• Chapitre 5

    Chapitre 5

    Je cours presque pour rejoindre ma voiture, le prochaine endroit, j’ai hâte d’y retourner et je fais tout le trajet comme dans un rêve. Je n’arrive pas à me concentrer sur ma conduite, je suis déjà à ce jour-là où après trois semaines de silence radio, il m’a invité à le rejoindre pour pouvoir se parler. 

     

    J’ai du mal à respirer. Aujourd’hui ça fait trois semaines que Billkin m’a laissé seul, trois semaines sans aucun appel, aucun message et sans le voir. J’ai l’impression de dépérir, sans lui, plus rien n’a d’importance. D’ailleurs, j’ai loupé plus de cours en trois semaines qu’en deux ans à l’université. 

    J’avance vers le lieu de notre rendez-vous, les mains dans les poches pour cacher qu’elles tremblent, et je porte des lunettes de soleil pour camoufler mes cernes. Je suis nerveux, je ne sais pas comment je dois me comporter avec lui. En plus, le lieu de notre rendez-vous est étrange. Pourquoi me faire venir au Juliet Love Garden, j’ai l’impression que c’est une blague.

    Au fond je veux croire que c’est parce qu’il m’aime toujours et que les choses vont s’arranger, mais je fais taire cette petite voix, je préfère imaginer le pire, la chute ne sera pas aussi douloureuse comme ça. Je suis un peu en avance et j’ai le temps d’observer tous ces couples qui débordent de bonheur et d’amour accrocher leur cadenas à la grille qui croule déjà devant ces promesses d’amour. 

    — PP ? Je tourne la tête dès que la voix de Billkin s’élève à côté de moi et mon cœur bondit douloureusement dans ma poitrine. Il y a une certaine distance et une certaine gêne entre nous. 

    — Tu vas bien ? demande-il hésitant quand il prend des nouvelles et je ne sais pas pourquoi, mais je sens ma gorge se serrer et je dois prendre plusieurs inspirations pour ne pas pleurer.

    — Hmm… et toi ? Je ne peux pas lui dire que je vais bien, je ne peux pas lui mentir, mais je ne veux pas non plus lui montrer que sans lui je me sens vide et mal. Il soupire longuement et je baisse les yeux, incapable de le fixer plus longtemps. J’ai l’impression que ma cage thoracique va s’ouvrir et que mon cœur va se répandre à mes pieds, brisé en des millions de petits morceaux qu’il sera impossible de recoller ensemble. 

    Pour essayer d’amoindrir cette sensation, je sors les mains de mon pantalon pour les croiser devant moi. Le silence s’éternise, il ne répond pas à ma question, il se contente de me fixer et je ne sais pas quoi dire de plus pour lancer la conversation. Heureusement, je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps, car il finit par faire le premier pas. Il comble la distance qui me semblait si grande en quelques pas, avant que ses bras n’entourent mon corps et qu’il ne m’attire contre lui. 

    Je me raidis un instant, avant que la chaleur de son étreinte et le parfum qu’il dégage ne me détendent complètement. Je me laisse aller contre lui, en soupirant de bien-être, sa présence à mes côtés étant tout ce dont j’avais besoin. 

    — Je suis désolé PP.

    Il me serre un peu plus étroitement contre lui alors qu’il murmure ses excuses à mon oreille.

    — Moi aussi, je suis désolé. Je n’aurais pas dû te pousser comme ça. Je te fais confiance, plus qu’à n’importe qui.

    Moi qui ne savais pas quoi dire, je me retrouve soudain bien bavard, j’ai passé mes bras autour de sa taille et je m’accroche à lui car j’ai peur qu’il s’éloigne à nouveau. 

    — Ne fais pas ça… Ne t'excuse pas, tu avais raison…

    Je relève la tête pour le regarder et il fronce les sourcils. Lentement, il retire mes lunettes de soleil et je vois son visage s’assombrir. 

    — J’ai été égoïste, je t’ai fait souffrir et je n’ai pas voulu faire face à la situation.

    Je me suis remis à trembler, il doit le sentir et mes yeux sont beaucoup trop humides alors que je ne comprends pas comment la situation a pu changer à ce point en trois semaines. Ses mains entourent maintenant mon visage, il me regarde avec tellement d’amour que je me sens fondre de l’intérieur. 

    — Tu veux bien me pardonner, me laisser une autre chance.

    Mon menton se met à trembler, il ne va pas me quitter, il ne va pas me présenter la femme qui me remplacera, il me veut moi dans sa vie. Incapable de parler, je ne peux qu’hocher la tête en lui offrant un sourire doux et tendre. Son geste suivant me surprend et alors que son visage s'approche du mien, je ne peux pas m’empêcher de le bloquer en posant mes doigts sur ses lèvres. Il hausse un sourcil pour me poser une question muette et je regarde nerveusement autour de moi. Je capte quelques regards curieux sur nous et je me sens rougir. 

    — On est en public…

    Je ne comprends pas pourquoi il est si détendu. Il me fait un petit sourire, les yeux pétillants et il embrasse mes doigts. 

    — Je sais… mais je veux t’embrasser.

    Sa main repousse mes doigts et il m’embrasse avec douceur, un peu timidement, et c’est comme si ces trois dernières semaines disparaissaient totalement. 

    — J’ai beaucoup réfléchi et… j’ai parlé de nous à mes parents. Je ne veux plus jamais que tu puisses imaginer que je pourrais te remplacer.

    — Pour de vrai ?

    Je me demande un instant si j’ai mal compris, mais son sourire s’agrandit et il m’embrasse à nouveau. J’ai des papillons dans le ventre alors que pour la première fois en deux ans, on expose notre amour aux yeux du monde. 

    — Alors… tu veux bien me donner une deuxième chance ?

    Il me repose la question et je me rends compte que je ne lui ai pas vraiment répondu. Et même si le fait que je sois toujours dans ses bras et que je le laisse m’embrasser est un bon indice, il a besoin de l’entendre de ma bouche.

    — Bien sûr que je te laisse une autre chance, je… je ne veux pas être sans toi.

    On se sourit un moment avant qu’il ne m’attire contre lui et que l’on reste juste l’un contre l’autre.

     

    Je n’arrive pas à arrêter de sourire alors que je marche tranquillement autour du Juliet Love Garden. Comme toujours, il y a des dizaines d’amoureux qui se prennent en photo ou qui accrochent leur cadenas au grillage. Ce jour-là, en plus de montrer notre amour aux yeux de tous, Billkin m’avait entraîné pour que l’on accroche le nôtre. C’était étourdissant de pouvoir lui prendre la main et lui montrer mon amour en public, de ne plus être simplement son ami.

    Je m’approche tranquillement de l’endroit où il est accroché, je m’accroupis et même si je sais qu’il y a peu de chance que je le retrouve, je passe cinq minutes à bouger la centaine de cadenas présents, tout en pensant à notre vie après. Billkin n’a pas attendu pour m’emmener voir ses parents et ils se sont montrés adorables envers moi. Le moment le plus délicat à gérer a été l’université. Le lundi suivant, quand après trois semaines sans se croiser sur le campus, on est arrivé main dans la main, les réactions ont été explosives.

    Les élèves qui n’étaient pas au courant de notre histoire, et il y en avait un paquet, ont eu du mal à croire et accepter le fait que l’on était ensemble depuis deux ans. Le pire avait été les filles qui pensaient avoir une chance avec lui et qui n'avaient pas toujours été très sympa avec moi. 

    La sonnerie de mon téléphone me fait sortir de mes pensées et souvenirs. Après avoir dû affronter notre séparation, être ici, sur le lieu où notre amour s’est renforcé est plaisant et c’est en me sentant léger et détendu que je regarde le message que je viens de recevoir et qui me met le feu aux joues.

    Great Residence Hotel : Votre réservation pour la chambre 214 est effective, notre équipe se tient à votre disposition pour vous accueillir ce jour.

    Je m'étouffe un peu avec ma salive avant de me mordiller la lèvre en regardant autour de moi. Cet hôtel, je le connais, on y est allé une fois au cours de notre première année, c’est là qu’on… qu’on est devenu intime lui et moi. Mon téléphone sonne à nouveau et j’ai un peu peur de regarder à nouveau. Pourquoi je reçois soudain un message de réservation de leur hôtel ? Le cœur battant, j’ouvre le message de mon meilleur ami.

    Billkin : Continue de me faire confiance, va passer un moment là-bas pour te reposer, bientôt on se retrouvera tous les deux.

    Je suis rouge comme une tomate, comment je pourrais me reposer alors qu’il a réservé exactement la même chambre. J’ai le cœur qui bat la chamade, mais je suis beaucoup trop curieux pour refuser de suivre la piste que Billkin me demande de suivre. Et puis l’idée de bientôt le revoir me fait me relever rapidement, je jette un dernier coup d'œil avec un petit sourire à l’endroit où notre cadenas se trouve, bien à l’abri au milieu des autres, puis je me dirige un peu nerveusement vers ma voiture. 

     



  • Commentaires

    1
    Lundi 6 Décembre 2021 à 10:37

     lol. Nan mais sérieux, on rêverait tous d'une déclaration d'amour en mode chasse aux trésors/aux souvenirs comme ça (ಥ _ ಥ). Tu nous as vraiment concocté une belle histoire ;D J'ai hâte de lire le prochain chapitre ^^

    Bises <3

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