... Oui.

    — Il est allé aux toilettes. Tu peux attendre là.

    Il désigne une chaise de conférence vide au premier rang.

    — Ah. C'est bon.

    Qui resterait et supporterait des tonnes de regards transperçant son crâne ? En plus, ce ne sont pas mes amis. Je ne veux pas être un sujet de discussion pour eux pendant leur temps libre.

    — Tu vois ? Il est là. 

    Des bruits éclatent à nouveau dans la pièce au moment où la grande silhouette ouvre la porte. Mork a l'air étrange aujourd'hui parce qu'il ne porte pas ses lunettes. C'est comme s'il n'était pas un humain mais plutôt une créature pour laquelle si les gens ne tournent pas la tête en passant devant lui, il y a des chances qu'ils aient mal au cou.

    — Qu'est-ce qu'il y a, Wasin ?

    Il regarde son ami.

    Je me demande s'ils se sont déjà appelés par des surnoms. La façon dont ils s'adressent les uns aux autres par leur prénom me donne l'impression d'être dans un feuilleton, où les protagonistes s'appellent Akaradech et Ponprapa.

    L'ami de Mork me fait encore un signe de tête. Mork se tourne vers moi, croise mon regard et réduit la distance qui nous sépare. Il me regarde avec un visage impassible mais agaçant.

    — Qu'est-ce que tu veux ?

    — Parlons dehors, dis-je.

    — Um.

    Ne souhaitant pas être le centre de l'attention, je prends sa main et quitte la pièce à toute vitesse.

    — Mork, dis à l'administrateur de cette page de la fermer maintenant.

    Je vais droit au but une fois qu'on est dans un endroit calme. Même si c'est juste un fan art, ça ruine le rêve sur PiNan que j'ai depuis longtemps.

    Honnêtement, c'est inacceptable. Prendre le mauvais ship est un péché mortel.

    — Quelle page ?

    — MorkPi fan club.

    — ...

    — Tu m'as entendu ?

    Il est silencieux, ne dit pas un mot, se contente de me regarder. 

    — Sut ! Tu te moques de moi ?

    J'ai vraiment envie de lui attraper le col de sa chemise, mais j'ai peur. J'aurais des ennuis s'il me donnait un coup de poing, même si je sais qu'il ne ferait jamais ça.

    — Non, je réfléchissais.

    — Tu sais de quelle page il s'agit maintenant ?

    — Ouais.

    — Occupe-toi de l'administrateur immédiatement. Tes fans me harcèlent.

    — Je vais m'en occuper, dit-il en coupant court.

    — Bien, c'est tout.

    Je me retourne comme un mannequin, mais quelqu'un me tire le poignet avant que j'aie pu faire quoi que ce soit.

    — Attends ici. Je vais chercher mon sac.

    — Qu'est-ce que ça a à voir avec moi de récupérer ton sac ?

    — Je ne vois pas bien parce que j'ai cassé mes lunettes dans les toilettes. Aide-moi à aller à la cantine en échange de quoi je m'occupe des administrateurs.

    Est-ce que l'entreprise familiale est en faillite ou tu ne feras jamais rien gratuitement ? Je suis déjà irrité, et maintenant je dois l'escorter à la cantine comme si c'était un petit enfant.

    — Tu n'as pas cours ? Tes amis sont là.

    — C'est un cours spécial de soutien scolaire. C'est fini maintenant.

    — Très bien. Dépêche-toi, alors. Je ne suis pas gentil.

    Au bout d'une minute, Sutthaya revient avec un sac à dos noir.

    — Allons-y, que je puisse m'arrêter au bâtiment de Pharmacie pour voir Nan.

    — Attends.

    GRAB !

    — Putain, pourquoi tu tiens ma main ?

    Je la secoue comme si je venais de toucher quelque chose de chaud, mais je n'arrive pas à me libérer, peu importe combien j'essaie. Sa main reste collée à la mienne comme de la glue. J'en ai tellement marre de lui.

    — Je ne vois rien. Laisse-moi tenir ta main.

    — Arrête de mentir. Tu as bien marché jusqu'à la salle.

    — Je me suis cogné contre plusieurs tables. Tu ne peux pas m'aider un peu ? C'est pas gentil de ta part.

    Je suis devenu une personne peu aimable tout d'un coup.

    Je finis par me diriger vers la cantine avec un esprit flottant derrière moi comme un fantôme vengeur.

    Tous les yeux sont rivés sur nous. Putain...

    Le pouvoir de Sutthaya, le sombre seigneur de l'enfer, a un impact évident. J'entends les gens chuchoter à notre sujet tout le long du chemin du cinquième étage au rez-de-chaussée. Mork fait mine d'être indifférent et tient ma main encore plus fermement au point que je dois me retourner et lui lancer un regard noir.

    — Nous y sommes. Lâche ma main.

    — Um.

    Il la lâche sans faire d'histoires et pose son sac à dos sur une table vide.

    — Je m'en vais. N'oublie pas de t'occuper de cette page.

    — Apporte moi de la nourriture. Je ne vois pas très bien.

    — Ne mange pas si tu ne peux pas l'acheter toi-même.

    — Tellement méchant. 

    — Désolé, j'ai un double standard.

    — Tu es si doué pour me maltraiter.

    — C'est bien que tu le saches.

    Je m'éloigne sans hésiter. Mais je ne sais pas pourquoi je me dirige vers un stand de nourriture et commande deux plats simples. Je me déteste de toujours faire le contraire de ce que mon cœur me dit. Je suis aussi comme ça avec Pae et Duean.

    — Finis ça rapidement.

    Je place l'une des assiettes devant le grand personnage et m'assois face à lui parce que j'ai aussi faim.

    — Merci, mais je n'aime pas la salade de porc épicée. Il y a des abats dedans.

    — Tu te fous de moi ?

    — Je ne me fous pas de toi. Je ne pensais pas que tu serais assez gentil pour m'acheter à manger.

    — Tu ne vas pas le manger ? Tellement difficile. Tu n'as qu'à mourir de faim.

    Mais ma main ingrate pousse vers lui mon porc sauté au basilic, puis je me goinfre de salade de porc épicé.

    — Pi, est-ce que quelqu'un t'a déjà dit que tu étais mignon ?

    Après une minute de calme, Mork recommence à m'embêter.

    — Non. Ils disent souvent que je suis beau, même si avant je n'étais qu'un déchet humide pour eux.

    — Quelqu'un t'a dit que tu étais comme un enfant, alors ?

    — Tu l'as dit. Va te faire foutre.

    — Tu as du riz sur la joue. Mange correctement.

    — Ne mens pas.

    Je craque et je touche ma joue avec ma main. Il y a vraiment du riz sur ma joue.

    C'est toujours comme ça. J'ai trébuché dans les escaliers, je me suis assommé dans les toilettes, j'ai failli vomir chez le marchand de glaces, et je n'arrive même pas à garder mon image cool alors que je prends un repas. Peu importe à quel point j'essaie, je ne serai jamais aussi fort que Mork.

    —  Tu as soif ?  demande Mork après avoir souri comme un fou.

    — Ouais.

    — Je vais nous chercher de l'eau. C'est mon tour.

    — Tu peux bien voir ? Tes lunettes sont cassées.

    — Je vois bien.

    — Comment ?

    — Je porte des lentilles de contact.

    — H... Hein... ? Espèce d'enfoiré.

    Je jette ma cuillère dans mon assiette. C'est comme si je m'étais fait gifler dix fois de suite. Comment a-t-il pu me mentir de cette façon sans scrupules ? En plus d'être un rival en amour, il a l'audace de jeter de l'huile sur le feu.

    — Si je ne t’avais pas menti, tu aurais mangé avec moi ? dit-il tandis que je fais craquer mes articulations, me préparant à prendre ma revanche.

    — Tu as un problème avec moi ? Pourquoi tu veux tant manger avec moi ?

    — Rien, je veux juste te regarder.

    — C'est quoi ce bordel ?

    Il est le meilleur pour me taper sur les nerfs. Ok... Très bien... La prochaine fois...

    Je te volerai définitivement ta gomme. Tu ferais mieux de surveiller tes arrières.


    Je suis de retour chez moi le soir. Aujourd'hui, c'est un échec. J'ai attendu Nan avec un cœur plein d'amour, mais je ne l'ai pas vu. Il n'a pas répondu à mon SMS ni à mon appel. Mon poisson dans le ciel est encore trop loin de ma portée, mais je n'abandonne pas.

    DING !

    Alors que je me plains de mon amour non partagé, une notification Facebook retentit. Dès que je vois le nom de Mork, je lis et réponds immédiatement.


    Sutthaya Nithikornkul

    Je me suis occupé de la page.

    Pattawee Panichapun

    Comme tu le devais.

    Sutthaya Nithikornkul

    Chapitre 11

    Pattawee Panichapun

    Chapitre 11

     

    Je cherche la page problématique du 'MorkPi Fanclub' et elle n'apparaît plus. Cela signifie qu'elle a été fermée, comme l'a dit Mork. J'ai envie de jeter mon téléphone par terre de joie, mais ne voulant pas en acheter un nouveau, je le jette sur mon lit douillet pour célébrer un peu.

    Puisque la page a été supprimée, je vais vérifier la page de profil de Mork pour voir la réponse de ses fans.


    ‘Pourquoi tu as fait fermer la page ?’


    C'est probablement son ami. Puisque le compte de Mork est réglé sur public, sa page de profil est accessible à tous, y compris aux fans qui le suivent.


    Sutthaya Nithikornkul Il m'a demandé de le faire. Je ne voulais pas le contrarier, sinon il aurait pleurniché.


    Pleurniché, mon cul !

    Pattawee, mon pauvre garçoooooooooon !

    Il y avait certainement une meilleure façon de répondre à cette question. Pourquoi tu as dit ça ? Je ne serais pas aussi en colère s'il avait répondu avec un stupide autocollant. Et regardez le choix de ses mots. C'est comme s'il se souciait de moi alors que nous ne sommes même pas amoureux.

    C'est évident qu'il se moque de moi comme il l'a toujours fait avant.

    Je pensais pouvoir me débarrasser de tous les problèmes une fois la page fermée, mais il n'y a pas de fin puisque le capitaine Sutthaya continue de diriger le ship. Je veux fouiller dans un arsenal pour trouver un missile et bombarder son compte.


    ‘Alors on ne peut pas te shipper avec lui ? Vous deux, êtes définitivement quelque chose.’

    ‘C'est bon. Je sais que tu tiens à Pi. On pourra recréer la page dans le futur.’ #priktheheadofMork PiFanclub'


    Maintenant je sais qui est le coupable. Elle se dévoile ouvertement dans la section des commentaires sans craindre le pouvoir du Seigneur Pi. Si on se rencontre à nouveau, Prik, je te volerai ta gomme en guise de punition.

    Elle a le courage de dire qu'elle va créer à nouveau la page. Dans ta prochaine vie, ma chère, car la fan page de PiNan sera bientôt créée. Quel devrait être le titre ? Ça doit être plus cool que MorkPi Fanclub.

    PiNan Fever.

    PiNan Only.

    Ou... PiNan, le Couple Phénoménal, Rencontré dans Cette Vie, Finira Ensemble dans Leur Prochaine Vie.

    DING !

    Le nom de la page n'a pas été confirmé et ils recommencent.


    ‘Sutthaya aime taquiner ce type @Pattawee Panichapun.’


    Oh, cette personne m'a tagué. Alors que je choisis de l'ignorer, le fauteur de troubles se pointe pour s'en occuper lui-même.


    Sutthaya Nithikornkul Pour moi, la personne à laquelle je tiens est celle que je veux le plus intimider.


    Wow, je perds patience. Intimider, mon cul. Tout ce que j'ai, c'est un ventre.

    Après un long moment de colère brûlante, je me ressaisis et tape quelque chose à la va-vite.


    Pattawee Panichapun Arrête de répondre. Pourquoi tu n'utilises pas plutôt ton temps pour étudier ?


    J'espère qu'il est parti pour de bon. Oui ! Il est vraiment parti, mais...


    ‘C'est mignon de la part de Pi de dire à Mork d'étudier. Il est inquiet.’


    Qu…

    Je suis déconcerté. Mon hostilité envers Mork s'est transformée en bienveillance. C'est une galère maintenant. Pendant une heure, je n'arrête pas de l'éditer. On est en compétition pour savoir si son commentaire ou le mien obtient plus de likes.

    C'est la voie du sage. Les gens ordinaires ne feraient jamais ça !


    Mon amour non réciproque continue. C'est juste un autre jour où j'attends que Mueangnan me rende mes sentiments.

    Je l'ai salué avec un autocollant mignon hier, mais il n'a pas répondu. J'ai mal au cœur, mais je ne tirerai aucune leçon de cette douleur. Aujourd'hui, je vais réessayer en lui envoyant un lien vers une chanson.

    DING !

    Merde, je lui ai envoyé la mauvaise. Ugh... Je veux hurler.

    Cette fois, Mueangnan le lit. Putain de merde, qu'est-ce que tu vas faire, Pi ? Je saute sur mon lit, inventant une excuse pour avoir envoyé cette chanson, et puis, de façon inattendue, Mueangnan m'invite à sortir.


    ‘Mes amis et moi allons à un concert de stars ce soir. Tu veux te joindre à nous ?’


    Waaaaah.

    Tout le monde, Mueangnan m'a invité à sortir. Patthawee ne peut jamais refuser. J'accepte d'y aller dans la seconde qui suit. Je veux vivre ces moments où je chante avec lui, où je danse avec lui, où je lui souris, où nous rions ensemble. Notre amour s'épanouit comme une plante qui reçoit de l'eau. Le monde gris devient soudainement rose.

    Nous parlons du moment où nous nous retrouverons. Nan a un billet, mais pas moi. J'appelle immédiatement un gars expérimenté pour lui demander de m'en obtenir un.

    La chance est de mon côté. Peu importe à quel point le passé est misérable, tout ira mieux un jour. Avec cette pensée, je prends mon téléphone et appelle un de mes nouveaux amis.

    Duean est absent. Il est loin, à Khao Yai, pour son projet. Les mecs sur lesquels je peux compter dans une certaine mesure maintenant sont le Kitty Gang.

    Après l'appel, Goe et les autres sont prêts à envoyer les troupes. J'attends qu'ils arrivent et planifie ma mission d'amour en une demi-heure, bien que je n'aie aucune idée si cela va marcher. Nos plans n'ont jamais réussi.

    TOC, TOC, TOC.

    Le Kitty Gang frappe à ma porte. Je jette mon téléphone et accueille les visiteurs qui viennent ici pour la première fois.

    — Quoi de neuf ? Tu as l'air d'un joyeux crétin.

    Je déteste vraiment ce salut de la part de mes chers seniors, qui veulent sincèrement aider leur frère. Et c'est quoi ce bordel ?! Goe ouvre le frigo pour trouver quelque chose à manger. James et Yeen courent vers le canapé, s'y affalent et changent de chaîne avec la télécommande, l'air tout à fait à l'aise. Hé ! C'est ma chambre, pas une cour de récréation.

    — Je ne vous ai pas demandé de venir ici pour que vous puissiez vous amuser comme ça, m’écrié-je, mais personne n'écoute.

    — ...

    — Hé ! Goe, c'est la bière de Duean. Non, non, Yok, ne salis pas la pièce.

    Arrrgh, je deviens fou. Est-ce que j'ai pris la bonne décision en appelant le Kitty Gang ici ?

    Il faut un moment pour qu'ils se rassemblent. On peut enfin avoir une discussion sérieuse à dix-sept heures.

    — Je t'ai eu le ticket, Pi, commence Yok.

    — Woooah, vous êtes les meilleurs. Merci.

    — Qui suis-je ? demande James en se montrant du doigt.

    — Une merde de chien.

    POW !

    Je me suis encore pris un coup sur la tête.

    — On est le gang le plus cool et le plus dingue de cette époque. J'ai demandé des conseils à Duean. Nous allons tout donner sur le champ de bataille de l'amour, dit-il avec assurance, en riant comme un fou. 

    Eh bien... ses mots confiants sont encore présents dans mon esprit.

    — Vraiment ? Est-ce que Nan sera impressionné par moi ?

    — Inutile de le dire.

    — Inutile de dire que Nan ne tombera que pour moi ?

    — Non, inutile de dire qu'on est fauchés. Transfère-nous l'argent pour le billet.

    Haaaaaa.

    J'ai de la chance d'avoir le billet hors de prix. Bien que je ne sois pas riche, je ferai tout pour mon amour. Le concert commence à dix-huit heures trente. Le plus choquant, c'est que Palmy est sur la liste des artistes qui brûleront la scène. Le Kitty Gang me dit que je dois garder secret le fait que je suis son fan depuis des années. Je dois garder mon image pour que tout le monde sache que je suis un gars cool, solennel et mystérieux.

    Je dois bouger mon corps de manière cool. Ne pas danser comme un fou. Ne pas enlever mes chaussures comme Palmy. Sinon ils sauront que je suis son grand fan.

    Le Kitty Gang et moi partons vers le pick-up pourri avec le capot déformé non réparé. Quand on arrive, je me tourne vers mes sauveurs pour trouver du courage.

    — Vous ne voulez pas entrer avec moi ?

    — Nah, vas-y, répond Goe.

    — Pourquoi vous me laissez seul ici ?

    — Si on va avec toi, on va bousiller notre plan.

    — Mais vous avez bien réussi à vous déguiser la dernière fois. Nan ne s'en souviendra pas.

    Ils sont allés jusqu'à louer les costumes. Je suis incapable de m'en souvenir, alors comment quelqu'un d'autre pourrait le faire ?

    — Tu veux entendre la vérité ? répond Goe en se grattant la tête comme s'il était agacé que je les harcèle. On n'a pas acheté les tickets. On n'a pas d'argent ! Arrête de demander.

    — Oh, pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

    — Allez, passe à l'action comme on l'a prévu. Appelle-nous quand le concert sera terminé.

    — Pas besoin. Je trouverai un moyen de partir avec Mueangnan.

    — Wow ! Comme c'est intelligent. Très stratégique.

    — Bien sûr.

    — N'échoue pas, alors. On part maintenant. Byeeeeeeee.

    Mes quatre meilleurs amis me font signe. J'ai envie de pleurer en les regardant partir. C'est le même sentiment que lorsque les parents emmènent leurs enfants à l'école maternelle le premier jour.

    Je vous promets que je ne vous décevrai pas.

    Après les adieux sincères, je me dirige vers l'avant de la salle, où je vais retrouver mon poisson dans le ciel.

    Mueangnan est venu avec son grand groupe d'amis. Ce sont des visages familiers car ils sont amis avec Nan depuis la première année. Mais la personne à laquelle je ne m'attendais pas se tient aussi juste là.

    C'est Mork. Sérieusement, as-tu déjà été occupé ? Pourquoi es-tu toujours libre de rejoindre Nan partout où il va ?

    — Désolé de t'avoir fait attendre.

    Bien que je sois furieux, je fais un grand sourire et je parle à Nan en premier.

    — C'est bon, Pi. Allons à l'intérieur.

    — Ok.

    De nombreux groupes ont joué joyeusement. J'en connais certains et d'autres dont je n'ai jamais entendu parler, mais je m'amuse quand même avec Nan. J'ai même le temps de garder mon image cool, en me trémoussant subtilement sur le rythme, bien que le diable, Sutthaya, soit à côté de moi.

    Enfin, Palmy monte sur scène, chassant dans l'air toute volonté de rester calme.

    “Il se trouve que je n'ai personne, alors quand tu es gentil avec moi, je me sens si heureuuuuuuse.”

    Je déteste ça. La chanson ‘Tick Tock’ résonne dans mes oreilles. Je me souviens automatiquement de la fois où j'ai joué à Audition quand j'étais au lycée. Comment un grand maître du jeu comme moi peut-il laisser passer cette chance ? Je commence à danser sur cette chanson dans ma tête.

    “Je veux t'entendre dire que tu m'aimes. S'il te plaît, dis-le-moi maintenant. Est-ce que tu m'aimes ou pas ?”

    Merde, je chante en même temps malgré moi.

    Quand je me surprends à faire le fanboy, je ne perds pas une seconde à expliquer à mon poisson dans le ciel, dont les yeux sont pleins de questions.

    — Je ne l'ai pas chanté. C'est la première fois que j'entends cette chanson. D'habitude, j'écoute du rock international.

    — J'ai compris, dit Nan avec un sourire.

    Mais quand Palmy continue à chanter, je ne peux vraiment pas m'empêcher de bouger les lèvres.

    “Tu peux me répondre ? Dépêche-toi de me le dire. Oh, yeahhh.”

    Argh...

    — Tu as une si bonne mémoire, Pi. Tu viens juste d'en entendre parler et tu peux déjà chanter les paroles.

    — Haha.

    Je peux vraiment chanter toutes les chansons. Je le pense vraiment ! Toutes les chansons.

    Je ne peux plus garder mon image. C'est une fois dans une vie. Je vais me lâcher jusqu'à ce que Mueangnan prenne peur.

    — Palmy ! Palmy !!!

    S'il y avait un slogan, je le crierai à pleins poumons.

    ‘Palmy, saranghae !’ Et j'agiterai le lightstick du fandom de toutes mes forces. Waaah...

    — Pourquoi est-ce que tu rigoles ?

    Je m'en prends à Mork. En le voyant étouffer son rire, j'ai envie de lui crever les yeux avec mes doigts.

    — Je ne rigole pas.

    — Apparemment, si.

    — Tu aimes Palmy, non ?

    — Qui ? Je ne l'aime pas. Je ne suis pas son fan.

    Mais je continue à bouger mon épaule en rythme en disant ça. Je me déteste vraiment, mais je ne peux pas arrêter mon corps.

    Je finis par chanter plusieurs chansons. Ma gorge est si sèche que je dois demander de l'eau aux autres, mais le liquide qui descend dans ma gorge est de la bière. L'ambiance joyeuse que je ressens me fait ignorer ce fait. Je finis la petite bouteille d'un seul trait et j'en redemande lorsque le groupe suivant se produit. Je suis maintenant dans un état de folie et d'ivresse.

    Je ne sais pas quand le concert se termine ni quel est le dernier groupe. Tout ce que je sais maintenant, c'est que j'ai du mal à tenir debout. Malgré cela, ma forte détermination ne faiblit pas.

    — Comment tu vas rentrer chez toi, Pi ? demande Nan d'un ton égal. 

    Je secoue la tête pour chasser le vertige.

    — Je ne sais pas. Et toi... ? Comment tu vas rentrer chez toi ?

    — Je suis venu ici avec Mork.

    Mon espoir, mon rêve et mon plan se brisent en un instant.

    — Alors je...

    — Tu veux qu'on rentre ensemble.

    — Est-ce que c'est bon ?

    Bien que ce soit la voiture de Mork, je suis quand même ravi. Au moins, je peux respirer le même air que Mueangnan.

    — Bien sûr.

    — Je suis sous ta responsabilité, alors.

    Je veux dire, s'il te plaît, prends soin de moi pour de vrai. Je ne peux pas stabiliser mon corps en ce moment.

    Les autres me portent, puis me traînent jusqu'à la voiture. Je m'assois sur le siège arrière pendant que Mork conduit avec Nan à ses côtés. Je n'arrive pas à penser clairement. Il y a tant de choses que je voudrais dire, mais je n'ai même pas la force d'ouvrir la bouche, mon visage étant collé à la vitre.

    Je ferme les yeux, en écoutant la voix mélodieuse de Nan.

    — Pi, donne-moi ton adresse.

    — Okaaaay.

    — Pi...

    C'est la dernière chose que j'entends, avant de perdre conscience…


    (Rrrr - - Rrrr - -)

    Quand j'ouvre les yeux, l'horloge indique qu'il est presque dix heures du matin. Je sursaute sur le grand lit inconnu, mon cœur s'emballant de façon incontrôlable. Ma tête tourne un peu, mais ensuite je réalise que c'est un matin très agréable. Laissez-moi deviner. Le lit sur lequel je suis allongé à cet instant doit être celui de Mueangnan.

    Awwwww, c'est comme un roman d'amour. Notre amour va bientôt... s'épanouir.

    (Rrrr - - Rrrr- -)

    Oh, j'ai presque oublié. Je ne me suis pas réveillé tout seul. Mon téléphone vibrait. Quand je décroche, Duean me mitraille de questions comme une mitraillette.

    — Pi, tu as dormi où la nuit dernière ? Mes amis m'ont dit que tu n'étais pas revenu dans notre chambre.

    — J'ai dormi dans la chambre de Nan.

     Je veux qu'il m'envie.

    — Conneries.

    — Pourquoi est-ce que je te mentirais, Duean ?

    — Tu as fait de tels progrès ?

    — J'en ai fait. 

    — Il était ivre ? Nan n'aurait pas dû te laisser faire.

    — Trou du cul, laisse-moi te dire quelque chose. La nuit dernière, on a chanté ensemble, dansé ensemble, et j'ai pu dormir dans sa chambre. Je ne veux pas me vanter, mais je dois dire que le lit de Mueangnan est troooooooop moelleux.

    — Calme ton cul.

    — C'est vraiment moelleux. Je veux dormir ici toutes les nuits.

    Je me roule sur le lit, rougissant, agissant comme un petit enfant qui vient de connaître l'amour.

    SLAM !

    Alors que je parle au téléphone, la porte de la chambre s'ouvre en claquant et quelqu'un entre. Je me retourne pour le voir, rayonnant, et mon sourire s'efface lentement au fur et à mesure que je regarde.

    — T'es debout, marmotte ? Mon lit est confortable ?

    — Mork !

    — Um.

    — Mork.

    — Quoi ?

    — Mork.

    — Tu t'es cogné la tête ?

    — Pourquoi tu es ici ?

    — Pourquoi je ne pourrais pas être ici ? C'est ma chambre.

    Pour l'amour de Dieu, dans mon imagination, c'est la chambre de Mueangnan alors qu'en fait c'est une chambre hantée.

    Meurs, Pi. Tu ferais mieux de mourir maintenant…


    Notes

    (1) Le chanteur principal d'un groupe de rock thaïlandais, Bodyslam.
    (2) Les Thaïlandais comparent une personne chaude ou sauvage à des piments (prik).



  • Commentaires

    3
    Jeudi 1er Septembre 2022 à 00:19

    Ce roman et ces personnages me font trop rire, j adore. Sacré Pi, fanboy de Palmy et voleur de gomme... XD Et Mork est toujours aussi adorable et prêt à tout pour son Pi :')

    Merci pour ce nouveau chapitre ;) 

    • Voir les réponses
    2
    Mercredi 31 Août 2022 à 22:02

    Ah la la, voilà pourquoi faut jamais boire trop en soirée, sinon on se retrouve n'importe où XD

    Mork est un petit malin et semble toujours arriver à ses fins.

    merci pour ce nouveau chapitre

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