• Chapitre 25

    Chapitre 25

    Je sortis de la salle de réunion du personnel médical avec un sentiment de lourdeur dans la poitrine. Mon regard se porta vers la fenêtre, les bâtiments blancs qui s'entassaient les uns sur les autres étaient devenus un spectacle familier gravé dans ma mémoire, de même que les rafales de vent froid qui frappaient mon visage, l'odeur du Nord et l'accent du dialecte local, qui sonnait étrangement aux oreilles au début, mais auquel je m'étais maintenant habitué. Je me souviendrai de tout ce qui s'est passé ici. J'en ferai le meilleur souvenir de ma vie.

    Tout, sauf l'incident le plus récent. À cause de cela, je ne pouvais pas rester ici, en dépit de mon amour pour ce lieu.

    J'entrai dans l'ascenseur, observant mon reflet sur les parois en miroir de celui-ci. Je touchai la plaie de mon front, sur laquelle le point de suture avait déjà été enlevé. Comment avais-je pu survivre jusqu'ici ?

    Je devrais peut-être remercier une certaine personne de m'avoir sauvé.

    L'ascenseur se stoppa et s'ouvrit au troisième étage. Je me déplaçai au fond de l'ascenseur pour laisser de la place au nouvel arrivant.

    — Bunn !

    La petite voix de la personne qui était entrée dans l'ascenseur m'appela. Je levai la tête, et Fai se tenait là.

    — Hey ! Fai, dis-je à l'interne en lui adressant un large sourire.

    Fai me regarda silencieusement pendant un moment avant que des larmes ne montent à ses jolis yeux ronds. 

    — Bunn... vous allez bien ?

    — Je vais bien, répondis-je en essayant de parler sur le ton le plus habituel que je pouvais trouver. Je t'ai manqué ?

    Les sourcils de Fai se froncèrent. 

    — Pour quelqu'un qui a vécu une expérience traumatisante, vous avez toujours le sens de l'humour.

    — Heh, dis-je en riant et attrapant un mouchoir dans ma poche de poitrine avant de lui tendre.

    — C'est bon, dit-elle en essuyant sa larme du revers de la main. 

    La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur le premier étage, ma destination. Fai et moi sortîmes pour nous placer devant l'ascenseur.

    — Vous allez revenir au travail, n'est-ce pas ?

    Je souris doucement pendant un moment avant que les mots ne sortent.

    — Je viens de remettre ma lettre de démission.

    Les yeux de Fai s'agrandirent sous l'effet du choc, puis elle regarda le sol d'un air triste. 

    — Je suppose que vous ne voulez plus être ici ?

    — Je n'ai pas démissionné parce que je ne voulais pas rester. Mais ma famille m'a rappelé. Ils ne veulent plus que je vive loin d'eux. Après toutes ces choses terribles qui sont arrivées, je ne veux plus qu'ils s'inquiètent pour moi.

    — Je vois, dit Fai en hochant la tête.

    — S'il te plaît, ne sois pas triste, dis-je en lui caressant doucement la tête.

    — Non, c'est juste que..., répondit-elle avant de prendre une grande inspiration. Je voulais juste vous voir souvent. C'est tout.

    J'esquissai un mince sourire. 

    — Tu m'aimes bien, n'est-ce pas ?

    Fai eut l'air surpris avant que son visage pâle ne vire au rouge profond. 

    — N.. Non. Je ne vous aime pas.

    Je pris sa main et la serrai doucement. 

    — Je vais continuer à travailler ici pendant environ un mois. Pendant ce temps, nous pourrons nous voir plus souvent si tu le souhaites. Et... Je voulais aussi te dire quelque chose.

    — Qu'est-ce que c'est  ? demanda Fai en levant les yeux vers moi.

    — Il y a quelqu'un qui t'apprécie et qui t'aime beaucoup. Mais il n'est peut-être pas assez courageux pour te le dire maintenant, dis-je avant de lâcher sa main. Mais quand tu as disparu, il t'a cherchée partout. Il t'a attendue aux urgences jusqu'à ce qu'il te trouve, même si ce n'était pas son tour de garde.

    Fai eut l'air surprise, comme si elle n'avait jamais rien su de tout cela auparavant. 

    — Tu peux aller demander aux infirmières de qui il s'agit. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail.

    Je me retournai et sortis du bâtiment, laissant Fai se noyer dans un tourbillon silencieux de confusion. J'espérais que Fai se rendrait enfin compte que Boem, le jeune stagiaire, avait le béguin pour elle, et qu'elle laisserait Cupidon faire le reste. Je souhaitais que leur amour s'épanouisse et qu'ils restent heureux ensemble.

    La première mission que j'avais l'intention d'accomplir avant de partir d'ici avait été couronnée de succès. Ma prochaine mission était quelque chose qui devait être fait - la vérité que je devais découvrir, sinon ça continuerait à me déranger pour le reste de ma vie et l'esprit de mon meilleur ami ne trouverait jamais la paix dans sa vie après la mort.

    Comment Pert était-il mort ?

    S'il s'agit d'un meurtre, qui l'a commis ?

    À partir de ce jour, l'enquête n'était plus quelque chose qui restait caché dans les coulisses. Chaque élément de preuve en possession de la police, le dossier d'autopsie du médecin de l'hôpital où Pert avait été envoyé, tout cela m'était accessible. Je pouvais vraiment le faire. Je devais savoir qui avait fait ça.

     

     

    — Au début, Tann et moi pensions que c'était Paul. Nous pensions qu'il avait probablement tué Pert et qu'il allait rejeter la faute sur Tann, expliquai-je tandis que le capitaine Aem regardait le dossier sur son bureau. Cependant, Tann a affirmé que Paul avait l'air en colère après la mort de Pert. Il pensait réellement que c'était Tann qui l'avait fait, autrement dit, il ne voulait pas rejeter la faute sur Tann.

    — Tann m'a dit ça aussi, fronça le capitaine Aem. Mais nous ne pouvons pas en être sûrs. Les gens peuvent faire semblant, vous savez. Je pense que c'est Paul qui a fait ça, et maintenant il a eu ce qu'il méritait.

    Je secouai la tête. 

    — Ne tirons pas de conclusions hâtives, Aem. Des progrès avec le défunt procureur ?

    — Nous venons de recevoir une nouvelle preuve de votre part : le téléphone que le procureur a utilisé lors de sa disparition, dit le capitaine Aem en joignant les mains. Il s'agit d'un nouveau numéro de téléphone, enregistré sous le nom d'une autre personne. Les relevés téléphoniques montrent que les numéros appelés sont celui de Paul, le vôtre et celui du service de location de voitures.

    Je hochai la tête en signe d'acquiescement. 

    — Et qu'en est-il des autres plateformes de communication ? Chat en ligne, e-mails, ou n'importe lequel de ces messages ?

    — Ah oui, dit le capitaine ayant l'air de se souvenir de quelque chose. Il y avait un historique d’appels dans Line Chat.

    Le capitaine alluma l'ordinateur portable et tourna l'écran vers moi. L'écran affichait une capture d'écran du téléphone de Pert, révélant un historique de conversation entre deux personnes, qui utilisaient toutes deux des avatars comme images de profil.

    [Salut.]

    [Salut.]

    [Je peux vous appeler ?]

    La conversation avait duré environ une demi-heure. Ce n'était pas quelque chose d'inhabituel pour Pert, car j'avais vu une longue liste de belles femmes qui le bombardaient de messages sur sa messagerie. Cette femme, cependant, était différente car elle était la seule à avoir envoyé des messages à Pert pendant sa disparition.

    — Son pseudo est 'Wonabee'. Je ne sais pas vraiment comment trouver cette personne, Dr Bunn. Il n'y a pas d'informations permettant de l'identifier, soupira le capitaine Aem. Et vous, qu'en pensez-vous ?

    — Une femme ? murmurai-je pour moi-même. 

    Je ne savais pas si cette personne avait quelque chose à voir avec la mort de Pert, mais je pensais avoir trouvé une pièce maîtresse du puzzle.

    — Croyez-moi, c'est Paul, Dr. Bunn, insista à nouveau le capitaine Aem. Ce n'est pas la première fois que je vois des frères et sœurs s'entretuer.

    — Et ce n'est pas la première fois que nous faisons une telle erreur, Aem, dis-je en me levant. Je dois y aller.

    — Vous avez toujours le sens des mots, Dr. Bunn. Vous allez me manquer quand vous partirez. 

    Le capitaine Aem se leva et me raccompagna à l'entrée.

    — Nous nous verrons probablement souvent, en fait, m’esclaffai-je. Je dois témoigner pour Tann au tribunal.

    Le capitaine Aem me regarda.

    — Sérieusement, qu'est-ce que vous êtes l'un pour l'autre  ?

    Sur ce, il sembla se rendre compte qu'il venait de poser une question déplacée. 

    — Je ne voulais pas être indiscret ou quoi que ce soit. C'est juste que quand je l'ai interrogé, il a parlé de vous en permanence. Et la raison pour laquelle il vous a mis en sécurité, c'est qu'il... vous aime.

    Mes sourcils se froncèrent à tel point que je dus les masser. 

    — Il a dit ça ?

    — J'ai cru avoir mal entendu. Pendant que vous étiez avec lui, il ne s'est rien passé, n'est-ce pas ? Je veux dire... si vous voulez le poursuivre pour harcèlement sexuel, ou quelque chose comme ça, ne soyez pas timide. Vous pouvez me le dire, Doc.

    — Il n'y a rien de tel.

    Je ne voulais pas regarder le visage du capitaine, car je craignais que mon expression ne trahisse quelque chose.

    — Ah... d'accord, dit-il d’une voix sceptique mais il n’insista pas davantage. Comment allez-vous rentrer chez vous ?

    Une voiture noire se gara devant l'entrée, ce qui fit hausser les sourcils au capitaine. Heureusement, les vitres de la voiture étaient teintées, ce qui empêchait de voir le conducteur. Mais malheureusement, ce dernier décida de baisser sa vitre et de lever la main pour saluer le capitaine. 

    — Bonjour, capitaine.

    — Ah, professeur Tann.

    Le capitaine Aem leva la main pour accepter le salut de Tann, puis son regard se porta sur moi froidement. 

    — Il n'y a pas de harcèlement parce que c'était consensuel, je présume ?

    Ma réaction à ce moment-là dut être remarquable, car elle provoqua un sourire sur les lèvres d'Aem, un homme qui ne souriait que rarement. Je ne pouvais pas faire grand-chose, à part plonger dans la voiture de Tann et me frotter le visage avec les mains.

    — Tu vas bien  ? demanda Tann.

    — Ce n'est rien. Allons-y.

    Je poussai un long soupir exagéré par le nez, évacuant la chaleur de mon visage.

    — Qu'est-ce que le capitaine t'a dit pour que tu sois dans cet état  ?

    Les yeux de Tann retournèrent à la route et il démarra.

    — J'ai dit que ce n'était rien, insistai-je en simulant un ton agacé. 

    Tann ne dit rien de plus et continua à conduire sans dire un mot. Je me tournai vers Tann, qui était concentré sur la route. La détresse se lisait sur son visage et les cernes sous ses yeux étaient encore plus marqués. Son visage habituellement rasé et nettoyé était maintenant couvert de poils le long de sa mâchoire. Sans doute était-ce dû à la succession de choses horribles qui lui étaient arrivées récemment.

    Tann avait récemment été libéré sous caution. Néanmoins, il avait été accusé de nombreux crimes, dont le meurtre de Paul sous prétexte de légitime défense et de malversations criminelles au service de la famille Sawangkul. Il devait également faire face à la presse, qui tentait d'envahir son espace personnel pour l'interviewer en exclusivité. La renommée de Tann s'était transformée en notoriété. En ce moment, il était dans une situation plutôt difficile ; apparemment, il avait besoin de beaucoup d'argent pour le procès, et entre-temps, il ne pourrait pas retourner enseigner.

    — Qu'a dit ton avocat ? demandai-je à Tann.

    — Il y a encore de l'espoir pour moi, au moins. Je dois prouver que j'ai travaillé pour eux parce qu'on m'a menacé pour la vie de ma mère, soupira Tann doucement. Qu'est-ce que tu veux manger ?

    J'avais l'impression qu'il essayait encore de s'occuper de moi, même s'il était épuisé. 

    — Tann.

    —  Hum ? 

    — J'ai donné ma démission à l'hôpital.

    Tann se déporta sur le côté de la route et freina brusquement, ce qui projeta ma tête en avant. 

    — Tann ! criai-je en me tournant vers lui, dont le visage affichait une expression sombre.

    — Tu pars vraiment  ? dit Tann d'une voix triste et regardant ses genoux.

    —  Je dois rentrer. Une promesse est une promesse, répondis-je en le regardant, les sourcils froncés. Je croyais qu'on en avait déjà parlé.

    — Je veux continuer avec toi, tu sais… dit-il en posant sa main sur ma cuisse. Après tout ce temps, je n'ai jamais pensé à construire une vie avec quelqu'un. Tout le monde est venu et reparti, mais tu es différent. Je pourrais imaginer toute ma vie avec toi.

    — Avant d'aller plus loin, dis-je, qu'est-ce qu'on est, là, maintenant ?

    — Je ne sais pas... ce que tu ressens pour moi, mais je veux être ton amoureux, quelqu'un sur qui tu peux compter. Je veux être celui qui peut te protéger. Je ferai ce que tu veux, j'irai où tu veux. Je me rachèterai pour ce que j'ai fait. Je veux juste t'avoir à mes côtés.

    Tann prit ma main et posa ma paume sur sa joue.

    Je regardai Tann, et un vertige soudain se forma dans ma poitrine. Les mots de cet homme me laissèrent sans voix pendant quelques secondes. Je retirai ma main de sa joue et la portai à l'arrière de son crâne, touchant les cheveux qui auraient dû être normalement attachés, mais qui étaient ébouriffés aujourd'hui. 

    — Ce que je veux, c'est un partenaire de vie, pas un esclave.

    Tann avait l'air de vouloir pleurer. Il se pencha et posa son front sur mon épaule. 

    — Que dois-je faire pour devenir ton partenaire ? Bunn, je t'en prie, dis-le-moi.

    J'essayais d'étouffer le sentiment intense qui se dégageait de ma poitrine. 

    — Pour le moment, la situation n'est pas idéale. Tu dois t'occuper de ton affaire et de ta mère. Je dois retourner à Bangkok. Si j'acceptais de sortir avec toi maintenant, pourrais-tu faire ce que tu veux avec moi ? La distance qui nous sépare et ces problèmes non résolus vont nous stresser. Est-ce qu'ils nous feront nous disputer ou provoqueront d'autres malentendus ? Nous pourrions nous séparer, et le mot "partenaire de vie" ne serait plus qu'un rêve sans espoir.

    Tann resta silencieux, pas un seul mot ne sortit de sa bouche, alors je continuai. 

    — Si tu espères une relation à long terme, ce n'est pas le bon moment pour que je te donne ma réponse.

    — Quand est-ce que ça sera le bon moment alors  ?

    La voix de Tann était à peine supérieure à un murmure et tremblait.

    — Quand tu seras prêt à être mon partenaire de vie, quand tu te seras reconstruit, quand tu seras un homme avec de l'honneur et de la dignité. Quand tu ne seras plus quelqu'un qui a besoin de se prosterner devant moi ou quelqu'un d'autre... quand ce jour viendra, redemande-moi.

    — Et ce jour là, m'attendras-tu encore ? 

    Je fermai les paupières. Je reconnaissais que je désirais tout ce qu'il m'avait dit. J'avais été en colère contre lui, au point de penser que je le quitterais dès que ce serait fini. Mais il s'avérait que j'avais des sentiments pour lui, que je pouvais oublier tout ce qu'il m'avait fait et imaginer ma vie avec lui. C'est pourquoi je devais attendre que tout soit résolu, qu'il se reprenne en main, car si j'acceptais d'être avec lui maintenant, la fin arriverait probablement plus tôt que nous ne le voudrions. L'avenir dont nous rêvions tous les deux pourrait s'effondrer alors qu'il n'avait même pas commencé.

    — Oui, répondis-je brièvement, et je sentis comme une lueur d'espoir émaner de l'autre homme.

    — Je ne te laisserai pas attendre trop longtemps. 

    Et ce fut une promesse qui sortit de ses lèvres.

     

     

    — Une femme  ? murmura Boon pour lui-même. Cela pourrait être quelqu'un qu'il vient de rencontrer. Elle ne savait peut-être pas qui était Pert.

    Je fis glisser un bol de porridge fumant devant mon frère. En ce moment, Boon et moi étions en train de dîner dans un magasin de porridge du centre-ville. Boon avait fait tout ce chemin pour me rendre visite et se renseigner sur l'affaire. 

    — Tu ne trouves pas ça étrange ? Si tu veux disparaître et laisser croire aux autres que tu as été kidnappé, tu ne devrais pas parler aux étrangers.

    Boon secoua la tête.

    — C'est un coureur de jupons. Peut-être qu'il n'a pas pu s'en empêcher. Arrête de t'en mêler et de te prendre la tête. Commence à emballer tes affaires. Laisse la police faire son travail.

    — La police croit que Paul est coupable. Et c'est tout ?

    — Peut-être que c'est tout ce qu'il y a, me dit Boon en me regardant à travers ses lunettes. Hé, tu essaies de trouver une excuse pour rester ici ou quelque chose comme ça ?

    — Je resterai ici jusqu'à ce que je sache exactement qui a tué Pert. C'est tout. Et ce n'est pas la peine de venir ici et de me surveiller pendant que je fais mes valises. Tu n'as pas de cours ou de dissections ? Sinon, retourne chez toi avec tes enfants.

    — Je ne suis pas de garde aujourd'hui. De plus, Baitoei m'a dit de ramener bientôt son oncle Bunn à la maison. Je dois donc suivre les ordres de ma fille, rétorqua Boon en feignant une expression d'ignorance. Tu es libre le week-end ? Allons rendre visite à papa et maman. Ainsi, ils sauront que tu es toujours en vie et en un seul morceau.

    — Hum, je le ferai si aucune autopsie ne se présente, dis-je avant de replonger dans le même sujet. Quoi qu'il en soit, je suis certain que Pert ne s'est pas suicidé. Pourquoi quelqu'un qui voudrait se suicider mettrait-il du cyanure dans sa propre tasse à café ? Pour dissimuler quelque chose ? Ça ne colle pas.

    Boon semblait en avoir assez de ce sujet, mais le penseur qu'il était ne pouvait s'empêcher de l'analyser lui aussi, j'en étais certain. 

    — Le rapport d'autopsie indique qu'il est vraiment mort du cyanure, n'est-ce pas ?

    — Oui, j'ai appelé mon ami, un pathologiste de l'hôpital provincial. Demain, j'irai là-bas pour voir les notes et les photos de l'autopsie.

    — Qui aurait voulu tuer Pert à un moment pareil  ? 

    Boon fronça les sourcils, pensif. Je me sentais heureux d'avoir un petit malin comme Boon pour m'aider à résoudre ce mystère. 

    — Ce doit être une femme qui le connaissait, enchaina-t-il. Probablement quelqu'un qui sait tout. Elle connaissait Pert ou même savait que c'était un meurtrier. Cet entrepôt, c'est l'endroit où la famille Sawangkul se réunit en privé, n'est-ce pas ? Seule une poignée de personnes connaîtrait l'emplacement d'un tel lieu. Au fait, quand la conversation que vous avez vue sur la capture d'écran a-t-elle eu lieu ?

    — Un jour avant la mort de Pert.

    — Si nous supposons que cette femme est responsable de la mort de Pert, il pourrait y avoir une rencontre secrète. Elle aurait pu lui acheter une boisson, mettre du cyanure dans cette tasse… dit Boon avant de secouer à nouveau la tête. Ce ne sont que mes suppositions. N'y vois pas grand-chose.

    — Mais c'est une idée très intéressante, en fait.

    L'excitation m'envahit.

    Boon jeta dans mon bol un peu de riz thaïlandais sauté. 

    — Arrête de trop réfléchir et mange quelque chose. Et pourquoi n'invites-tu pas Tann à dîner avec nous ?

    Je laissai une longue expiration s'échapper de mon nez. 

    — Je lui ai dit de rentrer chez lui.

    — Qu'est-ce qu'il y a entre vous ? Vous êtes vraiment ensemble ou pas  ? demanda Boon en pointant le bout de ses baguettes vers moi. Sérieusement, réponds-moi.

    — Occupe-toi de tes affaires.

    Ce fut ma seule réponse à sa question.

    — Oh ? Pourquoi je ne peux pas savoir ? Je veux dire, ça ne me dérange pas. Si tu es heureux, alors vas-y. Mais si tu ne l'es pas, laisse-le ici, qu'est-ce qu'il y a de si difficile...

    — Ce n'est pas que je ne suis pas heureux, dis-je, laissant mon regard se perdre dans la rue. C'est juste que ce n'est pas le bon moment. Nous avons encore des choses à faire tous les deux. Tu vois, je vais attendre que tout rentre dans l'ordre, et ensuite nous pourrons en reparler plus tard.

    Boon me regarda, mâchant tranquillement le riz dans sa bouche pendant un moment avant de dire : 

    — On dirait qu'il t'aime vraiment, tu sais ?

    — Arrête de me distraire, tu veux ? On n'était pas en train de parler de Pert, là ?

    J'essayai de changer de sujet une fois de plus à cause de la gêne que cela occasionnait. La commissure des lèvres de Boon se releva d'un air entendu. Oh, comme je détestais ce binoclard.



  • Commentaires

    2
    Mardi 19 Mars à 18:42

    ça avance, ça avance ^^

    Merci pour cette nouvelle traduction !

    1
    Jeudi 14 Mars à 13:31

    Encore une fois merci pour tous ce travail pour nous offrir ce chapitre 

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