• K- Knowing Us {Khaotung & First}

    Knowing Us
    Petit Mot De L'Auteur

    La lettre 'K' mettra en scène Kaothung & First.

    L'alcool coule à flot depuis le début de la fête. D’un œil torve, j’observe les gens qui continuent de boire dans cette soirée qui a échappé à tout contrôle depuis plusieurs heures maintenant. Je sais que demain, je risque fortement de regretter d’avoir autant bu. Je le regrette déjà quand je sens à plusieurs reprises l’alcool tenter de faire marche arrière pour remonter dans ma gorge. Pourtant, à chaque fois que l’on me propose un toast, je ne refuse pas, je soulève mon verre et bois une partie du contenu. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’un de vos amis enterre sa vie de garçon.

    Parm nous a tous invités dans le bar où toute la bande se réunissait quand on était au lycée. C’est un endroit où First, Parm, moi et les autres garçons avons passé le plus de temps en dehors des cours. On y a refait le monde, mais on y a vécu aussi des drames et des fous rires. Le fond du bar a été aménagé afin de nous accueillir, un canapé et plusieurs fauteuils entourent une table qui croule sous les verres, les bouteilles et les snacks. La musique en fond sonore n’est pas trop forte et nous permet de discuter.

    C’est vraiment déroutant de se dire que lui, à 23 ans, a déjà un travail, un logement bien à lui et sera bientôt marié. C’est une toute autre vie qui s’ouvre à lui.  Moi, je vis encore chez mes parents, je vais terminer mes études dans quelques semaines et ma principale occupation est de déterminer comment je vais pouvoir fêter mon diplôme avec celui qui m’est le plus proche. First, mon meilleur ami de tous les temps, celui qui est près de moi depuis que je suis tout petit et dont je n’envisage pas un instant de ne pas l’avoir à mes côtés pour l’avenir. Un poids s’écroule brusquement à moitié sur moi, mais je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s’agit. 

    — Pourquoi… tu sembles aussi sérieux ? 

    La voix un peu pâteuse de mon meilleur ami s'élève à côté de moi et un petit sourire apparaît sur mes lèvres. Je tourne la tête vers lui en soupirant doucement, ignorant les moqueries de nos autres amis. Ils nous taquinent sans cesse parce que, selon eux, on est trop proches pour que ça ne soit pas suspect.  

    — Je pensais… que… je suis à la traîne par rapport aux autres. 

    Je pose ma tête contre son épaule, me lovant naturellement contre lui. Il m’entoure de ses bras pour resserrer notre étreinte et je ferme les yeux. Je me sens soudain déprimé en constatant que je n’ai pas vraiment avancé et pire encore, je ne sais toujours pas où je vais. First caresse doucement mon épaule pour me remonter le moral, il sait que parfois je peux avoir l’alcool triste et il n’aime pas me voir dans cet état. 

    — Khaotung, ne dis pas n’importe quoi. Heureusement qu’on n’est pas obligé de tous suivre le même chemin. 

    C’est la voix du futur marié qui tente de me remonter le moral. Seulement, il est complètement ivre, je me demande même comment il fait pour être encore réveillé. Je lui jette un coup d'œil avant de sourire doucement. J’attends la suite de ses paroles qui, j’en suis sûr, sera une grosse énormité. 

    — Moi je vais suivre le chemin que je me suis tracé. Il ne faut pas que tu te compares aux autres car toi et moi on est différent. En plus, avec ton chéri vous allez prendre une autre route, qui vous mènera à pleiiiins d’aventures.

    Si ça avait bien commencé, la fin me fait lever les yeux au ciel et je lui envoie une poignée de cacahuètes pour lui montrer mon mécontentement. Il y a des cris de protestation quand les cacahuètes atterrissent partout sauf sur Parm. J’éclate de rire avant de tenter d’avoir l’air outré.

    — Quel chéri ? De quoi tu parles ?

    Feindre l’innocence, voilà ce que l’on fait avec First depuis des mois, depuis que nos amis se sont mis en tête que l’on était amoureux l’un de l’autre. Que l’on était déjà un couple sans le savoir et qu’il ne manquait qu’un certain échange physique pour que notre relation devienne plus claire pour nous.

    La réponse ne se fait pas attendre, First et moi on reçoit une salve de cacahuètes en retour, seulement, celui qui les a envoyées sait encore très bien viser. Il y a des sifflements et des cris de joie quand First se place de manière à ce que je ne me reçoive aucun projectile.

    — Khaotung et moi, on est juste amis les gars, je vous le jure.

    Des éclats de rire accueillent sa tentative de calmer les choses et au lieu de les calmer, ça excite encore plus les gars. Pour le moment je reste caché derrière First, mes bras entourant sa taille, mon oreille contre son dos. J’ai un petit sourire quand j’entends son cœur résonner dans mes oreilles. 

    — Tout le monde le sait… sauf vous les mecs. Ça crève les yeux.

    Malheureusement, même si le son est fort, cela ne m’empêche pas d’entendre Parm en remettre une couche. Je me redresse en soupirant et aussitôt First capture mon regard, on s’observe un instant et je ne peux pas m’empêcher de sourire. 

    C’est vrai que l’on est proches, très proches même. On se connait depuis l’enfance et on a toujours tout partagé. On se voit tous les jours, on se parle au téléphone tous les soirs et je ne me suis jamais senti gêné quand on se prend dans les bras. Les marques d’affections que l’on a l’un pour l’autre sont naturelles pour nous.

    — Il n’y a que vous qui le pensez. C’est étrange de votre part d’avoir une obsession comme ça sur nous d’ailleurs. 

    C’est une idée tellement saugrenue, d’ailleurs, il n’y a que ce groupe d'amis qui pense ça. Nos autres proches n’ont jamais fait la moindre réflexion et il n’y a jamais eu de rumeur à l’université. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi, eux sont focalisés sur notre hypothétique relation.

    Soudain, Parm se redresse, l’index en l’air en poussant un cri, comme s’il avait eu une brillante idée. Je ne peux pas m’empêcher de jeter un petit coup d'œil incertain vers Fisrt. C’est plutôt connu, Parm a toujours des idées à la con qui, en règle générale, finissent mal. J’avale bruyamment ma salive, alors que tout le monde fixe le futur marié en silence.

    — Annoncez à tout le monde que vous sortez ensemble. Vous verrez qu’on n’est pas les seuls à le penser et si une seule personne semble étonnée par votre couple. Je… je vous offre ma lune de miel.

    J’ai l’impression que ma machoire se décroche… cet idiot est réellement en train de parier sa lune de miel. Je m’attends à ce que tout le monde s’oppose à son idée, mais ils ont dû trop boire car, au lieu de tenter de le faire revenir à la raison, ils l’encouragent à grand renfort de cris.

    Je fronce les sourcils, prêt à être la voix de la raison et à lui expliquer que Phi Neen va sûrement le tuer quand il perdra la lune de miel. Seulement, First se redresse soudain et le fixe droit dans les yeux. Je lui secoue l’épaule pour tenter de le ramener à la raison.

    — D’accord, et qu’est-ce que vous gagnez si on perd ?

     

    Ting !

    Je me retourne entre les draps de mon lit en essayant de fuir ce son désagréable. Ma tête cogne comme si un marteau piqueur avait décidé de me faire un trou dans le crâne. 

    Ting !

    Je grogne en me tenant le front avant de soupirer en sentant une source de chaleur à ma droite. Je passe mes bras autour avant de sourire quand je sens le parfum de la personne à côté de moi, c’est First qui dort encore. Je me colle contre lui et pense me rendormir, quelques heures.

    Ting !

    Ting ! 

    Ting !

    Malheureusement, les notifications provenant de nos téléphones continuent de retentir de plus en plus fréquemment. Je ne comprends pas pourquoi j’en reçois autant et surtout pourquoi on n’a pas eu la présence d’esprit de mettre nos téléphones sur silencieux. 

    Je grogne pour la forme en ouvrant un œil. Mon regard tombe aussitôt sur le torse de First qui se soulève lentement au rythme de sa respiration. Je ne peux pas m’empêcher de sourire et même de frotter mon visage contre lui, mon mal de tête semblant s’apaiser.

    Ting !

    Je soupire en me laissant retomber sur le dos, il est beaucoup trop tôt, surtout après tout l’alcool que l’on a ingurgité cette nuit. J’allume mon téléphone et fronce les sourcils quand je vois que les notifications sont encore plus nombreuses que je ne le pensais. Concentré sur mon téléphone, je ne réagis pas quand First se redresse, pose sa tête contre mon dos et entoure ma taille de ses bras. J’ouvre Facebook, ne comprenant pas pourquoi je reçois autant de messages de félicitation et de bonheur. 

    — Qu’est-ce qui se passe Khaotung ?

    La voix de First est rauque et encore endormie, mais moi je suis incapable de lui répondre, pas quand devant mes yeux se trouve une photo que je n’arrive pas à comprendre. Sur celle-ci, je suis en train d’embrasser First, je veux dire, pas un petit baiser, non, un vrai de vrai avec la langue. J’avale difficilement ma salive avant de lire la légende de la photo. 

    Enfin en couple ♥. 

    — First ? 

    Je l’appelle d’une voix blanche, mais j’ai l’impression qu’il s’est rendormi en attendant ma réponse. Sa tête pèse sur mon épaule, les mains négligemment posées sur mes cuisses. A un autre moment, je l’aurais sans doute laissé se reposer contre moi, pendant que j’aurais navigué sur mon téléphone. Cependant, là, l’heure est grave.

    — First ! 

    Je me retourne brusquement, le forçant à me lâcher et à ouvrir les yeux pour me regarder. Mon cœur a tout de même le temps de bondir dans ma poitrine, alors que je le trouve beau avec son petit air endormi.

    — C’est quoi ça ?

    Lentement, il se frotte les yeux, mettant ma patience à rude épreuve, puis il saisit le téléphone. Je m’attends à ce qu’il soit horrifié, surpris ou même en colère, mais rien du tout, il se contente de sourire en coin avant de me rendre mon téléphone.

    — C’est le pari. 

    Je me souviens vaguement de Parm nous lançant un défi, mais… après c’est le trou noir. Je ne me souviens pas qu’on ait accepté et encore moins que j’aie embrassé mon meilleur ami. L’idée est vraiment déroutante. First est maintenant parfaitement réveillé quand il voit mon air perdu, il pose la main sur mon épaule, très sérieux. 

    — Tu ne te souviens pas ?

    — Vaguement.

    Je me mordille la lèvre, me sentant gêné, ce qui ne m’était encore jamais arrivé avec lui. Est-ce que je suis mal à l’aise parce qu’il a été mon premier baiser et que je ne m’en souviens pas ? Est-ce que c’est parce que c’est First ? Je n’arrive pas à me décider et même si j’ai la preuve sous les yeux, je ne peux pas m’empêcher de lui poser la question.

    — On s’est vraiment embrassés ?

    Je relève les yeux vers lui et suis surpris de le voir rougir de la sorte. Je surprends son regard sur mes lèvres et je me sens rougir à mon tour. Il ne me regarde pas comme d’habitude et je me sens étrange, je dois me forcer de ne pas toucher mes lèvres, même si je me demande si cela ne pourrait pas m’aider à me souvenir.

    — Euh ouais… Parm ne voulait pas se contenter d’un simple mot. 

    J’ai tellement envie de tuer cet idiot à cet instant, mais aussi tous les autres qui doivent l’avoir soutenu et encouragé. Je soupire en me frottant la tête en espérant que cela aide à passer mon mal de crâne. 

    — Qu’est-ce que l’on doit lui donner si on perd ?

    Je me rends compte que c’est mon dernier souvenir, First se redresse pour répondre à la question. Il s’éclaircit la gorge et je l’observe alors que c’est son tour de sembler mal à l’aise et j’ai soudain peur.

    — On doit lui payer sa lune de miel.

    Mes yeux s’agrandissent quand je me rends compte de l’énormité de la chose. Je quitte rapidement le lit et commence à faire les cents pas. Comment j’ai pu accepter une chose pareille ? Je n’ai pas de boulot, je dépends encore totalement de mes parents et… 

    First m’attire contre lui alors que je sens l’anxiété devenir de plus en plus importante. Aussitôt, je ferme les yeux et me laisse aller contre lui alors qu’il caresse lentement mon dos. Ce geste, comme toujours, m’apaise et je soupire doucement. 

    — Ne t’inquiète pas, je suis sûr que toute cette histoire sera bientôt oubliée. 

    Mes bras s'enroulent autour de sa taille et j’espère vraiment que les personnes les plus proches de nous ne vont pas tomber dans le panneau. Je m’accroche à cette idée aussi fort que possible et je cache mon visage contre son cou en respirant profondément.

    — OH MOOON DIIIIIIIIEU JE PEUX PAS Y CROIIIIIIIIIIIIIIRE !!!!!!

    Je sursaute quand la porte s’ouvre brutalement et qu’un cri suraigu perturbe la quiétude du moment. Je me raidis brusquement quand ma petite sœur saute sur mon lit et se met à sautiller en poussant de petits bruits hystériques. 

    — JE LE SAVAIS ! JE LE SAVAIIIIIIS ! 

    Je la regarde bouche bée, je ne sais pas comment je dois réagir à la réaction démesurée de Nong. Je regarde First, espérant qu’il saura peut-être trouver les mots pour calmer ma petite sœur. De nous deux, c’est lui qui le fait le mieux. Je me rends alors compte que First et moi on est en caleçon dans les bras l’un de l’autre et je ne peux pas m’empêcher de le repousser un peu brutalement.

    — Nong, arrête de crier, tu me donnes mal à la tête.

    Je quitte le lit et me dirige vers mon armoire pour y prendre un t-shirt propre. Tout en marmonnant contre toute cette histoire, je retourne vers First et le force à mettre le t-shirt pour qu’il se couvre. J’évite son regard, mais du coin de l'œil, je note parfaitement le sourire de ma sœur et les étoiles qui font pétiller ses yeux. C’est vrai que jusqu’ici, je ne m’étais jamais vraiment posé la question sur le fait que ma sœur puisse le voir dans cette tenue.

    — Mais vous êtes tellement mignons, je le savais… vous êtes ensemble depuis combien de temps ? Qui s’est déclaré le premier ? Où est-ce que ça s’est passé ? 

    C’est un véritable cauchemar qui est en train de se produire, alors que ma sœur se lance dans un véritable interrogatoire. Je cache les rougeurs qui me montent aux joues en me tournant de nouveau dans mon armoire pour m’habiller à mon tour. 

    — C’est assez récent en fait. 

    First répond doucement comme s’il n’était pas certain de la réponse à donner et je soupire fortement. Je me retourne brusquement, attrape ma sœur par le poignet et l’aide à descendre de mon lit avant de me diriger avec elle à ma suite vers ma porte.

    — Allez, sors maintenant.

    Je suis déjà fatigué alors que la journée ne fait que commencer, j’ai besoin d’être au calme un moment pour pouvoir faire le point et tenter de comprendre pourquoi je me sens soudain si mal à l’aise avec toute cette histoire.

    — Un bisou d’abord !

    Je me retourne pour la regarder en face, en faisant une grimace. Mais en fait, je suis tombé dans la quatrième dimension… sinon pourquoi soudain je me retrouverais à embrasser mon meilleur ami à une soirée et maintenant ma soeur me demande de… je frémis en y pensant avant de m’exclamer.

    — Mais pourquoi tu veux que je t’embrasse ?

    J’aime ma petite sœur, mais on n'est pas proches à ce point. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je l’ai embrassé, mais c’était sûrement ma mère qui m’avait forcé à le faire. 

    — Hey ! 

    Je me frotte le sommet de la tête, alors qu’elle vient de me frapper assez fort. Elle a l’air d’avoir oublié que je suis son aîné.

    — Parce que tu penses que je veux que tu m'embrasses.

    Elle grimace en faisant semblant d’être prise d’un frisson de dégoût et je lève les yeux au ciel, quelle drama queen quand elle s’y met. J’oublie délibérément que je viens d’avoir exactement le même genre de réaction quelques minutes plus tôt.

    — Embrasse ton chéri. 

    Je me fige, parce que je n’avais absolument pas penser qu’il faudrait s’embrasser pour prouver quoi que ce soit aux gens. C’est peut-être une preuve qu’au final cette histoire de couple n’est pas une évidence comme nos amis le pensent. C’est sûrement grâce à cela que l’on pourra gagner, ma sœur a besoin d’une preuve c’est donc… mes pensées se court-circuitent soudain, ma réflexion se perd quand une main se pose sur ma nuque m’empêchant de reculer et que des lèvres se posent sur les miennes. 

    J’ai l’impression d’être dans un grand huit, j’ai un long frisson et je m’accroche à son t-shirt alors que nos lèvres bougent l’une contre l’autre. J’ai la tête vide, je ne pense plus à rien, je ne me souviens même plus de pourquoi on s’embrasse. Je sais juste que ce baiser est agréable, doux et tendre et c’est la seule chose qui compte. 

    Je n’entends pas ma sœur trépigner en poussant des petits cris de bonheur. Je ne la vois pas nous prendre en photo à plusieurs reprises et encore moins quitter la chambre en fermant la porte derrière elle. Je suis seulement concentré sur le fait que j’aime beaucoup trop ce qui est en train de se passer et ça me trouble.

     

    Le week-end a été étrange. Après ce baiser, First est allé se doucher avant de rentrer chez lui. Il ne semblait pas particulièrement perturbé par ce qui venait de se passer. Heureusement, mes parents n’étaient pas là, car je ne pense pas que j’aurais été capable de jouer la comédie devant eux.

    J’ai passé le reste de ma journée enroulée dans ma couette, à ignorer les innombrables notifications qui continuaient d’affoler mon téléphone. J’ai essayé de dormir, mais à chaque fois que je fermais les yeux, la sensation des lèvres de First sur les miennes réapparaissait et les picotements dans mes reins aussi. 

    Je pensais que je n’arriverais pas à dormir, pourtant, j’ai fini par m’écrouler, alors que je caressais une fois de plus mes lèvres avec mon index. J’essayais de comprendre ce que j’avais ressenti et ça a été le black-out. Je n’ai pas fait de rêve particulier ou en tout cas, je ne m’en souviens pas et j’en suis soulagé. Je me suis réveillé un peu plus serein, un peu plus calme et surtout, j’ai les idées claires, tout ceci n’est qu’un jeu.

    Je gare ma voiture sur le parking de l’université et j’ai un petit sourire en coin en voyant que First m’attend déjà, appuyé sur le capot de sa voiture, les bras croisés. Pour le moment, tout est comme d'habitude.

    Je me sens tout de suite apaisé et défait ma ceinture rapidement, pressé de le rejoindre. Parm ne sera pas là pour nous imposer son idée bizarre. Je suis sûr qu'il aura oublié toute cette histoire vue la quantité d'alcool qu'il a ingurgité ce soir-là. D'ailleurs, je pourrais tout simplement faire comme si moi j'avais oublié. 

    Ting

    Je grince des dents quand une notification met fin à mes chimères. Je sors mon téléphone de ma poche, un peu anxieux, et mes yeux s’agrandissent à la vue du message.

    Parm : Je n'ai pas oublié et j'ai mes espions. Joue le jeu.

    Je soupire fortement avant de faire un bond sur mon siège quand quelqu’un frappe à la porte. Je tourne la tête pour tomber sur le sourire de First, mon cœur s'emballe et j'ouvre précipitamment la portière pour sortir.

    — Tu vas bien ?

    Il me regarde droit dans les yeux et je me sens troublé. J'avale difficilement ma salive avant de hocher la tête. First fronce les sourcils avant de lentement caresser mes cheveux, c’est un geste qu’il a souvent eu, pourtant, tout me semble différent maintenant. 

    — Je suis juste fatigué, je vais bien.

    Je me pousse, je ne sais pas pourquoi je ressens ce mélange de colère, d’excitation, de joie et de doute. C’est surréaliste. Je ne l’attends pas et me dirige vers le bâtiment principal de notre faculté le cœur battant.

    — Khaotung, attends !

    First m’attrape par le poignet, tire dessus et me force à m’arrêter. Pire encore, alors que tout le monde peut nous voir, il me fait pivoter et je me retrouve dans ses bras. La bouffée de chaleur est puissante, mais avant tout, j’ai pleinement conscience de tous les regards qui sont tournés vers nous.

    Nerveusement, je tourne la tête des deux côtés et je vois même certains téléphones levés, sûrement en train de nous filmer. J’essaie de reculer, de mettre une distance normale entre nous, mais il m’en empêche. 

    — Calme-toi.

    Sa main se pose sur ma joue et il me force à tourner la tête vers lui. Aussitôt, je me perds dans son regard et l’anxiété disparaît, parce que soudain, il n’y a plus personne autour de nous. Ma respiration, que je n’avais même pas conscience d’avoir si rapide, s’apaise petit à petit. 

    — C’est trop bizarre First.

    — Je te promets que tout ira bien. On a juste à se tenir la main.

    Je prends une profonde inspiration en hochant la tête et en me promettant que plus jamais je ne toucherai à une goutte d'alcool. Qu'est-ce qui avait pu me passer par la tête pour parier une chose pareille ?

    Le silence s'installe entre nous et mes yeux tombent sur ses lèvres. J’humidifie les miennes, soudain sèches, alors que je me rappelle parfaitement le baiser que l’on a échangé dans ma chambre. Ses yeux s’assombrissent soudain et il me faut faire preuve de beaucoup de volonté pour détourner le regard.

    Pourquoi je suis soudain si obsédé par ses lèvres, c’est n’importe quoi. Encore une preuve que Parm et nos amis se trompent. Jamais je n’avais eu ce genre de pensées pour First, jamais je n’avais imaginé l'embrasser ou même eu envie de le faire.  

    — Phi ?

    Je sursaute quand la voix presque timide d'une jeune première année s'élève à côté de nous. Je tourne la tête pour découvrir non pas une, mais cinq filles qui nous observent étrangement. 

    — Oui Nong ?

    Heureusement, First les interroge, parce que je crois que j'aurais pu rester là un long moment juste à les regarder. 

    Elles rougissent et gloussent quand il leur parle et je ressens un puissant sentiment de jalousie. Elles ne voient donc pas que First m'enlace moi, alors pourquoi elles…

    — Phi Khaotung et toi, vous sortez vraiment ensemble ?

    C'est à mon tour de rougir et je quitte rapidement les bras de First, qui me retient par la main et entrelace nos doigts avant de les soulever en gardant un petit sourire.

    — C'est la vérité.

    J'ai soudain l'impression d'avoir ma sœur en cinq exemplaires devant moi, elles se mettent à pousser de petits cris d'excitation en sautillant sur place. Un flash me fait écarquiller les yeux et je me rends compte que l'une d'elle nous prend en photo.

    — On devrait y aller.

    Je n'ai pas envie de rester là et d'être ainsi le centre de l'attention. Je tire sur sa main, ne lui laissant pas le choix de me suivre pendant que je traverse la petite foule qui s'est formée autour de nous. 

    Je marche d'un pas vif, les oreilles rouges, j'ai l'impression d'être en plein cauchemar, mon esprit bataillant farouchement entre tout ce que je ressens. 

    Je souffle une fois que l'on arrive à l'intérieur du bâtiment. Je me tourne vers First en tentant de sourire le plus naturellement possible. Vu le sourire qu'il me retourne, je ne dois pas être très convaincant.

    — Je ne comprends pas, pourquoi est-ce qu'ils y croient ?

    Il me regarde avec douceur alors que je peste contre le monde entier de croire aussi facilement que mon meilleur ami pourrait être mon petit ami sans aucun problème. 

    — Pourquoi ils n'y croiraient pas ? Tu as mis la photo sur ton compte en l'annonçant haut et fort.

    — Alors pourquoi est-ce qu'ils demandent ?

    Je suis d'une mauvaise fois à toute épreuve et il a un petit rire avant de finalement entourer mes épaules de ses bras et de me rapprocher de lui.

    — Parce qu'ils sont curieux.

    On marche tranquillement dans le couloir et, complètement pris dans ma conversation avec First, je ne fais pas du tout attention aux autres étudiants autour de nous.

    J'ai fini par en bousculer un qui venait dans le sens inverse, aussitôt je lui fais un waii pour m'excuser.

    — Désolé. 

    — Regarde un peu où tu vas, pédale. 

    Je me fige, écarquille les yeux, entrouvre la bouche et me retrouve incapable de repondre quoi que ce soit. Le garçon nous jette un regard mauvais et je ne comprends pas pourquoi il se montre si mechant, alors que je ne le connais même pas.

    — Pourquoi ? Tu es jaloux ?

    First est le premier à réagir et je vois les amis de celui que j'ai bousculé écarquiller les yeux à leur tour. In extremis, ils le rattrapent par les épaules et les bras, alors que instinctivement je me place devant First pour le protéger.

    Qu'est-ce qui lui prend de réagir comme ça, il n'est pourtant pas du genre à se montrer violent. Au contraire, habituellement, il est plutôt du genre à essayer de calmer les choses, d'arrondir les angles et de se placer en médiateur.

    Le groupe réussit à éloigner l'étudiant qui enrage et lance une floppée d'insultes homophobes. Je sens que j'ai blanchi alors que ma respiration est difficile. 

    Je me rends compte aussi que tous les regards sont tournés vers nous. Plusieurs téléphones sont levés et doivent nous filmer ou nous prendre en photo.

    — C'est de la folie… partons.

    Je n'aime pas l'idée de manquer les cours, mais je sens que la journée va mal finir alors qu’elle a à peine commencé. J’attrape sa main, ne lui laissant pas le temps de répondre et je me dirige vers le parking que l’on vient de quitter. 

    Je n’arrive pas à comprendre ce que je ressens et ce que je veux. Je marche d’un pas vif en ignorant les regards, j’ai juste besoin de prendre du recul et de pouvoir faire le point. First, c’est mon ancre depuis toujours, il fait partie de ma vie et je n’arrive pas à imaginer qu’il soit loin de moi. 

    Pourtant, est-ce que je l’aime ? 

    Mes joues s’enflamment dès que je repense à nos baisers, à la manière dont mon corps est devenu fébrile quand il s’est retrouvé collé contre moi et… j’ai besoin de m’assurer que ces émotions sont réelles. J’ai besoin d’être sûr que je n’invente rien à cause de ce stupide pari.

    J’ouvre la portière passager et l’invite d’un geste de la main entrer dans la voiture. C’est plutôt rare que ce soit moi qui conduise quand on est tous les deux, mais j’ai besoin de m’occuper l’esprit. Il monte sans un mot et je rejoins le volant.

    — Khaotung, je suis…

    — Ne dis rien pour le moment… je dois réfléchir.

    C’est avec automatisme que je conduis jusqu’à la maison de First, ses parents ne devraient pas être à la maison et on aura le temps de… de quoi d’ailleurs ? Je n’en ai pas la moindre idée. 

    Est-ce que l’on doit parler du pari ?

    Est-ce que l’on doit s’embrasser pour être sûr ?

    Est-ce que lui a envie que l’on s’embrasse ?

    Est-ce…

    La liste des questions tournent en boucle dans ma tête, interminable, de nouvelles se rajoutant régulièrement. Quand je me gare devant la maison, j’ai l’impression que je suis en train de devenir fou. D’ailleurs, je sursaute fortement quand sa main se pose sur ma cuisse et je me fige aussitôt quand la chaleur de sa paume irradie ma peau.

    — Rentrons… je…

    — D’accord…

    Je ressens un peu de soulagement quand je remarque le doute dans le fond de ses yeux. Lui aussi ne semble pas bien comprendre ce qui se passe entre nous et ça me rassure. 

    Quelques instants plus tard, on est tous les deux assis dans le canapé, un silence tendu règne dans la maison. Moi qui avais tant de questions à poser dans la voiture, je me retrouve muet. Régulièrement, on se jette de petits coups d'œil et je sens que mes joues rougissent à chaque fois. 

    — Je n’aurais pas dû faire ça… Je suis désolé.

    — Quoi ?!

    Je ne peux pas m’empêcher de m’exclamer avec surprise quand il s’excuse. Je ne comprends pas de quoi il veut parler et cette fois je le regarde fixement pour l’encourager à parler. 

    — Il nous provoquait, je sais que j’ai été stupide, mais… il n’aurait jamais dû t’insulter. Je me suis senti tellement en colère qu’il s’en prenne à toi. 

    BABOUM !

    Mon cœur explose quand il s’explique, il a pris ma défense et cela me donne une sensation étrange dans la poitrine. J’essaie de me souvenir si First a déjà pris ma défense de cette manière et cette fois je n’ai aucune hésitation. 

    Il l’a toujours fait. 

    — First ?

    Il tourne la tête vers moi, attendant que je parle, mais j’en suis incapable, la lumière du soleil illumine son visage et je suis soufflé. Il est magnifique et j’ai l’impression de le voir pour la première fois. 

    La bouche entrouverte, je ne le quitte pas des yeux et du bout des doigts je viens effleurer cette peau claire et parfaite, je suis la courbe nette de sa mâchoire pour remonter vers sa tempe et ses yeux profonds. 

    Comment j’ai pu passer à côté de tout cela ? Mon cœur accélère alors que mes doigts descendent lentement, glissant à la commissure de ses lèvres qui, chaque jour, s’étirent toujours pour moi en un magnifique sourire. 

    Mes doigts se posent sur son menton et le temps est suspendu, j’hésite juste quelques secondes. Je me penche vers lui et mes yeux se ferment alors que nos lèvres se retrouvent. Déjà, j’ai l’impression de vivre un instant familier, chaleureux et intense. 

    Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais quelques instants plus tard, je suis assis sur ses cuisses. Mes mains fourragent ses cheveux, le baiser est devenu langoureux et passionné et j’ai fortement conscience de ses mains qui descendent lentement le long de mon dos. 

    Je me perds complètement dans la douceur de ses lèvres, je perds le contrôle et laisse mon corps prendre les commandes. Mes hanches bougent presque timidement et aussitôt je suis galvanisé quand je sens les doigts de First s'agripper à moi. 

    Cependant je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit de plus que la porte d’entrée s’ouvre brusquement, nous faisant sursauter tous les deux. On se fixe, la surprise peinte sur le visage. Autant à cause de ce que l’on vient de faire, qu’à l’idée que la mère de First les bras chargés de sac nous surprenne. 

    — Ah les garçons vous êtes là ! Venez m’aider avec les sacs. 

    Hein !

    En douceur, First me fait basculer pour aller l’aider, mais moi je suis paralysé. La coiffure d’habitude si bien étudiée de mon meilleur ami consiste maintenant à des piques dressées sur sa tête. Sa chemise est toute froissée et il est rouge comme une pivoine. Cependant, je ne me fais pas d’idée, l’image que je renvoie ne doit pas être mieux. 

    — Vous êtes mignons ensemble, mais s’il vous plaît, ne loupez pas les cours pour flirter. 

    J’ai la sensation qu’une pierre me tombe sur l’estomac. Elle n’est pas surprise, elle n’est pas contrariée et le pari me revient en tête comme un boomerang. Je me lève brusquement droit comme un i et me frotte la nuque nerveusement. 

    — Je dois y aller !

    Finalement, je préfère prendre la fuite, je ne réponds même pas à First qui m’appelle à plusieurs reprises, je crois même que j’ai fini par rejoindre ma voiture en courant tant j’étais pressé de mettre de la distance entre toute cette histoire et moi. 

     

    Je ne suis pas retourné en cours depuis lundi, on est vendredi soir et mon esprit est toujours aussi embrouillé qu’au premier jour. J’avais espéré que m’éloigner un peu de lui m'aiderait à y voir plus clair, mais non seulement, c’est encore pire, mais en plus, il me manque terriblement. 

    Je me retourne dans le lit et observe mon plafond blanc en me demandant pourquoi tout à soudainement pris autant d’importance. First a toujours été mon ami, on ne s’est jamais imaginé autrement alors pourquoi soudain, je rêve de ses lèvres sur les miennes, de ses mains sur mon corps et de... 

    Je pousse un geignement en me couvrant le visage d’un oreiller. Grossière erreur, c’est celui sur lequel il a dormi et où son parfum est encore. J’inspire profondément et je ne peux pas empêcher la volée de papillons de s’envoler dans mon estomac. Tous les signes sont là, mais je me bats farouchement contre eux parce que j’ai peur de ce que deviendrait notre relation.

    Mon téléphone sonne, je me force à regarder qui appelle et mon estomac se contracte quand je vois le nom de mon ami apparaître à l’écran. Un instant, j’hésite à répondre, je veux entendre sa voix, mais finalement, je pose le téléphone sur mon ventre. Je lui enverrai un message après pour lui dire que je suis occupé. 

    L'ignorer me fait mal, terriblement mal car je n'ai jamais été éloigné de lui de la sorte. La sonnerie continue de retentir, mon cœur veut répondre, ma tête a peur et mon corps voudrait qu’il soit dans la chambre avec moi. J’ai l’impression de me dédoubler et de ne pas réussir à mettre chaque partie de mon être d’accord. 

    Je pousse un profond soupir quand enfin le silence retombe dans ma chambre. Je reste immobile un moment à observer ce plafond blanc, comme si soudain la réponse allait s’afficher et m’aider à savoir quoi faire. Finalement, je reprends mon téléphone et pianote dessus rapidement avant de le reposer sur mon ventre. 

    Khaotung :  Je révise mes leçons. 

    Aussitôt, les sonneries reprennent et First tente une fois de plus de me joindre. Je gémis de frustration, me tournant sur le côté en fermant les yeux. J’ai mal tant mon corps et ma tête luttent férocement pour déterminer la marche à suivre. 

    Quelques minutes plus tard, je sursaute et pousse un petit cri quand je sens soudain un bras s'enrouler autour de ma taille alors que mon matelas s'enfonce légèrement et que First me rejoint en se collant contre mon dos. 

    — Pourquoi tu ne réponds pas ?

    Tellement pris par mes pensées et mon débat intérieur que je ne l’ai pas entendu ouvrir la porte et me rejoindre. Mon coeur s’emballe et mon corps s’apaise, pourtant, je suis incapable de mettre des mots sur ce que je ressens. 

    — Je… je suis… fatigué. 

    — Je croyais que tu révisais. 

    Il met son téléphone devant mes yeux, là où trône mon message. Son étreinte se fait plus forte, il pose son menton sur mon épaule et je dois me mordre la lèvre brusquement pour ne pas laisser échapper le petit gémissement de contentement qui prend naissance dans ma gorge. 

    — Tu me manques Khaotung. Pourquoi tu m'ignores ?

    Je soupire et me sens mal quand j’entends la petite note de détresse dans sa voix. Il ne doit pas comprendre pourquoi soudain je m’éloigne de lui et je ne saurais même pas moi-même lui expliquer. 

    — Je ne t’ignore pas… c’est juste que…

    Je m’interromps avant de me tortiller dans le lit pour me tourner vers lui et lui faire face. Son bras n’a pas quitté ma taille, nos genoux se touchent et il me faut un petit moment pour réussir à trouver le courage de parler. 

    — Toute cette histoire, c’est étrange.

    — Le défi ? Ça ne te plait pas ? 

    Je n’arrive pas à lire dans son regard pour la simple et bonne raison, que je n’arrive pas à le regarder dans les yeux. J’ai peur de ce que je pourrais lire dans ce regard que je connais par cœur et que je peux décrypter sans aucun problème. 

    Est-ce que j’ai peur d’y trouver la même chose que dans mes yeux ?

    Est-ce que je veux y lire cette bonne vieille amitié qui nous lie depuis si longtemps ?

    — Oui.

    — Je suis désolé… Je ne pensais pas que ça te mettrait dans cet état.

    Il baisse la tête et je saisis son visage entre mes mains pour le forcer à la relever. Nos regards se croisent enfin et nos deux respirations se bloquent en même temps. Un sourire hésitant prend vie sur mes lèvres, alors que j’aime ce que j'y trouve. 

    — Je n’ai pas dit que je n’aimais pas ça.

    Je m’exclame un peu trop vivement avant que le silence ne retombe entre nous. Je ne le quitte pas des yeux, on y est, je ne peux plus faire marche arrière. 

    — Je n’avais jamais imaginé notre relation comme ça, mais…

    Mes yeux descendent vers ses lèvres qui m'obsèdent depuis que l’on s’est embrassés. Je craque, j’ai l’impression que finalement c’est mon cerveau qui a cédé et mon corps qui gagne la guerre car je me précipite sur ses lèvres, un peu brusquement. Un peu maladroitement, je l’embrasse en sentant un long frisson me parcourir le corps, comme si j’étais soudain en apesanteur. Son bras se resserre autour de ma taille alors que l’on partage un baiser, cette fois, pas parce qu’on nous l’a demandé ou parce que l’on cherchait une réponse,  mais parce que l’on en a envie tous les deux.

    Je suis plus calme maintenant qu’il est près de moi, que l’on se serre dans les bras et que plus rien ne compte. Je sais ce que je veux, je comprends ce que je ressens et je suis en paix avec ça, car je sais que lui aussi ressent exactement la même chose. 

    Je me demande pourquoi je paniquais autant ? 

    Pourquoi tout me semblait insurmontable ? 

    L’échange est lent, doux, on ne cherche pas à aller plus loin ou plus vite, mais l’envolée de papillons qui me traverse encore et encore est bien présente. First m’embrasse à plusieurs reprises avant de se reculer et nos yeux se croisent.

    Il a les joues roses, ses lèvres rouges et humides m’offrent un léger sourire alors que ses yeux pétillent. On reste un long moment à se regarder, enlacés dans une étreinte chaleureuse et douce. Finalement, on n’a pas besoin de se parler pour comprendre, pour savoir et pour accepter qu’à partir d’aujourd’hui tout sera semblable et pourtant différent.

     

    La musique est assourdissante quand First et moi entrons dans le bar où on est censés rejoindre nos amis. On se tient l’un à côté de l’autre, mais nos mains s’effleurent relativement souvent, comme si on avait besoin de ce contact pour s’assurer que ce que l’on ressent, ce que l’on veut, est pareil pour l’autre. Parm nous voit arriver de loin et son sourire s'élargit au fur et à mesure que l’on approche. 

    Je sens mes joues se mettre à chauffer alors qu’il nous regarde alternativement de bas en haut. Je ne suis pas prêt à me retrouver face à eux, à devoir avouer qu’ils avaient raison alors que moi, j’ai encore un peu de mal à réaliser ce qu’il se passe entre First et moi. Je m’arrête, fais un pas en arrière, mais ma retraite est rapidement coupée par le bras de celui qui jusqu’ici était mon meilleur ami. 

    — Khaotung, tout va bien ?

    Je m’humidifie les lèvres avant de jeter des regards inquiets vers notre groupe qui nous fixe maintenant et je baisse les yeux, gêné. 

    — Je ne sais pas. Ils vont se moquer, ils vont rire et… qu’est-ce qu’on est vraiment ? On n’en a pas vraiment parlé alors…

    Il me coupe brutalement en posant ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux aussitôt, la tension disparaissant presque totalement et j’entends à peine les sifflets de nos amis qui n’en loupent pas une miette. Ses mains sont placées sur mes joues alors que, timidement, je m’accroche à sa taille. Nos lèvres se séparent et il me force à m’approcher de lui, ce que je fais sans me faire prier, posant ma tête contre son épaule. 

    — Tu resteras mon meilleur ami pour toujours, mais tu es aussi beaucoup plus que ça.

     Sa main caresse doucement mes cheveux, mais avec ses mots, il a fini de me rassurer, je ne sais pas où on va tous les deux, mais tant que c’est ensemble, je suis sûr que tout ira bien. On se détache l’un de l’autre et il prend ma main en entrelaçant nos doigts. Je prends une profonde inspiration, prêt à faire face à nos amis. 

    — First… comment on va pouvoir payer ce voyage ?

    Je lui jette un coup d'œil et on éclate de rire alors que déjà je peux entendre nos amis commencer à faire des blagues de toutes sortes alors que l’on se rapproche d’eux.





  • Commentaires

    5
    Dimanche 17 Juillet 2022 à 10:03

    Coucou ! Merci beaucoup pour cette super histoire ! Je trouve qu'ils vont très bien ensemble et cette histoire est vraiment très douce et drôle ! 

    4
    Lundi 27 Juin 2022 à 20:23

    Encore une belle histoire, quand je lis que vous avez prévu une V2, j'ai hâte de la lire *o*

    Merci pour ce chapitre K ;0)

    • Voir les réponses
    3
    Dimanche 26 Décembre 2021 à 22:42

    Merci pr cet OS, trop choupi, je n'aurais jamais imaginé Khaotung et Mix ensemble mais en fait, ça le fait bien!!! wink2 J'ai rarement assez d'imagination pour bien shipper les gens, les 2 seuls que je shippe direct aisément c'est Tul et Singto ^^ Dès que je les vois ensemble sur Insta je fangirle, lol.

    Bisous, encore merci pour le calendrier et tout votre boulot <3

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