• Prologue

    Prologue

    Le plafond au-dessus de ma tête comporte exactement sept cent quatre-vingt quatre carreaux. C’est en tout cas le nombre que j’ai pu compté depuis le moment où j’ai envoyé un message à Billkin pour savoir comment il allait et lui dire qu’il me manquait terriblement. Sans regarder, je tapote mon ventre à la recherche de mon téléphone et grimace quand, en l’allumant, je ne vois aucune réponse de sa part. Je le repose à la même place en soupirant, avant de laisser retomber mon bras sur le sol de notre salon où je suis allongé depuis plusieurs heures maintenant.

    Billkin est parti depuis quatre jours avec ses deux amis d’enfance pour leur voyage annuel, où ils se rendent comme un pèlerinage à l'endroit où ils sont devenus inséparables. Depuis six ans que l'on sort ensemble c'est le même rituel, j'y suis habitué et normalement, je le supporte bien parce que Billkin m'inonde de messages dès son départ.

    Alors même si les nuits sans lui sont longues, je ne ressens pas le manque de son absence aussi fortement qu'aujourd'hui. Il est parti depuis trois jours,  il devrait rentrer demain dans la soirée mais actuellement j'ai l'impression qu'il est parti depuis des semaines. La raison en est très simple, en trois longs jours, il ne m'a envoyé qu'une vingtaine de messages.

    Ma gorge se serre, alors qu'un sentiment de peur lancinant refait surface. J'essaie de le maîtriser depuis le premier soir, mais plus le temps passe, moins les messages sont nombreux et plus ce sentiment est difficilement contrôlable. Alors, pour ne pas me laisser dominer par elle, je cherche un dérivatif et c'est pour ça que je suis allongé sur ce sol inconfortable à compter les carreaux du plafond.

    Je soupire lourdement avant de lever l’index en fermant un œil pour mieux viser le premier carreau et compter les suivants. 

    — Un… Deux… Trois… Quatre… 

    Le temps s’écoule lentement, silencieusement, juste entrecoupé par moi qui compte pour ne pas prendre mes clés de voiture et partir à sa rencontre. 

    — ... cent… cent-un… cen…

    La notification m’indiquant que je viens de recevoir un message m’interrompt et il ne me faut qu’une seconde pour me redresser et saisir mon téléphone, un petit sourire aux lèvres.

    Billkin : Tout se passe bien. A bientôt.

    Mon sourire se fane quand je lis ces deux minuscules phrases et mon cœur se serre dans ma poitrine. Je remonte mes genoux, les entoure de mes bras et pose mon menton dessus. Je fixe le téléphone, attendant la suite, pas un “je t’aime”, pas un “bisous”. L'horrible sensation essaie de grandir en moi, de me faire douter. Je me force à respirer lentement, mais il n'envoie aucun autre message. 

    Après plusieurs minutes à fixer l'écran sans cligner des yeux, arrive la colère. Je l'imagine parfaitement boire et s'amuser avec ses amis, oubliant même mon existence et l'idée de le rejoindre se fait de plus en plus forte. Je me relève en maudissant tout ce que je peux.

    Je lance mon téléphone sur le canapé pour ne plus être obsédé par ses messages ou plutôt l'absence de messages. Je vais aller me détendre dans un bain et puis peut-être qu'une fois calmé je pourrais proposer à mon meilleur ami de le rejoindre pour boire un verre. Je sais que lui, il réussira à me calmer, à faire taire mes angoisses et à ne pas faire quelque chose d'irréfléchi. 

    Un coup frappé à la porte me fait sursauter et je fronce un instant les sourcils car je n'attends personne en particulier, avant que mon cœur ne se mette à bondir dans ma poitrine quand mon cerveau imagine Billkin derrière la porte. Alors c'est forcément une déception quand, en l'ouvrant, je tombe sur un coursier.

    — Bonjour.

    — Bonjour M. Amnuaydechkorn. Ce colis est pour vous.

    — Merci.

    Je prends la petite boîte qu'il me tend sans comprendre, mais je n'ai pas l'occasion de le questionner qu'il est déjà en train de dévaler les escaliers pour rejoindre sa prochaine course. Je referme la porte sans vraiment comprendre qui pourrait m’envoyer ça aujourd’hui et je fronce les sourcils en la retournant dans tous les sens. Pas d’adresse d’expéditeur, l’écriture ne me parle absolument pas. Je vais rapidement m'asseoir sur le canapé et l’ouvre, curieux, pour voir une cravate noire me tomber sur les genoux ainsi qu’une petite note. 

    La cravate, je la reconnais bien et un petit sourire apparaît sur mes lèvres quand je laisse le tissu glisser entre mes doigts, laissant certains souvenirs remonter à la surface. Je reste quelques minutes plongé dans mes pensées, puis la curiosité reprend le dessus, je pose la cravate sur mon genou et déplie le papier.

     

    Mon coeur,

    Je sais que je n’ai pas été très présent pour toi ces quelques jours. Je voudrais que tu me fasses confiance et que tu te rendes à l’endroit où l’on s’est connu la première fois. Je te promets que tu ne le regretteras pas. 

    Je t’aime.

     

    Mon rythme cardiaque accélère quand je lis ces quelques phrases et son “Je t’aime” finit de me rassurer complètement. Je regarde autour de moi comme si j’allais soudain comprendre pourquoi il veut que je retourne là où notre histoire a commencé. Je me gratte la tête sans savoir ce que je dois faire, mais finalement, je finis par faire ce qu’il me demande. Je prends rapidement mes affaires avant de descendre jusqu’à ma voiture et de rouler jusqu’à l’université. 



  • Commentaires

    2
    Mercredi 1er Décembre 2021 à 11:35

    Trop chou :') Tout comme PP j'étais un peu inquiète au début puis me v'là rassurée ^^

    Merci pour ce 1er chapitre. 

    J'aime tjs autant lire vos fanfics ;)

    Bisous <3

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