• Chapitre 1

    Chapitre 1

    Le soleil n’est pas encore levé quand j'ouvre un œil en soupirant. C’est déjà le matin et je devrais me lever et commencer ma journée. Pourtant, je prends un peu de temps, je reste au chaud allongé sous ma couette, savourant le calme qui règne autour de moi et qui disparaîtra bientôt pour laisser place à un bruyant chaos. 

    Le réveil sonne une deuxième fois et mon répit prend fin. Cette fois je ne traîne pas. Je quitte la chaleur de mon lit et me dirige encore ensommeillé vers la salle de bain, ramassant en chemin les vêtements qui traînent un peu partout. 

    Chaque journée commence de la même manière. Une douche bien chaude pour me réveiller, puis je prépare le petit-déjeuner. C'est loin d'être de la grande cuisine, j'ai beau essayer de toutes mes forces, ça reste toujours moyen et heureusement Phi Malaï cuisine notre repas du soir et elle, elle est vraiment douée. 

    Une fois le repas prêt, il me reste une grande étape à franchir, réveiller ma petite tornade. Elle est devenue mon univers, je n'envisage pas ma vie sans elle et même si ce n'est pas facile tous les jours, je me sens heureux avec ce que j'ai. 

    Sa chambre est encore plongée dans l'obscurité et je m'y déplace discrètement, même si rien ne la réveillerait. Elle a un sommeil de plomb et c'est bien souvent un gros problème le matin. J'entrouvre les rideaux, laissant un léger filet de lumière entrer dans sa chambre et je me tourne vers le lit de ma petite fille. 

    — Dao, il est l'heure. 

    Je fronce les sourcils quand je découvre un simple pied posé sur l'oreiller. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres avant de m'asseoir au bord du lit et de lui chatouiller la plante du pied. 

    Au début rien ne se passe, puis elle s'agite et enfin j'entends son petit rire s'élever de sous les couvertures. 

    — Ma puce, tu dois te préparer, tu as école ce matin. 

    Je parle d'une voix douce, mais seul un grognement me répond. Dao vient d'avoir six ans. C'est une petite fille pleine de vie, mais qui a complètement chamboulé ma vie. J'avais seize ans quand sa mère m'a annoncé sa grossesse. Dix-sept quand je me suis retrouvé père célibataire. Dao avait six mois quand mes parents m'ont mis à la porte lorsqu’ils ont compris que je n'abandonnerais pas ma fille. 

    J'ai réussi à m'en sortir grâce à deux personnes qui sont devenues ma famille. Phi Malaï, c'était la meilleure amie de la mère de Dao et elles se sont éloignées quand elle a abandonné sa fille. Puis il y a eu Phi Tay, quand j'ai toqué à sa porte, la petite dans un bras, ma valise de l'autre, il m'a hébergé sans poser de question. Je suis resté chez lui pendant trois ans jusqu'à ce que je trouve un bon travail et que je puisse emménager dans ce petit appartement. 

    — Dao, je vais devoir partir, ouvre les yeux et lève toi.

    Elle gémit avant de se retourner pour se camoufler un peu plus sous la couette. Je ne peux m'empêcher de sourire avant de la secouer à nouveau.

    — Je vais manger toutes les gaufres si tu ne m'arrêtes pas. 

    — Papa !!! 

    Sa petite voix résonne, étouffée par la couette, et je me mordille la lèvre pour ne pas rire. Habituellement, cette menace la fait bondir hors du lit pour sauver les précieuses gaufres que je prépare le vendredi et qu'elle adore. 

    Enfin, sauf aujourd'hui où le temps commence à me manquer. En fronçant les sourcils, je glisse ma main sous la couette et la pose sur son front avant de discrètement soupirer en sentant sa peau fraîche sous ma paume. 

    — Encore cinq minutes papa. 

    Je lève les yeux au ciel. C'est sûrement l'une des phrases qu'elle dit le plus souvent. Je regarde ma montre et soupire à nouveau hésitant un instant entre la pousser à se lever ou bien lui offrir ses cinq minutes supplémentaires. 

    —  Très bien, mais tu dois te lever quand je t'appelle dans cinq minutes et interdiction de demander cinq autres minutes. 

    — Hmm moui papa. 

    Elle ne m'écoute déjà plus, plongeant à nouveau dans un demi-sommeil. Je reste immobile quelques secondes en lui caressant le sommet de la tête, seule chose qui dépasse de sa couverture.

    Je repars dans la cuisine sachant très bien qu'elle ne se lèvera pas dans cinq minutes. C'est un peu notre routine quotidienne. Sauf que ce matin, je me suis levé en retard et je ne suis pas certain d'avoir le temps de partager le petit déjeuner avec elle. 

    — Dao, ça fait cinq minutes. Debout. 

    Et évidemment, le silence me répond. Elle doit redormir profondément et je sens que ce matin, je ne pourrais pas la voir réveillée avant de partir. Je quitte le comptoir où j'ai fini de dresser les assiettes et me prépare à rejoindre la chambre de la petite quand on sonne à la porte. 

    Oui, je suis vraiment en retard. Je me dirige finalement vers la porte et ouvre à la personne qui est devenue comme une soeur pour moi. Malaï qui vient chaque matin prendre le relais quand je dois aller tôt au magasin.

    — Salut Khao. 

    Elle n'est pas bien réveillée, elle se lève tôt juste pour m'aider alors que je sais qu'elle a étudié jusque tard dans la nuit. 

    —  Bonjour. Tu vas bien ? 

    Elle hoche la tête avant de s'étirer et je sais qu'elle aurait eu besoin d'une ou deux heures de sommeil supplémentaires pour être réellement en forme et comme à chaque fois, je ressens un mélange de reconnaissance et de culpabilité. 

    — Aie !! 

    Fatiguée, peut-être, mais cela ne l'empêche pas de me frapper fort la tête. Je me retrouve avec les larmes aux yeux en train de me frotter le front où j'en suis certain, une marque rouge apparaît. 

    — Arrête de penser à ses conneries. Je suis là parce que j'en ai envie. 

    — Je sais. 

    Elle enlève ses chaussures, alors que moi je mets les miennes. J'ai le cœur lourd de partir sans un câlin, mais je sais qu'elle se rattrapera ce soir. 

    — Il y a des gaufres prêtes, mais avant de pouvoir les manger, tu vas devoir réveiller Dao. J'étais en retard ce matin et je n'ai pas réussi à le faire. 

    — Ne t'inquiète pas super papa, je vais m'occuper de tout. 

    Je la serre dans mes bras, un remerciement silencieux, puis je quitte l'appartement, un peu triste. 

     

    Le magasin où je travaille depuis trois ans se trouve à quatre stations de bus de chez moi. Aujourd'hui, c'est moi qui fait l'ouverture avec la nouvelle employée que je dois former. C’est étrange de me dire que j’ai maintenant autant de responsabilités, alors que lors de mon arrivée, je n’étais qu’un jeune qui ne connaissait absolument rien au métier de fleuriste.

    Comme à chaque fois que je déverrouille la porte, je prends une grande inspiration, laissant l’odeur de la centaine de fleurs réunies envahir mon nez. Je ferme un instant les yeux, m’imaginant facilement loin de la ville, dans un magnifique champ de fleurs colorées. Dao serait heureuse de pouvoir jouer dedans, le soleil réchauffant agréablement nos peaux. Je n’ai aucun mal à imaginer les rires de ma petite fille alors que je l'amènerais pour la première fois en vacances. 

    — Phi Khaotung, je suis là.

    Ma rêverie est interrompue par une voix fluette et joyeuse et je me retourne pour tomber sur Nong Som, une jeune fille qui vient d’être embauchée par le couple propriétaire de la boutique. Je lui fais un grand sourire et entre dans la boutique pour la laisser faire de même. 

    — Tu es drôlement en avance.

    Elle est déjà en train de déposer ses affaires, cette jeune femme est une boule d’énergie à l’état pure. Je ne l’ai pas beaucoup vu, mais elle semble toujours sur ressort. Je sais que son énergie peut être une très bonne chose, mais je ne sais pas si je serais capable de la canaliser. 

    Au même moment, l’image de Dao me traverse l’esprit et je ne peux pas m’empêcher de sourire car ma petite fille est du même genre, à ne pas tenir en place. C'est la raison pour laquelle je l’appelle affectueusement ma petite tornade. Enfin, ça c’est tous les moments de la journée, sauf le matin. 

    — Il y a quelque chose de drôle Phi ?

    Je sursaute quand la voix de Som résonne à nouveau et me tourne vers elle, me rendant compte que je suis toujours à côté de la porte d’entrée, je n’ai pas bougé alors qu’elle porte déjà son tablier et qu’elle a commencé à faire le tri dans les fleurs afin d’enlever celles qui commencent à ne plus être belles. 

    — Non, ce n’est rien.

    Je me dépêche d’aller ranger mes affaires pour me mettre moi aussi au travail. Comme toujours la matinée est plutôt calme, j’en profite pour lui expliquer et lui apprendre diverses tâches qu’elle devra faire dans le magasin, surtout quand elle sera seule. C’est facile de travailler avec elle, elle ne rechigne pas à la tâche et surtout, elle est toujours pleine de bonne volonté.

    Le temps passe assez rapidement, je l’écoute plus parler que je ne participe à la conversation, mais ça me convient, je n’ai pas vraiment de grands récits à faire, je m’en rends compte, toute ma vie tourne autour de Dao et je n’aime pas en parler aux gens que je ne connais pas. 

    Ils peuvent tous se montrer très gentils et agréables, mais quand ils apprennent que je suis papa d’une petite fille de six ans et que surtout, la mère ne fait plus partie de nos vies, leurs comportements changent. Je peux le voir aux regards qu’ils me jettent, ils pensent que je vaux bien moins qu’eux.

    — Phi, tu as une petite amie ?

    Je m’étouffe avec le café que j’étais en train de boire quand le silence et mes pensées sont rompues par ma nouvelle collègue. Je tousse un long moment avant de réussir à reprendre ma respiration, les larmes aux yeux et un air incrédule sur le visage.

    — Quoi ?

    — Tu es tellement mignon que c’est sûr que tu n’es pas célibataire. 

    Je reste immobile, à cligner bêtement des yeux alors qu’elle reprend pas le moins du monde ébranlée par ma réaction. Elle me sourit, me fait un petit clin d'œil et je me retrouve bêtement à rougir. 

    Depuis la naissance de Dao, je n'ai pas vraiment regarder les autres avec des idées romantiques. Je n’arrive pas à me projeter dans une relation, je ne suis pas sûr de pouvoir gérer ma fille, mon travail et une histoire d’amour. 

    Je n’ai pas fait une croix sur l’amour, je sais que si un jour, il vient frapper à ma porte alors je l'accueillerai avec plaisir. Seulement pour le moment, ce n’est pas ma priorité et surtout, c’est la première fois en six ans que quelqu’un me fait du rentre dedans de cette manière. 

    — Pourtant Nong, je suis célibataire.

    J’ai un petit rire gêné quand je lui avoue la vérité et je suis plutôt plutôt flatté qu’elle me voit de cette manière. Je me frotte nerveusement l'arrière de la tête en cherchant comment je pourrais relancer la conversation sans que cela ne fasse trop bizarre. Je n’ai malheureusement pas réagi assez vite, car elle reprend la parole, alors que je suis encore en train de me demander ce qui se passe. 

    — Alors ça veut dire que j’ai encore toutes mes chances avec toi.

    — Euuuh…

    Elle éclate franchement de rire en posant sa main sur mon avant bras et j'ai soudain du mal à avaler ma salive. 

    — Ne t'inquiète pas Phi, je serais douce avec toi. 

    Je dois arrêter ce malentendu tout de suite, je ne peux pas la laisser imaginer qu'il pourrait y avoir plus qu'une relation de collègues entre nous. J'ouvre la bouche pour prendre la parole et tout mettre à plat, seulement la clochette resonne nous prévenant qu'un client vient d'arriver et ensuite on n'a pas vraiment l'occasion d'échanger plus de deux mots.

    On ne s'est pas posé une seule fois quand les propriétaires arrivent en fin d'après-midi. Il y a encore beaucoup de clients et j'aime vraiment cette effervescence, trouver les fleurs qui raviront les clients en fonction de leurs préférences et des événements.

    Je pousse un long soupir avant de m'étirer quand un client repart avec un sourire aux lèvres et un immense bouquet de roses dans les bras. Ce soir, il va demander sa petite amie en mariage et penser à cela me refait penser à la conversation que l'on a eue plus tôt dans la journée avec Nong Som. 

    Il est déjà plus de 18 heures et j'ai hâte de rentrer, mais Dao ne sera pas là avant quelques minutes encore et je mets ça à profit pour rejoindre la nouvelle employée. 

    — Nong, à propos de ce matin. Je voulais dire que… je suis célibataire, mais il y a une personne importante dans ma vie. 

    Son visage qui s'était un instant illuminé se rembrunit et je pourrais presque la trouver mignonne. Je suis soulagé quand l'empêchant de parler, un cri retentit dans tout le magasin. 

    — Papaaaaaaaaaa…. 

    Je me retourne vers Dao qui entre comme une tornade, suivie de près par Malaï qui porte son petit sac. Ma fille me saute dans les bras et je note amèrement que je commence à avoir du mal à la porter, mon bébé grandit beaucoup trop vite. 

    — Coucou ma puce. 

    — Tu m'as manqué papa. 

    Elle s'accroche à mon cou et j'oublie le monde autour de nous. Je ne sens même pas le regard de Som qui me fixe alors qu'elle reste bouche bée.

    — Me faire payer en gaufre n'est pas suffisant pour survivre à cette tornade. 

    Je dépose un baiser sonore sur la joue ronde de Dao avant de sourire à Malaï. 

    — Des crêpes feront peut-être l'affaire ? 

    J'ai un petit sourire taquin en me moquant de ma meilleure amie qui fronce les sourcils en réfléchissant sérieusement à ma question. 

    — Une montagne de crêpes et des bières dès que j'ai un soir de libre. 

    — Vendu.

    Malaï n'est pas une fille compliquée, un bon repas lui fait facilement oublier une journée difficile. Elle nous dit rapidement au revoir avant de quitter la boutique d'un pas vif. Si Dao est une tornade, ma meilleure amie est un ouragan.  

    Dao quitte mes bras pour aller saluer mes patrons qu'elle considère plus comme des grand parents et ces derniers lui rendent bien. Aussitôt elle assomme le couple de questions à propos des fleurs autour d'eux, mais comme toujours, ils se font un plaisir de lui transmettre leur savoir. 

    — Une petite fille…  tu as une petite fille ? 

    Elle est stupéfaite, mais son regard n'a pas changé. Elle ne m'observe pas bizarrement, il n'y a pas de jugement dans son regard, juste un peu d'incrédulité de sa part. Je pousse un petit soupir avant d’hocher la tête un peu nerveusement, parfois les réactions arrivent à retardement. 

    — Elle est vraiment mignonne.

    Et c’est tout. Pas de question déplacée, par de regard méprisant, juste un petit sourire en coin en observant la fillette. Je sens la tension se relâcher petit à petit dans mes épaules avant de sourire à mon tour. Je note pourtant, que depuis l’entrée de ma fille, elle ne flirte plus du tout, pas que cela ne me dérange, mais je sais que j’ai peu de chance de trouver une personne voulant construire quelque chose avec moi tout en acceptant Dao sans aucune condition. 

    — Je la ramène à la maison. Bonne soirée Nong Som.

    — Bonne soirée Phi.

    J’éloigne ses pensées déprimantes puis je rejoins le trio qui est en admiration devant des Lis des Incas de couleur jaune orangé. Dao caresse lentement les pétales du bout des doigts comme si elle touchait une chose extrêmement précieuse et fragile. Je m’agenouille à côté d’elle en souriant en coin. 

    — Tu aimes ces fleurs ?

    Elle hoche vivement la tête avant de lever les yeux vers moi. Comme toujours, mon cœur se serre un peu, ses yeux, ce sont ceux de sa mère. Je l’ai aimé profondément et c’est toujours difficile de les retrouver si brillants et innocents chez notre fille. Je caresse doucement sa tête me focalisant sur autre chose pour ne pas sombrer dans les idées noires. 

    — Tu sais ce qu’elles signifient ?

    — Non, mais je suis sûre que toi tu sais.

    Elle n’en doute pas une seconde me regardant comme si j’étais son héros, un puits de connaissance inégalable qui pourra la protéger dans n’importe quelle circonstance. Ce que je ressens à cet instant, est comme à chaque fois que cette vérité me frappe, un mélange de fierté, de joie et de peur. Je suis fier d’être celui qui l’élève, heureux que quelqu’un me regarde de cette manière avec cet amour inconditionnel. Cependant je suis également terrifié de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir la protéger et en faire une adulte bien dans sa peau. 

    — Bien sûr que je sais. Elle symbolise l’amitié.

    Je ravale mes doutes et mes peurs et lui réponds d’une voix douce. J’imagine déjà sa réaction quand je vais parler d’amitié, elle va vouloir que j’en achète pour faire de petits bouquets pour ses amies à l’école. Elle est très sociable et adore faire de petits cadeaux pour ses meilleures amies qui généralement le lui rendent bien. 

    Mais pas ce soir, là au lieu de s’émerveiller, elle se rembrunit et se redresse sans rien demander. Je fronce les sourcils en attrapant sa main pour l’empêcher de repartir. Je croise son regard et comprend qu’elle a dû se fâcher avec elles. 

    — Tu veux me dire ce qui s’est passé ?

    Elle secoue la tête, mais son visage devient encore plus triste et je sais que je vais devoir la jouer finement pour réussir à comprendre ce qui lui arrive si soudainement. Je remets une mèche de cheveux en place dans la coiffure élaborée que lui a fait Malaï ce matin et que j’aurais été, moi, incapable de faire puis je lui souris tendrement. 

    — Et si on rentrait à la maison en passant par le parc, tu pourrais m’expliquer tranquillement ce qui t’embête avant que l’on aille chercher ton plat préféré.

    C’est gagné, son visage s’illumine, l’idée lui plaît et je dois récupérer mes affaires rapidement, saluer mes patrons et Nong Som avant que l’on ne quitte la boutique pour rentrer à la maison. On est vendredi et il y a du monde dans la rue, il n’est pas loin de 19 heures et il va nous falloir un petit moment pour rentrer à la maison en rentrant par le parc, mais c’est vendredi et je suis curieux de savoir ce qui rend ma fille si triste. 

     

    Au départ, on se contente de marcher ensemble main dans la main, Dao est silencieuse, observant les vitrines des boutiques que l’on croise, et même si cela ne lui ressemble pas, je respecte son besoin de garder le silence pour le moment. Je sais qu’elle attend que l’on soit au parc pour ouvrir son cœur. 

    Cette manie est la faute de Tay, un soir alors qu’il gardait Dao, ils ont regardé un drama coréen ensemble et dans une scène la fille expose tout ce qu’elle a sur le cœur dans un parc magnifiquement éclairé au milieu de la nuit. Depuis, Dao a décrété que si elle devait parler de ce qu’elle ressentait, ce serait comme la jolie dame, la nuit dans un parc. 

    Cette idée peut-être gênante parfois, mais je sais que ça lui passera bien un jour et que finalement, c’est moi qui regretterai cette étrange conduite et m’en souviendrai avec nostalgie. Alors je me contente d’accepter et de l’emmener dans un parc quand je veux en savoir plus sur ce qu’elle ressent. 

    Le parc ne se trouve pas très loin de la maison et à cette heure-ci il reste encore très fréquenté. On marche main dans la main dans les allées évitant les autres promeneurs. Je marche tranquillement observant les promeneurs de chien, les cyclistes, mais aussi les étudiants qui fêtent bruyamment le début du week-end, ressentant tout de même une pointe de jalousie en me disant que c’est une chose que je ne pourrai jamais faire. 

    — Est-ce que toi et moi, on est bizarre ?

    — Quoi !?

    J’ai une exclamation de surprise quand elle prend finalement la parole ne m’attendant absolument pas à ce qu’elle me questionne de cette manière. Je la regarde, mais elle est très sérieuse et quand nos yeux se croisent, je comprends que j’ai tout intérêt à ne pas me planter dans ma réponse. 

    — On est tout à fait normal ma puce. Il n’y a rien d’étrange chez nous. Pourquoi tu me demandes ça ?

    — C’est Peach, elle trouve que c’est bizarre que je n’ai pas de maman. Toutes mes autres copines ont des mamans. Elles se sont moquées de moi…

    Sa petite voix triste tremble un peu à la fin et une fois de plus, je ressens de la colère pour sa mère qui l’a abandonné sans se retourner, sans même se soucier du mal qu’elle pourrait faire à sa fille. Je serre un peu plus fort sa main pour lui montrer que tout va bien, qu’elle n’a pas à s’en faire avant de sourire pour la réconforter. 

    — Notre famille n’est pas étrange ma puce, elle est juste unique. Ta maman n’a pas pu s’occuper de toi, mais tu as un papa qui t’aime énormément, mais aussi un tonton et une tata qui donnerait absolument tout pour que tu sois heureuse. 

    Elle prend le temps de réfléchir un moment. J'espère avoir trouver les bons mots pour la réconforter, mon coeur se pince à l'idée que ma petite fille doive vivre avec ce genre d'idée en tête. 

    — Je suis heureuse avec vous. Mais je suis aussi triste parce que tu n'as pas d'amoureuse. 

    Cette fois mon coeur se gonfle de joie et de fierté car elle s'inquiète pour moi et ce que je ressens. 

    — Ne t'inquiète pas ma puce, je ne suis pas malheureux et puis si je rencontre quelqu'un, il faudra que tu sois d'accord avec ça, parce que tu es la personne la plus importante pour moi. 

    Elle me regarde très sérieusement pendant un moment avant de pouffer bruyamment. Je fronce les sourcils ne comprenant pas vraiment sa réaction. 

    — Tu es quand même bizarre papa, mais je t'aime. 

    Sur ses mots, elle lâche ma main et se met à courir en direction du restaurant qu'elle préfère et où on va régulièrement manger. Je l'observe un instant, un petit sourire aux lèvres en secouant la tête. 

    — Hey attends moi ! 

    Je me mets à courir pour la rattraper alors qu'elle éclate de rire et tente de courir plus vite pour me garder à distance. 


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  • Commentaires

    2
    Dimanche 11 Décembre 2022 à 22:27

    Oh une nouvelle histoire qui commence tranquillement et j'ai déjà hâte de lire la suite.....

    merci pour ce premier chapitre

    1
    Dimanche 11 Décembre 2022 à 13:34

    Hum... un gentil premier chapitre qui met en place les choses =)

    Merci pour la traduction.

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