• 19ème Chaos

    19ème Chaos
    Il Le Faut

    Phun et moi étions déjà complètement bourrés quand on a terminé tous les plats et fini notre bouteille de bière. A quel point ? Eh bien, la dernière heure avant que nous quittions le restaurant, je suis monté sur la scène et ai montré mes compétences en tant que président du club de musique en organisant un mini concert avec le groupe. Nous avons joué douze chansons (oui, douze). Je jouais de la guitare, je chantais, je jouais du clavier, de la batterie, et même de la basse. J'ai joué de tout. Sans me vanter, je peux jouer toutes sortes d'instruments traditionnels thaïlandais, instruments de musique, et instruments d'orchestre. Qui d'autre peut avoir le titre de président du club de musique ? Hahaha. (Mais je n'aurais pas fait toutes ces choses si je n'avais pas été aussi bourré. En y repensant, c'était vraiment embarrassant.)

    Nous avons déjà fait un énorme buzz quand nous sommes entrés dans le restaurant, mais nous en avons fait un encore plus grand quand nous en sommes partis. Hahaha. Nous avons quitté le restaurant avec les étudiantes qui criaient et qui étaient à peine capables de se tenir assises. Les chansons que nous avons jouées ont changé le concept de ce restaurant ordinaire en un petit bar en un clin d'œil. Ben quoi, chaque table avait des boissons. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu'on joue de la musique de variété, ou des personnes auraient dormi.

    Il était presque minuit au moment où nous avons demandé notre addition et nous avons appris que le propriétaire avait déjà reçu plus de la moitié de notre facture. Heh, je me demande qui est responsable de cela. Entre moi dans mon short bleu donnant un mini concert pour les dames de Bang Saen et Phun, qui est si impressionnant visuellement que toutes les tantes et les étudiantes avaient appelé leurs amies afin qu'elles puissent venir le voir par elles-mêmes.

    En tout cas, nous nous dirigeons loin du restaurant avec de grands sourires sur nos visages. Phun prend son temps et conduit sa Honda deux portes le long de la plage avec le toit ouvert donc je suis en mesure d'apprécier pleinement la magnifique lune. 

    Je me sens tellement heureux que je souhaite que cette nuit ne s’arrête jamais. Même le jeu ‘trouver les différences’ a une option pause. Pourquoi la vraie vie ne peut pas avoir ça aussi ?

    Je jette un coup d’œil à Phun dont le visage est tout sourire aussi. 

    Nous avons roulé près de la plage pendant un moment et avons terminé environ trois ou quatre canettes de bière que nous avions achetées au 7-Eleven avant de finalement arriver dans un hôtel. Malgré le fait qu'il est assez cher par rapport aux normes de Bang Saen, la Carte Gold Visa de Phun n'a pas de problème avec ça.

    — Je te rembourserai quand j'aurai l'argent, dis-je en tapotant son épaule deux fois quand nous allons vers la chambre. 

    Je peux entendre son rire avant qu'il ne me frappe la tête.

    Tu te rends compte que si je pisse sur le lit, alors tu seras mouillé aussi, salaud ?

    — Ne t’inquiète pas, je vais le prendre sur le budget pour ton club.

    Quoi ?! C'est pas cool ! Je fais une grimace à Phun qui sifflote et fait semblant de ne pas me prêter attention, quand il déverrouille la chambre qui porte le numéro 17. Si j'avais pu balancer mon sac à dos et le frapper à la tête, alors je l'aurais fait. Mais le sac à dos est trop lourd et je ne voulais pas me blesser le bras.

    — Waaaah C'est tellement agréable !

    Au moment où la porte s'ouvre, je jette le sac à dos au sol et me précipite pour ouvrir la baie vitrée du balcon et laisser la brise de la mer me parcourir le corps. Pendant ce temps, Phun est trop occupé à verrouiller la porte correctement. Je ne sais pas s'il a peur que quelqu'un fasse irruption ou plutôt que j'essaye de m'échapper.

    Je me tiens sur le balcon et profite de respirer profondément la brise de la mer pendant un court moment avant que je ne sente une paire de bras chauds venant de derrière moi se serrer autour de ma taille. Je peux deviner le visage d’une certaine personne posé sur mon épaule. Je regarde Phun avant que je ne hausse les épaules afin de faire rebondir son visage, juste pour le fun. 

    — Hey ! On vient juste d'arriver ici et tu veux déjà le faire ? Pas question, pas moyen. Obsédé.

    Je ne le pense pas vraiment, je veux juste lui chercher des noises. Hé hé.

    — C'est toi, l'obsédé, je n'ai encore rien fait.

    Bien sûr, il réplique. Mais sa voix est étouffée parce que son visage est toujours pressé sur mon épaule. Je me moque de sa réponse, je baisse mes mains qui étaient sur la balustrade du balcon pour tenir celles de Phun. 

    — Alors, quel est le problème ?

    Tout allait bien donc il doit y avoir une raison pour qu'il fasse ça.

    — On peut juste rester comme ça un moment … ?

    La voix de Phun semble si fragile, ça me fait réaliser qu'il est temps d'arrêter de faire le malin avec lui. Je penche ma tête pour me reposer sur la sienne et reste immobile, lui permettant de me tenir aussi longtemps qu'il en a besoin.

    — Mais si je commence à avoir une crampe dans les jambes, alors ça sera de ta faute.

     

    ♪ Je pourrais être marron, je pourrais être bleu, je pourrais être un ciel violet. ♪

    Il se passe beaucoup de temps, où on reste enlacé sur le balcon avant que le téléphone noir de Phun commence à faire du bruit ce qui met fin au silence. Je me retourne pour voir le portable Nokia vibrant sur la table au milieu d'autres objets qu'il a laissés là-bas.

    — J’ai oublié de l'éteindre... ? se plaint-il de lui-même à voix basse juste à côté de mon oreille avant qu'il ne lâche ma taille. 

    Cela me rappelle la conversation avec Yuri plus tôt ce soir.

    Je suis des yeux le dos portant une chemise vert kaki alors que Phun marche vers son téléphone. Mais il ne semble pas que Phun ait l'intention d'appuyer sur le bouton pour répondre.

    — Hey ! C'est le bouton pour l'éteindre ! Abruti ! crié-je quand je remarque qu'il a le doigt sur le bouton qui éteint le téléphone au lieu du bouton pour répondre.

    Je me précipite et le frappe sur la tête pour le secouer. Il me frappe immédiatement sur le front en retour. 

    — Parce que je l'éteins, bordel.

    Mais ne pensez pas que je vais laisser passer ça facilement. En fin de compte, nous nous battons pour le téléphone portable, le tirant d'avant en arrière entre nous (alors qu'il sonne toujours). J'arrive à avoir un aperçu de l'écran. Il affiche une photo de Aim. Je ressens une douleur bizarre tout d'un coup.

    — Aim t'appelle, pourquoi tu l'éteins.

    Le propriétaire du téléphone évite rapidement mon regard.

    Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne dégages pas ?

     

    Le téléphone lâche ces dernières phrases avant qu'il ne s'arrête enfin. Phun saisit cette occasion pour l'éteindre rapidement.

     

    Qui peut être agréable à toute heure ? Je suis une personne, pas un personnage dans un drama à la télévision.

     

    Je regarde mon iPhone qui est à côté de mon sac à dos en train de sonner et je trouve ça drôle.

    — Le mari s’enfuit loin de la femme, et tout le monde essaie d'entrer en contact avec lui. Hé hé.

    Alors que je me dirige vers mon téléphone pour répondre à l'appel de Yuri, Phun, qui est aussi rapide qu'un singe, l'attrape et l'éteint. Il ignore mes objections et me laisse là avec la bouche ouverte.

    — Hey, tu ferais mieux de faire gaffe ! C'est mon téléphone.

    Il y a une pointe de colère dans ma voix. Qui donc lui a appris des manières aussi terribles ?

    Mais il semble que mes protestations n'aient pas d'incidence sur Phun de quelque façon que ce soit. Son visage est totalement inexpressif, il jette négligemment mon téléphone sur le lit. Je suis sur le point d'ouvrir la bouche pour lui hurler dessus quand il me saisit et me serre très fort.

    J'aurais résisté si ses épaules ne tremblaient pas tellement que ça m'alarme.

    — Quel est le problème, Phun ?

    La voix de l’homme tremblant qui me serre est rauque. 

    — Ça peut être juste nous ce soir ... ? Ne parlons de personne d'autre…

    — ...

    Je regarde la tête de Phun, qui me tient si étroitement, avec pleins d'émotions contradictoires. Même si je me sens léger dans ma poitrine, il y a une tonne de pensées qui se déchaînent dans ma tête. J'essaye d'aller de l'avant, mais je sens que je ne peux rien voir d’autre qu'une impasse.

    À vrai dire, je suis l'autre personne dans cette situation. Phun et moi ne pouvons même pas utiliser le mot ‘nous’. Il ne se passe rien entre lui et moi. Il ne devrait pas se passer quoi que se soit entre lui et moi. Et il n'y aura jamais rien entre lui et moi. Peu importe ce que Phun ressent pour moi ou ce que j'éprouve pour lui. Peu importe combien ces sentiments existent, tout ce que je peux voir en face de moi c'est Phun et Aim, qui sont censés être plus heureux qu'ils ne le sont à l'heure actuelle.

    Je l'enlace fermement, mais ça me blesse tellement que j'ai l’impression d'étreindre un durian. Plus je le serre, plus j'ai mal. Ça me fait si mal que je ne suis pas sûr de combien de temps je peux continuer à le serrer comme ça.

    — Tu ne devrais pas avoir des problèmes avec Aim à cause de moi... sérieusement.

    Voilà ce que je veux le plus lui dire en ce moment. Phun secoue sa tête qui est toujours enfouie contre ma poitrine.

    — Je ne vais pas avoir des problèmes avec Aim à cause de toi. Mais j'en aurai parce que c'est de ma faute.

    Sa voix tremble et est remplie de confusion. C'est comme si ça venait de quelqu'un qui ne sait plus quoi faire. Les bras qui sont autour de moi tremblent. Ils me montrent l'état d'esprit actuel de leur propriétaire.

    Je sais que je ne devrais pas empirer les choses pour lui.

    — Quel... genre de problèmes tu vas... avoir ?

    Je veux connaître la réponse. Mais il garde le silence pendant un moment avant qu'il ne commence à parler.

    — Je suis un connard, putain. J'ai déjà Aim mais je reviens toujours vers toi.

    — Les vrais connards ne se donneraient pas la peine de s'appeler eux-même des connards. Allez, asseyons-nous et parlons, d'accord ? soupiré-je avant de le lâcher et de le pousser à s’installer sur le lit.

    Phun serre les lèvres très fort et fixe les draps du lit. Il refuse de lever la tête pour me regarder.

    — Hé... Je suis... désolé.

    — Pourquoi tu es désolé ? Dis-moi tout.

    — Aim et moi... on a couché ensemble…

    Ces mots ont fini par sortir. Malgré le fait que je le savais déjà, les entendre de Phun me coupent dix fois plus profondément que lorsque je les ai entendus de Yuri. Ils m'ont frappé comme une brique et je me sens engourdi par une immense douleur. Je détourne les yeux pendant seulement un court instant avant de retourner à son visage.

    — Ok... quoi d'autre ?

    Phun prend une profonde respiration, mais cette fois, il lève la tête et verrouille ses yeux dans les miens. 

    — Mais je ne peux pas résister... quand je suis avec toi.

    Tout ce que je vois, ce sont ses yeux angoissés. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si Phun voit la même chose dans mes propres yeux.

    Ces lèvres continuent de bouger, même si je commence à penser que je ne veux plus entendre ce qu'il a à me dire. 

    — Je ne peux pas laisser Aim. Mais avec toi, je me sens... Je ne sais pas quoi faire.

    A ce stade, Phun regarde vers le bas et serre les draps du lit. Je place doucement ma main sur son poing.

    Parce que je sais que je dois être celui qui doit le faire.

    — Écoute-moi…

    C'est le défi le plus difficile auquel j'ai jamais été confronté de toute ma vie.

    — Aim est une fille. Tu ne peux pas la quitter après avoir eu ce genre de relation avec elle. Tu dois revenir en arrière et prendre soin d'elle. Je suis un gars. Je n'ai rien à perdre.

    Je pensais que ce que je disais était complètement normal et logique, mais Phun secoue sa tête si vite, comme s'il écoutait une histoire de fantôme.

    — Noh... arrête de parler…

    Il y a un soupçon d'intimidation dans sa voix, mais je me rends compte que je ne peux pas céder. Je continue à faire face à ce défi fatigant en lui faisant un sourire.

    — Va trouver un peu de glue et tu pourras coller mes lèvres alors. Laissons juste les choses entre nous se terminer. Ça ne m'inquiète pas, dis-je avec un sourire en regardant son visage. 

    La bouche de Phun est ouverte comme s'il voulait argumenter, mais il est trop lent pour moi.

    — Je vais te le dire à nouveau. Je ne suis pas une nana, salaud.

    Il saisit immédiatement mes poignets.

    — Noh, tu ne comprends pas que ça n'a rien à voir avec ça ? Ça n'a rien à voir avec qui est qui. Ça a à voir avec ce que j'ai fait. Noh, tu ne comprends pas ça ?!

    Ses yeux me fixent si profondément que j'ai peur de regarder ailleurs. Je regarde dans ces yeux noirs et ternes qui sont tout à coup si familiers. Les lèvres de Phun continuent de bouger. 

    — Après toutes les choses qui se sont produites entre nous... s'il te plaît ne me dis pas que tu vas juste partir…

    Je me libère rapidement de sa poigne et me force à rire désespérément. 

    — Hahaha... toi bordel. N'agis pas comme un gentleman. Tu veux te convertir à l'Islam comme ça tu pourras avoir plusieurs femmes ou un truc dans le genre ?

    J'ai l'impression que toute mon énergie a quitté mon corps, mais je dois encore continuer à parler.

    — Et n'oublie pas que j'ai une petite amie aussi. Je suis sacrément débordé avec le tournoi de football en ce moment. Même Earn veut que le groupe l'aide pour un tas de trucs. Du coup, je n'ai pas de temps libre pour accepter le poste de ‘ton petit-ami secret’. C'est tellement épuisant et je n'ai même pas eu mes heures supplémentaires rémunérées.

    Ce n’est pas hilarant ? Cependant, il ne rigole pas.

    Je force un petit rire pour qu'il l'entende même si je suis sur le point de fondre en larmes.

    Je peux lire ce qu'il veut me dire dans ses yeux.

    Et je sais que Phun peut lire ce que j'essaye de lui dire dans les miens aussi.

    Je suppose qu'il n'y a rien d'autre dont on doit discuter à voix haute.

    Phun et moi restons immobiles à fixer le visage de l'autre. J'ai atteint mes limites. Je ne peux pas le supporter plus longtemps.

    — Phun ! m’écrié-je avant de me jeter sur lui pour l'enlacer fermement. 

    Il met timidement ses bras autour de moi. En ce moment, je n'ai plus une once de force. Je peux seulement entendre la voix d'une personne égoïste dans mon cœur disant que je ne veux pas laisser Phun partir.

    — Noh… ?

    — Hmm…

    — Qu'est-ce qu'il y a ?

    — S'il te plaît ne me lâche pas... au moins jusqu'à demain matin ?

    Ça prend si peu de temps de tomber amoureux, alors pourquoi c'est une telle torture quand il est temps de se dire au revoir ?



  • Commentaires

    1
    Samedi 24 Juillet 2021 à 17:11
    Ca commence à se compliquer
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