• Droit LGBT en Corée du Sud

    Droit LGBT+

    Après la Thaïlande, intéressons-nous aux droits des coréens

     

     

    Chaque citoyen est individuellement protégé par la Constitution sud-coréenne mais aucun droit n'est officiellement reconnu aux personnes de la communauté LGBT. Il faut savoir qu'il n'y a pas de loi contre l'homosexualité mais leur acceptation est loin d'être entière dans le pays, et reste même un sujet tabou dans certains lieux du pays. Le fossé générationnel se fait de plus en plus grand, en 2013, 71% des 18-29 ans approuvent l'homosexualité contre 16% chez les plus de 50 ans. Si le soutien à la communauté augmente chaque année, les plus âgés considèrent qu'il s'agit d'un mal venu de l'Occident, pensée soutenue par de nombreux groupes chrétiens conservateurs continuent de faire barrage aux mesures concrètes. On peut voir leurs manifestations en marge des festivals pro LBGT+

     

     

    On constate donc une augmentation de la tolérance chez les plus jeunes, pourtant en 2021 un rapport  de public de la faculté de Yale menée, par des chercheurs en droits des personnes, auprès d'élèves -présents et anciens- ainsi que d'enseignants, stipulait que les jeunes LGBT+ étaient encore souvent isolé(e)s, victime d'intimidation autant de la part des adultes que de leurs camarades. Ces jeunes n'ont aucunes protections claires et ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir des informations ou tout simplement bénéficier d'un soutien... Il apparait donc que les établissements scolaires devraient recevoir des formations afin de soutenir cette communauté, plus encore le gouvernement devrait instaurer des protections pour éviter ce genre de discrimination car les programmes existants pour protéger les droits et le bien-être des élèves négligent souvent les besoins des élèves LGBT...

    Tous les élèves n'en ressortent pas traumatisés, certains tentent d'ouvrir la voie. Comme Kim Bo Mi qui devient en 2015 la première lesbienne présidente des représentants d'étudiants de l'université nationale de Séoul. Son discours pour une université sans discrimination sur son style de vie entraine un résultat sans précédent avec un taux de participation de plus 50% de la part des étudiants. 

     

    Le pays du Matin calme se montre de plus en plus tolérant mais n'en reste pas moins homophobe. Il vaut mieux pour les LGBT+ de se faire discret avant la fin de leur service militaire, car si aucune peine n'est encourue chez les civils, les membres de l'armée n'ont malheureusement pas cette chance. Selon l'article 92 du code pénal militaire, pour que "la communauté militaire reste saine", les relations sexuelles entre hommes au sein de l'armée, en service ou non, sont sanctionnable d'une peine de prison. Ainsi les relations sexuelles entre les soldats sont vu comme des “comportements honteux”, semblables à des agressions sexuelles... Un article en attente de révision depuis 2010 et a fait l'objet en 2019 d'un rapport d'Amnesty International. Dans ce rapport intitulé Serving in Silence: LGBTI People in South Korea’s Military, ce document révèle l’impact destructeur sur les personnes LGBT + notamment sur le fait que de nombreux coréens dissimulaient leur orientation sexuelle par peur d'être découverts et donc harcelés... Aussi peut-on célébrer comme il se doit une décision de justice du 21 avril 2022 ! La Cour Suprême de Corée du Sud a annulé la condamnation en première instance de deux soldats, soit respectivement trois mois et quatre mois de prison ainsi qu'une mise à l'épreuve en 2017, lorsque les autorités militaires avaient mené une enquête afin d’identifier et de punir les soldats soupçonnés d’avoir eu des relations sexuelles consenties avec des hommes. La Cour a estimé que si des actes homosexuels avaient eu lieu en dehors de la base, pendant que les soldats n’étaient pas en service et par consentement mutuel, l’article de loi ne s’applique pas. Elle a ajouté que la criminalisation de ces actes bafoue excessivement le droit des soldats à l’autonomie sexuelle et les prive de leurs droits à la non-discrimination, à l’égalité et à la dignité, ainsi que de leur droit de rechercher le bonheur que garantit la Constitution... On peut espérer que cette décision face jurisprudence !

     

    En parlant de loi, en aout 2021, un nouveau projet de loi anti-discrimination a été présenté à l'Assemblée Nationale. C'est la 10e fois qu'un tel projet est soumis aux votes sans succès depuis 2007. Les propositions visant à protéger les droits des LGBT se sont heurtées à une opposition féroce de la part d’organisations conservatrices, les législateurs ont encore une fois rejeté la proposition.

     

     

    Et les transgenres ?

    En 2006 les individus sont autorisés à changer leur marqueur de sexe/genre sur leur document officiel si, et seulement si, ils/elles ont subi une chirurgie de réassignation sexuelle. En 2013, suite à la recommandation de la Commission nationale des droits de l'Homme, la Cour Suprême n'exige plus cette restriction et cela a jurisprudence. Les personnes transgenres peuvent subir une chirurgie de réassignation sexuelle à condition d'avoir atteint la majorité, de ne pas avoir d'enfant et, dans le cas des hommes, d'avoir fini leur service militaire ou d'en avoir été exempté.

    D'ailleurs l'armée a été pointé du doigt depuis mars 2021, lors que Byun Hee So s'est suicidée. La jeune femme de 23 ans était devenue la première militaire transgenre du pays. Après avoir annoncé s’être fait opérer pour devenir une femme, l’armée, qui interdit aux personnes transgenres de rejoindre ses rangs, avait estimé que la perte de ses parties génitales constituait un handicap mental ou physique et donc l’avait forcée à démissionner. Avant sa mort elle avait lancé une pétition et intenté une action en justice, estimant que son renvoi était anticonstitutionnel. En octobre dernier le tribunal de Daejeon a ordonné l'annulation de son départ forcé au motif de l'illégitimité de la décision prise à son encontre. Elle sera donc intégrée à titre posthume.

     

    Le mariage ?

    La législation coréenne stipule dans son Code Civil que le mariage ne peut être conclu qu'entre un homme et une femme. Ainsi donc la Corée du Sud ne reconnait pas le mariage homosexuel. Nombreux sont les couples qui se battent pour faire valoir leurs droits à l'instar de So Seong Wook et Kim Young Min qui ont perdu leur procès, en janvier 2022, contre leur assurance maladie quand celle-ci a refusé d'offrir les mêmes droits qu'un couple marié à leur propre couple.

    So Seong-wook (à g.) et Kim Yong-min devant la Cour administrative de Séoul en février 2021

     

    Les droits de la communauté LGBT+ en Corée du Sud sont donc un combat loin d'être gagné, et l'élection du parti conservateur aux dernières élections ne va s'en doute pas arrangé les choses mais la nouvelle génération se bat pour faire reconnaître leur droit alors on ne peut que se tourner vers l'avenir pour voir les choses évoluées   


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  • Commentaires

    3
    Mardi 14 Juin 2022 à 14:32

    Merci pour cet article ;D J'espère que le nouveau gouvernement conservateur ne rimera pas avec recul des acquis, déjà qu'il en a peu :'(

    Bises <3

    2
    Mardi 14 Juin 2022 à 11:23
    Merci pour cet article ! On apprend beaucoup et malgré que la Corée est un de mes pays asiatiques préféré, je ne comprends pas...c'est vrai que l'Asie est un peu en retard niveau LGBT, mais on y croit ;) Je pense aussi que même dans l'Occident, la jeunesse accepte beaucoup mieux les LGBT que les personnes âgées ;)
    1
    Mardi 14 Juin 2022 à 10:50

    Merci pour cet article =)

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