• Bonus 2

    Bonus 2

    Cela fait cinq ans qu’Ohm et moi sortons ensemble. Cinq années de haut, de bas, mais surtout de beaucoup de bonheur et je ne voudrais échanger ma place pour rien au monde. Aujourd’hui, ma vie est celle de n’importe qui, même si je fais encore parfois des cauchemars et que j’ai peur, il y a toujours quelqu’un pour trouver les mots et me rassurer.

    Depuis notre première rencontre, nous allons une fois par an dans la maison de sa famille, c’est devenu notre rituel pour fêter l’anniversaire de notre couple. A chaque fois, me retrouver dans ce verger m’apporte une paix incroyable et j’aimerais un jour pouvoir y rester plus d’une semaine. 

    Cette année, j’ai d’ailleurs un grand projet, celui-ci ne m’a pas quitté depuis plus de six mois quand j’en ai rêvé une nuit. Je n’ai pas arrêté d’en parler à Ohm et je suis sûr qu’il doit en avoir marre, même si comme d’habitude, il ne dit rien. 

    — Tu es prêt ou tu comptes rester là à rêver ? 

    Je lève les yeux vers mon petit-ami et lui fait un grand sourire. Comme moi, il est vêtu d’habits qui ne craignent absolument pas et il porte une grosse boîte à outils. Je me redresse pour lui faire face et l’embrasse avant d’attraper sa main libre et l’entraîner vers la forêt derrière la maison. 

    On a tous les deux fini nos études, lui à ouvert une librairie et la développe avec l’aide de son père. Quant à moi, je suis enseignant, je travaille dans un collège et je me sens parfaitement bien dans mon élément. Ce n’est pas toujours facile, mais je ne regrette pas mon choix. 

    — Tu crois que l’on va vite la retrouver ?

    Même si on vient ici tous les ans, on va rarement dans la forêt. On passe notre temps à s’occuper du verger, à rencontrer les villageois qui sont maintenant devenus des amis et on profite d’être seul tous les deux pour se retrouver. Alors j’ai un peu peur que l’on soit incapable de retrouver la cabane, autant que j’ai peur de l’état dans lequel, elle doit être à présent.

    — Je pense oui, mais on risque d’y passer toutes nos vacances. 

    — Je sais… mais ce sera bien, quand elle sera retapée tu ne crois pas ?

     Il ne répond pas tout de suite à la question, il regarde pensif autour de nous et même si je fais semblant que ça ne m’inquiète pas, mon cœur palpite dans ma poitrine. Je sais qu’il me dit rarement non, même quand cela l’embête, alors parfois je force un peu trop et j’ai peur ensuite qu’il regrette et ne commence à m’en vouloir. 

    — Je sais que ça va te rassurer, même si je sais que notre projet ne dépend pas de la restauration de la cabane. 

    Je rougis quand il répond car je ne pensais pas qu’il aurait compris le symbole de mon obstination. Pourtant, je ne devrais pas être surpris, après tout, il me connait très bien, parfois même mieux que moi-même. 

    — Je sais, mais…

    — Arrête de te prendre la tête Nanon. Ça me fait plaisir de le faire avec toi.

    Il m’attrape par la nuque et m’embrasse sur le front en voulant chasser tout sentiment négatif de notre séjour. On est là pour se changer les idées, pour oublier ce qui est difficile dans nos vies et profiter de bons moments, alors je prends une profonde respiration et je lui souris. 

    — Alors allons-y. 

    Finalement, on retrouve la cabane assez facilement et on passe le reste de la journée à nettoyer la zone, défrichée les alentours et de faire le point sur les travaux à faire. Heureusement, le plancher est encore en bon état et il faudra surtout reconstruire les murs. Toutes les heures que l’on passe auprès de la cabane, on ne pense à rien d’autre, cherchant ensemble des solutions simples pour faire aboutir notre projet et faisant de très nombreuses pauses pour s’embrasser et se câliner. 


    Cela fait cinq jours que l’on se rend tous les après-midi près de la cabane et on apporte les dernières touches. Le sentiment d’accomplissement est puissant et fait un bien fou quand Ohm plante de dernier clou dans la planche pour maintenir la petite barrière qui entoure les lieux. Je ne peux pas m’empêcher de passer mes bras autour de sa taille et de poser ma tête entre ses omoplates en fermant les yeux. 

    — On a réussi… On ne doit pas baisser les bras Ohm.

    Je ne dis rien, mais contre mon oreille j’entends qu’il retient quelques sanglots alors que lui aussi est chamboulé par ce que l’on vient de réussir à faire. Ces derniers mois n’ont pas été simples et à de nombreux moment on a eu la sensation de ne plus rien maîtriser du tout et de se faire engloutir, mais là, on reprend le contrôle. 

    — On ne le fera pas, quel que soit le temps que ça prendra. 

    Il se retourne et me serre dans ses bras. Le moment est juste parfait, le chant des oiseaux nous encourage à garder confiance et à surmonter les obstacles pour obtenir ce que l’on veut. Je suis certain que l’année prochaine quand nous reviendrons ici tout sera différent, ce n’est pas possible autrement. 

    — Rentrons.

    On s’embrasse longuement avant de repartir vers la maison main dans la main avec une sensation de paix qui nous rend léger et on se prend même à discuter de tout et de rien, j’arrive même à le convaincre qu’il doit me lire un livre quand on rentrera à Bangkok, une habitude auquelle on ne se livre quasiment plus, mais qui me manque énormément. 

    Une fois rentrée je me dépêche d’aller sous la douche et j’apprécie que l’eau chaude me débarrasse de la transpiration de la journée et dénoue mes muscles pas vraiment habitués à ce genre d’activité physique. Je perds un peu la notion du temps et ressors un long moment après, une simple serviette autour de la taille. 

    Seulement, moi qui pensais passer une soirée tranquille à regarder un film dans les bras de mon homme, je suis surpris quand je vois ledit homme faire nos valises à toute vitesse et n’importe comment. 

    — Ohm ?

    Il se retourne vers moi et quand je vois son immense sourire, je me détends, même si je ne comprends pas vraiment ce qui se passe brutalement. 

    — On doit rentrer tout de suite… ça y est.

    Quoi ? Je reste immobile à le regarder sans comprendre de quoi il parle et lui est trop excité pour mieux s’expliquer alors qu’il recommence à lancer nos habits frénétiquement dans les valises. 

    — De quoi tu parles ?

    — Nanon… on y est, ils nous attendent…

    J’ai une réaction étrange car cette fois, je comprends et je me mets à pleurer et à rire en même temps. Je ne sais pas si mon rêve à permis que l’on vienne ici et que construire la cabane à débloquer la situation, mais… on y est, enfin. 

    On est tellement fébrile, que je suis sûr qu’on a oublié la moitié de nos affaires, mais à cet instant, plus rien ne compte à part rentrer le plus vite possible et pendant qu’Ohm nous ramène rapidement vers l’aéroport, moi je passe plusieurs coups de fil pour tout organiser. 


    Ohm me tient la main et m’empêche de courir dans l’aéroport, lui aussi est pressé, mais heureusement, il n’y a pas trop de monde et on retrouve rapidement Chimon et Perth qui nous attendent à la sortie. 

    — Tu as fait tout ce que je t’ai demandé ?

    Je ne prends même pas le temps de les saluer, je suis une véritable bombe à retardement. Je veux déjà y être, j’ai tellement peur que tout ça ne soit qu’un rêve que mes mains tremblent et j’appréhende de recevoir un appel qui nous annoncera que c’était une erreur. 

    — Évidemment, tout est prêt, ne t'inquiète pas. Allons-y.

    Perth tape sur l’épaule d’Ohm avec un grand sourire alors que Chimon essaie de me changer les idées tout en se dirigeant vers la voiture. Le trajet me semble interminable alors que Chimon parle pour essayer de combler les vides. Ohm et moi on se tient fermement la main et j’imagine qu’il partage le même état d’esprit que moi. 

    Enfin on arrive devant la grande bâtisse que l’on connaît maintenant par cœur puisque nous venons ici depuis dix-huit mois toutes les semaines. La prochaine étape de notre histoire se trouve derrière ses murs et quand la porte d’entrée s'ouvre, mon coeur loupe un battement. 

    — PAPAS !!!!!

    La petite fille de quatre ans passe la porte et nous aperçoit aussitôt. Elle lâche la main de sa responsable sans aucune hésitation et cours dans notre direction. Sans réfléchir je tends les mains et la réceptionne, la soulevant dans les airs avant de la serrer contre moi. 

    Ma vue est brouillée quand je lève les yeux vers celle qui nous a soutenu tout au long du processus d’adoption et qui approche lentement en tenant par la main notre fils de deux ans, le petit frère de Maha. Ohm s’agenouille et ouvre ses bras laissant Niew faire les derniers pas pour rejoindre sa famille. 

    Maha s’accroche à moi de toutes ses forces et très vite Ohm nous rejoint et on se serre fort l’un contre l’autre ayant du mal à réaliser que cette fois, c’est pour de vrai. Ce soir, les enfants vont dormir à la maison.

    — La décision est finalement tombé rapidement et cette fois c’est définitif, Maha et Niew sont vos enfants, dit la jeune femme avec un grand sourire. 

    — Merci… merci pour tout. 

    Elle hoche humblement la tête et après quelques recommandations et remise de document, retourne dans l’orphelinat pour s’occuper des autres pensionnaires. Maha est passé dans les bras d’Ohm en parlant avec excitation, alors que Niew lui beaucoup plus timide se laisse aller contre moi. 

    — Tontons !

    Maha gigote et rejoint nos amis qui nous attendent un peu plus loin alors que près des voitures, nos parents sont aussi excités que nous de retrouver leurs petits-enfants. 

    Notre décision de fonder une famille s’est vite imposée à nous et quand on a fait les démarches on a rencontré Maha et Niew, deux frères et sœurs qui avaient été abandonnés un jour devant l’orphelinat et ça a été le coup de foudre. Les démarches furent longues et difficiles, mais au fil des mois, nos liens se sont tissés de manière irrémédiable. 

    Ohm passe un bras autour de mes épaules avant d’embrasser la joue potelée de Niew puis la mienne. 

    — Demain, il faudra aller faire des mérites au temple. Tu as eu raison de suivre ton rêve, même si je n’y croyais pas vraiment. 

    Je souris puis on se met en route pour rejoindre nos familles et commencer le nouveau chapitre de nos vies.



  • Commentaires

    3
    Samedi 23 Décembre 2023 à 23:16

    Merci pour cete suite

    2
    Jeudi 21 Décembre 2023 à 21:52

    Merci pour cette belle histoire et ses bonus ^^

    1
    Jeudi 21 Décembre 2023 à 16:13

    Coucou

    Merci beaucoup pour cette superbe histoire :)

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