• Chapitre 8 : Le Vagabond

    Chapitre 8
    Le Vagabond
    Mark Masa

    Quelle docilité...

    Je me réprimande avec ce mot tout le temps où je suis assis dans la voiture de Vee. Ce Mark Masa est une personne si docile, qui le suit avec soumission juste parce qu'il le traite avec tendresse.

    C'est tellement honteux que lorsque je capitule, je cède si facilement à la tendresse de P'Vee. Même si j'ai essayé de l'ignorer aujourd'hui, il a fini par attirer mon attention. Les mots doux qu'il adresse à sa petite amie attirent vraiment mon attention. Merde ! Il dit qu'elle est occupée, qu'elle se désintéresse de lui, mais les notifications de message apparaissent depuis le matin, et le soir ils parlent au téléphone, mais il se plaint auprès de moi, alors que j'ai développé des sentiments pour lui.

    J'admets que j'ai des sentiments pour lui. Comment pourrais-je le nier après ce qui s'est passé ? Mais si j'essaie de garder mes distances et de l'ignorer, c'est à cause d'une seule chose.

    Il a déjà une petite amie... et ils s'aiment beaucoup.

    — On va s'arrêter pour acheter du pad thaï, dit P'Vee avant de garer sa moto à côté du restaurant. 

    Je n'ai pas d'autre choix que de descendre de la moto et d'enlever mon casque, respirant l'air frais du soir.

    — Qu'est-ce que tu veux ?

    Je fronce les sourcils en regardant celui qui me pose la question d'un air sévère.

    — Pad thaï aux crevettes, sans germes de soja.

    — Tu es bien difficile.

    J'entends son doux grognement mais je me tais, las de lui répondre. Il semble que nous soyons en bons termes un moment, puis que nous nous disputions soudainement quelques minutes plus tard. En fait, c'est moi qui n'arrive pas à contrôler mes propres émotions. Ma bouche dit que ce n'est rien, mais mon cerveau pense le contraire, et mon esprit est déjà tombé amoureux de lui.

    — Pourquoi tu en achètes autant ? lui demandé-je en le voyant acheter quatre paquets.

    — Pour Bar et Kan. 

    Je reste un moment interloqué, puis je jette un coup d'œil à P'Vee, qui me regarde froidement, en esquissant un rapide sourire du coin de la bouche, que je remarque juste à temps. Je ne le comprends vraiment pas. Je lui ai déjà dit que j'avais oublié P'Bar. Il a déjà un petit ami, et un bon en plus. Je suis content pour lui. Lorsque nous nous croisons ces jours-ci, nous nous sourions et nous nous saluons normalement, comme un senior et un junior. Mais ce qui n'est pas normal, c'est le sourire sanglant de P'Vee.

    Je ne devrais pas me sentir bizarre d'être assis ici, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je suis assis à côté de P'Vee, tandis que P'Bar et Tossakan, la Lune de la faculté de médecine, sont assis en face de moi. Au début, je me sentais confiant à l'idée d'entrer dans l'atelier de ma propre faculté, mais en rencontrant les yeux de Tossakan dirigés vers moi, ma confiance s'est évanouie. Kan me fixe d'un air légèrement mécontent, contrairement à P'Bar qui m'offre un mince sourire avant de regarder progressivement vers P'Vee, qui mange en silence.

    — Tu as quelque chose à me dire ? demande P'Bar après un long moment de silence.

    — Rien. 

    P'Vee lève les yeux pour répondre à son ami avant de continuer à manger son Pad Thaï. Mais cela ne met pas fin aux questions de P'Bar.

    — Et toi ? demande P'Bar en plissant les yeux vers moi.

    — Um... Rien, réponds-je en lui adressant un mince sourire.

    — Ben voyons.

    Je me tourne vers l'origine de la voix, qui me fixe sans ciller. Je fixe P'Vee calmement, mais mon cœur n'est pas aussi calme. Je suis conscient qu'il veut jouer avec mon esprit en présence de P'Bar et Kan, mais désolé, ces choses ne troublent pas mon cœur autant que ses yeux.

    — Vous n'avez vraiment rien à me dire ? demande à nouveau P'Bar, me ramenant à la réalité alors que je me retourne pour regarder la personne en face de moi.

    — Rien, réponds P'Vee avec force et il se remet à manger son Pad Thaï, ce qui me pousse à adresser un sourire à P'Bar, qui me regarde toujours. 

    Je jette un coup d'œil à Tossakan, qui me regarde lui aussi d'un drôle d'air.

    C'est comme ça depuis la fois où je suis allé les voir dans la chambre de P'Bar. Je ne sais pas ce qui m'avait poussé à aller vers eux, et P'Vee était venu me récupérer. P'Bar me pose souvent des questions à ce sujet. Presque à chaque fois que nous nous croisons, il me demande des nouvelles de P'Vee, même si je lui réponds avec un sourire qu'il n'y a rien. C'est vrai, après tout. Regardez... qu'est-ce que je suis pour ce type nommé Vivis ?

     

    Je remets les outils à P'Vee comme il me l'a demandé. Mon esprit se demande si c'est ainsi que les choses doivent se passer. Est-ce que ce que je fais maintenant me regarde ? Est-il nécessaire que je vienne m'asseoir ici avec lui et que je l'aide à faire ceci ou cela ? C'est tout le contraire lorsque je vois Kan et P'Bar. Le beau gosse de la faculté de médecine lit un livre à côté de P'Bar, qui est concentré sur son projet, tout comme P'Vee. Mais la différence, c'est que P'Bar peut tout faire tout seul, sans avoir besoin d'aide. Mais qu'est-ce qui se passe avec le gars à côté de moi ?

    — Regarde-moi. 

    La voix calme ramène mon attention sur P'Vee après avoir jeté un coup d'œil furtif à la beauté de P'Bar. Mais peu importe, je ne peux que regarder, car celui qui a capturé son cœur est assis juste à côté de lui.

    — Tu as besoin de quoi ? lui demandé-je en regardant la pochette à outils.

    — Espèce de petit… murmure doucement P'Vee dans un juron avant de m'arracher la clé à molette des mains et de se replonger dans le travail devant lui.

    — Fatigué…

    La voix rauque de P'Bar attire à nouveau mon attention dans sa direction. Le plus petit se dirige vers Tossakan avant de s'asseoir à ses côtés et d'appuyer sa tête sur ses propres genoux.

    — Tu veux que je te ramène chez toi ? Il est déjà minuit, lui demande son petit ami d'une voix douce en se penchant après avoir refermé son livre.

    — Hmm... il ne reste plus qu'une semaine, gémit-il doucement du fond de sa gorge.

    — Une semaine entière.

    — Mais je dois étudier pour les examens aussiiiii.

    Il traîne sa voix et se tait.

    Je souris devant la mignonnerie du couple. C'est la douceur et l'amour que je désire ardemment. Je veux faire l'expérience d'un amour aussi bon que le leur pour une fois, pour ressentir ce que signifie avoir un petit ami vraiment aimant. Ce couple amoureux me fait vraiment envie.

    — C'est normal pour nous. On doit le terminer dans les deux prochains jours. Ensuite, on passera à la comptabilité.

    Je sursaute en entendant la voix grave à côté de mon oreille. P'Vee pose la clé et passe au tournevis, son doigt fin pointant une vis à nœud à côté de moi. Je lui fais une légère grimace, car il n'est pas du genre à demander poliment.

    — Pourquoi tu n'as pas commencé à travailler plus tôt, alors ? dis-je en lui tendant la vis à nœuds. 

    Suis-je agacé ? Bien sûr, un peu, surtout après avoir observé P'Bar et Kan, puis ma propre situation, où je n'ai pas la moindre idée de ce que nous sommes.

    — J'ai passé mon temps à m'occuper d'un chien, dit-il en me regardant.

    — Quel chien, P' ? 

    La question de Tossakan me crispe un peu. Comment ne pas l’être quand P'Vee me regarde comme ça.

    — Le chien dont j'ai dit que je m'occuperais, dit-il en souriant à Kan.

    — Tu vas continuer à t'occuper de lui alors ?

    Je jette un coup d'œil au visage de P'Vee. J'attends impatiemment sa réponse, je veux savoir ce qu'il va me répondre. Si je suis le chien dont il s'occupe, alors j'aimerais savoir combien de temps il va le faire, et jusqu'à quel point je peux penser à notre relation.

    — Je ne sais pas. Ça dépend de mon humeur, répond-il avec un haussement d'épaules et en reportant son attention sur la machine. 

    Je me mords la lèvre inférieure, comme j'ai l'habitude de le faire lorsque je dois réprimer mes sentiments à propos de quelque chose.

    — Je... dois rentrer. J'ai cours demain matin.

    Je décide de le dire à P'Vee avant de poser la trousse à outils sur le sol et de me lever.

    — Ne me raconte pas de conneries. Tu as cours l'après-midi, gronde P'Vee en me regardant d'un air sévère.

    — Mes amis… ont un projet de groupe sur lequel ils doivent travailler, expliqué-je lentement, avant d'éviter son regard acéré. 

    La raison pour laquelle je veux rentrer maintenant, c'est que je veux fuir... fuir les sentiments qui sont trop évidents pour moi. Si évidents que je commence à avoir de l'espoir, même si je ne devrais rien attendre.

    — Pourquoi me le dire seulement maintenant ? questionne P'Vee qui range ses outils avant de s'étirer complètement.

    — Je peux rentrer tout seul. lui réponds-je.

    — Je n'allais pas te raccompagner... je vais juste aller aux toilettes.

    Je sors respirer l'air frais de la nuit devant la faculté à minuit passé. Oui, il est effectivement minuit passé, et P'Vee ne m'a vraiment pas suivi dehors. Je ne sais pas s'il est vraiment allé aux toilettes, mais la seule chose que je sais, c'est que je suis seul ici.

    — Oui, Ploy.

    Ou peut-être pas ? Je me tourne vers la voiture de Tossakan et j'aperçois la silhouette de quelqu'un qui m'est familier et sa belle voix qui me fait froncer les sourcils une fois de plus.

    — Je t'aime. Ne rentre pas trop tard. Je m'inquiète pour toi.

    Hmph ! Tu es insensible de haut en bas, hein, Mark ? Je me revois dans l'atelier avec lui et je ne peux pas m'empêcher de rire.

    Inquiet, hein ? Et moi, alors ?

    La voix s'estompe peu à peu tandis que je fixe la silhouette. Le large dos se dirige lentement vers l'atelier. Je pousse un profond soupir, riant de ma colère et de mon ressentiment. Mais de quel droit te sens-tu blessé, Mark ? C'est toi qui as choisi de l'accompagner. Et puis, nous ne sommes pas en couple. N'exprime pas tes sentiments comme ça.

    — Hé, James... tu es où ?

    J'appelle mon ami, qui décroche le téléphone avec un bruit de fond très rythmé. Je n'ai pas osé appeler Fuse et Kamphan, de peur de les déranger dans leurs études avant les examens.

    — Derrière le campus, tu veux te joindre à nous ?

    Contrairement à James, qui ne se soucie pas le moins du monde d'étudier.

    — Oui, tu peux venir me chercher à la faculté ? Au rond-point, d'accord ?

    — Qu'est-ce que tu fous là à cette heure-ci, mec ? me demande-t-il d'un ton sévère.

    — Pour... aider un élève de dernière année à travailler sur son projet.

    — Hé ! Alors pourquoi tu ne laisses pas ton aîné te déposer ?

    Je laisse échapper un sourire en entendant la question de mon ami. Il n'en pense rien, mais moi si. Ce senior n'est pas vraiment le mien. Il était en train d'avouer son amour à sa femme il y a quelques instants.

    — Il n'a pas encore fini, mais je veux rentrer maintenant. Pourquoi tu poses autant de questions ? Tu viens me chercher ou pas ?

    — Si tu veux faire traîner cette conversation, je crois que je vais devoir y aller. Patiente un peu. 

    La ligne est coupée et je souris à nouveau à mon téléphone. James et Wind sont très proches de moi. On était dans la même classe au lycée, et ils ont essayé d'être admis dans la même université que moi, même s'ils n'ont pas eu à choisir un endroit aussi éloigné de chez eux. Chaque fois que j'ai des problèmes, ils me soutiennent.

    Je m'assieds à la table marbrée. Bien qu'il soit tard, il ne fait pas trop sombre car il y a les lumières des lampadaires et quelques chiens de rue qui me tiennent compagnie. Je pense au gars de l'atelier en les apercevant. Il a passé son temps à s'occuper d'un chien, hein ? S'occuper, mon cul ! C'est moi qui suis assis tout seul avec les chiens de la faculté en ce moment.

     

    Masa Mark

    A l'instant

    Se mêler à quelqu'un qui est pris. Mieux vaut préparer son cœur quand on joue avec le feu.

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    Winnie the Pooh : Viens te mêler à moi.

    Lame but handsome : Oh là là. Qu'est-ce qui se passe avec mon ami ? Qui quoi où quand comment ?

    Future Forfun : Surmonter de tels sentiments n'est pas aussi facile que de couper du papier.

     

    Je lis les commentaires de mes amis, mais je ne prends pas la peine d'y répondre. Pour moi, Facebook est un canal qui me permet de partager mes propres pensées et sentiments. Bien sûr, j'ai beaucoup d'abonnés, que ce soit à l'école ou à l'université. Même si je ne suis pas super beau comparé aux Lunes de la faculté ou joli comme les Étoiles, je suis un beau garçon, et je n'aurai aucune réserve à le dire, car je crois que nous avons tous nos propres charmes, et qu'il s'agit juste de savoir comment les mettre en valeur pour que les autres puissent les voir.

    — Par ici, Monsieur Beau Gosse ! 

    Une voix s'élève derrière les phares de la voiture qui m'éclairent, me poussant à m'avancer et à me glisser dans la voiture de mon ami.

    — Tellement lent…

    Je me plains doucement après m'être assis et avoir attaché la ceinture de sécurité.

    — Pourquoi tu... Je sacrifie mon précieux temps de loisir pour venir te chercher. Est-ce que je peux au moins obtenir un remerciement ? dit James en se retournant.

    — Merci, lui réponds-je. 

    Il me regarde dans les yeux, alors je lui adresse un sourire taquin.

    — Si vous ne pensez pas ce que vous dites, inutile d'être sarcastique, Monsieur.

    — C'est toi qui as voulu que je le dise, lui réponds-je en m'adossant à mon siège.

    — Oui, Monsieur, je m'excuse de vous avoir forcé à dire quelque chose contre votre gré et de vous avoir fait devenir sarcastique... alors c'est de ma faute, hein ? Dois-je vraiment m'excuser ? Puis-je avoir une explication ?

    Je lui jette un regard las et laisse échapper un nouveau soupir. 

    — D'accord, c'est ma faute, dit-il en reprenant la route.

    James utilise sa propre voiture en raison de ses goûts exigeants. Il n'aime pas utiliser les transports en commun. En fait, lorsqu'il vivait à Bangkok, il ne prenait jamais le bus, alors son père lui a acheté une voiture pour qu'il la conduise, ce qui m'a aussi été bénéfique, car je n'aime pas trop prendre le bus ou d'autres formes de transport public moi aussi.

    Il y a un service de transport sur le campus qui est offert gratuitement tout au long de la journée et de la nuit, mais je ne sais toujours pas quels sont les itinéraires de ce service. Et comme James a une voiture, j'y vais avec lui plutôt que d'utiliser les transports en commun. Lorsqu'il y a des cours dans d'autres facultés, j'y vais avec Fuse. Jusqu'à présent, je n'ai donc pas eu l'occasion d'utiliser le bus du campus. Bien que je ne sois pas un homme difficile, c'est tellement pratique pour moi. Je n'ai même pas besoin de conduire moi-même.

    La voiture se gare devant un pub à l'arrière de l'université. James et moi entrons. 

    L'ambiance d'un pub à une heure du matin est quelque chose qui n'est pas très agréable pour moi.

    Je reconnais que je sors souvent. Ici, les pubs ne sont pas très différents les uns des autres. À partir de minuit, les gens sont plus ou moins entassés les uns sur les autres. Je n'y trouve aucune joie.

    — Oh... asseyez-vous, messieurs, dit Wind qui glisse son bras pour tirer le mien afin de m'asseoir à côté de son petit gabarit, puis il s'appuie contre moi. Je suis lessivé, Mark…

    Sa voix traînante indique le niveau d'alcool dans son sang, ce qui m'incite à secouer la tête.

    — On n'a même pas bu un coup et le chat est déjà sorti de l'eau. C'est logique, dit James en me glissant un verre.

    — Vous n'êtes que tous les deux ici ?

    — D'autres étudiants de la faculté. Probablement sur la piste de danse, dit James en regardant autour de lui, ce qui me fait hocher la tête.

    — T'étais où, James ?

    Deux types se tenant par le cou s'approchent de James. Ce doit être ses potes.

    — Je suis allé chercher mon ami.

    Les deux types se tournent vers moi et lèvent leur verre. Je fais de même et leur réponds par un sourire.

    — Je m'appelle Pit et voici Nueng, dit le plus grand en montrant le gars qui s'accroche à lui.

    — Ok, moi c'est Mark. 

    Nous nous saluons et ils s'assoient avec nous. Pit dit qu'il a dansé jusqu'à l'épuisement et qu'il n'était pas ivre au début, mais qu'il l'est maintenant après plusieurs verres.

    — Je suis surpris moi-même. Je n'ai pris qu'un verre, mais j'ai bu pendant des heures, dit Pit en prenant la liberté de remplir mon verre d'une boisson.

    — Je suis beau, dit Nueng en souriant à Pit, ce qui m'incite à observer le type qui vient de se complimenter lui-même. 

    Sous ce faible éclairage, il est difficile de se rendre compte de son apparence réelle, mais son visage à la peau claire qui se détache dans la lumière justifie son assurance à se flatter.

    — Oui, Monsieur Beau Gosse. Je te l'accorde.

    Pit repousse la tête de Nueng et me rend mon verre.

    — Merci. 

    Je le prends et en bois une gorgée. Je regarde Pit qui me fait un signe de tête et j'observe la scène autour de moi. L'engouement du public et l'odeur de l'alcool me remettent un peu d'aplomb, alors je lève mon verre et bois une nouvelle gorgée avant de m'arrêter net en voyant quelqu'un de familier.

    — Qu'est-ce que tu regardes ? Oh… P'Ploy ? demande Pit en suivant mon regard, arrivant à sa propre conclusion sans que je n'ai à répondre.

    — Tu la connais ? demandé-je en haussant les sourcils.

    — Bien sûr, mec. C'est la plus belle Étoile à mes yeux. Mais c'est dommage qu'elle soit déjà prise, et son copain est super sexy, dit Pit en levant son verre pour en boire une gorgée.

    — Et avec qui elle est ? Ce n'est pas P'Vee, dit James en montrant le groupe de P'Ploy. 

    La jolie senior que je connais se balance au rythme de la musique au milieu de son groupe d'amis. À côté d'elle, un garçon que je ne connais pas lui tient les hanches, rit aux éclats et, sous les applaudissements du groupe d'amis, se penche pour chuchoter à l'oreille de P'Ploy. La jolie fille acquiesce et pose sa tête sur son large torse.

    — Son petit ami est plus beau que ça, dit lentement Nueng en levant la tête. P'Vee, la Lune de la faculté d'ingénierie. Je suis son Facebook.

    — Euh... alors qui est ce type là ?

    — Pourquoi se mêler de ce qui ne nous regarde pas ? dis-je froidement, ce qui les incite à me regarder tous les deux.

    — C'est vrai. Je ne suis pas son mari, donc pas de raison de penser quoi que ce soit, dit Pit avant de croiser les jambes et de siroter son verre.

    — Peut-être qu'ils sont comme Phi et Nong ? suggère James. 

    — Oui, ils sont tous les deux très amicaux l'un envers l'autre, observe Nueng. Mais je pense que P'Vee... est un gars tellement gentil. Il n'a jamais eu de rumeurs avec d'autres filles que la sienne. Il est si gentil, comme le couple Tossara.

    Nueng affiche un visage rêveur, tandis que je dissimule un froncement de sourcils.

    — Est-ce que les beaux mecs qui sont si gentils existent vraiment ? demande James en se tournant vers moi, alors que je ferme lentement les yeux et refuse de le regarder dans les yeux.

    — Mon amie a essayé d'attirer son attention encore et encore, mais il n'est pas intéressé. Sa position est claire : il aime beaucoup sa copine.

    — Arrête de parler des autres.

    Je sais que je ne devrais pas déverser mes frustrations sur mon ami, mais je ne peux pas m'empêcher de le dire comme ça. Chaque fois que je vois l'ancienne Étoile, mon esprit se tourne vers la Lune qui est en couple avec elle. Il lui a avoué son amour il y a peu, mais sait-il qu'elle s'appuie sur la poitrine de quelqu'un d'autre en ce moment même ?

    Idiot...

    Je suis vraiment un idiot. Il n'y a rien d'autre qui me passe par la tête.

    — Eh bien... je n'ai pas de temps libre ? Alors je regarde autour de moi et je fais quelques observations, affirme James.

    — Oui, oui, arrêtons de parler des autres et discutons de nos propres affaires alors. Donc, dans quelle faculté tu étudies ? me demande Pit.

    — Ingénierie, réponds-je froidement. 

    Les symptômes de chaleur dans ma tête ne se sont pas encore atténués, mais j'essaie de converser avec lui aussi normalement que possible. Heureusement, il ne remarque rien d'anormal, peut-être parce que je suis un homme de peu de mots.

    — Alors tu dois connaître P'Vee, pas vrai ? me demande Nueng en se redressant correctement. 

    Son beau visage et son sourire épanoui expriment l'impatience d'entendre la réponse.

    — Je le connais, oui, réponds-je calmement.

    — C'est cool. Je l'aime beaucoup, mais... il n'aime pas les garçons.

    Ses derniers mots s'estompent, contrastant avec la première phrase où il professait son affection pour P'Vee. Je fronce les sourcils et me mets au clair avec moi-même avant de hocher doucement la tête. Bien sûr... P'Vee n'aime pas les garçons.

    — Même s'il aimait les mecs, il n'aimerait pas quelqu'un comme toi, pétasse !

    Pit se moque de Nueng, ce qui fait froncer les sourcils du beau gosse.

    — Pétasse mais disponible, rétorque Nueng en attrapant son verre pour en prendre une nouvelle gorgée.

    — Même si tu es disponible, je ne le ferais pas. Regarde là... tu vois sa femme ? Elle n'est pas différente d'un ange tombé du ciel. Qu'as-tu à offrir ? dit Pit, avant de tourner une dernière fois le visage de Nueng vers le groupe de Ploy. 

    Cela m'incite à regarder aussi, et à afficher un sourire.

    C'est vrai... qu'est-ce que j'ai à offrir ?

    Nous nous séparons vers 2 heures du matin. Je rentre dans mon appartement, ouvre la porte de ma chambre et me jette sur le lit. Je me passe les mains sur le visage, j'ai envie de me lever et de prendre une douche, mais j'ai trop la flemme de me décoller du lit pour le faire. Je plonge la main dans ma poche pour sortir mon téléphone qui vibre, afin de le consulter. La notification Facebook surgit, me faisant oublier l'idée de prendre une douche pour consulter les messages.

     

    Pit Blue

    30 minutes

    Les amis de boissons pour les âmes solitaires à travers le temps avec Masa Mark Winnie l'Ourson et 2 autres.

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    J'appuie sur J'aime pour le tag qui s'affiche sur mon fil d'actualité. Je souris en lisant les commentaires de Pit et Nueng, qui se chamaillent. Je ne suis pas un bâtard distant qui ne se soucie pas du monde qui m'entoure. Je suis prêt à être ami et à me lier d'amitié avec n'importe qui.

    Je fais défiler le statut de P'Vee vers le bas avant de remonter pour le vérifier à nouveau. C'est une photo de son dos, accompagnée d'un émoticône montrant deux doigts. Je ne sais pas qui l'a prise, mais si je devais me risquer à deviner, ce serait à l'époque où ces deux-là passaient du temps ensemble. Je ne sais pas pourquoi je dois laisser échapper un soupir en voyant la photo, mais peu importe sa vie. Même lui peut m'ignorer. Je fais défiler le fil d'actualité des autres, jusqu'à ce que le téléphone interrompe ma navigation.

    Rrrr~

    Je suis déconcerté par un appel entrant à 3 heures du matin. Je vérifie l'identité de l'appelant et je me fige. Pourquoi doit-il appeler à cette heure-ci ?

    — Qu'est-ce que tu fais, pour mettre autant de temps à répondre à mon appel ?

    Il est comme ça. C'est vraiment lui.

    — Je dors, lui réponds-je d'un ton impassible. 

    J'essaie de garder mon sang-froid et de rester calme.

    — D'accord. Dors bien alors. Tu as dit que tu allais te coucher pour une réunion matinale, mais voilà que des types te taguent au pub. Quelle belle amitié !

    — Alors, où tu veux en venir ? Je suis sur le point de dormir.

    Je n'en peux plus et lui exprime mon agacement. Je me redresse et me frotte le visage, attendant la réponse de celui qui s'est tu.

    — Connerie. Avec qui tu couches ce soir ?

    Il se moque avec un commentaire sarcastique qui m'engourdit le visage.

    — C'est mon affaire de savoir avec qui je couche et quand je le fais. Ça n'a rien à voir avec toi, riposté-je d'un ton sec.

    Les symptômes d'une rage et d'une frustration bouillonnantes m'envahissent à mesure que je pense aux événements qui se sont déroulés aujourd'hui.

    — Pourquoi est-ce que ça n'a rien à voir avec moi ?

    — Je ne vois pas en quoi je suis impliqué avec toi. J'essaie même de garder mes distances. C'est toi qui essaies de te mêler à moi. Si tu as tant de temps libre, utilise-le pour aller t'occuper de ta femme !

    — Et celui qui aboie maintenant n'est pas ma femme !?

    — Enfoiré.

     Je lui lance un juron avant de couper la ligne.

    Si P'Vee veille sur un chien, alors je suis probablement le chien qu'il surveille.

    P'Vee, c'est quelque chose. Il me donne l'impression d'être l'un de ces chiens devant la faculté, et il vient jouer avec moi avant de s'éloigner. Lorsque ce chien essaie de chercher d'autres personnes, il lui apporte de la nourriture pour l'attirer. Il répète ce processus, mais à la fin, le résultat est le même : il s'en va et le chien reste sans rien. Il peut se sentir bien lorsque quelqu'un lui caresse la tête, ou lorsqu'il reçoit de la nourriture, mais au bout du compte, il reste tout seul, sans rien d'autre que la souffrance.



  • Commentaires

    4
    Jeudi 27 Juillet 2023 à 19:38

    Merci pour ce chapitre

    3
    Samedi 15 Juillet 2023 à 11:53

    Merci pr ce nouveau chapitre ^.^

    2
    Jeudi 13 Juillet 2023 à 09:53

    Merci pour ce nouveau chapitre vivement la suite

    1
    Mercredi 12 Juillet 2023 à 20:16

    Hum... merci pour la traduction =)

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