• F- First Time {First & Toru}

    First Time

    — Nong, dépêche-toi de rentrer au dortoir, il est tard.

    Je fais un Wai à la senior qui vient de prendre son service au 7 eleven où je travaille depuis plusieurs mois. 

    — D’accord, bonne nuit Phi.

    Je récupère rapidement mes affaires avant de sortir du petit magasin complètement vide à cette heure de la nuit. La rue un peu à l’écart du centre est pratiquement déserte, j'aime quand je quitte à cette heure-ci. Pendant un moment, j'ai l'impression d'être seul sur terre et alors mes problèmes me semblent beaucoup moins difficiles à porter.

    Seulement, ça ne dure jamais très longtemps. Je regarde mon téléphone et pousse un soupir fatigué, je vais devoir courir si je veux arriver à temps avant le couvre feu de mon dortoir. Je n'ai pas les moyens de rentrer en taxi et il n'y a plus de bus, j'ai loupé de peu le dernier.

    J'ai l'impression d'avoir les poumons en feu, j'ai le souffle court et j'essaie de ne penser ni à la distance qu'il me reste à parcourir, ni au temps qui file bien trop vite.

    J'arrive dans une rue bien plus animée, c'est la rue où les étudiants de ma faculté vont manger et boire avant de rentrer chez eux. Autant dire que dans ma situation, je n'y suis presque jamais allé. 

    Je suis obligé de ralentir, afin de ne bousculer personne, mais ça n'empêche pas ma collision. Le groupe est sorti au moment où je passais et je manque de tomber en entraînant l'un d'eux avec moi. Des bras s'enroulent autour de ma taille et d'un geste ferme qui me coupe presque le souffle, on me retient et me remet en équilibre sur mes pieds avant de me lâcher tout aussi vite.

    — Nong First ?

    La voix m'est familière et je croise son regard sombre et indéchiffrable. Pourquoi, de toutes les personnes présentes, il a fallu que je tombe sur lui. Mon cœur bat furieusement dans ma poitrine et mes joues rougissent alors qu'il m'observe.

    Il n'est pas méchant, mais il n'est pas forcément gentil non plus. A chaque fois, j'ai l'impression qu'il me regarde étrangement et je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense. En fait, de par sa prestance, il m'intimide beaucoup.

    — Phi Toru ! Désolé, je t'ai vu au dernier moment.

    Je fais un Waii à lui et ses amis qui me toisent avec un petit sourire étrange et je ne me sens pas très à l'aise. Phi me semble souvent froid, mais il ne m'a jamais fait me sentir inférieur. Pourtant, là où moi je suis sans le sou, ayant trois emplois pour réussir à garder la tête hors de l'eau, lui est riche et ne doit se soucier que de ses cours et de comment s'amuser.

    — Où est-ce que tu vas ?

    Les mains dans les poches, il me regarde de haut en bas et je sens de la gêne par rapport à l'image que je renvoie actuellement. J’ai le souffle court, je suis couvert de transpiration que je sens dégouliner le long de mon dos et je porte encore mon uniforme de travail.

    — Je rentre au dortoir, c'est bientôt l'heure du couvre feu.

    — Pourquoi tu cours ? 

    Je m'éclaircis la gorge en baissant les yeux, je ne pense pas qu'il fasse exprès de me poser ce genre de question, il est juste curieux. Après tout, lui a une voiture, il n'a jamais eu besoin de se poser de questions sur comment rentrer.

    — Il n'y a plus de bus…

    Je murmure ma réponse et me sens rougir de honte quand ses amis s'esclaffent bruyamment.

    — Dégagez les mecs.

    Je tressaille en entendant sa voix froide et ferme, alors qu'il congédie sans cérémonie ceux qui l'accompagnaient. Ils n'osent pas réellement dire quoi que ce soit, dans l'échelle sociale si moi je suis au plus bas, Toru est au sommet et eux sont juste derrière.

    Il faut quelques secondes pour qu'ils aillent rejoindre un autre bar non sans me jeter des regards en coin. Moi je reste figé, je voudrais partir, mais j'attends étrangement qu'il me donne l'autorisation de le faire.

    — Suis-moi.

    Ma bouche s'entrouvre, ce n'est pas une proposition, c'est un ordre et d'ailleurs, il n'attend pas pour se mettre en route, ne pensant pas une seule seconde que je pourrais lui désobéir.

    Il est mon senior attitré, celui qui m'a accueilli et soutenu lors de ma première année. Enfin, il m'a donné son compte Line, me disant de le joindre si j'en avais besoin. Comme je ne suis pas du genre à demander de l'aide, nos relations ne sont pas allées plus loin. 

    — Mais Phi… je dois rentrer…

    Je regarde nerveusement ma montre mais, sans vraiment faire attention, je commence à le suivre. Il marche les mains dans les poches en ignorant le monde autour de lui, il se dirige vers un stand de nourriture pas très cher et je fronce les sourcils en me demandant ce qu'il est en train de faire.

    — Tu n'as pas encore mangé ?

    Il tourne légèrement la tête vers moi avec un petit sourire énigmatique. Je suis complètement perdu, je ne sais pas ce qu'il lui arrive car jamais il ne m'a donné l'impression de s'inquiéter de mon régime alimentaire.

    Je pense à la possibilité de mentir mais je meurs de faim, je n'ai pas mangé depuis ce matin et je sens mon estomac se tordre quand les effluves du restaurant viennent me chatouiller les narines.

    — Je n'ai pas le temps Phi, je vais arriver en retard et…

    Et je n'ai absolument pas les moyens de me payer une chambre d'hôtel. En plus, je dois encore étudier, je ne peux pas me relâcher, je dois maintenir mes notes afin de garder ma bourse qui me permet de suivre mes études dans cette prestigieuse école.

    Je pense qu'on en a terminé, alors je lui fais un waii et je commence à reculer lentement en pensant déjà à l'itinéraire le plus rapide pour avoir une chance de rentrer à temps. Ma retraite est cependant coupée quand sa main saisit fermement mon poignet. 

    — Tu ne seras pas en retard, si je te ramène.

    Ma bouche s'écarquille à cause de la surprise. Sa main est brûlante sur ma peau et ma respiration s'accélère légèrement. Je me demande un instant, s'il ne se moque pas de moi, alors il répond en soupirant.

    — Je suis ton Phi, je dois prendre soin de mon Nong de temps en temps.

    Il m'entraîne entre les tables avant d'en choisir une un peu éloignée pour s'installer. Je ne le quitte pas des yeux, la bouche entrouverte, surpris de le trouver dans un lieu dans lequel je n'aurais jamais imaginé le voir.

    — Ma tante, deux Pad Thaï au poulet.

    Il commande d'une voix forte et claire, puis le silence retombe à notre table. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne comprends pas ce que je fais là et ce qu'il veut.

     

    Le repas s'est déroulé dans le silence,  il n'a pas cherché à lancer la conversation et moi j'ai été incapable de trouver un sujet qui aurait pu l'intéresser.

    J'ai dévoré mon assiette et il a continué à me surprendre quand, discrètement, il a déposé des morceaux de poulet dans mon assiette. Je l'ai regardé, surpris, mais lui gardait ses yeux fixés sur son repas. Je ne dis pas que je ne mange pas à ma faim, mais ce repas m'a semblé bien plus nourrissant que d'habitude. Et ses petites attentions envers moi m'ont autant touché que déstabilisé.

    Je me suis senti un peu mal à l'aise au moment de payer l'addition. Je n'ai pas un baht sur moi et si l'envie le prenait de me planter là, j'aurais de gros ennuis. Une fois encore, il a payé sans rien me demander, sans faire de commentaire et sans me regarder avant de prendre à nouveau mon poignet et me guider jusqu'à sa voiture.

    Il s'est engagé sur la route sans hésitation et sans me demander mon adresse. Il semble très bien savoir où aller et je ne sais pas comment il pourrait savoir où j'habite. Je m'accroche à deux mains à ma ceinture de sécurité, je m'humidifie les lèvres et cherche le courage de lui poser la question qui me brûle les lèvres.

    — Je n'aime pas les gens qui n'osent pas dire ce qu'ils pensent.

    Sa voix me fait sursauter et je tourne brusquement la tête vers lui. On est arrêté à un feu et enfin nos regards se croisent. Il est à moitié dans la pénombre et je suis incapable de déchiffrer son regard. Je m'éclaircis nerveusement la gorge au moment où la voiture redémarre. Je reconnais la route, dans quelques minutes on sera arrivés à mon dortoir. Je ne serai pas en retard et j'ai le ventre plein, deux choses dont je n'étais pas certain en quittant mon travail.

    — Comment tu sais où je vis ?

    Son tressaillement est à peine visible, mais je sais qu'il est surpris par ma question. Ses mains se crispent légèrement sur le volant et il reste silencieux.

    Finalement, il se gare en bas de l'immeuble où se trouve ma petite chambre d'étudiant. Il ne coupe pas le moteur et attend simplement que je descende. Il n'a pas répondu à ma question, mais de toute façon, je ne peux que lui être reconnaissant pour ce qu'il a fait ce soir.

    — Phi Toru… merci.

    Je fais un petit signe de tête avant de poser la main sur la poignée et d'ouvrir la portière. Je m'apprête à descendre quand sa voix s'élève.

    — On reçoit des informations sur le junior dont on va s'occuper et j'ai une bonne mémoire. 

    Évidemment, l'explication est logique et censée, mais cela ne m'empêche pas d'être un peu déçu, sans comprendre pourquoi. Après tout, lui et moi, on ne vit pas dans le même monde, pourquoi voudrait-il s'encombrer d'un ami comme moi.

    — Bonne nuit Phi.

    Je descends de la voiture, serrant mon sac contre ma poitrine et pars sans me retourner vers ma chambre, le cœur battant. J'entends la voiture démarrer avant de partir rapidement et je prends une grande inspiration. Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça, mais ça lui arrive de temps en temps, de m'aider l'air de rien et de quitter ma vie tout aussi vite.

     

    Je tremble de tous mes muscles, j'ai l'impression que le sol vient de s'ouvrir sous mes pieds pour me dévorer vivant.

    — Je… je ne comprends pas ?

    La secrétaire me regarde, gênée, avant de se mordiller nerveusement la lèvre. J'espère qu'elle va me dire que j'ai mal compris, que c'était une blague peut-être. Je retiens ma respiration alors qu'elle hésite à me répondre et cela me donne envie de la saisir par les épaules et la secouer pour la faire parler plus vite.

    — Il y a eu une erreur dans le système et l'attribution de vos bourses va être retardée de plusieurs semaines.

    Ma respiration se bloque dans ma poitrine quand elle confirme ce qu'elle vient tout juste de me dire. Je ferme les yeux un instant en essayant de ne pas céder à la panique alors que ma vie vient de prendre un tour bien plus difficile. 

    — Je suis désolée… je vais faire de mon mieux pour que la situation se règle rapidement et…

    Je ne l'écoute plus, je ressens une immense fatigue me peser sur les épaules. Je fais un waii rapide avant de faire demi-tour et de quitter le bureau de l'administration sans un mot. Mes lèvres tremblent, mes yeux sont trop brillants et je dois m’ordonner de respirer profondément pour ne pas m’effondrer. 

    Mes oreilles bourdonnent et j’ai l’impression d’avoir la tête plongée sous l’eau. Je me précipite vers l’extérieur du bâtiment sans voir ce qui se trouve autour de moi. Je ne veux surtout pas voir tous les signes extérieurs de richesse que les étudiants arborent tout autour de moi. 

    L'angoisse me bloque la poitrine, je ne suis pas loin de la panique. Dans ma tête, je tente déjà de savoir comment je vais pouvoir survivre sans ma bourse alors que j'ai déjà dû mal à joindre les deux bouts. Prendre un quatrième boulot, je ne sais même pas si ce serait physiquement possible, mon emploi du temps est déjà millimétré à la minute près.

    Ma main se porte à ma poitrine pour tenter d'apaiser la sensation d'écrasement que je ressens mais ça ne change rien. Je dois rentrer tout de suite chez moi, tant pis si je loupe une journée de cours, mais je dois calculer ce qui va me manquer et aussi trouver une solution.

    — Outch !

    Je m'exclame quand je percute quelque chose. Habituellement,  je me serais arrêté et me serais excusé à n'en plus finir en m'assurant que la personne allait bien. Là, je ne vois même pas qui j'ai bousculé et je l'ai déjà presque oublié, mon esprit complètement plein de mes problèmes.

    Je continue ma route, me focalisant sur les étapes à franchir avant de rentrer pour ne pas craquer. Seulement, une main saisit mon poignet et m'empêche d'avancer plus loin.

    — Nong ?

    Je me retourne lentement, je me fais l'effet d'un robot. Même quand je croise le regard de Phi Toru je n'ai pas vraiment de réaction. Par contre, j'arrive très bien à imaginer l'éclair d'inquiétude qui traverse son regard avant de disparaître tout aussi vite.

    — Tu vas bien ?

    Est-ce que je vais bien ? Clairement, la réponse est non. Mon équilibre précaire vient de se casser la figure et je ne sais pas si je pourrai continuer à étudier dans cette école d'ici que le problème avec ma bourse soit réglé. 

    Est-ce que je vais lui en parler ? La réponse est non aussi. Je ne me vois pas lui exposer mes problèmes, il ne pourrait pas comprendre, lui qui a tout et n'a jamais manqué de rien.

    Alors, malgré mon état de détresse, je me redresse et lui fais un sourire. Je ne sais pas s'il se rend compte que ce n'est qu'un sourire de façade et que derrière je suis complètement dévasté.

    — Je vais bien Phi.

    Il ouvre la bouche, sûrement prêt à débattre et à chercher à comprendre ce qui se passe pour que je semble aussi abattu. Heureusement, cette fois, je suis heureux qu'il soit accompagné de sa clique qui me prend toujours de haut.

    — Hey Toru, quand tu auras fini de t'occuper de ton œuvre de charité, tu te ramèneras. Tu vas être en retard.

    Les paroles font mal, mais elles me donnent au moins l'occasion de couper court à notre discussion. Phi Toru se tourne vers celui qui l'a interpellé et lui jette un regard glacial, j'en profite pour poser ma main sur la sienne qui tient toujours mon poignet et le forcer à me lâcher.

    — Tu devrais y aller Phi. Ne sois pas en retard à cause de moi.

    Je recule dès que sa main m'a lâché, lui fais un Waii léger et fais demi-tour pour rentrer chez moi.

    — Nong !

    Je ne me retourne pas quand il m'appelle, au contraire, je veux le fuir, lui et sa vie facile, alors que moi, j'ai l'impression de me battre contre le vide. Je m'épuise pour essayer de rester à flot, mais tout semble vouloir m'empêcher de réaliser mon rêve. 

     

    La nuit est tombée depuis longtemps maintenant, je suis assis en tailleur sur le sol de ma chambre, entouré de dizaines de feuilles éparpillées, et autant roulées en boule. Mon ordinateur est posé en face de moi sur la petite table basse qui fait office de bureau et je relis encore et encore le résultat de mes calculs.

    Avec mes salaires, en limitant au maximum mes dépenses et en me serrant encore plus la ceinture, je pourrais tenir un mois. Je sens les larmes me monter aux yeux, je bosse comme un dingue depuis plus d'un an, je me prive de tout, et tout ça pour qu'une erreur administrative balance tout par la fenêtre.

    Par dépit, ne voulant pas baisser les bras, je me tourne vers mon ordinateur, je pourrais peut-être trouver quelque chose qui me permettra de gagner quelques semaines. Rapidement, je tape ma recherche dans mon navigateur.

    'Se faire de l'argent rapidement.'

    Je le sais que c'est stupide, et d'ailleurs, les premiers résultats sont des arnaques, mais je finis sur un forum qui propose plein d’astuces plus idiotes les unes que les autres et même si ça ne m’aide pas avec mon problème, au moins ça a le mérite de me faire rire. Seulement, à un moment, un lien attire mon attention et ma curiosité. Sans trop le prendre au sérieux, je clique sur le lien avant de rougir.

    Ta Virginité Vaut De L'or.

    Je me mordille la lèvre, dirigeant ma souris vers la petite croix pour fermer la fenêtre. Cette idée est complètement stupide, je suis vierge, j'ai besoin d'argent, mais je…

    Mon regard tombe sur les enchères en cours et mes yeux s'écarquillent quand je vois les montants. Je relâche ma souris, baisse la tête et me surprends à commencer à y réfléchir.

    Est-ce que je serais capable de coucher avec un inconnu pour de l'argent ? De laisser ce moment qui devrait être fait avec amour devenir l'objet d'une transaction ?

    J'ai déjà beaucoup sacrifié pour en arriver là, ce serait dommage de tout perdre alors qu'il suffirait de… Je soupire en m'ébouriffant les cheveux avant de grogner de frustration.

    Je n'ai jamais eu de relation, je me suis toujours focalisé sur mes études et le seul qui me porte une certaine attention, c'est Phi. Penser à lui alors que je réfléchis à ma vie amoureuse me fait encore plus rougir et je ressens une bouffée de chaleur. Je suis dingue, pourquoi je pense à lui, il n'a rien à voir avec mes problèmes et ne m'apportera aucune solution.

    Je reporte mon attention sur le site, en me mordillant le pouce. Est-ce la solution ? En tremblant, je clique sur le lien pour l'inscription, il faut répondre à un questionnaire, mettre une photo de son corps et se présenter à un hôtel pour établir la transaction. D'après le site, un pourcentage doit être versé avant par l'acquéreur et le reste est donné après… après…

    Je cache mon visage brûlant entre mes mains, m'imaginer laisser un inconnu me toucher et me pénétrer me dérange beaucoup, seulement… si la somme est assez conséquente alors je pourrai continuer mes études sans problème.

    La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées étranges et je suis heureux de voir le nom de ma mère apparaître sur l'écran.

    — Allô maman. Comment tu vas ?

    Je ne lui parlerai pas de mes problèmes, mis à part l'inquiéter ça ne ferait rien de plus. Mes parents travaillent dur pour une misère qui nous permet à peine de vivre, alors il est hors de question que je rajoute un poids supplémentaire. Ils se sentent assez coupables que je doive travailler autant pour pouvoir étudier.

    — Je vais bien mon chéri. Et toi ? Tu manges à ta faim ? Tu as assez de temps pour étudier ? Je peux t'envoyer un colis si tu en as besoin.

    Je ris doucement avant de passer les dix minutes suivantes à la rassurer. Je lui parle de tout, de rien, mentant un peu et enjolivant beaucoup la réalité pour réussir à l'apaiser et même à la faire rire.

    Quand je raccroche après l'avoir entendu dire combien elle était fière de me voir réussir à réaliser mon rêve, ma décision est prise. Sans prendre le temps de réfléchir davantage, je clique sur le questionnaire et réponds à chacune des questions

     

    Je n'ai presque pas dormi de la nuit, il m'a fallu du temps pour terminer mon inscription et puis ensuite j'ai longuement hésité à la supprimer avant de tomber dans un sommeil agité, rempli d'hommes, tous plus effrayants les uns que les autres, essayant de coucher avec moi.

    Je me suis réveillé en retard et je me suis précipité sous la douche sans plus y penser. Je n'ai pas pris le temps de petit déjeuner avant de me précipiter vers l'université. Pendant le trajet, j'ai bien senti la vibration de mon téléphone alors que je recevais des notifications. Cependant, je n'ai pas pris le temps de regarder.

    Ce n'est qu'une fois assis à ma place que j'ai sorti mon téléphone, le souffle court mais content car il me restait quelques minutes avant que le professeur n'arrive. J'ai déverrouillé mon téléphone avant de me mettre à trembler.

    J'avais reçu un nombre incalculable de mails provenant du site d'enchères, elle avait commencé peu après mon réveil et déjà plusieurs personnes tentaient de me remporter. 

    — First, tu es fou… qu'est-ce que tu as fait ?

    Je marmonne en fixant la page de mon profil. Une boule se forme dans ma gorge quand, en voyant les enchères grimper encore, je me rends compte de l'énormité de ce que j'ai fait.

    Mes mains tremblent quand mon téléphone vibre à nouveau. Est-ce que je dois tout arrêter, je pourrais trouver une autre solution et…

    — Nong, tout va bien ?

    Mon cœur saute dans ma poitrine quand la voix que Phi Toru résonne juste derrière moi. Mon premier réflexe est de cacher l'écran de mon téléphone contre moi.

    Ensuite, je me retourne en croisant les doigts qu'il n'ait rien vu. Comme à son habitude, il se tient droit, les mains dans les poches, un petit sourire aux lèvres. Ses sourcils se froncent et je sursaute quand sa main fraîche se pose sur mon front.

    — Je me suis inquiété hier quand tu es parti. Tu n'es pas malade j'espère, tu es tout rouge.

    Je suis figé sur ma chaise, il me regarde avec chaleur, sa main caressant doucement mon front, attendant visiblement que je lui réponde.

    — Je… je vais bien. C'est juste que… j'avais… quelque chose à régler.

    J'avale difficilement ma salive quand je finis de bégayer ma phrase qui n'a pas vraiment de sens. Et son sourire soulagé ne m'aide pas à réfléchir correctement.

    — Je suis soulagé alors… tout est réglé ? Tu n'as pas besoin d'aide ?

    Je baisse les yeux une seconde quand il me pose la question, je pourrais peut-être lui demander de m'aider, je n'aurais pas à faire tout ça et je pourrais respirer le temps que tout s'arrange.

    Non, il ne doit pas savoir, je ne veux pas qu'il me regarde avec pitié, que je devienne vraiment son œuvre de charité et que les autres l'apprennent. Je relève la tête en souriant pour le rassurer.

    — Tout est sous contrôle. Pas besoin de s'inquiéter. 

    Il hoche lentement la tête avant de poser une brique de jus de fruits sur la table. Penché ainsi sur moi, je peux sentir son parfum m'entourer. Je ferme les yeux en inspirant, profitant de cet instant de proximité et plus encore quand il vient chuchoter à mon oreille.

    — Je suis soulagé, mais n'hésite pas, je peux t'aider en cas de besoin.

    J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il vient de dire qu'il fait demi-tour pour quitter la salle. Je soupire, l'impression d'avoir loupé quelque chose me serre le cœur. Mes yeux se posent sur la brique de jus de fruits et l'écriture propre de Phi Toru en lettres vertes me saute aux yeux.

    'Courage Nong. Tu vas y arriver.'

    Mes épaules s'affaissent, je suis fatigué de tout ça.  Avoir un soutien, même juste amical, pourrait faire du bien, si seulement je n'avais pas peur en permanence que ces élèves provenant des familles les plus riches du coin ne se moquent de moi.

    — Bonjour tout le monde, le cours d'aujourd'hui va porter sur…

    Je sursaute quand la voix du professeur me ramène à la réalité. Je range rapidement mon téléphone dans mon sac et laisse mes problèmes et idées au loin le temps de me concentrer sur l'étude des lois thaïlandaises.

    Tout au long du cours, mon téléphone a vibré régulièrement au point que je me suis demandé si je n'allais pas attirer l'attention, mais il s'est soudainement arrêté. Au lieu de me détendre ce silence m'a mis encore plus la pression et les dix dernières minutes de cours ont été une véritable torture.

    Dès que le professeur a quitté la salle, je saute sur mon téléphone, fébrile. Je me lève soudain de mon siège en faisant un gros bruit, les yeux écarquillés. 

    — Bordel de merde !!!

    Je sens les regards se tourner vers moi, mais je suis incapable de m'en préoccuper alors que je compte le nombre de zéro présent sur la dernière enchère. Six zéros… l'homme a fait une enchère à hauteur de cinq millions de bahts (1). 

    J'ai du mal à réaliser ce que j'ai sous les yeux. Une personne est prête à dépenser autant pour moi juste pour être le premier à coucher avec moi… tout se met à tourner autour de moi quand j'imagine que cette somme me permettrait de vivre sereinement presque jusqu'à la fin de mes études. 

     

    J'ai rarement été aussi nerveux que ce soir. Il y a deux jours, les enchères se sont terminées sans que personne d'autre ne les fasse augmenter. Hier, j'ai reçu un virement à hauteur de 10% de la somme et ce soir… je dois remplir ma part du contrat. 

    Je me mets à trembler en essayant de ne pas trop penser à ce qui va se passer ce soir. La chambre est luxueuse et propre, mais le panier placé sur la petite table devant le canapé et rempli de préservatifs, lubrifiants et autres produits que je n'ai pas osé regarder me rappelle ce qui va se passer.

    Je suis assis au bord du lit géant, prenant plusieurs grandes inspirations pour contrôler la nervosité qui court dans mes veines. J’hésite encore entre rester bien sagement ou bien m’enfuir, c’est de la pure folie. Je ne suis jamais allé plus loin qu’un baiser et là… je m’apprête à coucher avec un parfait inconnu.

    Je me lève brusquement, décidé à partir, je rembourserai la somme qui m’a été versée, je trouverai une autre solution pour continuer mes études et… je soupire avant de me rasseoir, soudain découragé. Je n’ai pas d’autre solution, c’est le meilleur choix possible et puis ce n’est qu’une fois et ensuite, je n’aurai plus jamais à y penser. 

    Je tressaille et me tourne vers la porte quand le bruit de la clé magnétique se fait entendre. Mon coeur saute dans ma poitrine, je me demande rapidement si je ne vais pas faire une crise de panique tant je me sens nerveux. La porte s’ouvre doucement et je baisse la tête pour regarder mes pieds nus.

    La porte claque et mes poings se serrent sur mes cuisses, je suis mort de peur. J’imagine facilement le vieux pervers en train de me détailler de la tête aux pieds en réfléchissant à tout ce qu’il va bien pouvoir me faire pendant le temps qui lui est imparti et je sens la nausée me saisir.

    Je reste obstinément la tête baissée alors que je l’entends s’approcher de moi avec lenteur. Il doit se délecter du spectacle et je me mords la lèvre pour ne pas craquer. Du coin de l'œil, je vois ses pieds apparaître et je lutte pour ne pas fermer les yeux. Mes ongles s’enfoncent dans mes paumes et la douleur m’empêche de faire une bêtise alors que tout mon corps se tend.

    — Nong… regarde-moi.

    Cette voix si familière s’élève et je lui obéis sans réfléchir, bien trop choqué de le trouver dans cette chambre. Je me lève à nouveau pour faire face à l’homme que jamais je n’aurais pensé voir entrer dans cette pièce, même si je m’étais pris à l’imaginer le soir de mon inscription. 

    — Ph… Phi… Qu’est-ce que… tu fais là ?

    De tous les pires scénarios que j’ai pu imaginer depuis que je me suis lancé dans cette idiotie, me retrouver face à un élève de mon université ne m’a jamais traversé l’esprit. Mon menton se met à trembler alors que je peux déjà imaginer les autres se moquer de moi et m’insulter de pute.

    — Je t’en supplie… ne dis rien à personne… je ferai tout ce que tu veux, mais ne dis rien.

    Je joins les mains devant moi, je serais prêt à me mettre à genoux pour qu’il garde le silence, même à coucher autant de fois qu’il le veut avec lui, si ça peut me permettre d’éviter, en plus de tous mes problèmes, une humiliation publique. Il reste silencieux en me fixant droit dans les yeux, il s’approche lentement de moi et je ne peux pas m’empêcher de reculer. Du moins, jusqu’à ce qu’il m’attrape par la nuque et me rapproche soudain de lui, collant nos fronts ensemble. 

    J’entends clairement son soupir alors qu’il ferme les yeux et que son visage se détend petit à petit. Je suis incapable de bouger. Je ne sais pas comment réagir alors qu’il referme ses bras autour de moi. Je ne peux pas le repousser, il a payé pour passer la nuit avec moi, mais la manière dont il m’étreint n’est pas sexuel, elle est plus réconfortante. Les bras le long du corps, j’attends, tendu comme un arc, seulement tout change quand il murmure d’une voix sensible que je ne lui connaissais pas.

    — Pourquoi tu ne m’as pas demandé de l’aide… Si je n’avais pas vu ton téléphone, je n’aurais pas pu te protéger. 

    J’aurais dû me douter qu’il savait que j’avais des problèmes, pourtant, comme toujours, j’ai voulu me débrouiller seul, ne compter sur personne et voilà où ça m’a menée cette fois. Je renifle doucement alors que les émotions finissent par me submerger.

    — Je… je n’aime pas embêter les gens. 

    Le silence retombe un instant, mais je ne peux pas vraiment me détendre alors que l’image de ses amis, de mes camarades de classe en train de se moquer de moi n’arrête pas de me revenir à l’esprit. 

    — Phi… tu ne diras à personne que j’ai couché avec toi pour de l’argent ?

    Sa réaction me surprend, mais j’ai à peine fini de parler qu’il me repousse à bout de bras, le visage clairement choqué. Je ne comprends pas ce qui lui prend, après tout, il a payé pour obtenir mon corps et j’ai vraiment besoin de cet argent. 

    — First, je ne suis pas venu pour coucher avec toi… je voulais que personne d’autre ne puisse le faire.

    — Phi, j’ai besoin de cet argent, si je veux continuer mes études le temps que ma bourse me soit à nouveau versée, je n’ai pas le choix, il faut…

    — Je vais te donner l’argent… mais si je dois coucher avec toi ce ne sera pas à cause d’une transaction, mais… parce que tu en as envie.

    Il ne veut pas coucher avec moi, il me laisse l’argent sans rien demander en retour et je sens soudain une bouffée de colère monter au creux de mon ventre. Je le repousse sans ménagement, je me sens assez mal de faire ça, sans qu’en plus il me lance sa richesse sous le nez. 

    — Je n’ai pas besoin de ta pitié de petit riche qui pense faire une bonne action. Je vais te rendre ton argent… je trouverai quelqu’un d’autre qui n’a pas pitié et…

    Il m’attrape soudain par le col, un éclair de colère et de douleur passe dans ses yeux et je ne comprends absolument pas ce qui est en train de se passer dans cette chambre. Sa voix est dure et menaçante quand il me coupe soudain.

    — Je t’interdis de faire ça…

    Mon cœur accélère quand il m’approche soudain de lui, nos nez se touchent presque et il semble presque désespéré. Sa main se pose sur ma joue et mon ventre semble rempli de papillons quand il murmure la suite.

    — Personne d’autre que moi n’a le droit de te toucher, tu entends. Je ne laisserai personne… le faire…

    Je tente de me défaire de sa poigne, mais il ne me lâche pas. Je suis de plus en plus troublé, mais je n’arrive pas à réfléchir clairement et j’ai juste besoin qu’il s’éloigne.

    — Ça ne te concerne pas Phi… 

    Je le repousse une nouvelle fois, mais cette fois-ci, il se laisse faire et je peux mettre un peu de distance entre nous. Le silence retombe, seuls nos souffles se font entendre dans la grande pièce. Je lui tourne le dos et tente de reprendre mes esprits.

    J'essaie de trouver une solution, je vais devoir rembourser l'avance qu'il a faite. Je me retrouve au même point de départ que trois jours auparavant. Sans le sous, sans solution et maintenant avec le risque qu'il répande mon histoire dans tout le campus, je suis prêt à donner mon corps pour de l'argent.

    — C’est parce que tu ne me laisses pas faire.

    — De quoi tu parles, Phi ?

    Je soupire, presque lassé par toute cette histoire, je voudrais juste m'endormir ce soir en me disant que je peux sereinement continuer mes études, que j'ai fait tout ce qu'il fallait pour et que je peux être fier de moi.

    Je me retourne, les bras croisés, mais la phrase qui était en train de prendre naissance sur mes lèvres meurt quand je le vois assis là où je me tenais quelques minutes plus tôt, les coudes appuyés sur ses genoux, les doigts entrelacés, tête basse.

    — Phi ?

    Il tourne la tête pour me regarder, nos yeux se fixent et mon cœur tressaute dans ma poitrine. 

    — Je t’aime Nong… depuis longtemps maintenant et… je veux juste pouvoir prendre soin de toi et te protéger.

    — Quoi ?

    Je murmure, pas certain d'avoir compris ce qu'il vient de dire. Il semble reprendre confiance en lui alors que, pendant un instant, il m'avait semblé si fragile. 

    — J'ai aimé ton sourire la première fois que l'on s'est rencontré. 

    Il a un petit sourire nostalgique quand il se remémore notre rencontre et je ne peux pas m'empêcher de faire la même chose. S'il a aimé mon sourire, moi j'ai été subjugué par son regard sombre.

    — Tu es différent des autres. Tu n'as jamais cherché à t'approcher de moi pour obtenir quoi que ce soit. Tu ne me regardes pas en imaginant ce que je pourrais t'apporter.

    J'ai l'impression de le découvrir pour la première fois, la douleur apparaît sur son visage alors qu'il me laisse entrevoir ce que sont réellement ses "amis" qui l'entourent.

    — Tu ne me connais même pas…

    Il se lève pour me faire face, un regard de défi dans les yeux quand j'émets ce qui me semble être une évidence.

    —  Je te connais plus que tu ne le crois.

    Il s'approche lentement de moi et ma bouche s'entrouvre quand celui que je pensais ne pas s'intéresser à moi, commence à énumérer des choses me concernant.

    — Tu es travailleur. Un peu solitaire. Tu as du mal à faire confiance aux autres. Tu n'aimes pas dépendre des autres. Tu fronces les sourcils quand tu te concentres et tu te mordilles le pouce quand tu es nerveux.

    Sa main glisse sur ma joue, une caresse pleine de tendresse et de douceur et je me rends compte que des larmes ont commencé à couler de mes yeux.

    — Tu es persuadé que parce que tu dépends d'une bourse, tu es inférieur à ceux dont les parents payent l'inscription, alors que tu es sûrement celui qui mérite le plus d'être là. 

    Ses mots me retournent, moi qui pensais qu'il ne s'intéressait pas à moi, en fait, il a réussi à brosser mon portrait de manière assez juste. Sans réfléchir, je passe mes bras autour de son cou et le serre contre moi. Il ne lui faut pas une seconde avant de me rendre mon étreinte et j'ai l'étrange sensation d'être à la maison.

    Je ferme les yeux, le nez contre la peau de son cou, son parfum est entêtant et tellement familier. Je ne sais pas ce que je ressens pour lui, mais il éveille des choses en moi, juste en me tenant dans ses bras, qui ne me laissent pas indifférent et peut-être égoïstement, je veux en découvrir plus.

    Mes lèvres se déposent sur son cou et je me délecte du long frisson qui parcourt son corps. Je continue de l'embrasser, goûtant sa peau qui m'ouvre un appétit dont je n'avais pas conscience.

    — First… je ne suis pas venu pour ça…

    Sa voix tremble légèrement, son corps se tend comme pour s'empêcher de me toucher et j'ai un petit sourire contre lui. 

    — Je sais Phi. Ce n'est pas pour l'argent, je veux juste… sentir ton amour.

    Je me sens un peu mal de profiter de lui et de ses sentiments alors que je ne sais même pas si je ressens quoi que ce soit pour lui, mais j'ai besoin ce soir de m'appuyer sur quelqu'un et de sentir que je compte pour quelqu'un.

    J'espère qu'il comprend, qu'il ne s'attend pas à autre chose qu'une nuit ensemble pour le moment. Je ne lui pose pas la question, aussitôt je replonge sur son cou, déposant une myriade de baisers. Il ne me questionne pas non plus puisque ses mains attrapent mes cuisses qui se retrouvent entourées autour de sa taille pendant qu'il m'entraîne vers le lit.

    Il ne me lance pas dessus dans un geste impatient, non, il m'allonge avec délicatesse, m'accompagnant et s'allongeant à côté de moi. Nos lèvres se retrouvent pour la première fois et j'ai le souffle coupé par la douceur qu'il insuffle dans le baiser.

    Depuis presque deux ans, je n’ai pensé à rien d’autre que la manière de survivre, de pouvoir obtenir mon diplôme. Là, il court-circuite totalement ces pensées qui m'oppressent jour après jour. Son pouce suit le contour de ma bouche, ses lèvres parsèment mon cou de baisers et je n’hésite pas à entrouvrir la bouche, suçotant le bout de son doigt et savourant les sensations qui s’éveillent.

    Je sens l’intensité dans chacun de ses baisers, dans chacune de ses caresses, il savoure l’instant, prenant son temps pour le faire durer. Sa main glisse sur mon torse, il le découvre sans s’arrêter sur un point précis. Elle s’arrête à la ceinture de mon pantalon et j’aimerais qu’il continue, mais à la place, il tire sur mon t-shirt pour le soulever et passer sa main en dessous. 

    Ma peau se couvre de chair de poule quand la pulpe de ses doigts l'effleure lentement. Je siffle légèrement entre mes dents quand sa bouche aspirent ma peau et ma main gauche se pose sur son épaule pour l’empêcher de reculer. 

    Ma main droite se pose sur sa cuisse qu’il a passé à travers les miennes et elle se crispe quand son index fait le tour de mon téton, déclenchant une sensation inédite se dirigeant directement vers mon bas ventre. Un petit soupir m’échappe et je le sens sourire contre moi.

    Sa caresse se fait plus franche alors qu’il soulève totalement mon t-shirt, dévoilant mon torse pâle, et quand sa bouche rejoint sa main, ma respiration se fait plus courte. Jamais je n’aurais imaginé Toru de cette manière, mais sa manière d’être avec moi me donne l’impression qu’il va me dévorer et en même temps qu’il vénère mon corps.

    Sa langue trace la ligne de mes abdos à peine dessinés avant de remonter vers mon torse, m’aidant à retirer mon t-shirt. Je l’observe, la bouche entrouverte, et quand nos yeux se croisent, j’ai l’impression que des papillons s’envolent dans mon estomac. Il me sourit avec tendresse avant de fondre sur mes lèvres et cette fois-ci, c’est un baiser langoureux et humide que l’on partage. 

    Je ne sais plus vraiment où je suis, il m’embrasse, me caresse, me déguste et je me sens important pour lui. Peu à peu, il me déshabille, je ne me sens pas honteux alors que je suis d’un naturel pudique, pas quand son regard brûlant découvre chaque courbe et angle de mon corps comme si c’était la plus belle découverte du monde. 

    Lui est encore complètement habillé et je fronce des sourcils quand il fait glisser mon caleçon le long de mes cuisses. Moi aussi je veux découvrir son corps et l’idée de pouvoir l’observer me rend plus dur que je ne le suis déjà. 

    — Déshabille-toi Phi…

    Son petit sourire réapparaît au coin de sa bouche alors qu’une lueur amusée s’allume dans le fond de ses yeux. Lentement, il quitte le lit, se positionnant juste devant et sans me quitter des yeux, il passe son t-shirt par-dessus sa tête avant de le laisser négligemment tomber sur le sol. 

    J’aime ce que je vois, chaque muscle est magnifiquement dessiné, je le dévore du regard et je ne peux pas m’empêcher de me mordiller la lèvre inférieure quand je vois cette fine ligne de poils sur son ventre disparaître sous la ceinture de son pantalon. 

    — Regarde-moi First.

    Il n’a même pas besoin de me toucher pour m'exciter, juste sa voix me donnant un ordre envoie une décharge de désir dans mon corps et ma main se pose sur mon sexe presque douloureux et qui ne demande qu’à être soulagé. 

    Il a un petit rire avant de commencer à déboutonner son pantalon, son regard s’assombrit encore plus quand je commence à me caresser. Je soupire et mes yeux se ferment à moitié, seulement, je ne loupe pas le fait qu'il enlève son pantalon bien plus rapidement, entraînant son sous-vêtement en même temps et la vue me fait gémir.

    Rapidement, il pioche du lubrifiant et un préservatif dans le panier avant de me rejoindre en s’asseyant sur mes cuisses, son sexe juste contre ma main et je n’hésite pas à le prendre en main avec le mien avant de reprendre ma caresse. On soupire de plaisir en fermant les yeux, jamais je n’aurais imaginé me laisser aller avec autant de facilité dans les bras de quelqu’un.

    Il se penche et m’embrasse avec passion et c’est seulement quand il pose sa main sur la mienne que je me rends compte que j’ai beaucoup accéléré et que j’aurais pu nous mener à la jouissance de cette manière. Il a un petit sourire, il m’embrasse à plusieurs reprises avant de se retirer de sur mes cuisses. 

    Lentement, il me guide, posant ses mains sous mes genoux, il écarte mes jambes avant de se placer entre. Aucun de nous ne parle, il n’y en a pas besoin, pas alors que nos yeux le font. Je ressens son amour, son attention et sa douceur à chaque fois qu’il pose son regard sur moi. Un regard insistant et je sais que je dois le stopper si j’ai mal, je me sens totalement en phase avec lui, plus qu’avec n’importe qui d’autre. 

    Il fait attention à chacune des expressions de mon visage, guidant ses doigts en moi pour me préparer. S’arrêtant quand mon visage se crispe, accélérant quand au contraire j’affiche du plaisir et ayant un sourire victorieux quand je gémis longuement au moment où il frotte ma prostate. 

    Mon corps tremble de la tête aux pieds, j’ai déjà du mal à respirer et je veux plus. Ses lèvres se posent sur mon genoux, sa main libre caresse doucement ma cuisse. Je suis dans un autre monde, je flotte dans le plaisir et je sais que ce n’est que le début. Je pense un instant que je pourrais mourir tant c’est intense. 

    A taton, je cherche le préservatif qui se trouve quelque part sur le matelas et je soupire de soulagement quand enfin je tombe sur l’emballage froid. Je l’ouvre difficilement, Toru semble décidé à me faire perdre la tête et s’amuse à masser ma prostate de plus en plus fréquemment, me faisant gémir de plus en plus fort.

    Finalement, j’arrive à sortir le préservatif et à me redresser, le forçant à arrêter de me torturer. Je redécouvre sa longueur, prenant le temps de le caresser et de lui rendre un court instant la pareille, me mordant la lèvre inférieure, savourant chaque bruit sortant de sa gorge. 

    Sa main se pose brusquement sur ma nuque quand, une énième fois, mon pouce glisse sur son gland et d’un geste ferme il me rapproche de lui pour un baiser plus rude et excitant. A l’aveugle, je déroule la protection sur son membre et j’ai à peine le temps de finir qu’il nous fait basculer. 

    Je m’accroche à lui, enfonçant mes ongles au niveau de ses reins quand il me pénètre. Son sexe écarte mes chairs, pas forcément très agréablement, mais je ne veux pas qu’il s’arrête et heureusement, il ne le fait pas. Je me cambre, respire fort, lance ma tête en arrière et je pousse un petit cri quand ses dents s’enfoncent dans la peau de mon cou. 

    Je n’arrive plus à retrouver mon souffle, il est en moi, poussant toujours plus profondément et j’ai l'impression de déjà toucher l’extase. Toru attrape une de mes mains, la pose au-dessus de ma tête et entrelace nos doigts. Je la serre fortement quand il me donne un premier coup de rein qui me fait grogner. 

    Plus rien ne pourra nous arrêter, je ne me reconnais pas quand, à chaque fois qu’il se retire, je pousse mon bassin vers lui pour qu’il me pénètre à nouveau plus fort. Nos corps sont extrêmement serrés l’un contre l’autre, mais j’ai l’impression que ce n’est pas encore assez, je veux me perdre totalement entre ses bras, ne plus rien ressentir d’autre que sa présence.

    Il accélère, cherchant à provoquer la petite mort chez moi et alors que ses va-et-vient se font plus rapides, plus forts, que je gémis sans chercher à camoufler le plaisir qui monte à une vitesse alarmante, j’ai comme une révélation qui accélère la venue de mon orgasme, je l’aime. 

    Mon corps se contracte brusquement, alors que ma mémoire se rappelle ce que j’ai pu ressentir depuis deux ans à chaque fois qu’il prenait soin de moi, qu’il m’approchait et s’inquiétait pour moi. Un son guttural que jamais je n’aurais imaginé produire sort de ma gorge alors que je me répands entre nous. 

    Il murmure près de mon oreille, mais je ne comprends pas ce qu’il dit, mon monde est complètement chamboulé, le plaisir me maintient dans un état de semi-conscience alors que je le sens continuer à l’alimenter en cherchant sa propre délivrance qui arrive un moment plus tard. Il me serre brusquement contre lui, laissant son corps peser contre le mien, son souffle erratique frappant la peau de ma gorge. Je suis au paradis et je ne veux pas en bouger. 

    J’ai totalement perdu la notion du temps, je ne sais pas combien de temps on reste comme ça, dans les bras l’un de l’autre, à se remettre de ce que l’on vient de vivre ensemble. Pas assez à mon goût, mais quand il se redresse pour pouvoir me regarder, je ne le retiens pas. Il me sourit tendrement, m’embrasse doucement avant de se retirer, ce qui me fait grimacer un peu d’inconfort. J’essaie de le lui cacher et je pense qu’il n’a rien vu, car il prend le temps de jeter le préservatif avant de revenir s’asseoir au bord du lit. 

    Il a l’air un peu gêné quand il passe sa main dans mes cheveux et je dois dire que, maintenant que la passion s’est endormie, je n’en mène pas large non plus. Je ferme les yeux en me tournant sur le côté pour poser ma tête contre sa cuisse. Je me sens un peu raide et tiraillé, mais je ne me plains pas, je ne me suis jamais senti aussi détendu qu’à cet instant. 

    — Tu as mal ?

    J’ouvre un œil en rougissant quand il me pose cette question, mais l’inquiétude est bien trop présente sur son visage et dans son ton pour que je l’ignore. Je prends une grande inspiration avant de secouer la tête. 

    — Pas trop…

    Il soupire avant de se pencher pour m’embrasser la tempe et un sourire satisfait vient se placer sur mes lèvres. J’ai envie de rester comme ça un long moment, je me sens bien alors qu’il me caresse doucement, malheureusement il semble en avoir décidé autrement. 

    — Une douche chaude te ferait du bien, tu devrais aller en prendre une. 

    — Tu… tu viens avec moi ?

    Je n’ai pas envie que le moment se termine encore, bientôt on devra avoir une conversation, décider de ce que l’on veut être, mais en attendant, je veux juste savourer sa présence sans me prendre la tête. 

    — Bien sûr, tout ce que tu veux. 

     

    La première chose dont je me rends compte quand je me réveille, c’est le froid ambiant. Pourtant, la veille, je me souviens m’être endormi dans un cocon de chaleur. Sans ouvrir les yeux, je m’étire longuement, dénouant chaque muscle un peu douloureux qui a été sollicité hier. 

    — Phi ?

    Je le cherche du côté du lit où il s’est endormi hier, je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux, mais je finis par m’y résoudre et mon cœur pèse soudain une tonne quand je me rends compte que la place est vide et sûrement depuis un moment maintenant. 

    Lentement, je scanne le reste de la pièce, mon téléphone sur la table basse, mes habits éparpillés au sol, l’emballage ouvert du préservatif que l’on a oublié de jeter, mais il n’y a plus aucune trace de Phi Toru. Ma gorge se serre, mais je ne veux pas me laisser aller et je tends l’oreille, espérant entendre du bruit provenant de la salle de bain, mais rien, il n’est plus là. 

    — C’est pas vrai…

    Je suis maintenant bien réveillé, je suis tombé de mon petit nuage et la chute est plutôt difficile et douloureuse. Je me sens stupide et je ressens le besoin de quitter cette chambre le plus rapidement possible. Je ne sais plus quoi penser, je quitte le lit, ramasse mes habits que j’enfile à la va vite.

    Quelle était la dose de vérité dans tout ce que Toru a pu dire hier soir ?

    Est-ce qu’il voulait juste se donner bonne conscience pour coucher avec moi ?

    Est-ce qu’il va en parler à quelqu’un ?

    Mes yeux s’écarquillent dès que je pense à ça et une réalisation douloureuse fait glisser les larmes le long de mes joues. Quand je l’ai supplié de ne pas parler des enchères, de moi vendant mon corps… il n’a pas répondu, il a changé de sujet et…

    Un sanglot s’étrangle dans ma gorge, j’ai été stupide, je me suis laissé berner et maintenant, je vais me retrouver au centre de toutes les discussions à cause de l’homme que j’aime. C’est d’ailleurs peut-être le plus douloureux dans toute cette histoire, c’est que maintenant, j’ai conscience de l’aimer.

    Je récupère mon téléphone, mon sac contenant un change propre, mais que je n’ai pas touché et je m’enfuis. La porte claque derrière moi, me faisant sursauter et je dois me forcer pour ne pas courir dans les couloirs de l'hôtel sombre et silencieux. 

    Je prends une grande bouffée d’air quand je sors de la somptueuse bâtisse. Il est encore tôt, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’attendre l’arrivée d’un bus alors, pris d’une impulsion, je hèle un taxi. Je lui donne mon adresse et laisse ma tête tomber contre la fenêtre en me laissant reconduire.

    En reniflant piteusement, je prends mon téléphone et me connecte tout de suite à mon compte, je veux en finir au plus vite avec toute cette histoire. En quelques clics, je fais un virement vers le compte de Toru déduisant simplement le prix de la course de ce matin, mais je ne pense pas qu’il trouvera à redire.

    J’éteins mon portable, je ne veux pas voir le moment où tout le monde saura, je préfère faire l’autruche jusqu’à demain quand je n’aurai plus le choix, quand je devrai me rendre en cours. Je n’ai aucun mal à imaginer les regards, les murmures, les insultes en tout genre, c’est tellement réaliste que les larmes reviennent rapidement sur mes joues. 

    — Quoi qu’il se passe petit, je suis sûr que ça va bientôt s’arranger. Ne baisse pas les bras.

    Je lève les yeux vers le chauffeur qui se gare en face de mon dortoir et me regarde inquiet à travers le rétroviseur. J’arrive à lui faire un Waii accompagné d’un piteux sourire, je m’éclaircis la gorge à plusieurs reprises afin de pouvoir lui répondre sans que ma voix ne tremble. 

    — Merci mon oncle.

    Je quitte le taxi la tête basse, mais un peu réconforté par cet inconnu, je vais m’en sortir, je l’ai toujours fait. Au moins, j’ai appris une bonne leçon, ne jamais faire confiance. Donner sa confiance, c’est le meilleur moyen d’être blessé et c’est encore plus douloureux quand c’est quelqu’un que vous aimez. Ma main se pose sur mon cœur qui s’émiette et d’un pas lent, je me dirige vers ma chambre.

     

    J’ai toujours aimé aller en cours, apprendre ce qui deviendra mon futur métier, me donner à fond dans mes devoirs et mes révisions. Pourtant, aujourd’hui, je me rends à l’université à reculons et avec la boule au ventre. Descendre du bus a été une épreuve et je n’ose pas lever les yeux du trottoir au risque de rencontrer un regard moqueur.

    Je m'accroche de toutes mes forces à mon sac, fonçant au milieu des étudiants, m'attendant à entendre des choses sur moi, mais rien. J'entends des rires joyeux, des bribes de conversation parlant de rendez-vous ou de fête, mais rien concernant ce que l'on a fait Toru et moi.

    Cela dit, je ne me détends pas vraiment, il est encore tôt et il ne faudra sûrement pas encore très longtemps pour que les rumeurs aient fait le tour et ne reviennent jusqu'à moi.

    La panique n'est pas loin, il ne faudrait pas grand-chose pour qu'elle prenne le contrôle. D'ailleurs, c'est presque ce qui se passe quand une voix inconnue m'interpelle soudain.

    — Hey Nong First…

    Je me raidis, avant que ma réaction ne soit instinctive et que j'accélère le pas, me précipitant vers mon bâtiment dans l'idée d'aller me cacher alors que la voix retentit à nouveau.

    — Attends, To…

    La porte se referme derrière moi, les larmes brouillent ma vision et je ne fais pas attention où je vais au milieu du couloir bondé. Du coup, je ne suis même pas surpris quand je bouscule quelqu'un.

    Ce qui me surprend plus, c'est quand des bras m'entourent et me ramènent brusquement contre un corps. Le parfum familier me détend instantanément, avant que je ne me rende compte que je me trouve dans les bras de Phi Toru. 

    J'essaie aussitôt de reculer, je ne veux pas qu'il se moque de moi, je ne veux pas devenir la risée du campus. Je me débats de toutes mes forces, mais il ne bouge pas et me retient sans difficulté contre lui.

    — Je suis désolé, Nong. Pardonne-moi si j'ai fait quelque chose de mal, mais s'il te plaît… ne me fuis pas.

    Je me fige quand sa voix parvient à mes oreilles. Il murmure tout contre moi et je ne comprends pas ce qu'il est en train de dire.

    — Quand je suis revenu dans ma chambre et que tu n'étais plus là…

    Mes yeux s'ouvrent en grand quand il reprend la parole d'une voix tremblante. Mon souffle s'est coupé et j'ai peur de comprendre ce qu'il est en train de dire.

    — Tu… tu n'étais pas parti ?

    Je ne sais pas quelle réponse j'espère le plus, que soudain il me repousse en se moquant de moi et exposant mes agissements ou bien qu'il continue de me serrer dans ses bras en m'assurant que je me suis trompé. 

    — Je devais passer un coup de fil. Je suis sorti pour ne pas te réveiller, mais ça a duré plus longtemps que je ne le pensais.

    Mes yeux me brûlent soudain, avec hésitation je lève les bras et entourent sa taille, sentant la culpabilité m'envahir. Je ne lui ai pas laissé le bénéfice du tout, au contraire j'ai tout de suite pensé qu'il m'avait manipulé pour obtenir ce qu'il voulait.

    — Ce n'était pas des mensonges hier soir ?

    Malgré tout, j'ai besoin d'être rassuré pour de bon. Ses mains se posent sur mes joues et il me force à reculer afin que l'on puisse se regarder. Lentement, il essuie les larmes qui coulent encore avant de me sourire tendrement.

    — Je t'aime First.

    Mon cœur bondit dans ma poitrine et le soulagement est un véritable raz-de-marée. Je ne me rends même pas compte que je me suis mis à sourire.

    — Et toi ?

    Je sursaute légèrement quand il me retourne la question. Du coin de l'œil, je me rends compte que notre accolade n'est pas passée inaperçue et j'hésite l'espace d'une minute.

    Une minute qui laisse le temps à Toru d'imaginer toutes sortes de choses puisque son étreinte se relâche et que son visage se ferme. Il n'y a pas besoin de plus pour que je me décide à avouer.

    — Je t'aime !

    Je m'exclame un peu fort et il y a toutes sortes de réactions autour de nous, mais je ne les vois pas, je ne vois que lui, son sourire soulagé, ses yeux brillants et ses lèvres qui se posent soudain contre les miennes.

     

    — C'était quoi ce coup de fil important ?

    On a dû fuir le bâtiment de l'université après ce baiser, les gens sont devenus étrangement hystériques et heureusement on a pu compter sur la présence de quelques amis proches de Phi pour quitter les lieux.

    On est maintenant installés sous un arbre, Toru est appuyé contre le tronc et moi je suis installé entre ses bras, profitant du moment de calme avant d'avoir la grande discussion.

    — Je t'ai promis de trouver une solution.

    Je fronce un moment les sourcils n'arrivant pas à me souvenir de quand il m'a fait une telle promesse. Puis soudain, son murmure au creux de mon oreille alors que je planais à cause de l'orgasme me revient en mémoire.

    — Phi…

    Mon cœur se gonfle d'amour pour lui et la culpabilité l'alourdit tout autant. Ses lèvres se posent rapidement sur ma joue et je souris, heureux.

    — J'ai essayé d'accélérer le processus pour remettre ta bourse en place, mais il faudra sûrement attendre plusieurs semaines car le problème vient de plus haut. 

    Je soupire en l'entendant parler, je ne lui en veux pas de ne pas avoir réussi, rien que le fait qu'il ait essayé est un beau geste. Seulement, ce souci qui s'était effacé de ma mémoire revient comme un boomerang et l'inquiétude me tenaille à nouveau.

    — Comme je ne pouvais rien faire sur ce plan là, j'ai décidé d'utiliser une autre possibilité. 

    Soudain une carte bancaire à mon nom apparaît devant mes yeux et je ne comprends pas. 

    — Je vais couvrir toutes tes dépenses pendant cette période.

    Je quitte ses bras, fait demi-tour et m'assois à genoux devant lui. Je ne veux pas donner l'impression de profiter de lui et de son argent, je déteste ça.

    — Non Phi, je…

    — Laisse-moi t'aider, s'il te plaît. 

    Ma bouche se referme alors qu'il me lance un regard de chien battu. Jamais je ne l'avais vu avec une expression si mignonne et je sens ma détermination faiblir.

    — Tu as assez dépensé avec les enchères… hors de question que…

    — Le fait que l'on n’ait pas officiellement couché ensemble cette nuit-là et que tu m'aies retourné l'avance fait que je vais récupérer une grande partie de mon "investissement".

    Je rougis quand il me contre de cette manière et je me retrouve à court d'argument, alors je sors mon dernier atout de ma manche.

    — Je te rembourserai chaque baht que tu me prêteras même si je dois y passer le reste de ma vie.

    Son regard s'illumine, il m'attrape par la taille et me fait basculer contre lui en m'embrassant à pleine bouche. Mon cœur s'affole, mon corps s'apaise et je me sens bien.

    — Je n'en attendais pas moins de toi. Alors ça veut dire que tu signes un contrat à vie avec moi.

    Il parle contre mes lèvres et je ris doucement, amusé par sa proposition. Cependant je ne le détrompe pas, au contraire je hoche ma tête avant de capturer ses lèvres à mon tour.

    Toru m'avait toujours semblé froid et distant avec moi, pourtant depuis le début, il était mon meilleur soutien, mon meilleur allié. Il m'a protégé de loin, il a veillé sur moi et attendu patiemment que je sois prêt à faire face à ce que je ressentais moi aussi. Notre histoire a commencé d'une manière atypique, mais je suis persuadé qu'ensemble on pourra faire face à tout et être heureux.

     


    Notes
    (1) Cinq millions de Baht représentent environ 135 000 Euros.


  • Commentaires

    11
    Mardi 26 Décembre 2023 à 11:49

    Merci pour cette jolie histoire de 3-4 jours, c'était mignon comme tout et en même temps triste. Dommage que toutes les histoires ne finissent pas aussi bien.

    — Je t’aime Nong… depuis longtemps maintenant et… je veux juste pouvoir prendre soin de toi et te protéger.

    — Bien sûr, tout ce que tu veux.  

    — Je suis désolé, Nong. Pardonne-moi si j'ai fait quelque chose de mal, mais s'il te plaît… ne me fuis pas. 

    Ces 3 phrases ont fait fondre mon cœur instantanément et l'on écrasé en même temps.  Merci Néphély

     

    10
    Dimanche 15 Janvier 2023 à 18:16

    coucou,

    merci pour ce OS. Oh lala!! First et Toru, un de mes couples chouchous. J'ai adoré les retrouvé, merci, pleins de bisous

     

     

    9
    Mercredi 6 Juillet 2022 à 11:23

    Coucou ! Merci beaucoup pour cette histoire ! On retrouve se coter hot de leur relation, mais également la passion et l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre ! J'ai adoré !!!! 

    • Voir les réponses
    8
    Mercredi 8 Juin 2022 à 21:12

    Coucou, merci pour cette petite histoire, j'ai bien aimé même si le personnage a fait des choix particuliers, heureusement mais heureusement qu'il a vu son portable parce qu'on ne sait jamais sur qui on peut tomber avec ça.....

     

    • Voir les réponses
    7
    Dimanche 5 Juin 2022 à 14:57

    merci pour se petit OS

    6
    Dimanche 5 Juin 2022 à 10:58

    Coucou,

    Merci pour ce bel OS. C'est trop mignon (ღ˘⌣˘ღ) Sur le coup je ne savais plus qui était First et Toru, honte à moi, je n'ai pas regardé Y Destiny ^^ En tout cas c'est cool de les "découvrir" dans l'univers parallèle des fanfics he

    Bisous <3

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