• Chapitre 3 : Future

    Chapitre 3

    Je m’étire lentement, laissant le sommeil me quitter petit à petit. Je me tourne tranquillement en m’étirant encore avant de me lover contre Prom qui dort encore profondément à côté de moi. Sans hésiter, je colle mon visage contre son cou et inspire, laissant son odeur m’envahir et me rassurer. Six mois ont passé depuis qu’il m’a retrouvé dans le bar de New et Sam, trois mois que j’ai mis au monde notre petite fille et un an aujourd’hui qu’il m’a trouvé dans cette forêt alors que j’étais en chaleur. 

    Aussitôt, ses bras entourent ma taille et il me rapproche plus près de lui. 

    — Bonjour mon coeur. 

    Je souris contre sa peau, laissant un petit baiser avant d’en déposer un deuxième, remontant la ligne de sa mâchoire pour retrouver ses lèvres. Comme toujours quand je suis avec lui, j’ai l’impression de devenir un chaton docile et ça me perturbe toujours autant, mais jamais il ne me viendrait à l’idée de m’éloigner de lui.

    — Bonjour toi.

    Il me fait un petit sourire, on est plongé dans le regard de l’autre et comme à chaque fois qu’il me regarde de cette manière, mon bas ventre se contracte. Son doigt glisse le long de mon cou, s’attardant comme toujours sur la petite bosse où se trouve la glande olfactive toujours vierge de toute morsure. Je gémis alors que ma peau se couvre de chair de poule et que ses yeux s’embrasent d’envie.

    — Quand tu auras tes chaleurs…

    Pour le moment ce n’est toujours pas arrivé, contrairement aux autres fois, je les attends maintenant avec impatience. Je sais que la prochaine fois que la brûlure s’éveillera en moi, il me marquera, on appartiendra l’un à l’autre définitivement. Ses doigts accrochent mon menton et il s’approche pour m’embrasser à nouveau, j’ai la respiration qui s’est raccourcie, j’ai envie de lui et il n’est pas rare que l’on fasse l’amour le matin au réveil.

    Seulement, alors que nos lèvres sont sur le point de s’effleurer, des pleurs s’élèvent dans la pièce juste à côté de la notre. On se regarde un instant avant de pouffer et de prendre de grandes inspirations pour contrôler le désir qui avait déjà influé dans nos corps. 

    — Je vais aller m’occuper d’elle.

    Il se contente de hocher la tête avant de m’embrasser rapidement et de me libérer.

    Rapidement, je quitte la chaleur de notre lit et je me rends dans la petite chambre adjacente. Elle est décorée sobrement, à notre image. Je m’avance sans attendre vers le berceau pour y découvrir ma petite Sumalee qui s’époumone en gigotant ses petits poings. 

    — Viens là ma puce, papa est là, calme toi.

    Je la prends avec tendresse dans mes bras, la berçant pour la calmer avant d’aller changer sa couche.

    Avant toute cette histoire, je ne sentais pas ce besoin d’enfanter qui est généralement rattaché à la caste des Omégas. Je ne pensais pas être fait pour être père, pour m’occuper d’un petit être vivant et qui dépendrait intégralement de moi. Et puis je l’ai attendue, elle est arrivée et maintenant je n’arrive même plus à imaginer ma vie sans elle. Des bras s’enroulent autour de ma taille, des lèvres se posent sur mon cou et l’autre personne dont je ne pourrais plus me passer nous rejoint. 

    — Elle te ressemble beaucoup.

    Je lui jette un coup d'œil et je remarque qu’il a exactement la même lueur que moi dans son regard alors qu’il observe sa fille en train de gazouiller. 

    — J’espère qu’elle sera un Alpha comme toi.

    Son étreinte se resserre. Cette conversation, on l’a déjà eu plusieurs fois, j’aimerais juste que notre fille ne doive pas vivre dans la crainte d’être submergée par des chaleurs à la merci des Alphas. 

    — Quoi qu’il arrive, on sera là près d’elle pour la protéger, murmure-il près de mon oreille et Sumalee semble plutôt d’accord avec l’idée de son père puisqu’elle émet un son qui ressemble à un rire. 

    Il embrasse ma tempe avant de me libérer de son étreinte. 

    — Allez viens, allons nourrir ce petit ogre.

    On se retrouve rapidement dans la cuisine, je l’observe cuisiner notre petit déjeuner alors que notre bébé est en train de boire son lait.

    — Prom, est-ce que tu veux que l’on fasse quelque chose aujourd’hui ?

    J’essaie de paraître détaché, mais aujourd’hui cela fait un an que notre vie a changé pour de bon et je n’ose pas le lui demander, mais j’aurais aimé passer du temps avec lui. Il lève les yeux vers moi avec un petit sourire. 

    — On pourrait confier Sumalee à ta mère et ensuite on irait se promener dans les bois, ça fait longtemps que tu n’as pas pu le faire.

    Je ne me suis pas transformé depuis plusieurs mois, la grossesse m’a empêché de le faire et j’étais trop fatigué après, alors mon loup s’est tenu tranquille, mais dès que notre Alpha émet l’idée d’aller se balader, il se met à piaffer. Malheureusement, je n’ai pas le temps de lui répondre que notre porte d’entrée s’ouvre à la volée et que mon meilleur ami, accompagné de son petit ami, rentre dans la cuisine.

    — Beeenz ! 

    Prom est plus réactif que moi, il abandonne notre repas et vient rapidement prendre le bébé avant que Third ne s’accroche à mon cou. 

    — Je suis encore malade… pourquoi je suis autant malade.

    Je jette un coup d'œil à celui qui partage sa vie tout en caressant le dos de mon meilleur ami.

    — Doc ne t’a pas expliqué ? lui demandé-je d’une voix douce, connaissant parfaitement comment il peut réagir et même suréagir.

    Seulement, en ce moment, il arrive encore moins à se contrôler. D’ailleurs, il se redresse subitement en regardant son petit ami d’un air mauvais pour bien lui faire comprendre que tout est absolument de sa faute.

    — Comment il pourrait savoir, il a jamais vécu ça lui… c’est un Alpha.

    Il finit par s’effondrer sur moi à nouveau et je dois me mordre la lèvre pour ne pas rire alors que Prom me fait un petit clin d'œil et que Meen, dit Doc, se frotte les cheveux, impuissant.

    — Third, c’est normal que tu te sentes malade, tu attends un bébé et comme Doc te l’a sûrement dit, il n’y a rien d’inquiétant.

    Meen est l’homme qui a soigné Third et petit à petit, ils sont tombés amoureux. Ils ont décidé de construire quelque chose ensemble et il y a deux mois, Meen a marqué Third pendant ses chaleurs. Ils se préparent maintenant à fonder leur propre famille. 

    Ils ne sont pas âmes sœurs cependant, avoir la chance de la trouver reste rare et je suis chaque jour heureux d’avoir pu trouver Prom et de vivre avec lui. Meen et Third ne vivent pas mal ce fait, ils sont heureux ensemble et voir mon meilleur ami épanoui avec un homme doux et patient est tout ce qui compte pour moi.

    Je le caline encore un moment et je peux sentir ses muscles se détendre, je sais combien cette grossesse lui fait peur alors on fait tout pour qu’il se sente le mieux possible. 

    — Je suis désolé, Benz.

    Il me parle d’une petite voix, se rendant sûrement compte qu’il s’est montré excessif dans sa réaction. Je souris, continuant de lui caresser le dos avant de venir lui chuchoter à l’oreille.

    — Je sais que cette période n’est pas facile, que tu as peur, mais Meen est là pour toi. Il va être ton soutien pour ces prochains mois.

    Il se redresse en me regardant, penaud. Third me fait penser à un enfant et dire que cet enfant aura un enfant dans quelques mois... Il hoche la tête doucement avant de quitter mes genoux et de se jeter dans les bras de Meen qui le serre contre lui en le berçant doucement.

    Il me fait un petit sourire avant de mimer un merci, soulagé de voir la crise passée. 

    — On va vous laisser déjeuner tranquillement. Third a besoin de se reposer.

    Meen nous sourit encore une fois avant de lentement guider le jeune homme vers la porte qu’il referme en douceur derrière eux.

    — J’ai du mal à imaginer Third s’occuper d’un bébé.

    Prom parle rêveusement tout en berçant notre bébé qui s’est endormi. 

    — Dépêchons-nous de déjeuner et allons voir ta mère avant que Third ne revienne avec un nouveau drame.

    Je pouffe, mais j’obéis et je mange de bon cœur avec lui, savourant chaque instant en sa compagnie.

    Moins d’une heure plus tard, on entre dans les bois. Ma mère s’occupe de Sumalee et enfin, je vais pouvoir laisser ma partie loup s’exprimer. Elle trépigne d’impatience, je la sens piaffer alors qu'à l'abri des regards, on commence à se déshabiller sans jamais se quitter des yeux. Ma respiration accélère alors que une sensation familière prend naissance dans mon corps, l’impression que mon corps se brise pour ensuite se remodeler.

    Ce n’est pas agréable, mais ce n’est pas douloureux non plus. Aussitôt une sensation de liberté se fait sentir alors que mon loup aux poils caramel s’ébroue en reniflant partout autour de lui avant de japper en allant à la rencontre d’un grand loup aux poils blanc. Nos museaux se frottent, il me mordille l’oreille et un long frisson me parcourt l’échine.

    Sans attendre, je m’élance à travers bois, laissant la puissance de mes muscles me mener là où les odeurs m’attirent et je suis la course du soleil en savourant la chaleur sur mon corps animal. Prom pourrait largement me distancer, il a une plus grande puissance que moi et pourtant il reste juste quelques mètres derrière moi. De temps en temps, il me force à changer de direction et j’ai l’impression qu’il cherche à me mener quelque part. Je ne comprends pas tout de suite pourquoi, jusqu’à ce qu’en arrivant au bord d’un lac miroitant, je ressente les premières brûlures des chaleurs. 

    Je ralentis avant de m’arrêter en couinant, je ferme les yeux, prenant des inspirations lentes et profondes. Je me bats un instant contre mon instinct de loup avant de réussir à reprendre forme humaine. Je me retrouve allongé sur le dos dans l’herbe tendre, tremblant alors que les vagues de chaleur se font sentir de plus en plus fort. 

    — Prom !

    Cette fois, je ne panique pas, je me sens en sécurité alors que l’homme que j’aime s’approche lentement de moi avec un sourire rassurant. 

    — Je suis là mon coeur, n’aies pas peur.

    Il s’agenouille près de moi alors que je me redresse sur mes coudes, sa main se pose sur mon ventre, son pouce caresse lentement ma peau et je m’enflamme.

    — Je n’ai pas peur.

    Je m’assoie en me mordant la lèvre inférieure, mon cœur battant à un rythme infernal, mais pas à cause de mes chaleurs, plutôt parce qu'aujourd’hui est un grand jour, il va me marquer, on sera lié à jamais l’un à l’autre. Je passe mes bras autour de son cou en capturant ses lèvres dans un baiser tendre et passionné. 

    Il ne faut pas longtemps pour qu’il me soulève dans ses bras, mes cuisses s’enroulent autour de sa taille et je m’accroche fermement à lui. Mon érection frotte contre son bas ventre et je gémis. Mes chaleurs sont présentes, mais elles sont bien moins fortes qu’un an auparavant, je n’ai pas l’impression qu’elles me contrôlent complètement, même si le besoin de ne faire qu’un avec Prom est impérieux.

    Un long frisson me parcourt le corps et je me contracte quand il nous fait entrer dans l’eau sans jamais cesser de m’embrasser. L’eau me semble glacée sur mon corps bouillant et je pousse une exclamation de surprise. J’ai les idées un peu plus claires, pas seulement focalisées sur mon sexe dur et le besoin d’être comblé, je prends un profonde inspiration. 

    — Tu avais tout prévu.

    Je n’arrive pas à croire que l’on se retrouve ici au milieu des bois, loin de tout être vivant pile au moment où mes chaleurs se déclenchent. Il rit doucement, nous entraînant au milieu de l’eau. 

    — Il y avait des signes depuis plusieurs jours, mais tu ne t’en es pas rendu compte.

    Je rougis légèrement en me cachant contre son cou, je suis totalement pris par ma fille et je n’ai même pas fait attention aux signes que mon corps m’envoyait. J’ai un petit sourire quand je vois combien il a pu se montrer prévenant avec moi.

    — Pourquoi ici ?

    Même si le froid de l’eau me calme, ma respiration commence à se faire plus rapide, l’odeur de Prom m’enivre et je dépose des dizaines de baisers sur son cou et son épaule. Sans faire attention mon bassin bouge contre lui, m’offrant une divine friction qui déclenche des soubresauts de plaisir dans mon bas ventre.

    Sa main se glisse entre nous, il ne me soutient que d’une main comme si je ne pesais rien. Il empoigne mon sexe, le serre et commence de lents mouvements de va-et-vient. Je ferme les yeux en soupirant, savourant le traitement qu’il m’offre. 

    — Je voulais que l’on soit loin du village, je sais que ça te met encore mal à l’aise et je me suis dis qu’avec l’eau froide du lac, on pourrait prendre plus notre temps. Je ne veux pas faire ça comme la dernière fois…

    Sa voix s’éteint petit à petit et quand je redresse la tête, je peux voir sa mine sombre et son air penaud. S’il ne regrette absolument pas la venue de notre fille, il s’en veut toujours de ne pas avoir été assez fort ce jour-là pour ne pas craquer. Je soupire, mais il se transforme en un long gémissement car sa main ne s’est pas stoppée.

    — Arrête de t’en vouloir... moi je...anh.. suis heureux que tu m’aies trouvé ce jour-là… Hummm.

    On n’a jamais réellement discuté de ce jour-là, mais je veux mettre les choses au clair avec lui, même si le plaisir m’embrume déjà l’esprit. 

    — Avant toi, je n’ai jamais voulu qu’un Alpha m’approche pendant mes chaleurs et… hmmmm ne t’arrête pas…

    Je pourrais mourir de honte alors que je m’accroche à lui, griffant sa peau, mais je suis submergé par la chaleur et le plaisir alors je continue à essayer de lui expliquer. 

    — Pr...Prom… la dernière fois que l’on a fait l’amour, ce jour-là… je n’étais plus en chaleur… Ahn.

    Mon corps se contracte au moment où je lui avoue ça et l’orgasme me fauche me laissant tremblant dans ses bras. 

    — C’est vrai ? murmure-t-il en m’embrassant la tempe alors que je suis écroulé contre lui, essayant de reprendre ma respiration. 

    Je me sens un peu coupable d’avoir été incapable de lui dire auparavant, si j’avais réussis, alors il ne se sentirait pas aussi coupable à propos de la manière dont les choses se sont passées. Je me redresse difficilement pour lui faire face, j’ai les joues rouges, mais un petit sourire tendre alors que je caresse sa joue.

    — J’aurais pu faire face si ça n’avait été qu’à cause des chaleurs, mais j’étais persuadé que Third et toi étiez fait pour être ensemble.

    Il ne me quitte pas des yeux, pendu à mes lèvres et je passe rapidement la langue entre elles pour les humidifier.

    — Mes chaleurs sont passées rapidement et la dernière fois où on l’a fait, elles étaient déjà terminées. J’ai fui parce que j’avais honte d’avoir eu envie de le faire en sachant que tu n’étais pas à moi.

    Il me serre contre lui en soupirant et je lui rends son étreinte avec ferveur dans l’espoir qu’il arrête de s’en vouloir pour quelque chose dont il n’est pas responsable.

    — J’ai toujours été heureux que ça ait été toi ce jour-là et puis… c’est parce que c’était toi qui était dans les parages ce jour-là que mes chaleurs ont été si fortes. Mon corps, mon loup sentait son âme soeur et le voulait.

    On reste un moment dans les bras l’un de l’autre sans rien dire, profitant juste de l’instant. On se contente de s’embrasser et de caresser chastement la peau de l’autre. Cependant, au bout d’un moment, la chaleur revient, un peu plus forte, un peu plus pressante et je me retrouve à chercher plus de contact, à vouloir qu’il me comble définitivement. 

    — Tu veux toujours que je te marque… que l’on soit liés ?

    Sa question ne me surprend pas, Prom est l’alpha le plus prévenant que j’ai jamais vu. Je colle ma bouche contre la sienne, ma langue vient rapidement à la rencontre de la sienne et je m’enflamme. 

    Quand j’arrive à quitter ses lèvres, on se lance un regard brûlant, nos pupilles sont dilatées et je sais que je ne pourrai pas tenir sereinement encore longtemps. 

    — J’attends que tu le fasses depuis un an Prom… ne t’avise pas de ne pas le faire.

    Il rit, visiblement soulagé avant de se mettre en mouvement. Il nous fait quitter l’eau et s’avance pour rejoindre une couverture qui se trouve à l’ombre des arbres.

    Il a vraiment pensé à tout et il me surprend encore plus quand il me tend une petite pilule, je fronce les sourcils. 

    — Ta mère m’a dit que tu devais prendre ça avant de… avant que l’on… pour que tu ne tombes pas enceint.

    Je pouffe quand je comprends qu’il a dû avoir une longue conversation sur le sexe et les omégas avec ma mère. Je n’ajoute rien, je me contente de prendre le médicament car je ne me sens pas prêt à avoir un autre enfant maintenant. Je prends une grande inspiration frissonnante, ne plus être dans l’eau laisse les symptômes me saisir brutalement. 

    — Ne me fais plus attendre Prom…

    Ma main se pose sur sa nuque et je l’attire vers moi. Cette fois, plus rien ne nous arrête, il me dévore et je le laisse faire avec plaisir. Ses lèvres, ses mains, il semble être partout à la fois et je plane complètement sur une vague de plaisir qui ne semble pas vouloir s’apaiser. 

    C’est un véritable soulagement de le sentir en moi, l’apaisement est soudain et comme à chaque fois, je me sens complet quand on fait l’amour. Ses gestes sont tendres, il prend soin de moi, essayant comme toujours de garder le contrôle pour ne pas me blesser en se laissant aller à ses instincts dominants.

    Je m’accroche à lui, mes ongles s’enfonçant dans la peau de son dos, je pense furtivement que je dois lui faire mal. Il grogne et me mord l’épaule, là où se trouve la cicatrice qu’il a laissée l’année dernière pour ne pas me marquer. Je sens la peur me tordre le ventre et un sanglot étranglé et incontrôlable sort de ma gorge, le faisant stopper tout mouvement. Il m’observe un moment avant de se retirer 

    — Retourne-toi, ce sera moins douloureux pour te marquer.

    J’inspire, mais l’écoute, je m’allonge sur le ventre et sans attendre il me pénètre à nouveau et je pousse un cri de satisfaction à son intrusion. 

    — Prom… arrête de te contrôler… Tu ne me feras pas mal… je te le jure. J’ai confiance en toi.

    Il tremble violemment et je m’accroche à la couverture quand il bouge soudainement en moi. C’est un mouvement sec, brutal et il frappe fortement ma prostate. Il recommence à plusieurs reprises et il prend un rythme qui m’empêche de faire autre chose que gémir encore et encore.

    Mon cœur va certainement lâcher, jamais il ne m’a fait l’amour de cette façon, de manière si bestiale, et j’aime ça. Mon corps vient de lui-même à sa rencontre, appuyant encore plus le mouvement et il ne me faut pas longtemps pour sentir la jouissance arriver. Une de mes mains se pose sur ses hanches pour l’empêcher d’arrêter ce qu’il fait. Je me contracte, la boule explose, mais même si j’ouvre la bouche pour crier alors que j’éjacule fortement, aucun son ne sort, je suis paralysé alors que ses dents viennent de s’enfoncer à la base de mon cou.

    Le plaisir est décuplé par mille alors que nos corps, nos âmes et nos vies se lient pour le reste de nos vies. Je le sens à peine me nouer, me serrer dans ses bras ou me chuchoter des paroles réconfortantes à l’oreille, je sombre dans un état second qui dure plusieurs minutes. Quand je reprends le pas sur la réalité, on est allongé sur le côté, un bras de Prom me sert d’oreiller, il est toujours en moi et il caresse lentement mon flanc.

    — Tu vas bien mon coeur ?

    J’ai du mal à réagir, mais lentement j’arrive à tourner la tête pour le regarder dans les yeux et je hoche la tête.

    — Je comprends pas ce qui s’est passé.

    Je n’aurais jamais imaginé avoir une réaction aussi forte au marquage, j’ai eu l’impression de mourir de plaisir avant de revenir à la vie. 

    — C’était trop intense, tu t’es déconnecté un moment, mais ça va aller.

    Il me rapproche de lui et je gémis quand son sexe bouge légèrement en moi, le faisant se figer aussitôt. 

    — Excuse-moi.

    Heureusement qu’il ne me noue pas quand je ne suis pas en chaleur, c'est une réponse de son corps à mon état pour augmenter les chances d’avoir un enfant, mais je n’aime pas vraiment ça, ce n’est vraiment pas agréable.

    On reste un long moment allongé au bord de ce lac, le temps ne semble pas avoir d’emprise sur nous et on refait l’amour à plusieurs reprises, avant que mes chaleurs soient complètement terminées. Je suis épuisé et je ne pense pas pouvoir me transformer pour rentrer à la maison. Je sursaute quand un petit tas d’habit tombe juste à côté de moi. 

    — Qu’est-ce que c’est ?

    — Habille-toi, il est temps de rentrer. Je vais te porter sur mon dos.

    Prom est déjà complètement vêtu, il rassemble tranquillement nos affaires pendant que, sans discuter, je passe les habits qu’il m’a choisi. Ensuite, il me tourne le dos en s’agenouillant et comme il l’avait dit, me porte sur son dos. 

    — Je veux que l’on revienne ici pour mes prochaines chaleurs et pour toutes les suivantes.

    Il marche à travers les bois d’un pas leste et éclate de rire quand je lui fais part de mes projets.

    — Tu ne voudrais pas le faire dans notre chambre, ce serait plus confortable que sur le sol ?

    — Hum non… je me sens bien là-bas, en sécurité et je me sens mal à l’aise quand ça arrive et qu’il y a des gens autour.

    — Bien alors on y retournera à chaque fois.

    Je lui fais tourner la tête, on échange un nouveau baiser tout en continuant notre route. J’aime profondément cet homme, cet Alpha qui prend soin de moi sans rien attendre en retour. J’ai hâte de découvrir ce que l’avenir a à nous offrir et de vivre toutes sortes d'aventures à ses côtés.

     

    Cela fait trois mois que Prom et moi on s’est lié. Dans le fond ça ne change pas grand chose, on est toujours aussi amoureux l’un de l’autre. Cette morsure dans mon cou n’a changé qu’une chose, je me sens plus en sécurité que jamais. Même si certains s’en fichent, les Alphas respectent en règle générale le marquage et n’embêtent pas les Oméga ayant cette fameuse cicatrice.

    Aujourd’hui, je trépigne d’impatience en regardant l’heure sur l’horloge, je n’ai pas vu New et Sammy depuis des mois. Même si on est allés leur rendre visite pour leur présenter Sumalee, on n’a pas eu l’occasion de les revoir depuis. Alors quand New m’a appelé pour me dire qu’il fermait le bar pour quelques jours afin de venir nous rendre visite, j’ai sauté de joie.

    J’ai l’impression que le temps ne passe pas et je vois très bien que mon comportement fait rire Third, Meen et Prom. Je suis heureux que ce dernier se soit détendu en présence du Béta, qu’il ne le voit plus comme une menace et je sais qu’au fond, ils s’apprécient vraiment. 

    On est tous les quatre dans la cuisine en train de cuisiner, enfin moi je regarde les autres s’activer pendant que je m’occupe de Sumalee qui gigote vigoureusement dans tous les sens pour avoir l’attention sur elle. Je me sens heureux, détendu et je n’arrive pas à m’empêcher de sourire, j’ai l’impression que rien ne pourra venir entacher mon bonheur.

    Je sais qu’il ne faut pas penser à ce genre de choses, car c’est alors qu’une épreuve arrive et vous cloue sur place, vous forçant à ouvrir les yeux sur ce qu’est réellement le monde. Mon épreuve arrive à toute vitesse quand la voiture de New et Sammy fait un long dérapage devant notre maison, le crissement des pneus nous faisant grimacer. 

    L’ambiance légère disparaît aussitôt, ne laissant aucune trace derrière elle alors qu’instinctivement, Meen et Prom se placent entre nous et la porte. New entre dans la maison sans prendre la peine de frapper et un instant je me demande s’il ne va pas arracher la porte de ses gongs. Il est essoufflé, pâle comme la mort et Sammy derrière lui est tout aussi blême. 

    — On s’est arrêté à la sortie de la ville pour mettre de l’essence. On a entendu un groupe d’Alpha, ils viennent chercher des Omégas.

    Ils sont rares les Alphas qui veulent vivre avec les anciennes règles, qui privilégient la loi du plus fort, qui violent les Omégas, tuent les Bêtas et les Alpha pour prouver que leur meute est la plus forte. La ville la plus proche se trouve à une trentaine de kilomètres, même si New et Sammy sont venus aussi vite que possible, ils ne nous offrent qu’une légère avance.

    — Benz !

    Je sursaute alors que je sens Prom qui me secoue par les épaules, mon menton tremble, je serre ma fille plus étroitement contre moi et je me concentre. 

    — Emmène Third et Sumalee au lac… tout de suite.

    Il m’embrasse rapidement, trop rapidement, mon cœur accélère alors que la panique menace de me submerger. 

    — Je t’y retrouverai rapidement.

    — Non… je ne veux pas te laisser.

    J’essaie de le raisonner, mais le regard noir qu’il me lance me réduit au silence alors qu’il déploie sans une once de remord son aura d’Alpha. Il ne l’avait encore jamais utilisé contre moi et je sais que là, je ne suis pas en position de marchander.

    — Je dois aller chercher ma mère avant.

    Je ne veux pas la laisser derrière moi, c’est une Oméga comme moi, je ne peux imaginer ce qu’ils lui feront s’ils la trouvent. 

    — On va aller la chercher, on va essayer d’éloigner les autres Omégas avant leur arrivée d’accord ?

    Sammy me rassure, j’ai pleinement confiance en elle et je sais que contrairement à moi, elle aura plus de force s’il s’agit de se battre même si l’idée m’horrifie.

    J'acquiesce en me mordant fortement la lèvre inférieure pour ne pas craquer. Prom embrasse le front de notre fille, m’embrasse encore une fois et me pousse vers la sortie. Un sentiment de déchirement m’empêche de respirer alors que je quitte la maison, suivi de Third qui n’a fait aucune scène, aucun commentaire. Il est enceint de cinq mois maintenant, sa grossesse est difficile et je dois les mettre en sécurité, lui et Sumalee.

    On quitte le village, on s’enfonce dans la forêt. Notre rythme est assez lent, Third peine à marcher et je finis par lui prendre la main pour essayer de lui donner ma force. On n’est pas encore assez éloigné quand j’entends les premiers hurlements de loups, ils sont là. 

    — Third, il faut avancer encore, ils pourraient sentir notre odeur.

    — J’essaie d’aller aussi vite que possible, je te le promets.

    Sa voix est hachurée, il est essoufflé et j’aimerais pouvoir l’aider plus que ce que je fais actuellement. 

    — Je sais, on va y arriver, on…

    Je m’interromps quand un grognement s’élève sur notre droite. Je sais que ce que je fais est stupide, mais je nous cache derrière un grand tronc d’arbre. Third place sa main sur sa bouche pour atténuer le bruit de sa respiration. C’est ridicule, même s’il ne nous entend pas, il nous sentira forcément. 

    — Prends-la.

    En tremblant, je lui donne Sumalee qui est très calme, elle ne bouge pas, elle ne pleure pas, elle doit sentir la tension qui règne autour d’elle et se fait le plus discrète possible. J’aimerais dire que la chance est avec nous, que l’alpha ne nous a pas senti et a continué sa route vers la ville. Malheureusement, ce serait mentir, j’entends la végétation craquer alors qu’il se rapproche lentement de nous.

    — Le lac est à environ trois kilomètres au sud. Quand j’ai détourné son attention, tu cours le plus vite possible, lui murmuré-je d’une voix ferme à l’oreille, je veux sembler sûr de moi, alors qu’au fond je suis terrifié, autant de faire face à l’Alpha que de les laisser partir. 

    Il ouvre la bouche pour parler, mais un grognement l’interrompt et il se contente d’hocher la tête.

    Je ne prends pas la peine de me déshabiller, je sors de ma cachette en laissant mon loup prendre le dessus. Je me retrouve sur mes quatre pattes musclées, mais chétive, des morceaux de vêtements éparpillés autour de moi. Je fais face à un immense loup roux. Je sais que je ne fais pas le poids, d’ailleurs, il a une sorte de reniflement méprisant quand il me voit.

    Je ne me démonte pas cependant, la survie de ma fille, de mon meilleur ami et de l’enfant qu’il attend sont entre mes mains. Le loup m’observe, il attend sûrement que je prenne la fuite, ce qui serait le comportement logique d’un Oméga, mais là je me campe sur mes pattes arrière, je lève mon museau vers le ciel et laisse un hurlement de détresse glisser entre mes babines. Mon loup prévient son Alpha, il demande de l’aide et j’espère juste que Prom sera capable de nous rejoindre rapidement.

    Mon hurlement s’interrompt brusquement quand le loup roux bondit sur moi, au même moment du coin de l'œil je vois la silhouette de Third s’éloigner. Sauf que, si moi je l’ai vu, lui aussi et il grogne en cherchant à le poursuivre, sûrement excité à l’idée de chasser. Il s’apprête à le poursuivre et je n’écoute que mon instinct, c’est à mon tour de lui sauter dessus, sauf que moi je ne me contente pas de le bousculer, j’enfonce profondément mes crocs dans son flanc gauche.

    J’ai l’effet de surprise, c’est ce qui me permet de le blesser, même que légèrement. Cela ne dure pas, d’une secousse il me force à le lâcher et la réponse est immédiate, il mord ma patte avant droite, un élan de douleur me fait couiner et l’alpha s’apprête à repartir. Il veut chasser mon ami, en faire son jouet et je ne peux pas le laisser faire. Je fais fis de la douleur et bondis une nouvelle fois sur lui, j’essaie de le déstabiliser et j’arrive à nouveau à le mordre au niveau de l’encolure.

    J’ai au moins réussi une chose en faisant ça, il a oublié Third pour le moment. Il est totalement focalisé sur moi, qu’un Oméga lui tienne tête le met en colère et il compte bien me remettre à ma place. Ses attaques sont rapides, puissantes et si j’arrive à esquiver la première et à bien encaisser la deuxième, je me retrouve à terre dès la troisième. Je grogne, je tente de lui faire peur, mais je crois que je suis plutôt risible dans ce rôle. Je couine fortement avant qu’un jappement de douleur ne raisonne dans la forêt quand il mord profondément mon épaule, j’ai l’impression qu’il vient de m’arracher la patte.

    J’ai à peine le temps de réagir, je ne peux rien faire pour me protéger, qu’il fond sur moi à nouveau, déclenchant un nouvel élan de douleur. Il joue, je m’en rends bien compte, il aurait pu me tuer depuis bien longtemps, mais il doit trouver plus amusant de faire comme ça qu’une mort rapide et sans douleur.

    Il s'apprête à me blesser à nouveau quand quelque chose le percute et le fait rouler plus loin. Du coin de l'œil, je vois mon loup caramel qui montre les crocs, défiant le rouquin d’attaquer. Plus loin, un loup noir fonce sans s’arrêter à travers les arbres, mais je ne m’inquiète pas. C’est Meen, il va rejoindre Third. Je peux me détendre, j’ai réussi à tenir bon pour les mettre en sécurité.

    J’entends la lutte qui se passe à quelques pas de moi, mais je n’arrive pas à déterminer qui a le dessus ou pas. Mon loup faiblit, il souffre et finit par me laisser reprendre le contrôle. Je me retrouve nu, allongé sur le côté et sanguinolent, la douleur est atroce et j’ai peur. Un hurlement suraigu de douleur me transperce les oreilles et me force à me les boucher, ce qui entraîne un flot de douleur me faisant presque perdre connaissance.

    Je pousse un cri quand je sens une main se poser sur mon flanc. 

    — Benz ! Calme toi… c’est moi.

    Je respire rapidement, en proie à la panique alors qu’en ouvrant les yeux je tombe sur le regard inquiet de Prom. Il est vivant, il est près de moi et malgré le sang présent sur son corps, je n’ai pas l’impression qu’il soit blessé.

    — Je te ramène à la maison.

    Il prend d’infinis précautions pour me prendre dans ses bras, mais malgré ça, je laisse des gémissements s’échapper de mes lèvres. Il marche rapidement, se retenant de courir pour éviter de me faire souffrir davantage. Cependant, la douleur et la perte de sang finissent par avoir raison de moi et je me laisse aller aux ténèbres alors que j’entends sa voix désespérée appeler mon prénom sans s’arrêter.

    La pièce est plongée dans la pénombre quand j’ouvre enfin les yeux, il me faut quelques secondes pour me rendre compte que je suis allongé dans mon lit, l’odeur de Prom est encore présente dans la pièce. J’essaie de me redresser, mais aussitôt la douleur me rappelle à l'ordre. Je me laisse retomber contre les oreillers en soufflant et en tendant l'oreille en espérant entendre du bruit.

    Et j'arrive vaguement à entendre la voix de Prom provenant de la chambre de notre fille. Je prends une profonde inspiration, s'il est dans sa chambre, s'il lui parle alors c'est que tout va bien, pas vrai ? 

    Je vis plusieurs longues minutes effrayantes avant que Prom ne revienne dans la chambre. Il entre d'un pas lent, la tête basse en soupirant. 

    — Prom ?

    Dès que ma voix atteint ses oreilles, il se redresse et nos yeux se croisent, je peux deviner des cernes sombres sous ses yeux creusés par l'inquiétude.

    — Benz !

    Il rejoint le lit en deux enjambées, monte dessus et se contente de poser sa main sur ma joue, la caressant lentement avec son pouce. 

    — Comment tu te sens ?

    Je réfléchis rapidement, j'analyse mon corps et pousse un petit soupir.

    — J'ai l'impression d'être passé sous un camion.

    Il me fait un petit sourire avant de m'embrasser délicatement.

    — J'ai eu la peur de ma vie quand j'ai entendu ton hurlement.

    J'attrape sa main alors que sans attendre il me livre ce qu'il a ressenti. Il ne cherche pas à me cacher les choses en tentant de se montrer fort et c'est ce que j'aime chez lui. 

    — Quand je courais vers toi, la seule chose que je pouvais me demander, c'était comment je pourrais ne serait-ce imaginer vivre sans toi et notre bébé.

    Je comprends parfaitement sa peine, je ressens exactement la même chose que lui. Je veux le prendre dans mes bras pour le rassurer mais la douleur se répand dans tout mon corps quand je tente de bouger mon bras droit.

    — Ne bouge pas, tu es salement blessé.

    Il s'allonge contre moi, je ressens rapidement la chaleur de son corps contre le mien et je souffle en laissant mes muscles se détendre. 

    — Quand je t'ai rejoint et que je l'ai vu prêt à te tuer… j'ai perdu la tête. Je n'ai ressenti aucune culpabilité à le tuer.

    Je frémis quand il m'explique comment a fini le combat car ses yeux semblent encore rougeoyer de colère. 

    — Et en même temps, je me suis senti tellement fier de toi. Tu n'as pas hésité à faire face au danger et à te battre pour protéger les tiens.

    — Tout le monde va bien ?

    — Tout le monde va bien, grâce à New, Sammy et toi, il n'y a eu que des blessures légères, dit-il sa main caressant ma tête un moment et je réussis à m'installer confortablement contre lui. Tu vas devoir rester allongé un moment, mais je vais veiller sur toi.

    — Je sais, j'ai confiance en toi. Je t'aime Prom.

    — Je t'aime Benz, plus que tout.

     J'ai un petit sourire en coin alors que le silence retombe. Je fini par m'endormir, épuisé par le combat et par mon corps en train de guérir. 

    Je suis serein, je sais que ma classe est considérée comme faible et inutile, juste bonne à porter des enfants seulement, je me suis prouvé que je pouvais être bien plus que ce que l'on attend de moi. Je suis courageux, je peux moi aussi défendre ma meute et je sais que je recommencerais s'il le fallait. Parce que même si je suis blessé,  je ne suis pas seul, j'ai Prom à mes côtés et je me sens plus fort quand il est près de moi. 


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