• Chapitre 3

    Chapitre 3

    Mes parents n’habitent pas vraiment loin de l’appartement où je vis avec Billkin, pourtant, je ne les vois pas aussi souvent que je le voudrais, alors je suis content de m’y rendre pour pouvoir au moins les prendre dans mes bras. C’est pour ça que je suis surpris de ne pas voir la voiture et aucune âme à l’intérieur. Je fronce légèrement les sourcils et hésite un instant à les appeler, mais je me ressaisis, ils ne doivent pas être au courant de mon arrivée, alors ils sont juste partis se promener. 

    Je fais rapidement le tour de la maison pour rejoindre le petit jardin où se trouve la balançoire où j’ai joué toute mon enfance avec mon grand frère et ma grande sœur. A me balancer ainsi et en observant les lieux, c’est facile pour moi de replonger dans cette fameuse soirée où j’aurais pu perdre ma famille et l’homme que j’aime s’ils n’avaient pas été ce qu’ils sont.

     

    — Mon coeur, tu n’es pas obligé si tu ne te sens pas prêt.

    Billkin vient de couper le moteur de la voiture. On est garé juste devant la maison et je me sens blanchir de seconde en seconde à cause de la pression. 

    — Je n’ai pas encore eu le courage d’en parler aux miens, alors je ne veux pas que tu te mettes sous pression. Tu peux me présenter juste comme ton ami.

    Ce n’est pas la première fois qu’il tient ce discours, mais comme à chaque fois, c’est une sensation désagréable. M’imaginer le traiter juste comme un ami est hors de question, pas devant les personnes en qui j’ai le plus confiance. 

    — Non ! Je ne veux pas, je suis sûr que tout va bien se passer.

    Ma main saisit la sienne et nos doigts s’entrelacent. Je n’arrive pas à détacher mon regard de nos mains ensemble, ça m’apaise, ça me détend et je me sens plus fort pour faire face à tout ça. 

    — Je sais qu’ils m’aiment et veulent le meilleur pour moi. C’est juste que… je n’ai jamais parler de… d’homosexualité avec eux.

    J’hésite un instant, c’est toujours difficile pour moi de le dire à haute voix, car je sais qu’il n’est pas toujours à l’aise avec ça. Il m’aime je n’ai aucun doute la-dessus, mais il n’aime pas devoir se mettre dans une case alors qu’il est déjà sorti avec des femmes avant. Il soulève nos mains et embrasse la mienne avec tendresse avant de me sourire. 

    — Je te soutiens quoi que tu décides, mais je suis sûr que tout se passera bien, m’encourage-t-il et j’aimerais l’embrasser, puiser de la force directement de ses lèvres douces, mais je dois seulement me contenter de ses paroles pour le moment. Allons-y, ne soyons pas en retard.

    Quelques heures plus tard, je le guide dans le jardin plongé dans la pénombre, nos mains sont toujours scellées et mon visage n’est que sourire. Mes parents nous avaient regardé rentrer étrangement, c’est à ce moment là que je m’étais rendu compte que j’avais oublié de lâcher sa main. Mon aveu avait été plus rapide que prévu, je ne pouvais pas faire marche arrière. Mon père était resté silencieux et immobile un moment, mais ma mère était tout de suite venue me rassurer en me prenant dans ses bras dans un premier temps, puis en intégrant Billkin dans son étreinte. 

    — La vie ne sera pas facile pour vous deux, mon fils. Si tu es sûr de toi, alors tu auras tout mon soutien.

    La voix grave de mon père nous avait mis en garde avant de nous accepter sans poser de questions ou de conditions comme on peut le voir dans certaines séries. Il y avait eu des instants un peu étranges, mais dans l’ensemble tout s’était bien passé et sortir prendre l’air dans le jardin, me permettait aussi de laisser éclater ma joie. Je le tire vers l’immense arbre qui se trouve au milieu du jardin, là où se trouve une balançoire capable d’accueillir deux personnes. 

    — Je suis tellement heureux.

    — Ça se voit, tu n’arrêtes pas de sourire. Tu es beau comme ça.

    Il m’attire à lui, ses bras entourant ma taille et collant nos deux corps l’un à l’autre, me faisant frémir. Je le vois observer rapidement la maison avant de se pencher et me voler un baiser rapide. 

    Mes bras entourent son cou sans même y réfléchir, c’est une habitude maintenant et nos fronts se posent l’un contre l’autre, comme le jour où on est sorti au cinéma. J’aime être comme ça contre lui, j’ai l’impression de recharger mon énergie à chaque fois que l’on se retrouve comme ça. Il me berce doucement et je suis sûrement l’homme le plus heureux du monde à cet instant.

    — J’aimerais que rien ne change, que tout reste comme ça pour toujours

    Voilà mon côté fleur bleue qui ressort, il aime bien me taquiner à ce propos. Pourtant, il ne s’en plaint pas vraiment, ses yeux pétillent toujours quand je me lance dans ce genre d’envolée. Pas ce soir pourtant, il reste sérieux en me regardant droit dans les yeux.

    — Pourtant… il se pourrait que ça change un peu à partir de ce soir.

    Je fronce les sourcils, sans trop comprendre ce qu’il veut dire. Parfois, il aime être mystérieux et faire durer le suspense. Je cherche aussitôt ce qui pourrait changer entre nous et je dois avouer que j’ai soudain une boule au fond de la gorge. 

    Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il n’a pas le droit de me quitter, je viens d’annoncer notre histoire à mes parents, il ne m’aurait pas laissé faire s’il avait voulu que l’on arrête et… ses lèvres interrompent mes pensées en se posant sur les miennes, il semble avoir deviné le fond de mes pensées, car il cherche à me rassurer et je peux dire qu’il y arrive très bien. 

    Il soupire en caressant doucement mes cheveux avant de me guider sur la balançoire où on s’assoit tous les deux. Ma tête au creux de son épaule, son bras autour de moi, on se balance doucement en scrutant le ciel où l’on peut voir quelques étoiles. 

    — PP, au début, toi et moi, on ne savait pas vraiment ce que l’on était, pas vrai ?

    Sa voix est douce et même s’il me parle, il continue de regarder l’horizon, je me mordille la lèvre en repensant à nos premières semaines en tant que couple. Les choses s’étaient faites naturellement, mais en même temps, on avait dû aussi apprendre ce que signifiait sortir avec un autre homme. J’ai un petit sourire en coin en repensant à tous ces moments qui avaient fini par cimenter notre relation. 

    — Mais maintenant on sait pas vrai ?

    J’hésite un peu quand je lui pose la question, car sa réponse pourrait me faire horriblement mal.

    — Bien sûr que oui, n’en doute pas. J’en suis tellement sûr que… je sais que nos un an ne sont pas tout de suite, mais je voulais te faire un petit cadeau.

    Il se redresse et cherche quelque chose dans sa poche avant d’en sortir une petite boîte carré. Je sens mon cœur accélérer alors qu’il me la tend un peu brusquement. 

    — Ce n’est pas grand chose, je voulais faire mieux, mais je n’ai pas pu.

    Il se met à rougir et la curiosité prend le dessus sur tout le reste. Mes mains tremblent un peu, j'ouvre la boite et ma bouche s'entrouvre quand je vois l’anneau qui se trouve à l’intérieur. 

    — Mais…

    Je relève les yeux vers lui et son air un peu gêné le rend carrément adorable, plus encore quand il lève sa main gauche. A son pouce se trouve la jumelle de la bague dans la boîte. 

    — Je sais que j’ai encore du mal à l’idée d’annoncer à tout le monde que l’on sort ensemble, mais…

    Il prend timidement la bague et ma main droite. Je me mords la lèvre pour ne pas me laisser submerger par l’émotion. Il glisse lentement l’anneau à mon pouce et je me fais la promesse de ne jamais l’enlever. 

    — Je voulais t’offrir cette bague pour fêter nos un an, pour te montrer que je nous prends au sérieux et qu’un jour je serai prêt à me montrer aux yeux de tous.

    — Je serai patient, je te le promets.

    Je renifle piteusement, alors que je n’ai pas réussi à retenir des larmes de joie de glisser lentement le long de mes joues. 

    — Ne pleure pas mon coeur.

    Il m’essuie patiemment les joues avant de les embrasser avec tendresse et de finir par mes lèvres. Je me fiche que mes parents puissent nous voir, je me fiche de devoir attendre encore avant de pouvoir lui tenir la main, parce que ce soir, il m’a prouvé que notre relation était sérieuse pour lui, autant que moi.

     

    — Vous étiez mignon sur cette balançoire tous les deux.

    Je sursaute quand la voix de ma mère résonne à côté de moi et me sort de mes pensées. Je me rends compte que j’ai un grand sourire sur mes lèvres alors que je fais de nouveau tourner l’anneau autour de mon pouce.

    — Maman ! m’exclamé-je en me levant rapidement et en deux pas je l’ai rejoint pour pouvoir la serrer contre moi. Tu m’as manqué.

    C’est une étreinte chaleureuse et douce comme seule une mère peut en donner. 

    — Tu m'as manqué aussi mon grand. répond-elle en me repoussant gentiment et me tenant par les épaules à bout de bras pour me scruter et s'assurer que je vais bien. Tu passes une bonne journée ?

    Un petit sourire apparaît au coin de sa bouche et je soupire. Évidemment, elle savait que j'allais venir.

    — Tu ne me donneras aucune explication pas vrai ? demandé-je en faisant la moue ce qui la fait éclater de rire avant de secouer la tête rapidement. Tu veux bien au moins me faire un truc à manger, je meurs de faim.

    Je me frotte lentement l'estomac pour bien lui montrer que son fils a besoin d'elle. 

    — Je vais te préparer un sandwich et j'ai aussi une lettre pour toi, dit-elle alors qu’elle me prend la main et m'entraîne vers l'intérieur de la maison. Billkin a dit que tu devais manger avant de la lire.

    Je ne comprends pas où mon petit ami veut en venir, mais je peux dire qu'il a vraiment tout préparé soigneusement. Je m'installe à la table de la cuisine et je note que la maison est incroyablement calme, maman s'occupe de me préparer un repas rapide et je fronce les sourcils. 

    — Papa n'est pas là ?

    — Non, il est occupé aujourd'hui.

    Elle dit ça comme si c'était naturel, pourtant ça ne l'est pas vraiment mon père est quelqu'un de casanier. J'attends un instant qu'elle me donne plus d'explications, mais elle continue sa préparation en chantonnant.

    J'hésite un instant à lui poser plus de questions, je suis sûr que son absence à quelque chose à voir avec Billkin. Seulement au moment où j'ouvre la bouche, elle pose une assiette devant moi, le sandwich est énorme et je meurs de faim.

    Maman s'assoit à côté de moi pendant que je mange son repas. Je prends mon temps, je le savoure et réponds aux innombrables questions que ma mère me pose et auxquelles je réponds avec enthousiasme. 

    Je repose mon verre sur la table en soupirant, me sentant totalement repus. C'est à ce moment qu'elle fait lentement glisser une enveloppe vers moi. Son sourire s'est un peu fané et elle se lève pour aller faire la vaisselle, me laissant seul pour découvrir ma nouvelle destination. 

    Mon coeur

    Notre histoire n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Aujourd'hui encore, je m’en veux pour ce jour-là, pour ne pas avoir su te rassurer. Je sais que tu n’aimes pas t’en rappeler, mais ce moment fait partie de nous et je voudrais que tu te rendes là où je t’ai brisé le cœur une fois. Que tu puisses te rendre compte que cette place est magnifique et que malgré tout, elle a aidé à construire notre histoire et nous rendre plus fort. 

    N'oublie jamais que je t'aime.

     

    Mes mains se mettent à trembler et je repose la feuille un peu plus brusquement. Ce jour-là et ceux qui ont suivi, je voudrais les effacer de ma mémoire.

    — Je sais que tu ne veux pas y aller, me réconforte ma mère qui se réinstalle à côté de moi, le regard plein de douceur et de sollicitude. Mais tu vas le faire, tu vas affronter ce souvenir pour pouvoir le laisser définitivement derrière toi. Le passé, surtout douloureux, doit rester derrière toi.

    Je soupire doucement avant de hocher la tête.

    — D'accord.

    Je murmure ma réponse et reste immobile à fixer les mots sur la page. Ma mère pose sa main sur la mienne, la serrant légèrement.

    — Plus vite tu y seras, plus rapidement tu comprendras ce que Billkin essaie de te dire.

    Elle me fixe, attendant que je comprennes, mais je n’y peux rien, je bloque complètement à l’idée d’aller là-bas. Et même l’idée que peut-être il m’y attende, je n’y arrive pas.

    — Mon chéri, ce n’est pas l'arrivée qui compte dans un voyage, c’est tout le trajet que tu vas parcourir pour le faire. Si tu ne te rends pas là-bas, alors jamais tu ne pourras découvrir pourquoi il a mis tout ça en place.

    — Je sais… je vais… je vais y aller.

    Je me lève lentement, je ne suis pas très sûr de moi et c’est dans un état un peu second que je dis au revoir à ma mère pour ensuite monter en voiture et prendre la route. La place où je suis censé me rendre n’est pas très loin de la maison de mes parents, pourtant, je compte sur les embouteillages pour ralentir mon arrivée là-bas. 



  • Commentaires

    4
    Samedi 4 Décembre 2021 à 23:52

    Oh j'ai vraiment hâte de découvrir la suite

    3
    Samedi 4 Décembre 2021 à 13:15

     Trop chou :') moi aussi je veux un Billkin ಥ_ಥ lol

    Bisouuus à demain pour la suite <3

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