• Chapitre 10

    Chapitre 10

    Je me réveille tranquillement, mais la première chose dont j’ai conscience, c’est qu’un mal de tête me déchire le crâne. Je fronce les sourcils et c’est encore pire que tout, je tente de me retourner pour trouver une position un peu plus confortable quand je sens deux bras m’empêcher de bouger. 

    Les souvenirs de la veille un peu brumeux me reviennent alors en mémoire. La catastrophe qu’à été le repas au restaurant, les mots durs de mon père et la gifle cuisante. Ces souvenirs ne sont pas du tout agréables, j’aurais préféré les oublier. Par contre, l’arrivée de Khao a tout changé, il s’est montré doux, patient et les baisers qu’on a échangés me donnent le sourire, ça je suis content de ne pas les avoir oubliés.

    Je me réinstalle confortablement, ma tête est toujours appuyée contre son torse et j’entends les battements réguliers de son cœur sous mon oreille. Je pousse un petit soupir de bien-être et j’oublie mon mal de tête, je me concentre sur le son et finis par replonger dans un sommeil réparateur. Enfin, c’est ce que je voudrais faire, mais le calme ambiant est soudain perturbé par un cri aigu.

    — Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

    J’ouvre grand les yeux alors que Khaotung pousse un long soupir. Dao nous rejoint sur le lit et se met à sauter dessus en poussant de petits cris. 

    — Vous êtes amoureux ! Vous êtes amoureux ! Vous êtes amoureux !

    Je ne peux pas m’empêcher de sourire malgré le mal de tête qu’elle déclenche à chaque fois qu’elle saute en poussant une exclamation heureuse. Soudain Khao se redresse, attrape la petite chipie et l’attire entre nous deux en rigolant. 

    — Tu as fini Dao… je t’ai déjà dit de ne pas réveiller les gens comme ça. 

    Elle éclate de rire, encore plus quand il dépose une myriade de baisers dans son cou tout en la chatouillant. Je les observe avec un petit sourire, c’est étrange de me retrouver là et d’assister à ce genre de scène que je n’ai jamais connue. J’ai toujours un bras de Khao sous la tête et il ne cherche pas à le retirer, d’ailleurs quand il laisse un instant de répit à Dao, il se tourne sur le côté, pour me faire face, laissant la petite reprendre sa respiration entre nous. 

    — Tu vas bien ?

    Il me caresse doucement le front et je reste un moment à le regarder la bouche entrouverte, son toucher apaisant la douleur. On se sourit presque avec tendresse, puis j’attrape les doigts de Khao avant de les embrasser doucement. 

    — Je vais bien. Et toi ?

    Il hoche la tête, mais on n’a pas le temps de parler plus longtemps, car Dao relève la tête en soupirant. Elle a les joues rouges et un grand sourire, elle est installée sur le ventre, ses mains maintenant son menton, elle nous observe avec des yeux brillants. 

    — Désolée de vous avoir réveillé. Mais je suis tellemeeeeent heureuse.

    — Ma puce, Phi First est encore malade, il doit se reposer.

    Elle tourne son visage vers moi, elle a oublié sa joie et laisse transparaître de l'inquiétude. Elle se redresse, pose sa main sur mon front et reste immobile sans rien dire pendant de longues secondes. Je jette un coup d'œil à Khao, mais il me fait un petit signe pour me dire d’attendre un instant. 

    — Bouge pas Phi, je reviens.

    Aussitôt, elle se redresse et bondit hors du lit, courant rapidement hors de la chambre. Je me redresse un peu, mais aussitôt, l’homme à côté de moi me force à me rallonger et il remonte même la couverture jusqu’à mon menton. 

    — Ne bouge pas, elle va s’occuper de toi. 

    Il se penche et dépose un baiser sur mon front. Il se mordille légèrement la lèvre, hésitant à parler, à me poser des questions et je crois savoir ce qui le tracasse.

    — Je me souviens de tout. 

    Il rougit légèrement quand j’insiste bien sur le tout. Je me souviens qu’hier j’ai eu des gestes envers lui, laissant l’envie prendre le dessus et je sais que s’il ne m’avait pas arrêté, on aurait sans aucun doute fait l’amour hier soir. 

    Est-ce que j’aurais été déçu qu’il ne m’arrête pas ? Peut-être, car je veux vraiment être proche de lui de cette manière, mais pas sous l’emprise de l’alcool, pas parce que mon père s’est montré horrible avec moi. Je veux que l’on fasse l’amour parce que c’est le bon moment, parce que l’on se sent bien ensemble et que l’on en a envie tous les deux. 

    — Merci d’avoir pris soin de moi et de m’avoir arrêté quand je suis allé trop loin.

    Je me penche vers lui et embrasse ses lèvres avec douceur. Je veux lui redire tout ce que j'ai dis hier soir, je n'ai pas menti, je pense chaque mot que j'ai prononcé et je ne veux pas qu'il puisse se poser de questions. 

    Enfin je le ferai, mais Dao revient dans la chambre et je ne peux pas en parler devant elle. Elle saute à nouveau sur le lit, mais cette fois, elle ne pousse pas de grand cri. Elle se met à genoux à côté de moi et repousse les cheveux sur mon front, puis avec une grande concentration elle colle une bande de gel antipyrétique sur mon front. 

    — Voilà, maintenant tu vas vite guérir. 

    — Merci Dao, je me sens déjà mieux maintenant.

    Elle est heureuse quand je la remercie, mais soudain elle semble avoir une grande idée et elle se met debout sur le matelas. 

    — Je vais te préparer un bon petit déjeuner qui va finir de te guérir. 

    Elle saute au pied du lit et repart à nouveau en courant et la porte claque derrière elle. Khao se redresse aussitôt, même s'il ne l'a pas empêché de partir, je sens que l'idée ne lui convient pas vraiment. 

    — Je ferais mieux d'aller l'aider, à moins que tu aimes les coquilles dans tes oeufs. 

    — Attends.

    Je le retiens alors qu’il est déjà prêt à quitter le lit et il se retourne un peu surpris vers moi. Il se réinstalle rapidement près de moi et attend patiemment que je reprenne la parole. Je m’humidifie les lèvres un peu nerveux, hier j’ai dis toute ses choses grâce à l’alcool et maintenant que je suis sobre, c’est plus difficile.

    — Je pensais tout ce que je t’ai dit hier. 

    Je m'assois dans le lit pour lui faire face, attrapant sa main et la portant à mes lèvres. Je prends une grande inspiration et rassemble tout mon courage pour me confier à lui une nouvelle fois. 

    — Tu es beau, je l’ai pensé dès le premier jour où je t’ai rencontré et…  je ressens vraiment quelque chose pour toi.

    Son visage laisse voir toutes les émotions qu’il ressent et j’aime quand la timidité lui fait rougir les joues. Si au début, je suis assez confiant, plus le silence s’éternise et plus je me dis que l’alcool m’a fait imaginer des choses. Je pensais que lui aussi ressentait quelque chose pour moi, mais là, il semble mal à l’aise, comme s’il cherchait à me repousser sans me faire de mal. 

    Je baisse la tête, je me sens stupide, qu’est-ce qui m’a pris de croire que je pourrais intéresser quelqu’un comme lui. Je ne suis pas grand chose, je ne suis même pas capable de faire face à mon père. Ma main relâche la sienne et je cherche à trouver quoi dire pour partir sans perdre la face.

    — Je t’ai trouvé beau aussi dès le premier jour.

    Je relève la tête et observe l’homme qui en l’espace de quelques semaines est devenu le centre de ma vie. Je reprends sa main et entrelace nos doigts, je vois bien qu’il veut dire autre chose, mais qu’il hésite, qu’il ne trouve pas les mots et je lui laisse tout le temps de le faire. 

    — Je… je me sens bien avec toi.

    J’ai un petit sourire en coin, à son visage, je me doute que ce n’est pas tout à fait ce qu’il voulait me dire, mais déjà rien que d’entendre ça, je me sens heureux et ça me suffit. Ma main libre se pose sur sa nuque et je l’attire vers moi, je capture ses lèvres dans un baiser bref.

    — Savoir ça, me suffit pour le moment.

    Je sais que l’amour l’a déjà blessé, je ne veux pas le forcer à se dévoiler s’il ne se sent pas prêt et rien qu’au soulagement qui se lit sur son visage, je sais que j’ai tapé juste. On se penche en même temps l’un vers l’autre voulant goûter une nouvelle fois à ces baisers, seulement, un grand fracas métallique nous ramène à la réalité. Celle où Dao est seule dans la cuisine en train de préparer un petit-déjeuner pour me soigner. Nos yeux s’agrandissent et Khao bondit hors du lit. 

    — Repose-toi, essaie de dormir encore un peu, je viendrai te chercher quand tout sera prêt. 

    Et il referme la porte derrière lui, je l’entends interpeller Dao puis éclater de rire avant que je ne me laisse retomber sur le lit. Je place une main derrière ma tête, fixant le plafond avec un sourire que rien au monde ne pourra me faire réprimer. Me réveiller avec Khao et Dao m’a fait oublier la peine et la douleur et ça finit de me convaincre que je dois changer de vie. 

     

    Je ne me suis même pas rendu compte que je m’étais rendormi, c’est seulement quand quelque chose touche mon visage que mes yeux s’ouvrent. Khao est assis près de moi, il caresse mon visage, c’est comme s'il dessinait mes traits. 

    — Bonjour, la belle au bois dormant.

    — Dans l’histoire, le prince l’embrasse pour la réveiller.

    Il se mordille la lèvre aussitôt, une lueur amusée au fond de ses yeux. Il jette un rapide regard vers la porte de la chambre qui est ouverte avant de se pencher vers moi et de m’embrasser rapidement. Trop rapidement même car j’ai à peine senti ses lèvres effleurer les miennes qu’il s’est déjà redressé. J’aurais pu me dire que j’ai rêvé ce baiser, si ses joues n'étaient pas si rouges.

    — Est-ce que tu as faim ?

    Je hoche la tête, malgré ma gueule de bois bien présente, je suis mort de faim, mais c’est surtout parce que je vais déjeuner avec eux. Il prend ma main et je sors sans peine du lit, me laissant entraîner dans le salon où Dao est en train de finir de mettre la table. 

    — Phi, papa a refait la soupe pour quand tu es malade. Tu vas vite guérir par vrai ?

    — Bien sûr, tu t’occupes tellement bien de moi que je me sens déjà beaucoup mieux. 

    Je n’exagère pas, je me sens mieux, bien mieux que depuis longtemps et je sais que c’est grâce à eux. Ils m'ont ouvert les yeux sur la manière dont je voulais vivre ma vie et j'espère que je serais toujours près d'eux à l'avenir. 

    De nouveau, on est assis tous les trois pour prendre le petit déjeuner, mais cette fois-ci, ils sont beaucoup plus détendus et Dao qui semble être aux anges depuis qu'elle est réveillé, n'arrête pas de rire et sourire. 

    — Papa, on peut aller se promener après ? 

    — Tu veux aller où ? 

    Elle se met à réfléchir sérieusement à la question alors que je commence à débarrasser la table. Je sais que moi, je vais devoir faire face à ma famille même si l'idée ne m'enchante pas vraiment. Je sens que j'ai besoin de réellement faire une pause pour prendre le temps de mettre mes pensées et mes envies à plat. 

    Je sursaute légèrement quand une main se pose sur ma nuque, la massant doucement. Je tourne la tête pour croiser le regard de Khaotung qui m'observe inquiet, je le vois aux froncements de ses sourcils. 

    — Tu vas bien ? 

    Je hoche rapidement la tête en souriant pour le rassurer avant de poser ma main sur sa cuisse. Je me mordille la lèvre, pas vraiment habitué à me livrer, mais avec lui c'est différent car il m'écoute et il s'intéresse à moi. 

    — Je réfléchis à ce que je vais faire ces prochains jours. 

    Sa main quitte ma nuque, glisse le long de mon bras et attrape ma main qui est toujours posée sur sa cuisse. 

    — Tu sais que tu es le bienvenu ici. Reste le temps de décider ce que tu veux. 

    C'est une vague de soulagement qui me dénoue l'estomac. Dao pousse un petit cri de joie à l'idée que je reste vivre avec eux un certain temps. 

    — Si ça ne dérange pas, j'aimerais bien rester. 

    Mes doigts serrent sa main avec force alors que la petite fille bondit hors de sa chaise et sautille partout en criant sa joie en entendant ma réponse. Khao et moi la regardons un moment en riant jusqu’à ce qu’il attrape sa fille par la taille et l’attire dans ses bras. Elle se calme aussitôt, mais un grand sourire illumine son visage. 

    — C’est la plus belle journée de ma vie.

    Elle pousse un long soupir satisfait. Je ne sais pas pourquoi elle semble si heureuse de me voir rester. Pourquoi est-ce qu’elle semble si sûre depuis le début que Khao et moi on est fait l’un pour l’autre. Je préfère ne pas lui poser la question cela dit. Le silence retombe un instant, le temps que Dao reprenne son souffle. 

    — Et si on allait au centre commercial aujourd’hui, acheter tout ce dont tu auras besoin pour rester. 

    C’est vrai que je n’avais absolument aucun vêtement de rechange, juste ce que j’avais sur le dos. Il était hors de question que pour le moment je rentre chez moi, alors Khaotung avait raison, il allait falloir faire les magasins. Le visage de Dao s’illumine encore plus que si on était le matin de Noël et elle tape dans ses mains en poussant un petit cri. 

    — Je vais me doucher.

    Elle quitte les genoux de son père et cours directement dans la salle de bain pour se préparer. Je la regarde en souriant avant de reporter mon attention sur l’homme qui est à côté de moi et dont je tiens toujours la main. 

    — Elle adore faire les magasins, autant te dire que je suis heureux quand Malaï l’emmène pour le faire. 

    — Merci Khao.

    Je ne peux pas m’empêcher de le remercier une nouvelle fois de m’avoir proposé de rester avec eux même si ce n’est que pour un court moment. Le visage de Khao devient soudain plus sérieux, plus doux aussi avant qu’il ne se redresse et ne m’embrasse le front.

    — Je suis content que tes camarades de cours t'aient trop fait boire et que l’on se soit croisé dans ce parc. 

    Il rougit dangereusement, visiblement gêné par sa propre déclaration et quand il se lève brusquement en prenant son assiette pour se rendre dans la cuisine, je ne le taquine pas. Il faut dire que je sens mes joues me chauffer aussi, tant les mots qu’il a prononcés sont agréables à mes oreilles. 

    Je me lève à mon tour, rassemblant la vaisselle pour l’aider avec un petit sourire sur le visage. Notre relation n’a pas de nom, je ne sais pas vraiment ce que l’on est l’un pour l’autre, mais une chose est sûre, ce père et sa fille sont en train de transformer ma vie. Alors finalement, moi aussi je suis heureux d’avoir écouté mon père ce soir-là, d’avoir beaucoup trop bu et d’avoir pu rencontrer des personnes qui m'apprécient pour qui je suis et pas ce que je pourrais faire pour elles. 

    — PAPAAAA !!! J’ai oublié mes habits.

    Je me tourne surpris vers la salle de bain dont la porte entrouverte ne laisse apparaître qu’une petite partie du visage de Dao qui prend déjà une profonde inspiration prête à appeler à nouveau son père s’il ne se dépêche pas de lui répondre. 

    — J’arrive.

    Il sort soudain de la cuisine en train de s’essuyer les mains avec un torchon et il fonce dans la chambre de Dao. J’ai un petit rire quand Dao le remercie en criant tout aussi fort que la première fois puis je recommence à débarrasser la table, pressé de voir quel genre de routine va m’attendre à partir d’aujourd’hui, mais je suis déjà certain que je vais particulièrement l’aimer.

     


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  • Commentaires

    3
    Mardi 20 Décembre 2022 à 11:54

    Trop chou, mais je stresse à chaque chapitre, je doute que la famille de First laisse passer ça si facilement :'( Hâte de savoir comment ça va se passer ^^

    Bises. 

    2
    Mardi 20 Décembre 2022 à 10:00

    Dao, mdr, elle est énergique la petite XD

    Hâte de lire le prochain chapitre !

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