• Chapitre 84

    Chapitre 84
    La lanterne du Gardien

    Zhu Hong pointa du doigt le Tueur de Fantômes, tremblante. 

    — C’... c’est...

    — Shen Wei, dit Da Qing avec un étrange sentiment de supériorité. 

    Il regarda Zhu Hong de biais, toujours au sol, et se lécha les pattes, faisant semblant d'être calme, lui laissant le temps de réajuster sa perception des choses.

    La capuche de Shen Wei était tombée sur ses épaules, révélant le visage doux et élégant du professeur Shen, qui n'était pas du tout à sa place dans cette situation. Au bout d'un moment, il repoussa doucement Zhao Yunlan et fronça les sourcils en prenant la main griffée par le fantôme sauvage dans la sienne. Ses doigts sur le poignet de Zhao Yunlan se resserrèrent momentanément, puis il relâcha sa prise et fit un geste de griffe. Une fine ligne noire apparut sur la blessure et se dissipa dans l'air en l'espace d'une seconde. La main mutilée guérit rapidement.

    — Sortez d'ici, dit Shen Wei d'un ton sec.

    À ce moment-là, une foule de messagers fantômes se précipitèrent vers eux, suivie d'un juge haletant. Les Dix Rois étaient tous plus paresseux les uns que les autres, mais ils n'oubliaient jamais de jouer les puissants. C'était au vieux juge qu'incombait la tâche ingrate de faire des commissions et de travailler dur.

    Haletant, il ordonna à son équipe de fantômes de réparer la porte et d'éliminer les fantômes sauvages. À côté de lui, un secrétaire en sueur vérifia nerveusement la scène, essayant de compter le nombre de fantômes tombés sous les coups de la Lame Pourfendeuse d'Âme.

    Shen Wei et Zhao Yunlan les ignorèrent et s'éloignèrent ensemble. Zhu Hong et Da Qing s'efforcèrent de les suivre dans le chaos. Le juge s'essuya le front en hurlant : 

    — Monseigneur ! Monsieur ! Attendez !

    Shen Wei ne répondit pas, se contentant de le regarder par-dessus son épaule et de hausser un sourcil, sans autre forme d'expression.

    — Ici, à la Cité Fantôme... qu'ils aient péché ou qu'ils attendent la réincarnation, nous comptons tous. Monseigneur, vous... ceci...

    — Quoi ? demanda Shen Wei doucement. Je ne peux pas les tuer ?

    Le juge n'osa pas répondre.

    Shen Wei inclina la tête avec un sourire doux et poli, croisa ses mains dans ses manches sombres, et dit d'un ton à la limite de l'humilité : 

    — Estimé juge, bien que mes origines soient modestes et que je manque de talent, à ce jour, je n'ai jamais entendu parler de quoi que ce soit que la Lame Pourfendeuse d'Âme ne puisse couper ou tuer. Si cela vous cause des ennuis ou des désagréments, j'en suis sincèrement désolé.

    ... C'est comme s'il s'excusait de bonne foi !

    En voyant son sourire, le juge trembla de tous ses membres. Il déglutit difficilement, humectant ses lèvres sèches. Après un long moment, il se força à sourire. 

    — Oui... bien sûr.

    Shen Wei l'observa avec un soupçon de sourire, puis entraîna Zhao Yunlan à sa suite.

    Ce dernier l'arrêta dans son élan. Le sourire de Shen Wei lui sembla soudain un peu étranger ; il ne l'avait jamais vu aussi autoritaire. Il se retourna vers le juge qui se tenait là, essuyant des sueurs froides sur son visage, et demanda : 

    — L'attaque de la créature à deux visages qui nous a bloqués était-elle préméditée ? Par les Enfers ? Qu'auraient-ils à y gagner ?

    Shen Wei abandonna son sourire et baissa la tête en silence. Pourquoi ? Ces clowns essayaient juste de donner aux gens un avant-goût de ce que sont les fantômes maléfiques, de leur rappeler que la tribu fantôme était bien pire que ça, et de les inciter à faire attention où ils mettaient les pieds. 

    — Shen Wei ! s'exclama Zhao Yunlan en l'attrapant. Ne fais pas l'idiot. Je t'ai demandé de revenir avec moi, alors parle-moi !

    — Tu devrais y aller, dit Shen Wei à voix basse lorsqu'ils atteignirent l'arbre pagode à côté de la Route des Enfers. 

    Sa voix avait perdu l'hostilité et l'indifférence froide qu'il utilisait avec le juge ; elle était basse et fatiguée, et semblait désemparée. 

    — Lorsque les vivants restent trop longtemps dans les Enfers, leur santé en pâtit. Si tu tardes encore, tu tomberas malade.

    Zhao Yunlan le lâcha et resta immobile, fixant le dos de Shen Wei. Ce dernier ne tourna même pas la tête.

    Après un silence interminable, Zhao Yunlan dit tranquillement : 

    — Je ne mourrai pas de maladie. Reviens avec moi.

    Shen Wei ne bougea pas.

    Zhao Yunlan serra les dents. 

    — J'aimerais bien te menotter et t'enfermer dans mon appartement.

    Shen Wei, qui lui tournait le dos, sourit soudain, comme s'il avait entendu les mots d'amour les plus intimes et les plus beaux. Même la noirceur de ses yeux s'adoucit et se dissipa.

    — Si je viens avec toi, tu prendras les médicaments ? demanda-t-il.

    — Pas question, putain !

    Shen Wei se retourna et regarda Zhao Yunlan. Au bout d'un moment, il soupira. 

    — Je suis de la tribu des fantômes, Yunlan. Peu importe ce que le Seigneur Kunlun m'a donné, peu importe ce que tu as fait de moi il y a des années... ce ne sont que des titres creux et faux que je ne mérite pas. En fait, je suis un fantôme. Les fantômes sont considérés comme malchanceux dès leur naissance. Depuis les temps primordiaux, on raconte que si quelqu'un aperçoit un fantôme, il connaîtra une mauvaise fin et n'aura même pas de dernière demeure dans la mort.

    Zhao Yunlan le regarda et fit de son mieux pour ravaler son exaspération brûlante. Il prit une profonde inspiration et parla lentement, pensivement. 

    — Je ne le crois pas. Quoi qu'il en soit, reviens d'abord avec moi, et nous pourrons ensuite résoudre les autres problèmes l'un après l'autre. Même si nous ne pouvons pas être ensemble, soit au moins là où je peux te voir tous les jours, pour que je puisse arrêter de m'inquiéter.

    — Là où tu peux me voir, répéta doucement Shen Wei, les coins de sa bouche tressaillant doucement, mais le sourire était plutôt ironique et au bout d'un moment, il dit doucement. Yunlan, arrête de me torturer, s'il te plaît.

    — En y repensant, continua-t-il d'une voix étranglée, mon plus grand regret est de t'avoir provoqué sans réfléchir, puis de ne pas m'être maîtrisé, commettant erreur sur erreur. En y repensant, c'était peut-être parce que ma culture n'était pas assez élevée, mon esprit pas assez fort et mon cœur trop faible.

    Zhao Yunlan comprit ce qui allait se passer et s'élança vers l'avant - mais sa main tendue ne saisit que de l'air vide ; Shen Wei avait déjà reculé, ne laissant qu'une image noire derrière lui. 

    Zhao Yunlan ne put que le regarder disparaître sous ses yeux, et la voix de Shen Wei se fit de plus en plus lointaine : 

    — Je ne peux t'emmener que jusqu'ici. Tu dois partir !

    Le mot "partir" résonnait encore et encore, assaillant les tympans comme une sinistre malédiction.

    Zhu Hong crut voir des larmes dans les yeux de Zhao Yunlan, mais il les refoula rapidement jusqu'à ce que ses yeux ne soient plus qu'injectés de sang.

    — Tu retournes chez toi, dit-il un instant plus tard, en regardant dans la direction où Shen Wei était parti, puis il reprit calmement. Emmène Da Qing avec toi. Faites-moi savoir tout de suite, et laissez Wang Zheng vous aider à l'organiser...

    Zhu Hong lui coupa la parole. 

    — Chef Zhao, que se passe-t-il ?

    Zhao Yunlan fit un geste de la main, ne voulant pas en dire plus. 

    — Rien. Partez.

    — Où ça ? Je ne vais nulle part ! dit Zhu Hong en haussant la voix. Il... Shen... le Tueur de Fantômes... arrrgh ! Qui que ce soit, je m'en fiche complètement ! Pourquoi a-t-il dit cela à l'instant ? Pourquoi a-t-il dit que vous ne pouviez pas être ensemble ? Quel médicament essaie-t-il de te faire prendre ? Pourquoi...

    Da Qing sauta sur les pieds de Zhu Hong, se blottit contre elle et regarde Zhao Yunlan en face. 

    — Depuis les temps anciens, on dit que 'les hommes et les fantômes suivent des chemins différents'. Même en étant aussi âgé que moi, je n'ai jamais vu des gens aussi opposés que le yin et le yang vouloir à tout prix être ensemble. Mais l'eau coule vers le bas. S'ils sont ensemble, le fantôme absorbera l'énergie vitale de la personne vivante. C'est probablement une loi de la nature. Il est facile pour les vivants de perdre leur énergie vitale, mais il est difficile de la récupérer. L'autre partie doit volontairement offrir une partie de son corps qui peut toucher son âme. Le Roi Fantôme devrait naturellement être à la hauteur d'un Sage, il n'a donc probablement pas besoin d'un noyau d'or comme celui des tribus de métamorphes. Il ne lui reste donc plus qu'à donner... le sang de son cœur ?

    Zhao Yunlan était extraverti, mais il était aussi rusé et réservé. Qu'il soit triste ou heureux, s'il ne voulait pas que les gens le sachent, cela ne se verrait pas sur son visage.

    Zhu Hong sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge, mais lorsqu'elle se retourna pour le regarder, il était inexpressif et calme, immobile et silencieux, pâle comme la neige mais sans la moindre trace de faiblesse ou de tristesse. Il lui rappela l'un des piliers du ciel qui avaient survécu au Cataclysme, fort et indestructible.

    Zhu Hong resta d'abord sans voix, mais son cœur était biaisé et abritait Zhao Yunlan. Toutes les émotions de ce dernier - bonheur, colère, tristesse et joie - la touchaient profondément. Zhao Yunlan n'avait encore rien fait, mais plus elle y pensait, plus elle s'étouffait de frustration, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et éclata : 

    — Il te piège !

    Zhao Yunlan la regarda enfin, fronçant légèrement les sourcils. 

    — Qu'est-ce que tu as dit ?

    — Il te piège ! s'exclama Zhu Hong avec colère. S'il ne t'avait pas donné d'indices dès le début, est-ce que tu aurais cherché à le poursuivre ? S'il ne t'avait pas mené par le bout du nez et n'avait pas joué les difficiles, est-ce que tu serais tombé dans son piège ? Ce n'est pas comme si tu avais quelqu'un pour te tirer d'affaires. Qu'est-ce que tu crois pouvoir faire, le forcer ? Le Tueur de Fantômes est tout-puissant, penses-tu pouvoir le forcer à faire quoi que ce soit s'il n'est pas disposé à le faire ?

    Da Qing roula sur ses pieds, stupéfait que sa vision des choses se soit miraculeusement rétablie d'elle-même en un temps record. Sa résistance était époustouflante, il n'avait jamais rien vu de tel. Elle ne semblait pas se souvenir qu'elle parlait du Tueur de Fantômes. Quand on pensait qu'autrefois, elle avait même peur d'ouvrir les lettres qu'il lui envoyait des Enfers !

    Plus Zhu Hong en disait, plus elle se mettait en colère et plus son cœur lui faisait mal. Elle n'arrivait pas à s'en débarrasser. 

    — Il t’a séduit délibérément, il fait semblant de te rejeter, il te fait délibérément le poursuivre et te laisse en plan. S'il ne peut pas être avec toi, pourquoi ne l'a-t-il pas dit plus tôt ? Il t'a clairement forcé, forcé...

    Zhao Yunlan sortit la dernière cigarette de son paquet dans sa poche, l'alluma d'un clic, et souffla calmement un anneau de fumée blanche. Il demanda doucement : 

    — Me forcer à faire quoi ?

    Zhu Hong resta un instant muette, puis elle éclata, soudainement inspirée : 

    — Il t'a forcé à rester à ses côtés, à faire des pieds et des mains pour lui, à n'avoir d'yeux que pour lui, et tous les autres peuvent aller se faire foutre. Je pense qu'il a de mauvaises intentions depuis le début.

    Zhao Yunlan rit doucement, lui tapota l'épaule et la poussa vers le grand arbre pagode : 

    — Très bien, si tu as fini de te plaindre, pars.

    Zhu Hong tapa du pied. 

    — Est-ce que tu m'écoutes au moins ?

    Zhao Yunlan perdit son sourire, baissa les yeux et donna une pichenette sur les cendres. 

    — Idiote, tu ne devrais pas parler, ton intelligence émotionnelle est bien trop faible. Tu ne sais pas qu'il faut s'occuper de ses affaires ? Il est à moi, alors s'il y a des problèmes entre nous, c'est notre affaire, peu importe qui a tort. Quand des personnes extérieurs le critiquent devant moi, c'est comme une gifle. Je suis trop paresseux pour en faire toute une histoire, mais si c'était quelqu'un d'autre, il t'aurait engueulé depuis longtemps. Alors arrête de dire des conneries, rentre chez toi et passe une bonne nuit de sommeil. Tu as travaillé dur ces deux derniers jours, je vais te payer des heures supplémentaires.

    La voix de Zhu Hong trembla : 

    — Je suis une étrangère ?

    — Évidemment, dit Zhao Yunlan en la regardant de travers. Trois, ça fait du monde.

    — Connard !

    Zhao Yunlan écarta les mains d'un air impuissant. 

    — En quoi je suis un connard ?

    Enfin, le vieux cliché sortit de sa bouche : 

    — Pourquoi diable je ne suis pas comparable à lui à tes yeux ?

    En regardant tout cela avec ses pattes sur le visage, Da Qing découvrit à sa grande surprise qu'il appréciait ce genre de mélodrame classique, même si cela nuisait à son style.

    Zhao Yunlan soupira.

    — Tu es douce, gentille, pure et belle. Tu es une fille. Tu es meilleure que lui à tous points de vue.

    — Alors pourquoi je ne conviendrais pas ?

    Zhao Yunlan réfléchit un instant, puis sourit doucement, révélant deux petites fossettes. 

    — Probablement parce que je suis myope - mais là, tu n'es pas beaucoup mieux. Tu vois, je suis un fumeur et un alcoolique du XXIe siècle ; je suis inutile, grossier et de mauvaise humeur. Je peux à peine faire semblant d'être doux et attentionné trois jours de suite. Je suis gaspilleur et désordonné, et je ne cesse de m'attirer des ennuis. Même ma mère ne me supporte pas et j'ai été chassé de la maison quand j'étais jeune. Tu es d'une grande beauté, tu ne mérites pas mieux ?

    Zhu Hong le regarda avec des larmes dans les yeux .

    — Arrête de jouer les prévenants !

    — Vraiment, tu n'as pas idée, questionna Zhao Yunlan en savourant lentement la dernière bouffée de sa cigarette. Tu ne sais même pas... Je ne me donne même pas la peine de laver mes chaussettes. J'achète sept ou huit paires et je les porte à tour de rôle. Quand je les ai toutes portées, je les ramasse, je les secoue et je les range en fonction de leur odeur. Puis je les porte à nouveau. Ensuite, je les mets au hasard dans des sacs à linge et je finis par les perdre une à une. Jusqu'à ce que Shen Wei emménage, je n'avais jamais eu une paire de chaussettes complète.

    Alors qu'il parlait, un sourire se dessina sur ses lèvres, lui donnant un air tendre. 

    — Parfois, je n'arrive même pas à comprendre comment il me supporte, alors tu n'as probablement aucune idée de la bonté qu'il a pour moi. Si à l'avenir tu veux retourner dans ta tribu, tu peux, et si tu veux revenir un jour, je t'accueillerai à bras ouverts. Mais disons que nous n'en reparlerons plus, d'accord ? Il y a de meilleurs hommes que moi partout, ils poussent sur les arbres. Tu veux dire que tu es trop bête pour trouver quelqu'un ?

    Il éteignit sa cigarette et, grâce à sa taille, ébouriffa les cheveux de Zhu Hong avec un peu de force.

    — Je ne suis qu'un putain de gay indiscipliné. Quel avenir aurais-tu si tu étais avec moi ? Allez, déesse, traite-moi de connard si ça peut te soulager. Dis toi simplement que tu ne m'aimes pas et que tu en as fini avec moi, d'accord ?

    Zhu Hong ne pouvait plus retenir ses larmes, elles coulaient le long de ses joues. Elle s'étrangla.

    — Un 'putain de gay', hein. Seul un fantôme pourrait t'aimer, seul un fantôme pourrait te désirer.

    Zhao Yunlan réfléchit et se rendit compte que ses paroles furieuses étaient en fait tout à fait raisonnables - on dirait même qu'elle leur donnait sa bénédiction, à Shen Wei et à lui. Il rit. 

    — C'est vrai, seul un fantôme pourrait m'aimer.

    Sur ce, il tapota l'estomac de Da Qing avec son pied. 

    — Vous rentrez ensemble. Soyez prudents sur le chemin.

    Sans se retourner, Zhao Yunlan se dirigea vers le pont qui enjambait la Rivière de l'Oubli, sauta par-dessus la balustrade et atterrit agilement sur un ferry, faisant sursauter le fantôme sans visage de ce dernier. Zhao Yunlan lui tapota l'épaule.

    — Hé, frère, tu peux me dire comment aller aux Terres Profanes ?

    Le visage de ce fantôme était aussi pâle qu'un tableau blanc, comme si c'était lui qui voyait un fantôme. Alors, sans dire un mot, il sauta directement du bateau et plongea dans la rivière. Il coula sans laisser de traces, sans même laisser de bulles.

    Zhao Yunlan vit qu'il lui avait suffi de quelques mots pour effrayer un fantôme et l'inciter à plonger. Il se frotta le nez et s'assit sur le bateau pour réfléchir.

    — Loin sous le Monde Souterrain... sous le Monde Souterrain…

    Zhao Yunlan regarda la calme Rivière de l'Oubli sous ses pieds, plia soigneusement le manteau de Shen Wei et le posa sur le ferry.

    Un petit fantôme sortit de la rivière pour essayer de toucher le manteau. Sans même tourner la tête, Zhao Yunlan lui dit :

    — Comment oses-tu toucher aux vêtements du Tueur de Fantômes ?

    Terrifié, le fantôme replongea dans l'eau et disparut. 

    Zhao Yunlan retroussa ses manches et ses jambes de pantalon et sauta directement dans la Rivière de l'Oubli. Une femme et un chat crièrent au loin, et les éclaboussures firent également fuir une bande de fantômes sous-marins.

    L'eau le refroidit jusqu'à l'os ; il faisait un froid glacial, comme tout ce qui se trouvait dans le monde souterrain. La montre de Zhao Yunlan émit une douce lueur dans l'eau. Il regarda vers le bas, prévoyant de plonger aussi loin que possible avant de remonter pour reprendre son souffle. Contre toute attente, la perle de dragon d'eau accrochée à son cou devient blanche et se solidifia en une énorme bulle qui l'enveloppa. Zhao Yunlan expira prudemment et fut agréablement surpris de constater qu'il pouvait à nouveau respirer.

    — Putain, c'est génial !

    Saisissant la perle du dragon d'eau qui, selon la légende, résistait au feu et à l'eau, il se détendit et plongea en toute confiance.

    Il ne savait pas depuis combien de temps il plongeait, mais le faible halo de lumière autour du bateau avait disparu. Autour de lui, il n'y avait plus que des eaux sombres. Sa montre n'était rien d'autre qu'une lampe torche : elle brillait, mais les cadrans ne bougeaient pas. C'est comme si le temps s'était complètement arrêté.

    Progressivement, les fantômes qui l'entouraient disparurent eux aussi. Au bout d'un moment, même l'eau semblait stagner.

    Il n'y avait ni lumière, ni bruit, ni rien. Zhao Yunlan trouvait les battements de son propre cœur très bruyants, et se boucher les oreilles n'arrangeait pas les choses. C'était comme le battement d'un tambour, et plus il y prêtait attention, plus il s'intensifiait.

     

    Au bout d'un certain temps, même la lueur de sa montre s'estompa et il n'y eut plus rien d'autre que du noir autour de lui. Il ne savait pas depuis combien de temps il s'enfonçait dans l'obscurité. Il avait presque l'impression que ce n'était pas son environnement qui était devenu sombre, mais lui qui était redevenu aveugle.



  • Commentaires

    1
    Jeudi 1er Août à 08:52

    Oh, b**del, c'est une sacrée déclaration de la part de Zhao oops. En fait le chapitre complet est une déclaration à Shen Wei ^^. J'adore ! 

    Ce chapitre me semble marquer un tournant non ? Affaire à suivre. Merci pour ce chapitre en tout cas. 

     

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