• 59ème Chaos

    59ème Chaos
    C’est la fin de la tristesse

    — On n'a plus le temps. Quelqu'un a-t-il des questions ? Si non, n'oubliez pas de terminer les questions pratiques à la fin du chapitre. Nontakorn, pouvez-vous me rendre les cahiers d'exercices de vos camarades de classe ?

    Ah… est-ce la voix de mon professeur ou la voix du paradis ? J'ai soudain un déclic lorsque je l'entends prononcer ces mots après avoir passé près de deux heures à somnoler.

    — Yaaawn.

    À ce propos, je baille fort pour annoncer au monde entier à quel point j'ai sommeil. Ma bouche est grande ouverte alors que j'étire tout mon corps. J'entends mes articulations craquer de bonheur. C'est tellement agréable. Qui aurait cru qu'essayer de garder les yeux ouverts pendant une longue période consomme beaucoup plus d'énergie que vous ne le pensez ? Alors que j'envisage de m'étirer pour la deuxième fois, Whin me tape sur l'épaule par derrière.

    — Noh, passe ça à Ohm ?

    Quoi encore ? J'accepte le petit mot qu'il m'a donné tout étourdi, puis je le remets à Ohm. 

    — T'es encore là, mec ?

    Comment ne pas me plaindre alors que ces salauds passent des messages depuis le début du cours. Personnellement, je trouve ça tellement ennuyeux. Chaque fois que j'étais sur le point de m'endormir, ce satané Win me tapait sur l'épaule parce qu'il avait un mot pour Ohm. À. Chaque. Fois. (Il a reçu le mot des gars derrière lui, pour être honnête.) J'étais tellement dépassé. Je n'ai pas pu faire de sieste du tout.

    Ohm accepte la note de ma part, mais au lieu de l'ouvrir et de la lire, il la froisse simplement. Eh ?! C'est quoi ce bordel ?! Je ne peux pas cacher la confusion sur mon visage quand Ohm jette la boule de papier à la tête d'Em. Le pauvre gars gloussait pour lui-même de l'autre côté de la classe.

    — Le cours est terminé, bande d'enfoirés ! Pourquoi vous passez encore des messages ?! J'ai trop la flemme de lire cette merde !

    Hahaha. Mais je suis d'accord. J'aurais fait la même chose. En voyant ça, je ris avec tous les autres. Pendant ce temps, Em arrache un morceau de papier de son cahier, le réduit en boule et le lance à la tête d'Ohm en représailles. Et juste comme ça, notre classe se transforme en un champ de bataille (de papier).

    Et les choses auraient probablement empiré si Wich, qui était de corvée de nettoyage aujourd'hui, ne s'était pas approché avec un balai et n'avait pas frappé Ohm à la tête avec. 

    — Va te faire foutre ! Je ne veux pas nettoyer toute cette merde ! Occupe-toi de ça !

    Ahahaha ! Bien fait pour sa stupide tête. C'est ce que tu obtiens ! Je suis mort de rire en regardant Ohm se frotter la tête. Puis, il fait remarquer qu'Em, qui rit au loin, devrait partager la responsabilité avec lui.

    — Aide-moi à nettoyer ça, connard.

    — Désolé, frérot. J'ai déjà fait des plans avec Gam. Hehe.

    Il jette rapidement ses affaires dans son cartable et s'enfuit. Ahahaha ! Tu es vraiment pire que Ohm aujourd'hui, Em ! Je ris tellement que mes yeux sont fermés. Je ne me doutais pas que les ennuis allaient arriver.

    — Em est un vrai connard aujourd'hui. Au moins, Noh est toujours là. Heh heh.

    Yo, yo, yo. Mon rire s'éteint lentement et je fixe le visage d'Ohm. Ses yeux sont clairement pleins d'intentions cachées.

    Et le temps que je réalise ce qui se passe, tout le monde s'est déjà échappé de la classe. Mec ! Vous vous êtes tous enfuis ?!

    — C'est quoi ce bordel ? Je n'ai rien à voir avec ça.

    Bordel de merde. C'est même pas à moi de nettoyer la classe aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui ai fait ce bordel non plus, et pourtant c'est moi qui dois payer pour ça ? Je me gratte la tête en m'énervant tout en acceptant un balai d'Ohm pour l'aider à balayer. Bon sang, je n'oublierai jamais ça.

    Nous prenons chacun un coin et balayons le sol. Après un petit moment, le téléphone portable d'Ohm commence à faire du bruit. Au début, j'ai cru que quelqu'un l'appelait, mais ce n'est pas la chanson de la dame Paew au cœur brisé. Et puis il y a aussi le fait que la chanson est entièrement jouée. À un moment donné, je décide de me retourner et de vérifier pourquoi cette chose ne veut pas se taire. C'est alors que je vois le propriétaire du téléphone en train de faire un grand sourire. Je vois. Il a délibérément choisi cette chanson pour que je l'entende. Je suppose qu'il veut créer une atmosphère plus agréable pour m'apaiser. Hé hé. C'est très bien. Au moins, tu réalises que tu me dois quelque chose. Hé hé hé. Je balance la tête sur les merveilleux rythmes de "Do You Miss Me ?" de Cocktail qui provient du téléphone d'Ohm.

    — Quelqu'un est vraiment de bonne humeur maintenant. J'aurais juré qu'il était sacrément grincheux plus tôt ce matin.

    Qu'est-ce que cet enfoiré essaie de dire ?! Je jette un coup d'œil à Ohm. Il est toujours en train de nettoyer la pièce, mais il y a une expression sournoise claire sur son visage.

    — Qu'est-ce que tu racontes ?

    — Hé hé hé.

    Et pourquoi tu ricanes, bordel ?! J'arrête de balayer et je mets mes mains sur mes hanches. Je lui lance un regard mais il n'arrête pas de rire.

    Ohm lève un de ses sourcils avant de révéler la raison.

    — Tu t'es soudainement égayé quand tu as entendu le mot en A de sa part, Napat !

    Salaud ! Tu te moques de moi ?! Je lui lance immédiatement un regard noir.

    — Vraiment très drôle ! Si tu as le temps de parler, tu as le temps de balayer ! Allez !

    Arrête de perdre du temps. Je le gronde silencieusement tout en faisant semblant de continuer à nettoyer, mais il refuse de s'arrêter.

    — Tu peux vraiment être jaloux ? Je vais être honnête, c'est choquant pour moi.

    Qu'est-ce que tu veux de plus de moi, mec ?! Je passe de faire semblant de balayer le sol à lui lancer un regard noir. Néanmoins, il continue à parler tout en balayant.

    — Mec, si ce bâtard pouvait te dévorer tout entier, il le ferait. Il est vraiment à fond sur toi. Il ne te trompera jamais, je parie n'importe quoi là-dessus.

    Bon sang... combien il t'a payé pour dire tout ça ?! Je lui lance un regard confus, mais comme il repasse en mode nettoyage, je décide de ne rien dire de plus.

    Tous les deux, on balaie tranquillement le sol. Il n'y a que la musique du petit téléphone portable qui remplit la pièce. J'utilise ce temps pour réfléchir.

    Plus j'y pense, plus je réalise finalement que j'ai fait une énorme erreur en ne faisant pas confiance à Phun alors qu'il a été sincère avec moi et qu'il m'a montré ce qu'il ressentait pour moi tout le temps. Pas un jour ne passe sans que je ressente l'amour qu'il me porte.

    Pourtant je pensais que Phun était capable d'avoir des sentiments pour quelqu'un d'autre ?

    Je suis une personne affreuse.

    Pffff... Il n'y a rien d'autre que je puisse faire à part expirer bruyamment. Je ne sais pas comment je peux améliorer les choses. C'est alors que "Trust" de Jetset'er commence à jouer sur le téléphone portable d'Ohm. C'est un rappel du moment où Phun m'a dit qu'il avait confiance en moi.

    Par conséquent, je devrais le respecter en ayant foi en lui aussi.

    — Hey, je dois y aller.

    Une fois que je m'en suis rendu compte, ces mots sont sortis de mes lèvres immédiatement. Ohm fait une grimace parce qu'il est vraiment surpris par ça.

    — Où vas-tu ?! Nettoie le tableau d'abord !

    — Fais-le toi-même. C'est tout ce que je peux faire pour t'aider. À plus !

    J'insiste pour partir en ayant déjà mon sac à la main. D’un simple regard, Ohm sait probablement déjà où je vais et qui je vais voir.

    — Ok... très bien. On a un entraînement aujourd'hui, alors viens tôt au club.

    — Ouais, je n'oublierai pas. Je serai là tôt. On se voit à la salle du club.

    Je donne ma parole à Ohm en lui faisant un signe de la main avant de me précipiter pour aller voir une certaine personne au bureau du conseil des élèves à l'étage du dessous. 

    Cependant... le bureau est fermé à clé alors que l'école est déjà terminée. Normalement, cet endroit devrait être plein de gens. Où diable sont-ils tous allés ? Je me gratte la tête en réfléchissant. Aujourd'hui est un jour spécial, ce qui signifie qu'ils sont probablement à...

    … la salle de conférence du neuvième étage ?

    C'est ce que je me dis en retournant prendre l'ascenseur pour me rendre au neuvième étage. La finale du concours national d'économie pour les lycéens a lieu maintenant et notre école l'accueille. Mais comme je dois aller aux toilettes, je m'arrête au septième étage pour y utiliser les toilettes. Je suppose qu'il y a beaucoup de gens qui attendent pour utiliser celles situées au huitième et au neuvième étage.

    Et j'avais raison. Le septième étage est complètement vide, ce qui signifie que les toilettes devraient l'être aussi. Je fredonne joyeusement en me dirigeant vers les toilettes. J'aurais pu me soulager si je n'avais pas été témoin de quelque chose juste en face de moi.

    Pam est dans les bras de Phun. Il lui caresse doucement les cheveux avec sa main, comme il le fait avec moi. Tout est clair comme de l'eau de roche. Je vois cela de mes propres yeux. Je suis obligé d'être témoin de ce qui se passe devant moi. Je peux sentir son toucher. Je me souviens de sa chaleur. Je me souviens combien il me faisait sentir à l'aise. Mais aujourd'hui, ces merveilleux souvenirs me déchirent intérieurement. Chaque partie de ma poitrine est douloureuse

    La dernière chose que je vois est l'expression choquée de Phun. Ce n'est qu'un court instant avant que je ne tourne le dos à ces deux-là et que je ne descende les escaliers en courant. Je peux entendre la voix familière qui appelle mon nom. Ça me fait encore plus mal parce que ça m'est familier. Et réciproquement, plus je réalise à quel point je l'aime, plus la douleur s'accumule en moi.

    Je me force à courir jusqu'à ce que j'arrive à la salle du club. Phun n'est pas venu me chercher.

    Je sens que le Phun que je connaissais avant s'efface.

    — Mum, c'est quoi ce bordel ?! Tu as la taille d'un taureau et c'est toute la force que tu as ?! Souffle plus fort ! Tu sais quoi, trois tours de terrain. T'as intérêt à ne pas revenir avant d'avoir fait trois tours ! hurle Ohm sur un élève de première année et toute la salle est mortellement silencieuse pendant ce temps. Ce n'est pas souvent qu'Ohm perd les pédales comme ça. Mais à chaque fois que cela se produit, je suis généralement là pour consoler celui qui a gagné le gros lot.

    C'est juste que j'arrive à peine à me contenir et encore moins à aider quelqu'un d'autre pour l’instant.

    — Mum pleure encore, Phi Noh.

    Knott m'en informe calmement. Il me donne un léger coup de coude pour que je me tourne dans sa direction. Je peux voir Nong Mum essuyer les larmes de son visage en quittant la salle du club. Pendant ce temps, Ohm dit au reste des membres du groupe de retourner s'entraîner.

    — Ouais... eh bien, j'ai envie de pleurer aussi, murmuré-je pour moi-même en ajustant les doigts de Knott sur le violoncelle. 

    — Eh ?! Qu'est-ce qui ne va pas, P' ?

    Ce bâtard m'a en quelque sorte entendu.

    Réalisant cela, je lui souris rapidement pour le cacher. 

    — Oh, rien. Je suis sur le point de pleurer parce que tu n'arrives pas à faire ça bien. Hé hé. Je t'ai dit de mettre ce doigt juste ici. Tu veux aller faire des tours de piste aussi ? Hé hé hé.

    — Ah... ne sois pas cruel, Phi. J'ai commencé à apprendre, il y a seulement deux jours, se plaint Knott et il se retourne pour reprocher à Per d'avoir ruiné sa concentration. 

    Cela... n'a aucun sens, car la salle entière regorge de toutes sortes d'instruments en train de jouer. Presque tous les membres du club sont là ce soir.

    Je me moque des deux enfants et de leur petite dispute qui se transforme en une petite guerre avec les baguettes de tambour. Tout le monde dans la pièce s'esclaffe aussi. L'atmosphère tendue de tout à l'heure s'estompe lentement. C'est drôle d'essayer d'apprendre au petit Knott à jouer du violoncelle. Il fait la moue parce qu'il a du mal à en jouer. (Il est doué pour tout, sauf pour ça, je suppose.) J'ai beau rire, j'ai beau sourire... mais je me sens complètement à l'opposé à l'intérieur.

    Je ne m'en suis pas rendu compte avant, mais j'ai regardé la porte en espérant que quelqu'un entre tout ce temps.

    Mais la vie est pleine de déceptions.

    J'aurais dû m'en douter. J'aurais dû savoir que les choses entre nous deux se termineraient de cette façon.

    — Il est presque 20 heures, on arrête l'entraînement maintenant ? demande Film tout en aidant Knott avec la dernière note. 

    Je vérifie hâtivement ma montre et découvre qu'il a raison.

    — Ouais, ouais, ouais. On ferme. Désolé, mec. J'ai oublié de vérifier l'heure.

    Je lui réponds et il se met à crier pour le faire savoir à tout le monde dans la salle. 

    — La répétition est terminée ! Rangez vos affaires et ramenez vos culs à la maison !

    Merde... vraiment. Tu n'aurais pas pu être plus gentil, salaud ?

    Je secoue la tête et ricane pour moi en aidant Knott à ranger les pupitres à partitions et à remettre le violoncelle dans son étui. Au même moment, les autres gars rangent leurs instruments. J'aide les autres à ranger leurs affaires et je fais signe à ceux qui partent. Finalement, il ne reste plus que les élèves de première pour terminer le nettoyage de la salle.

    — Je pense que c'est bon, Noh. Il n'y a pas besoin de ranger tout ça. Ngoi doit les saisir demain matin de toute façon, dit Art en désignant l'énorme pile de documents qui doivent encore être ajoutés sur l'ordinateur. 

    Il a raison, c'est mieux comme ça, on ne perdra pas de temps. J'acquiesce à sa suggestion avant de vérifier que tout est en ordre et de prendre mon cartable.

    — Vous n'oubliez rien, c'est bon ? Je vais éteindre les lumières.

    J'interpelle les gars qui sont en train de mettre leurs chaussures dehors. Ils répondent en criant et personne ne proteste. J'éteins toutes les lumières et quitte la pièce pour pouvoir mettre mes chaussures à mon tour.

    Mais alors, je vois quelqu'un qui m'attend dehors.

    — Phun...  murmuré-je en voyant celui qui se tient devant moi, surtout parce que je suis surpris de le voir ici. 

    Mais une seconde plus tard, les sentiments horribles de tout à l'heure me frappent comme un camion.

    — Quoi de neuf, Phun ? Tu attends Noh ? Pourquoi tu n'es pas rentré pour attendre ? Il y a une putain de tonne de moustiques ici, demande Film au secrétaire du conseil des étudiants.

    Un petit sourire se dessine sur le visage de Phun et il répond aux questions. 

    — Je voulais juste changer de décor. Noh, on rentre ensemble ?

    Qu'est-ce qui peut bien lui faire penser que je veux rentrer avec lui ?

    — Ohm, ça te dérange si je reste un peu chez toi ce soir ?

    Je ne réponds pas à son invitation et tourne mon attention vers Ohm à la place. Ce dernier a l'air confus, mais je pense qu'il est capable de décrypter mon visage et de trouver les réponses à plusieurs de ses questions.

    Ohm me regarde, puis regarde Phun, avant de lâcher un long soupir. 

    — C'est entre vous deux et je ne veux pas m'en mêler. Allez discuter tous les deux. Mais si ça tourne mal, tu peux venir me voir.

    Ohm sait toujours ce que j'ai en tête. Il sait toujours ce que je pourrais penser ou planifier de faire. Et cette fois, il sait que j'essaie de m'enfuir. La raison pour laquelle je veux courir, c'est que je ne sais même pas ce que je peux dire à Phun. Rien qu'à le voir ici, je me sens épuisé. J'ai peut-être voulu qu'il vienne me trouver pour qu'il m'explique tout avant, mais là, je ne suis pas du tout prêt à entendre ce qu'il a à dire.

    Ohm me presse fortement l'épaule pour m'encourager. Il me fait un petit sourire avant de partir rejoindre Film et les autres. Il me laisse là, seul, avec la personne qui m'a fait souffrir.

    — Tu veux aller manger quelque chose ensemble ?

    C'est vraiment quelque chose qu'il doit me demander maintenant ? J'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre et je me retourne pour regarder son visage, juste pour m'assurer que ce type, qui a piétiné mon cœur plus tôt dans la journée, a l'audace de me demander si je veux manger quelque chose avec lui. Il agit sérieusement comme si rien ne s'était passé ?

    — Je rentre à la maison. Je suis fatigué, réponds-je sans hésiter. 

    Je m'éloigne, avec l'intention de rentrer chez moi comme je l'ai dit, mais une main s'empare rapidement de mon bras.

    — Noh, ne me dis pas que tu as pris ce que tu as vu à coeur.

    Et maintenant il dit ça comme s'il ne pouvait pas y croire. Alors ce que je ressens en ce moment est ridicule, c'est ça ? Le fait que je sois triste et déçu est complètement ridicule pour lui ?

    Je me retourne pour lui donner une réponse claire. 

    — Je ne sais pas quelle partie de ton cerveau tu utilises pour me poser cette question stupide. Je n'ai rien à te dire. Je rentre chez moi pour pouvoir dormir.

    Je suis tout à fait sérieux. Il est pris au dépourvu et j'en profite pour éloigner mon poignet de lui. Puis, je me dirige rapidement vers la grille de l'école.

    Mais l'autre personne me suit. 

    — Attends ! Tu es vraiment à côté de la plaque, Noh ! Il faut qu'on parle !

    Il m'appelle de sa voix grave pour que je m'arrête de marcher. Nous faisons des allers et retours et l'agent de sécurité à l'entrée nous jette des regards étranges.

    — Qu'est-ce qu'il y a à discuter ? Je suis épuisé, ok ? Peu importe ce que tu veux me dire, tu peux le dire demain, dis-je, mais pas trop fort.

    Je n'essaie pas de provoquer une dispute. Phun sent que je suis sérieux et il s'arrête dans sa course. Pendant un moment, je me dis qu'il va sûrement se rendre, mais Phun me tire vers le bas pour que je m’assoie sur le trottoir avec lui.

    — Pas question ! Je ne vais pas te laisser partir alors que tu es comme ça ! Tu dois mal comprendre quelque chose.

    — …

    Je ne suis pas celui qui lui doit une explication.

    — Hé, il n'y a vraiment rien entre Pam et moi. C'est quoi le problème ? Honnêtement, je ne pensais pas que ça te dérangerait autant.

    Je force un petit rire parce que je n'ai pas envie de me disputer avec lui.

    — Allez, Noh. Tu es vraiment contrarié à cause de Pam ?

    Un moment passe et Phun a probablement compris que je ne suis pas d'humeur à discuter avec lui, alors il s'accroupit en face de moi. Il me regarde dans les yeux comme s'il essayait d'obtenir une réponse de ma part.

    — Écoute-moi bien. Il n'y a rien entre elle et moi. Ce n'est pas ce que tu penses. Et sache ceci. Je t'aime. Mets-toi bien ça dans ta stupide tête, dit-il lentement en énonçant chaque mot. 

    Puis, il me frappe la tête si fort que je tombe presque en avant. Putain ! C'est comme ça que tu essaies de te faire pardonner ?! Salaud ! Je relève la tête et je prévois de lui rendre la pareille. Et j'aurais commencé cette guerre si une douce voix qui ne m'est pas trop familière ne nous avait pas interrompus.

    — Phun ! Tu es encore là ?

    — Oh… Pam !

    Ha et maintenant quoi ?! Je regarde la personne dont le nom a été appelé. Il a une expression choquée sur le visage, mais il tend la main et m'attrape parce qu'il sait que je suis sur le point de m'enfuir.

    — Tu es toujours là ?

    Pam répète sa question et elle me sourit. Je ne peux pas m'empêcher de me forcer à lui sourire en retour.

    — Oui, et toi ? Je croyais que tu étais partie il y a un moment ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

    — Oh, je suis allée dîner dans le coin. Je viens de finir et j'ai vu que tu étais encore à l'école alors je suis venue te remercier pour cette journée, répond-elle sur son ton doux avec un sourire sympathique. 

    C'est suffisant pour que j'expire bruyamment et que Phun resserre sa prise sur moi.

    — Je vois. Alors... tu vas bien maintenant ?

    — Ouais. Je vais bien maintenant.

    Je remarque que les yeux de Pam semblent un peu tristes, mais ensuite elle sourit et se tourne pour crier à son ami qui attend dehors.

    — Mike ! Viens! ici ! C'est Phun, celui dont je t'ai parlé !

    Hm ? C'est qui, lui ? Je lève les sourcils quand je vois le type nommé Mike qui s'avance lentement vers nous.

    — Ah. Bonjour, Phun. Pam m'a tout raconté. Merci beaucoup de t'être occupé de ma petite amie.

    H… hein ? Quoi...? Je sais que je ne suis pas en train d'imaginer ça, Phun me sourit vraiment.

    — Aucun problème, répond Phun au dénommé Mike avant de se tourner vers moi pour me faire un sourire moqueur. Rentre bien chez toi, d'accord ? Il y a toujours l'année prochaine, Pam. Courage.

    — Oui, oui. Vous deux, prenez soin de vous.

    Pam nous dit au revoir en gazouillant. Le couple nous fait signe et s'en va ensemble. Maintenant, il n'y a plus que Phun et moi.

    — Hé hé. Quelqu'un était totalement jaloux. Hé hé hé.

    Qu… quoi ?! Trou du cul ! Jaloux ? Même pas !

    J'écarquille les yeux devant lui et refuse de lui donner satisfaction. 

    — Eh bien, qu'aurais-tu fait si tu avais vu ce que j'ai vu ?!

    — Je t'aurais attrapé par le cou pour qu'on puisse en parler tout de suite. Hé hé.

    Regardez ! Il est encore pire que moi ! Je le houspille, me sentant irrité à la fois contre lui et contre moi-même pour avoir réagi de façon si excessive.

    Un doux sourire se dessine sur le visage de Phun. Il s'assied à côté de moi et me tapote légèrement l'épaule. 

    — Pam n'a pas réussi à se qualifier pour le dernier tour. Elle était vraiment bouleversée et je l'ai consolée. C'est tout. Il n'y a rien de plus que ça. Quand je l'ai serrée dans mes bras, ça n'avait rien à voir avec ce que je ressens quand je te serre dans mes bras. Tu me crois, n'est-ce pas ?

    — Ouais…

    Je lui donne une réponse courte à sa longue explication parce que j'essaie encore de comprendre pourquoi j'étais si irrationnel aujourd'hui.

    — Noh, tu n'as jamais réagi comme ça avant. Quelque chose te tracasse ? C'est pour ça que tu étais si inquiet ?

    Phun se pose les mêmes questions que moi.

    Quel est le problème avec moi ?

    Le silence se fait entre nous. Il n'y a que le bruit des voitures qui passent à l'extérieur. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé au moment où Phun laisse échapper une longue expiration.

    Il fait doucement glisser sa paume chaude sur le dos de ma main.

    — Écoute, je ne sais pas ce que tu traverses en ce moment. Mais je veux juste que tu saches que ce que je ressens pour toi n'a pas changé du tout. J'aimerais que tu aies plus confiance en moi, c'est possible ?

    Et c'est quelque chose que j'aimerais faire, mais... 

    — Je ne sais pas, c'est comme... ces derniers temps, je me sens étrange.

    — Étrange comment ?

    Je déglutis une fois avant de continuer à parler. 

    — J'ai l'impression que... ta vie serait tellement mieux sans moi... je ne sais pas.

    Et avec cette réponse, le ton habituellement doux de la voix de Phun se durcit soudainement. 

    — Pourquoi te sens-tu comme ça, Noh ?

    Ce n'était pas du tout mon intention de le mettre en colère. 

    — Comment je pourrais ne pas l'être... quand tous les problèmes dans ta vie viennent de moi ? Tu as des problèmes avec ta famille à cause de moi. Ta vie est un gâchis à cause de moi. C'est au point que j'ai commencé à penser que... peut-être que si tu sortais avec une jolie fille d'une grande école comme Pam, alors ta vie serait beaucoup plus simple. Tu pourrais dire à tes parents avec qui tu sors sans t'inquiéter. Tout irait tellement mieux pour toi... Je ne sais pas... C'est ma faute si tu es…

    Je déverse les pensées que j'ai gardées pour moi depuis tout ce temps. Cependant, je ne peux pas finir ce que je veux dire parce que j'ai peur que ce soit trop dur à gérer pour lui. Et cela doit être le cas, car Phun est silencieux.

    Il fixe mon visage figé, puis ses lèvres se recourbent lentement en un petit sourire.

    — C'est pour ça que tu te sens si nerveux ?

    — Eh bien... oui, réponds-je, en me sentant un peu confus. 

    Phun me tire par le bras pour que je me tienne debout avec lui.

    — Alors allons arranger ça pour que tu te sentes mieux. 

    H… hein...? Quoi ?! Je suis complètement déconcerté. Phun me traîne jusqu'à la porte de l'école et il hèle un taxi en criant...

    — À Thong-Lor, s'il vous plaît !

    Quoi ?!

    Me voilà donc assis dans un taxi, l'air abasourdi parce que je ne sais pas du tout ce qui se passe. Pendant ce temps, le bel imbécile chantonne joyeusement. Il a une expression sournoise sur le visage et ça me donne des frissons. Il est vraiment effrayant et je commence à me demander s'il ne m'emmène pas quelque part pour me faire quelque chose d'horrible. Je pense à l'attraper par le cou pour qu'il m'explique, mais le chauffeur de taxi freine si fort devant le manoir de Phumipat que je manque de perdre l'équilibre.

    C'est quoi ce bordel ?! Il n'y avait pas d'autres voitures sur la route ?! Est-ce vraiment le Thong-Lor que je connais ?! La vie est tellement injuste. Pourquoi la chance est toujours du côté de Phun ?!

    Je reste bouche bée quand je vois la porte familière du manoir Phumipat. Le fils de ce manoir sourit en payant le taxi et en me tirant hors de la banquette arrière.

    — Qu... qu'est-ce que tu comptes faire ici ?!

    Je dois demander parce que son sourire est plutôt déconcertant, bon sang ! Mais ce fauteur de trouble continue à avoir ce sourire effrayant sur son visage.

    — Viens ou on va être en retard.

    En retard ?! En retard pour quoi ?! Je n'ai pas le temps de protester que Phun me traîne par les deux bras à travers la petite porte du portail.

    Je suis lentement le type qui fredonne et qui semble être de bonne humeur. D'un autre côté, je transpire à grosses gouttes et je suis presque sûr que le dos de ma chemise est trempé. Mon anxiété s'aggrave quand je remarque que la voiture de son père est garée dans le garage.

    — Phun... qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu dois me le dire d'abord !

    J'ai le droit de savoir ! Tu ne peux pas me forcer à faire ça ! Je fais de mon mieux pour ramener mes bras en arrière, mais il les tient trop fermement. Il n'a pas l'air de vouloir me dire quoi que ce soit non plus. Tout ce que j'obtiens, c'est une expression de raillerie de sa part.

    — Je ne te le dirai pas !

    — Espèce d'enfoiré ! Si tu ne me le dis pas, je te jure que je n'irai pas là-dedans !

    — Mais c'est trop tard pour ça

    Et il a raison, car Phun et moi sommes maintenant devant la porte d'entrée.

    Je peux entendre le son étouffé des nouvelles du soir venant de la télévision, ça veut dire que ce n'est pas Nong Pang là-dedans. Comment puis-je ne pas paniquer et ne pas avaler de travers en ce moment ?

    — Fais-moi confiance.

    C'est étrange comme les simples mots de Phun fonctionnent comme un sort magique qui me débarrasse de toutes mes inquiétudes. Je le regarde à nouveau dans les yeux et je décide de le suivre à l'intérieur.

    — Papa…

    Oh, bon sang ! Tu vas l'appeler comme ça ?! Je suis tellement surpris que j'ai dû faire trois pas en arrière quand j'ai entendu Phun appeler son père qui regarde la télévision dans le salon. Je prie pour que le propriétaire de ce manoir soit trop concentré sur les informations et qu'il n'entende pas son fils, même s'il parle fort. Mais il semble que Dieu ne soit pas de mon côté, comme toujours.

    — Oui ? Tu viens de rentrer, pourquoi tu ne vas pas d'abord ranger tes affaires ?

    Il y a un autre coup dur, parce que je peux deviner ce que le gars à côté de moi a l'intention de faire.

    — Papa…

    Phun appelle son père une fois de plus, même si son père est déjà face à lui. On dirait que Phun réfléchit à quelque chose.

    — …

    Cependant, il n'y a pas de réponse venant de l'adulte en face de nous. Je sais qu'il connaît la raison pour laquelle nous sommes tous les deux debout ici, hésitant à dire quelque chose.

    Phun prend une profonde inspiration avant de commencer à parler. 

    — Je sors avec quelqu'un.

    Merde ! Tu es vraiment en train de faire ça ?! Je cligne rapidement des yeux pour chasser mon vertige. Peut-être que j'entends des choses ? Peut-être que je vois des choses ? Mais ce n'est pas le cas. Devant moi, Phun et son père sont là, debout, face à face, comme avant. Rien n'a changé.

    Soudain, l'atmosphère à l'intérieur du manoir devient tendue. 

    — Alors tu es prêt à parler de ça maintenant, vaurien ?

    — Seulement parce que j'ai décidé que je voulais te le dire.

    Ne lui réponds pas, bon sang ! Ugh, j'ai mal à la tête. J'ai besoin du sel parfumé que je garde dans ma poche mais tout ce que je trouve c'est mon téléphone portable. Merde, je l'ai oublié dans la salle du club.

    L'ambiance est incroyablement stressante et je commence à me sentir très mal à l'aise.

    — D'accord, alors qu'est-ce que tu veux me dire ? demande son père en enlevant les lunettes qu'il utilise pour regarder la télévision. C'est un signe que son attention est entièrement tournée vers son fils maintenant. En même temps, Phun semble être plus confiant.

    — J'ai passé plusieurs nuits à réfléchir à tout cela. Je me suis demandé pourquoi tu fais ça et pourquoi tu me mets la pression pour que je te le dise.

    — ...

    — Et puis j'ai trouvé la réponse. C'est parce que tu m'aimes, c'est pourquoi tu ne veux pas que je finisse comme Phi Pao. Mais en faisant cela... tu m'as fait réaliser que tu n'as jamais eu confiance en moi.

    — Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, dit le père de Phun de sa voix profonde après avoir écouté en silence et mon cœur s'arrête presque de battre. Mais as-tu déjà pensé à la durée de cette relation à ton âge ? Tu peux le prendre au sérieux, mais elle, le fait-elle ? Tu es assez naïf et confiant. J'ai vu beaucoup trop de gens regretter les décisions qu'ils ont prises par la suite. Et si vous aviez la malchance de vivre ce que Pao a dû vivre ? Il y a de fortes chances que ça arrive parce que tu es mon fils. Tous les yeux sont sur toi. Les reporters creusent et creuseront profondément dans ton passé. Ils n'hésiteront pas à exposer au monde toutes les choses horribles qu'ils auront pu trouver. Si ce jour arrive, seras-tu encore capable de te tenir ici et de me dire que tu peux tout gérer ? Votre relation vaut-elle vraiment la peine de prendre ce risque ?

     

    — Elle en vaut la peine.

    — Comment ça ?

    — Je n'ai pas peur. Et je me fiche de ce qui pourrait m'attendre dans le futur.

    — ...

    — Je ne peux pas te dire combien de temps cela durera ou si cette personne est assez bien pour moi ou pas, papa. Mais on s'aime. C'est la personne que j'aime. Et je ne changerai jamais d'avis, quoi qu'il arrive. Même si je finis par avoir le cœur brisé. Même si un destin cruel m'attend. J'endurerai tout ça. Je ne craquerai pas. Tu ne m'entendras jamais dire que je regrette d'avoir choisi d'être avec cette personne, papa. Jamais, au grand jamais.

    Le salon est silencieux pendant un long moment. La télévision est toujours allumée, mais je n'entends rien. De dos, Phun semble très déterminé et inflexible. Je suis impressionné par ses actions courageuses. Mais en même temps, je me déteste d'avoir des doutes sur cette personne que j'aime tant.

    Le père de Phun s'approche de lui. Ils sont si proches qu'ils se touchent presque. Son père prend son bras et serre fortement l'épaule de Phun.

    — C'est tout ce que je voulais entendre. Pendant un moment, j'ai cru que tu ne serais pas un homme. Alors, si quelque chose arrive, tu n'auras pas peur d'eux, n'est-ce pas ?

    — Oui.

    — Et tu ne prononceras jamais le mot regret devant moi ?

    — C'est exact.

    — Tu y as bien réfléchi ?

    — Oui, je l'ai fait.

    — Mon fils a besoin d'être fort, tu te souviens que je te l'ai dit, n'est-ce pas ?

    — Je suis heureux de pouvoir m'appeler ton fils, papa.

    J'ai les larmes aux yeux en voyant le père et le fils se serrer l'un contre l'autre. Je ne sais pas vraiment si c'est du bonheur, du soulagement ou peut-être les deux. Pfff. Phun se retourne discrètement pour me faire un sourire avant de retourner parler à son père.

    — Ce n'est pas adorable ? Tu es aussi comme ça quand tu es avec elle ?

    — Je n'essayais pas d'être adorable, je te disais juste ce que je pensais.

    Écoutez ce type qui ment comme un arracheur de dents. Le propriétaire du manoir de Phumipat rit bruyamment avant de donner un petit coup sur la tête de son fils.

    — Sors avec qui tu veux. Si tu es si sûr de toi, ta mère et moi n'aurons plus à nous inquiéter. Rester vague et refuser de dire des choses comme ce que tu faisais n'est pas bon pour le cœur de ta mère. Oh, Noh ? Qu'est-ce que tu fais debout là ? Tu es là pour le soutenir moralement ?

    Euh... je ne sais pas, en fait. Je me gratte la tête plusieurs fois et je lui fais un sourire gêné.

    — Tu pourras faire savoir à sa copine que ce type s'est opposé à moi juste pour défendre ses convictions ? Ha ha, je me demande où il a trouvé ça.

    — De toi, papa. Bref, je crois que je vais aller prendre une douche, dit Phun avec un sourire narquois sur le visage. 

    Je tremble et un frisson me parcourt l'échine.

    — Vas-y. Et toi, Noh ? Tu passes la nuit ici ou tu rentres chez toi ? Si tu rentres, mon chauffeur te conduira.

    — Je vais...

    — Noh reste ! J'ai déjà appelé ses parents pour leur dire.

    Menteur ! Je louche sur Phun, mais ça n'a pas l'air de l'affecter.

    Le propriétaire du manoir Phumipat me sourit avant de retourner sur le canapé et de se remettre à regarder les informations. 

    — Alors vous feriez mieux d'aller vous laver et de commencer à faire vos devoirs. Ne veillez pas trop tard.

    — Oui, papa ! On va s'y mettre tout de suite !

    Attends. Je ne pense pas que ton père parle de ce genre de devoirs. Je devine ce que pense Phun à la façon dont il me reluque. Je lève la main, avec l'intention de lui faire un doigt d'honneur, mais il me tire par le bras jusqu'aux marches avant que je puisse faire autre chose. Espèce de salaud !

    Grincements. 

    Claquement !

    — Alors comment tu vas ? Tu te sens mieux maintenant 

    Euh... tu me demandes ça à la seconde où tu fermes la porte. Je n'ai pas eu le temps de me faire à l'idée.

    — Eh bien... je suis dans le flou. Tu as été plutôt courageux quand même.

    Si j'étais lui, je me serais complètement dégonflé. Hahaha. Je lui réponds en jetant mon cartable sur le canapé et en déboutonnant ma chemise. Phun est occupé à se servir de la télécommande pour allumer le climatiseur.

    — Je l'ai fait pour toi, alors maintenant tu peux arrêter de t'inquiéter.

    C'est vrai, maintenant ? Je fais semblant de lui adresser une grimace, comme si je ne le croyais pas. (En fait, je le crois, mais je veux juste l'embêter, d'accord ? Haha.) Phun fronce les sourcils comme un gamin en arrêt de jeu.

    — C'est quoi cette tête ? Viens par ici. Viens plus près, dit Phun avec un mouvement de la main et je lui lance un regard d'appréhension. 

    Il ne s'arrête pas et j'ai peur qu'il se casse le poignet, alors je cède et je m'approche de lui. Je regrette immédiatement ma décision, car avant que je puisse arriver à l'endroit où se trouve Phun, il m'attrape pour me serrer fort dans ses bras.

    Il appuie son nez sur ma joue sans me laisser la moindre chance de résister. 

    — Eh bien ? Je peux avoir ma récompense maintenant ? Qu'est-ce que tu as pour moi ? Hm ?

    Ça sonne comme une demande, mais ce n'est pas du tout le cas. Non, c'est ce que les gens appellent un braquage. C'est ce que je me dis alors que Phun embrasse mon cou.

    — Merde, va prendre une douche d'abord.

    — Nope.

    Uh… ce n'est pas bon. J'essaie de m'écarter de ses irrésistibles lèvres pulpeuses qui trouvent toujours le moyen de m'embrasser. Ses mains sont maintenant occupées à déboutonner ma chemise.

    — Phun…

    Est-ce qu'il m'écoute au moins ?!

    — Oui ?

    Enfin, il fait une pause pour me regarder. Il arrête de dévorer mon corps pendant un court instant. Mais, hum... la façon dont il me regarde... Ouaip, je suis sûr que je ne l'imagine pas. Ses yeux sont remplis de faim et de luxure. Ok, maintenant qu'est-ce que je fais ?

    Je commence à bégayer alors qu'il passe sa main le long de mon dos tout en me fixant fixement dans les yeux. 

    — On peut... on peut aller sur le lit ? C'est... hum... un peu chatouilleux sur le... le tapis.

    Argh ! Qu'est-ce que je suis en train de dire ?! Il faut vraiment qu'il arrête de me regarder comme ça ! Je m'engueule (silencieusement). Pendant ce temps, Phun a un énorme sourire sur le visage.

    — Heh heh…

    Son visage vif s'approche pour m'embrasser à nouveau sur la joue. Puis, il murmure quelque chose juste à côté de mon oreille. 

    — Tu es juste trop adorable. On peut aller sur le lit, mais ne pense pas une seconde qu'on va dormir ce soir.

    C'est quoi ce bordel ?! Ce n'est pas moi qui ai commencé ! J'ouvre la bouche pour discuter mais il me traîne déjà vers son lit. Il verrouille ses lèvres avec les miennes avant que je puisse dire un autre mot.

    Soupir.

    Je suppose que je vais le laisser faire ce qu'il veut ce soir.


    Notes

    Do You Miss Me - Cocktail

    https://www.youtube.com/watch?v=LPngbELEy0Q

    Trust - Jetset’er

    https://www.youtube.com/watch?v=SNbMXSe8pfE



  • Commentaires

    3
    Dimanche 15 Août 2021 à 12:13

    Phun a pu parler à son père trop bien

    2
    Dimanche 4 Avril 2021 à 06:00

    Coucou Néphély,

    Je dois te remercier au centuple pour ce chapitre 59. Deux raisons sacrées à cela.

    La première est la qualité de ta traduction combinée au plaisir de découvrir Noh en pleine effervescence. La jalousie qui l'assaille, les craintes qu'il éprouve face aux agissements de Phun et sa façon de garder son cœur tendre me font fondre. Ce personnage est d'un réalisme fou. S'il y avait un fan club de Noh, je signerais tout de suite.

    Mais je te suis reconnaissant pour une autre raison, plus chère encore à mes yeux. Grâce à toi, j'ai enfin découvert, après cinq ans, quelle était cette fameuse chanson que Noh interprétait sur scène dans l'épisode 20 de la saison 2 (à 29:40), lorsque Phun, poussé par ses amis le rejoint sur l'estrade. Il s'agissait donc de Trust de Jetset'er.

    J'ai tout de suite recherché les paroles qui se trouvaient heureusement sur Deungdutjai :
    http://deungdutjai.com/2015/01/11/cheuanaidtuachunjetseter/

    J'ai revu ce passage de la série un bon millier de fois tant il m'a marqué. Les regards timides de Noh qui voit monter sur scène son chéri, avec en arrière plan nos bons vieux Sing Harit et Toptap ainsi que les paroles de cette chanson (que je ne comprenais pas) font partie de mes plus beaux souvenirs de Lovesick.

    C'est un vrai œuf de Pâques que tu m'as offert avec ce bonus musical. Inutile de dire que je n'arrête pas de chanter dans mon appart. 

    Merci du fond du cœur pour ce partage généreux !

    Bises,

    Greg

    1
    Dimanche 28 Mars 2021 à 00:31

    merci pour ce nouveau chap traduit à la perfection, pour pas changer :)

    à la prochaine et bonne continuation ;)

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