• 30ème Chaos

    30ème Chaos
    Parce que je sais

    Golf est la personne que j'ai décidé d'appeler juste après être rentré (vivant) de mon voyage à Hua Hin. 

    En fait, je voulais déjà le joindre de là-bas, mais je n'ai pas eu l'occasion. Toute la journée, Yuri était collé à moi comme de la glue. La nuit, j'étais dans la même chambre que Phun. Je ne savais pas quand j'aurais l'occasion d'appeler Golf et de lui demander conseil, alors ce plan a été abandonné.

    Quant à Golf ? La première chose qu'il a faite a été de hurler après avoir entendu l'histoire. 

    — Putain de merde ! Elle a eu les tripes de tenter de t'avoir ?!

    Oui, c'est exactement ce que je pensais. Je ne comprends pas non plus comment Aim a pu être si audacieuse à ce sujet.

    — Je parie qu'elle était tellement sûre que tu jouerais le jeu. Elle n'a probablement jamais pensé que ça se passerait comme ça.

    Golf continue d'analyser la situation depuis l'autre bout de la ligne. Je me fiche de ce que pense Aim ou de ce qu'elle aurait pu ressentir à ce moment-là. La seule personne qui m'inquiète, c'est Phun. Comment dois-je gérer un problème sur lequel je ne peux plus fermer les yeux ?

    Plus j'y pense, plus tout cela me semble absurde. Et quand Phun et moi avons pleuré cette nuit-là ? C'était pour quoi ?

    Pour que Phun y retourne et soit avec quelqu'un comme elle ?

    Rien à foutre de ces conneries.

    Golf s'est plaint de quelque chose pendant un certain temps (je ne peux pas le savoir car je ne faisais pas vraiment attention) avant de raccrocher. Il m'a dit qu'il viendrait à mon école le lundi après les cours, car de toute façon, je travaillerai tard avec le tour préliminaire du Live Contest.

     

    Je suis presque complètement déshydraté en arrivant au lycée le lundi matin. Phun m'a déposé chez moi très tard la nuit dernière. Après cela, j'étais au téléphone avec Golf jusqu'à environ trois heures du matin. (Mais plus de la moitié de notre conversation était complètement absurde).

     

    — Yo ! C'est quoi cette tête de zombie ? On dirait que tu n'as rien bu depuis des siècles. Tu es allé à Hua Hin pendant trois jours, est-ce que quelqu'un t'a bu jusqu'à la dernière goutte ?!

    Il est sérieux ? Putain, je déteste Ohm et sa grande gueule. Alors je me suis pointé en classe juste pour l'écouter raconter des saloperies sur moi ? Est-ce qu'il y aura un jour où je ne voudrai pas maudire son stupide cul ? Au moins, je ne le ferai pas aujourd'hui, même si je le voulais. Je n'ai pas l'énergie pour me battre avec lui. À la place, je lui jette au visage un sac de trucs que j'ai achetés à Hua Hin en guise de souvenirs.

    Ohm passe immédiatement du statut de connard agaçant à celui de connard un peu moins agaçant.

    — Oh, merde ! Tu as acheté de la bouffe ?! Oh, j'adore ça ! Keng, ramène ton cul par ici et viens goûter ça !

    Bon sang. Tu sais comment on lance un os ou quelque chose pour qu'un chien aille le chercher ? C'est exactement ça. Si Ohm avait une queue, il la remuerait d'excitation en ce moment. En plus de cela, il appelle Keng (qui se vante de quelque chose devant la classe) à se dépêcher. Il se précipite, la tête haute, vers mon bureau.

    — Merde, j'aime vraiment ces seiches. Elles sont délicieuses, me dit Ohm en ouvrant un sac de seiches sucrées. 

    Je ne peux que me moquer de lui quand je le regarde. 

    — Il ne s'est rien passé vendredi ? Le jour où je n'étais pas là ? lui demandé-je pendant que je sors des papiers de mon sac d'école.

    — Pas vraiment. Miss Patcharee a demandé de tes nouvelles. Je t'ai fait une faveur en lui disant que tu avais séché l'école et que tu étais allé à Hua Hin.

    Quoi ? Ce salaud ! Il m'a entubé !

    Je me retourne et je fixe le visage d'Ohm, mais il continue à faire le malin.

    — Tu devrais probablement lui donner de ces douces seiches, peut-être qu'elle serait moins contrariée. Pas besoin de nous remercier, au fait !

    Je n'en avais pas l'intention, bon sang. 

    — Je vois ce que tu veux dire. Alors tout ça, c'est pour Miss Patcharee. Tu peux aller te faire foutre, dis-je en lui arrachant le paquet des mains.

    Je pense que ce serait mieux de les donner aux juniors de mon club. Cependant, Ohm commence à faire des sons comme un petit chiot triste quand je retire les snacks.

    — Je plaisantaiiiiiis. Je lui ai dit que tu étais malaaaade.

    Quel connard. Ne fais pas semblant d'être mignon et tout, ça me fout les jetons. Je plisse le nez vers ces types avant de lâcher le paquet pour qu'ils puissent recommencer à manger.

    — Yo, yo, yo. Comment s'est passé le voyage à Hua Hin au fait ? C'était votre premier voyage depuis que vous avez commencé à sortir ensemble ?

    Keng aborde un nouveau sujet au moment où je m'assois. Ohm fait un signe de tête, en se montrant très coopératif avec la seiche qui pend à sa bouche. (Les deux, en fait.)

    — Alors, vous l'avez fait ?

    Il ne lâche pas, n'est-ce pas ? Je regarde les gars qui sont encore en train de mâcher leur snack, curieux.

    — Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

    — Faire la chose ! crie Ohm à pleins poumons en se levant. 

    Il tape ses mains ensemble de façon obscène. Je suis tellement gêné que je le rassoie rapidement en appuyant sur ses épaules. 

    — Arrête ça. Nous n'avons rien fait. Tu sais déjà que je ne ressens pas ça pour Yuri.

    — Mais vous avez passé deux nuits ensemble dans la même chambre ! Tu ne peux pas me dire que rien ne s'est passé ! On t'a coupé les couilles ?! Genre, t'es un eunuque ou quoi ?!

    Pourquoi tu cries, putain ?! Je le frappe à la tête une fois pour qu'il reprenne ses esprits.

    — On dormait dans des chambres séparées, les filles avaient la leur !

    Ohm semble mécontent de ce qu'il entend. Qu'est-ce qui lui arrive ?

    — Merde, je pensais que vous alliez en faire quelque chose. Au lieu de ça, tu as dormi dans la même chambre que Phun et tu l'as laissé faire ce qu'il voulait avec toi.

    Putain, Ohm. Calme-toi avec ce truc, connard.

    — Très drôle. C'est quoi votre problème, les gars ? Pourquoi vous continuez à dire ces trucs sur Phun et moi ?

    Je leur gueule dessus pendant que je prends un morceau de seiche pour moi. Les gars ont une expression sérieuse sur le visage pendant un long moment.

    — Parce que... soudain, vous êtes devenus très proches assez rapidement. C'est... étrange.

    — Ouais, j'insiste sur "soudain". Il n'y avait pas de signes ou de traces d'une lente montée en puissance. Avant, vous aviez l'habitude de vous sourire amicalement et c'était tout. Mais maintenant ? Tu sautes pratiquement dans ses bras dès que tu le vois.

    Jésus Christ, c'est une façon de tout amplifier. Les gars, vous avez vraiment besoin de faire marche arrière. Quand est-ce que je lui ai fait ça exactement ?!

    — Vous avez vraiment tendance à tout exagérer. Je lui parle comme avant. N'oubliez pas qu'il m'a aidé avec le club.

    — Pourtant, il semble qu'il y ait plus que ça. C'était son boulot d'aider avec le problème de budget de toute façon. Mais ensuite, vous avez disparu ensemble et même vos copines n'ont pas pu vous joindre ? C'est juste bizarre, mec.

    Ohm continue à analyser scène par scène au point où j'ai envie d'abandonner. Sérieusement, est-ce que tu fais ça aussi bien quand on te donne un problème de maths ?

    J'ouvre la bouche pour le contredire, mais ensuite Khom crie mon nom et m'interrompt.

    — Noh ! Phun veut te voir !

    Putain de merde, en parlant du diable. Ça ne peut pas arriver. Maintenant, Ohm et Keng se marrent comme des fous.

    — Tu vois ?! Je te l'avais dit ! Vous êtes inséparables ! Vous êtes comme un bousier et son tas de merde ! Mec, je suis obligé de le reconnaître. Il est arrivé en retard mais il a réussi à me voler mon ami. T'es vraiment quelqu'un, Phun.

    Ohm se moque, bien qu'il semble un peu triste par rapport à ça. Cependant, il ne semble pas s'en soucier beaucoup puisque son attention se porte sur la seiche. Eh bien, tu n'es pas si sincère ? Attends, est-ce qu'il vient de nous comparer, Phun et moi, à un tas de merde ou quoi ? Beurk, fait chier.

     

    Je secoue la tête en sortant de ma classe où Phun est toujours debout et me fait signe. Il essaie de me presser pour que j'arrive plus vite. Mais, tu peux arrêter un peu ? Mes amis me fixent et tout.

    — Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je en arrivant dehors.

    — Alors, mon groupe il pourra jouer dans les éliminatoires ou pas ? 

    Hum, donc il est ici à cause du Live Contest auquel il s'est inscrit. Je lui fais un signe de tête. Mais attendez, je viens d'appeler et d'en parler à Fi. (C'est le président du conseil des étudiants et le chanteur de leur groupe.) 

    — J'en ai déjà parlé à Fi. Vous ne vous parlez pas ? Vous êtes dans le même groupe.

    — Tu l'as appelé quand il dormait, il t'a dit okay, mais il n'avait aucune idée de ce dont tu parlais.

    Génial, peut-être que je devrais disqualifier son groupe. Je laisse échapper un petit rire. 

    — Aujourd'hui, après les cours. La salle du club dans le bâtiment F, dis-je et Phun écarquille les yeux.

    — Quoi ?! Si tôt ?! Nous n'avons rien apporté !

    Qu'est-ce qui se passe ? Votre leader ne faisait pas attention, en quoi tout ça est de ma faute ?

    Il a l'air surpris, comme si j'étais quelqu'un qui avait toutes les cartes en main. 

    — C'est votre problème. Si vous ne vous montrez pas, alors on vous supprime.

    Il faut avoir du cran, non ? Le président du club de musique menace le groupe du président du conseil des élèves. Hé hé hé. Amène-toi. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais le secrétaire du conseil des étudiants a l'air totalement défait.

    — Tu vas vraiment me faire ça, Noh ?

    Cet abruti. Tu crois que je vais me sentir mal parce que tu balances la tête comme ça ? Pourquoi je ne serais pas capable de te faire ça de toute façon ?

    Phun lève la tête et me regarde. Ses yeux brillent, il doit penser qu'il est vraiment mignon. 

    — À quelqu'un que tu aimes... ?

    C’est dégueulasse ! A vomir ! Je vais vomir. Quand diable ai-je dit ça ?!

    — Tu es défoncé en ce moment ?

    — Bien. À quelqu'un qui t'aime alors ? Oh, une seconde.

    Il se contente de changer sa réplique avant de prendre son portable qui sonne dans sa poche. Je m'appuie sur le mur et je l'attends.

    I could be brown, I could be blue, I could be violet sky

    Bip. 

    — Salut, Aim.

    Eh bien... Voilà la personne que tu aimes, et celle qui t'aime... Je me dis, comme je le fais d'habitude. Mais attendez...

    Aim est au téléphone ?!

    Mon expression s'aigrit vite. Rien qu'à entendre son nom, ça me fout déjà en rogne. Je réalise que je suis presque en train de bouillir parce que je me soucie de ce que pourrait ressentir ce beau gosse qui se tient devant moi.

    Je suppose que je suis trop transparent parce que Phun me regarde avec ses sourcils levés. Il regarde mon visage renfrogné avec surprise. Je suppose que c'est parce que je ne suis pas doué pour contrôler mes émotions. Chaque fois que je pense ou ressens quelque chose, cela se voit sur mon visage. En ce moment, j'ai l'impression que le mot "mécontent" est écrit sur mon front alors que Phun a écrit "perplexe" sur le sien.

    — Oui, Aim. Je ne pense pas que je puisse faire ça aujourd'hui. Je dois rester et jouer pour les éliminatoires du club de musique. C'est très soudain.

    Je regarde Phun pendant qu'il poursuit son appel. Il me regarde toujours avec les sourcils froncés comme s'il voulait me demander si quelque chose ne va pas.

    — Oui. Celui dont je t'ai parlé. Hein ? Noh ? 

    Il continue avec l'appel et je me rends compte que Aim pose maintenant des questions sur moi. Qu'est-ce qu'elle demande ? Et pour quoi faire ? Je fronce les sourcils en regardant Phun qui a une expression confuse sur le visage, à la fois pour moi et pour son interlocuteur. 

    — Bien sûr qu'il sera là. C'est le président du club. Hahaha. Hein ? dit-il avant de froncer les sourcils. Pourquoi veux-tu venir ? Ce ne sera pas amusant. Seuls mes amis seront là.

    Maintenant, je réalise ce que veut la personne au bout de la ligne. Je connais même la raison pour laquelle elle fait ça.

    — Oui. Hum, alors fais-moi savoir quand tu seras là. Je viendrai te chercher à la porte.

     On reste là un moment pendant que Phun dit au revoir à sa copine avant de finalement raccrocher. Je le vois mettre son téléphone dans sa poche. Il me regarde comme s'il voulait se racheter parce qu'il se sent coupable. 

    — Tu es en colère... parce que Aim vient ?

    Sa question me laisse perplexe, car ce que Phun se demande est incorrect.

    Si Phun pense que je suis en colère parce que je suis jaloux ou possessif envers lui, alors je suis assez assuré pour dire qu'il se trompe lourdement. Je n'ai jamais pensé qu'il devait être ou qu'il est à moi. Pas même un petit peu. C'est parce que je suis assez adulte pour savoir ce dont il s'agit. Je suis assez serein pour dire que je suis satisfait de ma relation actuelle avec Phun. Je suis satisfait que nous ayons ces merveilleux sentiments l'un pour l'autre sans avoir besoin de définir ce que nous sommes ou d'avoir à gérer les choses qui se passent dans une chambre.

    J'aime ce que nous avons maintenant, mais je déteste ce qui va se passer ensuite.

    Je ne supporterai pas que quelqu'un blesse la personne qui est essentielle à mes yeux.

    — Non, je ne suis pas en colère ou quoi que ce soit. Tu en fais trop.

    Cette réponse peut donner l'impression que j'évite le sujet, mais je fais de mon mieux pour ne pas inquiéter Phun.

    — Tu es sûr que tu es d'accord avec ça ? Je suis désolé.

    Phun me presse légèrement l'épaule, ce qui m'amène rapidement à lui faire un signe de tête.

    — Hé, ça va vraiment bien. Je dois aller copier les devoirs de quelqu'un d'autre. J'ai beaucoup de rattrapage à faire puisque je n'étais pas là vendredi.

    Finalement, j'ai besoin de me servir d'un énorme mensonge (vu qu'Ohm m'a déjà dit qu'il n'y avait rien à faire du tout ce vendredi) comme excuse. Je me suis dit que c'était mieux d’y aller plutôt que de rester là avec un regard irrité. Je ne veux pas que Phun se méprenne et pense que je suis en colère contre lui.

    — C'est vrai. Désolé, Noh…

    Il se répète. Je hoche la tête en hâte en lui tapotant doucement le dos.

    — Ne t'inquiète pas pour ça, lui dis-je avant de retourner dans la classe.

    Et bien sûr, je connais la vraie raison pour laquelle Aim veut venir jusqu'ici et surveiller Phun.

     



  • Commentaires

    1
    Dimanche 1er Août 2021 à 18:43

    Il faut vraiment que Noh parle à Phun concernant Aim sinon ça va se retourner contre lui....

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