• Chapitre spécial 3

    Chapitre Spécial 3
    Félicitations pour l'Obtention de Ton Diplôme

    La vie d'un diplômé :

    Une semaine avant le jour de la remise des diplômes.

    Bonjour, tout le monde, c'est Duean. Il n'y a rien de spécial aujourd'hui. Je veux juste vous dire que...

    — Bééééébé.

    — On y est presque, dit le Kitty Gang avec enthousiasme.

    Comme la cérémonie de remise des diplômes aura lieu la semaine prochaine, et que notre adorable et intelligente bande va être diplômée, pour fêter et conclure notre longue et torturante année, nous partons pour un joyeux voyage qui nous mènera soit au paradis, soit en enfer.

    Merde, je n'arrive pas à savoir si c'est une route ou un jeu de Serpents et Échelles. Pourquoi c'est si sinueux ? Laissez-moi mettre à jour l'état actuel de mes compagnons pour le moment.

    Deux d'entre eux ont vomi en chemin, un a du mal à respirer et un est mort. Je suis le seul à être en vie. Pourquoi ? Parce que je suis le conducteur. Kyaaaaa !

    Un long trajet ne peut pas me déprimer comme l'amour.

    En pensant à mon petit ami à la maison, des frissons me parcourent l'échine, faisant frémir mes os. Il n'arrêtait pas de me dire de faire attention aux sangsues. Je veux dire, si je dois mourir en perdant du sang à cause des sangsues, vous feriez mieux de prier maintenant.

    Mais je le comprends. Je dois manquer à un anxieux comme Meen, car nous serons séparés pendant trois jours et deux nuits.

    Pour être honnête, c'est juste un vœu pieux. Je parie qu'il regardera sa série préférée avec entrain, sans se soucier d'un beau garçon comme moi. Hmph !

    Nous sommes arrivés à l'entrée de la cascade dans l'après-midi. Comme nous voulions que ce voyage soit aventureux, nous avons garé la voiture ici et avons marché à travers les bois pendant près de dix kilomètres. Heureusement, nous croyons qu'une armée marche sur son estomac, alors mes chers amis ont emballé plus qu'assez de nourriture pour nous.

    — Goe, qu'est-ce que tu as apporté ? demandé-je au fournisseur officiel de nourriture de ce voyage.

    — Du whisky de riz et du maïs soufflé.

    — Je vois, du maïs soufflé…  

    Espèce d'enfoiré ! Pourquoi j'ai donné mon petit argent à notre bourse commune pour que ce bâtard puisse acheter ce genre de choses ? Qui viendra nous aider si on meurt de faim au milieu des bois ?

    — Quoi d'autre ?

    — Des chips.

    — Je veux dire, quelque chose qui peut vraiment remplir nos estomacs.

    — Chaque putain de chose peut remplir notre estomac. Ferme ta gueule. Continue à marcher.

    Quoi, fils de pute ?! Je n'aurais pas dû lui dire de laisser tomber les formalités. Je suis plus vieux que lui d'un an. J'aurais dû le virer de la montagne quand on a atteint la province.

    La randonnée de dix kilomètres a commencé. Notre aventure est menée par un guide qui nous gardera sur le bon chemin. Il s'appelle Bison. Quel nom splendide qui convient parfaitement à la forêt.

    — Vous ne devez pas avoir peur des sangsues terrestres dans les bois. Utilisez ce répulsif. Croyez-moi, vous serez à l'abri d'elles. 

    Il nous lance un spray liquide anti-moustique, et nous nous en vaporisons sur la peau sans aucune retenue.

    Bison est un homme plein d'humour, plein de blagues de papa. Nous simulons un rire tout le long du chemin, trop gentils pour les ignorer. Qui se ressemble s’assemble. Tout semble aller comme sur des roulettes. Nous atteindrons la destination en toute sécurité, sans aucun doute.

    Qui aurait pensé que nous aurions des ennuis alors que nous avons parcouru presque un quart de la distance ?

    — Yeen, c'est quoi ce truc sur ta nuque ?

    — Quoi ?

    — C'est noir et brillant.

    — Aaaaaaahhh, c'est quoi ce bordel ?!!!

    Merde, qu'est-ce qui se passe ?

    — Qu'est-ce qui se passe, les gars ? 

    Bison crie et s'élance pour sauver Yeen avant que Yok ne puisse frapper le cou de Yeen avec une planche. Tout le monde panique et lance des pierres sur Yeen sans arrêt.

    — Arrêtez. C'est juste une sangsue terrestre, crie le guide, nous calmant alors que la sangsue terrestre a pris possession de la nuque de Yeen.

    — Hub ! Sangsue terrestre.

    — C'est juste une sangsue terrestre.

    — Sangsues terrestres ! Tu as dit qu'on en serait à l'abri.

    — Calme-toi, mon frère. Reste avec nous.

    — Sangsues terreeeestres.

    Bon sang, les choses deviennent vraiment chaotiques après ça.

    Peut-on croire une seule chose de ce que dit Bison ? Il a dit que le spray répulsif nous sauverait des sangsues terrestres. Maintenant elles sont partout, elles nous sucent le sang à notre insu. James affronte le pire : une sangsue terrestre lui monte à l'entrejambe. J'ai peur qu'elle rampe joyeusement jusqu'à sa queue. Le temps de sprinter jusqu'à la destination, on s'évanouit presque.

    Putain ! Bison est un putain de menteur.

    — Posez vos bagages et montez la tente. Je vais vous montrer le magnifique paysage, dit-il et il disparaît dans la brise.

    À la première seconde où nous sommes arrivés ici, mon cœur s'est senti si plein comme si l'oxygène avait rempli mes deux poumons. Alors que nous montons la tente ici, je peux entendre la chute d'eau au loin. Ce voyage est exactement ce que nous souhaitions : un voyage avec sac à dos pour écouter le son de la nature et de la rivière qui coule. Après ça, on va aller danser comme des fous au pub de Bangkok.

    — Bison, on a monté la tente.

    — Ok, allons manger, putain !

    — Oui, monsieur.

    — Allumez le feu.

    — Oui, monsieur.

    — Et dormez !

    — C'est quoi ce bordel ? Tu as dit que tu nous montrerais le beau paysage.

    — Il est interdit de visiter les chutes d'eau après six heures. Vous avez mis trop de temps à monter la tente. 

    Maudite Mère de la Rivière, pourquoi ne pas nous l'avoir dit avant ?

    — Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

    James, celui qui est le plus près de perdre la tête, croise les bras. On a donc perdu une journée pour venir ici, hein ? Même si on ne peut pas voir la cascade, on peut au moins écouter son bruit et l'orchestre des grillons.

    — Mangeons. Pourquoi on ne camperait pas ici ? suggéré-je.

    — Ok, est-ce qu'on doit ramasser du bois de chauffage ?

    — Demande à Bison.

    — Ne me demande pas. On n'a pas le droit de faire un feu dans le parc national. Par faire un feu, je voulais dire allumer ces lampes. Prenez-en une chacun. 

    Je le savais. Bison nous a encore trompés.

    Il nous faut presque une heure pour préparer la nourriture par ce temps froid. Nous nous rassemblons en cercle avec de romantiques lampes allumées placées devant nous. Nous parlons du passé, en remontant le fil des souvenirs.

    — Un junior m'a demandé si le Kitty Gang accepterait un second travail autre que celui d'ingénieur. 

    La première question est difficile. Nous réfléchissons pendant un moment, et je réalise que je n'ai toujours pas trouvé ce qui me passionne. Je n'ai aucune idée de mon premier emploi, et encore moins d'un second. Finalement, Yeen brise le silence.

    — J'en ai un. Je veux que vous vous joigniez à moi.

    — C'est quel genre de travail ?

    — Mon idole, Rain, le cavalier de Yokohama, m'a proposé ce travail. C'est facile et ça ne nécessite pas d'internet. Tu peux le faire quand tu veux. Ça paie bien aussi, des milliers par jour. Vous devez seulement accueillir les clients. En d'autres termes, c'est un travail axé sur les interactions et totalement pratique.

    — Un réceptionniste ! supposé-je.

    — Non, un mendiant.

    — Argh ! 

    Je vais lui briser le crâne.

    — Arrête de dire des conneries. Changeons de sujet. J'ai toujours voulu savoir : s'il ne restait que quatre d'entre vous dans le monde, avec qui vous sortiriez ? 

    La question vient de moi, le sauvage Duean.

    Je veux juste entendre leurs idées absurdes. Et quand James fait la moue, prêt à attaquer, je sais que ça va être chaud.

    — Je n'ai jamais souhaité sortir avec aucun d'entre vous. Cela équivaut à zéro option. S'il n'y avait que vous et un manuel, je lirais le manuel jusqu'à ma mort. Mais si je devais vraiment choisir, je choisirais Goe. Au moins, je pourrais goûter son alcool exotique gratuitement.

    — Et me laisser avec Yok ? crie Yeen.

    — Pourquoi ? C'est quoi ton problème ?

    — Whoa, tu as le culot de demander. Tu es même ennuyé par toi-même. Tu vas me faire me réveiller pour voir ton chewing-gum sale tous les matins pour de vrai ?

    — Quoi, cet enfoiré ?!

    — Ça suffit. 

    J'arrête la dispute avant qu'ils ne se battent au milieu des bois. C'est juste une question au hasard. Pourquoi sont-ils si sérieux ? Prenez-moi comme exemple... Je suis sur le point de me lever, prêt à faire mon show. Le moment est mal choisi car mon estomac me joue un tour, laissant échapper les gaz avec une odeur désagréable.

    — Qui a pété !

    — Ouais, qui c'est ? demande l'autre gars. 

    On échange des regards gênants. Non... ils ne doivent pas savoir que j'ai contaminé l'air. Tant que je reste silencieux, personne ne le saura. J'accuse rapidement l'autre comme le crétin que je suis.

    — Goe, tu as pété ?

    — C'est quoi ce bordel, Duean ? Ce n'est pas mon odeur.

    — Whoa, c'est plutôt mauvais. Admets-le, qui que tu sois.

    — Yeen, c'était toi ?

    — Sans déconner. Mon pet sent la lavande, pas un chien mort comme celui-là. 

    C'est comme s'il me poignardait de loin, jusqu'aux pores de ma peau. Ça fait mal, putain !

    Ce qui fait encore plus mal, c'est que ce n'est pas juste un pet. Prochaine étape... le caca !

    Qu'est-ce que je fais ? Je ne veux pas me faire prendre. Mais je ne peux pas continuer à me retenir en souffrant plus longtemps. Enfin, je me lève de toute ma hauteur.

    — Je reviens tout de suite.

    — Où tu vas, Duean ?

    — Occupe-toi de tes affaires pour une fois, ok ?

    — Tu vas faire caca ?

    — Ouais, je vais faire caca, espèce de merde. 

    Je m'enfuis comme si j'étais dans une course de relais, en entendant des cris d'enfer et des rires continus derrière.

    — Tu as pété mais tu ne voulais pas l'admettre. Quel connard.

    — Note bien mes paroles, je vais te jeter mon caca à la figure.

    Essayez le snack périmé de Meen si vous osez. Si votre estomac peut le supporter, je vous laisserai me botter le cul.

     

    Le lendemain, un matin radieux m'accueille. J'ai vidé mes munitions hier soir et mon trou de balle est douloureux. Je ne sais pas pourquoi Meen adore me cuisiner quelque chose de bizarre à manger avant que je ne sorte dans le monde récemment. Le résultat est comme vous pouvez le voir.

    J'ai envie de mourir.

    Bison est toujours notre guide aujourd'hui. Il nous guide jusqu'à la cascade que nous voulions visiter. Wow, c'est tellement beau. Il n'y a que quelques personnes ici. Ça semble super privé.

    — Vous voulez jouer dans l'eau ? nous demande-t-il.

    — On peut jouer dans l'eau ici ? Je pensais que c'était interdit.

    — Ça l'est, mais il y a un endroit plus sûr. Je vous garantis que ce sera amusant. Changez vos vêtements maintenant. 

    Nous jetons nos vêtements dans la tente, ne gardant que des shorts de différentes couleurs, montrant nos ventres.

    — Ok, juste là. Montez. 

    Bison nous dit de monter sur un rocher relativement haut. L'eau ne coule pas trop vite, mais j'ai peur de glisser et de me cogner la tête.

    — Nous sommes arrivés. Et maintenant ?

    — Déplacez-vous vers la droite, tous les cinq. 

    Je déteste la façon dont il s'allonge sur le côté dans l'herbe et nous ordonne plus de choses. Heureusement qu'il est là pour prendre une photo de notre heureux moment en souvenir.

    — C'est bon !

    — Un peu plus.

    — C'est bon maintenant ?

    — Oui, sautez en bas.

    — Pour de vrai ?

    — Oui ! Ça va être amusant.

    Je retiens ma respiration un moment et je fais signe aux gars que je suis prêt. Trois, deux, un.

    SPLASH

    — Wooooooo ! 

    C'est génial. Mon caleçon est en train de se tordre. C'est aussi amusant que le disait Bison. Nous jouons dans l'eau pendant un moment avant de regagner la rive à la nage car nous voulons sauter à nouveau.

    — C'était tellement amusant. On va sauter à nouveau.

    — Comme vous voulez. Mais j'ai quelque chose à vous dire.

    — Quoi ?

    — Quelqu'un est mort là où vous avez sauté.

    — Putain !!! 

    On lâche en même temps. Yok est le plus choqué. Il a juste dit que c'était vraiment amusant.

    — Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ?

    — Je vous ai dit de vous mettre là où c'était sûr. Vous êtes en vie parce qu'il n'y a pas de roche pour écraser votre crâne à cet endroit.

    Ouf. Je me sens tellement en sécurité. C'est ça !

    Fais-le encore une fois si tu veux, mais je ne le ferai pas. J'ai peur de ne pas pouvoir revenir pour manger le menu spécial de Meen. Nous passons à d'autres activités, tout sauf sauter dans l'eau.

    — Le rafting est amusant. Tu veux essayer ? demande Bison.

    — Est-ce que quelqu'un est mort ?

    — Quelques-uns.

    — On ne le fera pas. On ne veut pas mourir.

    — D'accord, mais vous avez payé le prix du rafting. On ne peut rien y faire, alors.

    — D'accord, mourons, ou ce sera une perte d'argent.

    On finit par tout faire. C'est le voyage d'études le plus dur du monde.

     

    C'est la dernière nuit où on peut se souvenir de tout ça. Bison est si gentil. Il nous donne du riz gluant grillé à déguster à volonté. Malheureusement, l'alcool n'est pas autorisé. Ils ont peur qu'on se saoule et qu'on se noie. Par conséquent, nous organisons une fête sans alcool autour des lampes.

    C'était amusant, le temps que j'ai passé avec eux. On a fait beaucoup de choses stupides, mais ça rendait la vie excitante.

    Je repense à la fois où nous nous sommes déguisés en personnages de dessins animés pour tromper Mork au centre commercial, et à la fois où nous avons essayé d'aider Pi à poursuivre son crush avec plusieurs méthodes et avons échoué à chaque fois. L'humiliation est bien présente dans ma mémoire.

    Même si je n'ai pas traîné avec eux dès le début, toutes ces années où ils étaient mes juniors valaient la peine de penser que j'ai eu la malchance de rencontrer ces voyous.

    — Que va-t-on devenir après ça ? 

    Voilà la première question de la soirée. On ne plaisante plus. On devient émotifs.

    — Je ne sais pas. Je ne veux pas y penser.

    — Honnêtement, j'aimerais pouvoir arrêter le temps quand on sera à l'université. On n'aura pas à grandir et à travailler. On n'aura pas à entrer dans un monde rempli de gens qu'on déteste. Mais le temps continue de s'écouler, et nous devons grandir au final.

    — Pensez-y, quand on est étudiants, on est amis et on peut parler de tout. Un jour, quand on sera grands et qu'on aura des métiers différents, est-ce qu'on sera toujours amis comme ça ?

    Je suis stupéfait ! Je n'aurais jamais pensé que cette question viendrait d'un idiot comme Goe.

    — Si tu deviens membre d'une société supérieure à la mienne, tu continueras à boire un verre avec moi ?

    Je suis encore plus abasourdi.

    C'est quoi cette question ? C'est vachement difficile d'y répondre.

    Certaines personnes pourraient dire : "Oui, bien sûr". Mais en réalité, quand ce moment viendra, est-ce que nous retirerons nos paroles à cause de notre image, de notre statut et de notre stupide fierté ?

    Je choisis de lui dire la vérité...

    — Je ne sais pas comment nous serons à l'avenir. Peut-être que la fois où nous essaierons de nous voir sera entravée par le travail et d'autres choses. Mais si ma vie se passe vraiment bien à ce point, même si je n'ai pas le temps de prendre un repas ou un verre avec vous, au moins j'ai de bons souvenirs. Je peux dire que rien qu'en pensant à vous, j'aurai l'impression que nous sommes ensemble comme dans le passé.

    — … 

    — Les amis... Nous ne les oublierons pas, même si nous mourons.

    — Wow. Duean.

    — Comment c'est ? Quel bon discours, n'est-ce pas ?

    — Non, ce sera difficile pour ta vie d'aller aussi bien. Crois-moi, toi et moi, on se verra beaucoup. Qui se ressemble s'assemble.

    — C'est vrai. Nous pourrions avoir à voler l'argent des mendiants ensemble.

    — Ouais !

    — Ou voler la nourriture des chiens.

    — Ouais, ouais, ouais !

    — On pourrait avoir des dettes.

    — Ou se faire larguer.

    — Mais on sera heureux. Viens squatter chez moi quand tes copines te largueront.

    — Goe, tu as une maison ?

    — Waaaah.

    — Santé à l'avenir imprévisible !

    Merde ! Je vous ai dit d'être sérieux, et vous êtes sérieusement stupides. Je vous déteste tous !

     

    Le jour de la remise des diplômes...

    Les acclamations des diplômés retentissent dans la cour de l'ingénierie. Je vais pleurer. Ce jour est enfin arrivé, le jour où je peux porter une robe de diplômé, prendre des photos avec mes amis, et annoncer à tout le monde sur le campus que...

    — J'ai été diplômé !!!

    Aujourd'hui est un bon jour. Le beau Duean est ravi parce que Meen m'a apporté une couronne funéraire. Non ! Il m'a apporté un gros bouquet et une poupée hantée comme cadeaux, me faisant une peur bleue. Le Kitty Gang part prendre des photos avec ses camarades après que nous ayons pris les nôtres ensemble jusqu'à ce que le photographe ait des crampes aux jambes.

    J'en profite pour prendre des photos avec mes juniors de code. Et puis, je prends des photos de famille, où maman est le centre d'attention. Elle porte une robe rose vif que j'ai pu repérer dès l'entrée. Je sais qu'elle veut voler la vedette. Elle est si heureuse qu'elle a apporté en cadeau une photo encadrée de moi quand j'étais enfant avec deux tresses.

    Je ne suis pas du tout touché. Je suis gêné !

    — Hé, Duean.

    — Duean, mon frère, félicitations !

    — Kyaaaaaa ! Tu as été diplômé. Tu as réussi. Tu l'as vraiment fait. Félicitations. 

    Ces voix tonitruantes attirent l'attention de tout le monde.

    Vous vous souvenez que beaucoup de mes amis ont été diplômés l'année dernière ? Je faisais partie des quelques personnes qui n'ont pas eu leur diplôme et je suis venu les féliciter à l'époque. Maintenant que j'ai enfin été diplômé cette année, beaucoup d'entre eux sont venus me féliciter. Je suis sans voix. Comment vous vous êtes rassemblés ici ? Ils ont même apporté un carton grandeur nature de moi lorsque j'ai participé au Star Contest.

    Eeeeeeekkk, bande d'enfoirés ! Je n'arrête pas d'être humilié.

    Qui a dit que c'était mieux d'être diplômé plus tard ? Ils me jettent tous de la merde. Viendront-ils m'encourager quand je chercherai un emploi ?

    — Diplômé, laisse-nous t'encourager.

    Les amis et la famille qui m'entourent font place à un étudiant de première année qui tient une boîte de dons. Je sais pertinemment que je vais perdre de l'argent, mais ce sera un déshonneur si je les en empêche. Un ingénieur senior doit vivre ce moment impressionnant et le capturer.

    Je dois tout embrasser. Il m'a fallu cinq ans pour obtenir mon diplôme, après tout.

    — Ok.

    — Les gars, il nous laisse faire une acclamation.

    Les étudiants de première année se précipitent comme des fourmis vers le nid. Vingt d'entre eux passent leurs bras autour du cou des autres, en m'encerclant. Ça va coûter une fortune, et maman ne m'a pas donné mon argent de poche.

    — Prêt... trois, deux, un, E-E-N-G-I… 

    Je profite du chant, fermant les yeux, laissant le photographe tout capturer. Avant que je ne m'en rende compte, les étudiants de première année se redressent et me fixent.

    Hein ? C'est déjà fini ? Je n'ai pas tout compris. Vous pouvez répéter ?

    — AAAAAAAHH ! 

    Un cri fort provient d'un cercle d'acclamation à proximité. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais quand je vois ce putain de diplômé lever un billet de mille bahts et le mettre dans une boîte de dons, je sais qu'il fait exprès de se montrer. Est-ce que ça m'intéresse ? Oui. Je fouille dans ma poche et mets fièrement l'argent dans la boîte.

    CLINK !

    — Merci beaucoup, les nouveaux. 

    Je sors de là à grands pas. Je les ai bloqués hors de vue, mais le son du cliquetis a blessé ma fierté comme rien d'autre. Je leur ai donné dix bahts. Beaucoup de zéros ont disparu. Bordel de merde !

    — Duuuuuean, tu as faim ? 

    C'est mon petit ami. Il prend tellement soin de moi, porte mon sac et m'essuie le visage, et maintenant il me dit de manger. Quelle chance j'ai d'avoir un gentil petit ami.

    — J'ai faim, mais je n'ai pas d'argent.

    — C'est pas grave. Je t'ai fait à manger.

    — Alors je passe mon tour. 

    C'est dangereux. Je ne vais pas risquer d'avoir ces plats bizarres au goût horrible en ce jour important.

    — C'est méchant.

    — Si je mange, tu dois me réserver des toilettes privées. Je vais avoir la diarrhée à coup sûr.

    — Je vais te faire un smoothie aux Turkey berry, alors. Tu le veux !

    — Oui.

    — Attends un peu. Mork, Pi, vous pouvez aller à la cantine avec moi. 

    Il part avec les autres gars. Je reste avec maman et papa. Wan prend une photo avec la Lune d'Ingénierie de quatrième année.

    Je suppose que je ne suis important pour personne.

    Dix minutes plus tard, une bande d'ordures apparaît derrière moi. Leur sourire est inhabituellement mystérieux. Je ne veux pas deviner ce qu'ils mijotent, je ne fais que rétrécir les yeux jusqu'à ce qu'ils réduisent la distance entre nous et chantent. Leurs voix me font mal aux oreilles.

     

    "C'est bien d'avoir été diplômé, d'avoir été diplômé.

    C'est pas grave si tu as eu un F.

    Même si tu n'as pas eu ton diplôme, n'a pas eu ton diplôme.

    Notre amour est toujours le même, non ?

    Reprendre une année a tout résolu."

     

    Bande de connards ! Si vous n'aviez pas chanté ça, personne n'aurait su que j'ai redoublé.

    Ils ont ruiné la chanson des 25 Hours(1).

    Pire... ils sont encore en train de le faire, dansant joyeusement, faisant rire tout le monde comme s'ils regardaient une émission comique.

    — Kyaaaaaa, ça doit être une surprise.

    — Trop mignon. 

    Il ne pleut jamais avant qu'il ne pleuve à verse. Je tourne mon visage vers la cause du chahut et j'aperçois le petit gars dans un costume de pingouin. Il se fraye un chemin dans la foule, une main tenant mon smoothie préféré aux Turkey berry.

    Awwwwww, a-t-il préparé une surprise pour moi ?

    Dois-je avoir l'air confus ? Dois-je prétendre que je n'en ai aucune idée ? Oups !

    Lorsque le pingouin joufflu s'approche de moi, tous les spectateurs s'exclament. Pour me féliciter ? Non ! Ce n'est pas ça.

    BAM !

    — Putain !

    — Duuuuuean.

    La tête du pingouin roule dans l'eau, et le petit gars s'élance en avant et tombe la tête la première sous mes yeux. Le smoothie aux Turkey berry éclabousse le sol. Rien ne fait plus mal que son cri assourdissant.

    Je me précipite et l'aide à se relever. Son visage est couvert de smoothie, alors je l'essuie pour soulager sa gêne.

    A-t-il perdu sa jambe ? Tête ? Coude ? Genou ?

    Non, il a seulement perdu la face !

    C'est le jour de ma remise de diplôme ou le jour de l'humiliation de ma femme  ?


    Notes

    (1) 25 Hours est un groupe de musique thaï.



  • Commentaires

    3
    Jeudi 9 Février 2023 à 15:07
    Merci
    2
    Jeudi 9 Février 2023 à 09:10

    MDR, j'ai éclaté de rire avec la chute du pingouin joufflu XD

    Ah ils font la paire ces deux-là !

    Merci pour la traduction.


    1
    Mercredi 8 Février 2023 à 18:24

    Sacré Duean he Merci pr ce chapitre <3

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