• Epilogue

    Epilogue

    — Papa ! Dépêche-toi ! 

    J'ai sauté de la voiture dès que mon père a coupé le contact. Je me retourne vers lui, sautillant sur place alors qu'il n'est pas encore sorti de la voiture. Il fait une petite grimace quand il me jette un coup d'œil avant de finalement me rejoindre. 

    — On n'est pas en retard, ne t'inquiète pas. 

    — Mais, lui va s'inquiéter s'il ne nous voit pas. 

    J'attrape sa main et le tire de toutes mes forces pour que l’on arrive plus vite sur les lieux de la cérémonie. Je suis excitée et pressée de lui montrer que papa et moi on est fiers de lui. Cependant, quand papa se stoppe brusquement, je fais deux pas en arrière, incapable de le tirer à ma suite. Je me retourne pour lui lancer une question muette car je ne comprends pas ce qui se passe.. 

    — J'ai oublié le bouquet. 

    Je lève les yeux au ciel quand il parle d’une voix nerveuse et fait aussitôt demi-tour pour rejoindre la voiture. Je ne dis rien, mais regarde rapidement ma montre pour voir qu’il reste à peine vingt minutes avant le début de la cérémonie et qu’à ce rythme là, on n’aura jamais de bonnes places. 

    Papa revient avec un énorme bouquet, la raison de notre retard, car il voulait qu’il soit absolument parfait. Et je peux dire qu’il l’est, chaque fleur placée avec soin s’associe avec harmonie dans une palette de couleurs qui plaira forcément au destinataire. 

    Je reprends sa main libre et je me hâte d'arriver sur les lieux de la cérémonie qui nous tient en haleine depuis plusieurs semaines maintenant. Les lieux sont noirs de monde et je ne peux pas m’empêcher d’avoir une petite moue boudeuse quand je me dis que si on était partis quand je l’avais demandé à papa, alors on aurait eu une place tout devant. 

    Je tente de me frayer un chemin à travers la foule en traînant mon père derrière moi, qui lui tente de protéger le bouquet du mieux qu’il peut. Je saute même plusieurs fois sur place pour essayer d'apercevoir un visage connu, car eux aussi, ils avaient promis de venir.

    — Dao par ici !

    Je tourne la tête dès que j’entends une voix féminine m’appeler et un grand sourire illumine mon visage quand je me rends compte qu’ils sont absolument tous là pour lui. Enfin, disons ceux qui comptent vraiment dans nos vies et qui les ont acceptés.

    — Mamie !

    Je lâche papa et cours rejoindre la mère de Phi Pa, on n’a pas de lien du sang, pourtant, depuis notre rencontre, je la considère comme ma grand-mère et elle me le rend bien. Elle me serre contre elle avant de m’embrasser la joue. Je m’approche ensuite de Phi James et Phi Lemon, le petit frère et la petite sœur de Phi Pa, les seuls de sa fratrie avec qui il est resté en contact. 

    — Salut p’tite tête, comment vas-tu ?

    Oncle James, je l’aime bien, même s’il me taquine toujours un peu trop à mon goût, je fais alors une chose très mature et je lui tire la langue, faisant rire Tante Lemon. Ils me font aussi un bisou chacun et me dirigent ensuite vers les deux personnes qui se tiennent légèrement en retrait en se tenant la main. 

    Oncle Tay et Tante Malaï sortent enfin ensemble, j’ai dû ruser encore plus que pour Papa et Phi Pa pour qu’ils se rendent compte qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Je m’approche avec un grand sourire avant de faire le même rituel que depuis plusieurs mois, je pose mon oreille contre le ventre arrondi de Malaï pour dire bonjour à mon futur cousin.

    — Khaotung, ça va ? 

    Ma grand-mère accueille papa avec une voix chaleureuse. Je ne suis pas vraiment au courant de tout, mais je sais qu’après que Phi Pa soit retourné dans sa famille ce jour-là, mamie a mis son mari à la porte, ses deux plus grands enfants l'ont suivi et même si elle ne le dit pas, elle est triste de ne plus avoir de leurs nouvelles, mais pour le bien-être de ses trois autres enfants, elle dit qu’elle ne le regrette pas. 

    Phi Pa a pu intégrer l’école de ses rêves, alors que Phi James et Phi Lemon ont eu le choix sur ce qu’ils voulaient faire de leur vie. Je sais que tout n’est pas parfait, mais malheureusement, les grands veulent rarement partager les informations avec une fillette de dix ans, je ne pourrais pas comprendre ce qu'ils disent. 

    — Ça commence, regardez, il est là bas.

    Papa s'exclame avec une voix vibrante de fierté alors que la promotion de Phi Pa se prépare à recevoir leur diplôme après quatre ans d’études. Tout le monde se tait et le regarde avec émotion, il nous a repérés depuis longtemps et a même répondu à mon petit signe de la main tout en gardant son sérieux. 

    Je me souviens encore de la conversation que j’avais eue avec papa, j’étais jeune pourtant, mais je ne voulais qu’une chose, une famille. Deux parents, des grand-parents, des oncles, des tantes. Des personnes proches qui seraient toujours un soutien pour moi, des personnes à qui je pourrais parler de mes doutes, de mes souhaits, des personnes qui menacerait mon amoureux ou mon amoureuse si je venais à être blessé par sa faute. 

    Phi Pa était tombé dans les bras de papa cette nuit-là et quand je les ai vus ensemble, j’ai décidé qu’ils seraient amoureux. C’était une lubie d’enfant, mais je suis pleinement heureuse qu’ils soient tombés réellement amoureux et que depuis quatre ans, ils soient la force de l’autre. Ma famille n’est toujours pas comme les autres, mais je m’en fiche, moi je l’aime comme elle est. 

    La cérémonie dure longtemps et j’ai l’impression qu’elle ne va jamais se finir tant je suis impatiente d’avoir la suite du programme. Je tiens la main de papa et je sens qu’elle tremble un peu alors je la serre plus fort pour attirer son attention. Il baisse les yeux vers moi et je lui fais le plus grand sourire dont je suis capable. 

    — Papa, tu vas t’en sortir comme un chef. 

    Ses traits se détendent, il me sourit et hoche la tête. Il doit encore avoir peur, mais je sais que mon papa, il peut faire face à tout. Après tout, il s’est battu pour m'élever alors que sa petite amie l’avait abandonné, alors que ses parents lui avaient tourné le dos. Heureusement, Oncle Tay et Tante Malaï étaient là pour nous. 

    Une dernière salve d'applaudissements de la part de la foule et les étudiants se dispersent, rejoignant leur famille pour faire des photos et se faire congratuler. Phi Pa s’approche de nous, mais Papa va à sa rencontre, son bouquet serré dans ses bras. Ils se fixent un long moment, oubliant la foule autour d’eux, oubliant que leurs proches sont là. 

    Ils ont cette manière de se regarder qui me fascine depuis que je suis toute petite. Il y a tellement d’amour et Tata Lemon m’a appris aussi le mot, de la dévotion. Ils se complètent, ils sont la famille que je voulais et la meilleure dont je pouvais rêver. 

    Phi Pa prend le bouquet et d’ici je vois ses joues qui rougissent, c’est le moment, je sens mon cœur s’accélérer quand Papa met un genoux à terre en sortant une petite boite. C’est le grand secret, celui qu’il prépare depuis des semaines. J’ai eu du mal à ne pas en parler, surtout quand on est allé ensemble chercher les deux anneaux. 

    Mes deux oncles filment la scène et même si on n’entend pas ce que Papa dit, l’émotion sur le visage de Phi Pa parle pour lui. Il n’est pas loin de pleurer quand il hoche vivement la tête et je me mets à sautiller sur place, sentant la joie monter dans mon estomac. 

    Papa se relève, glisse lentement l’anneau à son index avant de tendre la boîte à Phi Pa pour qu’il fasse la même chose. Et puis je craque et je me mets à applaudir le plus fort possible au point d’avoir mal aux mains, mais je m’en fiche. Quand ils s’embrassent, je me mets à courir vers eux et saute dans leur bras quand ils se séparent. 

    Malgré mon poids et ma taille, à eux deux ils arrivent à me tenir et j’entoure leur cou de mes deux bras et je leur offre un énorme câlin.

    — Papa, Phi Pa, je vous aime gros comme ça.

    Ils éclatent de rire et déposent un baiser sur chacune de mes joues ce qui me fait rire aux éclats. Petit à petit, le reste de la famille nous rejoint, lançant des félicitations, des taquineries, c’est un moment de joie unique, un moment que rien ne semble pouvoir gâcher, pas même le regard des autres, parce qu'à cet instant, on est seul au monde. 

    Enfin, ça, c’est jusqu’au moment où Tante Malaï pousse un petit cri aigu nous faisant tous tourner la tête vers elle. Je fronce les sourcils en l’observant avant de me pencher vers papa pour lui chuchoter à l’oreille, parce que j’ai bien compris qu’une femme enceinte pouvait être très sensible. 

    — Papa… elle a fait pipi dans sa culotte ?

    Il se mord la lèvre inférieure pour ne pas rire, je suis un peu inquiète pour elle, je me souviens avoir fait pipi dans ma culotte quand j’avais huit ans à l’école et toutes mes copines se sont moquées de moi. J’avais beaucoup pleuré le soir et Phi Pa avait passé un long moment à me réconforter. 

    — Non mon coeur. Elle vient de perdre les eaux, ton cousin sera bientôt là.

    Mon regard s’illumine et je me retrouve rapidement par terre, Papa va rejoindre Tay et Malaï pour les aider et on se dirige d’un seul mouvement vers le parking pour l’accompagner à l’hôpital. Tonton est devenu tout blanc et je ne suis pas certaine qu’il soit en état de conduire. J’attrape la main de Phi Pa et on marche un peu en retrait. 

    — Phi Pa ?

    — Oui ma puce.

    — Maintenant que tu as eu ton diplôme, tu vas ouvrir un magasin avec papa ?

    Phi Pa a travaillé dur pendant quatre ans, il s’est épuisé à la tâche, se partageant entre ses études, son petit boulot et nous. Parfois, il voulait juste baisser les bras, il pensait ne pas y arriver, il pensait aux méchants mots de son père et heureusement, mamie avait toujours les bons mots dans ces moments-là. 

    Au fil du temps, Papa et lui ont commencé à parler d’ouvrir leur propre boutique, d’avoir leur propre concept et j’adore les écouter en parler, dans ma tête, j’ai déjà tout imaginé et j’ai hâte d’y être, de vivre cette aventure avec eux.

    — Bien sûr, c’est ce qui est prévu. Ça te fait peur ?

    — Non… je suis juste heureuse que Papa et toi soyez ma famille. Je t’aime.

    Je l’ai tout de suite aimé et depuis quatre ans, je ne me lasse pas de lui dire encore et encore pour qu’il ne pense pas que j’aime plus papa que lui. Je les aime autant l’un que l’autre. 

    — Je t’aime aussi ma puce. 

    — Dao, First, dépêchez-vous.

    On s’est laissé distancer et tout le monde est déjà en train de monter en voiture pour que l’on puisse se rendre à l’hôpital. Papa nous fait un signe et sans attendre on se met tous les deux à courir pour le rejoindre et accueillir le nouveau membre de la famille que je voulais tellement.


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  • Commentaires

    3
    Canelle31270
    Dimanche 25 Décembre 2022 à 23:51
    Merci beaucoup pour cette histoire que j'ai adoré lire
    2
    Dimanche 25 Décembre 2022 à 18:02

    Je peux difficilement dire mieux que Yu9, je la rejoins à 100%, tout était top, merci pour cette belle histoire cool

    1
    Dimanche 25 Décembre 2022 à 10:39

    Aaaaaaaaah non c'est fini T-T

    C'était sympa d'avoir le point de vue de Dao dans cet épilogue.

    Néphély cette histoire est géniale, elle est fluide à lire, agréable, pleins de moments de douceurs partagées...

    J'ai vraiment pris plaisir à la lire et à découvrir ligne après ligne leur vie, leur rencontre, leur rapprochement et leur union.

    Aimer, c'est vouloir le bonheur de l'autre, c'est se soutenir dans les moments difficiles, partager les moments joyeux et avancer côte à côte dans la vie.

    Merci pour ce roman !

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