• Chapitre 14: Le temps d'un Ami Célibataire...

    Chapitre 14
    Le temps d'un Ami Célibataire...

    #TeamSarawatsWives (Groupe secret)

    ‘C’est l’Admin! Je suis ici avec les dernières nouvelles d’aujourd’hui. Notre mari drague maintenant un cheerleader de l’université. J’en ai la preuve. En regardant ces photos, qui peut expliquer leur relation?

    Cette personne sera membre à vie du Club des Femmes Fouineuses’

     

    Ce sont les trois belles photos que Sarawat a postées il y a presque huit heures. Je parie que les femmes de Sarawat n’ont pas arrêté de parler depuis qu’il les a mises en ligne. Je continue à lire les légendes et même si je ne veux rien présumer, mon cœur bat la chamade.

    Oh merde! Je ne peux m’empêcher d’être curieux à propos des commentaires que les gens continuent de poster sur ces photos.

     

    ‘Vraiment, ils sont juste amis.’

    ‘Je ne pense pas qu’ils soient juste amis. Sarawat le drague vraiment. Il l’aime peut-être depuis un moment.’

    ‘Est-ce que mon cœur a été brisé?’

    ‘Si c’est le nouveau cheerleader de l’université, Tine, ça ne me dérange pas. Tellement mignon.’

    ‘Avant, c’était un vrai playboy. Pourquoi est-il devenu la femme de Sarawat?’

    ‘Arghhhh! Et mon coeur? Comment Sarawat va-t-il le réparer? #cœurbrisé’

    ‘Et il a dit qu’ils étaient juste amis. Quel méchant! Méchant! Méchant! Je suis en colère!’

    ‘J’étais près d’eux au concert de Scrubb. Sarawat tenait la main de Tine si fort. On aurait dit que Sarawat aimait Tine plus que quiconque. Il ne laissait personne s’approcher de lui.’

    C’est une guerre qui fait rage dans le groupe secret, encore plus sauvage que le festival Songkran à Silom. Je n’ose pas poster quoi que ce soit pour me défendre. L’agent provocateur est censé être celui qui doit résoudre ce problème, mais c’est pourtant moi qui suis gêné.

     

    Rrrrrrrrrrrrrrrrrr

    Je passe toute la nuit là-dessus jusqu’à ce qu’un appel de Fong m’interrompe enfin.

    “Oui!”

    [Tu es réveillé?]

    “Yep.” En fait, je viens de passer une nuit blanche. Merde!

    [Je viens dans ta chambre; allons prendre le petit déjeuner.]

    “Mh-hm.”

    [Tu devrais te dépêcher et prendre une douche.]

    “Mhhh.”

    [Merde! Tu m’écoutes?]

    “Uh-huh.”

    [Tu ferais mieux d’être prêt dans une demi-heure, compris?]

    Le cœur de Tine est faible et usé. Après la guerre d’hier soir sur Instagram, je n’ai pas fermé l’œil. Tout le monde! Je suis prêt à être dans une pub pour la crème pour les yeux Garnier.

    Quand Fong et moi sortons pour prendre le petit-déjeuner, le propriétaire semble trouver que mes yeux ressemblent tellement à ceux d’un raton laveur qu’il se demande si je viens de m’échapper du zoo. C’est la faute du groupe des femmes de Sarawat. Elles n’arrêtent pas de me harceler sur la relation entre le mari de la nation et moi.

    Je dirais que ma situation actuelle est plutôt compliquée. Je suis confus, étourdi, excité et comme si mes sentiments étaient hors de contrôle.

    La nuit dernière m’a choqué. Il n’y a pas que les femmes de Sarawat qui se demandaient si nous nous étions déjà rencontrés - moi aussi. J’aurais nié s’il n'y avait pas le fait que c’était indéniablement moi sur ces photos. Ce concert a eu lieu il y a si longtemps. Je n’avais aucune idée que j’avais déjà rencontré Sarawat. La légende m’avait laissé l’air si confus que je ressemblais probablement plus à un abruti défoncé.

    Je commence à désespérer d’entrer en contact avec quelqu’un capable de soigner l’insomnie, l’agitation, les palpitations et de penser constamment au visage de quelqu’un. A ce stade, je me dirige tout droit vers un coma.

    “J’ai été tellement choqué la nuit dernière,” celui qui est en face de moi va droit au but en me regardant curieusement tout en mangeant son congee.

    “Quoi?”

    “Ne joue pas les idiots. Sarawat. Tu l’as déjà rencontré. Pourquoi tu ne me l’as pas dit?”

    “Te dire quoi exactement? Je ne le savais même pas moi-même.” Le fait est que nous sommes tous bêtes et que le responsable et ses amis sont les seuls à être intelligents. A en juger par leur comportement, je suis sûr qu’ils le savaient depuis le début.

    “Alors, tu l’aimes bien?”

    “Non!”

    “Oh! C’était une réponse directe. Il t’a dragué si intensément ces derniers temps. On pensait tous que vous sortiez ensemble.”

    “N’importe quoi.”

    “Essaie juste de t’ouvrir à lui.”

    “Pourquoi? J’aime les filles.”

    “Ok, je te crois,” dit-il, mais il est évident d’après son visage qu’il ne me croit pas. Fong est l’un de mes meilleurs amis, mais pour l’instant je n’ai aucune idée s’il dit la vérité ou non. J’ai de la chance que Ohm et Puek ne soient pas là aujourd’hui pour m’épuiser avec toutes les questions qu’ils me poseraient certainement.

    “J’essaie de draguer Prae ces derniers temps,” j’essaie rapidement de parler d’autre chose, même si techniquement c’est toujours le même sujet.

    “La fille de Médecine? Tu as beaucoup parlé d’elle la semaine dernière, mais pas autant ces derniers temps. Je ne pensais pas que tu étais sérieux à son sujet après tout.”

    J’ai séché le Club de Musique pour l’emmener faire du shopping. Comment ça, ce n’est pas sérieux?

    “Peut-être pas. Je ne sais pas vraiment pourquoi.”

    “A cause de Sarawat, je pense.”

    “Hein? Absolument pas!” Je secoue la tête. Tant pis si j’essaie de changer de sujet.

    “Eh bien, je ne peux pas t’aider. Ce sont tes sentiments. Pose-toi la question,” dit Fong qui retourne à son congee et semble plus intéressé à regarder son téléphone qu’à me parler. Et moi? J’en ai plus qu’assez de mon téléphone depuis hier soir. N’ayant rien à faire, mon esprit vagabonde. Je prends une profonde inspiration et commence à manger mon congee. Il n’a pas très bon goût.

    “Je crois que je suis en train de tomber malade.”

    “Dis-m’en plus,” Fong arrête de taper sur son téléphone pour me regarder. Je déteste vraiment l’expression de son visage en ce moment. Ses yeux brillent de joie à l’idée de pouvoir se mêler de mes affaires.

    “Arrête d’avoir l’air si curieux.”

    “Mais c’est intéressant! Allez, dis-moi. Dis-moi.”

    “Fong, quand tu es avec quelqu’un que tu aimes bien, est-ce que tu te sens parfois comme... Tu sais, confus et comme si tu ne savais pas quoi faire après. D’habitude, je les invite à sortir, mais pas cette fois…” Je ne suis pas habitué à ça. Normalement, je n’hésite jamais à flirter et à inviter quelqu’un qui me plaît. Si on ne s’entend pas, on rompt.

    Cette fois, c’est différent. C’est quelque chose de plus et je ne peux pas être aussi direct. Je ne suis pas prêt à lui demander d’être mon petit ami.

    “Non, jamais. Si j’aime vraiment quelqu’un, je n’hésite pas à faire un pas.”

    “...” Oh, quel splendide conseil. Je pourrais choisir de vivre ma vie entière selon ces mots. Je suis si reconnaissant pour sa sagesse.

    “Qui te rend confus? Sarawat?” demande Fong.

    “Non, je parle de Prae.”

    “Je suis sûr qu’il y a une raison pour laquelle tu ne peux pas lui demander d’être ta petite amie. Quelque chose est différent cette fois-ci. Quelque chose t’empêche de lui demander.” Fong doit avoir lu beaucoup de livres de philosophie pour être capable de dire des choses comme ça avec autant de facilité.

    “Ok, tu as raison... C’est lui.” Ma voix habituellement forte et claire n’est qu’un faible murmure, mais je suis sûr que Fong entend tout.

    “Je savais qu’il n’y avait aucun moyen pour que tu sois aussi stupide. Tu ne peux évidemment pas demander à Prae d’être ta petite amie parce que tu aimes déjà quelqu’un d’autre.”

    Arrghh! C’est tellement précis que ça fait mal.

    “Si je l’aimais vraiment, je lui ferais des avances, mais je suis tellement perdu.”

    “Tu es perdu parce que c’est un mec?”

    “Non.”

    “Alors qu’est-ce que c’est?”

    “Je ne sais pas. Je me sens juste épuisé et tendu tout le temps.”

    “Ah. C’est le symptôme de quelqu’un qui ne dort pas assez.”

    “Je dors habituellement 10 heures par jour.”

    Normalement, tu dis toujours que je dois être incroyablement fatigué ou que tu pensais que j’étais mort, donc je sais que tu ne crois pas vraiment que je suis insomniaque.

    “Bon ok, la nuit dernière tu ne l’as pas fait, alors.”

    “Je ne peux pas m’empêcher de frissonner quand je suis avec lui.”

    “Peut-être qu’il faisait froid ou que l’air conditionné était mal réglé.”

    “Il faisait vraiment chaud mais je frissonnais quand même.”

    “Eh bien, comme un radiateur, ton corps avait juste besoin d’un peu de temps pour se refroidir, c’est tout. Tu vas t’en sortir,” Fong me touche l’épaule pour me remonter le moral. Mais ce n’est pas ça non plus. Quand mon corps a-t-il déjà été comme un radiateur?

    “C’est tellement bizarre... Quand je suis avec lui, j’ai l’impression que la musique de Scrubb est encore meilleure que d’habitude.”

    “Eh bien, tu étais à un concert, bien sûr que c’était mieux.”

    “Ce n’était pas comme ça l’année dernière.”

    “Oh, je vois.”

    “Quand j’étais sur ses épaules, mon coeur battait à tout rompre.”

    “Je pense que tu ressentirais la même chose si tu montais sur les épaules de Prae.”

    “Je ne pense pas.”

    “...” Fong ne répond pas mais se glisse plus profondément dans sa chaise avec un soupir.

    “J’ai toujours tant et tant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.”

    “Mais qu’est-ce que tu cherches au juste? Tu es tombé amoureux de lui et tu deviens fou parce que tu tombes encore plus profondément amoureux.”

     

    Je ne veux vraiment pas que ce soit lundi, car je sais que mes amis auront tellement de questions à me poser. Il faut que je trouve une explication. Je ne veux pas devenir fou.

    Je n’ai pas eu de nouvelles de Sarawat. Je n’ai aucune idée si ses femmes sont heureuses ou si elles me détestent. Je suis nerveux à l’idée d’aller quelque part et quand je sors de ma voiture, je vois tellement de gens qui me fixent que je me retrouve à m’agripper fermement à mon sac.

    “Salut, Tine.”

    “Ahh, ha, bonjour! Salut!” Je fais nerveusement signe à une fille qui passe devant moi. Son amabilité est manifestement fausse. Ne me frappe pas, s’il te plaît. Je ne veux pas être aux infos.

    “C’est lui! Ce type!” “Wow! Magnifique! Ce type est si beau.” “Oh, il est mignon.”

    C’est comme je le craignais. Quelqu’un me sourit. Son amie lui frappe l’épaule avec un petit rire timide. Je n’ai pas flirté avec elle. Pourquoi ont-elles l’air si embarrassées?

    C’est insupportable et je me retourne, mais une seconde plus tard, je suis à nouveau coincé. Mes amis ont été entourés par au moins dix seniors. Devrais-je leur faire un visage effrayant? Comme ça, ils n’oseront peut-être pas me frapper.

    “Tine! Viens ici!”

    Je me suis à peine approché d’eux que certains d’entre eux sautent vers moi pour m’entraîner vers leur table. Ils me font asseoir en me souriant. Fong, Puek et Ohm me sourient tous.

    “Toi et Sarawat, vous sortez ensemble?”

    Wow! Tu vas droit au but.

    “Non, nous ne sortons pas ensemble.”

    “Sarawat t’aime bien, n’est-ce pas?”

    “Je n’en ai aucune idée.”

    “Vous vous étiez déjà rencontrés?”

    “Je ne suis pas sûr, je l’ai découvert moi-même hier soir.”

    C’est comme ça que je deviens célèbre? Je sais que mon look impressionnant fera que tout le monde voudra savoir qui je suis.

    “Laisse-moi te poser une question.”

    “Bien sûr.”

    “Est-ce que tu as une petite amie?”

    “Pas encore.”

    “Qui est-ce que tu aimes?”

    “...” Je ne dis rien, je secoue juste la tête en soupirant. J’ai envie de dire que je craque pour une fille de Médecine, mais je suis trop incertain de notre relation. Je n’ai pas été capable de la comprendre depuis que Sarawat est entré dans ma vie.

    “Donc, j’ai encore une question.”

    “Mh-hm.”

    “Est-ce que tu aimes Sarawat?”

    “Je…” Que dois-je dire? Si je dis oui, ils vont continuer à poser des questions. Je n’ai pas la confiance nécessaire pour le faire. Qu’est-ce que je ressens vraiment pour lui? Si je dis non, je vais finir par offenser la source de tout le chaos actuel dans ma vie. Oh mon coeur...

    Je baisse la tête sans répondre. Mes amis remarquent rapidement que je suis mal à l’aise et essaient de m’aider jusqu’à ce que quelqu’un se mette soudain à couiner et que les seniors tournent tous leur attention vers le nouvel arrivant Sarawat: “Sarawat! Viens ici!”

    Tout le monde lui fait de la place pour qu’il vienne vers nous. Je ne peux pas lire son visage.

    “Hé, Nuisance! Pourquoi tu n’as pas décroché le téléphone?”

    Il n’a d’attention que pour moi. J’ai juste envie de le bousculer pour le faire réagir et qu’il se rende compte que nous sommes entourés de gens.

    “Mon téléphone est dans mon sac.”

    “Qu’est-ce que tous ces gens font ici? C’est un concert de Scrubb?”

    Même pas... il n’y a pas de concert. Ils sont là à cause de nous et ils sont tous en train de nous écouter parler.

    “Bien sûr que non, je parlais juste à mes seniors,” dis-je pour tenter de l’empêcher d’en demander plus.

    “Dis-moi de quoi tu parles,” continue-t-il à me harceler.

    “Tu devrais partir,” dis-je brusquement, mais tout le monde se met en travers du chemin. “J’ai une question pour Tine,” dit quelqu’un en s’adressant à Sarawat. Il la regarde avec son habituel visage inexpressif: “A propos de quoi?”

    “A propos de toi, Sarawat.”

    “Alors pourquoi ne pas me demander à moi plutôt.”

    Wow! Je n’ai vraiment pas de chance aujourd’hui. Il fait vraiment semblant d’être indifférent à mon égard, déconcertant même mes amis.

    “C’est toi qui as posté toutes les photos sur ton Instagram?”

    “Certaines d’entre elles. Certaines d’entre elles ont été postées par mes amis.”

    “Les plus récentes ont été postées par tes amis, non?”

    “C’était moi.”

    “Tu as déjà rencontré Tine?”

    “Oui, on s’est rencontrés à Silpakorn.”

    “Tu es aussi un fan de Scrubb?”

    Sarawat secoue la tête et se tourne vers moi avec un regard étrange.

    “Je suis un fan de Solitude is Bliss et Inspirative.”

    “Wow.”

    Tout le monde autour de nous acquiesce. J’ai envie de dire qu’il est fan de tous les groupes existants. L’autre soir au Club de Musique, je lui ai demandé quels étaient ses groupes préférés et il a répondu en citant tous les groupes qu’il a repris. Il a mentionné plus de vingt noms. Ugh!

    “Alors si vous n’avez plus de questions, vous n’avez plus besoin de Tine, n’est-ce pas?” poursuit-il en me saisissant le poignet pour m’éloigner de tout le monde. Il s’arrête lorsque quelqu’un parle: “Laisse-moi juste poser une dernière question, puis nous vous laisserons seuls.”

    “...”

    “Vous sortez ensemble?”

    Je reste silencieux, immobile jusqu’à ce que celui qui me tient la main réponde:

    “Non, on ne sort pas ensemble.”

    “...”

    “Mais si nous devions être en couple, je m’assurerais de vous le dire.”

    “Sarawaat! Argh!”

    La réponse de Sarawat provoque des cris d’excitation parmi les spectateurs. Mon cœur bat à tout rompre. Le même genre de battement de cœur que l’on ressent en découvrant du porno gratuit en ligne, en voyant son premier coup de foudre, en volant de l’argent à son père pour acheter une paire de chaussures, ou quelque chose de similaire sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt.

    ‘Si nous devions être en couple, je m’assurerais de vous le dire.’ Putain de merde!  S’il te plaît, demande-moi avant de dire des trucs comme ça aux gens.

    Mon cœur va exploser dans ma poitrine!

     

    Groupe secret #TeamSarawatsWives

    ‘Wheeeeeeee! Le cœur de Tine TheChic ne se brise pas, mais le nôtre oui! #partagelecoeurbrisé #amen’

     

    ‘C’est la première fois que toutes les filles et tous les gays de l’université ont le cœur brisé.’

    ‘Ils sortent vraiment ensemble? Je vais me mettre à pleurer.’

    ‘Je vais faire comme si la nuit dernière n’était qu’un mauvais rêve.’

    ‘Je perds toujours contre les cheerleaders de l’université. Est-ce que je ne suis pas assez bien?’

    ‘Pas assez bien parce que tu as toujours le cœur brisé, lol.’

    ‘Quel dommage! De toute façon, je serai toujours #TeamSarawatsWives.’

    ‘Sarawat! Je te verrai quand ta femme ne regardera pas #quiestTinejesaispas’

     

    “Arrête de lire ça.”

    “... Tout le monde sur Facebook et Insta parle de moi, et c’est beaucoup partagé. Comment peux-tu t’en moquer? Est-ce que tu ne ressens simplement rien?” Je regarde le garçon bronzé qui se tient à côté de moi. Après avoir terminé le dernier cours d’aujourd’hui, il m’a emmené au café de P’ Tun pour boire quelques verres. C’est mon endroit préféré pour sortir avec des amis.

    Au début, j’étais soulagé d’éviter d’être dévisagé par les gens dans le club, mais ce n’est pas différent ici. Tout le monde nous regarde et fait des commérages à notre sujet.

    “Que veux-tu que je ressente?”

    “...”

    “Est-ce que je devrais avoir envie de t’embrasser?”

    “Merde. Tu devrais juste faire plus attention en général.”

    “Je t’aime bien, pas les autres. Je ne me soucie que de toi, pas d’eux.” Ses mots peuvent être doux, mais ce ton de voix est si ennuyeux.

    “Que vont penser les gens de nous?”

    “Je ne sais pas. Je m’en moque. Je ne pense qu’à toi.”

    “Merde.” Ma tête est en train d’exploser. Sarawat fait toujours comme s’il s’en fichait. Il met un peu de sa gelée de pommes dans ma tasse.

    “Je n’aime pas la gelée. Reprends-la.”

    “C’est bon pour la santé. Les pommes ont beaucoup de vitamines.”

    “C’est juste de la gelée artificielle de merde.” Vitamines mon cul.

    “Laisse-moi goûter ta crème fouettée.”

    Je ne lui en donne pas, alors il attrape ma tasse pour la prendre lui-même. Il peut prétendre ne pas être affecté par quoi que ce soit, mais la faim est universelle.

    “Oh wow, c’était sympa.”

    “Je suis inquiet pour ta santé. Manger trop de crème fouettée n’est pas bon. Et j’ai peur…”

    “Quoi? Peur que je devienne diabétique et que je meure à cause de toi, c’est ça?”

    “Non. J’ai peur que tu gardes pour toi toute ta délicieuse nourriture.”

    Oh wow, je me sens tellement aimé!

    Mesdames, voici votre Fameux Sexy. Le mari de votre nation. Votre compagnon préféré. Je vais vous dire la vérité sur lui maintenant: Votre amoureux n’est en fait que la version humaine d’un sandwich au jambon sans garniture. Il peut être beau et parfait à l’extérieur, mais une fois qu’on s’en approche, il n’est qu’un imposteur. Je crois que je vais vomir!

    “Ces gelées de pommes sont si bonnes que je veux les partager avec toi. Si je mange quelque chose de délicieux, je veux t’en garder. Si quelque chose de bien arrive, je pense à toi. Si je vais dans un endroit spécial, je veux t’y emmener. Si j’écoute une bonne chanson, je veux que tu l’entendes.”

    Je suis abasourdi par son long discours. Quand je retrouve enfin mes esprits, je dis, “Je pense que c’est comme ça - quand on a quelque chose de spécial, on a toujours envie de le partager avec les autres.”

    “Partager ou se vanter? Je me vanterai auprès de mes amis de beaucoup de choses, mais je ne les partagerai qu’avec toi.”

    “...”

    “En dehors de mes amis, tu es la seule personne à qui je permets de connaître le moi bavard, agaçant et mielleux.”

    Oui! Je sais tout sur Sarawat. Il n’est pas timide. Il crée juste une forteresse autour de lui pour empêcher les étrangers d’entrer. Les choses que les autres voient ou entendent sur Sarawat sont loin d’être tout ce qu’il est.

    “Je suis donc devenu ton ami intime, n’est-ce pas?”

    “Non. Tous les autres doivent escalader un mur que je fais franchir à mes amis avec un escabeau, mais toi, tu n’auras jamais rien à faire.”

    “...”

    “Pour toi, il y a une porte... Une porte qui t’accueillera toujours.”

    Une fois de plus, je me retrouve incapable de dire quoi que ce soit. Je prends un moment pour rassembler mes pensées, mais le doute s’installe alors, “Depuis quand?”

    Depuis combien de temps se sent-il comme ça? Depuis Silpakorn? Depuis cette première fois dans le bâtiment des Sciences Politiques? Ou au club? Depuis quand je suis dans son esprit?

    “Depuis quand tu ressens ça pour moi?”

    “Silpakorn.”

    “Ça fait tellement longtemps.” Combien de petites amies ai-je eu depuis? Quatre? Cinq?

    “Pourquoi as-tu fait semblant de ne pas me connaître quand je t’ai rencontré au bâtiment des Sciences Politiques?”

    “...” Sarawat me regarde sans répondre.

    “Tu me connaissais depuis le début, non?”

    “...” Il ne dit toujours rien.

    “Est-ce que tu m’aimes vraiment?”

    “Mh-hm,” il acquiesce.

    “Mais pourquoi moi? Il y a déjà un bébé dans ma vie, tu sais.”

    “Je paierai la pension alimentaire.”

    “Merde, je voulais dire que je vois quelqu’un. Prae. Et en plus, Green me drague toujours.”

    “Tu es sûr que Green t’aime vraiment?”

    “Qu’est-ce que tu veux dire?”

    “...” Il se tait à nouveau. J’ai envie de l’étouffer avec sa gelée. Il est tellement agaçant parfois. Pas seulement ses interminables fautes de frappe sur les réseaux sociaux, mais aussi quand il essaie délibérément de m’énerver, comme maintenant.

    “Sarawat.”

    “Tu m’as demandé pourquoi j’ai choisi les Sciences Politiques plutôt que la musique,” dit-il soudainement. Ugh. Je devrais vraiment être habitué à ça maintenant, mais apparemment je ne le suis pas.

    “Tu m’as dit que tu ne voulais pas étudier ta matière préférée, parce que tu finirais par la détester, non?”

    “C’est juste une partie de la raison. La musique est ce que je préfère dans le monde entier. Je peux jouer quand je veux et je peux m’arrêter quand je veux. Je n’aurai jamais à aimer les sciences politiques. Je dois juste les comprendre et les accepter, et alors elles peuvent être ma vie, mon travail et mon avenir.”

    “...”

    “C’est la même chose pour toi. Ce n’est pas que je suis tombé amoureux de toi tout de suite. Je voulais apprendre, t’accepter et te comprendre. J’étais juste un enfant stupide qui s’est désespérément entiché de quelqu’un que je ne connaissais même pas. Mais même si je ne suis plus un lycéen et qu’une année entière s’est écoulée depuis cette époque, j’ai toujours envie de découvrir tout ce qu’il y a à savoir sur toi.”

    Pour la première fois de ma vie, je réalise ce que cela signifie d’avoir les mots de quelqu’un qui me traversent le cœur. Je comprends exactement ce qu’il veut dire. Je m’accorde une seconde pour laisser les mots pénétrer en moi. Ils sont plus exaltants qu’un baiser soudain de votre bien-aimé. C’est la confession d’amour la plus sincère que j’ai jamais reçue, bien que j’en aie eu ma part.

    Nous nous taisons tous les deux, écoutant simplement les petits bruits autour de nous. Chaque fois que Sarawat parle, sa voix profonde me rappelle le grondement chaud d’une guitare basse.

    “Tu as aimé Prae dès que tu l’as rencontrée?”

    “Je crois que oui.”

    “Tu ne t’ennuies pas? L’amour seul ne dure jamais longtemps.”

    “...”

    “Essayons... d’apprendre à nous connaître.”

    “...”

    “Tu n’as pas besoin de m’aimer beaucoup, mais garde ton cœur ouvert pour moi.”

    Chapitre 14: Le temps d'un Ami Célibataire...

    Message à tous les Lions Blancs

    FEMMES INTERDITES

    Fête des Lions Blancs

    “Rencontrer des amis célibataires”

    Ce vendredi, à l’endroit habituel.

     

    Man-Oh-Hum et le reste des Lions Blancs sont de retour. Quand je vois sur le téléphone de Sarawat qu’ils remuent déjà le couteau dans la plaie, je n’en crois pas mes yeux.

    Cela fait une semaine que j’ai décidé de donner une chance à Sarawat. Ses amis et les miens sont si enthousiastes à l’idée que nous soyons ensemble qu’on pourrait croire que quelqu’un les a payés pour ça. Je ne doute pas qu’ils sauteraient sur n’importe quelle occasion pour que je l’embrasse.

    “Qu’est-ce que c’est?” Je demande en montrant l’invitation à la fête sur l’écran.

    “Je peux y aller?” Sarawat demande avec son habituel visage impassible, ne montrant aucun signe d’émotion.

    “Tes amis t’invitent, alors bien sûr.”

    “Tu y vas avec moi?”

    “Pourquoi j’irais? Ça n’a rien à voir avec moi.”

    “On ne peut pas emmener nos femmes avec nous à cette fête, donc tu ne pourras peut-être pas y aller de toute façon.”

    Tu ne viens pas de...

    “Je ne suis pas ta femme.”

    “Oh, parfait. Alors tu peux y aller.”

    “Q-quoi?”

    J’ai envie de lui mettre une claque. Je vais m’assurer de l’embarrasser devant toutes ses femmes. Beaucoup d’entre elles se liguent contre moi de toute façon. Certaines me soutiennent, mais d’autres sont carrément contre. Sarawat essaie de me réconforter en me disant de “ne pas faire attention à elles. Il suffit de s’en moquer et de leur montrer un visage impassible”.

    “Man va probablement inviter tes amis aussi. Allons à la fête ensemble.”

    Parfois, je ne comprends vraiment pas ce qui se passe dans la tête de Sarawat. Passer plus de temps avec lui m’a permis de voir beaucoup de ses côtés les plus étranges. Pour tous les autres, il n’est pas différent. C’est le même gars populaire, toujours avec un visage inexpressif et rien à dire. Les gens accrochent toujours des sucreries sur les poignées de porte de ses salles de classe. Les filles du Club de Musique lui envoient des regards langoureux et me font ensuite les gros yeux. Les filles se pressent toujours autour de lui pour l’encourager à chaque match de football. Tout est comme avant dans sa vie, sauf que maintenant, j’en fais partie aussi.

    Les messages injurieux que les Femmes de Sarawat postent à mon sujet dans le groupe secret sont pour le moins alarmants.

    Je regarde les grandes mains de Sarawat qui reprend le téléphone pour taper quelque chose.

     

    Boss-pol qui est le chef? C’est incroyable.

    Thetheme11 Donnez-moi du porno. Je ne peux pas attendre plus longtemps

    i.ohmm C’est une soirée porno? Slogan fou

     

    Sarawat garde un visage sérieux et tape rapidement.

     

    Sarawatlism Mz femme veit venor.

     

    J’espérais qu’il tape correctement pour une fois, mais bien sûr, il ne l’a pas fait. Je suis désolé d’avoir souhaité l’impossible.

     

    Bigger330 @Sarawatlism huh? C’est quoi ce bordel?

    KittiTee laisse-moi le traduire. Sarawat a dit ‘Ma femme veut venir’, tu comprends maintenant?

    Man_maman salut viens @Tine_chic vous aussi les gars vous êtes invités @i.ohmm @i.amFong @i.amPuek

    Tine_chic Je ne suis pas une épouse.

    Sarawatlism @Tine_chic Je peux te laisser êyre mon mari.

     

    Je jette mon téléphone sur la table et lance un regard furieux à Sarawat.

    “Qu’est-ce que c’est que cette réponse? Tu essaies de provoquer une dispute?”

    “Je ne veux plus t’appeler Tine. Je veux t’appeler ma femme.”

    BOOM!

    Ses mots me sidèrent... Oh, mon coeur...

     

    La fête a lieu dans la chambre de Man. D’après l’invitation, je m’attendais à une grande fête, mais en réalité, il n’y a que nos deux bandes - celle de Sarawat et la mienne.

    Qu’est-ce qui se passe? Le slogan de la fête est insensé. Je veux dire, c’est sympa de traîner, mais je ne suis pas vraiment proche d’aucun de ces gars. Je ne suis pas à ma place ici. Même si je suis invité, tout ce que je peux faire, c’est y aller puis rentrer chez moi.

    “Tine, que veux-tu manger?” Sarawat demande d’une voix douce après que tout le monde soit arrivé et se soit assis soit sur le canapé, soit sur le sol. Une grande télévision diffuse la Ligue des champions de l’UEFA.

    “Hahh? Pourquoi tu ne demandes qu’à Tine? Je veux aussi un menu TheChic!”

    “Va te faire foutre,” dis-je à Man. Il me fait toujours chier. Un jour, je vais l’écraser avec ma voiture, je le jure.

    “Pourquoi il n’y a pas d’alcool à cette fête?” Tee se plaint et un des autres rigole, “On ne boit que de la bière!” Ils vont chercher une caisse de bière pour que la fête commence, en versant des verres pour tout le monde.

    Nous n’avons pas peur de la bière - le Star Gang est là pour l’alcool! C’est parti!

    Fong est le premier dont le visage change de couleur pour devenir rouge violacé. Puis Ohm est frappé par le même phénomène. Puek a rapidement du mal à marcher droit.

    Et moi? Je demande juste à tout le monde de ne pas trop boire.

    “Hey, j’ai une question. C’est quoi exactement une fête de rencontre?”

    “C’est juste une célébration.”

    “Pour quoi?”

    “Pour votre relation! Santé!”

    CLANK!

    Nos verres de bière s’entrechoquent. Les amis de Sarawat sont heureux de plaisanter et de me taquiner, tandis que lui se contente de garder les yeux fixés sur moi.

    Nous sommes assis si près que je peux sentir son assouplissant. Il n’utilise jamais d’eau de Cologne ou de lotion, seulement du shampoing. Il l’utilise même comme savon quand il se douche. Et pourquoi est-ce que je sais cela? Parce qu’une fois, nous sommes allés ensemble dans une supérette et il a acheté quelque chose qu’il a appelé ‘un savon liquide agréablement parfumé’. Ce n’en était pas un. C’était juste un shampoing ordinaire.

    “Une pièce pour tes pensées,” Sarawat interrompt ma paisible rêverie. Autour de nous, tous nos amis passent le meilleur moment de leur vie à s’amuser. Sarawat et moi sommes parfaitement satisfaits de rester entre nous.

    “Pourquoi est-ce que tu me fixes?”

    “Parce que je ne peux pas te voir correctement. Si je pouvais voir tout ton visage à la place, je n’aurais pas à te fixer.”

    Je suis à deux doigts de lui claquer la paume dans la figure. “Regarde tes amis au lieu de moi.”

    Le type costaud se penche vers moi. La sensation de sa respiration dans mon cou me donne des frissons.

    “J’ai envie de t’embrasser.”

    “Merde.”

    “J’en ai vraiment envie.”

    “Tais-toi.”

    “Pourquoi es-tu si mignon?”

    “Je suis beau, pas mignon.” Je suis un cheerleader universitaire! Des mots comme ça vont ruiner ma confiance en moi.

    “Est-ce que tu as commencé à m’apprécier?”

    “...” Je ne réponds pas. Je vais avoir besoin de plus d’une semaine avant de pouvoir répondre à cette question. Peut-être que si je n’ai toujours trouvé personne d’autre dans dix ou vingt ans, je pourrai dire oui plus facilement.

    “Si tu acceptes d’être mon petit ami, je promets de te lécher partout, de tes cheveux à ton ombre.”

    Je... Quoi?

    “Tu es affreux.”

    “Man m’a dit de te dire ça, mais je ne pensais pas que tu rougirais autant,” ricane-t-il.

    Je suis presque tombé dans le panneau. J’ai été sur un nuage pendant une seconde et puis tu m’as ramené au sol. Parfois, je ne sais pas si ce type m’aime vraiment ou s’il prend juste plaisir à me taquiner.

    “Hé, les gars! Avant d’être complètement bourrés, nous devrions respecter la tradition de notre fête.” Man se lève, tenant son verre et parlant d’une voix très sérieuse. Tout le monde, sauf Puek, Ohm, Fong et moi, semble savoir exactement de quoi il parle.

    “C’est ma partie préférée de nos fêtes,” me chuchote Sarawat. Le regard sur son visage me fait croire que c’est le cas.

    “Euh... c’est quoi?” Je me souviens nerveusement avoir vu des posts sur Instagram portant le hashtag ‘Rencontrer des Amis Célibataires’. Ça me met mal à l’aise. J’ai peur que cette fête ne se transforme en une sorte de club échangiste.

    “Regarde et apprends,” se contente-t-il de dire. Puis Man reprend la parole, “Salut, tout le monde! Je m’appelle Man! Ce soir, je veux vous parler de mes nouveaux amis - Tine, Ohm, Puek et Fong. Je vous souhaite de tout coeur la bienvenue dans notre gang lubrique.”

    Ugh, arrête de l’appeler comme ça. S’il te plaît, laisse-moi te donner un nouveau nom.

    “Nous devons tous dire un secret que nous gardons en tête depuis un mois. Je sais exactement quoi dire. Je veux admettre que la première fois que je t’ai vu, Tine, je ne t’ai vraiment pas aimé du tout…”

    “Aw.” Je pointe du doigt ma propre poitrine.

    “Tu avais l’air si arrogant, comme si tu pensais être la huitième merveille du monde. Mais quand j’ai appris à te connaître, j’ai découvert à quel point tu es mignon!”

    “WOW!” Tout le monde glousse bruyamment. Cette fête vient de devenir beaucoup plus amusante. Man retourne à sa place, en m’envoyant théâtralement un baiser. Le suivant est Boss, qui s’avance rapidement vers le centre, “Puek, tu es l’administrateur des ‘Restaurants incontournables où la nourriture n’a pas bon goût mais est bon marché’. Ta page est nulle, mais je l’aime quand même.”

    “Hey! Cheers!” Il s’ensuit des applaudissements et de forts claquements de verres qui rebondissent. Presque tout le monde a son tour, et la plupart parlent de moi. C’est amusant et sincère - je peux savoir ce que chacun pense vraiment de moi.

    “Tine... tu sais, mon ami t’aime beaucoup.”

    “Wowwwwww!”

    Theme révèle son secret et tout le monde hurle d’amusement. Il se rassoit sans attendre ma réaction. Puis il pousse les épaules de celui qui est à côté de moi pour qu’il aille au centre de notre cercle.

    “Tine…”

    Tout le monde siffle et applaudit.

    “Mec, arrête de mater Tine tout le temps, trouvez-vous une chambre!”

    En ce moment, je déteste vraiment ces types, mais tout ce que je peux faire, c’est rester assis et cacher mon visage pour dissimuler mon embarras. Je ne sais pas quand je suis devenu une petite fille.

    “Je suis vraiment heureux.”

    “Oh, nooon! C’était si mauvais, Sarawat!”

    “Je vais être malade!”

    “Hé! Pourquoi tu repars si vite? Hé!”

    Tout le monde crie sa déception lorsque Sarawat se rassied sans en dire plus. Le dernier à parler est Big, “Sarawat, pourquoi fais-tu le timide? Maintenant, je vais parler de toi, Tine.”

    Encore moi.

    “Mon ami est un type peu généreux. Il est si radin avec ses chaussures, ses sacs, ses guitares, sa vie privée, tout! Et il est aussi très possessif avec toi.”

    “Oh mon dieu.”

    Je me sens comme un cerf pris dans les phares d’une voiture. Je ne sais pas où me mettre quand tout le monde me dévisage. Sarawat, lui, n’a pas l’air affecté, jusqu’à ce que Big se rassied et qu’il lui dise, “Mec, il le savait déjà.”

    “Quoi?”

    “Que je suis possessif.”

    “Ne fais pas l’enfant.”

    Sarawat hausse les épaules et ne dit rien. Il tend la main pour me tapoter la tête. Je ne vais pas le laisser se moquer de moi, alors je tends la main pour lui pincer la joue. Je méprise sa stupide expression impassible et ses gros doigts!

    La fête se poursuit pendant des heures, mais pour une fois, personne ne roule sous la table. Je soupçonne mes amis d’avoir tous peur que les Lions Blancs les violent s’ils s’évanouissent.

    À un moment donné, Man déclare, “Les Sciences Politiques ont perdu notre dernier match. Chante-moi une chanson pour me remonter le moral!” avant de partir chercher une guitare dans sa chambre et de la tendre à Sarawat. “Wat, joue quelque chose, tu veux?”

    Sarawat ne prend pas la guitare, secouant la tête, “C’est une mauvaise guitare, ça ne sonnera pas bien.”

    “Tu es si exigeant! Je sais que ma guitare n’est rien comparée à ta chère guitare. En fait, c’est ta préférée, non? Même si tu utilises toujours la Martin.”

    “Une Martin DC-16 ne pourra jamais battre une Takamine, n’est-ce pas?”

    Man se laisse tomber sur le sol et commence à jouer en fredonnant. Sa voix est affreuse, mais tout le monde chante avec lui, juste pour le plaisir. La fête se termine à minuit et Puek, Ohm et Fong rentrent chez eux avec Sarawat et moi. Je ne peux pas vraiment dire si ce dernier est déjà fatigué.

    Dans la voiture, Sarawat demande de sa voix habituelle et confinée, “Tu veux écouter de la musique?”

    “Bien sûr. Quelle chanson?”

    “Laquelle veux-tu entendre? Je vais chanter pour toi.”

    “Non,” je secoue furieusement la tête. Non merci, je ne veux pas faire de cauchemars ce soir.

     

    “La nuit, quand le monde dort, mon esprit est vide.

    Ici, avec le doux son de la musique

    je m’ennuie de quelqu’un qui est si loin.”

     

    Même si je lui avais d’abord dit non, il y a quelque chose de spécial dans ce tableau sans rien d’autre que le son de sa voix, comme les vibrations persistantes d’une corde de basse. Pas de musique, pas de guitare... l’écouter est presque un rêve.

     

    “Bientôt, je suis bercé dans une simple rêverie.

    Comme si quelque chose me faisait dériver…”

     

    Je pose mes mains sur la console centrale, tapant des doigts avec la mélodie tout en rejoignant le refrain. Je n’ai pas entendu cette chanson depuis longtemps, car ils ne la jouent jamais lors de leurs concerts. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je l’ai chantée avec quelqu’un.

     

    “Mais dès que j’ouvre les yeux, je te vois là, debout,

    Trop beau pour être exprimé avec des mots.

    Les lumières scintillent, tu t’approches de moi.

    Nos yeux se rencontrent et je te regarde longuement.

    Mon cœur tremble.

    Est-ce réel ou est-ce juste un rêve?(1)

     

    Alors que nous arrêtons de chanter, je remarque un sentiment étrange. C’est agréable de chanter une bonne chanson avec quelqu’un. Je peux être moi-même. Il n’y a personne à qui je dois plaire, personne que je dois impressionner et aucune copine stupide avec qui je dois soudainement faire amende honorable.

    “Sarawat…”

    Sarawat gare la voiture sur le côté de la route. Cette nuit est censée se terminer quand nous arriverons chez moi, et nous sommes devant mon dortoir maintenant. Dans une seconde, je vais devoir traîner mon corps intoxiqué jusqu’à ma chambre.

    “Quoi?”

    “Ta guitare. Si tu veux la récupérer, dis-le moi. Je vais me dépêcher d’en acheter une.”

    “Pourquoi?” demande-t-il.

    “J’ai entendu tes amis dire que celle que tu m’as prêté est ta préférée.”

    “Tu n’as pas besoin de la rendre. En fait…” il me regarde avec un visage solennel, la langue parcourant ses lèvres. Je ne suis pas capable de bouger ici, et je me fige. Puis il pose ses mains sur mon cou, me rapprochant pour un baiser affamé.

    “Ah! Nh, Sa…”

    Je n’arrive presque plus à respirer. Je devrais l’engueuler, mais je ne le fais pas. Je veux le repousser, mais je suis trop fatigué. Mon corps tout entier est comme de la gelée.

    Sa langue entre dans ma bouche, effaçant toute trace d’alcool. Son nez est enfoncé dans ma joue tandis que nous nous embrassons. Sa langue effleure mes dents et me donne des frissons dans tout le corps. Il utilise habilement sa langue.

    Mince. Il a dit qu’il n’avait jamais eu de petite amie, mais il est doué pour ça. Même meilleur que moi.

    Sarawat se retire et sa voix grave fait palpiter mon cœur, “Donne-moi ta langue. Aide-moi.”

    Il remarque mon expression étonnée, puis me tire plus près et recommence. Il ne me laisse pas une seconde pour me préparer, jamais. La langue de Sarawat trouve facilement ma bouche parce que j’ai perdu le contrôle de mon corps, le laissant prendre le contrôle.

    Nos langues s’entremêlent, nous échangeons de la salive. Sa main épaisse tient mon cou si fermement que je ne peux pas bouger. Sa langue joue avec ma bouche et je suis sûr que s’il ne me tenait pas, j’aurais perdu l’équilibre.

    Mon cerveau me dit d’arrêter parce que je ne peux pas respirer, mais mon cœur bat et veut qu’il continue. Finalement, je suis obligé de reculer parce que j’ai besoin de respirer.

    Il semble si insouciant et se penche pour mordre ma lèvre et je peux goûter le sang.

    “Tu m’as taquiné,” dis-je d’une voix tremblante. Mon corps est si lourd que je ne peux presque pas bouger.

    “Tu es agaçant.”

    “Tu es si…”

    “Tu devrais sortir de la voiture avant que je perde le contrôle.”

    “...!”

    “Je ne peux pas rester un gentleman plus longtemps.” Sarawat détache ma ceinture de sécurité et ouvre la porte comme s’il avait l’intention de me jeter hors de la voiture.

    Merde! Il m’embrasse puis me jette dehors comme un chien.

    “Alors... Et ta guitare? Tu veux la récupérer?” Je reprends la conversation qu’on avait avant de me faire agresser.

    “Non.”

    “...”

    “C’est la tienne depuis le premier jour.”

    “...”

    “Prends-en bien soin.”

    C’est la fin de notre conversation.

    J’arrive dans ma chambre et la première chose que je vois, c’est la guitare de Sarawat sur le lit. Je la prends et passe mes mains dessus avec une sensation bizarre dans l’estomac. Sur le manche, le nom de Sarawat est gravé en grosses lettres. Je roule des yeux à chaque fois que je le vois. Lorsque je tourne la guitare, la lumière se reflète sur elle. Quelque chose attire mon regard à travers les six cordes de la rosace.

    Une gravure...

    Mon nom.

     

    ‘Tine Teepakorn’

     

    Cette guitare est vraiment la mienne depuis le tout début.


    Notes

    (1) “Phleng Kon Non” (Chanson pour dormir) de Scrubb


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