• Chapitre 17

    Chapitre 17

    BANG ! BANG ! BANG !

    Les coups frappés à la porte ruinent notre moment de tendresse. Mork et moi nous tournons vers le bruit. Il se calme un instant avant de recommencer, plus brusquement cette fois. Le propriétaire de la pièce se lève et sort de la chambre en silence.

    — Je reviens tout de suite.

    J'entends un cliquetis, suivi d'une agitation bruyante. Avec une extrême curiosité, je lève mon corps épuisé et sors. Mes yeux s'écarquillent lorsque je vois ce qui se passe sous la lumière aveuglante.

    À cette seconde, mes Power Rangers se montrent dans toute leur férocité. Ils saisissent le col de Mork et le jettent au sol sous mes yeux.

    Je reste sans voix, regardant le groupe de mecs en formation. Putain de malade.

    — Prépare-toi aux problèmes, et double-les.

    — Pour protéger le monde de la dévastation. Pour unir tous les peuples au sein de notre nation.

    — Pour condamner les maux de la vérité et de l'amour. Pour étendre notre portée jusqu'aux étoiles dans le ciel.

    — Goe Stark, James Rogers, Yok Odinson, Yeen Banner, et Duean... Fury.

    — L'équipe Kitty Avengers s'envole à la vitesse de la lumière. Rends-toi maintenant, ou prépare-toi à te battre !

    Les gars, vous êtes tarés !!

    — Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ?

    Je m'écrie. J'ai mal au cœur, en voyant le Kitty Gang se tenir en formation. Goe a un plâtre à la jambe et des béquilles pour le soutenir. James regarde en l'air à cause de son cou raide. Il n'arrive même pas à garder son regard droit. Yok et Yeen sont saouls, se tenant debout de manière instable. Duean se trouvant au milieu, pour les soutenir.

    J'ai été touché par les mots de Mork, mais maintenant j'éclate de rire. Merde, pourquoi ils font un spectacle de comédie si tard dans la nuit ?

    — Pi, tu vas bien ? On est là pour te sauver.

    Mon frère s'avance en baissant la voix comme s'il était sur le tournage d'un film. Et pour tes amis ivres ? Comment tu peux les laisser par terre ?

    Je suis surtout inquiet pour Mork. Il a été projeté sur le sol sans m'avoir fait quoi que ce soit de mal.

    Quand il se relève lentement et grimace de douleur, je suis terriblement désolé pour lui.

    — Pi je te le demande. Est-ce qu'il t'a maltraité ? 

    Duean me gifle pour que je reprenne mes esprits.

    — Il n'a rien fait.

    — Alors vous, mes frères, partez. Je vais m'occuper de ça, coupe Goe en titubant près de Mork, tout prêt à se battre.

    Je suis très inquiet. J'ai peur que Goe ne meure. Vu son état, je ne pense pas qu'il s'en sorte.

    — Arrête ça, Goe. Mork ne m'a rien fait.

    — C'est impossible. Il t'a emmené dans sa chambre. On doit aller jusqu'au bout.

    — Mais tu ne seras pas capable de le faire.

    Le boiteux tourne brusquement la tête et me lance un regard noir.

    — Qui suis-je ? Je suis Goe. Les buffles tombent quand je leur botte le cul. Tu m'entends ?!

    — Je ne sais pas pour les buffles, mais je suis tombé à teeeeeeerre, enfoiré !

    Yok et Yeen hurlent, leurs bouches se crispent. Ils sont tous dans un sale état. Duean, le chef, décide de mettre fin à ce chaos.

    — Les gars, partez et attendez en bas. Je vais parler moi-même avec Mork.

    — Tu es sûr ?

    — Ouais, vas-y. Et toi. Pi...

    — Je reste là, avec toi, coupé-je mon frère avant qu’il ne puisse finir sa phrase.

    Le Kitty Gang s'en va, compréhensif. Nous restons tous les trois dans la pièce. C'est tellement calme que j'entends le son de l'air conditionné. 

    — Mork, commence Duean, sa voix plus dure que jamais.

    — Tu veux t'asseoir avant ?

    — Non. Je vais aller droit au but. Quand je t'ai vu au club ce jour-là, je n'aurais jamais pensé que tu t'en prendrais à ce point à mon frère. Quelle est ton intention ?

    Je reste immobile. Tout comme Mork et Duean. Le monde entier s'arrête de bouger. Je peux seulement me concentrer sur le regard inébranlable de Mork.

    — Je l'aime bien, c'est tout.

    — Tu l'aimes bien ? Tu aimes mon frère ? Un type comme toi peut trouver quelqu'un de bien mieux. Pourquoi mon frère ?

    — Je n'attends pas que Pi soit parfait. Bien sûr, ce n'est pas comme s'il était meilleur que les autres, mais je l'aime bien. C'est vrai que je voulais être dans une relation amoureuse avec lui, mais maintenant j'espère seulement être son ami. Nous pouvons au moins faire partie de la vie de l'autre de cette façon.

    —  Arrête ton cinéma. 

    — Essaie d'ouvrir ton cœur. Pi ne mérite pas d'être seul comme il l'a été avant.

    — C'est facile pour toi de dire ça. Pense à Pi. Tu as la moindre idée de ce qu'il a traversé, de la douleur qu'il a ressentie en étant trahi, exploité, insulté et ignoré ? Tu peux me garantir que mon frère ne sera pas blessé quand il ouvrira son cœur et laissera quelqu'un entrer dans sa vie.

    — … 

    — C'est mon frère. Je peux m'occuper de lui moi-même. Si un jour il veut vraiment laisser quelqu'un entrer dans sa vie, je ne l'en empêcherai pas.

    Duean, n'accepte aucun argument, il saisit mon poignet et entraîne mon corps ivre et épuisé hors de la pièce. On entend Mork crier après nous, mais on ne perd pas une seconde pour s'arrêter et écouter.

    — Duean, Pi et moi sommes déjà amis.

    — … 

    — Tu ne veux pas me laisser une chance ?!

    La voix de Mork s'éteint. On s'éloigne jusqu'à ce qu'on n'entende plus rien.

    Je me demande juste si c'est vraiment bien, le bonheur d'avoir des amis ou un petit ami.

    Pourquoi tout le monde y aspire, même moi ?

     

    — Va prendre une douche. Lave-toi. Je te donnerai du lait.

    — Duean, j'ai sommeil.

    — Arrête de pleurnicher.

    Après avoir conduit l'équipe de Kitty Avengers chez eux, nous sommes directement rentrés chez nous. Duean me donne tellement d'ordres que j'en ai le vertige. J'économise mon souffle et me dirige vers la salle de bain, en espérant que l'eau froide éliminera l'ivresse et me videra la tête.

    Après avoir pris une douche et enfilé de nouveaux vêtements, le monde vacillant redevient immobile. Je me dirige lentement vers mon frère, qui se repose sur le canapé en fronçant les sourcils. Sur la table, il y a un verre de mon lait à la banane préféré.

    Argh… J'ai tellement peur de Duean dans ce mode là. 

    Quelqu'un, aidez-moi. Je pourrais mourir par le coup de pied de mon frère ce soir. 

    — Assis.

    — Qu... Qu'est-ce qui ne va pas, Duean ? Tu es en colère contre moi ?

    — Tu ne tiens pas l'alcool mais tu bois quand même comme un abruti. Tu savais que mes amis ne pouvaient pas s'occuper de toi mais tu leur as quand même fait confiance. Combien de temps tu vas me laisser m'inquiéter ?

     Il est vraiment dans son mode drame. Waaah, je ne veux pas de ça, Duean.

    — Je suis désolé. J'étais triste.

    J'admets mon erreur.

    — Triste à propos de quoi ?

    — Nan m'a rejeté, alors j'ai bu pour oublier la douleur comme ils le font dans les films. Tu me comprends, hein ?

    — C'est putain de pathétique.

    Ouch ! Ça fait un mal de chien. Les frères ne sont-ils pas censés faire un câlin à leur Nong dans ce genre de situation ? Pourquoi le mien croise les bras contre son torse en me regardant de travers ?

    — C'est vraiment triste, tu sais.

    — C'est bon puisque c'est Nan. Je savais qu'il ne te rendrait jamais tes sentiments.

    — Hein ? 

    — Mais si ça avait été Mork, les choses ne se seraient pas terminées si facilement.

    — Q… Qu'est-ce qui se passerait si c'était lui ? Qu'est-ce que tu me dirais ?

    — Tu l'aimes bien ? demande franchement Duean.

    — Non, mais je ne le déteste plus. Quand j'ai décidé d'avouer mon amour à Nan, je voulais juste en finir. Je ne sais pas si j'avais juste peur que Nan sorte avec quelqu'un d'autre, ou si j'avais trop peur d'accepter la réalité où Mork a des sentiments pour moi.

    — Pourquoi tu ne peux pas accepter les sentiments de Mork ? Est-ce que cela signifie que tu ne veux pas sortir avec lui ?

    — Non, j'ai peur de me soucier de lui de plus en plus chaque jour.

    — … 

    — Mais au final, on a décidé d'être amis.

    C'est peut-être trop rapide d'être dans une relation avec lui. Tout ce temps, je l'ai vu comme mon rival en amour. On ne peut pas être amoureux du jour au lendemain. C'est pourquoi on doit commencer par être des amis. 

    — C'est la première personne, la première qui m'ait demandé d'être mon ami sans que je le supplie comme avant.

    La première personne qui ne me fait pas me sentir inutile et méprisé.

    — Je peux le dire à ses yeux. Il ne te considère pas comme un ami.

    Duean soupire, appuie son dos contre le canapé, et fronce les sourcils.

    — Il a dit qu'il serait mon ami, murmuré-je.

    — Et s'il ne veut plus juste être un ami plus tard ?

    — Je ne sais pas.

    — Tu pourras le supporter si un jour il te tourne le dos, s'il te fréquente uniquement dans son intérêt ? Tu pourras le supporter si un jour il a de nouveaux amis, de nouveaux cercles sociaux et qu'il te laisse tomber comme les autres ? Tu pourras toujours l'accepter ?

    Ce qu'il dit est comme un disque qui rejoue en boucle mes expériences douloureuses et passées.

    — Hum… Je retournerai juste à la solitude.

    — Et si un jour tu tombes amoureux et que tu te sens engagé avec lui ?

    — Je serai très bien seul.

    — C'est plus facile à dire qu'à faire, Pi. Tu as vu comment ça s'est terminé, non ?

    Je sais combien j'ai été blessée en donnant mon coeur à quelqu'un, mais en même temps, j'ai été blessé par cette même vieille vie qui ne change jamais. Je veux essayer. Ce n'est pas comme si je donnais une chance à Mork. Je me donne une chance de grandir et de franchir ce mur épais.

    — Je m'inquiète pour toi, mais je ne veux pas non plus que tu fermes ton cœur.

    — … 

    — Si tu veux avoir des amis ou connaître l'amour, fonce.

    — Tu ne me gronderas pas !

    — C'est ta vie. Si un jour tu as le cœur brisé, dis-le moi. Je te consolerai.

    Beaucoup de mes vieux amis disaient que mon frère ne possède que son apparence. Qu'il est stupide, mal élevé et égoïste, mais c'est le frère qui me protège toujours, peu importe ce qui me blesse sur le moment.

    Quand je regarde en arrière, il a toujours été là pour me réconforter à bras ouverts.

     

    C'est samedi, et je reste à la maison. Heureusement que je n'ai pas à subir le regard des autres et les commérages sur la façon dont j'étais saoul hier soir. J'ai aussi le temps de faire le point sur la question de Mork et moi.

    La photo de Mork me portant sur son dos prise par Prik, l'administratrice de la page, a reçu un nombre fou de likes. C'est devenu un sujet extrêmement populaire.

    Mais qui est celui que je déteste le plus en ce moment ? C'est Duean, ce punk. Il s'est levé tôt pour imprimer des exemplaires de la photo et les coller sur chaque centimètre carré de nos murs. Il a manifestement fait ça pour m'énerver. 

    Maintenant il est parti flirter avec des filles, me laissant seul pour décoller ces photos des murs.

    J'ai découvert que Goe et James ont été de nouveau hospitalisés. Ils ont posté des photos sur Facebook pour attirer l'attention. 

    DING !

    Le voilà, le son de la notification de l'enfer. J'ai envie de balancer au loin l'iPad que j'ai en main et de faire autre chose. Mais je ne peux pas m'empêcher de vérifier. Devinez qui c'est. C'est ce visage familier qui tient tant à me parler.

     

    Sutthaya Nithikornkul

    Tu es debout  ?

    Pattawee Panichapun

    Non ?

    Sutthaya Nithikornkul

    Toujours la tête qui tourne ?

    Pattawee Panichapun

    Non, plus maintenant.

    Sutthaya Nithikornkul.

    Alors ? A propos de nous.

    Pattawee Panichapun

    On est amis comme on avait dit.

    Sutthaya Nithikornkul

    Duean est passé. Il m'a donné une chance.

     

    Oh, merde, il a encore fait quelque chose sans me le dire. 

    Après ce texto, il me faut un moment pour trouver quoi lui répondre. Je finis par lui envoyer un autocollant de chat, qu'il lit mais auquel il ne répond pas.

    Il ne veut même pas me renvoyer un autocollant. Pourquoi suis-je énervé quand il ne me répond pas ? Que dois-je faire ?

    Très bien, au diable ta réponse. Je vais jeter mon iPad.

    DING ! FWIP !

    Putain, je me déteste d'avoir bondi pour lire le message avec excitation au moment où le son de la notification a retenti.

     

    Sutthaya Nithikornkul

    Pi, donne-moi ton numéro. Les textos, c'est embêtant.

    Pattawee Panichapun

    Alors arrête d'envoyer des SMS. Arrête de parler.

    Sutthaya Nithikornkul

    D'accord, je ne t'enverrai plus de SMS.

     

    Meeeeeeeeerde, sérieusement ? Pourquoi est-il si mesquin ?

    Devrais-je arrêter de faire le difficile et lui donner mon numéro... ? Alors que je tape mon numéro et que je suis sur le point de l'envoyer, Mork m'envoie un texto.

     

    Sutthaya Nithikornkul

    Je peux venir chez toi ? J'ai envie de te voir.

     

    Je rougis et me mords les doigts. 

    C'est quoi ce bordel. Il ne veut pas m'envoyer de SMS mais préfère me voir ? On est comme des adolescents qui tombent amoureux. Mais attendez ! Est-ce le genre de conversation que des amis sont censés avoir ? C'est un peu bizarre.

     

    Pattawee Panichapun

    Je ne veux pas te voir.

    Sutthaya Nithikornkul

    Mais je suis devant chez toi.

     

    Dès que je lis cette phrase, je descends du lit et me précipite dehors comme si j'étais dans une course de relais. Je tourne la poignée de la porte avec excitation et je fais face à quelqu'un qui se tient devant moi.

    Bon sang, j'ai envie de verser des larmes. Mon ami est venu dans ma chambre.

    — Salut.

    Regardez-le me saluer. Il lève même un sac de congee à emporter pour que je le voie. Waaaah.

    — Comment tu es arrivé là ? Tu as une carte magnétique ?

    — J'ai un système. Tu as mangé ? Je t'ai acheté du congee.

    En fait, je n'ai pas faim, mais je vais mentir puisque je suis fou au sujet de mon premier ami.

    — Pas encore. J'ai teeeeeeellement faim.

    — Je peux entrer ? Je vais te le mettre dans un bol.

    — Mon frère va nous casser la figure s’il l’apprend, dis-je, mais je fais tout le contraire et ouvre la porte si grand que Mork rit.

    — Tu me laisses entrer ou pas ?

    —  Je ne veux pas. Mais puisque tu es si têtu et que tu continues à me harceler, je ne peux pas t'en empêcher. Dépêche-toi d'entrer. Tellement ennuyeux.

    — Quand est-ce que je t'ai harcelé ?

    — Tu le fais maintenant. Tu entres ou pas ?

    — Je le fais.

    — Je vais le mettre moi-même dans un bol. Assieds-toi.

    Je lui dis de s’installer quelque part et j'essaie de trouver un bol. D'habitude, je ne réfléchis pas trop à la façon dont je mange. Je peux même arracher un coin d'un sac en plastique transparent et en aspirer le congee. Mais je dois garder mon image cool puisque Mork est ici dans ma chambre. Je commence par choisir les bols les plus mignons.

    L'un est un bol à motif de tomates, l'autre à motif de carottes. C'est une portion individuelle, mais je ne suis pas assez mauvais pour ne pas lui en donner.

    — Voilà le tien. 

     Je pose les bols sur la petite table dans le coin de la cuisine et je m'assieds.

    — Je l'ai acheté pour toi. Mange.

    — Je partage. Arrête de faire le difficile.

    — Très bien. C'est mignon, me complimente encore Mork.

    — Tu veux dire les bols !

    — Ouais.

    — Quoi ? Tu ne dis pas toujours que je suis mignon ?

    — Tu te fais des illusions.

    — On devrait arrêter d'être amis ?

    Je menace et j'ai un sourire en coin comme réponse. Qui a dit que Mork était gentil ? Je veux que vous voyiez que ce n'est qu'une illusion. C'est un vrai casse-couilles.

    Cette fois, je ne laisserai pas la nourriture toucher mon visage. Je fais semblant d'être parfaitement cool, mettant lentement la cuillère dans ma bouche. Merde... ça se renverse.

    — Pourquoi tu rigoles ?

    — Pour rien. Tu veux une serviette ? Pour essuyer la table.

    — Reprends-toi. Pourquoi tu me fixes comme ça ?

    J'ai trop peur pour faire quoi que ce soit maintenant. Je suis nerveux parce qu'il est assis en face de moi. Cela semble le provoquer encore plus. En plus de ce regard diabolique, il sort son téléphone et me photographie avec un fort bruit d'obturateur.

    — Supprime ça.

    J'arrache immédiatement le téléphone de sa grosse main.

    — Pourquoi ?

    Il a le culot de demander.

    — Pourquoi je te laisserais la garder pour me taquiner plus tard ?

    Je supprime immédiatement la photo. Cependant, après la disparition de cette photo terrifiante, je tombe sur de nombreuses autres photos dans sa galerie. C'est impoli d'être indiscret, mais certaines photos me semblent terriblement familières.

    Ce sont des photos de bâtiments, de chiens, de chats, d'arbres et de tout ce qui se trouve dans l'université. Ce serait normal si ces photos n'étaient pas si semblables à celles de mon ami sur Facebook, l'ami qui publie absolument tout, sauf sa vie privée.

    'Humain de la faculté voisine'

    — Tu m'espionnes maintenant ?

    La voix de Mork est comme un son de réveil qui me ramène à la réalité. Je lui rends son téléphone dans un état second.

    Le propriétaire de ce compte anonyme sur les réseaux sociaux est mon ami. Comme nous ne nous sommes jamais rencontrés, j'avais l'impression de parler à une IA, ce qui est d'autant mieux que nous n'avons pas besoin d'en savoir beaucoup sur l'autre. Pas besoin de faire de faux sourires. Pas besoin d'avoir peur d'être trahi. Il n'était personne dans ma vraie vie.

    Alors pourquoi ? Pourquoi Mork a-t-il les mêmes photos que cette personne ?

    Et s'il était en fait le propriétaire de ce compte ?

    Mes pensées s'emballent avant que chaque scénario possible ne se déroule dans ma tête. Je ne sais pas comment je dois me sentir. Je pourrais être tellement furieux que je voudrais mettre fin à notre amitié parce qu'il m'a trompé pendant longtemps.

     

    'Mork, je sais que tu es cet humain de la faculté voisine. Comment tu as pu me faire ça ? Tu m'as trompé. Tu as joué avec ma confiance et tu t'es moqué de moi derrière mon dos alors que j’avais confiance en toi, pas vrai ? Tu n'es qu'une ordure.'

    'Pi, ce n'est pas ça. Laisse-moi t'expliquer.'

    'Non ! C'est fini entre nous. Ne te pointe plus jamais devant moi. Va en enfer'

    'Pi, écoute-moi. Pi...'

     

    Ça me stresse rien que d'y penser. Quand je m'imagine tourner sur moi-même et m'enfuir, j'ai l'impression de regarder mon feuilleton préféré. Est-ce que je dois être aussi dramatique ?

    D'accord, je ne serai peut-être pas furieux, mais je ne pourrai plus lui parler et tout partager avec lui.

     

    'Comment s'est passée ta journée ?'

    'Bien.'

    'Tu as quelque chose à me dire ?'

    'Non.'

    'C'est étrange. Tu me parles toujours de tout.'

    'Plus maintenant, parce que je sais que tu es Mork. Tu n'es plus mon humain de la faculté voisine, tu ne connaîtras plus jamais mes secrets.'

    'Comment tu l’as su ?'

    'Je ne te le dirai pas.'

    'Pi.. Je suis désolé. Je...'

    'Je n'écouterai pas. Non, non, nooooooon.'

     

    Je me débarrasse de cette idée. Si je ne peux pas tout partager avec lui, je devrai à nouveau exprimer mes sentiments dans mon journal intime, non ? De cette façon, mes émotions et mes sentiments resteront les mêmes. Il n'y aura personne pour m'écouter et partager les histoires banales de la vie avec moi. Si cela arrivait, je ne sais pas si je serais encore heureux. Je pourrais même me sentir encore plus seul. 

    Et si ça se terminait différemment ?

     

    'Mork, je sais que tu es l'humain de la faculté voisine.'

    'Tu le sais ?'

    'Oui, j'ai vu les photos sur ton téléphone par hasard. Je ne sais pas pourquoi tu l'as caché. Et même si ta sincérité s'avère être une supercherie, je veux quand même te dire ça.'

    '...'

    'Merci d'être entré dans ma vie, de m'avoir fait sentir moins seul, de m'avoir toujours tenu compagnie. J'étais sacrément heureux quand on parlait ensemble.'

     

    Je préfère cette fin.

    Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas en colère. Je suppose que j'espère le chérir et ne jamais le perdre.

    Qu'il s'agisse de l'humain de la faculté voisine, qui est resté avec moi depuis le début, ou de Mork, qui est ici avec moi dans le présent, je l'ai déjà accueilli pour qu'il fasse partie de ma vie.

     

    Le week-end est passé. Je ne suis pas sorti de ma chambre et j'ai envoyé des SMS à Sut toute la journée. Un enfant du milieu comme Duean et ses amis étaient introuvables. Ils avaient préparé des trucs pour rendre visite aux gars à l'hôpital mais ils ont fini par faire un karaoké comme si ce n'était pas grave.

    Je vais prendre un nouveau départ aujourd'hui. Ma vie ne sera sûrement pas trop solitaire car Pae m'a demandé d'aller au festival 'Medi-Zeed' organisé par la faculté de médecine pour se défouler ensemble. Je n'ai pas refusé. Je peux facilement trouver du temps pour assister au festival pendant la période de congé.

    — Vous avez des questions ? S'il n'y en a pas, le cours est terminé.

    Je quitte la salle de cours juste après avoir entendu ça.

    — Pi !

    — Hein ? Oui ?

    — Je t'ai appelé plusieurs fois mais tu n'as pas entendu. 

    Pae m'attend déjà alors que je cours joyeusement vers l'extérieur.

    — Tu es arrivé depuis quand ?

    — Depuis une éternité. Allons-y maintenant, ou le lancement du Medi-Zeeeeeed sera terminé avant qu'on y soit.

    C'est quoi ce bordel ?

    Je n'ai pas mis les pieds dans le bâtiment de médecine dentaire aujourd'hui car tous mes cours étaient au bâtiment principal, donc je ne savais pas à quel point le festival était grandiose. Mork ne m'en avait pas parlé non plus. Quand j'y suis arrivé, wow... l'auditorium de Médecine, d'une capacité d'environ mille personnes, était plein à craquer.

    Pae me conduit à l'avant de la scène. C'est plein de lumières et grouillant de monde car ce n'est pas un festival privé. Tous les étudiants peuvent y assister.

    Je suis coincé dans un essaim d'étudiants. Finalement, je me sors de la foule et me dirige vers le côté de la scène, trempé de sueur.

    — Attends là, dit Pae en me lâchant la main. Je croise le regard de quelqu'un de familier.

    — Tu vas où ?

    — Je vais flirter avec ma copine.

    Avant que je ne puisse répondre, il me fait signe de la main et disparaît dans la foule.

    Mork et moi nous grattons maladroitement la tête. 

    — Tu as mangé ? 

    C'est quoi cette salutation ? C'est tellement stupide.

    — J'ai pris un petit-déjeuner. Pour le déjeuner, je n'ai pas encore faim. Il est juste onze heures, réponds-je platement, mes yeux le balayant de la tête aux pieds. 

    Il a l'air exceptionnellement beau. Il porte un uniforme scolaire parfait et est bien coiffé.

    — C'est dommage que tu sois arrivé en retard. Tu as raté mon entrée sur scène. Tout le monde criait à tue-tête.

    — Ils ont fait ça parce que tu es tombé ?

    — Quel connard.

    — Tu es pire que moi.

    — Tu veux manger ça ?

    Il change de sujet et me tend un snack, me déconcertant.

    — Non, ça a mauvais goût.

    C'est quoi ce snack dégueu ? 

    — Tu l'as goûté ? Essaie maintenant. C'est bon.

    Il prend plusieurs bouchées pour me montrer. J'avale ma salive.

    — Ne me tente pas.

    — Goûte-le. Juste une bouchée.

    — Une bouchée, d'accord ?

    Mais, tu sais quoi ? Une bouchée pour moi, ça veut dire toutes les bouchées. Le bruit de l'animateur qui parle et des étudiants qui crient ne peuvent pas interférer avec ma capacité avancée à manger. Ils ont mis de la marijuana dans ces cookies ? Pourquoi ils sont si bons !

    — C'est vachement bon. Où est-ce que tu l'as acheté ?

    — Tu as dit que tu ne voulais pas en manger.

    — Va te faire foutre.

     Je mets le dernier dans ma bouche sans aucune honte.

    — Quel gamin.

    — Laisse-moi tranquille pour une fois. Je t'en achèterai d'autres demain.

    — Ils ne sont pas à vendre. Ma mère les a faits.

    — Ah, oui ? Qu'est-ce que je dois faire, alors ?

    — Viens chez moi si tu veux en manger. Ma mère veut rencontrer mon crush de toute façon.

    — Ta mère sait que son fils est délirant ? Qui va aller chez toi ?

    — C'est l'heure du jeu, tout le monde. Nous avons besoin de deux courageux volontaires sur scène !

    La voix de l'animateur commence à avoir un impact sur moi une fois que les cookies sont tous partis. Les étudiants en médecine font signe à leurs amis de monter sur scène. Il en va de même pour les autres étudiants.

    — Nous avons notre premier volontaire. Il nous faut un autre volontaire pour jouer le jeu à titre d'exemple.

    — Fais de ton mieux, Prik.

    — C'est Prik, la responsable du fandom de MorkPi.

    Je me retourne et je vois Prik faire un signe de la main sur la scène, en me souriant. Sans perdre une seconde, je me baisse et me cache dans un coin. Je vais avoir des problèmes si elle m'appelle.

    — Nous avons un autre volontaire. Je suis super excité. Commençons.

    — Ouais.

    Je ne me soucie pas vraiment de l'activité. Là-bas, il y a plusieurs stands de jeux, des stands pédagogiques, et des stands de nourriture où s'arrêter.

    — Tu veux aller à un stand en particulier, demande Mork comme s'il savait que je scrutais les stands pour voir ce qui était intéressant.

    — Je suis intéressé par les stands de rouleaux de printemps et de wontons frits en particulier.

    — Tu es si attentif à l'éducation.

    En voilà un garçon sarcastique.

    — Tu veux aller à quel stand, alors ? 

    — Le stand de la diseuse de bonne aventure.

    — Tu aimes ce genre de choses ?

    — Il est plutôt bon, il a dit que tu étais mignon l'autre jour.

    Je manque de m'étouffer. Sa technique de drague est vraiment merdique. Il se ferait virer s'il était l'ami de Duean. C'est une punition pour dire des répliques aussi atroces sans s'en soucier. 

    — Je sais que je suis beau. Pas besoin de me complimenter.

    Je rougis un peu, alors je dois protéger mon image.

    — On peut aller manger des rouleaux de printemps maintenant ? décidai-je finalement

    — Bien sûr.

    — Allons manger et partageons la note.

    — Qui a dit que j'allais manger ?

    — Morveux. 

    Je me chamaille avec Mork pendant un moment et je finis par me gaver devant un stand de snacks. Voici mon état actuel : Mes lèvres sont toutes grasses, mais je ne peux pas m'en empêcher. Les cookies que la mère de Mork a préparés ne sont pas les seules choses délicieuses dans ce monde. Tout est délicieux.

    — Merci d'avoir participé au jeu. Maintenant nous avons besoin de deux autres volontaires.

    — Je peux faire une demande ? Beaucoup de gens veulent voir ces deux-là jouer à ce jeu.

    Une voix familière résonne depuis le fond de l'enfer. J'ai déjà entendu cette voix quelque part... Oh, je l'ai. C'est Prik.

    — Meeeerde !

    Je jure doucement pour moi-même en tournant mon regard vers la scène. En voyant le visage déterminé de Prik, je frissonne de façon incontrôlable. S'il te plaît, ne fais pas ça. S'il te plaît...

    Laissez-moi finir mes prières.

    — Qui c'est ? Tu peux le dire.

    — Mork de Médecine et Pi de Médecine Dentaire.

    — Kyaaaaaaa !

    Mes genoux se dérobent et le gars à côté de moi se précipite pour me tenir le bras. Tous les regards se posent simultanément sur nous. Wah... Je ne veux pas jouer au jeu. Je veux mourir.

    Je secoue la tête, regardant Mork comme pour demander de l'aide.

    — Allons-y. Ce sera fini dans une minute.

    — Non, je ne veux pas.

    — Je t'apporterai les cookies de ma mère tous les jours. Allez, viens. Allons-y.

    Sans un mot de plus, il me traîne sur la scène sous les cris assourdissants. J'ai envie de m'évanouir. Je n'ai pas l'air de quelqu'un qui s'apprête à jouer à un jeu, mais plutôt d'une personne transportée aux urgences.

    — Les voilà. Ils sont très mignons. Nous allons jouer à un jeu amusant que nous, étudiants en médecine, avons préparé. C'est celui que nous connaissons tous, le Bingo !

    — Kyaaaaaaaa !

    — Le gagnant recevra en récompense une pochette plastifiée en forme de koala.

    — Kyaaaaaaaaaa !

    Erm, la récompense est très tentante.

    — Il y a neuf cases dans un ticket et un ensemble de neuf mots, qui seront tirés au sort. Tous les deux, vous donnerez à tour de rôle des réponses relatives à chaque mot sélectionné. Celui qui ne peut pas répondre perd et le gagnant a le droit de cocher une case sur le ticket de bingo. Nous continuerons jusqu'à ce qu'une rangée de cases soit formée. Vous avez compris ?

    — A… Ah, pas vraiment.

    Je bafouille. Mon cerveau s'est arrêté au moment où l'animateur a commencé à parler.

    — Ce n'est pas grave. Tu vas comprendre pendant que nous jouons. Commençons par le premier mot.

    Comme c'est charmant. Ils me laissent jouer sans s'assurer que je comprends le jeu.

    Mork est trop. Il n'arrête pas de se moquer de moi. Nous nous faisons face, laissant un petit espace entre nous, séparés par deux énormes billets de bingo.

    On dirait que c'est à moi de choisir le premier mot. Je mets ma main dans un bocal doré et ramasse un petit bout de papier. 

    — Tiens.

    Je le passe au présentateur, et le jeu commence.

    — La troisième case, arc-en-ciel. Vous pouvez dire n'importe quoi en rapport avec un arc-en-ciel. Pi, tu commences.

    Hein ? Elle m'a lancé une bombe à l'improviste. J'y pense et je parle rapidement dans un micro.

    — Bandes spectrales.

    — C'est au tour de Mork. Quelque chose à propos d'un arc-en-ciel ?

    J'ai fait ma part. Maintenant, c'est à lui de se battre.

    — Le truc qui se produit à partir d'une goutte d'eau dans l'air courbée par la lumière du soleil.

    Comme c'est académique. Je n'abandonnerai pas et ne reculerai pas parce que les fans nous encouragent. Ils crient de façon assourdissante chaque fois que nous donnons une bonne réponse. Je ne les décevrai jamais. 

    Regardez la réponse de Pattawee !

    — Quand il y a du soleil après la pluie.

    — La chanson Rainbow de Slot Machine.

    Mork, c'est autre chose. Je ne connais pas beaucoup de films, de chansons ou de dramas. Comment je peux le battre ? Le mot 'arc-en-ciel' semble facile, mais je suis à court d'idées. Je suis dans une situation critique et je me sens trop nerveux. Je vais juste l'inventer. Il doit y avoir quelque chose comme ça.

    — Le film 'Rainbow'.

    — Qui est le réalisateur ? 

    Je suis foutu. Je vacille à la question du présentateur.

    — Ah...

    — C'est bon, Pi. Ça passe. Maintenant c'est au tour de Mork.

    — Iris, déesse de l'arc-en-ciel.

    On parle des dieux grecs maintenant ? Pourquoi diable Mork est si intelligent ? Attends de voir. Écoute mon discours ! 

    — Violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, et rouge.

    — C'est la même chose que les bandes spectrales.

    Arrrrrgh, c'est inattendu. Tu ne vas pas encore me laisser tranquille ? J'ai la tête vide. Qu'est-ce que je dois faire ? 

    — N'abandonne pas. Tu peux encore répondre.

    Après quelques secondes, quelque chose surgit dans ma tête. 

    Essayons. Je pourrais avoir de la chance.

    — Rainbow, la chanteuse coréenne.

    — Non, Pi. C'est Rain.

    Donc, je n'ai pas de chance.

    Merde, j'ai perdu au premier tour ? C'est inacceptable. 

    — Le premier point revient au Docteur Sutthaya.

    La foule applaudit. Je jette un coup d'œil à Prik, debout devant la scène, et j'ai envie de descendre pour lui donner un coup de pied au cul. Elle se moque de moi. Retenez mes paroles, je vais gagner le deuxième tour.

    Le jeu, joyeux mais épuisant pour le cerveau, continue. Mork ramasse un mot, qui est paracétamol, la septième case. Bon sang, je me suis creusé la tête pour trouver cette merde d'arc-en-ciel. Je suis maintenant perdu avec le splendide, deuxième mot.

    On perd et on gagne à tour de rôle. Chaque mot nous prend au dépourvu : la pilule, Stephen Hawking, la Voie lactée, et tout ce qui concerne la science. Avant que je m'en rende compte, Mork a coché de nombreuses cases.

    — La prochaine est la sixième case. 

    Merde. Sutthaya a coché la troisième et la neuvième case. S'il gagne encore, c'est bingo. Je ne peux pas perdre quoi qu'il arrive. 

    — Le mot est... la personne en face.

    — Awwwwww !

    Je parie qu'ils viennent juste d'écrire celui-là. Le public hurle d'impatience. Je regarde fixement Mork. Il semble qu'il ne s'attendait pas non plus à ce que cela arrive.

    — Vous êtes prêts ? Commençons par Pi. Tu peux dire n'importe quoi sur la personne en face de toi.

    L'animateur continue le jeu, ne nous laissant pas nous questionner plus longtemps.

    — Il s'appelle Sutthaya.

    Tout le monde le sait, alors pourquoi pas moi ? 

    — Il s'appelle Pattawee, répond Mork en une fraction de seconde, quelle superficialité !

    — C'est la Lune de Médecine.

    — Il étudie la médecine dentaire.

    — Il déteste le thé vert.

    — Il aime la glace au citron vert.

    On dirait qu'il donne des réponses sur le même sujet que moi.

    — Il est dans le club de biologie.

    — Il est dans le club des cichlidés.

    — Ses points ont été déduits.

    Je vais lui mordre l'oreille s'il ne l'admet pas. Son ami me l'a déjà dit.

    — Il a oublié sa blouse blanche.

    — C'est un mangeur de biscuits.

    — C'est un mangeur de gomme.

    Argh, espèce d'idiot ! Je ne les ai pas mangés. Je les ai volés. 

    En y pensant, ça veut dire que Mork est au courant de ce que je fais depuis le début. Putain, regarde, tout le monde se moque de moi.

    — Il a beaucoup d'amis.

    — C'est un gars solitaire.

    — C'est un emmerdeur.

    Il ne s'arrête pas de sourire et ne le nie pas. Pourquoi ? Je ne fais que regarder son visage, mais la façon dont il me regarde a un impact étrange sur mes sentiments.

    — Il est mignon.

    — Mon Dieu, MorkPi, MorkPi, MorkPi !

    La foule est en délire. Mon cœur se dissout en un liquide méconnaissable. Wah... Je n'aurais pas dû dire qu'il était un emmerdeur. Il a contre-attaqué avec un crochet.

    Ce truc est gravé dans ma tête, je ne sais pas si c'est vrai. Pour confirmer mon doute, je décide d'en parler.

    — Il a un compte secret pour espionner les autres.

    — Il a parlé à ce compte secret jusqu'à ce qu'ils deviennent amis.

    Mince alors, il me renvoie la vérité pure sans la nier. Pas de doute, ses photos sont similaires à celles de l'humain de la faculté voisine. C'est la même personne.

    Et on se connaît depuis un an !

    — Pi, continue s'il te plaît.

    L'animateur fait durer le jeu sans rompre le rythme.

    Je suis dans un état de confusion, incapable de penser ou de dire quoi que ce soit. Cependant, il y a une chose dans ma tête, et je veux vraiment la faire sortir.

    — On est amis.

    — Bingo !

    — Hein ? dis-je quand il déclare la victoire et mon coeur se serre. On n'est pas amis depuis tout ce temps ? 

    — Tu sais que je n'ai jamais pensé à toi de cette façon.

    Ses yeux vifs sont fixés sur moi avec détermination et honnêteté, les yeux qui 'terrassent' celui sur qui ils se posent.

    — … 

    — J'ai demandé à être ton ami, mais au fil des jours, j'ai compris que je n'ai jamais voulu l'être.

    — … 

    — Je veux être plus que ça.

    — Kyaaaaaaaa !

    Je suis totalement vaincu, bien que je ne sache pas pourquoi je ne suis pas bouleversé. Pourquoi… ?



  • Commentaires

    3
    Vendredi 28 Octobre 2022 à 08:27
    Merci pour ce chapitre le kitty gang me fais mourir de rire
    2
    Jeudi 27 Octobre 2022 à 12:11

    Ptdr les Kitty Avengers, quelle équipe de bras cassés he Sacré Duean, un gros boulet en apparence mais tellement à l'écoute et attentionné avec son frère en vrai ^.^ 

    A chaque chapitre, je me fais la même réflexion qu'en lisant My Ride, je veux un Mork!!!! cry lol. Ces persos sont tellement adorables. Et la partie avec le jeu, tellement mignon ce passage ^^

    Merci pour ce chapitre <3

    1
    Mercredi 26 Octobre 2022 à 20:04

    Mdr le Kitty Gang, ils sont tarés ceux-là !

    Mork, je l'adore, j'adore ce personnage et sa façon de faire la cour à Pi.

    Merci beaucoup pour ce chapitre qui m'a bien fait rire !

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