• J- Just Enough {Jaab & Ton}

    Just Enough
    Petit Mot De L'Auteur

    La lettre 'J' mettra en scène Jaab & Ton, les acteurs du drama Y Destiny. J'ai beaucoup aimé leur histoire dans la série et je voulais donc écrire un OS sur eux. J'espère qu'il vous plaira en tout cas

    Attention ! Cet OS contient un lime léger ^^

    Je n'ai aucun souvenir autre que ma mère et moi face au reste du monde. Dès ma plus tendre enfance, il n'y a eu qu'elle et pas de grand-parents, pas d'oncle, pas de cousine et surtout pas de père. L'idée de ne pas connaître mon père devrait être douloureuse, mais au fond, je ne ressens rien de particulier. Comment avoir mal pour quelque chose qui n'a pas d'existence.

    Ce père, ce n'est pas qu'il ne voulait pas de nous, au contraire, il m'attendait avec impatience. Seulement, le destin a voulu qu'il ne devienne que des traits flous sur de vieilles photographies et des souvenirs douloureux pour ma mère.

    C'est triste, mais pourtant jusqu'à maintenant,  je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un père. Pas jusqu'à ce matin-là, quand ma mère a décidé de tout m'avouer, de changer notre dynamique familiale et de me forcer à me rapprocher de ce garçon qui m'a détesté dès notre première rencontre.

    — Jaab, mon cœur. Tu veux bien venir ici un moment ? 

    Je soupire en entendant la voix de ma mère. Pourtant l'idée de ne pas lui obéir ne me traverse même pas l'esprit. Je quitte mon lit à regret avant de me rendre dans la cuisine en traînant des pieds.

    — Maman, je suis trop vieux pour ces surnoms maintenant. 

    Je souffle en m'affalant sur une chaise, posant mon coude sur la table et ma tête au creux de ma paume. 

    — Je serai toujours plus vieille alors j'ai le droit de te donner tous les surnoms que je veux.

    Elle me sermonne en me pointant avec une cuillère en bois.

    — Tu n'es pas vieille, ne dis pas de bêtises.

    Je lui fais mon plus beau sourire et ça marche pour la calmer puisqu'elle soupire en posant un bol de riz devant moi.

    — Mange, il faut que je te parle. 

    Elle redevient rapidement sérieuse et je sens la tension monter en moi. Alors qu'elle continue à s'activer dans la cuisine, moi je repasse en revu tout ce que j'ai fait et qui aurait pu me valoir une discussion. Et voir le nombre de choses qui me viennent en tête me donne à penser que je ne suis peut-être pas le fils idéal.

    J'ai eu une très mauvaise note en histoire. Je suis arrivé quatre fois en retard au lycée le mois dernier. Il y a cette histoire avec ce gars à la compétition d'athlétisme. J'ouvre soudain la bouche quand la dernière bêtise me vient en tête.

    — Maman je te jure que ce n'est pas de ma faute !

    Elle fronce les sourcils en me regardant.

    — Mais de quoi tu parles ?

    Elle m'observe, soupçonneuse, une cuillère en bois à la main. Merde ! J'avale difficilement ma salive, cherchant un échappatoire. Il y a deux jours, Ton, un membre du club d'athlétisme, celui qui est persuadé que je l'ai dénoncé pour tricherie, m'a pris à partie en plein milieu de la cafétéria. Je sais que contre lui je n'ai aucune chance s'il venait à vouloir se battre, j'ai alors fait la seule chose qui m'a paru censée sur le moment… lui renverser mon assiette sur la tête, ce qui a fini par déclencher une bataille générale de nourriture.

    — Hmmm… toi de quoi tu veux parler ?

    Je tente de faire diversion, de noyer le poisson en croisant les doigts pour que ça marche. Elle m'observe un moment en silence avant de me rejoindre à table, s'installant en face de moi. Elle semble soudain nerveuse et je me mordille les lèvres d'appréhension.

    — Jaab… je sais que toi et moi, on a toujours été que tous les deux.

    Elle joue avec ses doigts et je suis complètement largué quand je me rends compte qu'elle commence à rougir. "Il y a quelques semaines, j'ai rencontré quelqu'un… je ne sais pas si ce sera vraiment sérieux, mais…"

    — Maman…

    Je pose ma main sur les siennes pour la calmer. 

    — Tu n'as pas besoin de ma permission, si tu te sens bien… moi ça me va.

    Je suis content pour ma mère, elle mérite d'être heureuse. Si, pour le moment, on est une famille, un jour je partirai de la maison et savoir qu'elle sera seule me rend triste. Alors jamais je ne pourrais m'opposer à la voir heureuse.

    Je mange rapidement le petit déjeuner qu'elle a préparé. Je vais finir par être en retard en cours. Certes, c'est bientôt les vacances, mais je crois que j'ai fait assez de bêtises comme ça pour au moins les trois prochains mois. Je me lève après avoir avalé ma dernière cuillère de riz. Ma mère est en train de manger tranquillement pendant que je m'active.

    — J'y vais maman, bonne journée. 

    Je la salue alors que je suis sur le point de partir. Le même rituel chaque matin.

    — Bonne journée mon cœur. Ah au fait…

    Je me fige, la porte ouverte, pour me tourner vers elle, mais elle continue de manger comme si de rien n'était. 

    — Tu es privé de sorties pour au moins quinze jours. Pas besoin que je t'explique pourquoi.

    — Euh ouais… désolée maman. 

    J'aurais dû m'en douter… Ma mère, je ne peux jamais rien lui cacher. Elle finit toujours par savoir et c'est pareil avec ce que je ressens, elle sait même parfois avant moi ce que j'ai en tête et parfois c'en est presque effrayant. 

     

    — Ta mère est vraiment cool… ma mère m'aurait sûrement écharpé vivant si j'avais créé un chantier pareil au lycée.

    Je remonte le couloir pour sortir du lycée en écoutant Win commenter la réaction de ma mère. On se rend tous les deux vers le club d'athlétisme sans vraiment se presser, la journée de cours a été assez fatigante comme ça et, connaissant le coach, on sera sur les rotules quand il en aura fini avec nous.

    — Ma mère est vraiment cool, mais crois-moi, mieux vaut ne pas la pousser à bout. 

    J'éclate de rire en repensant à toutes les fois où elle s'est transformée en dragon. Pourtant mon rire s'interrompt brusquement quand une force soudain s'abat contre mon épaule, faisant voler mon sac et manquant de me faire tomber. Je me retourne aussitôt, en colère, pour faire face à celui qui depuis des semaines cherche le moindre prétexte pour faire de ma vie un enfer. 

    — Mais c'est quoi ton problème, bordel. 

    Je lui aboie après alors que c'est plutôt rare chez moi. Ton me dépasse de plusieurs centimètres, mais il semble tellement imposant quand son regard me scrute que je me sens tout petit par rapport à lui. Encore plus quand il s'approche de moi, nos fronts se touchent presque et son regard lance des éclairs.

    — C'est toi mon problème… je vais te faire payer ce que tu as fait…

    Sa voix est basse, dure et j’ai du mal à avaler ma salive.

    — Je t’ai déjà dit que je n’ai rien fait.

    Je tente de répondre d’une manière ferme, seulement ma voix tremble. Il me pousse une nouvelle fois, je n'entends même plus nos amis tenter de calmer les choses. Depuis des semaines, il m'accuse d'être responsable de sa disqualification, mais aussi de son interdiction de concourir lors des trois prochaines compétitions.

    Je pose mes mains sur son torse, le repoussant de toutes mes forces, rêvant de le voir s'étaler par terre. Seulement, il se rattrape en saisissant le col de ma chemise et je vois son poing levé du coin de l'œil.

    — Qu'est-ce qui se passe ici ?

    La voix grave et tonitruante de notre coach résonne dans le couloir. 

    — Saran ! Tu n'as pas assez d'ennui comme ça ? Tu veux te faire virer de l'équipe.

    Il n'y a plus un bruit dans le couloir mis à part le son de nos respirations à tous les deux. On ne se quitte pas du regard, prêts à reprendre les hostilités au moindre signe de l'autre. Ton me rapproche encore plus de lui, nos lèvres sont tellement proches que l'on pourrait s'embrasser sans effort.

    — Le coach ne sera pas toujours là pour te sauver la mise.

    Il murmure, menaçant, avant de me repousser avec brusquerie pour faire face au coach.

    — Quinze tours de piste devraient te remettre les idées au clair. Dépêche-toi.

    Le coach annonce sa sentence sans sourciller et sans imaginer que l'on puisse parlementer. 

    — Phumisit, dix tours de piste.

    — Oui coach. 

    On répond d'une seule voix avant de se mettre en route pour rejoindre les vestiaires et effectuer notre punition.

     

    Ce genre de scène a continué jusqu'à l'arrivée des vacances. Heureusement maintenant je vais passer plusieurs semaines sans le voir et j'en suis ravi. Lors d'un évènement sportif, Ton a été pris en train de tricher et il a été sévèrement puni. Je ne sais pas pourquoi, il s'est persuadé que je suis le responsable.

    Je fais vivement claquer ma langue contre mon palais quand je me rends compte que je suis encore en train de penser à lui. Seulement la situation est ridicule, on s'entendait plutôt bien ensemble, on s'était même entraîné quelquefois juste tous les deux et on s'était bien amusé. 

    — Merde Jaab… arrête d'y penser. 

    Je me redresse brusquement dans mon lit en soupirant. Il est encore tôt, trop tôt pour un matin de vacances, mais je dois me rendre à l'évidence, je ne pourrai pas me rendormir.

    Toc, toc.

    — Jaab, mon chéri je peux entrer ?

    La voix de ma mère, étouffée par le bois de la porte, me parvient.

    — Bien sûr.

    J'ai à peine répondu que ma mère pousse la porte pour apparaître dans son uniforme de travail. Elle est infirmière et passe parfois plus de temps à l'hôpital qu'à la maison, mais je ne m'en plains pas. Elle n'entre pas dans la chambre, restant sur le pas de la porte en observant la pièce.

    — Tu te souviens de cet homme dont je t'ai parlé il y a quelque temps ?

    Il me faut un instant pour comprendre de qui elle me parle avant de hocher la tête. 

    — Je voudrais te le présenter, il vient dîner ce soir avec son fils. Alors s'il te plaît rends-toi présentable et range ta chambre.

    — Promis maman.

    La promesse n'est pas difficile à faire, je suis curieux de rencontrer celui qui lui donne le sourire en ce moment. Elle me salue une dernière fois rapidement avant de refermer la porte. J'observe ma chambre qui mérite un sacré coup de nettoyage avant de regarder à nouveau mon réveil. Je me laisse retomber dans mon lit, m'enroulant dans ma couverture.

    Il est trop tôt, j'ai encore beaucoup de temps avant qu'ils n'arrivent, je peux largement me rendormir un petit peu, pour être sûr d'être au meilleur de ma forme pour accueillir ce qui pourrait potentiellement devenir ma nouvelle famille.

    Évidemment, à penser que j'avais tout le temps, j'ai fini par en manquer. J'ai à peine le temps de finir de prendre ma douche que j'entends ma mère m'appeler et me demander de descendre. 

    J'entends du bruit provenant de la cuisine, une voix qui ne me semble pas si inconnue que ça, puis l'éclat de rire de ma mère.  Grâce à ce son, j'entre dans la pièce avec un petit sourire sur les lèvres. Juste avant de lever les yeux et de me figer, ahuri. Je pensais vraiment que j'allais apprécier ces personnes, capables de faire rire ma mère.

    — Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui !

    Je m'exclame avant même d'avoir pris le temps de réfléchir. Aussitôt, trois paires d'yeux se tournent vers moi, dont l'une d'elle qui s'embrase de colère quand elle me voit. Pourquoi parmi toutes les personnes vivant dans ce pays, il a fallu que ma mère et son père se fréquentent. Ton, celui qui est devenu mon pire ennemi se tient juste en face de moi.

    — Jaab !

    L'exclamation outrée de ma mère, me ramène à la réalité et je tourne la tête vers elle, penaud. 

    — Mais enfin, qu'est-ce qui te prend. Excuse-toi tout de suite.

    Je gonfle mes joues pour bien montrer ce que je pense de son ordre. Je regarde fixement Ton, le regard mauvais. 

    — Désolé.

    Ton fait un pas en avant, prêt à en découdre, mais son père pose sa main sur l'épaule de celui que je déteste pour le stopper.

    — Ne commence pas à me faire honte… tu en as assez fait comme ça.

    L'ambiance est des plus tendues et je ne veux qu'une chose, qu'il quitte ma maison et tout de suite. Seulement, quand je tourne la tête pour le faire comprendre à ma mère, je sens une boule se former dans ma gorge.

    Elle fixe le père de Ton d'un air doux et en même temps, elle semble hésiter en voyant comment Ton et moi on s'est accueillis. Je me suis promis de tout faire pour la voir heureuse, même si cela veut dire supporter cet idiot toute une soirée. 

    — Je suis désolé, Ton. Soyez les bienvenus. 

    Je reprends la parole sur un ton plus calme. Nos parents se détendent aussitôt et Ton me fixe d'un drôle d'air, ne sachant pas vraiment comment il doit réagir. Il finit par simplement faire un petit signe de tête dans ma direction.

    — Ok… alors… mettons-nous à table.

    Ma mère hésite un peu, encore décontenancée par ce qui vient de se passer. Le repas est un peu étrange, ma mère discute sans s'arrêter avec le père de Ton. C'est comme s'ils avaient oublié notre présence et étaient plongés dans leur propre bulle. 

    Ton et moi, on est assis l'un en face de l'autre, on touche à peine à notre nourriture et on ne se quitte pas des yeux. La colère est toujours présente dans son regard et ses doigts sont blanchis tellement il serre sa cuillère.

    — Les enfants, je sais que tout ça peut paraître assez soudain. 

    Je sursaute quand le père de Ton prend la parole et quand je les regarde, il a la main posée sur celle de ma mère. 

    — Jaab, j'aime vraiment beaucoup ta mère et j'aimerais… construire quelque chose avec elle.

    Je reste figé, en jetant des coups d'œil fréquents à Ton. J'ai un peu peur de comprendre ce vers quoi cette conversation est en train de nous emmener.

    — Le lycée nous a mis au courant. On sait que votre relation n'est pas… facile. 

    Maman est relativement sérieuse et je le sens vraiment mal. Je voudrais me lever et leur expliquer que tout est de sa faute. Que c'est lui qui m'agresse tout le temps et que moi je suis juste innocent dans l'histoire.

    — On en a discuté tous les deux et on a pris une décision qui selon nous est la meilleure.

    Je tourne la tête vers le père de Ton, de moins en moins rassuré. 

    — Dès ce soir, on va vivre tous les quatre ici. Ce sera une sorte de test pour s'assurer que l'on peut construire quelque chose de sérieux ensemble.

    Ma mère reprend et même si son regard plein d'amour pour lui me fait plaisir, l'horreur de la situation m'empêche de me réjouir.

    — Ce sera aussi l'occasion pour vous deux, de mieux vous connaître et de régler vos différends une bonne fois pour toute. 

    Terminé son père dans une belle harmonie de couple. J'ai dû mal entendre, c'est impossible qu'ils aient annoncé que pendant plusieurs semaines, je vais devoir partager ma maison avec Ton. Lui et moi on se regarde une seconde puis soudain je me lève alors qu'une chose terrible me traverse l'esprit.

    — Mais où est-ce qu'il va dormir ?

    Je pointe Ton du doigt en ayant peur de la réponse.

    — Dans ta chambre, il n'y a pas d'autres chambres tu le sais. 

    Maman ne me regarde pas, elle sait que le sujet va être délicat et c'est trop pour moi. Je quitte la table ignorant les appels de ma mère et monte les escaliers en tapant des pieds. Comment je vais survivre en ayant ce mec dans ma chambre ? Je claque la porte suffisamment fort pour bien faire comprendre mon désaccord à ma mère. Je me laisse tomber sur mon lit et observe le plafond blanc sans vraiment le voir.

    J'avais hâte de rencontrer ce père hypothétique, j'aurais pu être heureux d'avoir un frère ou une sœur. Pourquoi le destin s'acharne contre moi de cette manière. Ton va sûrement chercher à me tuer dans mon sommeil, ma vie est en danger maintenant. Je grogne, c'est con, mais j'aimerais vraiment comprendre pourquoi il est persuadé que je suis celui qui l'a piégé. Je réfléchis longuement et pense même à appeler Win au secours, mais jamais ma mère ne m'autorisera à aller passer mes vacances chez lui.

    — Ça y est, tu as fini de jouer au bébé ? Tu faisais moins de manières quand il s'agissait de ruiner ma vie. 

    Une voix s'élève près de la porte et me fait sursauter. Je m'assois sur le lit et il est là, dans l'encadrement de la porte, un air suffisant sur le visage et je me demande cette fois, comment j'ai fait pour l'apprécier dans le passé.

    — Tu me fatigues… Toi tu es un abruti borné. 

    Je le regarde de haut en bas et grimace quand je note le sac qu'il tient à bout de bras. 

    — Il y a une couverture et un oreiller dans le placard, tu verras le sol de ma chambre est très confortable.

    Hors de question qu'il ne dorme dans mon lit. Sans attendre, sans plus faire attention à lui, je me mets en caleçon et me glisse confortablement sous ma couverture. Savourant le moelleux du matelas. Je sais que je ne vais pas dormir tout de suite, d'ailleurs je l'entends bouger dans ma chambre et j'ai un sourire satisfait en l'imaginant s'installant à même le sol. C'est pourquoi quand, quelques minutes plus tard, je sens le matelas s'affaisser à ma droite, j'ouvre brusquement les yeux en me redressant.

    — Mais qu'est-ce que tu fais ?

    Je m'écris alors que je le découvre comme moi en caleçon, prêt à dormir.

    — Tu croyais vraiment que j'allais dormir par terre.

    Il se moque clairement de moi en répondant avec son petit sourire en coin.

    — Sors de mon lit, je ne veux pas le partager avec un enfoiré comme toi.

    Je tente de me montrer menaçant. Mais, au contraire, je le fais rire et il s'installe confortablement pour bien me faire comprendre qu'il s'en fiche complètement de ce que je peux vouloir.

    Je me mets à genoux, bien décidé à le faire sortir coûte que coûte de ce lit. Je pose mes mains sur son épaule et sa hanche et je pousse d'un coup brusque et avec toute la force que je possède. Un instant, je pense que je vais réussir, je le sens basculer. Ce que je n'avais pas prévu c'est qu'il tente de se rattraper à la première chose venue, c'est à dire… moi.

    Je pousse un grognement de douleur quand mon flanc entre en contact avec le plancher. Seulement, je n'ai pas le temps de me remettre qu'il me fait rouler sur le dos et s'assoit rudement sur mes hanches.

    — Mais c'est quoi ton problème avec moi exactement ?

    Sa voix est tellement basse que je l'entends à peine. Je ne veux pas lui parler, je tente de me redresser en basculant des hanches pour le faire descendre, mais c'est sans effort qu'il m'attrappe les poignets et me recolle de force au sol.

    On se regarde droit dans les yeux pendant un long moment, le souffle court. Je suis dans une situation de faiblesse, il pourrait me faire du mal, se venger de ce qu'il est persuadé que je lui ai fait.

    A la place, il me fixe longuement, sa langue glisse lentement entre ses lèvres, les humidifiant. Je ne pense même pas à me débattre, je suis hypnotisé par son regard. Je serais incapable de dire à quoi il pense à cette seconde, mais une sensation étrange prend naissance dans ma poitrine. Sensation qui grandit et semble vouloir me dévorer alors qu'il se penche vers moi. Il a toujours cette expression étrange et je peux sentir mon cœur bondir dans ma poitrine.

    — Jaab… pourquoi tu m'as trahi ?

    Sa voix est mélancolique alors qu'il me pose la question pour la première fois. Je ne sais pas ce qu'il va faire, m'embrasser, me frapper ou… je me sens rougir alors que de drôles de pensées envahissent mon esprit.

    — Je… je te l'ai déjà dit… je ne t'ai jamais trahi. 

    Je murmure ma réponse, je veux régler cette histoire, mais pas maintenant, pas dans cette position et avec ces idées. 

    — Ton, tu me fais mal.

    Si le début de ma réponse a assombri son visage, ses yeux s'écarquillent soudain et lui aussi semble se rendre compte de notre position. De nos bassins collés l'un à l'autre, de nos visages si proches. Il ne lui faut qu'une demi seconde pour se relever avant de sauter dans le lit et se cacher sous la couverture.

    Sauf que cette fois-ci, il ne me viendrait pas à l'idée de lui dire de partir. Je ne suis même pas sûr de réussir à parler, je suis déjà incapable de bouger. Je sens encore sa présence sur moi, son emprise sur mes poignets et il me faut quelques minutes pour me ressaisir. 

    Je finis par réussir à me relever, tremblant, j'ai le visage en feu quand je me glisse sous la couverture, le plus loin possible de lui. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer et ce qui m'est passé par la tête, mais je suis persuadé d'une chose. Pour ma santé mentale, je ferais mieux de l'éviter au maximum.

     

    Cela fait une semaine que Ton et son père ont emménagé à la maison. Une semaine que l'on se fuit comme la peste. Le matin, je quitte la maison le plus tôt possible et je vais traîner avec Win ou bien seul. De toute façon, tout est mieux que de rester enfermé avec Ton.

    Depuis ce premier soir, il a toujours une manière étrange de me regarder. Si j'y retrouve parfaitement la colère sur ses traits, le reste m'est inconnu, mais je ne sais qu'une chose, quand il me regarde de cette manière, je me sens tout drôle.

    Je ne rentre que le soir, au moment du dîner, sous le regard plein de reproches de ma mère que j'ignore. Le repas est aussi étrange que le premier soir. Nos parents font la conversation, nous on se contente de répondre à leurs questions de la manière la plus succincte possible. 

    Dès le repas terminé, je me douche et rejoins mon lit. Comme chaque soir, je m'installe le plus au bord du matelas, essayant de me faire le plus petit possible et je reste de longues heures les yeux ouverts, bien trop conscient de sa présence derrière moi. 

    Lui fait la même chose, il y a un vide intersidéral au milieu de mon lit. Malheureusement, il est comblé au milieu de la nuit, puisque invariablement on s'y retrouve dans notre sommeil et chaque matin, on se réveille dans les bras l'un de l'autre.

    Le premier matin, on s'est violemment repoussé en s'insultant copieusement. Le lendemain on s'est repoussé en grognant, mais depuis on se détache moins vite. J'ai l'impression de commencer à apprécier sentir la chaleur de ses bras autour de moi. Je me surprends à frotter mon nez contre sa peau en respirant son odeur. Et surtout, l'excitation.  C'est normal pour un adolescent d'être excité, mais… je ne sais pas si c'est normal que ce soit lui qui m'excite comme ça.

    Voilà toutes les raisons qui font que l'on ne doit pas rester proche. La situation est assez embarrassante pour en plus avouer que les regards noirs qu'il me jette ne me font plus du tout le même effet qu'avant.

    Les yeux encore fermés, l'esprit encore embrumé par le sommeil, je me réveille en ce nouveau matin où je vais devoir fuir la maison. Pourtant une fois encore, me lever devient de plus en plus difficile, je ne bouge pas d'un pouce, oubliant le frisson qui remonte le long de ma colonne vertébrale quand son souffle chaud s'échoue sur ma nuque.

    Il se tient derrière moi, ses bras m'entourant dans une étreinte serrée me servant d'oreiller. Je suis bien, je n'arrive même pas à me questionner sur le fait que ce n'est pas normal de ressentir ça. Enfin, ça c'est avant que mes yeux ne s'ouvrent brusquement et que mon corps ne se raidisse brusquement. 

    Contre mes fesses je peux nettement sentir son sexe dressé et dur. J'avale difficilement ma salive et tente de discrètement bouger pour que l'on ne soit plus en contact. Seulement, d'un geste inconscient, il me rapproche de lui, son bassin cogne contre mes fesses et j'entends clairement le petit gémissement de plaisir sortir d'entre ses lèvres.

    Je panique totalement, sans réfléchir, je frappe durement son tibia avec mon talon. La douleur le réveille et je peux m'extraire de ses bras. Je quitte précipitamment le lit alors qu'il grogne de douleur cette fois, sans comprendre ce qu'il vient de se passer.

    — Pervers ! 

    C'est la seule chose que je peux dire avant de m'enfermer dans ma salle de bain qui jouxte ma chambre.

    Je m'appuie contre la porte, le souffle court. Qu'est-ce qui me prend, bon sang. Ce mec me déteste et même s'il se tient et ne me provoque pas parce que nos parents sont là, il m'en veut, il veut se venger et…

    Je baisse les yeux vers le bas de mon corps avant de cogner ma tête contre le bois de la porte en grimaçant. Je sais tout ça, je devrais aussi le détester car j'ai eu des problèmes à cause de lui, alors… pourquoi est-ce qu'il m'excite comme ça. C'est peut-être moi le pervers finalement.

    Je ressors de la salle de bain un long moment plus tard et je suis surpris de voir Ton assis au bord du lit, un papier entre les mains, les sourcils froncés. 

    — Qu'est-ce que tu fais encore là ? 

    Je suis un peu agressif, mais habituellement, il descend déjeuner pendant que je me douche. 

    — Nos parents ont décidé qu'ils en avaient marre que l'on s'évite. 

    Il me tend un papier avant de faire un petit sourire en coin. 

    — On est assigné à résidence.

    — Quoi ?! 

    Je ne comprends rien, alors je lis le papier avec attention avant de blanchir. 

    — Ils ont perdu la tête.

    Je me dirige sans réfléchir vers la porte et frappe dessus à coups de poing. 

    — MAMAN ! MAMAN CE N'EST PAS DROLE. OUVRE LA PORTE !

    J'aurais sûrement pu rester là à frapper à la porte en hurlant jusqu'à m'épuiser, mais mon téléphone retentit, je reçois plusieurs notifications m'indiquant que je reçois des messages. Win, je vais contacter Win et il va venir me sortir de cet enfer. Je déverrouille mon téléphone et m'étouffe avec ma salive.

    Maman : Arrête de faire autant de bruit, les voisins vont se plaindre.

    Maman : Et ne pense pas appeler Win… il ne t'aidera pas.

    Maman : Règle les choses avec Ton. On rentre en fin de journée. Bisous, je t'aime.

    On nage en plein délire, alors que j'entends la porte d'entrée claquer. Je sens une bouffée de colère me saisir à la gorge. Je me retourne vers Ton qui semble des plus serein alors qu'il fouille dans un panier.

    — Tout ça c'est de ta faute. Tu es vraiment un enfoiré jusqu'au bout. 

    J'explose littéralement en serrant mon téléphone tellement fort dans ma main que je m'en fais mal. Il tourne la tête vers moi et je sais que le statu-quo vient de voler en éclat alors qu'il repose brusquement le panier, un éclat froid et meurtrier dans le regard.

    C'est toi qui te barre toute la journée pour aller faire je ne sais pas quoi avec je ne sais qui. 

    Il se lève brusquement et je suis content que plusieurs mètres ne nous séparent actuellement.

    — Parce qu'être dehors est toujours mieux qu'être avec un mec qui m'en veut alors que je n'ai rien fait de mal, mais qui est trop stupide pour s'en rendre compte.

    Si ma mère pensait qu'il faudrait la journée pour que les choses se règlent, elle s'est trompé. Il n'aura fallu presque rien, pour que la colère,  la rancœur, l'incompréhension et la douleur ne rejaillissent.

    — Tu as ruiné tous mes projets, tu as ruiné ma relation avec mon père et tu te fais passer pour la victime." 

    Sa voix gronde et je me mets à trembler. Les quelques mètres qui m'avaient paru salutaire disparaissent rapidement quand il me rejoint en quelques enjambées, saisit mon col et me cogne brusquement contre la porte.

    — Je n'y suis pour rien… pourquoi tu ne veux pas me croire ? Tu t'es fait prendre en train de tricher, tu as été un lâche qui a cherché la facilité. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. 

    J'ai peur, mais la colère fait que ma voix gronde au lieu de trembler.

    — Je n'ai jamais triché, j'ai mérité chacune de mes médailles et chacun de mes records. Tu as tout gâché, pourquoi tu as menti à ce juge… je croyais que l'on s'entendait bien. 

    C'est sa voix qui flanche le premier et se met à trembler alors que ses yeux s'humidifient dangereusement. Je ne réponds pas tout de suite, si se hurler dessus fait du bien, ça ne fait absolument pas avancer le problème. Ces mains tiennent toujours mon col, mes mains sont posées sur ses avant bras et on se fixe droit dans les yeux.

    Pourquoi tu penses que c'est moi qui ai parlé au juge ?" Ma voix est plus calme, j'essaie de reprendre le contrôle. De comprendre ce qui s'est passé ce jour-là pour que tout dérape d'un coup.

    — Je t'ai vu. Tu marchais avec lui près du stade en discutant avec et… et… tu lui as donné une clé USB.

    Même s'il est plus calme, son ton est froid et dur. Je ne comprends pas ce qu'il raconte puis soudain mon expression s'illumine et mes yeux s'agrandissent. Je secoue la tête à plusieurs reprises avant de prendre son visage entre mes mains.

    — Je lui ai parlé, mais je te le jure, ce n'est pas ce que tu crois. 

    Je m'humidifie rapidement les lèvres. Je dois lui raconter la vérité, car maintenant je comprends pourquoi il a pu se méprendre. 

    — Le juge Apiwat était le meilleur ami de mon père.

    Il se détend légèrement en fronçant les sourcils et j'en profite pour le faire reculer. Finalement, on se retrouve assis tous les deux au sol, le dos appuyé contre le lit. Le silence s'est installé entre nous depuis un moment, mais je dois me lancer et lui parler plus de moi si je veux qu'il me croit.

    — Mes parents se sont rencontrés à l'université. Mon père se destinait à une carrière sportive et leur rencontre a été un cliché. Elle a été entraînée par des amis à une compétition sportive, ils se sont croisés et ne se sont plus quittés.

    J'ai un petit sourire en coin, maman m'a tellement raconté leur histoire que j'ai l'impression d'y avoir assisté. Je prends une petite bouteille d'eau avant d'en boire une longue gorgée. Ton ne bouge pas, il est silencieux et fixe ses mains.

    — Maman est rapidement tombée enceinte et ils prévoyaient de se marier, de fonder une famille même s'ils étaient encore étudiants.

    Ma gorge se serre, comme à chaque fois que j'en arrive à cette partie. Alors quand Ton attrape doucement ma main pour la serrer dans la sienne, je tressaille en les fixant, mais j'apprécie le soutien et la chaleur que ça m'apporte alors je serre la sienne en retour.

    — Mon père avait une dernière compétition, maman était enceinte de quatre mois et… il a eu un AVC. Les médecins n'ont rien pu faire, mes grands-parents paternels n'ont jamais accepté l'idée que leur fils ait mis une fille enceinte. Mes grand-parents maternels n'ont jamais accepté l'idée que leur fille unique soit une traînée et l'ont mise à la rue.

    Mon ton se refroidit de plus en plus car ce passage-là, ce n'est pas ma mère qui me l'a raconté, mais Pon qui nous a sauvé tous les deux.

    — Pon était son meilleur ami, son coéquipier et il m'a toujours dit qu'ils se voyaient plus comme des frères qu'autre chose. Il n'a jamais quitté ma mère, il lui a même proposé de devenir mon père pour éviter qu'elle ne soit jugée par la société. Elle a refusé pour ne pas lui gâcher la vie, mais il a toujours été présent pour nous.

    Je finis par me taire un instant pour reprendre mon souffle. La seule personne au courant de mon histoire c'est Win. Alors en parler à celui qui me montrent tant de haine depuis des semaines est un peu déroutant. Je tourne la tête pour le regarder et je suis surpris de remarquer qu'il me fixe déjà, que son visage se rapproche de moi.

    — Et la clé USB ?

    Il parle d'une voix calme, mais je sens qu'il attend mon explication avec impatience.

    — Sa maison a brûlé et il a perdu toutes les photos qu'il avait de mon père à l'époque. Ma mère m'avait demandé de lui donner celles qu'elle avait.

    J'ai à peine fini ma phrase qu'il m'attire dans ses bras. Sa main est posée sur ma nuque et m'empêche de reculer. Timidement, je passe mes bras autour de sa taille et lui rends son étreinte. Une sensation d'apaisement me saisit et je me rends compte de combien l'avoir en ennemi me pesait énormément.

    — Je suis désolé.

    Il murmure à mon oreille et je me contente de hocher la tête. On reste un long moment comme ça, dans les bras l'un de l'autre. Sa main caresse lentement ma nuque, déclenchant des fourmillements dans mon corps. 

    — Ton… pourquoi ton père est-il si en colère après toi ?

    Je prends le risque de l'énerver en lui demandant, mais je suis curieux. Il pousse un long soupir et relâche son étreinte, mais je ne veux pas m'éloigner alors je pose ma tête contre son épaule.

    — C'est moins tragique que ton histoire de famille. C'est même pathétique. Ma mère était aussi une athlète, elle n'a pas vu mon arrivée comme une bénédiction, mais comme un frein à sa carrière. J'avais deux ans quand elle a fait son choix et comme tu t'en doutes, elle n'a pas choisi sa famille.

    Il parle d'un ton léger, mais je ressens la douleur dans le fond de sa voix.

    — Je n'ai presque aucun souvenir de ma mère, la seule chose que je sais d'elle, je l'ai découvert dans les médias. J'ai voulu rejoindre le club d'athlétisme et je me suis donné à fond en espérant qu'un jour, elle me remarque.

    Je ne peux pas m'empêcher de le serrer un peu plus fort contre moi. 

    — Mon père était contre, il ne veut plus entendre parler de sport et le fait que j'ai soi-disant triché, que je perds mes chances d'entrer dans une bonne université… il est en colère et déçu de moi.

    Je ne réfléchis pas, je veux juste lui apporter du réconfort comme il l'a fait pour moi un peu plus tôt. Je pose ma main sur sa joue, l'attire vers moi et pose mes lèvres sur sa joue, enfin presque au coin de ses lèvres. Je peux sentir tout son corps se raidir contre moi.

    Sa main se pose sur la mienne et mon cœur accélère quand il tourne la tête pour me regarder. Je n'explique pas ce que je ressens, ni ce qui me passe par la tête. Je sais juste que quand son visage comble l'espace entre nous et qu'il m'embrasse, je n'ai aucune envie de le repousser.

    Sa main serre la mienne avec tendresse alors que sa bouche bouge lentement contre la mienne. C'est doux, tendre et je ne me sens même pas maladroit alors qu'il m'offre un premier baiser qui est loin de me rebuter.

    J'entrouvre la bouche, complètement perdu dans les sensations. Je sors la pointe de ma langue et c'est une véritable décharge électrique qui parcourt mon corps quand la sienne vient effleurer la mienne.

    Je sursaute et recule un peu, nous ramenant tous les deux au présent. On s'observe un instant avant que la gêne ne prenne le dessus. On se recule en même temps, je me passe la main dans les cheveux et lui s'éclaircit la gorge.

    L'incident a eu lieu il y a plus d'une heure et aucun de nous n'a repris la parole depuis. Ce n'est pas de la gêne qui flotte dans l'air, c'est autre chose, mais je serais bien incapable d'expliquer quoi.

    Ce baiser était… délicieux et tout mon corps m'en réclame un nouveau comme si c'était une douceur à consommer sans modération. Seulement, c'est ridicule, impossible. On ne s'aime pas, on ne s'est jamais vu de cette manière et jusqu'à il y a peu, il pensait que j'étais le responsable de tous ses problèmes.

    Je tourne la tête vers lui, mon regard est aussitôt attiré par ses lèvres, avant qu'il ne s'égare sur son corps alors qu'il est allongé sur mon lit en train de lire. Je me retourne brusquement vers mon cahier de révision, posant mes mains à plat sur mon bureau.

    Je n'ai pas le droit de penser ça, je dois continuer à le voir comme un ami, un frère potentiel et non comme un homme qui pourrait déclencher ce genre de sensations en moi.

    — A quoi tu penses ?

    Sa voix s'élève soudain, me faisant sursauter. Je dois rapidement me creuser la tête pour trouver une meilleure réponse que, je pense à tes lèvres sur les miennes et à tes mains sur mon corps… non ça jamais il ne doit savoir que je pense à ce genre de chose.

    — Si ce n'est pas moi… alors qui a fait ça et pourquoi ?

    Je remercie intérieurement mon cerveau d'avoir réussi à connecter deux neurones pour réussir à me sauver la face. Ton pose son livre sur ses cuisses et se mordille la lèvre inférieure un moment avant de soupirer lourdement.

    — Je ne sais pas, j'y réfléchis depuis tout à l'heure et je ne comprends pas.

    Je quitte le bureau avant de venir sauter à genoux sur le lit juste à côté de lui. Je lui fais un petit sourire en coin malicieux.

    — Alors, découvrons-le ensemble.

    Dans ma tête, je cherche déjà comment démasquer celui qui l'a piégé et cela passe par avoir une conversation avec Pon qui sera le plus à même de découvrir la vérité.

     

    J'avais espéré pouvoir lui apporter une réponse rapidement de la part de celui que j'avais fini par considérer comme mon oncle. Malheureusement, il était occupé avec plusieurs championnats et ne pourrait nous rencontrer que quinze jours plus tard.

    En attendant, nos parents étaient heureux de nous voir en meilleurs termes, de faire des choses ensemble. Je lui ai présenté Win et j'ai été heureux de les voir si bien s'entendre. Lui m’a présenté Torn, son meilleur ami, et même si j'ai essayé de briser la glace, je suis resté relativement timide et lui assez froid.

    On n'a jamais reparlé de ce baiser et j'ai essayé de ne plus y penser, mais il revient sans cesse la nuit dans mes rêves où mon esprit me joue une scène bien plus osée et qui me laisse toujours pantelant dans ses bras.

    Car s'il y a bien une chose qui n'a pas changé c'est que chaque matin on se réveille dans les bras l'un de l'autre et que cela donne lieu à des situations aussi gênantes que extatiques.

    Je tente vraiment de le voir simplement comme un ami, comme un frère, mais je me mens et la façon dont lui me regarde ne me donne pas l'impression de me voir de manière fraternelle.

    — C'est moi qui devrait être nerveux. 

    Son souffle glisse sur mon oreille et je frissonne. J'ouvre un œil alors que l'on se réveille dans ce qui est devenu ma position préférée. Son bras me sert d'oreiller et il m'enveloppe complètement. Il dépose un baiser juste derrière mon oreille et je me mords la lèvre fortement pour rester immobile. 

    Non, je ne pourrai pas le considérer comme mon frère, pas quand il me fait ressentir ce genre de choses. Je me retourne lentement dans ses bras pour lui faire face. Aujourd'hui est enfin le grand jour et je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur pour lui selon ce que l'on va apprendre.

    — Qu'est-ce que tu vas faire une fois que tu sauras ?

    C'est ce qui me fait le plus peur finalement.

    — Je ne sais pas, j'espère toujours que c'est juste une mauvaise blague. 

    Il soupire longuement, déprimé. 

    Je ne sais pas ce qui me prend, mais je dépose un baiser rapide sur ses lèvres. Je me retrouve à rougir, mais cette fois je ne détourne pas le regard, je ne fuis pas.

    — En tout cas, je serai toujours là pour toi. 

    Je sais que ma phrase est à double sens, mais au fond j'assume de plus en plus ce qu'il me fait ressentir.

    — Alors, je ne te laisserai plus jamais t'éloigner de moi.

    Il me vole à son tour un baiser et je sais qu'à cet instant on ne parle plus de notre rencontre avec Pon, mais de nous, de notre relation et mon cœur s'emballe. On se retrouve dans un café quelques heures plus tard, Ton tente de faire bonne figure, mais son genou s'agite comme s'il était sur un trampoline. Discrètement, je pose ma main dessus et petit à petit il se calme, jusqu'à l'arrêter complètement.

    Avant que je ne puisse enlever ma main, il la prend dans la sienne et entrelace nos doigts. Je tente de ne rien montrer de mon trouble alors que Pon me donne de ses nouvelles.

    — Enfin, vous n'êtes pas là pour écouter mes histoires, pas vrai ? 

    Il me fait un petit sourire avant de sortir plusieurs feuilles de son sac. 

    — Je pourrais avoir de gros ennuis à vous montrer ça et même si tu connais le nom, tu ne pourras sûrement pas faire appel de la décision du comité. Tu comprends bien ça ?

    Il s'adresse à Ton qui se tend, il réfléchit un instant. Il lui laisse l'opportunité de vivre dans l'ignorance ou bien de savoir qui lui a fait ça, mais sans pouvoir rien faire.

    — Je comprends monsieur, mais je dois le savoir.

    Son regard est déterminé, sa main ferme et il se redresse pour prouver qu'il est prêt à tout entendre. Pon fait glisser plusieurs feuilles vers lui. Ce sont des copies d'ordonnances, ainsi qu'une attestation d'un médecin.

    — Ce sont les preuves qui ont été portées au dossier d'accusation. Ce médecin qui certifie t'avoir fait les injections, ainsi que toutes les ordonnances remontant à plusieurs mois.

    Pon expose les faits froidement, mais d'une voix douce et calme. Si Ton ne semble pas surpris, moi j'ai des yeux ronds comme des soucoupes. Je me doute qu'il a vu tous ses documents lors de son audition. Lentement mon pouce caresse sa main, car on en arrive à la partie qui intéresse le plus mon voisin.

    — Et voici la copie du dossier d'accusation avec le nom de celui qui l'a déposé.

    Il fait glisser un nouveau document et on se penche tous les deux pour pouvoir lire. Soudain, je ressens une douleur écrasante dans ma main et je me retiens de justesse de couiner. Ton écrase mes doigts entre son poing qui se serre de plus en plus fort.

    Il est figé, relisant encore et encore la ligne où apparaît le nom de celui qui l'a trahi. Je pousse un soupir de soulagement quand il lâche ma main, mais c'est de courte durée car il se lève brusquement, réduisant les tables voisines au silence. Il ne dit pas un mot, je ressens la colère qui émane de chacun de ses gestes et il quitte le café d'un pas rapide.

    Je me lève à mon tour, mais moi je ne peux pas partir comme je le voudrais. Je me tourne vers Pon qui rassemble les papiers d'un air sombre.

    — Merci beaucoup, je te promets, personne ne saura que tu nous as aidé.

    Je lui fais un Wai rapide avant de partir en courant en espérant pouvoir le rattraper avant qu'il n'ait eu le temps de blesser Torn.

    Même en prenant une moto taxi, je n'arrive pas à temps. Quand je lance le casque au chauffeur, ayant déjà oublié son existence, Torn est au sol, le nez en sang, et Ton s'apprête à le frapper à nouveau.

    — Ton ! Non !

    Je fonce, passe mes bras autour de sa taille, pose mon visage contre sa poitrine et tente de le faire reculer. 

    — Ne fais pas ça.

    Il tente de se débarrasser de moi, mais je tiens bon, je m'accroche plus fort et il finit par se détendre un peu.

    — Pourquoi tu as fait ça ? Tous ces mensonges ? Je croyais que l'on était ami ? 

    Sa voix tremble autant que son corps et je le soutiens dans mes bras. Du coin de l'œil, je vois Torn se redresser avec un sourire moqueur en essuyant négligemment le sang qui coule de son nez. Il a un petit rire soufflé et heureusement que je retiens Ton contre moi.

    — Parce qu'avec toi dans les parages, je suis l'éternel second. Parce que moi aussi j'ai un rêve, je suis prêt à tout pour le réaliser. 

    Il parle froidement tout en se relevant. Il regarde celui qui était son meilleur ami en essuyant les mains sur son jean, laissant des traînées sanguinolentes dessus.

    — J'ai besoin de cette bourse, moi je n'ai pas un père riche et une mère célèbre qui peuvent m'ouvrir les portes.

    Il l'achève en se servant de sa famille pour enfoncer le clou. Je sens Ton abandonner, il perd toute combativité et c'est moi qui voit rouge quand j'entends les mots de celui qui, au contraire, aurait dû être fier de son ami et le soutenir en toutes circonstances. Je lâche Ton et me surprends quand je frappe cet enfoiré d'un coup sur les lèvres, l'amochant un peu plus.

    La douleur irradie dans la main que Ton avait écrasé un peu plus tôt. Je n'ai pas le temps de m'en plaindre car Ton attrape mon autre main et m'entraîne d'un pas rapide vers ma maison. Il ne décroche pas un mot et ne lâche pas ma main.

    Je ne sais pas quoi dire pour l'apaiser. Je ne sais pas comment je me sentirais si Win venait à me trahir de cette manière. Alors, au lieu de lui servir un discours sans profondeur, je préfère le laisser revenir vers moi quand il aura besoin de parler.

    Il lâche ma main quand on passe le seuil de la maison. Il ouvre la porte tellement brusquement que ça coupe la conversation entre ma mère et son père. Ils regardent sans comprendre Ton foncer vers l'escalier, qu'il monte en tapant des pieds avant d'entrer dans ma chambre en claquant la porte, faisant trembler les murs.

    — Qu'est-ce qui lui arrive encore ? Il tourne vraiment mal, je ne sais pas comment m'y prendre avec lui. 

    Son père fait un mouvement pour se lever en se plaignant.

    — N'y allez pas maintenant… Il vient de découvrir qui l'avait accusé. 

    Je passe un long moment à leur raconter absolument toute l'histoire. Son père, au départ sceptique, finit par laisser une expression d'intense culpabilité sur son visage. Il se tient la tête entre les mains en soupirant.

    — Va voir comment il va, Jaab. Je m'occupe de lui. 

    Ma mère me fait un petit sourire d'encouragement avant de passer un bras autour des épaules affaissées de l'homme qu'elle aime. Il ne faut pas me le dire deux fois. Je me relève, monte les escaliers quatre à quatre et rentre dans ma chambre qui est plongée dans la pénombre.

    — Ton ? 

    Je l'appelle quand je remarque sa forme sous la couette. Je n'obtiens aucune réponse de sa part, mais j'entends à sa respiration rapide qu'il ne dort pas. Je retire mon pantalon n'aimant pas m'allonger dans mon lit avec et je le rejoins rapidement.

    Cette fois c'est moi qui le prends dans mes bras, qui me colle à lui et je dépose plusieurs baisers sur son épaule et me contente d'attendre qu'il ait besoin de moi en silence.

     

    Je ne sais pas vraiment quand je me suis endormi mais quand j'émerge, notre position est inversée. Ses lèvres se baladent sur mon cou et ma respiration s'accélère doucement.

    — Désolé de t'avoir ignoré.

    Il semble tout penaud quand il me chuchote des excuses.

    — Je ne t'en veux pas… tu vas mieux ? 

    Je m'inquiète bien plus de savoir comment il va pour m'offusquer de son silence. Je le sens hausser les épaules et j'ai un petit sourire en coin. Sa main qui était gentiment posée sur mon ventre se glisse sous mon t-shirt et se pose sur ma peau, je retiens ma respiration de surprise.

    — Si tu es avec moi, je vais bien.

    Ses dents mordillent le lobe de mon oreille et je frémis violemment.

    — Ton… qu'est-ce que…

    Je suis perdu avec son comportement, mais je ne peux pas rester indifférent à ce qu'il me fait ressentir.

    — Je t'aime. 

    Mon cœur bondit quand il m'interrompt. 

    — Depuis que je t'ai rencontré, j'aime ta gentillesse, la manière dont tu te préoccupes des autres. J'aime ton sourire et tes yeux pétillants.

    J'ai envie de me pincer alors qu'il se confesse à moi sans détour dans l'obscurité de ma chambre. Je le trouve courageux et je sens cette sensation, qui me chatouille l'estomac à chaque fois que je pense à lui, revenir plus fort.

    — Jaab… pour cette nuit, je peux te toucher et t'aimer. 

    L'idée me contracte violemment l'estomac. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens. Est-ce que c'est de l'amour ? Je n'arrive pas à l'affirmer, mais je suis certain que je veux sentir ses mains et ses lèvres sur moi.

    — Oui.. 

    C'est une sorte de couinement qui sort de ma bouche.Je tourne la tête et nos bouches se trouvent facilement. Cela n'a rien à voir avec les baisers timides que l'on a pu échanger. Là, c'est avide et j'en suis tout retourné, mais heureusement nos langues se retrouvent et étouffent le gémissement qui gonfle dans ma gorge quand il pince l'un de mes tétons. 

    Il caresse et embrasse chaque partie de mon corps à sa portée et si j'ai déjà l'impression de fondre, c'est encore pire quand sa main passe la barrière de mon caleçon et saisit mon sexe dur.

    — Hmmm. 

    C'est la première fois que quelqu'un d'autre que moi me touche de cette manière et savoir que c'est lui et pas un autre qui le fait m'excite davantage encore.

    Il me caresse lentement et je suis déjà ailleurs. J'ai juste encore assez d'esprit pour sentir son membre dur contre mes fesses et je veux lui rendre le plaisir qu'il m'offre, alors aussi lentement que le rythme qu'il m'impose, je bouge mes hanches, me frottant contre lui.

    Les sensations sont incroyable, je suis incapable de retenir les sons qui sortent de ma bouche et je suis heureux quand il m'embrasse avec passion alors que l'on continue à se caresser, à se frotter, à laisser le plaisir monter.

    Il ne faut pas longtemps pour que ses va-et-vient ne me fassent exploser de plaisir. Accélérant les mouvements de mes hanches, il pose sa main dessus et vient à ma rencontre. 

    Quand ses doigts se crispent, je sais qu'il n'est pas loin. Je quitte ses lèvres, savourant les grognements qui s'échappent de sa bouche. Et quand il jouit à son tour, je ne peux pas m'empêcher de sourire, heureux.

    — Je t'aime aussi. 

    Je prends conscience de ce que j'ai dit à retardement, mais je me rends compte que c'est la pure vérité. Je ne sais pas quand c'est arrivé, mais je l'aime, pas comme un ami, pas comme un frère, mais comme un homme avec qui je veux partager ce genre de moments et bien d'autres encore.

     

    Deux ans plus tard.

    Les deux dernières années n'ont pas été des plus faciles à gérer. Cette nuit-là, on s'est avoué notre amour et on a timidement commencé à sortir ensemble. Je me suis toujours senti bien avec lui, en sécurité, protégé et aimé. Je n'aurais envisagé personne d'autre que lui à mes côtés. 

    Pourtant, six mois plus tard, tout a failli s'écrouler quand nos parents nous ont annoncé leur mariage. Légalement, on allait devenir demi-frère, on allait former une famille et on a dû faire un choix. Ruiner la relation de nos parents en leur avouant ou bien rompre et tenter d'oublier nos sentiments.

    On a choisi la seconde solution, on est resté séparé pendant deux mois, deux mois d'enfer pur avant que son absence ne devienne intolérable et que l'on se retrouve. On a dû se rendre à l'évidence, on s'aime plus que tout.

    On a alors décidé que tant que l'on vivrait chez nos parents, on serait discret et qu'on leur annoncerait quand on quitterait la maison. On a fini le lycée et on est maintenant à l'université. On partage un appartement et aujourd'hui, c'est le jour où on va faire face à nos choix.

    — Mon cœur, je te promets que tout va bien se passer. 

    Ton tente de me rassurer alors que je gare la voiture un peu brusquement devant la maison qui m'a vu grandir et a caché notre amour pendant si longtemps. 

    — Et s'ils ne veulent plus jamais nous voir. Et si ça les fait rompre. Et si…

    Je commence à dérailler en imaginant tous les pires scénarios possibles. Sa main se pose sur ma joue et il m'embrasse pour me faire taire, et si au début je me détends, je le repousse brusquement.

    — Ton ! Ils pourraient nous voir.

    — Au moins comme ça on n’aurait plus rien à leur annoncer.

    Je lui tape l'épaule en riant doucement, même si dans le fond, il n'a pas tort. On quitte rapidement la voiture et on rejoint la porte que l'on ouvre pour faire face à nos parents en train de discuter tranquillement.

    — Ah les enfants, vous êtes enfin là.

    Ma mère me fait un grand sourire heureux.

    — J'aime Ton et on sort ensemble depuis deux ans !

    Je m'exclame soudain sans même les saluer. Je suis le premier surpris, mais la pression était trop forte et je n'aurais pas pu le garder pour moi tout en faisant semblant de rien.

    Il y a un moment de flottement où Ton et nos parents me fixent comme si j'étais un extraterrestre.  Mon petit ami me prend doucement la main pour appuyer ma déclaration. Il ne nous reste plus qu'à attendre leur jugement.

    — Tu vois… je t'avais bien dit qu'ils attendaient d'avoir quitté la maison. Tu ne m'écoutes jamais.

    Ma mère se tourne vers mon père et moi je suis complètement perdu.

    — Je disais la même chose, mais juste un peu différemment.

    Le père de Ton répond et j'ai l'impression d'être dans la quatrième dimension. On se regarde tous les deux, mais si Ton attend une réaction de ma part, c'est fichu je suis complètement paralysé.

    — Vous étiez au courant ?

    Il finit par poser la question qui me brûle les lèvres mais que je suis incapable de formuler.

    — Vous n'étiez pas toujours très discrets les garçons. 

    Ma mère répond sans montrer la moindre gêne. Moi je m'embrase et dois sûrement faire concurrence aux pivoines. Je repense à toutes les fois où on a fait l'amour en pleine nuit pensant ainsi ne pas nous faire repérer et j'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre.

    — Et… Vous êtes d'accord avec ça ?

    Heureusement que Ton est là car moi je ne suis plus bon à rien à part les fixer la bouche entrouverte. Le père de Ton approche et pose chacune de ses mains sur nos épaules avec un petit sourire. 

    — Ça n'a pas été facile au début. On a beaucoup hésité sur ce que l'on devait faire à ce sujet. 

    J'avale difficilement ma salive en imaginant les conversations qu'ils avaient pu avoir.

    — Mais on en est venu à la conclusion que vous êtes nos enfants, que l'on veut vous voir aussi heureux que possible. Alors si c'est ensemble que vous l'êtes, on vous soutiendra sans condition.

    J'éclate en sanglot quand il nous serre contre lui, bien vite rejoint par ma mère. Quand j'y repense jamais ils ne nous ont forcé à appeler l'autre papa ou maman. Ils n'ont jamais évoqué l'idée d'adopter l'autre. Et surtout quand ils nous présentaient, c'était toujours voici mon fils et le fils de ma femme ou mon mari.

    Nous sommes une famille avec des parents aimants, prêts à accepter que leurs propres enfants deviennent un couple et s'aiment sans honte. Mes doigts s'entrelacent à ceux de Ton et je sais maintenant que l'on sera plus fort que tout ce qui peut se mettre en travers de notre route, car on a le meilleur soutien possible.

     





  • Commentaires

    8
    Mercredi 6 Juillet 2022 à 11:33

    Coucou ! Merci beaucoup pour cette super histoire ! J'adore ce genre de relation qui commence en conflit, est évolue en quelle que chose non prévus, mais tellement romantique hahaha

    • Voir les réponses
    7
    Lundi 27 Juin 2022 à 20:08

    Jolie petite histoire, bien tournée, et la réaction des parents à la fin est douce et respectueuse

    merci pour cette petite histoire.

     

    • Voir les réponses
    6
    Mercredi 2 Mars 2022 à 18:53

    Coucou,

    cette histoire est toute mignonne e tj'adore la mère...... surtout son petit commentaire de la fin "vous n'avez pas été très discret "yesyes

    j'ai hâte de découvrir les autres lettres de l'alphabet

    5
    Jeudi 17 Février 2022 à 20:55

    Merci pour cet OS cool Trop chou ^^ 

    Bisous <3

    • Voir les réponses
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