• Règle n° 8

    Règle n°8
    Prouvez au Bizuteur ce dont vous êtes capable

    — Poulet grillé, poulet grillé, il va se faire transpercer, OUCH, il va se faire transpercer ! OUCH ! Dans la fesse gauche, dans la fesse droite. C'est chaud, chaud, c'est brûlant. WOOOOH !

    ... C'était grâce à l'amusement et aux chants que l'on savait que c'était le moment de la brigade récréative.

    Les étudiants de première année dansaient à tue-tête, évacuant ainsi la frustration d'avoir été punis par les bizuteurs. Même si ce n'était qu'une punition légère, faire l'exercice de la chaise pendant cinq minutes faisait que leurs jambes étaient toujours engourdies et qu'ils ne pouvaient pas se tenir droit. Rien ne pouvait les empêcher de danser maintenant, avec le tambour au rythme incessant. Ils avaient été entraînés durement, alors ils se déchaînaient jusqu'à ce qu'un des RS leur dise d'arrêter.

    — Très bien ! C'est fini pour aujourd'hui ! Si quelqu'un veut s'inscrire pour les Freshy Games, venez au gymnase à sept heures.

    La dernière phrase était un rappel pour qu'ils n'oublient pas. Bientôt, un événement important pour tous les étudiants de première année allait commencer, appelé les ‘Freshy Games’, un événement sportif auquel toutes les facultés participaient. Il comprenait des concours de pom-pom girls. Tout le monde s'était entraîné dur pendant tout le mois, spécialement pour cet événement.

    Kongpob se prépara à partir avec ses amis. Il était presque dix huit heures et il voulait trouver quelque chose à manger. Mais avant qu'il ne parte, une voix l'arrêta.

    — Hé, Kong, attends !

    M l'appelait derrière lui. Il s'arrêta et se retourna quand l'autre s'approcha de lui et lui demanda.

    — Tu dois aller quelque part ? Je voudrais m'inscrire pour le match de basket. Tu peux venir avec moi ?

    Ce n'était pas une surprise que M lui demande. Il était un ancien joueur du lycée. Ils s'entraînaient ensemble après l'école, rejoignant les jeunes étudiants et jouant juste pour le plaisir. Pourtant, on considérait qu'ils avaient un bon niveau d'entraînement puisqu'ils avaient gagné les matchs importants de l'école, comme la Journée des sports. Donc, c'était une évidence pour Kongpob d'acquiescer.

    — Très bien. Mais laisse-moi manger d'abord. Tu veux venir ?

    La devise de Kongpob était ‘une armée marche sur son estomac’. Le processus de sélection exigeait encore qu'ils montrent leurs astuces. C'est pourquoi ils étaient assis à la cantine pour se ressourcer après avoir été vidés par le bizutage.

    Le temps qu'ils finissent de manger, il était un peu plus de sept heures. Ils se dirigèrent tous les deux vers le bureau des candidatures à l'intérieur du gymnase de l'université. En entrant, ils virent que le hall était presque rempli d'étudiants en ingénierie, et pas seulement des étudiants de première année. Des étudiants plus âgés étaient également présents, dont Big Sis Minnie, un gars potelé qui avait un esprit féminin. Dès qu'elle les repéra, elle se précipita pour saluer les garçons.

    — Bonjour, Kongpob mon cheri. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu et tu m'as tellement manqué. Qu'est-ce qui t'amène ici ?

    — Bonjour, sis. Mon ami et moi sommes ici pour nous inscrire pour le match.

    Il lui fit un wai et une réponse polie mais ses mots firent bondir Minnie.

    — Nooooon ! Tu t'inscris pour le match de basket ? Mais on a le concours à gagner ! Tu penses être à la hauteur pour les deux compétitions ?

    Ah bon... il avait oublié l'autre compétition pour laquelle il s'était inscrit. Outre les Freshy Games et le Grandstand Display, il y avait encore ce concours du roi et de la reine auquel il fallait participer.

    Il avait été choisi comme roi de la faculté d'ingénierie, grâce à Minnie qui avait tiré quelques ficelles pour qu'il soit désigné sans le vote des étudiants de première année. Certains de ses amis avaient découvert qui était le roi élu de leur faculté seulement lorsqu'ils avaient vu l'interview sur le site Internet de l'université. M sembla s'en souvenir tout de suite et il se lança.

    — Donc, tu peux passer ton tour. J'avais oublié que tu avais le concours.

    Kongpob secoua la tête. Il était déjà là et il ne voulait pas gâcher cette chance. Alors il se tourna pour demander la permission à Minnie.

    — Et si je m'inscrivais comme remplaçant ? Est-ce que ça serait bon ?

    — Hum. Ce sera très bien si tu es un joueur de remplacement. Tu fais du footing pendant quelques minutes - ça pourrait te permettre de marquer des points. Au fait, tu as préparé le spectacle de talents ?

    ... C'était une autre chose qu'il avait oubliée. Le concours du Roi et de la Reine n'était pas seulement déterminé par l'apparence mais aussi par les talents. Les concurrents devaient montrer leur talent en cinq minutes sur la scène. Pour Kongpob, il ne savait pas comment gérer cinq minutes ; il ne savait même pas quoi faire sur scène pendant cinq secondes, à part se présenter. Pourtant, en voyant les yeux pétillants et pleins d'espoir sur le visage de Minnie, il dut lui mentir.

    — Je ne l'ai pas fait, mais j'ai pensé à quelque chose.

    — Tu dois te dépêcher. Si tu ne sais pas quoi montrer, tu peux me demander. Je t'aiderai. Tu n'as pas à avoir peur. Je vais faire de toi le roi, crois-moi !

    Big Sis Minnie était tellement convaincante, on aurait dit un mentor de concours de beauté. Kongpob lui lança un sourire timide. Il n'avait pas peur. Il ne se souciait pas d'être nommé roi de l'université ou quoi que ce soit. S'il avait su que ce serait si compliqué, il se serait retiré plus tôt.

    — Allons nous inscrire maintenant ou on va louper la date de clôture.

    M intervint pour rappeler pourquoi ils étaient venus ici en premier lieu. Kongpob acquiesça et s'éloigna de Minnie, balayant le gymnase du regard à la recherche de la table d'inscription. Ce n'était pas difficile puisqu'une dizaine d'étudiants de première année en encerclaient une où une étudiante plus âgée tenait un papier avec une liste de noms.

    Ils étaient sur le point de s'approcher de la table mais avant qu'ils n'y arrivent, une clameur s'éleva derrière eux. Kongpob se retourna et vit l'origine du bruit qui le stupéfia.

    Les étudiants en ingénierie de troisième année, tous des hommes, marchaient dans le gymnase. Leurs visages ne montraient aucune émotion, mais l'atmosphère s'était soudainement alourdie au point que les étudiants de première année avaient dû leur céder la place.

    Kongpob n'était pas familier avec certains de ces visages - ils devaient venir d'autres départements. Mais l'un d'eux, celui qui marchait droit devant lui, sans prêter attention à personne, était celui qu'il connaissait déjà trop bien.

    Il s'agissait d'Arthit, le chef des bizuteur.

    Kongpob regarda comment il entraînait la foule des juniors dans le gymnase et alla directement parler au personnel féminin à la table des inscriptions. Puis, le personnel cria à haute voix.

    — Très bien, garçons et filles ! Ceux qui veulent s'inscrire aux sports, veuillez venir par ici !

    Les élèves de première année auraient pu deviner que la présence des bizuteurs ne pouvait pas être une bonne nouvelle - jamais. Et ils avaient raison.

    Lorsque Kongpob et M rejoignirent le groupe de trente étudiants, ils entendirent des insultes murmurées par les seniors.

    — C'est tout ce qu'on a ici ?

    — Ils ont l'air de mauviettes.

    — Je le pense aussi.

    Les critiques firent pâlir les étudiants de première année, mais ils s'assirent et attendirent. C'est alors que le chef bizuteur Arthit s'avança vers eux, promenant son regard froid sur les jeunes, et commença à parler durement.

    — Nous vous avons appelé à cet endroit non pas parce que nous allons vous aider à vous entraîner ou vous donner des conseils. C'est votre propre responsabilité. Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que depuis la naissance des Freshy Games, la faculté d'ingénierie n'a jamais été vaincue par quiconque. Nous avons toujours été numéro un. Alors, que ça ne s'arrête pas à votre promotion.

    Tous les étudiants de première année restèrent muets à la fin de son discours. Ils avaient compris que les troisièmes années n'étaient pas venus ici pour leur raconter l'histoire de la victoire de l'ingénierie mais pour leur faire peur. C'était un ordre indirect destiné à leur mettre la pression, leur disant qu'ils devaient gagner même si les Freshy Games étaient censés être un événement amusant, facile à vivre, créé pour unir les étudiants de toutes les facultés. Beaucoup d'entre eux devaient se disputer mentalement quand l'un des étudiants de première année perdit patience et prit la parole.

    — Mais les Freshy Games sont là pour nous faire collaborer. Ils veulent que nous connaissions le sens de l'esprit sportif, n'est-ce pas ?

    Arthit se tourna vers l'homme. Il vit que Kongpob était toujours assis sur le sol. Il avait pensé que ce devait être le morveux habituel qui avait parlé, envahi par le complexe du héros, mais c'était l'autre étudiant de première année qui était tout près. Il n'avait jamais vu ce type avant. Il devait venir d'un autre département.

    Le type qui avait parlé avait l'air d'un vaurien, insolent et suffisant. Prem, son ami du bizutage, se mit en colère et lui lança une réplique.

    — Si c'est ça que tu veux, alors rentre à la maison et demande du lait à ta mère !

    — Ne parle pas de ma mère !

    Le gars offensé qui s'était levé, était furieux, avait l'air d'être prêt à se battre sans se soucier que l'autre soit son aîné. Le troisième année lui cria dessus, en colère.

    — Hé, lâche-moi un peu ! Tu te prends pour un dur ? Tu as oublié qui est ton aîné ici ? Ou tu veux que je te frappe ?

    — Viens, je t’attends ! Tu crois que j'ai peur de toi ? Être plus âgé ne veut pas dire que je ne peux pas te frapper !

    — Qu'est-ce que tu as dit ?!!

    L'homme insulté forma des poings avec ses mains et se jeta sur le jeune homme. Arthit dut intervenir. Il tira sur son ami, Prem, et l'arrêta.

    — Prem, arrête !

    — Tu n'as pas entendu ce qu'il vient de me dire ? Je vais lui arracher les dents et lui donner une leçon !

    — Qu’est ce que tu attends ! Tu crois que j'ai peur de toi, putain ! ?

    Les jurons le rendirent encore plus furieux. Prem retroussa ses manches, prêt à donner le premier coup de poing. Kongpob, qui était assis non loin de là, se leva d'un bond et prit les bras de son ami, l'empêchant de se jeter dans la bagarre.

    — Hé, hé ! Tu dois te calmer !

    — Comment je pourrais ? Je lui ai demandé gentiment mais il m’a cassé les couilles !

    La dernière partie de la phrase mit encore plus en colère l'homme furieux.

    — Va te faire foutre ! Je vais te casser la gueule !!!

    L'élève plus âgé recula sa main, prêt à donner un coup de poing, obligeant Arthit qui le retenait à crier à pleins poumons, sa patience à bout.

    — ARRÊTEZ ! Arrêtez tous les deux ! BANDE D'ABRUTIS ! Vous n'avez pas honte de vous !?

    À la fin de ses mots, tout le monde s'arrêta. Les hommes qui se disputaient semblèrent réaliser à l'instant qu'ils étaient la cible de tous les regards dans le gymnase.

    Arthit lâcha son ami, et s'avança pour faire face à l'adversaire et lui poser une question.

    — Tu veux savoir pourquoi ? Bien ! Je vais te donner une raison.

    Le chef bizuteur se tourna vers tous les autres première année qui étaient sur le sol afin qu'ils puissent entendre cette raison importante.

    — Tous les étudiants de première année ont dû penser qu'il s'agissait simplement des Freshy Games, un événement sportif typique. Mais pour nous, c'est une chance de prouver vos capacités si vous appartenez à la faculté d'ingénierie. Plus vous le prenez au sérieux, plus nous pouvons voir que vous reconnaissez l'importance de vos missions. Si vous le prenez à la légère, sans être déterminés à gagner et en abandonnant avant de vous battre, alors vous ne méritez pas une place dans notre faculté !

    Arthit ne parlait pas en tant que chef bizuteur. Il parlait en tant qu'étudiant plus âgé de la faculté d'ingénierie.

    ... En fait, il n'était pas sûr que la faculté d'ingénierie ait été championne des Freshy Games. Quand il était en première année et qu'il s'était inscrit au basket, les bizuteurs lui avaient dit la même chose et lui avaient mis la même pression. Ainsi, sa promotion avait gagné tous les sports. Les troisièmes années qui étaient là maintenant à côté de lui avaient été à l'époque les étudiants de première année dans les équipes sportives.

    ... C'est pourquoi gagner le jeu était devenu un but, transmis d'une génération à l'autre. C'était aussi une chance pour les élèves ingénieurs de prouver leur esprit, et de préserver la dignité de la faculté ayant le plus grand nombre d'étudiants. S'ils ne parvenaient pas à battre leurs concurrents des autres facultés dont les effectifs étaient moindres, cela serait une honte pour eux tous.

    — Nous allons gagner.

    Arthit regarda la voix qui l'avait interrompu. Cette fois, il n'était pas surpris : la voix venait de ce connard au complexe du héros.

    Kongpob avait lâché son ami et s'était avancé pour se tenir à côté de lui, faisant front au chef bizuteur. Il fixa le regard dédaigneux d'Arthit alors que l'élève le plus âgé le menaçait.

    — Ne prends pas tes grands airs ! N'oublie pas que tu parles au nom de tous les élèves de ta classe et que cela signifie que tu prends la responsabilité de tous sur tes épaules !

    — Je sais. C'est pour ça que je t'ai dit que nous allons gagner. Nous allons vous prouver que même les étudiants de première année comme nous ont la dignité des élèves ingénieurs. Nous ne laisserons personne nous regarder de haut !

    La démarche de Kongpob ne signifiait pas qu'il voulait défier ou manquer de respect aux étudiants plus âgés ; elle provenait d'une confiance visible pour tous. Une fois de plus, ses paroles avaient donné du courage aux autres dans le gymnase, et ce feu était clairement visible dans leurs yeux lorsqu'ils regardaient les juniors autour d'eux.

    — Bien. Nous vous surveillerons.

    Arthit prononça un dernier mot et se retourna pour faire un signe de tête à ses amis, leur donnant un signal.

    Les troisièmes années quittèrent alors le gymnase, ayant fait leur part, suivies d'un grand soupir de soulagement de la part des premières années. Certains des bizuteurs étaient encore furieux, même après avoir quitté le gymnase, et commencèrent à jurer.

    — Putain ! Je n'ai pas fait couler le sang de cet enfoiré de première année. T'aurais pas dû m'arrêter.

    Prem - le gars bronzé qui parla révélant son héritage du Sud et qui était un étudiant en génie civil - jura bruyamment. Mais Arthit, qui marchait avec lui, lui lança un regard ennuyé alors qu'il commençait à parler.

    — Tu as perdu la tête ? Si tu avais commencé la bagarre, il y aurait eu une centaine de témoins oculaires. Quelqu'un l'aurait signalé aux professeurs.

    — Eh bien... tu as raison. Et ce beau gosse était de ton département ? Il était sacrément curieux.

    Son ami avait changé de sujet, voyant l'attitude de Kongpob. Il fit un hochement de tête sec.

    — Oui, il est comme ça. Je suis fatigué de le punir.

    Il avait donné un avertissement au type pour lui dire qu'il fallait qu'il arrête de jouer au héros, au sauveur. Mais cette fois il comprenait pourquoi ce gars avait fait ce qu'il avait fait. Les choses étaient devenues incontrôlables et si Kongpob n'était pas intervenu, la situation entre les étudiants de première année et les bizuteurs aurait probablement dégénéré, surtout avec une tête brûlée et une grande gueule comme son ami.

    — Bâtard arrogant. Il pense qu'il va y arriver.

    Arthit se stoppa dans son élan en entendant la raillerie de son ami. Prem devait être énervé par l'élève de première année désobéissant qu'il s'apprêtait à affronter et donc il pensait qu'ils étaient tous pareils.

    Arthit savait bien que c'était différent quand il s'agissait de Kongpob.

    — ... Ne le sous-estime pas.

    Le murmure d'Arthit provenant de derrière fit se retourner l'autre homme, qui ne l'entendait pas bien.

    — "Qu'est-ce que tu as dit ?

    — Rien.

    Arthit répondit par la négative et s'éloigna comme si rien ne s'était passé. Mais son esprit revenait sans cesse à la même pensée, encore et encore. L'idée le dérangeait, un élève de première année... parce qu'au fond, il savait qu'il y croyait.

    Que Kongpob gagnerait.

     



  • Commentaires

    3
    Mardi 11 Avril 2023 à 20:17

    Oh trop mignon Arthit est persuadé que Kongpb gagnera…. Moi aussi je crois en lui…. Allez GOOOO…..

     

    2
    Jeudi 20 Octobre 2022 à 11:18

    Merci pour ce nouveau chapitre ;D 

    1
    Mercredi 19 Octobre 2022 à 19:23

    *o*

    J'adore, surtout la réplique : « ... Ne le sous-estime pas. » Tout est dit ! Laisse tomber Arthit on sait toutes et tous que tu es tombé pour ton petit Kongpob XD

    Merci pour ce chapitre, bien trop court ;0)

    vivement le prochain !

     

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