• Epilogue

    Epilogue

    Kuea Keerati nettoie les roues de la Maserati dans le parking du sous-sol. Celui-ci ne contient plus seulement les voitures de Hia-Lian. Chi Lin et Kirin sont là. La Ducati que Hia-Lian lui a offert s'appelle Kirin, comme sa chaîne YouTube. Enfin... Kuea voulait l'appeler comme Hia-Lian.

    Avant, Kuea ne s'occupait que de Chi Lin, mais maintenant, il s'occupe de toutes les voitures de Hia-Lian. Il ne touche pas aux moteurs, car les voitures de Hia-Lian sont excessivement chères et Kuea n'est pas un habitué de la mécanique. En revanche, il connaît les bases, comme la vérification de la pression des pneus, de l'eau distillée, du lave-glace et des caoutchoucs des balais d'essuie-glace. Lorsque Hia-Lian devait se rendre à la brasserie en dehors de la ville, Kua se réveillait tôt pour vérifier la Mercedes-Benz.

    — Nu-Kuea.

    — Par ici. Tu as fini ton travail ?

    Le Nouvel An approchant, Hia-Lian doit assister à d'innombrables réunions concernant l'organisation de l'événement pour le Pentagone. Des artistes doivent être engagés des mois à l'avance. Hia-Lian contacte des artistes thaïlandais et internationaux afin de rendre le Pentagone célèbre cette année. En même temps, il va faire la promotion de ses nouveaux spiritueux et de sa nouvelle bière qui seront sur le marché d'ici là.

    Gilayn Wang s'approche et s'accroupit à côté de Nu-Kuea. Avec sa grande main, il essuie une tache noire sur la joue claire de ce dernier. Les cheveux de Nu-Kuea sont désordonnés et poussiéreux. Il suppose que celui-ci a dû glisser sous la voiture. Nu-Kuea s'est désigné comme son mécanicien personnel.

    — J'ai une autre réunion. Je suis d'abord venu te voir parce que j'ai besoin d'encouragements.

    Voyant la fatigue de Hia-Lian, Kuea se repose sur l'épaule solide de celui-ci. Il veut serrer Hia-Lian dans ses bras, mais il est tout sale. Il a peur de tacher son costume.

    — Ne te force pas. Tu te couches tard tous les soirs. Je suis inquiet. 

    — Je n'ai pas eu le temps de t'inviter à manger. Je suis désolé. 

    Kuea sourit, sentant Hia-Lian reposer sa tête sur lui. Il doit aussi manquer à Hia-Lian, pas vrai... ? Ils n'ont pas eu le temps de se voir parce qu'ils ont été très occupés. Kuea se sent seul, mais il comprend.

    — Ce n'est pas grave. Il suffit d'être ensemble.

    — Quelle chance j'ai d'avoir adopté le chaton derrière la fabrique de glace et d'avoir eu Nu-Kuea.

    Kuea rit de la logique absurde de Hia-Lian.

    — Je n'étais pas à la fabrique de glace comme toi.

    — Quand tu es né, tu étais aussi petit que ce chaton.

    — C'est vrai ? Tu t'en souviens ?

    — Oui... J'ai promis à Dame Kewalin de prendre soin de toi si tu n'étais pas vilain.

    — Est-ce que j'ai été... vilain ?

    — Tu l'as été. Mais comme j'ai fait une promesse, je n'ai pas eu le courage de te renvoyer. Si j'avais été plus âgé, j'aurais demandé à Lady Kewalin de fixer une période d'essai.

    — Hia, tu voulais me rendre pour de vrai ?

    Kuea s'éloigne et plisse le nez face à l'aîné. Hia-Lian aurait très bien pu vouloir rompre les fiançailles à l'époque, non ?

    — Je plaisante. Je ne te renverrai pas... Nu-Kuea, ne me ramène pas non plus à mes parents, d'accord ? Ils ne me laisseraient pas entrer chez eux et on m'ouvrirait le crâne. Ils me couperaient les vivres et me chasseraient pour que je dorme sous les ponts.

    — Alors, ne me contrarie pas. 

    — Je n'oserais pas. Je me soumets entièrement à Maître Kuea Keerati.

    Après une brève discussion, Hia-Lian part travailler. Kuea l'accompagne pour lui dire au revoir. Le simple fait de marcher côte à côte suffit. Il salue Hia-Lian, qui entre dans le bureau en faisant la moue. Quelle insolence !

    Kuea se demande s'il doit retourner aux voitures ou prendre une douche lorsque le téléphone vibre dans sa chemise d'atelier... Gemini Miler. Kuea est stupéfait par la forte intuition de Jay. Quand Kuea a avoué à Hia-Lian à propos de la batterie, Jay l'a appelé quelques jours plus tard pour lui demander de jouer à nouveau dans sa boîte de nuit.

    — Ma boîte de nuit va bientôt faire faillite, petit ! Il faut que tu reviennes ! 

    — T'en as pas marre d'appeler tous les jours, vieil homme ? 

    Les cris de Jay le font marrer. Ce n'est pas que Kuea ne veuille pas y aller. Il espère juste pouvoir attendre la fin des activités de Hia-Lian. En plus, il a un nouveau travail... Jouer de la batterie pour la bande originale d'un film hollywoodien à succès qui sortira d'ici trois ans, mais l'enregistrement doit bientôt commencer.

    —  Je m'en fous. Mon batteur est tombé de vélo. Tu dois venir ici ce soir, sinon ma boîte de nuit est condamnée.

    —  Tu as dit qu'un investisseur a acheté ta boîte de nuit. 

    — S'il la ferme parce qu'elle ne rapporte pas d'argent, comment je vais survivre ? Tu es vraiment ingrat. Je t'ai donné de l'alcool et de la nourriture gratuite. Tu as entendu la musique sur la valeur de l'alcool ? 

    —  Quelle valeur de l'alcool ?

    —  Réfléchis et tu verras que la valeur de mon alcool est incomparable. Oh, Jay, Kuea ne comprend pas la valeur de l'alcool. Il s'est mélangé au sang dans ma poitrine et est devenu de l'alcool que tu peux boire. 

    La mélodie sonne vieillotte, et Gemini a changé les paroles. Sa voix est un supplice et son accent est incompréhensible.

    — C'est quoi cette chanson ?

    — Tu ne connais pas la chanson “La valeur du lait maternel” qui passe à chaque fête des mères ? 

    — Ils ne jouaient pas cette chanson en Angleterre. 

    —  Tu es en eyuyant. 

    — Hein ? 

    — Eyuyant. Ça veut dire ennuyant. Tu es vraiment né dans cette génération, gamin ? Pourquoi tu n'apprends pas de nouveaux mots à la mode ? 

    Pourquoi devait-il se faire réprimander par cet étranger car il ne connaissait pas les mots à la mode en thaïlandais ?!

    — S'il n'y a rien d'autre, je raccroche. 

    — Viens jouer de la batterie ce soir. Je suis sérieux. J'ai besoin de toi. 

    — Je ne l'ai pas dit à Hia-Lian. 

    — Fais-le pour notre amitié. Sinon, ne reviens plus jamais dans ma boîte de nuit. 

    Face à cet ultimatum, Kuea ne peut que se gratter la tête et accepter d'y aller. Cela fait longtemps qu'il n'a pas joué de la batterie, alors il n'est pas sûr d'être aussi bon qu'avant. En plus, il ne s'est pas entraîné avec tout le groupe. Est-ce qu'ils sauront s'harmoniser ?

     

    Kuea Keerati finit de se préparer à vingt et une heures trente. Il sort la tête du balcon et voit que les lumières du bureau de Hia-Lian sont encore allumées. Il entend un employé parler au téléphone à l'extérieur, disant qu'il rentrera tard... Kuea serre ses lèvres minces l'une contre l'autre et écrit un message à Hia-Lian pour lui dire qu'il est sorti jouer de la batterie à la boîte de nuit de Jay, n’oubliant pas de lui indiquer l'endroit où il se trouve. Dans l'instant, Hia-Lian lui envoie un autocollant en guise d'approbation.

    — Voulez-vous que j'appelle un taxi, M. Kuea ? 

    L'agent de sécurité qui se trouve à l'entrée se hâte de le rejoindre. La boîte de nuit de Jay n'est pas loin et est accessible pour dix bahts en vélo-taxi. Kuea n'a pas apporté sa moto pour ne pas s’embêter à trouver une place de parking.

    — Tout va bien. Le Pentagone est de nouveau bondé.

    — C'est comme ça tous les jours. Certains ont essayé de garer leur voiture de ce côté. Heureusement, les videurs du Pentagone les ont aidés à s'en débarrasser. Sinon, ça aurait été difficile pour moi. 

    — Tenez bon. 

    Kuea passe devant le parking du Pentagone pour appeler un vélo-taxi devant la boîte de nuit. Les lumières du Pentagone brillent. Les voitures de touristes tournent sans cesse, provoquant un embouteillage... Le Pentagone de Hia-Lian est vraiment exceptionnel.

    — Oh, Kuea.

    Une fois arrivé à l'entrée du bâtiment où se trouve la boîte de nuit de Jay, il est surpris de voir ses amis s'agglutiner devant l'ascenseur.

    — Hé, qu'est-ce qui vous amène ici ?

    — C'est Joi, cet enfoiré. Il s'est disputé avec sa copine en jouant à un jeu. Sa copine est serveuse ici, alors on doit être avec lui. Regarde-nous. Putain, porter ces vêtements à Thong Lor ruine nos charmes.

    Ses cinq amis portent des tenues de foot et des sandales, leurs cheveux sont ébouriffés. Ils ont dû être tirés d'un cybercafé, c'est sûr.

    — Où est Joi ?

    —  Il est là-haut depuis un moment. On le rejoint. Ça a pris une éternité pour arriver ici. Qu'est-ce que tu fais ici ?

    — Je joue de la batterie à la boîte de nuit. Je ne savais pas que la petite amie de Joi travaillait ici.

    — Seulement pour deux jours.

    — Oh, je suis juste revenu pour jouer le premier jour. L'ascenseur est là. Allez d'abord voir Joi. C'est trop petit pour nous tous. J'ai encore le temps. 

    — D'accord, d'accord. Merci. À plus tard, mec. 

    Il est rare qu'ils se parlent sans se prendre la tête. Pour l'instant, ils sont trop inquiets pour Joi pour faire des blagues. Kuea regarde le numéro de l'ascenseur changer au fur et à mesure qu'il monte et appuie à nouveau sur le bouton. Soudain, le numéro disparaît.

    — Qu'est-ce que c'est ? L'ascenseur s'est bloqué ?

    Et ce bâtiment n'a qu'un seul ascenseur qui peut accueillir cinq personnes à la fois. Alors qu'il cherche un agent de sécurité pour l'informer du blocage de l'ascenseur, il aperçoit un homme que le monde n'oubliera jamais en raison de son aura sacrée aveuglante qui s'approche.

    — Nu-Kuea, mon ami, bonjour.

    — Seen ?

    Si ces types ne semblent pas à leur place à Thong Lor, Seen... appartient à un autre monde. Il porte un tee-shirt blanc à col rond et un pantalon blanc, ainsi qu'un sac en bandoulière orange d'où sort un éventail rose en forme de talipot.

    — Pourquoi tu fais un pèlerinage ici ?

    — Ce quartier n'est pas bon ?

    — C'est plein de pubs, de bars, de boîtes de nuit. Rien de béni.

    — Bouddha a dit : « Celui qui voit le Dhamma me voit... Tant que votre esprit est dans un bon endroit, n'importe quel endroit est bon.

    — Même quand tu bois ? 

    — Nous n'avons pas besoin de voir Bouddha tout le temps. Allez, laisse-le tranquille. Il va devenir timide si on le voit tout le temps, Nu-Kuea, mon ami. 

    Sa tentative de conserver le ton religieux à ses plaisanteries est amusante.

    — Attends un peu. Quelqu'un m'appelle. Ici Seen. Oh... oui. Je me suis occupé de l'horaire de la cérémonie d'offrande. Tout est prêt. Aucun problème. Rien d'étrange. Nous sommes prêts. Comme vous le souhaitez. Je vous remercie. Je me réjouis de votre mérite. 

    — Qu'est-ce qui se passe ?

    — Nous préparons la cérémonie d'offrande. Il y a eu un problème de calendrier, alors nous avons dû choisir l'hôte le plus béni en premier. 

    — Comment vous avez choisi ?

    — Celui qui donne le plus d'argent, bien sûr. Plus ils donnent, plus ils sont bénis... C'est aussi simple que cela, Nu-Kuea, mon ami. 

    Kuea Keerati jure qu'il ne s'approchera plus jamais du temple de Seen. Quelle escroquerie ! Même pour la cérémonie d'offrande, ils acceptent des bénédictions, non, des pots-de-vin.

    — L'ascenseur est là. Allons-y. 

    Kuea secoue la tête devant le sourire poli mais pesant de Seen. Quelle coïncidence que beaucoup de ses amis se rendent à la boîte de nuit de Jay. La sensation qu'il éprouve en voyant les chiffres de l’ascenseur augmenter est également très excitante.

    Cela fait longtemps... L'ambiance nocturne a manqué à Kuea. Le fait d'être assis derrière la batterie, de balancer les baguettes, d'être en sueur et même de s'être saoulé après la fermeture de la boîte de nuit lui a manqué.

    — Tu as l'air bien vivant, Nu-Kuea, mon ami. 

    — Oui... J'adore cette boîte de nuit. La prochaine fois, on viendra ensemble. On invitera les copains. Je pense que vous allez tous l'adorer. 

    — D'accord... Oh, Nu-Kuea, mon ami. 

    — Hmm ? 

    — Félicitations.

    — Quoi ?

    Seen se contente de sourire, sans rien dire. Kuea s'apprête à lui poser à nouveau la question, mais ils atteignent l'étage en premier. Il ferme les yeux sur son ami avant de sortir de l'ascenseur. Ses yeux s'écarquillent devant le spectacle qui s'offre à lui.

    Le bar sur le toit qui était lumineux est maintenant sombre. Il n'y a que la faible lumière des guirlandes lumineuses qui bordent le chemin vers l'intérieur climatisé.

    — Seen, qu'est-ce que...

    — Vas-y.

    La boîte de nuit Gemini est presque vide, à l'exception d'une dizaine d'amis de Kuea habillés de façon très décontractée. Ils sourient tous largement et font des grimaces. A côté d'eux, Kuea voit les amis de Hia-Lian se rassembler de l'autre côté. Hia-Yi est installé sur un tabouret de bar avec un léger sourire.

    Et... Khon Diaw se tient à l'entrée de la zone intérieure, tendant à Kuea un tournesol jaune vif avec une longue branche, un costume blanc accroché à son bras.

    — Laisse-moi ta veste en cuir. Mets ça.

    La personne qui attend Kuea Keerati à l'intérieur est évidente. Il veut dire quelque chose à Khon Diaw, mais son cœur est tellement rempli. Son jeune meilleur ami lui adresse un sourire encourageant et lui chuchote de rentrer. Kuea se tourne vers les autres, et tous lui font signe d'entrer... Toutes les personnes présentes ici sont celles que lui et Hia-Lian aiment.

    — Viens, gamin, je serai ton vieux père.

    Gemini Miler, vêtu d'un superbe costume, dont l'allure est remarquablement différente de son image habituelle de vieillard étranger ivre, s'arrête à ses côtés. Il fait le beau et tend son bras à Kuea pour qu'il l'attrape. Il porte même des gants.

    — Je ne veux pas avoir un père qui te ressemble.

    — Sale gosse.

    Kuea tient le bras de Gemini et emporte le tournesol à l'intérieur. L'avant de la scène familière est réduit et il n'y a pas d'instruments comme d'habitude. Il n'y a qu'un tabouret de bar, un micro sur pied et une guitare acoustique. L'ensemble de l'espace est sombre, seule une lumière chaude se pose au centre de l'estrade.

    — Félicitations, petit.

    Gemini s'éloigne tandis qu'un homme familier surgit de l'obscurité et s'installe sur le tabouret. Gilayn Wang... qui lui a dit qu'il avait un rendez-vous, est dans un costume noir de jais, avec une coiffure charmante.

    — Kuea Keerati.

    — Oui...

    — Je vais te faire une confession, Kuea Keerati, à propos de trois choses.

    La voix grave sort du haut-parleur. Le sourire malicieux de Hia-Lian fait rire Kuea malgré ses yeux larmoyants.

    — J'espère que toi, Kuea Keerati, tu ne seras pas fâché et que tu pardonneras mes erreurs. J'ai fait tout cela... parce que je t'aime tendrement.

    Avec ces mots et cette surprise, qui aurait le cœur de lui en vouloir ? Kuea ne peut qu'acquiescer. Hia-Lian fait un clin d'œil de playboy et porte la guitare en bandoulière... Kuea n'a jamais su que Hia-Lian jouait de la guitare.

    — D'abord, je sais depuis le début que tu joues de la batterie ici, que tu conduis une superbike et que... tu as une maison secrète. C'est pour ça que je me suis énervé et que je t'ai appelée Annabelle. Je suis désolé. Je pensais que tu me cachais des choses parce que tu ne m'aimais pas.

    — De....Depuis quand ? 

    — Depuis le jour où je t'ai vu jouer de la batterie ici... J'ai toujours fréquenté cette boîte de nuit car c'est d'ici que le Pentagone est le plus beau.

    À sa grande surprise, Kuea est choqué mais... pas fâché. Quelle intelligence de la part de Hia-Lian de se confesser à lui aujourd'hui. Il ne laisse pas d'autre choix à Kuea que de lui pardonner... Gilayn Wang a toujours un plan.

    — Deuxièmement, je suis le partenaire de cette boîte de nuit. Je sais que tu aimes cet endroit et je ne veux pas qu'il fasse faillite. Je veux garder cet endroit pour toi... Je suis désolé de trop t'aimer.

    Et voilà qu'il recommence, en terminant la confession avec ce motif. Bien qu'il ne se mette pas en colère, Kuea a envie de pleurer... Gilayn Wang, espèce de fou. Il se soucie toujours des sentiments de Kuea.

    — Troisièmement... L'homme qui t'a déposé chez toi à Bang Rak, celui que tu as acheté pour cinq cents bahts, celui qui t'a embrassée cette nuit-là... c'était moi.

    — Hia ! 

    Le secret de son premier baiser qu'il avait l'intention de cacher pour le reste de sa vie. Il avait peur que Hia-Lian soit furieux d'apprendre que Kuea avait donné son premier baiser à quelqu'un d'autre. Il se trouvait que l'homme que Kuea n'avait pas reconnu, celui qui ressemblait à Hia-Lian... était Hia-Lian !

    — Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait pour te blesser... Tu es la raison pour laquelle je veux me lever chaque matin, la raison pour laquelle je veux devenir une meilleure personne. C'est avec toi que je veux passer toute ma vie.

    Kuea Keerati serre les lèvres, incapable de retenir ses larmes. Il acquiesce aux paroles de Hia-Lian et ne peut s'empêcher de rire lorsqu'il remarque que les yeux de ce dernier se mettent à couler à leur tour...

    — Tu m'as demandé en mariage... Maintenant, c'est à moi de le faire... J'espère que tu le sais... Gilayn Wang attend de faire sa demande à Kuea Keerati depuis vingt ans.

    Le son de la guitare acoustique étonne Kuea. Il n'arrive pas à croire que Hia-Lian puisse jouer avec autant de fluidité. Ça ne sonne pas comme s'il s'était entraîné depuis deux jours, mais s'il savait jouer depuis toujours. La façon dont il bouge sa main est un peu maladroite, comme une personne qui n'a pas touché une guitare depuis longtemps. En plus, la voix de Hia-Lian est magnifique... C'est un homme bourru qui chante merveilleusement bien.

     

    Quand ton cœur tombe amoureux, comme l'oiseau volant s'envole au loin,

    Mon cœur s'envole vers une terre inconnue. Oh, cher cœur.

    Quand on tombe amoureux ensemble, n'aie pas peur, nos cœurs sont sincères.

    S'il te plaît, reste fidèle, car je t'aime vraiment. Mon cœur te supplie avant que tu n'abandonnes.

     

    Oh, mon cœur t'aime, tu me manques, je te désire ardemment.

    Oh, cher cœur, pourquoi continuer à te désirer ?

    Quand ton cœur tombe complètement amoureux de quelqu'un, 

    S'il te plaît, reste fidèle. Je te prêterai mon épaule sur laquelle tu pourras t'appuyer pour l'éternité. 

    (Cher cœur - Suchart Chawangkoon)

     

    Kuea Keerati reste planté là, à pleurer devant la beauté de Gilayn Wang. Même la musique qu'il a choisie est une vieille chanson qui est encore très connue aujourd'hui. Ils vont en Autriche le mois prochain, et Kuea pensait que Hia-Lian le demanderait en mariage là-bas. Il ne s'attendait pas à ce que Hia-Lian réussisse à faire quelque chose d'aussi gentil. Il est doué pour flirter, mais il est rare qu'il prépare une surprise.

    La dernière note retentit finalement quand la grande silhouette descend de la scène et s'approche de lui. Les grandes mains saisissent celles du jeune homme en pleurs.

    — Tu pleures encore.

    — C'est à cause de toi...

    — Eh bien, puisque tu m'as donné ta Gear... je veux te donner mon coeur en retour.

    Gilayn Wang se penche pour embrasser sa joue humide avant de s'agenouiller. Il tient la main gauche de Nu-Kuea tout en fouillant dans sa poche pour en sortir une boîte en velours bleu marine, qui s'ouvre sur deux bagues en or blanc immaculé, avec 'Kuea & Gilayn' gravé à l'intérieur.

    — Comme tu aimes jouer de la batterie et modifier des motos, je n'ai pas pris de diamants. Ce devrait être plus pratique. Il ne te gênera pas. Tu n'as pas besoin d'enlever la bague... Je veux être avec toi quand tu joues de la batterie, quand tu fais de la moto ou quand tu sors boire, quand tu es un jeune maître bien élevé ou un Nu-Kuea sauvage... Veux-tu m'épouser ?

    — Oui, je le veux !

    Gilayn Wang rit quand le jeune homme se jette dans ses bras et lui entoure le cou, le faisant presque tomber à la renverse. Derrière Nu-Kuea, leurs amis, vêtus de toutes sortes de vêtements, prennent des photos en souriant. Dans un coin de la pièce, un caméraman enregistre tout. Et il y a Gemini Miler, qui essuie ses larmes comme si c'était son propre fils qui se mariait.

    Lian presse son nez pointu sur la tête du plus jeune pendant ... un long moment avant de murmurer à l'homme en pleurs de le laisser lui passer la bague au doigt. Nu-Kuea essuie rapidement ses larmes et lui tend la main... Gilayn Wang retire lentement la bague de fiançailles qu'il avait mise à Nu-Kuea lorsqu'il était enfant. La teinte plus claire de la peau autour de l'annulaire de Nu-Kuea indique qu'il ne l'a jamais enlevée.

    Lian soulève la main de Nu-Kuea pour embrasser la marque de l'anneau, puis il y glisse l'alliance... et met la bague de fiançailles à l'annulaire droit de Nu-Kuea.

    — Laisse-moi le faire pour toi.

    Nu-Kuea prend la boîte en velours et lui passe l'alliance au doigt, et la bague de fiançailles que Gilayn Wang n'a jamais enlevée est mise à son annulaire droit.

    — Je t'aime, Nu-Kuea.

    — Je t'aime aussi, Hia. 

    — Un baiser, un baiser, un baiser ! 

    Le cri des ingénieurs automobiles qui ont prétendu étudier l'informatique fait éclater de rire Gilayn Wang. Nu-Kuea, de son côté, les réprimande, mais tout le monde s'en moque. Ils continuent à les encourager à s'embrasser sans se soucier de quoi que ce soit.

    — Nu-Kuea, mon ami, ne sois pas timide. C'est normal d'avoir un mari.

    — Exaaaaactement. Il faut s'embrasser. Embrasser. Muah, muah, muah, muan, muah, muah.

    — Mon ami s'est trouvé un mari ! Hia, marque trois buts ce soir !

    — Quelqu'un comme Hia peut en marquer quatre. Kuea, accroche-toi, mec. 

    — Bande d'enculés. Les gars ! Hum..

    Les cris s'intensifient parce que Gilayn Wang saisit la nuque de Nu-Kuea et l'embrasse. Pas seulement des lèvres sur des lèvres. Il mordille les lèvres douces de Nu-Kuea jusqu'à ce qu'il cède et ouvre la bouche pour que le plus âgé y glisse sa langue et joue avec sa langue douce.

    — Hia, tu es super cool !!!

    — Le gendre du département d'ingénierie est tellement cool. Mon grand frère, mon grand frère !!!

    Kuea Keerati rougit, son visage et son cou deviennent brûlants. Lorsque Hia-Lian le relâche enfin, il court après ses meilleurs amis et les frappe avec le tournesol.

    — La gentillesse fait tourner le monde, Nu-Kuea, mon ami.

    Seensamer s'incline, l'éventail de talipot à la main, au premier rang. Ses amis forment une longue file derrière lui. Les cinq gars qu'il a croisés dans l'ascenseur forment le dernier groupe. Les autres sont déjà sur place.

    — Et vous vous habillez comme ça pour la surprise que Hia-Lian m'a faite ?

    — Hia nous a dit d'être convaincants, d'être naturels, pour que tu ne te méfies pas. Si on s’était pomponnées, tu aurais tout compris.

    Celui qui parle porte un short, un débardeur et des sandales. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? L'autre a un pagne autour de la taille et son visage est couvert de poudre blanche. Ils ne coopèrent pas avec Hia-Lian. Ils sont ici pour se frotter à Kuea. Regardez Seen ! C'est lui qui a amené le plus d'accessoires.

    — Et pourquoi tu étais le dernier, Seen ?

    — Mon travail consistait à donner le signal, c'est-à-dire le programme de la cérémonie d'offrande. Mais c'est vrai. La Gilayn Beverage Company nous a engagés... En tant que coordinateur, j'ai préparé une cérémonie d'offrande surprise pour que vous soyez immensément bénis. Que les PDG et les employés de la Gilayn Beverage Company, ainsi que leurs familles, soient heureux et prospères.

    Ils dirent tous “Amen” sans le savoir. Kuea est à la fois troublé et amusé. Ces voyous !

    — Pourquoi je suis ami avec vous, les gars ?

    — Qui se ressemble s'assemble, mon ami.

    Gilayn Wang observe le groupe d'amis de Nu-Kuea avant de rejoindre les siens. Les lumières à l'extérieur sont allumées pour que ses amis se rassemblent et le félicitent.

    — Les amis de ton fiancé sont hilarants. Ces sales gosses.

    La différence d'âge trace une ligne de démarcation entre les deux groupes. Ne voulant pas que Nu-Kuea se sente mal à l'aise, Gilayn Wang a préparé deux rangées de tables séparées.

    — Quel romantique, espèce de merde. Tu te comportais de manière réservée, mais tu es le premier à te marier. Il n'a pas encore obtenu son diplôme. Calme-toi, champion.

    Il rit de la taquinerie de son ami, puis ils commencent à mélanger leur alcool et à fumer comme d'habitude. Nu-Kuea et ses amis continuent de faire du bruit à l'intérieur. Ils prennent ensuite une photo de groupe sur le canapé. Quel groupe de jeunes énergiques !

    Celui qui ne s'intègre pas... c'est Khon Diaw, qui porte la veste en cuir de Kuea Keerati et se cache près de l'entrée. Gilayn Wang jette un coup d'œil à son meilleur ami, qui semble regarder dans la même direction. Il boit une gorgée d'alcool pour cacher son sourire, car quelqu'un ne le supporte pas, et se dirige à grands pas vers son fiancé.

    Il le fixe depuis longtemps, mais il ne réagit pas. Il ne supporte même pas de voir Khon Diaw seul... Phayak Chen est bon en tout, mais est stupide en ce qui concerne ses propres affaires.

    — Hia, et tes amis, prenons une photo de groupe.

    — D'accord. Les gars, on y va.

    Les groupes bruyants se rassemblent à nouveau devant la scène.

    — Diaw, mets-toi à côté de moi.

    Kuea demande à son jeune meilleur ami de se mettre à côté de lui, car Khon Diaw semble hésiter, comme s'il ne savait pas où il devait se mettre.

    — Viens ici.

    Kuea cligne des yeux de surprise lorsque Hia-Yi rejoint le groupe en dernier et tire la main de Khon Diaw pour qu'il se tienne à côté de lui, à côté de Hia-Lian. Il veut jeter un coup d'œil pour s'assurer qu'il ne se fait pas d'illusions, mais Hia-Lian lui passe le bras autour de la taille.

    — Souriez, tout le monde.

    Le caméraman se remet en place. Cette photo mémorable du jour où Hia-Lian l'a demandé en mariage entrera dans l'histoire.

     

    Lorsqu'ils reçoivent la photo encadrée du magasin, Kuea aimerait pouvoir appeler ses amis pour leur donner à chacun une claque sur la tête. Les amis de Hia-Lian se tiennent en formation sur l'estrade, tandis que ceux de Kuea Keerati prennent des poses bizarres. Ils lèvent les jambes et courbent le corps vers l'avant, tandis que Gemini soulève sa bouteille d'alcool à côté d'eux. Seen est Seen. Il est assis les jambes croisées sur le côté et tient le talipot en avant, les yeux fermés, dans une posture de prière, comme s'il prêchait.

    — Tes amis sont drôles.

    — Tes amis sont drôles.

    — J'ai peur de montrer ça à maman. Ces voyous cinglés...

    Gilayn Wang rit en entendant son amoureux ronchonner avant de sourire à son meilleur ami, à côté de lui sur la photo... Phayak Chen, le têtu, pose sa main sur l'épaule de son fiancé, qui sourit gentiment à ses côtés.

    Gilayn Wang et Nu-Kuea sont enfin ensemble... C'est maintenant au tour de Yi.

     



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    1
    Jeudi 13 Juin à 15:12

    Merci beaucoup pour cet épilogue j'ai vraiment aimé cette histoire du début à la fin

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