• 27ème Chaos

    27ème Chaos
    Comment Oserais-je

    Cette semaine a été une semaine incroyable pour nous tous. Le tournoi de foot s'est achevé en apothéose, ce qui a mis tout le monde de bonne humeur. Même M. Fiem, qui habituellement se tient avec un air menaçant au portail, n'a pas traîné cette semaine. Je ne l'ai pas vu du tout, je suppose que c'est sa manière de célébrer l'événement. J'ai l'impression que c'est mieux comme ça. En fait, je préfère ça puisque je n'aurai pas à rentrer ma chemise. 

    Malgré cela, Dieu n'est jamais de mon côté. Tout le monde sera complètement ravi ce week-end, sauf moi. Ce week-end sera un véritable enfer. 

    En fait, je commence à oublier ce que ça fait d'être heureux et de profiter de la vie. Parce que depuis que j'ai récupéré le titre de Président du club de musique d'Oak (contre ma volonté), je n'y ai toujours pas trouvé satisfaction. Chaque fois que tout le monde semblait être heureux, ce président pitoyable devait encore courir comme un poulet sans tête pour essayer de faire avancer les choses.

    Qu'est-ce que je veux dire par là ? Je parle du Live Contest qui aura lieu dans quelques semaines. Notre club organise cet événement chaque année. Nous profitons de l'occasion pour dénicher les meilleurs groupes afin de promouvoir l'excellente réputation de notre école. C'est une compétition ouverte, ce qui signifie que ceux qui ne font pas partie du club de musique peuvent s'y joindre. Ce n'est pas parce que vous êtes membre du club de musique que vous êtes le meilleur. Regardez Ohm, il est vraiment stupide. (Je plaisante, il est bon à quelque chose quand même… probablement ?).

    Même Earn s’est inscrit (et il est dans l’équipe d’encouragement). Ce mec est en fait un assez bon chanteur. J'ai essayé de le soudoyer pour qu'il rejoigne notre club à de nombreuses reprises.Il m'a parfois aidé et parfois refusé. Tout dépend s'il a du temps libre. Cette fois-ci, Earn et ses pom pom boy participeront à l’évènement en tant que groupe. Je suis sûr qu'il va bien s'amuser. 

    Le nom de Phun est aussi sur la liste, en tant que membre d'un autre groupe. (De toute façon, quand a-t-il commencé un groupe ?). Si je me souviens bien, il joue de la guitare. En fait, il est assez doué pour de nombreux instruments de musique. (Il a fait un récital de piano à Noël il y a 3 ou 4 ans, je crois). Il a failli rejoindre le club de musique aussi mais ce type est bien trop intelligent et capable. Les profs l'ont incité à entrer au Conseil des étudiants à la place, sinon, nous aurions été dans le même club. (ou peut-être qu'il aurait été dans celui de Basket-ball ? Maintenant que j'y pense, il aurait tout aussi bien pu rejoindre celui de Sudoku. Ou alors de Math ? En gros, il est doué pour une tonne de choses. Je suppose qu'il est mieux de travailler dans le conseil des étudiants). 

    A part ces types, il y a environ un million huit cent mille personnes qui font la queue pour déposer leur candidature. Je ne peux m'empêcher de penser qu’ils essaient simplement de me donner plus de boulot. Merci beaucoup. (Sérieusement, vous n'avez pas besoin d'être aussi enthousiastes à ce sujet.). La semaine prochaine aura lieu le tour préliminaire où nous déciderons quel groupe montera sur scène pendant le concours en direct. Je parie que je vais bosser jusqu'à 3 heures du matin, c’est sûr. (Vous n'avez pas entendu parler du réchauffement climatique ? Ce n'est pas une bonne chose.) (En fait, je n'ai tout simplement pas l'argent pour aider l'école à payer les factures d'électricité).

    — Qu'est-ce qu'il se passe, Noh ? Tu es vraiment silencieux.

    Avant que je ne sombre dans la folie pure, la voix de Phun me sort de ma transe (angoissée). Je sursaute avant de jeter un œil par la fenêtre. Le paysage est maintenant rempli de rizières à perte de vue. Nous sommes arrivés à Ratchaburi alors que nous nous dirigeons vers Hua Hin.

    — Arrête d'être si bruyant... j'essaie d'entendre l'océan.

    Je lui donne une excuse bidon. Je l'entend ricaner pendant qu'il marmonne que je suis bizarre.

    Hé, hé, vous devez tous être curieux de savoir comment j'ai atterri là avec lui. Eh bien, on a séché les cours aujourd'hui ! Je prends une pause avec mes devoirs de président du club de musique juste pour quelques jours. (Je suis terriblement populaire ces derniers temps, tout le monde me disait qu'ils avaient vraiment besoin de me parler). Je suis assis dans la voiture noire de Phun vu que nous avons plus ou moins accepté de partir en week-end à Hua Hin avec les filles la semaine dernière.

    À vrai dire, je pense que c'est une bonne idée. Je profite de cette occasion pour échapper à ces idiots qui ont des problèmes sans fin. (“Phi, c'est pas grave si le formulaire est froissé ?”, “Est-ce qu'on a le droit de plier le formulaire ?”, “J'aimerais changer le nom de notre groupe”, "Doit-on jouer des chansons thaïlandaises ou anglaises ?", "Nous n'avons pas assez de membres, pouvons-nous emprunter à un autre groupe ?", "Est-ce que ma copine peut venir me voir jouer ?", "Mon chat ne veut pas manger le thon, que dois-je faire ?" Vous savez quoi ? Allez vous faire foutre). Alors maintenant, je suis assis à l'arrière, derrière le conducteur. Naturellement, Aim est assise sur le siège du passager avant à côté de Phun, tandis que Yuri et moi sommes assis à l'arrière. 

    — Noh, mange ça, mange ça.

    Yuri pousse un sachet de Doritos rouge vers moi. Elle a préparé un tas d'en-cas depuis hier soir. Bien sûr, je ne refuserais jamais de la nourriture. J'apprécie les snacks en demandant si Phun en veut.

    — Yo, tu en veux ?

    — Bâtard, tu demandes comme si tu avais acheté ça toi-même.

    Il me gronde à la place ? J'étais gentil, pourquoi tu fais le con ?!

    Yuri glousse devant notre dispute infantile avant de tendre elle-même le sac à Phun. 

    — Tu devrais en avoir, c'est un sac énorme. Ce n'est pas comme si j'allais pouvoir finir tout ça toute seule de toute façon.

    Je jette un coup d'œil à son visage stupidement beau. Il se montre d'abord courtois pendant un moment avant d'en prendre enfin pour lui. Parfois, j'ai envie de lui botter le cul quand il devient si odieux à propos de certaines choses.

    — Tu en veux, Aim ?

    Phun se retourne pour demander à sa petite amie après avoir réalisé qu'il l'a laissée assise en silence pendant un long moment. Je jette un coup d'œil à la fille qui a un regard légèrement agaçant dans son expression avant qu'elle ne se retourne pour regarder par la fenêtre. 

    — Je suis au régime.

    Je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit une réponse ou juste une déclaration qu'elle veut partager. Peu importe, je vais juste me remettre à apprécier mes collations.

    — On peut devenir un couple de petits gros ensemble, pas vrai, Noh ? dit Yuri avec un grand sourire, qui révèle ses adorables canines. 

    Je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour.

    — Ouais ! Pas besoin de s'inquiéter de se noyer dans l'océan quand tu as ta propre bouée intégrée, continué-je avec la blague. Yuri éclate de rire.

    — Nos enfants ne pourront pas avoir une brioche comme nous. Nous devrons nous assurer qu'ils sont en bonne santé.

    Kof, kof, kof. Je m'étouffe avec les collations ! Je n'ai aucune idée de comment faire à partir de là. Il n'y a rien d'autre que je puisse faire à part gérer les conséquences douloureuses où des morceaux de Doritos sont sortis de mon nez. Yuri rit à gorge déployée 

    — Noh, je plaisantais ! Pourquoi es-tu si effrayé ?! Ah ah ah ! Bois un peu d'eau !

    Elle continue de rire en me tendant un verre qu'elle a rempli à l'aide d'une bouteille. Les filles et leurs blagues de nos jours. Vous trouvez ça drôle de donner une crise de panique à quelqu'un ?

    J'accepte la tasse d'eau en regardant Phun qui me jette un coup d'œil à travers le miroir.

    Qu'est-ce qui est si drôle, espèce de salaud ? 

    Phun continue à conduire pendant que Aim, Yuri et moi discutons tout au long du trajet. On fait plusieurs arrêts à des stations essence et nous repartons avec quelques snacks à chaque fois. (Yuri dit qu'il est moins cher de faire des provisions maintenant que de les acheter à l'hôtel, vous pouvez le croire ?). A un moment, Yuri et moi avons essayé des lunettes de soleil marrantes, et avons joué avec bruyamment. Pendant ce temps, Phun et Aim semblent être plus discrets. Peu importe le nombre de fois où je regarde dans leur direction, c'est toujours Phun qui marche derrière Aim.

    On arrive finalement au complexe hôtelier dans l'après-midi. Yay ! Je consulte ma montre et elle me dit qu'il est actuellement 15h passées. Phun et Aim vont nous enregistrer.

    — L'hôtel est vraiment sympa, hein ? me dit Yuri en se jetant joyeusement sur l'un des canapés de style moderne du hall. 

    Elle rebondit un peu dessus, je suppose qu'elle s'amuse beaucoup. 

    — Ce canapé est en poil d'écureuil !

    — Sérieusement ?!

    Vous ne me croiriez pas si je vous disais à quelle vitesse je me suis levé. Les gens, il faut que vous compreniez quelque chose. Yuri est une grande amazone de la cause animale, surtout des petites bestioles. Elle les adore tellement que je pense qu'elle pourrait très bien travailler pour Greenpeace après le lycée. Cela signifie que l'idée de faire du mal à ces petites créatures est un sujet à ne pas aborder quand elle est dans les parages. (Une fois, elle m'a fait arrêter de jouer à un jeu vidéo Tic et Tac parce qu'elle se sentait mal pour eux vu qu'ils sont attaqués par des pommes dedans).

    — Pas vraiment.

    Elle me dit et me jette un oreiller au visage. (Je l'ai vraiment cherché, celui-là). Nous nous mettons à rire tous les deux en plaisantant l'un avec l'autre. Cela dure un long moment avant que Aim et Phun ne reviennent avec les clés à la main. 

    — Qu'est-ce que vous faites ? demande Aim en souriant, car elle remarque que Yuri et moi sommes encore un peu trop bruyants. 

    Yuri en profite pour me dénoncer.

    — Noh est une vraie brute ! Je n'en peux plus ! Est-ce que tous les garçons de ton lycée sont des brutes comme lui, Phun ?

    Hé ! Ne mets pas les gars de mon école dans le même panier comme ça ! Phun sourit en me jetant un regard. Il a l'air de trouver ça drôle. 

    — Juste lui, Yuri.

    Ce bâtard n'aide pas du tout, là. Je lorgne dans sa direction avant de recommencer à embêter Yuri.

    — Toi aussi, tu es une brute. Je me demande si toutes les filles de ton école sont comme ça. Le sont-elles, Aim ?

    Yuri me tape plusieurs fois sur le bras après avoir entendu ma question. (Aïe, ça fait mal).

    Aim ricane devant nos excentricités. 

    — C'est bien que vous soyez proches tous les deux. Vous n'aurez donc pas de problème pour dormir dans la même chambre ?

    Elle me tend une des clés. Cependant, je suis stupéfait. Je passe sans cesse de la clé au visage de Phun, plein d'hésitations.

    Phun lui-même a une expression troublée sur son visage aussi.

    — Aim, je croyais qu'on en avait parlé ?

    — Non, tu as fait toute la conversation et tu as supposé que j'étais d'accord avec toi.

    Oh merde. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre ces deux-là ? Yuri et moi restons silencieux à nous regarder, pleins de confusion. Phun et Aim continuent de se disputer.

    — Franchement ! Si j'avais su que nous passerions la nuit dans des chambres séparées, je n'aurais pas pris la peine de venir avec vous !

    Aim hausse la voix au point que le personnel de la réception commencent à nous regarder. Phun remue la tête avec agacement avant d'entraîner Aim dans un coin plus discret.

    — On revient tout de suite, Noh, Yuri.

    Il se retourne pour nous le dire. Nous nous tenons à notre place, complètement désorientés. Yuri se jette à nouveau sur le canapé. 

    — Je suppose qu'Aim veut partager sa chambre avec Phun.

    Je la rejoins sur le sofa, en pensant que je ne comprends pas vraiment comment les femmes fonctionnent de nos jours.

    — Ce n'est pas vraiment approprié.

    C'est ce que je pense.

    — Pourquoi ? Ils l'ont déjà fait. Ce n'est pas si bizarre pour eux de dormir dans la même chambre, Noh.

    Yuri continue de soutenir son amie et oublie tout ce qui ne s'y réfère pas.

    — Et nous alors ?

    J'espère que ma question va déclencher quelque chose dans sa tête. Yuri se tait, alors je décide de dire quelque chose. 

    — Ce n'est pas une bonne idée qu'un garçon et une fille dorment dans la même chambre d'hôtel comme ça. Nous, les mecs, n'avons rien à perdre mais vous, si. Et si quelqu'un qui connaît vos parents voyait ça ? Alors quoi ? Je n'ai pas l'argent pour aller demander ta main en mariage, tu sais.

    Je me suis dit que finir avec une blague détendrait l'atmosphère. Je caresse gentiment les cheveux de Yuri, toujours assise en silence. Je ne veux vraiment pas qu'elle soit stressée par ce que je viens de lui dire. Cependant, je suis déconcerté par ce qu'elle me demande.

    — Tu me trouves dégoûtante ?

    — Pourquoi tu dis ça ?

    Ses yeux ronds commencent à devenir rouges au point de m'inquiéter. 

    — Parce que tu...ne m'as jamais touchée.

    Hé, ne commence pas à pleurer, maintenant ! Les larmes d'une fille sont une de mes grandes faiblesses. J'aimerais ne pas me sentir comme ça.

    — Hé, ce n'est pas une mauvaise chose. J'essaie seulement d'être respectueux.

    — Tu me trouves vulgaire.

    — Non.

    — Si.

    — Non.

    — Noh…

    Elle fait la moue comme les petits enfants quand elle réalise qu'elle ne gagnera pas. Je ne peux m'empêcher de rire devant la manière dont elle agit. 

    — Tu es assez grande pour comprendre ce que je veux dire.

    Je lui dis tout en lui tapotant doucement la tête. (Au lieu de lui frapper la tête comme je le ferais avec Ohm.)

    — Mais je suis jalouse quand mes amis... parlent de ces trucs. Je veux dire... on dirait qu'ils sont tellement amoureux l'une de l'autre.

    — …

    Je ne sais pas comment lui répondre après avoir entendu ce qu'elle avait à dire. Je suppose que c'est parce que je sais avec certitude que je ne peux pas donner à Yuri ce qu'elle veut vraiment. Ses yeux sont rouges maintenant. Je ne peux que serrer ses petites mains pour lui remonter le moral. Yuri reste assise en silence un instant avant de reprendre. 

    — Je sais que tu ne m'as jamais aimée, Noh. Peu importe à quel point j'ai essayé. Tu ne m'as jamais aimée.

    Une larme tombe sur le dos de ma main et je suis perdu. Au moment où je suis sorti de mes pensées, Yuri pleure à chaudes larmes. Je ne sais pas quoi faire maintenant. Je ne suis pas doué pour réconforter une fille. Tout ce que je peux faire, c'est serrer ma main sur la sienne.

    — Qu'est-ce qui ne va pas, Yu ?!

    La voix retentissante de Aim surgit derrière moi. Je lève les yeux avec une expression suppliante sur mon visage car j'ai désespérément besoin d'aide. Phun et Aim ont l'air stupéfaits par ce qui se passe. Au bout d'un moment, Yuri se lève de son siège.

    — Aim, j'ai besoin de repos. Je vais dans la chambre, dit-elle avant de prendre ses bagages et ses autres sacs, elle nous montre le chemin. 

    Aim lui court après pour déverrouiller la porte. Phun me regarde avec une expression perplexe comme s'il voulait me demander quelque chose. Mais il ne pose aucune question. C'est probablement parce que je secoue la tête incrédule qu'il m'emmène aussi dans notre chambre.

    On se traîne dans le couloir qui est décoré de façon élégante et moderne. Je viens juste de remarquer qu'il doit s'agir d'un hôtel chic. Ça aurait été très cher s'il avait fallu qu'on paie ce séjour de notre poche. La réception nous a dit que notre chambre était appelée Studio Piers et je ne savais pas pourquoi. J’ai compris la raison de son nom une fois que Phun a déverrouillé la porte. Il y a une piscine privée au fond de la chambre (C'est une piscine qui relie entre elles les chambres.) Mes yeux scintillent quand j'aperçois la vue qu'on a du balcon. Je parie que les filles doivent crier d'excitation aussi.

    Je balance rapidement les bagages sur le lit et inspecte la chambre. Elle est magnifiquement décorée. Il y a une télévision LCD encastrée dans le mur, un lit king-size et même un jacuzzi dans la salle de bains. C'est assez luxueux !

    Je ne remarque pas que Phun range lentement ses affaires, car je suis tellement étonné par la chambre dans laquelle nous avons la chance de séjourner.

    — Alors, tu ne vas pas ranger tes affaires ? me demande-t-il.

    — Pour quoi faire ? Je prendrai tout ce dont j'ai besoin le moment venu. On ne reste ici que deux jours de toute façon.

    Nous sommes juste des gens très différents. Phun se moque de mon insouciance alors qu'il continue à mettre ses vêtements sur des cintres et à les ranger dans le placard. J'entends les filles qui poussent des cris d'enthousiasme dans la chambre voisine.

    — Je suppose qu'elles sont de meilleure humeur, maintenant, me dit Phun avec un sourire. 

    Je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour. Rapidement, nous nous changeons pour pouvoir inviter les filles à jouer sur la plage, car le soleil n'est pas trop fort maintenant.

    Alors que je mets mes tongs, je suis soudain curieux et je décide de poser une question à Phun.

    — Hé…

     Je commence. Il cesse de faire ses lacets pour me regarder.

    — Quoi ?

    — Pourquoi est-ce que tu ne partages pas ta chambre avec Aim ?

    Je veux juste savoir ce qu'il a en tête. Il n'hésite même pas avant de me donner une réponse. 

    — Ce n'est pas correct. J'ai fait assez de mauvaises choses comme ça, dit-il en me tendant des serviettes pour tous les deux. 

    Je me sens mieux après avoir entendu sa réponse. Je tape sur l'épaule de Phun avec un large sourire sur le visage. 

    — Personnellement, tu n'es pas un mauvais gars, tu sais.

    Parce que je me suis dit que si Phun avait dit que c'était parce qu'il voulait coucher avec moi, alors je l'aurais frappé au visage et je serais reparti à Bangkok en stop.

     

    Nous quittons notre chambre et allons à côté pour inviter les filles à descendre à la plage. On dirait qu'elles nous attendent déjà. Je l'avoue, j'ai eu du mal à déglutir quand je les ai vues dans leurs bikinis. C'est ce qu'ils veulent dire quand ils disent que les meilleures années  de votre vie, je suppose.

    Il semble que Phun sache exactement ce que je pense puisqu'il me marche sur le pied. Ça fait mal, putain ! Quoi, je ne peux même pas regarder ta copine ?

    — Prenons ces trucs avec nous ! s'écrie Yuri avec excitation en attrapant un ballon de plage et un gros dauphin gonflable. 

    Je me précipite rapidement pour l'aider à les porter. Je ne sais pas si je suis en train d'imaginer tout ça, mais j'ai l'impression qu'elle ne me regarde même pas.

    Nous marchons tous les quatre, un peu plus vite que d'habitude, jusqu'à la plage en face de l'hôtel. L'endroit où nous nous trouvons n'est pas très fréquenté. La plupart des gens ici sont des touristes étrangers. (hé hé, exactement mon style). A côté de ça, les pauvres locaux comme nous nous ruons dans la mer aussitôt qu'elle est en vue. Enfin, trois d'entre nous l'ont fait. Il faut un certain temps pour convaincre Aim de nous rejoindre.

    — Allez, Aim ! Ce week-end était ton idée ! crie Yuri de loin, la moitié de son corps est déjà sous l'eau. 

    Phun et moi y sommes aussi, et on l'attend également.

    — Pas question...Je ne sais pas nager.

    Elle nous le dit timidement et nous ne pouvons pas nous empêcher d'éclater de rire. A quelle école primaire as-tu été, Aim ? Comment c'est possible que tu ne saches pas nager ? J'entends Phun rire en même temps que nous, alors qu'on est toujours pliés en deux.

    — Où est le problème ?! Ce n'est même pas profond ! Et on ne nage même pas dedans ! Tu vas juste t'asseoir là et nous regarder ?!

    Yuri continue d'essayer de persuader son amie de venir nous rejoindre. Je regarde Aim secouer la tête depuis le rivage. Yuri piétine sur place comme un enfant faisant un caprice avant d'attraper le bras de Phun. 

    — Phun, s'il te plaît, va lui parler ! S'il te plaît ? S'il te plaît ? Allez ! S'il te plaît ? S'il te plaît ?

    — Comment exactement... ?

    Phun rit de la façon dont Yuri agit puisqu'elle s'accroche à son bras très fort alors qu'elle continue à le supplier. 

    — Fais juste ce que tu peux. S'il te plaîîîîîîît ?

    Hé hé. Comment tu es censé dire non dans cette situation ? (Je sais que j'en suis un bon exemple.) Même quelqu'un comme Phun ne peut pas gérer tout ça et se rend à Yuri. Il cède et retourne à la plage, où se trouve Aim.

    Nous regardons ces deux-là discuter. Il semble qu'ils soient en train de passer un accord. (Nous jouons dans l'océan, nous n'achetons pas des actions. Vous n'avez pas besoin de faire tout ça). Finalement, Phun fait un sourire et un signe de tête avant de porter Aim dans ses bras et de courir vers nous.

    — On arrive ! La princesse est là ! crie-t-il avant de jeter sa petite amie à l'eau. 

    Yuri et moi rions à gorge déployée quand Aim refait surface et se met à crier.

    — Phun ! Ce n'est pas ce qu'on avait décidé !

    Elle proteste en frappant la poitrine de Phun. Phun rit si fort que ses yeux sont presque fermés. 

    — Eh bien, tu ne m'as pas dit comment tu voulais aller à l'eau.

    Nous étions tous trempés, car personne ne voulait avoir froid tout seul. Je me souviens que Aim a poussé Phun sous l'eau en guise de représailles, sauf qu'il a refusé de plonger seul. Il a utilisé ses bras fins, mais pleins de force, pour me faire plonger avec lui. (J'étais sous le choc !) C'est ainsi que les multiples tentatives de meurtre en mer ont commencé.

    On s’est amusé bruyamment dans l'eau pendant un bon moment avant de retourner sur la plage et de jouer avec le ballon qu'on avait ramené. C'était crevant d'avoir à courir après lui, surtout compte tenu du fait que tout le monde refusait de le faire à part moi. Ils s'amusaient beaucoup à lancer le ballon et à faire en sorte que je ne puisse pas l'attraper.

    Même si en apparence, on passait un super moment tous ensemble, j'avais remarqué que Yuri m'avait à peine dit deux mots. Elle ne me regardait même pas. Chaque fois que nos regards se croisaient, elle était toujours la première à détourner le regard. Je ne suis pas tout à fait sûr que nous ayons un malentendu sur quelque chose, alors j'ai essayé d'agir aussi normalement que possible.

    — Tu as froid ?

    Je me suis dit que je devrais essayer d'engager une conversation avec elle (même si je ne suis pas sûr de la raison de notre dispute). J'ai pataugé dans l'eau et je me suis dirigé vers elle. Elle est juchée sur ce dauphin gonflable depuis qu'on a arrêté de jouer sur la plage. Le vent souffle beaucoup, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.

    — Hum...non.

    C'est à peine une réponse. Je trouve ça vraiment bizarre vu que Yuri est normalement une pipelette. Il est très difficile de l'empêcher de parler. Mais maintenant ? J'ai quasiment besoin de la supplier pour qu'elle dise quelque chose. Qu'est-ce qu'elle a, à la fin ?

    — Quelque chose ne va pas ? Tu as été très silencieuse.

    — Aïe !

    Avant que Yuri et moi puissions avoir notre conversation, Aim laisse échapper un glapissement douloureux. Je me retourne pour voir ce qui est arrivé au couple sur la plage. Je vois qu'Aim est maintenant assise par terre.

    Phun inspecte la cheville de sa copine avant de me faire un signe de la main pour m'indiquer qu'elle est foulée. Je hoche la tête en guise de réponse et je regarde Phun porter Aim sur son dos avant de retourner vers l'hôtel.

    Yuri fixe Aim, qui est sur le dos de Phun, pendant un long moment avant qu'elle ne retourne son attention en donnant des coups de pied dans l'eau. Plus je vois son expression nonchalante, plus je commence à m'énerver.

    — Yuri, nous sommes en vacances ensemble. Tu ne devrais pas t'énerver comme si tu étais un petit enfant comme ça.

    Je dois avoir l'air très froid en la grondant car elle se retourne rapidement et me regarde avec un regard aigri. 

    — Je ne suis pas un petit enfant ! me crie-t-elle dessus.

    Je n'ai jamais vu ses yeux s'embraser comme ça avant. Pour être honnête, je n'ai jamais vu Yuri aussi contrariée non plus. Mais aujourd'hui, elle est très contrariée comme si elle était incroyablement en colère contre moi à cause de quelque chose.

    Je fronce les sourcils en la regardant descendre du dauphin géant. Je commence à être intrigué, alors qu'elle se tient là dans l'eau, les yeux remplis de colère. Mais en même temps, on dirait qu'elle cherche à me provoquer.

    — Es-tu vraiment hétéro, Noh ?

    Ses lèvres bougent et ces mots sortent de celles-ci. Elle saisit ma main et la pose sur ses seins

     



  • Commentaires

    1
    Samedi 31 Juillet 2021 à 19:38

    Noh est demandé de partout, pour les questions concernant la musique, je veux bien, mais quand j'ai lu "mon chat ne veut pas manger de thon" j'ai bien rigolé..... comment va-t-il s'en sortir si on lui pose des questions comme çahe

    OH, oh, Yuri commence à se douter de quelque chose

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