• Chapitre 14 - Over and over

    Chapitre 14

    Je prends une grande inspiration alors que la brise marine frappe mon visage et je souris, heureux. Mon pouce caresse lentement le dos de la main que je tiens, nos doigts tendrement enlacés. Aujourd'hui est un jour particulier pour nous, un anniversaire qui a changé nos vies quand six ans plus tôt j'ai décidé de rester vivre ici auprès de Frank et avec Kyet.

    On ne parle pas vraiment, on n'en ressent pas forcément le besoin. On est juste heureux de se promener ensemble sur cette plage. Les années n'ont pas toutes été faciles, en particulier la dernière année de fac de Frank ou notre couple a été mis à mal. Pourtant on a réussi à faire face et aujourd'hui on est plus fort que jamais ensemble.

    Je tourne la tête pour l'observer et mon sourire s'agrandit quand nos regards se croisent. Et je ne peux pas m'empêcher de tirer sur son bras pour le rapprocher de moi et lui voler un baiser. La plage est pleine, mais on s'en fiche totalement et si les touristes peuvent nous regarder un peu étrangement, les locaux ont fini par s'habituer à notre famille et à nous intégrer dans la communauté. 

    — Pa ! Pa ! 

    Frank et moi on se retourne vers la voix qui s'éloigne. Kyet se trouve plus loin derrière nous et nous fait de grands signes, un sourire éclatant sur le visage. Le petit garçon qui fêtera ses neuf ans dans quelques jours slalome entre les personnes occupées à bronzer ou à jouer. 

    — Papa ! Pa ! Regardez 

    Kyet arrive à notre hauteur essoufflé mais content de lui. La raison pour laquelle on vient fêter cet anniversaire sur cette plage est toute simple. C'est ici que je suis venu avec Kyet quand Aim est partie. C'est ici que j'ai pris la décision de rester et que Frank m'a invité à rester chez ses grand-parents. C'est ici que notre famille s'est créée quand Kyet a compris que j'aimais l'homme dans mes bras et que pour montrer son accord il lui a offert un de ses plus beaux coquillages. 

    Aujourd'hui ce coquillage trône fièrement sur une étagère de notre salon et il est accompagné de cinq autres coquillages tout aussi beaux. Puisque chaque année Kyet fait ce qu'il appelle fièrement être notre tradition familiale et lui offre un nouveau coquillage.

    C'est pour cela que l'on se balade tranquillement sur la plage pendant que Kyet fouille les environs et on a tous les deux conscience que ce coquillage est une manière pour notre garçon de dire à son père qu'il l'aime. Frank caresse les cheveux de l'enfant alors qu'il reprend son souffle avant de soulever les mains pour lui montrer sa dernière trouvaille. 

    — Il est beau papa, pas vrai ? 

    Il pose fièrement le coquillage au creux de la main de son père avec un grand sourire. Comme chaque année, mon petit ami a les larmes aux yeux et il essaie du mieux qu'il peut de ne pas le montrer. Il lâche ma main pour pouvoir manipuler le coquillage entre ses doigts comme si c'était l'objet le plus précieux au monde.

    Je le laisse faire en posant ma main autour de son épaule, avec les années ça n'a pas changé,  j'ai du mal à ne pas le toucher en permanence. Kyet lève les yeux vers moi et je lui fais un petit clin d'œil complice qui le fait pouffer de rire. 

    — Il est magnifique mon coeur, merci. 

    Il se penche et lui embrasse le front ce qui fait rire Kyet qui finit par se sauver en courant pour échapper à ses calins. On éclate tous les deux de rire en voyant notre enfant courir joyeusement sur la plage. Et je finis de prendre l'homme que j'aime dans mes bras. 

    — Je t'aime Frank. 

    Je me penche vers lui et l'embrasse tendrement en soupirant de bien-être quand ses bras s'enroulent autour de mon cou. 

    — Je t'aime aussi. 

    Je suis comblé comme à chaque fois qu'il me retourne mon amour. Mon cœur s'emballe et j'ai l'impression d'être tellement léger que je pourrais m'envoler. Je resserre mon étreinte autour de la taille de Frank et capture de nouveau ses lèvres, pendant un instant j'oublie où je me trouve, enfin, jusqu'à ce qu'une boule d'énergie nous fonce dessus et nous sépare brusquement.

    — Pa ! Pa ! Tu m'as promis que je pourrais t'aider à cuisiner aujourd'hui.

    Kyet se glisse entre nous deux pour un câlin collectif. Il adore le restaurant, il parle déjà de le reprendre quand on sera trop vieux pour cuisiner et bien sûr, il cuisinera bien mieux que moi, alors chaque jour après l'école il passe quelques heures en cuisine avec moi.

    Le grand-père de Frank a continué à patiemment m’apprendre à cuisiner et je ne peux que louer ses efforts car je n’étais vraiment pas doué au début. Il y a deux ans, quand Frank a fini ses études, il a décidé qu’il était temps pour lui et sa femme de passer le flambeau et ils ont pris une retraite bien méritée. Ils passent tous les jours au restaurant, mais ils s'assoient en tant que clients et apprécient de se faire servir et de manger en discutant avec leurs amis qui ne manquent pas de les rejoindre. 

    — Et qu’est-ce que tu veux préparer de bon petit chef ? 

    Il aime particulièrement ce petit surnom qui le fait chaque fois se redresser autant qu’il peut. Il fait mine de réfléchir alors que sa tête repose contre le ventre de Frank qui continue de lui caresser tendrement les cheveux. 

    — Je veux couper les légumes en tout petits bouts avec le grand couteau.

    Je me mords la lèvre alors qu’il doit s’imaginer en tant que samouraï, mais j’essaie surtout de ne pas rire en voyant la tête de Frank se décomposer en l’imaginant manier le-dit couteau.

    — Alors il va falloir faire très très attention, je ne suis pas sûr que papa apprécie s’il te manque des petits bouts de doigts. 

    Je le dis sur le ton de la plaisanterie, mais il sait très bien que je suis sérieux et que dans la cuisine, il ne peut pas faire n’importe quoi. Kyet se tourne aussitôt vers Frank avant de lui tendre son petit doigt.

    — Promis papa, je garderai tous mes doigts. 

    Cette fois j’éclate de rire franchement alors qu’ils scellent cette promesse en crochetant leurs petits doigts. 

    — Et puis Pa’ va bien veiller sur mes doigts.

    Ce gamin a vraiment oublié d’être bête, car aussitôt Frank me lance un regard d’avertissement, si jamais Kyet a la moindre petite coupure, je vais surement finir par dormir sur le canapé comme punition. Frank peut être un vrai papa poule quand il s’y met.

    — Alors je devrais peut-être te donner le couteau à beurre pour être sûr que tu ne te blesses pas.

    Kyet se décompose, sa bouche s’entrouvre alors que Frank me regarde apaisé avec un petit sourire, car il sait que même s’il s'inquiète, je fais toujours attention.

    — PAAAAAA !!! Tu as promis. 

    Le cri scandalisé de Kyet attire encore plus l’attention sur nous alors que j’éclate d’un rire franc. Il tente de paraître malheureux, de faire une petite moue, mais ça ne marche pas vraiment car ses yeux pétillent de malice.

    — Oui je te l'ai promis, allons-y. Il va bientôt être l’heure d’ouvrir.

    Kyet sautille sur place quand il a la confirmation que je plaisante, puis il saisit chacun une main avant de nous tirer de toutes ses forces en direction du restaurant. On repart tranquillement tout en l’écoutant parler de tout et de rien sans jamais s’arrêter, excité comme une puce, Frank et moi, on se sourit avec tendresse, laissant notre fils nous guider pour rentrer chez nous.

     

    La porte claque bruyamment et je sursaute quand l’adolescent de dix-sept ans déboule dans le salon les yeux beaucoup trop brillants. Je me lève aussitôt en posant le livre que j’étais en train de lire. 

    — Kyet ? 

    Mon fils est comme tous les adolescents, mais en règle générale, il reste positif et plein de vie, alors le trouver là sur le point de pleurer m’inquiète particulièrement. 

    — Pa !

    Il traverse le salon d’un pas rapide et l’instant d’après il est dans mes bras. Je lui caresse lentement le dos pour le rassurer. J’arrive à peine à me souvenir de la dernière fois que j’ai eu à le consoler de cette manière. 

    — Où est papa ?

    Sa voix est étouffée, mais je comprends ce qu’il veut et je n’attends pas pour appeler mon mari qui se trouve à l’étage. On n’est pas officiellement mariés, mais on est ensemble depuis quatorze ans et pour nous c’est tout comme, on n’a pas besoin d’un papier officiel pour nous le dire. 

    — Frank ! Tu peux venir ? 

    — J’arrive. 

    Sa voix vient de l’étage et en attendant qu’il nous rejoigne, je berce lentement mon fils. J’ai des milliers de questions qui fourmillent dans ma tête, mais j’attends que Frank nous rejoigne et je sais que Kyet nous expliquera ce qui ne va pas à ce moment-là. 

    — Qu’est-ce qui… 

    Il entre dans la pièce en me questionnant, mais s'interrompt dès qu’il nous voit et c’est en silence qu’il nous rejoint. Sans attendre il se place dans le dos de notre fils et ce dernier soupire quand il se retrouve dans notre étreinte, comme quand il était petit, il s’apaise aussitôt bien qu’il fasse maintenant notre taille. Frank me lance un regard interrogateur, mais je ne peux que hausser les épaules et comme moi, il attend en silence que Kyet soit prêt à nous parler. 

    — J’ai quelque chose à vous dire.

    Il a toujours le visage contre mon épaule, comme s’il n’osait pas nous faire face et mon ventre se tord d’inquiétude. Je me revois à son âge, dans le même état alors que je devais annoncer l’arrivée prochaine de Kyet à mes parents.

    J’avale difficilement ma salive, Kyet nous a annoncé il y a quelques années aimer les femmes et j’ai l’impression de vivre une très mauvaise blague du destin. Je ne regrette absolument pas d’avoir Kyet, mais je voudrais juste que lui puisse vivre sa vie et en profiter sans faire face à la difficulté d’être père tout en étant encore un adolescent. 

    — J’ai vu Aim…

    C’est un ascenseur émotionnel dans ma tête quand le prénom de sa mère est prononcé. Elle a été maman pendant des années après son départ et puis soudain, il a commencé à l’appeler par son prénom quand il devait la mentionner. Il y a quelques années, j’ai fini par lui expliquer ce qui s’était réellement passé et ça avait été dur à encaisser pour lui. 

    — Raconte-nous mon chéri.

    La voix de Frank tremble, mais il lui caresse lentement le dos pour l’encourager.

    — Elle doit être en vacances à Phuket… Je l'ai vu la première fois il y a deux jours, on s'est croisé alors que j’allais rejoindre le ferry, mais elle ne m’a pas reconnu. 

    Je sens ma vieille amie la colère ressurgir alors que je pense qu’elle est venue à Phuket, à une heure de son fils et qu’elle ne cherche pas à savoir comment il va. Ma mâchoire se crispe et il ne faudrait pas grand-chose pour que je prenne le prochain ferry pour la chercher sur toute l’île pour lui expliquer ma façon de penser. 

    Frank doit savoir ce à quoi je pense car sa main glisse pour rejoindre la mienne et il la serre fortement pour me calmer et je dois dire que comme à chaque fois ça marche. Kyet se redresse pour me regarder dans les yeux. 

    — Mon chéri… tu as beaucoup changé c’est…

    — Je sais, je sais qu’elle ne peut pas me reconnaître, mais… je l’ai revu aujourd’hui, elle était avec un homme et il tenait chacun la main d’une petite fille, comme vous vous le faisiez quand j’étais petit. 

    Et je comprends ce qui le bouleverse, savoir que Aim l’a abandonné est déjà difficile, mais voir qu’en plus elle a complètement refait sa vie et s’occupe d’une petite fille alors qu’elle n’a jamais cherché à prendre de nouvelles de son fils aîné doit être difficile. 

    — Pa…

    Sa voix est pleine de sanglots et je sens mes yeux s’embrumer alors que Frank essaie de renifler discrètement. 

    — Est-ce que toi aussi tu regrettes de m’avoir eu.

    — Quoi ?

    Mes yeux s’écarquillent car je ne m’attendais absolument pas à cette question. 

    — Non, jamais je ne pourrais regretter. 

    J'entraîne mon fils et mon homme vers le canapé et on s’y installe, Kyet entre nous deux. 

    — J’ai eu peur quand ta mère m’a annoncé la nouvelle, j’étais perdu et je ne savais pas comment j’allais pouvoir être un père alors que je me sentais encore tellement un enfant.

    Si on a beaucoup parlé des raisons de Aim, c’est vrai que je ne lui ai jamais vraiment parlé de ce que j’avais ressenti à l’époque et je décide comme toujours de lui dire la vérité. 

    — J’étais avec ton père, je voulais vivre mon histoire avec lui et pourtant, il n’a jamais été question de ne pas assumer ton arrivée. 

    Je croise le regard de Frank, lui aussi se souvient de cette époque, combien elle a été difficile et pourtant, même pour lui, il n’avait jamais envisagé d'abandonner l’enfant et de faire comme s’il n’existait pas. 

    — Ta mère me l’a annoncé un mois avant ton arrivée, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’y préparer, mais… quand j’ai vu ta petite frimousse, j’ai su que je t’aimerais et te protégerais même au péril de ma vie.

    Kyet a posé sa tête contre mon épaule et m’écoute parler son visage s’apaisant au fur et à mesure de mon discours. 

    — Même quand Aim m’a appris que… que je n’étais pas ton père biologique. Il n’a jamais été question de t'abandonner, tu es mon fils et tu le resteras toute ta vie et jamais je ne pourrais regretter de t’avoir eu.

    Un moment j’avais envisagé de lui cacher ce fait, j’aurais voulu ne pas avoir à lui dire que nous n’avions pas de lien du sang, mais étonnamment, ce fait est celui qui l’a moins blessé et jamais il n’a cherché à avoir des informations sur son potentiel père biologique. 

    — Mais… tu aurais pu vivre heureux avec papa et…

    — Kyet.

    La voix douce de Frank interrompt notre fils et il passe un instant à le regarder dans les yeux, en réarrangeant ses cheveux, en essuyant les larmes présentes sur ses joues. 

    — Si tu n’étais pas là, on ne serait pas une famille. Pa et moi on ne regrette rien du passé, on est heureux de t’avoir près de nous. Ta mère a fait son choix il y a des années et un jour elle le regrettera peut-être, mais nous, on ne pourra jamais regretter de t’avoir dans nos vies. 

    Il lui fait un doux sourire avant de l’attirer dans ses bras et comme toujours je les rejoins, on passe les heures suivantes à juste profiter d’être là tous les trois. Je sais qu’il faudra du temps à Kyet pour assimilé le fait que quelque part en Thaïlande, il y a une petite soeur qui ne connaitra surement jamais son existence, mais on a élevé un homme fort et je n’ai aucun doute qu’il surmontera cette épreuve et en sortira encore plus solide qu’avant.

     

    C’est la fin de journée et quand je rentre à la maison, c’est toujours étrange de la trouver si calme. Kyet est parti depuis quelques années pour étudier dans une prestigieuse université de Bangkok et même s’il a dans l’idée de revenir vivre ici après ses études, je suis heureux de savoir qu’il découvre la vie en dehors de notre petite île. 

    Je pose mes affaires et la voix de Frank retentit sur la petite terrasse qui donne juste sur la mer. Je le rejoins sans attendre et mon sourire s’agrandit quand je le trouve accoudé à la rambarde en fixant son téléphone d’où sort la voix de Kyet. Je me glisse derrière Frank, mes bras s’enroulant autour de sa taille, mon torse se collant à son dos et je pose mon menton contre son épaule. 

    — Pa, tu es enfin rentré. 

    Je fais un petit coucou à Kyet avant d’embrasser Frank que je n’ai pas vu de la journée.

    — Il y a eu un souci au restaurant ? Tu ne travailles plus le soir normalement.

    J’ai un petit rire car malgré les années qui passent son attachement à l’établissement ne faiblit pas et grâce à lui et ses idées, on a réussi à le développer et aujourd’hui, on est les propriétaires d’un des restaurants les plus côté de l’île, j’ai du personnel et je travaille un peu moins qu’au tout début.

    — Il y a eu un souci avec le nouveau commis, il a perdu des petits bouts de doigts et j’ai dû l’emmener aux urgences à Phuket. 

    Même si la situation ne prête pas à sourire, la manière dont je présente les choses nous ramène forcément à quelques années sur la plage, quand Kyet m’avait promis de faire attention à ses doigts. 

    — Heureusement ce n’est pas très grave et il pourra revenir travailler bientôt. Et toi comment tu vas ?

    Ses joues rougissent et je me doute qu’il a quelque chose à nous annoncer, mais il cherche à gagner un peu de temps. 

    — Papa, tu as bien reçu mon coquillage ?

    On a un petit rire car même s’il n’est plus sur l’île et qu’il ne peut pas rentrer pour l’anniversaire, il a trouver une solution et depuis quatre ans, Frank reçoit un colis à la même date et qui à chaque fois contient un coquillage que Kyet a trouvé sur une plage proche de Bangkok. 

    — Bien sûr, il était magnifique, merci mon chéri. 

    La collection continue à s’agrandir, mais elle a toujours sa place dans notre salon et comme à chaque fois, Frank est touché et retient difficilement ses émotions.

    — Je suis content qu’il te plaise et puis l’année prochaine, je pourrais aller le chercher directement sur notre plage. 

    Son sourire devient un peu nerveux et il s’éclaircit la gorge. 

    — Seulement, je ne serai pas seul à ce moment-là. 

    Je fronce les sourcils et je suis surpris de le voir aussi nerveux. 

    — Pa, Papa, je voudrais vous présenter Fern.

    Une jolie jeune femme apparait alors timidement à l’écran et nos sourires s’aggrandissent. Il a rencontré la jeune femme lors de leur première année et s’ils ont été amis au début, il n’a pas fallu longtemps pour qu’il en tombe amoureux. Ils ont commencé à sortir ensemble à la fin de leur deuxième année, mais Kyet n’avait jamais eu l’occasion de nous la présenter, même s’il nous en a beaucoup parlé. 

    — Et… et bien… elle est enceinte.

    La jeune femme rougit et baisse les yeux comme si elle s’attendait à ce que l’on se mette en colère. Et même si au début je m’étouffe un peu avec ma salive, un coup de coude discret de Frank me remet les idées en place. Le couple nous regarde nerveusement à travers l’écran et je sais que l’on doit réagir, mais l’idée de devenir un papi est un peu déroutante. Pourtant, tout ce que je veux c’est que mon fils soit heureux. Alors je souris et trouve simplement dommage de ne pas pouvoir les prendre dans mes bras. 

    — Félicitations à vous deux. Fern, j’ai hâte de faire ta connaissance.

    Le soulagement se lit dans les yeux de Kyet, il doit se souvenir que tout ce que je voulais pour lui c’est qu’il profite de la vie et le voilà maintenant sur le point de devenir papa à 22 ans, alors qu’il n’a pas encore complètement terminé ses études. 

    — Papa ? 

    Mon attention se tourne vers Frank qui n’a toujours pas réagi, mais rapidement son visage se fend d’un large sourire. 

    — Promettez moi juste de ne pas lâcher vos études, de venir nous voir aux prochaines vacances et de ne pas hésiter à nous demander si vous avez besoin de quoi que ce soit. 

    Le papa poule revient aussitôt et il n’hésite pas à englober la jeune femme dans ses recommandations. Le soulagement vient sur le visage du couple qui se détend et s’autorise à sourire et à savourer la nouvelle.

    — Félicitations les enfants.

    La conversation se termine quelques minutes plus tard et on reste immobile à regarder la mer.

    — Mon bébé va avoir un bébé et je suis vraiment trop jeune pour que l’on m’appelle papi…

    La voix de Frank s’élève et ses paroles font écho à nos pensées. On est heureux de voir que Kyet a bien grandi, qu’il va faire sa propre famille et découvrir les joies d’être papa, mais c’est étrange en même temps. Je pouffe soudain contre son épaule avant d’y déposer des dizaines de petits baisers avant d’arriver à son oreille.

    — Attends la réaction de nos parents quand il va falloir leur annoncer qu’ils vont être arrière grand parents. 

    C’est un éclat de rire qui accueille cette idée et Frank se retourne dans mes bras pour me faire face. On s’embrasse tranquillement, sans urgence, juste en savourant l’instant. 

    — Alors ça veut dire que l’on devient vieux ? 

    Il me regarde d’une manière particulière, celle qu’il a quand il veut faire l’amour et mon corps s’embrase comme à chaque fois. 

    Il doit bien y avoir des choses que les grand-parents ne peuvent plus faire, avec l’âge.

    Je me mords la lèvre alors qu’il insiste et je sais parfaitement ce dont il a envie à l’instant et heureusement pour lui, je suis toujours enclin à le lui donner.

    — Laisse-moi te prouver que l’on est encore loin d’être trop vieux pour tout ça mon coeur, mais je ne suis pas sûr que tu puisses aller ouvrir le restaurant demain matin.

     J’ai à peine fini de parler que Frank se retrouve balancé sur mon épaule et il pousse un petit cri teinté de rire.

    — Drake, attends… 

    Je ne l’écoute pas et m’élance dans la maison pour rejoindre la chambre alors qu’il continue de tenter de me calmer, mais ses mains qui se baladent sur mes fesses font tout le contraire. Je le jette sur le lit et sans attendre je viens me placer au-dessus de lui avant de capturer ses lèvres. C’est intense et un peu brute, mais ses mains sur ma nuque m'empêchent de me reculer. Quand on se sépare pour reprendre notre souffle, il saisit mon visage entre ses mains et me regarde droit dans les yeux. 

    — Je t’aime. 

    Comme à chaque fois qu’il me dit ses mots je me sens fondre tant ils sont criants de vérité et je reprends possession de ses lèvres avec plus de douceur et de tendresse. Cette nuit, je vais lui faire l’amour encore et encore, lui prouver combien je l’aime moi aussi et combien j’aime la vie qu’il m’a offerte et puis si demain il ne peut vraiment pas se lever pour ouvrir le restaurant, alors je le porterai sur mon dos et on l’ouvrira ensemble.


    Chapitre
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  • Commentaires

    5
    Dimanche 11 Septembre 2022 à 23:49

    Tu peux être fière de ton travail car c'est une excellente histoire.

    Je me suis régalée.

    Encore bravo et merci ! cool

    • Voir les réponses
    4
    Dimanche 10 Avril 2022 à 21:21

    J'ai adoré ce dernier chapitre et l'histoire en entière. Merci beaucoup de m'avoir fait découvrir  la vie de Franck Drake et Kyet je les adore <3<3<3<3<3<3

    3
    Mercredi 6 Avril 2022 à 22:57

    Encore un super chapitre!! Cette histoire était vraiment chouette du début à la fin et elle se conclue parfaitement. C'est trop mignon! 

    Merci pour cette belle fanfic, l'histoire était prenante et bien écrite, je ne peux que louer ton talent Néphély cool

    Hâte de lire ta prochaine oeuvre ;D

    Bisous <3

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