Nous l’avons vu les pays asiatiques sont traditionnellement conservateurs et, même si cela tend à s’ouvrir davantage, les communautés LGBT+ restent encore trop souvent en marge des sociétés.

Corée du Sud

Visibilité lors de manifestation

Il existe de nombreux événements à travers le pays depuis quelques années mais 2 d’entres eux sont connus mondialement : 

• le Seoul Korea Queer Culture Festival : festival annuel qui a lieu en général fin mai-début juin, comprend un défilé des fiertés et un festival de film. Créé en 2000, c’était la première fois que la capitale accueillait une marche des fiertés, il n’y avait alors que 50 personnes ! Aujourd’hui elles sont des milliers
• Le Daegu Queer Culture Festival : festival annuel ayant pour thème les droits des personnes LGBT+, dure une semaine fin juin dans la ville de Daegu

A la télévision

Les médias abordent de plus en plus la question des personnes LGBT+ et les couvertures médiatiques de certains évènements font souvent la une des journaux, grâce notamment à de nombreuses célébrités. Parmi elles :

• Hong Seok Cheon. Célèbre restaurateur, acteur et animateur, il a été la première personnalité publique a parlé ouvertement de son homosexualité.
• Harisu. Chanteuse, actrice et animatrice, transgenre, l’une des rares à être acceptée par la société coréenne.
• Choi Han Bit. Première chanteuse coréenne d’un “girl band” et première mannequin transgenre.
• Holland. Acteur et premier chanteur à s’être ouvertement déclaré homosexuel. Il n’hésite pas à transmettre un message de paix envers les personnes LGBT+ dans de nombreuses chansons. /!\ preuve que tout le monde ne fait pas preuve de tolérance, le chanteur a subi une agression en mai 2022 en raison de son homosexualité [https://twitter.com/HOLLAND_vvv/status/1522232048433647617]
• Kim ho Kwang-So. Réalisateur ayant symboliquement épousé son partenaire et premier homosexuel à avoir lancé une procédure judiciaire pour l’enregistrement dudit mariage, mais refusé par la Cour de justice de Séoul.

Dans les films ou dramas, ils sont très peu représentés et bien trop souvent le portrait qui en est fait reste discutable. Prenons l’exemple de Coffee Prince de 2007, dont le scénario se présente ainsi : un homme, tombe amoureux d’un serveur, qui est en réalité une femme travestie pour pouvoir travailler dans ce café où les employés sont tous des hommes. Le héros questionne sa sexualité et va jusqu’à voir un médecin qui lui conseille un remède contre son homosexualité supposée. Tout rentre dans l’ordre quand il découvre qu’il aime en fait une femme… On est loin de l’acceptation ! 

En 2014 le film Man on High Heels, dépeint un portrait peu flatteur d’un homme en quête de sa transidentité. 

Plus récemment en 2016, le clip de One More Day, du groupe de K-pop Sistar présente une relation lesbienne, et très vite le réalisateur justifie son choix en annonçant avoir utilisé le code homosexuel comme outil dramatique, ce n’est donc qu’un outil scénaristique !

Néanmoins l’année 2020 nous offre une petite percée avec Itaewon Class qui nous présente un personnage transgenre acceptée pour ce qu’elle est. On y verra tout de même l’interrogation de ses collègues et le débat que cela suscite.

Japon

Tokyo se montre plus facile d’accès que n’importe quelle autre grande ville du Japon, c’est une ville très ouverte malgré l’apparent conservatisme du pays.

Car à y regarder de plus prêt on peut voir un certain paradoxe. En effet l'expression de mouvances où le genre n'est pas un prérequis, tel que le cosplay, la mode unisexe et la métrosexualité sont depuis de nombreuses années mis en avant à tous les niveaux. Même à la télévision où l’on peut voir des personnalités transgenres comme la mannequin Ayana Tsubaki

La capitale accueille tous les ans la Rainbow Pride, cette année elle a lieu le 25 et 26 juin.

Lecture

Le Japon est célèbre pour ses mangas depuis plus d’un siècle, et dans les années 1970 naît un nouveau genre : les Shônen, Shôjo, ect.

• Shônen : cherche à attirer un nouveau public, les jeunes adolescents. La trame de ce nouveau genre est l’humour, la recherche d’une quête initiale pour le protagoniste, d’aventures trépidantes
• Shôjo : ne définit pas par son genre mais par les lecteurs, souvent de jeunes adolescentes qui sont plus friandes d’histoires romantiques
• Yaoi : manga de romance homosexuelle masculine, ont une forte tendance sexuelle
• Yuri : manga de romance homosexuelle féminine, dont le code est plus sentimentale ou émotionnel.

Et depuis quelques décennies, les Yaoi ont pris une place de choix dans les librairies japonaises, on peut donc y voir une certaine évolution de la mentalité même si cela n’est pas toujours une représentation exacte de la réalité.

Thailande

La Japon a donc créé le mouvement des histoires de romance entre hommes mais c’est la Thaïlande qui en a fait un business florissant.

Au cours des dernières décennies, le paysage de la culture populaire thaïlandaise s’est transformé avec l’apparition des Boy’s Love, terme qui remplace Yaoi.

Depuis 2016 la production de BL se multiplie un peu plus chaque année. “En Thaïlande, les séries sur les relations sentimentales entre hommes ne constituent plus une ‘sous-culture’, mais un courant dominant”, constate Jaruporn Kamtornnoppakun, producteur prolifique de séries BL populaires. “La Thaïlande sera bientôt le centre mondial du genre.” Il faut dire que la popularité de ces dramas à dépasser les frontières du pays, mais aussi de l’Asie. Il s’agit donc d’une véritable industrie, un véritable outil de softpower puisque la Thaïlande est aujourd'hui le plus grand exportateur de séries Boys Love.

Pourtant de sérieux stéréotypes coulent encore dans les scénarios de ces productions, telles qu’une certaine idéalisation de rapports toxiques ou la mise en avant de comportements nocifs… Des efforts sont fait dans la mise en avant de certains sujets, comme dans Not Me ou Cutie Pie qui aborde un sujet épineux : le mariage pour les communautés LGBT

Cette année a une saveur particulière pour la Thaïlande. Ce 5 juin a eu lieu la première Marche des Fiertés à Bangkok avec le soutien du gouvernement local depuis 16 ans !!! Mais c’est surtout la nouvelle tombée le mercredi 15 juin qui a réjoui une grande partie de la population : Le parlement thaïlandais a donné mercredi son accord en première lecture au mariage homosexuel. Il a approuvé l’examen de plusieurs projets de loi : deux autorisent le mariage entre personnes de même sexe et deux autres ne permettent que de simples unions civiles. Une commission parlementaire va les examiner en détail, puis les députés, au terme d’un long processus législatif, trancheront entre les deux options. Croisons les doigts