• Chapitre 13 - Our life

    Chapitre 13

    — Petit, concentre-toi sur la découpe.

    Je sursaute quand une voix s'élève dans la cuisine, me tirant de mes pensées. Je lève rapidement les yeux vers l’homme qui se tient à côté de moi. C’est le matin, on prépare l’ouverture du restaurant pour le midi et pourtant, je n’arrive absolument pas à me concentrer.

    — Frank m'en voudrait si tu venais à perdre un doigt. 

    Le ton bourru reprend et j'ai un petit sourire contrit en regardant la planche à découper où trône la carotte à moitié tranchée.

    — Désolé grand-père. Je vais faire attention.

    Je secoue la tête pour m'éclaircir les idées et reprendre mon travail. Je dois être d'une lenteur affligeante pour lui, pourtant, il ne s'énerve jamais après moi et prend toujours le temps de m'expliquer à nouveau s'il le faut. Une main se pose sur mon épaule et j'ai un petit sourire, cette fois je reste concentré et régulier dans ma découpe.

    — Tu as fait des progrès petit. 

    Il me tapote affectueusement l'épaule avant de retourner à son propre plan de travail. Cela fait six mois que je vis à Koh Phi Phi et je n'ai jamais regretté ce choix. Tout n'a pas été facile, Kyet a très mal vécu l'absence de sa mère, mais il commence à s'apaiser depuis qu'il a pu rejoindre l'école. 

    Notre vie à trois a enfin trouvé son équilibre et le petit garçon ne semble plus nous tenir responsable du départ de Aim. Même moi, je ne ressens plus la colère comme au tout début, même si elle n'a pas totalement disparu. Frank trouve petit à petit sa place à nos côtés et me réveiller près de lui chaque matin, m'apaise et me rend fort et confiant. 

    Une main saisit brusquement mon poignet et suspend le mouvement de mon couteau. Je sursaute en me rendant compte que perdu une nouvelle fois dans mes pensées, j'allais couper mon index au lieu de la carotte. 

    — Je pense qu'il vaut mieux arrêter pour aujourd’hui.

    — Désolé Grand-père. 

    J'ai un petit sourire contrit, d'habitude je suis très concentré quand je suis en cuisine. Je soupire en reposant le couteau sur la planche à découper et je me sens coupable de ne pas pouvoir l’aider mieux, je dois être un poids pour lui.

    — Ne t'inquiète pas, je comprends que tu sois nerveux. A quelle heure rentre Frank ?

    Je regarde l'heure sur ma montre et grimace un peu en voyant qu'il est encore bien trop tôt.

    — Il rentre avec le ferry de 14 heures. 

    Je suis fier de Frank car cette semaine, il a commencé l'université, mais comme il s'agit de la semaine d'intégration, les journées commencent tôt et finissent tard. Il a dû rester à Phuket et il me manque terriblement. 

    — Et quand est-ce que tes parents arrivent ?

    Cette fois mon sourire s'agrandit, ça a été un peu long à organiser, mais mes parents ne viennent pas seulement nous rendre une simple visite, ils me ramènent également nos affaires à Kyet et moi. 

    — Ils seront dans le ferry de 18 heures. 

    Je m'adosse à mon plan de travail et le regarde continuer à travailler avec rapidité même s'il discute avec moi. 

    — Alors ce soir, vous allez emménager dans votre maison. 

    Je note la petite nuance de déception, mais comme toujours le vieil homme ne montre absolument rien et nous encourage à aller de l'avant. Lui et sa femme aiment nous avoir chez eux, ils adorent Kyet et je sais qu’ils aimeraient nous garder encore un moment. 

    — Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ?

    Il a un petit mouvement d'épaule et je me rends compte qu'il rit silencieusement tout en continuant de découper les légumes pour le service de ce soir. Il pose son couteau et me regarde avec un petit sourire fier.

    — Vous formez une famille, évidemment que vous devez avoir votre chez vous. Tu as rendu le sourire à mon petit-fils et tu prends bien soin de lui. Je suis heureux que tu fasses partie de sa vie.

    Je prends une grande inspiration soulagée, avoir l'approbation de ses grand-parents est important pour moi, même s’ils ont déjà adopté Kyet comme leur arrière petit fils avec bonheur. Les habitants de l'île ont un peu plus de mal, ils n'ont jamais rien dit de blessant, mais les regards en disent long. J'avais peur que Frank le vive mal, mais c'est finalement lui qui assume le plus notre couple aux yeux du monde. 

    — Merci.

    Il me tapote l'épaule une nouvelle fois avant de reprendre ses préparatifs. 

    — Nettoie ton plan de travail. Va chercher Kyet à l'école et allez ensemble retrouver Frank au ferry. Je suis sûr que ça lui fera plaisir. 

    Il ne faut pas me le dire deux fois et je range tout mon bazar avec enthousiasme. Moins d'une heure plus tard, je salue le grand-père, reçois une étreinte chaleureuse de la part de la grand-mère, qui me remet également un petit panier contenant un pique nique pour nous ce midi et je quitte le restaurant. Je rejoins la cour arrière où se trouve le scooter que l’on a modifié afin d’y installer un side-car pour pouvoir emmener Kyet avec nous. Je dépose le panier à l’intérieur et démarre pour rejoindre l’école de mon fils. 

    Il n’y a aucune voiture sur l’île, juste les vans qui font le trajet du Ferry jusqu’aux hôtels. Sinon, ce sont principalement des deux roues et encore, il n’y en a pas énormément. Cela ne veut pas dire que la circulation est plus facile, puisque les rues étroites sont bondées de touristes qu’il faut éviter. Parfois, je regrette les rues de Bangkok, mais c’est rare et ça ne dure jamais longtemps quand je vois la beauté de l’océan apparaître au détour d’une rue alors que j’approche de l’école de Kyet. Je me gare devant le bâtiment pile quand les enfants commencent à sortir accompagnés de leur enseignant. Je m’approche et le visage de Kyet s’illumine. 

    — Pa !

    Il fait un petit signe de la main à ses amis avant de se mettre à courir le plus vite possible avec ses petites jambes. Je le rattrape au vol en le lançant un peu au-dessus de moi avant de le rattraper et le caler contre ma hanche.

    — Comment va mon petit garçon.

    J'ignore le regard des mamans. Je suis jeune, la maman est absente et je sors avec un homme, beaucoup ont des regards de pitié pour mon fils qui pensent sans doute que cette famille hors norme est lourde à porter pour ce petit bout. Je ne peux pas dire que la disparition soudaine de Aim a été facile à vivre pour lui. Il a passé des semaines à pleurer pour la voir, j'ai passé des nuits à dormir avec lui et à lui expliquer la situation avec des mots simples. 

    Et même si aujourd'hui, les choses vont un peu mieux, il est terrifié que soudain l'un de nous parte sans même dire au revoir. C'est pourquoi il ne vit pas très bien l'absence de Frank qui, petit à petit, a pris une place importante dans sa vie. 

    — Ça va.

    Je soupire en lui caressant les cheveux et en prenant la direction de la petite moto. 

    — Tonton te manque ? 

    Frank l'a appelé tous les soirs, rien que pour lui souhaiter bonne nuit. Sauf hier où Kyet s'est endormi avant et ce matin, il était grognon et n'a pas voulu m'expliquer ce qu'il avait.

    — Pas tonton. 

    Je fronce les sourcils en l'installant dans le side-car. Quand il boude, il me ressemble et là, je suis sûr que Frank va devoir se plier en quatre pour le dérider. Je soupire une nouvelle fois, je ne suis pas le seul pour qui l'absence de Frank a été une torture toute la semaine.

    Plusieurs fois, j'ai même pensé le rejoindre à Phuket rien que pour le prendre dans mes bras, l'embrasser et juste profiter de sa présence. Je ne l'ai pas fait cependant, pendant trois ans, il s'est empêché de vivre, de réaliser ses rêves. Alors maintenant qu'il en a l'occasion je ne veux pas être trop collant, je veux qu'il puisse en profiter sans se soucier du reste.

    — Allons manger sur la plage et faire un château de sable. Ça te dit ? 

    Je mets mon casque et Kyet me regarde avant de lever son pouce en l'air avec un petit sourire ravi. Le trajet est un peu plus long car je choisis d'aller sur la plage qui se trouve juste à côté du port où se trouve le ferry. Ce n'est pas la plage la plus agréable, mais au moins on sera tout près au moment où Frank arrivera.

    Il nous faut près de vingt minutes pour arriver sur la plage et encore cinq de plus pour que Kyet soit assis sur mes genoux et que l’on mange un Banh Bao. 

    — Pa ?

    — Oui mon chéri ? 

    Je baisse les yeux vers lui, un peu inquiet à cause de sa voix très sérieuse. Il mange avec lenteur, utilisant ses mains pour arracher de petits bouts de pain qu’il met sans y faire attention dans sa bouche.

    — Maman sera en colère si j'aime quelqu'un plus qu'elle ?

    La question me surprend, mais je pense qu'il a peut-être un coup de cœur pour un ou une camarade de sa classe. Comme à chaque fois qu'il parle de sa mère, son visage devient triste et je ressens la même vieille colère qui me colle depuis six mois. Je suis impuissant, je ne peux rien faire mis à part tenter de le rassurer au mieux.

    — Bien sûr que non. Maman voudrait juste que tu te sentes bien. 

    Je n'ai jamais pu lui expliquer clairement la raison de son départ. Je sais qu'un jour il faudra que je lui avoue tout, mais pour le moment c'est un sujet délicat. Et je vois bien quand il lève les yeux vers moi, qu'il ne me croit pas vraiment alors que j'essaie de ne pas dénigrer Aim.

    — Mais elle est partie sans me faire de câlin. 

    Je soupire et je le serre contre moi, mes yeux me piquent et je tousse pour m'éclaircir la gorge. J'aimerais le rassurer, inventer des excuses à Aim pour le protéger, Je reste silencieux un long moment cherchant la meilleure des réponses en lui caresser les cheveux tendrement. 

    — Parfois les adultes font des choses sans réfléchir. Ta maman avait mal et elle n’a pas pensé que la manière dont elle était partie allait te faire mal à toi. Elle doit beaucoup regretter la manière dont ça c’est passé. 

    Je parle lentement, hésitant un peu sur les formulations que j’emploie et je ne sais pas si je l’aide vraiment à y voir plus clair. Je n’ai jamais été doué pour expliquer les choses, alors j’ai un peu peur d’empirer ce qu’il ressent.

    — Pourquoi elle ne revient pas alors !?

    Il s’exclame soudain en levant les mains devant lui et en haussant les épaules pour bien montrer son incompréhension et même si j’ai un sourire, j’ai mal car je sais que jamais elle ne reviendra vers nous.

    — Peut-être parce que ce n’est jamais facile d’admettre qu’on a tort. 

    Il pousse un long soupir frustré avant de croquer un gros morceau de son petit pain. Il le mâchouille en silence, mais je peux presque voir les rouages de son cerveau tourner dans sa petite tête.

    — Alors je peux aimer quelqu’un plus que maman.

    J’ai un petit sourire en caressant sa tête, je ne sais pas qui est la personne, mais il a l’air déterminé.

    — Oui mon chéri tu peux, tant que ça te rend heureux. 

    Il hoche vivement la tête, son petit corps se détend et il finit de manger avec son appétit habituel. La fin du repas se fait en silence et ma curiosité ne sera pas comblée pendant que l’on fait le plus grand château de sable de la plage car il refuse de répondre à mes questions et reste très mystérieux.

    Rapidement, 14 heures arrive et on range nos affaires et je lui prends la main pour rejoindre le quai de débarquement, une marée de touristes descend du bateau, mais il ne me faut pas longtemps pour répérer Frank qui nous attend, un peu à l'écart. On se sourit dès que nos regards se croisent, seulement je n'ai pas le temps de m'approcher plus que Kyet me surprend en lâchant ma main pour courir vers lui. 

    — PAPA !!! 

    Je me fige alors que mon cœur bondit dans ma poitrine et que soudain tout prend sens. Ce n'était effectivement pas son tonton qui lui manquait, tout comme il ne s'inquiète pas de la réaction de sa mère à cause d'un crush… mais à cause de son père. Frank a les yeux écarquillés de surprise quand il entend cette appellation et quand il attrape le petit garçon dans ses bras, ses yeux sont remplis de larmes de joie qu'il contient.

    Je n'en mène pas plus large que lui, ma poitrine se gonfle et j'ai du mal à contenir mes émotions alors que lentement je me dirige vers mes deux hommes. 

    — Tu… tu… tu es d'accord avec ça ?

    Même s'il serre Kyet de toutes ses forces contre lui, il ne peut pas s'empêcher d'être un peu inquiet et il ne sait pas vraiment comment réagir. Je caresse les cheveux de Frank avec un petit sourire doux avant de les attirer tous les deux dans mon étreinte. 

    — On est ses parents. Alors évidemment que je suis d'accord.

    — Pleure pas papa. 

    Une fois encore mon cœur bondit quand sa petite voix prononce ce mot alors qu'il essuie les joues humides de son père. 

    — Je t'aime.

    Je me demande si notre fils n'est pas en train de chercher à faire faire une crise cardiaque à Frank. Il vacille légèrement et mon bras se place autour de sa taille pour le maintenir contre moi.

    — Je t'aime aussi Kyet. 

    Il renifle avant de lui répondre et je ne peux que les regarder touché de voir leur relation se transformer. Ça me rassure aussi de voir le petit guérir de l'absence de sa mère et je ne peux pas m'empêcher de sourire avant de déposer un baiser sur leurs fronts. 

    — Et si on rentrait à la maison ? 

    Dire ces mots a maintenant une saveur particulière, la maison, chez nous où on va vivre en tant que famille, Frank et moi élevant notre enfant. 

    — Je suis sûr que tu es pressé de voir ta chambre ? 

    Kyet applaudit de joie, il aime vivre avec les grands parents de Frank, mais je pense que comme nous, il aimerait avoir sa chambre plutôt que de dormir sur un petit matelas à même le sol dans la même chambre que nous.

    — Quand est-ce que tes parents arrivent ? 

    La voix de Frank tremblote encore un peu quand il reprend la parole. Il n'a pas lâché Kyet et je m'occupe de porter son sac de voyage. 

    — Dans quatre heures. 

    On s'installe sur la moto et je sens les bras de Frank me serrer fort contre lui alors que je m'engage parmi les piétons et les navettes. Il est heureux et moi aussi. La petite maison se situe à cinq minutes du restaurant et à environ dix minutes de l'école. On a eu de la chance de réussir à l'avoir et je sais que les grand-parents de Frank ont nettement pesé dans la balance pour que l'on puisse la louer.

    Kyet saute hors du side-car dès que j'ai stoppé la moto et il part en courant découvrir sa chambre même s'il manque encore une partie de ses affaires. Il est excité comme une puce, Frank est de retour, ses grands-parents arrivent bientôt et petit à petit notre nouvelle vie se dessine.

     

    Je ne pensais pas que dessiner cette nouvelle vie serait si épuisant. J'ai l'impression que cela fait des jours que Frank est revenu et pas seulement quelques heures alors que je me laisse tomber dans notre nouveau lit, dans notre nouvelle maison.

    Mes parents ont passé la soirée à profiter du petit garçon qui selon eux a beaucoup changé et semble plus souriant. Ils nous ont aussi aidé à ramener nos affaires dans la maison et ça n’a pas été de tout repos. Ils étaient d’ailleurs épuisés quand ils ont fini par rejoindre la chambre d’hôtel que je leur avais réservée. Notre maison est trop petite pour les accueillir et ils ne voulaient pas déranger en dormant chez les grand parents de Frank.

    Kyet dort déjà profondément dans son propre lit et j'attends avec impatience de pouvoir me retrouver en tête à tête avec mon petit ami après une semaine de séparation. Avant, on n’a pas réellement eu le temps de profiter. Alors quand il arrive dans la chambre en pyjama, j'ouvre mes bras en grand dans une invitation muette à venir me rejoindre. Il n'hésite pas une seconde et on soupire de concert quand sa tête repose sur ma poitrine et que mes bras se referment autour de ses épaules.

    — Ne pars plus aussi longtemps. 

    J'embrasse le sommet de sa tête. Je sais qu'il ne pourra pas me le promettre, qu'il y aura sûrement d'autre moment au cours de ces quatre prochaines années ou il ne pourra pas rentrer, mais y penser me déprime. 

    — Hmm et bien, la prochaine fois, Kyet et toi pourriez venir à Phuket avec moi. Ce n'était pas drôle de rentrer tous les soirs dans une chambre vide. 

    — Tu sais que j'ai failli te rejoindre plusieurs fois. 

    Ses yeux s'agrandissent de surprise alors que je lui avoue ce qu’a été ma plus grande tentation de la semaine.

    — Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

    — Tu réalises ton rêve d'être un étudiant. Je me suis dit que tu profiterais mieux des activités si ton petit ami n'était pas là..  aie. 

    Je grogne quand il me fait une pichenette sur le front. Je frotte l'endroit en grimaçant, certain d'avoir une marque. 

    — Pourquoi tu as fait ça ?

    — J'aurais encore plus profité si tu avais été là. 

    Je souris en coin avant de le serrer plus fortement dans mes bras.

    — Alors la prochaine fois je viendrai, promis. 

    Je scelle ma promesse d'un long baiser qui nous laisse hors d'haleine. Sentir ses lèvres m'avait tellement manqué que je les capture à nouveau après avoir à peine pris une inspiration.

    On ne cherche pas à aller plus loin, j'ai bien envie de lui, j'ai toujours envie de lui. Seulement là, l'ambiance est plus aux câlins et à la discussion qu'au sexe insatiable. 

    — Drake ? Est-ce que je peux… présenter Kyet comme mon fils ?

    Je suis surpris par sa question, même si dans le fond je la comprends et ma réponse est toute trouvée. 

    — Je pense que Kyet t'a donné son autorisation tout à l'heure. 

    Son sourire s'agrandit alors qu'il se souvient avec satisfaction du moment où Kyet l'a appelé papa, mais rapidement son regard se fane.

    — Mais… c'est toi qu'il doit appeler Papa… pas moi. 

    C'est vrai que ça m'a fait étrange autant que ça m'a enchanté, mais à aucun moment je ne me suis senti jaloux de lui. Je caresse doucement sa joue avant de craquer et d'y déposer plusieurs petits bisous. 

    — Mais il m'appelle déjà papa… pour lui je suis Pa' et ça me convient parfaitement. Parce que dans le fond tu étais destiné à être son papa. 

    Il me regarde droit dans les yeux et je soupire en voyant qu'il hésite toujours. 

    — Écoute moi, je suis Pa', tu es Papa et notre fils est l'enfant le plus adorable de la terre.

    J'insiste particulièrement sur le mot notre. Son regard se trouble un instant avant qu'un magnifique sourire ne prenne place sur ses lèvres.

    — J'aime comme ça sonne quand tu le dis. 

    Il se réinstalle tout contre moi et je nous couvre avec un drap avant de lentement lui caresser le dos.

    — Alors dès lundi, il va falloir que tu annonces à tous tes camarades que tu es un père de famille très heureux en ménage. 

    Il pouffe de rire,  mais dans la pénombre je peux voir son sourire s'agrandir et ses pommettes rougir.

    — Tu sais très bien que je n'aime que toi. 

    Je sais très bien que je n'ai pas à être jaloux ou à douter de lui, cependant je ne peux pas m'empêcher de répondre en bougonnant. 

    — Moi je le sais, mais les autres ne le savent pas.

    Il pouffe de rire en se cachant dans mon cou pour ne pas faire trop de bruit. Je frémis quand je sens ses dents mordiller ma peau et que l'ambiance change du tout au tout. 

    — Tu pourrais faire en sorte qu'ils le sachent au premier coup d'œil. 

    Je sais ce qu'il sous-entend et malgré moi je sens mes joues chauffer. Surtout quand son index suit la ligne de mon cou et j’ai du mal à déglutir et qu’il continue de parler d’une voix suave.

    — En une semaine les marques ont eu le temps de partir. 

    C'est maintenant tout mon corps qui chauffe alors qu'il murmure contre ma peau avant de continuer à la mordiller. 

    — Mes parents ne vont pas s'en remettre si…

    Je m'interromps brusquement quand sa bouche se dirige vers mon oreille et s’attaque à mon lobe, il sait que je ne résiste pas quand il fait ce genre de chose. 

    — Ne pense pas à tes parents maintenant et occupes-toi de moi.

    Effectivement, il a raison, je n'ai pas envie de penser à mes parents alors que sa main se fait soudain plus aventureuse. J'aurai tout le temps demain de penser à eux quand ils m'expliqueront pourquoi il est si important qu'ils viennent vivre ici, mais pour le moment, j'ai mon homme à satisfaire.

    Je le pousse jusqu'à ce qu'il soit sur le dos et m'installe sur ses cuisses. J'ai un sourire carnassier alors que je pense à toutes les choses que j'ai envie de lui faire cette nuit.

    — Je vais très bien m'occuper de toi mon cœur, mais j'espère que tu n'es pas fatigué.

     Il pouffe un peu de rire, mais le son s'étrangle dans sa gorge quand je fonds sur la peau de son cou pour faire apparaître une première marque, premier signe d'une très longue nuit pour célébrer notre emménagement dans notre nouvelle maison. 



  • Commentaires

    2
    Dimanche 10 Avril 2022 à 21:07

    Oh mais c'est vraiment trop trop mignon j'ai adoré....et ça y est il l'appelle papa donc c'est vraiment une famille maintenant, surtout qu'ils ont enfin leur "chez eux"

    1
    Mercredi 30 Mars 2022 à 21:01

     C'est vraiment trop mignon. Tu écris super bien Néphély! Merci pour ce nouveau chapitre, bisous <3

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