Chapitre 13 - 2ème partie

Le Gang Extrême s’est séparé à cinq heures après les cours. J’ai dit à tout le monde que je déposerais Khai à son appartement pour qu’ils ne sachent pas où nous allions vraiment. J’ai demandé à cet ami de me rassurer, et il a dit qu’il ne l’avait dit à personne, alors maintenant je peux me sentir à l’aise de ne pas être grondé par Too et Bone pour être revenu sur ma parole.

“Devrions-nous d’abord aller manger quelque chose? J’ai faim après les cours,” me demande Khai, et je hoche la tête.

“A quel endroit veux-tu aller?”

“Le buffet là-bas est bon.”

“Ok.”

On entre dans le restaurant. Khai met ses béquilles à côté de lui et s’assoit sur une chaise. Nous nous asseyons au comptoir où la nourriture est servie sur un tapis roulant. Au moins, c’est pratique pour nous de prendre ce que nous voulons manger.

“Que veux-tu boire? Je vais le chercher.”

“Pas besoin. N’agis pas comme un dur alors que tu as du mal à marcher.”

“Je vais toujours le chercher pour toi.” Je ne l’écoute pas et je m’éloigne rapidement pour prendre des verres, aller chercher la boisson et la donner à la personne boiteuse sur son siège.

“J’enlève bientôt mon plâtre, je serai libéré de ce désagrément,” se plaint-il près de mes oreilles, ses mains récupérant la nourriture du tapis. Il la mange, il la met dans la marmite. Il va manger ou parler?

“Mais tu ne peux toujours pas courir.” Le médecin a dit qu’il ne devait pas courir pendant trois mois après avoir enlevé son plâtre. Je suis fou de joie.

“Je sais. Et tu ne viendras plus me chercher.”

“Ce n’est pas censé être comme ça?”

“J’ai demandé à mes parents de me laisser utiliser leur voiture. C’est une grosse voiture, tu te sentiras bien.”

“J’ai ma propre voiture. Qu’est-ce que ça a à voir avec moi?”

“Pour te remercier de m’avoir conduit de partout. Maintenant, c’est mon tour.” Oh, mon cher chauffeur. Argh! Je n’en veux pas. Il fait certainement de bonnes choses pour avoir quelque chose en retour.

“Tu n’as pas à le faire.”

“Donc tu es d’accord avec ça. Bien, bien.”

“Est-ce qu’on utilise le même langage?”

“Je n’utilise pas un langage humain, j’utilise mon cœur.”

Où est-il? Donnez-moi un pot de chambre pour vomir.

“Pourquoi faire l’aller-retour en voiture alors que l’université et ton appartement sont proches? De toute façon, si j’ai un problème, Too et Bone m’aideront.”

“Ce n’est pas la même chose. J’ai déjà pensé à déménager là où tu vis, mais j’ai changé d’avis. Tu pourrais emménager avec moi un jour.”

“Tu rêves?”

“On devrait avoir un peu d’espoir, tu sais.” Euh, comme tu veux.

Je me concentre sur la nourriture sur le tapis après avoir perdu mon temps à me chamailler avec Khai, mais à chaque fois que je m’apprête à prendre une assiette, ce type immoral m’enlève tout avant que je ne puisse le faire.

“Tu te moques de moi?” Je lui demande avec irritation, mais il sourit.

“Je ne me moque pas de toi.”

J’essaye de prendre une autre assiette.

“Tu vois?” Il m’a pris celle-là.

“Pourquoi tu insistes? Ça m’ennuie.”

“J’ai faim. Je veux manger!”

“Tiens, je les ai pris pour toi, pas pour moi.” Puis il rit comme s’il était très heureux.

Je regarde plusieurs assiettes de nourriture pendant un moment et je vois que tout ce que Khai a pris est ce que je préfère. D’habitude, je ne choisis pas du tout ce que je n’aime pas. Et il n’y a rien que je déteste dans ces assiettes devant moi.

“Fais bouillir les crevettes. Je vais les décortiquer pour toi,” dit-il gaiement.

“Non, je vais le faire.”

“Tu vas te faire mal aux mains. Ce sera gênant avant que tu puisses manger.”

“Tes mains les rendront salées. Je ne veux pas manger ça.”

“Alors je vais d’abord faire bouillir mes mains.”

“Hé, qu’est-ce que tu fous?” Je crie dès que je vois ses grosses mains planer au-dessus de la marmite. Ce connard doit essayer de commencer une guerre des nerfs avec moi. Qu’est-ce qui lui prend?

Finalement, je le laisse faire ce qu’il veut. On mange et on se chamaille. J’ai de la chance d’avoir quelqu’un qui décortique les crevettes pour moi. Dans l’ensemble, Khai ne mange presque rien et ne fait que me servir.

“Khai.” Mon heureux moment de repas est interrompu par quelqu’un qui appelle le nom de ce grand type.

Si je me souviens bien, Khai est sorti avec elle pendant un certain temps. Mais je ne connais pas son nom, car cet ami a eu tellement de copines que j’ai besoin de plus de doigts pour compter.

“Oh, salut.”

“Tu es là pour un buffet?”

“Euh, tu es venu ici avec quelqu’un?” demande-t-il.

“Je suis venu ici avec mes amis. Je vais à ma table maintenant.”

“Ok.”

“Bye.”

“Bye.”

Vous vous manquez tant que ça?

“Qu’est-ce qu’il y a? Est-ce que le Petit Extrême est jaloux?” Il me caresse le menton dès qu’elle est hors de vue. Ce n’est pas drôle. Je repousse immédiatement sa main.

“Est-ce que j’ai l’air d’être jaloux? T’es un cinglé.”

“D’accord, tu n’es pas jaloux. Eh bien, elle et moi avons une histoire.”

“Ouais, je m’en souviens un peu.”

“Tu es doué. Je ne me souviens même pas de son nom, haha.” Tu es un putain de connard, une vraie racaille. C’est le type qui persiste à me draguer? Est-ce qu’il va oublier mon nom si on se sépare un jour?

“Khai, je peux te demander quelque chose?”

“Vas-y,” dit-il, les mains décortiquant soigneusement les crevettes salées pour moi.

“Qui est celle que tu as le plus aimée? De toutes les filles que tu as aimées et avec qui tu es sorti.” Je ne sais pas. Je vous ai dit que je n’ai pas confiance en lui, parce qu’au fond, j’ai toujours peur de l’incertitude qui règne dans son cœur, alors j’utilise cette chance pour poser la question que j’ai en tête depuis si longtemps.

“Je n’ai aimé personne en particulier.”

“Et la fille avec qui tu es sorti et qui était ta petite amie?”

“Jam? Celle qui boudait et me laissait deviner ce que j’avais fait de mal? Elle ne me le disait pas quand je lui demandais et menaçait toujours de rompre avec moi. Quand j’en ai eu marre et que j’ai voulu rompre, elle s’est mise en colère contre moi. Je m’en souviens si bien.”

Connard, tu ne parles que de ses défauts.

“Jam était vraiment sympa. Elle était un peu pleurnicheuse mais très attentionnée. Nous avons rompu parce que je n’ai pas pu m'arrêter. Tu sais quel salaud j’étais. Elle mérite un meilleur gars.”

“Eh bien, tu te connais.”

“Contrairement à toi, je ne veux pas que tu trouves un bon gars.”

“…”

“Je veux que tu continues à être avec une ordure comme moi.” J’ai vraiment envie de lui taper sur l’oreille.

“Tu es pénible. Je vais t’éclabousser avec cette soupe chaude.”

“Chacun son tour. En échange, je te laisse une marque sur le cou.” Espèce de parasite. Tu... as un esprit si pervers. Il ne m’attaquait pas autant avant, quand on était juste amis. Je ne sais pas ce qui l’a poussé à montrer son instinct sauvage toutes les deux minutes.

Je dois probablement m’inscrire sur un site pour les plus de 18 ans pour lui acheter des sextoys comme thérapie pour sa forte libido.

“Continue à manger. Là, là... Je plaisantais.” Mais tu avais l’air si sérieux.

Il m’interpelle après qu’on ait continué à manger pendant un petit moment. Mon estomac pas très rempli et Khai qui me fait perdre mon temps me font jeter un regard furieux sur le fauteur de troubles.

“Quoi?”

“Laisse-moi voir ton téléphone.” Qu’est-ce que tu veux fouiner cette fois? Je ne me suis pas vengé pour avoir fait lire à Too mes discussions sur LINE.

“Non.”

“Merci.” Il tape immédiatement sur la poche de mon pantalon. Quel sans gêne de fouiller dans la poche de quelqu’un d’autre pour récupérer son téléphone sans se soucier de rien. Il touche l’écran et se plaint, “Tu as changé de mot de passe?”

“Qui serait assez stupide pour utiliser l’ancien?”

“Voilà, je suis entré.”

“Merde, comment le connais-tu?”

“Il n’y a pas beaucoup de séries de chiffres dans ta vie.”

Rrrrr...!

“Quelqu’un appelle. Rends-moi mon téléphone.” Je remue le doigt, mais Khai ne coopère pas. Il secoue juste la tête et prend son téléphone à côté de lui pour regarder l’écran.

“Ça vient de mon téléphone.”

“Mais tu ne devrais pas me rendre mon téléphone?”

“Bone appelle. Réponds-lui.” Il me tend son téléphone avec sa grande main.

“Pourquoi je dois lui répondre? Fais-le, et ne lui dis pas que tu es avec moi,” je le préviens sévèrement. Ce grand gars obéit et répond à son téléphone.

“Qu’est-ce qu’il y a...? Je suis dehors.”

“Dis-lui que tu n’es pas avec moi.” J’essaie de chuchoter le plus silencieusement possible.

“Third n’est pas là. Pourquoi tu m’as appelé? Oh... faisons ça plus tard. Je raccroche maintenant, je suis occupé.” Il raccroche, et je lui demande, curieux.

“Pourquoi Bone t’a appelé?”

“Il m’a demandé de manger ensemble dehors. Ne t’inquiète pas, j’ai refusé.”

“Bien.” Si Bone le sait, Too le saura. Hier, j’ai été hautain en disant que je ne prendrais pas de repas avec Khai quoi qu’il arrive. Je vais perdre la face s’il sait que je suis assis ici avec Khai.

“Hé, qui avons-nous là?”

Je ne sais pas si c’est l’enfer ou le paradis qui me fait une blague. Il y a des centaines de restaurants, mais pourquoi diable les nouveaux clients qui entrent ont l’air si familiers?

“Khai, Third, comment êtes-vous arrivés iiiiiiiiici?” Certains esprits maléfiques ont dû se passer le mot. Ils sont venus à deux, comme un paquet. Il est trop tard pour se cacher sous la table maintenant, donc je dois juste jouer le jeu avec Khai.

“Oooooooooh, vous êtes là aussi? Whoah! Quelle coïncidence, haha.”

“Ouais, quelle coïncidence. Je viens d’appeler Khai. Je voulais lui demander de manger ici ensemble.”

“C’est super.”

“Et toi, Third? Tu as dit que tu devais voir Chen.”

“On a fini tôt, donc je suis venu ici pour manger, puis je suis tombé sur Khai. Honte à moi.”

“Oui, le monde est petit. Asseyez-vous avec nous, tous les deux.” Le grand type m’aide, mais rien ne semble aller mieux.

“Non, non, je ne veux pas m’asseoir avec vous par hasard, je vais aller à la table du coin.”

“Laisse-moi t’accompagner par hasard, Bone. Attends-moi.”

Ces deux enfoirés se dirigent vers le coin du restaurant où les places sont privées. Je me dis déjà que je suis complètement foutu, mais ce n’est pas aussi terrible que lorsque mon téléphone et celui de Khai reçoivent des notifications en même temps.

Ding!

A cette seconde, je reprends mon téléphone dans cette grande main et j’ouvre rapidement les messages affichés sur mon écran d’accueil.  Et voilà.

BoneChone

Putain, mec, t’es nul à ça. Va apprendre à le faire correctement.

Tatt’oo

Nous vous avons vus tous les deux depuis le moment où vous êtes entrés.

*Photo*

BoneChone

Est-il si difficile de décortiquer les crevettes? Qui doit le faire à sa place?

*Photo*

Tatt’oo

Tu as même touché son pantalon dans le restaurant.

*Photo*

BoneChone

Tu as encore menti en disant que vous vous étiez rencontrés par hasard.

Tu me crois stupide?

Imbécile.

MEEEEEEEEEEEEERDE! Arrête de remuer le couteau dans la plaie. Arrête ça! Je suis tellement gêné que je ne sais pas où me cacher. Ces deux connards ont saisi chaque instant comme s’ils allaient faire un album photo. Ils ont même joué les imbéciles avec moi pendant un moment. On est toujours amis?

Humilié. Je suis tellement humilié.

Mais rien ne m’énerve autant que les nouveaux messages envoyés par quelqu’un.

K.Khunpol

On s’est fait prendre. Qu’est-ce qu’on fait?

On devrait dire à tout le monde qu’on sort ensemble, Third?

Sortir ensemble, mon cul, abruti!

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Nous rentrons à la maison, de l’amertume dans l'air. Mon humeur n’est pas encore stable, alors j’allume la musique vraiment fort pour me débarrasser de ma frustration causée par la personne à côté de moi.

Khai continue de plaisanter. Je m’emporte et le frappe fort sur la tête quand il change ma chanson. Je vous ai dit que j’avais agi avec fierté devant Too. Maintenant qu’il m’a attrapé, je suis tellement gêné que je ne sais plus où me cacher.

“Tu es contrarié?” Il a le culot de me tapoter la joue. Je vais le gifler avec le dos de ma main.

“Tais-toi.”

“C’est notre gang. Pourquoi es-tu gêné?”

“J’ai dit à Too que je n’irais pas avec toi.”

“Ah, tu ne peux pas changer d’avis à la dernière seconde? Ils ne nous taquineront pas plus de deux jours.” Bone a toujours taquiné Khai à propos de ses rêves humides jusqu’à maintenant.

Ils n’oublieront pas. Leurs cerveaux sont bons pour se rappeler des trucs de merde.

“Écoutons la musique. J’aime beaucoup celle-là. She will... be loved. Elle te mettra de bonne humeur si tu l’écoutes en conduisant.”

“Ne chante pas. Ta voix m’agace.”

“Je t’emmènerai voir un film demain.”

“Ça suffit. Je dois vraiment voir Chen demain. Tu devrais faire tes propres trucs.”

“Tu veux quelque chose? Je t’achèterai tout.”

“Je ne veux rien, et tu n’as pas à m’acheter des trucs comme tu l’as fait aux autres. Prends juste soin de moi comme un ami.” Je déteste cette putain d’habitude d’acheter des trucs pour gagner le cœur de quelqu’un. Ça peut marcher avec certaines personnes, mais je ne suis pas ce genre de personne.

Khai a été élevé dans une famille riche, traité et élevé comme un matérialiste. Quand nous nous sommes rencontrés la première année, je l’ai souvent vu apporter des snacks et des trucs aux autres, juste pour se faire des amis.

“Nous avons dépassé le stade où nous devions prendre soin l’un de l’autre en tant qu’amis.”

“En quoi est-ce différent de ce que tu m’as fait avant?” Pour parler franchement, je ne peux pas me concentrer entièrement sur la conduite en ce moment car mon esprit est focalisé sur ce que dira la personne à côté de moi.

“Mes sentiments sont différents. Je vais te dire quelque chose.”

“Hum.”

“Tu es sur le point de passer l’intersection. Mets ton clignotant à gauche.” Oh, c’est vrai, j’ai été pris conduisant alors que j’oubliais où aller. “Je vais continuer…”

“Attends, tu n’allais pas me parler de l’intersection?”

“Non, je vais te dire ce que j’aime chez toi. Je ne pense pas que nous sommes devenus meilleurs amis seulement parce que nous avons beaucoup de choses en commun.”

“Notre seule différence est le niveau de notre désir sexuel. Tu es au même niveau que Too et Bone.”

“Espèce de merdeux! Ce n’est plus romantique.”

“Ah oui?”

“Quand on s’est rencontrés et que j’ai pu te parler, c’était comme si tu avais ouvert mon foutu monde. Je suis entré dans le monde où tu m’as emmené pour faire quelque chose de sensé. Quand je disais que je n’aimais pas quelque chose, tu me disais d’ouvrir mon cœur et d’essayer, et j’ai fini par aimer ça…”

“…”

“Par exemple, j’ai toujours dit que je n’aimais pas les films romantiques, mais tu m’as quand même forcé à les regarder.”

“Tu aimes ça?”

“Certains d’entre eux. C’est mieux qu’avant quand je les détestais tous.”

“C’est bien pour toi.”

“Pendant les activités d’intégration de notre première année, je détestais le système senior-junior. Quand ils nous disaient de porter des chemises noires, je portais du blanc. Quand ils nous disaient de porter des baskets blanches, j’en portais des noires. Mais tu m’as dit de changer d’état d’esprit et d’essayer de comprendre davantage le système.” En repensant à cette époque, c’est assez drôle. Les seniors des Arts de la Comm affichent souvent les photos du légendaire Khai sur les tableaux d’activités.

Les photos de lui étant différent - lui portant du blanc au milieu d’un groupe portant du noir, sa coiffure bizarre et ses boucles d’oreilles géantes en forme de croix. Avec son look et son attitude de bad boy, la moitié des seniors masculins le détestaient. Je ne voulais pas qu’il comprenne le système, je voulais juste qu’il traverse cette période.

C’était mon intention, mais cela ne fera pas beaucoup de différence de le laisser penser comme ça.

“J’ai même eu cette pensée quand j’ai choisi la spécialité avant notre troisième année, de savoir si j’aimais vraiment étudier le cinéma comme je l’avais dit.”

“Est-ce que tu aimes ça? Ou est-ce une erreur?”

“J’aime ça. Je suis tombé amoureux.” Je regarde la grande silhouette à côté de moi. Ses yeux sont bizarres.

“C’est bien pour toi. Ce sera la carrière de toute ta vie.”

“Alors je continuerai à l’aimer. S’il te plaît, sois avec moi pour toujours.”

“Pourquoi supplier ta carrière maintenant?”

“Je ne l’ai pas dit pour ma carrière, je te l’ai dit à toi.”

“Tu ne manquerais pas une seule occasion de flirter. C’est pour ça que les filles se pâment devant toi.” Je change instantanément de sujet. Je le conduis à son immeuble et l’accompagne à sa chambre comme sa mère et sa sœur m’ont demandé de le faire.

“Je pars maintenant. On se voit demain.” Je lui fais un signe d’au revoir et je suis sur le point de me retourner, mais il est plus rapide. Sa grande main saisit mon poignet et me maintient en place.

“Il n’est pas encore tard. Entre. J’ai un DVD de l’Original Shop.”

“…”

“Je veux te le donner.”

Je pèse mes options pendant un certain temps, mais je finis par tomber dans le piège de ce sournois. Après que je me sois installé sur le canapé, Khai se dépêche de trouver le DVD avec détermination et me le remet.

“Spirited Away⁽¹⁾.”

“Ouais, je l’ai regardé une fois sur une chaîne du câble, mais je viens de t’acheter le DVD.”

“Tu n’aimes pas les films d’animations.”

“J’ai ouvert mon cœur maintenant.” Il s’assied à côté de moi sur le canapé, la main appuyant sur la télécommande, changeant chaîne après chaîne, les yeux fixés sur l’écran.

“…”

“Third... Quel genre de personne je suis à tes yeux?” Khai me pose soudainement cette question inattendue. Il n’est pas tard, donc il n’a probablement pas sommeil. Il n’est pas ivre parce qu’il n’a pas touché une seule goutte d’alcool. Pourquoi la personne qui ne se soucie jamais de personne a-t-elle posé cette question?

“Est-ce que tu t’en soucies?”

“Je ne me soucie pas de ce que les autres pensent. Je veux savoir ce que tu penses.”

“Une personne comme toi? Tu es une ordure qui utilise ton apparence, ton argent et tes belles paroles pour attirer les gens.” C’est la vérité évidente, car il est comme ça depuis des années.

“Est-ce que mon look, mon argent et mes belles paroles sont de mauvaises choses?” Il change encore de chaîne sans avoir l’air de vouloir s’arrêter bientôt, mais je m’en fiche et je réponds simplement à sa question.

“Ce sont de bonnes choses si tu les utilises correctement, mais tu les as trop exploitées.”

“J’ai arrêté de faire ça maintenant.”

“Ouais.”

Il s’arrête sur une chaîne de vieux films, mais nous savons tous les deux qu’aucun de nous ne fait attention au film. Nous regardons devant nous, mais nos esprits vagabondent sur notre conversation.

“Third.”

“Quoi encore?”

“As-tu déjà embrassé quelqu’un?”

“…” Oui, toi. Mais je choisis de rester silencieux. Pourquoi est-ce que j’évoquerais une chose aussi terrible?

“Ce doit être seulement moi. Je t’ai embrassé plusieurs fois, et tu as pleuré à chaque fois.”

“C’était parce que tu étais un idiot.” je rétorque. La première fois, il m’a embrassé et a appelé le nom d’une fille. La deuxième fois, c’était quand nous attendions les seniors au rez-de-chaussée du bâtiment de la faculté, et je lui ai dit qu’il me dégoutait.

Qui aurait pu savoir que ça l’avait blessé lui aussi?

“As-tu déjà embrassé quelqu’un sans pleurer?”

“…”

“Je suppose que non.”

“…”

“Tu veux savoir comment embrasser de manière satisfaisante? Je vais t’apprendre.”

“Pas besoin.” Je le rejette rapidement, mais ce que je reçois, c’est son sourire froid et son geste menaçant qui me pousse à m’enfoncer dans le canapé.

Khai se rapproche de moi jusqu’à ce que je sente son souffle sur mon visage. Il appuie sa grande silhouette sur mon corps, m’emprisonnant fermement. Mon cœur bat encore plus fort quand il dit la phrase suivante.

“Pour embrasser de façon satisfaisante, les mains doivent être entrelacées comme ceci.” Il entrelace ses doigts avec les miens jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace vide, me poussant jusqu’à ce que mon dos soit appuyé contre le dossier, puis il pousse nos mains entrelacées avec douceur, ne laissant plus de place pour s’échapper.

“…”

“Nous devons verrouiller nos regards comme ça.”

Je n’ose pas regarder ses yeux. Je ne le ferai pas, quoi qu’il arrive.

“Third, regarde-moi dans les yeux.”

“Laisse-moi partir, je retourne dans ma chambre.”

“Regarde-moi d’abord dans les yeux, et je te laisse partir.” Je réfléchis à ce qu’il a dit pendant un moment, puis je lève les yeux et je le regarde directement.

La façon dont il me regarde est différente de d’habitude. Il n’est pas ivre, mais je pense qu’il a assez perdu la tête pour faire quelque chose comme ça. Au moment où nos regards se verrouillent, la chaleur se précipite sur mon visage au point que vous pouvez me voir rougir si vous regardez bien.

Et c’est à ce moment que je sais que je suis complètement foutu.

“Il n’en faut pas beaucoup pour embrasser de façon satisfaisante. Tu dois juste ouvrir ton cœur et accepter mes sentiments, et j’accepterai tes sentiments comme ça.”

Avant que toutes les respirations du monde ne soient volées...

Avant que je ne réalise à quel point j’ai cédé aux actions de cet ami, il est trop tard.

Il a pressé ses lèvres chaudes sur les miennes, m’embrassant doucement et non avec force, nous donnant la chance d’absorber une sorte de sentiment, le sentiment de désir, peut-être.

Je ne peux que fermer les yeux, laissant la personne qui est au-dessus de moi prendre les commandes avec une telle habileté. Il met lentement sa langue dans ma bouche. Au début, mon corps sursaute un peu, mais mon esprit est trop vide pour penser à quoi que ce soit. Avant que je ne m’en rende compte, je ne me sens plus dégoûté d’être embrassé comme ça.

Sa langue chaude et humide se mêle à la mienne de façon taquine et habile, pleine d’émotions. Au début, ça commence doucement, mais bientôt, ça devient plus intense, comme s’il aspirait mon âme hors de mon corps. C’est tellement intense que je ne peux pas m’empêcher de gémir, de répondre au baiser.

C’est gênant, mais je ne peux pas m’en empêcher.

Je veux le repousser, mais j’ai aussi envie de lui. C’est une contradiction que je ne peux même pas décrire.

Ses belles lèvres sucent et mordent légèrement mes lèvres, ne me laissant pas reprendre mon souffle. Il met le bout de sa langue chaude entre mes dents et se fraye un chemin à l’intérieur, me taquinant, goûtant la douceur qui se trouve dans nos bouches.

Son emprise se resserre lorsqu’il ajuste l’angle de son beau visage pour nous rapprocher. Nos yeux, nos nez, nos lèvres, ils se fondent les uns dans les autres et deviennent une seule et même substance. Cela continue jusqu’à ce que l’oxygène dans mes poumons commence à manquer. La personne moins expérimentée que je suis est à bout de souffle, alors je fais un bruit de gorge pour protester.

Khai se retire docilement, me laissant respirer, mais ses yeux qui se fixent sur les miens sont encore pleins d’émotion.

Je le laisse m’embrasser encore et encore, sans aucune objection, car c’est la première fois que je fais l’expérience du bonheur d’un baiser, le bonheur que Khai m’a fait découvrir.

“Tu pleures encore. Mon baiser était si mauvais?” Sa voix profonde perce à travers le bourdonnement de mes oreilles, et je découvre que mes lèvres sont libres maintenant. Il tend la main pour essuyer mes larmes.

“Tu…”

“Que tu te sentes triste ou heureux, peux-tu garder ce sentiment à l’intérieur?”

“Mais je…”

“Chuuut, je suis possessif à propos de mes compétences. Ne les utilise pas avec quelqu’un d’autre.”

“…”

“Nous devons les utiliser uniquement l’un avec l’autre.”

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⁽¹⁾Titre original du film d’animation Le voyage de Chihiro.