• 24ème Chaos

    24ème Chaos
    Enquête

    Donc... nous nous retrouvons à cet endroit de toute façon. Je m'installe sur une chaise avant d'examiner le restaurant chic où nous sommes. Cet endroit est près d'Ekamai Road, là où se trouve ma maison. Yuri m'a souvent dit qu'elle voulait venir manger ici, mais on a jamais eu l'occasion d'y aller ensemble (vu que le restaurant n'est ouvert que le soir). Elle a finalement eu ce qu'elle voulait cette fois, puisque c'est elle qui a choisi. Elle a même commandé la nourriture toute seule. Mais je reste circonspect, non à cause du lieu (comme je vis près d'ici), mais parce que je ne me rappelle pas à quel moment j'ai accepté de venir ici avec elle, exactement.

     Je fronce les sourcils en observant l'intérieur du restaurant, où il y a des aquariums partout. Ils s'accordent très bien avec le thème et le nom du restaurant, qui se veut un aquarium géant. Cet endroit est réputé pour sa décoration et sa nourriture fabuleuse. J'y suis souvent venu avec mes amis (quand j'avais assez d'argent) et parfois, c'est mon père qui m'y amenait. Néanmoins, aujourd'hui, en plus des énormes poissons qui nagent autour de moi, il y a Yuri et...

    Phun et Aim qui sont assis en face de nous.

    — Je suis trop contente que Phun et Noh soient proches. Si je l'avais su plus tôt, on se serait fait une sortie tous les quatre depuis longtemps. Pas vrai, Aim ?

    La voix joyeuse de Yuri me fait sursauter. Aim lui sourit en réponse. Je me sens vraiment gêné d'avoir à écouter ce qu'elle dit. Je ne sais pas ce que Phun en pense, mais moi j'ai d'étranges difficultés à déglutir.

    De toute façon, beaucoup d'entre vous se demandent sûrement comment j'ai pu me retrouver ici avec Yuri, Aim et Phun. En fait, je n'ai rien fait du tout. Yuri a continué à insister pour que je dîne avec elle et peu importe combien j'ai essayé de décliner l'invitation, elle m'a traîné derrière elle pour que je vienne avec elle. Elle a décidé qu'en réalité, je voulais qu'on mange ensemble (vraiment ?!). Les choses ont donc fini comme elles en ont l'habitude quand cela concerne Yuri. Je suis toujours la victime de ses envies. Toujours !

    Au début, j'imaginais qu'il n'y aurait que nous deux. On allait passer une bonne soirée, puis rentrer chacun chez soi. Mais ça n'a pas tourné comme je le pensais car après avoir unilatéralement décidé que je viendrais avec elle, Yuri (soyez bien attentif au bon sens de ce qui arrive) a immédiatement appelé Aim, ce qui signifiait que ma vie était finie… étant donné que Phun viendrait aussi.

    On a tous les deux abandonné la partie et laissé le destin choisir ce qui allait advenir de nos vies quand on a compris qu'on avait été les victimes de ces deux filles. On est retournés se changer au vestiaire de l’équipe d’encouragement mais c'était bien différent de la première fois, car il y avait des tas de personnes, vu que le match était fini. J'ai cru que le vestiaire allait s'effondrer à cause des hurlements du Angels Gang quand Phun et moi avons trouvé assez de courage pour retirer nos pantalons. Ça n'a pas vraiment aidé à nuancer la vision que j'ai de moi-même. J'ai cru qu'on n'allait pas sortir d'ici vivants (surtout Phun)

    Sans compter que Phun a été un vrai connard avec moi. D'abord, j'étais déconcerté parce que je pensais qu'il allait porter la combinaison au dîner (vu que j'avais besoin de mon jean). Cependant, cela ne s’est pas avéré être le cas parce qu’il avait un jeans avec lui dès le début. Ce putain de salaud ! 

    Il a porté mon pantalon toute la journée. Ça pue la transpiration. Qu'il aille au diable. 

    Mais, c'est bon. Vous, les lecteurs, vous n'avez pas besoin de vous inquiéter parce que j'ai été trompé. J'ai pris ma revanche en piétinant son jean sur tout son long. Ahahahahahahah !

     

    Bref, retour au présent. J'étais perdu dans mes pensées depuis un petit moment, quand les deux filles ont fini de passer la commande. Ni Phun, ni moi n'avons perdu de temps à donner notre avis. A bien y réfléchir, le choix n'a pas été mauvais. On est du genre à pouvoir manger tout et n'importe quoi, de toute manière, du moment que c'est de la nourriture destinée à la consommation humaine.

    — J'ai commandé du porc à la bavaroise, comme c'est ton plat préféré, Noh, dit Yuri en se tournant vers moi avec un sourire. 

    Je le lui rends, même si je suis un peu interloqué. Hum, depuis quand est-ce que c'est mon plat préféré ?

    — Merci.

    Bon, je suppose que ça l'est, maintenant. Je veux dire, c'est pas que je n'aime pas ça, hé hé.

    — Bien, j'ai aussi commandé ton poulet frit préféré, Phun. Je te connais bien, n'est-ce pas ?

    Nous y revoilà. Pourquoi est-ce que ces filles essaient d'entrer en compétition l'une avec l'autre ? Ça ne provoque que des sourires ironiques sur nos visages, à Phun et moi, vous savez. 

    Je jette un œil à Phun qui a justement un sourire sarcastique (le même que le mien) avant qu'il ne me regarde également puis réponde à Aim.

    — Parfait, merci beaucoup.

    Mes sourcils sont carrément noués, maintenant. Pourquoi diable as-tu l'air si timide, franchement ? Je n'ai rien à voir avec ce bordel. Alors que j'étais perdu dans mes propres pensées (du style, pourquoi s'occupe-t-il seulement de moi, celui-là ?), les premiers plats arrivent à notre table, ce qui signifie que mon attention est désormais retenue ailleurs.

     Ils ont l'air tellement délicieux ! J'ai oublié tout le reste !

    — Celui-là, celui-là, Noh !

    Yuri se saisit rapidement de couverts pour couper un morceau du jarret de porc et me le donner. Aim refuse d'abandonner la bataille et met un bout de saumon en sauce dans l'assiette de Phun. 

    Hey, j'aimerais bien avoir un peu de saumon aussi, tu sais ! 

    Je décide de placer ma gloutonnerie sous contrôle et d'agir en gentleman. 

    — Voilà pour toi.

    Tout ce que j'ai fait, c'est placer un peu de calamar frit dans l'assiette de Yuri. Cela la plonge dans un état extatique et elle lève rapidement son plat pour l'exhiber sous le nez d'Aim. Rien n'arrête ces deux-là. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit ricanement.

    Aim garde la tête basse un petit moment vu que Phun est trop occupé à servir de l'eau à tout le monde pour lui mettre quoi que ce soit dans son assiette. Je remarque qu'elle tire sur sa manche plutôt brusquement. 

    — Hem, Phun...Tu ne me sers pas de nourriture ?

    Bonne chance, mon gars ! Hé hé.

    Phun se retourne vers elle avec un regard confus, ce qui me fait de nouveau ricaner un peu. Il lui donne des beignets au fromage.

    — Voilà. Je suis désolé, j’étais occupé à donner un verre d’eau à tout le monde.

    Elle n'a pas l'air satisfaite du tout. 

    Je fronce les sourcils car il semble qu'elle soit encore plus agacée maintenant. Mais Phun ne paraît pas s'en rendre compte vu qu'il met maintenant dans mon assiette un peu de son saumon. 

    — Et ça, c'est pour toi. Tu me donnes un peu de jarret ? On échange.

    Ce con commence à prendre ses aises comme Yuri.

    — Très drôle. Et quand est-ce que j'ai accepté ce marché, exactement ? Mais merci pour le saumon, j'en voulais un peu, justement, dis-je alors que j'en enfourne une fourchette dans ma bouche.

    Je ne laisserai pas Phun prendre mon jarret de porc. Hé hé. Idiot.

    — Si tu manges tout ça à toi tout seul, le saumon et le porc vont se faire un putain de duel dans ton œsophage. Et puis après, boom !

    — Ils vont se transformer en Chocapic ou quelque chose dans le genre ? T'es vraiment pas net. Mon œsophage n'est pas un putain de champ de blé. Tiens, prends ça si tu le veux tant que ça, crétin.

    Je ne peux pas m'empêcher de pester après lui après la blague vraiment stupide qu'il a faite (et que j'entends tous les samedi et dimanche matin dans l'émission de cartoon sur la 9) mais je finis par lui donner un peu de mon jarret, même si on est loin de la moitié de saumon qu'il m'a donnée. Ah ah, je n'abuse pas trop de sa gentillesse, là, hein ?

    Finalement, ça tourne à la guerre : c'est à qui pourra manger ce qu'il attrapera. Nos couverts deviennent des armes lorsque nous essayons d'arracher de la nourriture à l'assiette de l'autre. On fait un vrai boucan jusqu'à ce qu'un de nous deux remarque que quelque chose cloche. 

    Phun remarque l’atmosphère maladroite avant moi. Il cesse immédiatement de se battre avec moi et tourne son attention vers Aim tout de suite.

    — Est-ce que tout va bien, Aim ? Tu es très silencieuse, hein ?

    Je vois Aim froncer les sourcils, donc je modère le tapage que je fais. Je n'ai pas oublié de regarder si Yuri était mécontente également (juste au cas où ce serait une maladie contagieuse) mais elle continue de faire un grand sourire. On dirait qu'elle a trouvé notre guéguerre amusante.

    — Pourquoi m'as-tu donné ces beignets au fromage... ? Tu as oublié que j'étais au régime ?

    Bon dieu, les gens. Ça devient une affaire de famille, maintenant, je ne veux pas prendre part à ça. Je saisis rapidement mon verre d'eau pour faire comme si je n'entendais pas leur conversation.

    — Oh...désolé.

    Phun essaie de se rattraper. Il décide de servir autre chose à Aim et je le vois soulever un plat de salade coloré. 

    — Écoute, prends la roquette. Je me rappelle, tu vois ?

    Oh, il se débrouille très bien. Je n'ai pour ma part aucune idée de ce que Yuri a commandé, mais je la vois prendre du bacon et des spaghetti aux crevettes. Je suis content qu'elle ne prenne pas la mouche facilement. J'aime bien ça. 

    Après avoir regardé Phun tenter de se rabibocher avec Aim pendant un bon moment (ça a pris un bail vu qu'elle était vraiment en colère contre lui), elle a finalement fait un sourire quand Phun lui a resservi de la salade de nouilles aux fruits de mer pour lui faire plaisir.

     

    Je ne peux que regarder ce qu'il se passe devant moi, incapable d'expliquer ce sentiment que je ressens. 

    Les couverts dans mes mains semblent très lourds, tellement lourds que je ne fais plus que bouger la nourriture dans mon assiette, sans jamais la porter à ma bouche.

    — Noh...Noh...Noh… Noh !

    Hein ?! Je sursaute brusquement quand Yuri se met à me secouer. Mais où est-ce que mon esprit est allé s'égarer, bordel ? Je tiens toujours une cuillère et une fourchette dans les mains. C'est embarrassant. Je remue la tête pour me débarrasser de ces pensées bizarres avant de reporter mon attention sur la personne qui appelle mon nom. 

    — Oui, qu'y a-t-il ?

    — A quoi tu penses ? Tu es triste à cause du jarret ? Je peux t'en commander plus.

    — Non, non, ce n'est pas à cause de ça. Je ne suis pas si glouton que ça quand même.

    Je corrige alors qu'elle continue à glousser. Puis, elle pose ses couverts et tend la main pour attirer l'attention d'Aim.

    — Hey, hey. Tu en parles, alors ? J'attends.

    Phun et moi adressons un regard confus aux deux filles après avoir entendu Yuri prononcer cette étrange phrase. Nous n'avons aucune idée de ce dont elles parlent. Aim hésite un peu avant de tapoter l'épaule de Phun même s'il est déjà en train de la scruter. 

    — Qu'est-ce qu'il y a ?

    — Phun, tu es libre la semaine prochaine ?

    Phun semble un peu déconcerté mais il sort son portable et consulte son agenda dessus. 

    Yuri renchérit. 

    — Noh, regarde le tien aussi ! Regarde-le ! supplie-t-elle en me souriant. 

    Mais franchement, ai-je l'air de quelqu'un qui tient à jour un agenda, qui plus est sur mon portable ? (J'utilise une appli appelée Reminder via Memory...et c'est pourquoi j'oublie souvent des trucs). Mais de ce dont je me souviens, je crois pas être pris.

    Phun continue ses coquetteries avec son portable pendant deux bonnes minutes avant de finalement lever la tête et répondre. 

    — Je suis libre. Où veux-tu aller ?

    Aim fait un grand sourire quand elle l'entend. Yuri me donne un petit coup d'épaule.

    — Et toi, Noh ?

    — Je pense que je suis libre aussi. Pourquoi ?

    Pourquoi est-ce qu'elles gardent le silence ? Je meurs d'envie de savoir !

    Mais même si j'ai posé la question, je ne suis plus si sûr de vouloir connaître la réponse quand je vois Yuri et Aim partager un sourire étrange. Je déglutis car je sens que ces deux-là ont quelque chose en tête, et ça ne sent pas bon du tout. Elles nous regardent bizarrement, aussi. Bon qu'est-ce qu'il se passe, bordel ?!

    — Aim a gagné un truc.

    Yuri est la première à briser le silence avant de tapoter la main d'Aim pour qu'elle montre le « truc ». Et c'est quoi, ce « truc » ? Les mecs ont l'esprit mal placé, vous savez ! 

    Avant que mon esprit ne puisse imaginer des choses sales, j'obtiens ma réponse quand je vois une petite carte être posée devant moi.

    Il s’agit d’un bon-cadeau. Cependant, j’essaie encore de comprendre de quel genre de bon-cadeau il s’agit. Yuri a probablement remarqué que je suis vraiment lent alors elle continue à parler. 

    — Aim a eu ce bon-cadeau de Serenade. C'est un séjour dans un hôtel de Hua Hin. C'est pour deux chambres. S'il-te-plaît ? S'il-te-plaît ? S'il-te-plaît ?

    A ce stade, mon bras est un bambou, et il y a un koala qui s'agrippe dessus. 

    Alors qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? Je jette un regard en biais à Phun qui m'en renvoie un étrange. C'est sans doute le même que le mien, d'ailleurs, parce que je pense que ce serait bizarre pour nous quatre de partir en week-end ensemble comme ça.

    — Qu'en dis-tu, Noh ? Allons-y !

    Yuri recommence. Le virus qu'elle a devient incontrôlable. Pendant ce temps, Aim fait un sourire doux à Phun.

    — Allons-y ensemble, Phun ?

     Aucun mec dans ce monde ne pourrait dire non à une telle invitation.

     

    Après avoir été proprement gavés (les filles, de nos jours, adorent entrer en compétition pour savoir laquelle prendra le plus soin de son copain) et avoir payé l'addition qui a dépassé les 1000 baths, on a accompagné les filles pour trouver un taxi. Je me rappelais qu'il fallait choisir ceux à la lumière bleue vu qu'ils ont un GPS (d'après ce que la pub dit). J'ai aussi pris une photo du numéro de licence (il vaut mieux prévenir que guérir, il commençait à se faire très tard).

    Pourquoi ne les a-t-on pas ramenées nous-mêmes... ? Eh bien, parce qu'il faut encore qu'on aille quelque part.

     

    ♫ U-Wo-U-Wo-Oh.

    Je ne pouvais plus penser à rien

    Tu étais tellement mignonne qu'il fallait que je vienne me présenter ♫

     

    Mon iPhone sonne fortement (j'ai justement changé la sonnerie quand on travaillait au stade. Nong Paeng me l'a envoyée via bluetooth) alors que je vois la lumière bleue du taxi s'éloigner. Je l'attrape rapidement et regarde l'écran pour voir s'afficher la putain de tronche d'Ohm. 

    — Quoi ?

    — ÇA Y'EST, T'A BAZARDÉ TA MAMAN ?

    Mais pourquoi est-ce qu'il gueule, putain ?! Je sursaute tellement brusquement que ça fait rire Phun. (c'est embarrassant, merde). Ne pensez pas que je vais lui répondre gentiment, il faut d'abord que je hurle sur ce stupide con.

    — Qu'est-ce qui te prend de gueuler comme ça, bordel ?! T'es où ? Y'a un putain de bruit derrière toi ! !

    — Au restaurant ! Tout le monde est déjà là, sauf toi et ton papa !

    Mais qu'est-ce qui cloche chez ce bâtard ? D'abord, une maman, maintenant un papa. 

    — Ouais, ouais. Papa et moi, on arrive. Je viens juste d'envoyer maman à la maison. Assure-toi d'être à l'entrée du restaurant pour venir nous cirer les pompes quand on arrivera. On y sera d'ici vingt minutes. A tout à l'heure !

    Je raccroche illico car il y a vraiment trop de bruit. Il y avait de la musique (ce n'est pas un club mais un restaurant avec des groupes qui jouent en live) et aussi nos amis qui faisaient un boucan pas permis. Je suis à un million pour cent sûr qu'à nous tous, on va faire s'effondrer ce restaurant.

    — Alors, où on va ? demande Phun en hélant un taxi pour nous.

    J'ouvre la porte et entre dans la voiture avant de dire au chauffeur. 

    — Lumphini Park, s'il-vous-plaît.

    Ça ne prend pas très longtemps pour arriver là où on a prévu de se retrouver. En fait, je n'avais pas vraiment besoin qu'on me dise où c'était car on vient souvent ici pour décompresser. Je ne sais pas pourquoi on choisit cet endroit, exactement mais je sais que n'importe quel lieu fait l'affaire tant que mes amis y sont.

    Phun et moi sortons du taxi et entrons dans le restaurant. J'entends de bruyants saluts provenant de nos amis qui sont tous ensemble autour d'une table. C'est un peu comme quand un chien commence à hurler et que le reste de la meute suit. (Oh, merde). Bon dieu, est-ce que l'école toute entière s'est ramenée ici ? La zone est remplie d'étudiants, il y a entre 40 et 50 personnes.

    — Hé, notre nouveau couple est arrivé ! Woo !

    Ce putain d'Ohm nous siffle comme s'il était bourré (ce qu'il est, probablement), puis entraîne tout le monde à sa suite. J’ai envie de prendre ma tête et de rentrer chez moi.. Toutefois, Phun se contente de sourire avant de mettre son bras sur mon épaule.

    A quel putain de jeu il s'amuse ?! Lumphini Park va exploser si ces mecs continuent de faire un vacarme pareil.

    — Yo, Phun ! Arrête de faire l'imbécile ! Noh, viens prendre une chaise !

    Merci mon dieu, pour avoir fait dire à Earn quelque chose qui m'a sauvé la vie. Il vient de formuler une invitation à venir s'asseoir près de lui. Les propres amis de Phun l'appellent également, et il les rejoint à une table différente.

    Je m'assieds sur le siège qui a été gardé pour moi. Il y a une tonne de juniors assis autour de nous. Ceux qui ont aidé durant le tournoi de foot, l’équipe d’encouragement, les troupes, les membres de la parade, ceux de la fanfare et d'autres. Même ceux qui n'ont pas participé sont là pour célébrer l'événement. Ça ne me dérange pas vraiment, cela dit, ce sont tous des amis.

    Mais le truc le plus surprenant, c'est que...

    Golf !

    Golf est là aussi !

    Golf est l'un de mes meilleurs amis. (Il a été un membre du club de musique aussi, mais juste pendant une courte période. Il était trop paresseux pour se pointer aux répétitions, donc il a quitté le groupe. Quel connard). C'est vraiment un mec génial. Il aime s'amuser, et il aime ses amis (et ses amis l'aiment aussi). Il prend souvent les choses comme elles viennent. Le point négatif, c'est qu'il est très impulsif et imprudent. En plus, il a mauvaise réputation et est souvent pris à partie par les seniors et les étudiants d'autres lycées, et ils en viennent aux mains. (Et il m'a entraîné avec lui et causé des problèmes un tas de fois). L'année dernière justement, il s'est battu avec quelqu'un qui s'est révélé être le neveu du proviseur et malheureusement, s'est fait renvoyer pour ça. (On a vraiment haï le directeur après cette histoire. Je le hais toujours, en fait).

    Mais même s'il a changé d'école, on a gardé le contact. On traîne ensemble dehors et parfois, il vient chez moi. On se parle souvent au téléphone, aussi. Cependant, on ne s'est pas beaucoup vus ces derniers temps (depuis que j'ai commencé à m'occuper du tournoi, en fait).

    — Comment ça va, mec ?! T'as disparu de la circulation !

    Je lui mets une grosse tape dans le dos en guise de salutation.

    — Ça va. Dans mon nouveau lycée, il y a un tas de filles de toutes origines, donc je suis très content, fanfaronne-t-il d'entrée. 

    Bien sûr, dans le nôtre, tu n'avais affaire qu'à des mecs. Je suis jaloux. Golf a été transféré dans un établissement international, près de Sukhumvit.

    — J'en veux une. Tu ne peux pas en trouver une pour moi ?

    Cette requête lubrique n'est pas venue de moi mais de quelqu'un qui ne peut être qu'Ohm. Il penche sa tête vers nous pour parler et je peux sentir qu'il pue l'alcool.

    — Il y en a quelques-unes, mais les filles ont des standards, tu sais.

    — Enculé !

    Bah, Golf n'a pas tout à fait tort là-dessus. Je trouve l'expression d'Ohm vraiment marrante. Il est plus ou moins rouge ou violet, complètement beurré. (Son teint naturel est plus foncé que le mien. Il n'a pas vraiment la peau mate, mais juste un peu hâlée).

    Ohm n'est pas le seul mâle en rut dans les parages, il y en a quelques autres.

    — Mais moi je ne veux pas d'une occidentale. Je pourrais avoir une Japonaise ? Comme la nong Yuri de Noh ? Tu peux m'en trouver une ?

    Putain de Film. T'as dépassé les bornes. Je lui mets une tape sur la tête. 

    — Hé, qu'est-ce que tu me fais, bordel ?! Tu sais, tu devrais me refiler nong Yuri. Il y a des rumeurs comme quoi tu ne veux pas vraiment être avec elle, de toute façon. Tu devrais juste garder Phun, vu que c'est ton nouveau mari.

    Ces putains de connards, je vous jure. Dire des conneries est soit un virus qui circule dans l'air, soit une maladie sexuellement transmissible. Est-ce que le ministère chargé de la santé publique ne devrait pas s'occuper de ce problème ? 

     

    ♫ U-Wo-U-Wo-Oh 

    Je ne pouvais plus penser à rien

    Tu étais tellement mignonne qu'il fallait que je vienne me présenter ♫

    Je n'ai pas l'occasion de crier sur qui que ce soit car Yuri m'appelle. Je suppose qu'elle veut me faire savoir qu'elle est bien rentrée chez elle. Je réponds à l'appel tout en pointant Film du doigt dans un geste de menace. Il me renvoie une expression moqueuse ce qui me donne juste envie de lui botter le cul encore plus.

    Je quitte la table pour pouvoir parler à Yuri dehors, je ne veux pas que le bruit la dérange. Yuri me dit qu'elle est bien rentrée et qu'il ne faut pas que je boive trop. Elle me demande aussi de lui envoyer un texto quand je serai rentré à la maison. Bon, c'est d'accord. Il vaut mieux avoir quelqu'un qui s'inquiète pour vous que personne, c'est ce que je choisis de me dire.

    Je suis au téléphone depuis un moment quand je remarque que Golf m'a suivi à l'extérieur. Il me regarde bizarrement, comme s'il voulait me dire quelque chose.

    Mon intuition me murmure qu'il n'est pas juste sorti pour fumer une clope, alors je décide d'abréger ma conversation avec Yuri. 

    — Il faut que j'y aille, d'accord ? Je t'envoie un message quand j'arrive chez moi. Oui, oui. Salut.

    Golf me tend une cigarette aussitôt mon portable éteint. Mais je ne fume pas, j'ai peur que mes lèvres ne restent pas roses, si je le fais. C'est une blague. S'il-vous-plaît, ne croyez pas un mot de ce que je viens de dire. La vérité, c'est que je ne sais pas comment on fait pour fumer, et que mes parents me hurleraient dessus jusqu'à ce que mes oreilles soient engourdies s'ils le découvraient.

    — Non, merci. Il y a un truc qui ne va pas, Golf ?

    Je sais que je ne l’ai jamais vu aussi inquiet.

    — Alors comme ça, tu traînes avec Phun, ces derniers temps ?

    Argh...Je déteste vraiment cette question. Je me serais mis à l'insulter s'il s'était agi de quelqu'un d'autre mais Golf a une expression tellement solennelle sur le visage...

    — Oui, un peu. Sérieusement, ça va ?

    Ma curiosité ne fait qu'augmenter quand je remarque qu'il hésite. Il ne me répond toujours pas, ce qui me donne encore plus envie de savoir. 

    — Mec, dis-le moi, s'il y a quelque chose qui ne va pas, et puis c'est tout.

    Allez !

    — Est-il… Je veux dire, Phun. Est-il toujours avec sa copine ? 



  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Juillet 2021 à 20:53

    bon ils vont devoir faire un voyage à 4. Je me demande comment ça va se passer. Oh et un nouvel arrivant Golf.....

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