• Chapitre 3

    Chapitre 3
    Secret Pain

    Après avoir quitté la faculté, j’aimerais pouvoir dire que j’ai enfin réussi à m’éloigner, à l’oublier et à tourner la page. Seulement, c’est devenu encore plus compliqué quand dans les mois qui ont suivi cette sortie scolaire, Ton a officialisé sa relation avec Sing le meilleur ami de Tay. Je ne pouvais plus l’ignorer et l’éviter comme je le faisais avant et ça a été le début d’une souffrance de tout instant.

    Deux ans se sont écoulés depuis la fin de l’université, notre relation est toujours aussi étrange, et même s’il ne s’est plus rien passé de vraiment physique entre nous depuis ce jour-là, la tension sexuelle qui existe entre nous est toujours aussi présente et j’ai même parfois l’impression qu’elle se renforce avec le temps qui passe.

    J’ai tout fait pour l’oublier, pour passer à autre chose et vraiment vivre ma vie, pourtant, il reste là, au fond de mon cœur, et même si j’ai fréquenté un homme pendant quelques mois, je ne pouvais pas m’empêcher de les comparer. Chaque fois qu’il m’embrassait, je pensais à comment les lèvres de Tay me rendaient extatique. Chaque fois que l’on faisait l’amour, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à la force de l’orgasme que j’avais eu avec Tay alors qu’il ne m’avait qu’à peine touché. 

    J’avais finis par le quitter, cette relation n’était pas plus saine que ma stupide obsession pour mon amour de jeunesse. Un moment, j’ai pensé à quitter la ville, à aller recommencer ma vie loin de lui, j’ai commencé les démarches puis ma mère est tombée malade et j’ai dû rester vivre avec eux et supporter la soudaine multitude de conquêtes que Tay s’obstinait à nous présenter. Le plus difficile à vivre a été le mariage de Sing et Ton, l’année dernière. Encore aujourd’hui m’en souvenir est douloureux et pourtant malgré moi, chaque fois les détails me reviennent en mémoire sans que je n’arrive à m’en empêcher.


    Il est arrivé avec cette femme et j’ai dû la supporter en train de faire des roucoulades toute la soirée. J’ai réussi à m’isoler dans les toilettes pour souffler un moment. Je me rafraîchissais le visage en cherchant une excuse qui me permettrait de partir sans paraître impoli aux yeux du couple fraîchement marié.

    J’ai à peine entendu la porte s’ouvrir, parce que j’hésitais à me servir de l’état de ma mère pour pouvoir rentrer chez moi. J’ai sursauté quand une main s’est posée sur mon ventre et qu’un corps massif s’est collé dans mon dos. Croiser son regard sombre dans le miroir ne me rassure pas plus que si ça avait été un inconnu. 

    — Tay… Qu’est-ce que tu fais ?

    Ma voix qui se voulait tranchante est hésitante et je m’en veux pour ça. Il ne répond pas tout de suite, se contentant de me fixer intensément avant de se rapprocher pour chuchoter à mon oreille et je dois me mordre la lèvre inférieure pour ne pas réagir. 

    — Tu n’es pas avec lui ?

    Mes yeux s’écarquillent quand il parle de l’homme que j’ai quitté quelques semaines plus tôt.

    — Comment ?

    Mon rythme cardiaque accélère brusquement, personne n’est au courant pour lui, pour le fait que j’aime réellement les hommes. Il a un petit rire, mais je n’arrive pas à trouver de joie dans ce son. Comme toujours quand on a ce genre d’interaction, je suis complètement perdu.

    — Je vous ai vu sortir d’un motel miteux ensemble.

    Ses lèvres effleurent le lobe de mon oreille alors que j’ai l’impression de sentir de la jalousie dans sa voix. Je réprime le frisson d’envie qui me saisit à chaque fois qu’il est si proche de moi et je ferme les yeux pour ne plus voir son regard perçant dans le reflet du miroir.

    — Ne dis rien aux autres, s’il te plait. Je ne suis plus avec lui.

    S’il m’avait vu n’importe où ailleurs que sortant de ce motel où on se retrouvait régulièrement pour faire l’amour, peut-être que j’aurais pu trouver une autre excuse. Là, c’est difficile de dire que l’on se retrouvait là-bas pour faire autre chose.

    — New…

    Sa main migre dangereusement vers le sud et mon souffle se coupe, je suis incapable de le repousser, comme toujours, il pourrait faire ce qu’il lui chante. Sentir ses bras autour de moi, la chaleur de son corps brûle mon dos et je me sens apaisé comme jamais depuis longtemps. J’appuie ma tête contre son épaule avant d’ouvrir les yeux pour le regarder. On plonge dans le regard de l’autre, il y a tellement de questionnement dans le sien, que j’en ai le vertige. On est encore sur le point de faire une connerie, je sais que s’il m’embrasse alors le peu de contrôle que l’on arrive à avoir disparaîtra. Seulement, l’idée de sentir de nouveau ses lèvres contre les miennes me fait frémir d’anticipation.

    Heureusement, cette fois le sort semble vouloir m’être favorable, car la porte des toilettes s’ouvre, le forçant à s’éloigner brusquement de moi et je dois me tenir avec force au rebord du lavabo pour ne pas flancher. 

    — Hey, les mecs, vous êtes là, dit Sing dont la voix familière résonne dans la pièce carrelée et je ne peux pas louper son regard de connivence qu’il nous lance. Ton et Nong Jane se demandaient ce que vous faisiez ?

    Je m’éclaircis nerveusement la gorge, le rouge me monte aux joues et je sens le regard de Tay peser sur moi un instant. 

    — On parlait juste du bon vieux temps, qu’est-ce que tu vas imaginer Sing ? Tu as encore trop bu, fais attention, tu ne pourras pas satisfaire ta jolie femme ce soir.

    Sing éclate de rire avant de donner un coup de poing sur l’épaule de son meilleur ami tout en se dirigeant vers la sortie.

    — New, tu ne viens pas ?

    Sing se retourne en ouvrant la porte et en fronçant les sourcils quand il se rend compte que je suis toujours figé devant les lavabos. Je me sens mal, j’ai besoin de m’isoler, de combattre l’envie que Tay a fait renaître en moi juste en quelques caresses. 

    — Je ne peux pas rester… dis-je la voix brusque et beaucoup trop forte.

    Je sens le regard de ma némésis qui me brûle la nuque, mais j’évite soigneusement de croiser ses yeux avant de reprendre.

    — Mon père m’a envoyé un message, il y a un problème avec ma mère.

    Je déteste faire ça, utiliser la maladie de ma mère pour fuir, mais je n’ai pas le choix. Je lâche rapidement la faïence, avant de sortir en regardant droit devant moi. Je serre Ton le plus fort possible dans mes bras.

    — Je suis désolé, je dois partir, je suis heureux pour toi, Ton. On se voit bientôt.

    J’embrasse son front, puis en ignorant complètement Nong Jane, la dernière conquête de Tay, je quitte la salle, de toute façon, dans quelques jours, il y en aura une nouvelle. 


    Une fois de plus, je me suis fourvoyé, Nong Jane n’a pas été une conquête de plus et même si leur histoire est chaotique, elle n’a jamais vraiment quitté les côtés de Tay à mon plus grand désarroi. Je n’ai jamais cherché à la connaître, je ne sais pas si je l’apprécie ou pas, mais je la vois juste comme celle qui me vole celui que j’aime. Ce qui est parfaitement ridicule puisque Tay n’a jamais été à moi, je ne saurais pas expliquer l’attirance presque magnétique qu’il y a entre nous, mais je n’ai jamais vu d’amour dans ses yeux. 

    Après le mariage de Ton et Sing, on a réussi à maintenir nos distances. Pendant un an, on ne s’est même pas effleuré une seule fois et c’était autant un soulagement qu’une torture. Parfois, je voulais en parler avec ma meilleure amie, je sais qu’elle se doute de quelque chose, de temps en temps, elle tente d'elle-même de lancer la conversation sur ce sujet, mais j’esquive à chaque fois, je n’y arrive pas. Alors, en silence, je souffre de cet amour secret, de cet amour qui n’a aucun sens et dont je n’arrive pas à me débarrasser.

    — Ton, tu es sûre que vous voulez fêter votre premier anniversaire de mariage avec nous, dans le karaoké de l’hôtel où vous vous êtes mariés ?

    Elle m’en parle depuis quelques jours maintenant, cherchant à me convaincre de venir, même si je ne comprends pas trop pourquoi, elle s’est décidée au dernier moment à lâcher son projet de soirée romantique dont elle me parle depuis des semaines pour une soirée entre amis.

    — Bien sûr que je suis sûre de moi, on ne s’est pas retrouvés tous ensemble depuis bien trop longtemps.

    Elle n’en démord pas et j’ai déjà annulé les trois soirées précédentes, alors je sens que si je le fais cette fois-ci, je risque de perdre mon amie. 

    — En plus, je vous ai réservé des chambres comme ça, si vous êtes trop fatigués pour rentrer, vous pourrez dormir sur place.

    Je soupire longuement en me frottant les yeux. 

    — Très bien, je serai là.

    Elle pousse un petit cri de victoire et je ne peux pas m’empêcher de sourire largement, sourire qui ne me quitte pas du reste de la journée. Parce que malgré tout, j’aime passer du temps avec eux et ils me manquent.

    Le soir venu, j’arrive un peu en avance à l’hôtel, mais le couple est déjà présent et je suis content d’avoir un peu de temps seul avec eux pour discuter. On est assis sur les larges banquettes et on rigole d’une histoire qui est arrivée au travail de Ton quand Sing me pose la question sensible, celle qui me met mal à l’aise à chaque fois car elle me force à mentir. 

    — Alors New, toujours pas de petite copine à l’horizon ?

    J’essaie de ne pas voir le coup de coude que Ton donne à son mari avant de rire doucement.

    — Non, je n'ai rencontré… commencé-je, mais il fallait que pile à ce moment-là, la porte s’ouvre pour laisser entrer Tay accompagné de Nong Jane.

    Aussitôt, nos regards se crochètent alors que je finis ma phrase. 

    — ... personne qui m’intéresse.

    Je me sens rougir, car je sais que Ton et Tay ne sont pas dupe, mais Nong Jane, qui cherche toujours à se rapprocher de moi malgré la distance que je maintiens entre nous, saute sur l’occasion.

    — Je pourrais te présenter des amies à moi Phi, elles sont toutes très gentilles et…

    Elle s’interrompt et je sursaute quand Tay claque brusquement la porte en nous fixant. Un instant, son regard se fait sombre et brûlant et je ne peux retenir le frisson qui me parcourt l’échine.

    — Je ne suis pas sûr qu’il soit très intéressé par tes amies.

    Je me sens blanchir quand il prend la parole, il continue de me regarder et le sous-entendu est tellement clair que je déglutis fortement. Il ne va pas oser parler de ma sexualité quand même, il n'oserait pas me faire ça. Heureusement, la situation qui s’était soudain tendue se relâche grâce à l’intervention de Ton.

    — Tay, arrête de faire ta mauvaise tête, en plus vous êtes en retard et j’ai envie de passer une bonne soirée.

    Elle se lève et lui colle un verre dans les mains avant de lui faire un petit sourire que son mari qualifie de mignon, mais à cet instant, il est surtout menaçant envers Tay, le mettant au défi d'insister un peu trop. Il éclate alors de rire en prenant le verre et en souriant malicieusement.

    — Désolé Ton, on était un peu occupés avec Nong Jane.

    Je n’arrive pas à rire face au sous-entendu à peine voilé. C’est trop douloureux, mon cœur se serre brutalement, ma respiration se bloque dans ma poitrine et je voudrais pouvoir hurler de toutes mes forces pour évacuer la tristesse qui me glace soudain. 

    Je devrais avoir l’habitude pourtant, cette douleur, cette tristesse, sont devenues mes meilleures ennemies au fil des ans. Elles sont toujours là, tapis dans un coin de ma tête, prêtes à bondir et à m’attaquer de plus en plus férocement. 

    — Allez, asseyez-vous au lieu de raconter n’importe quoi.

    J’ai l’impression d’être dans du coton, je bois beaucoup trop, même moi je m’en rends compte, seulement, rien ne semble vouloir éteindre la douleur. Heureusement, j’arrive à suivre le mouvement, je m’installe avec eux, je trinque, je ris et réussis à tenir une conversation. Je suis tellement ailleurs dans mon brouillard alcoolisé que je ne remarque ni le comportement un peu étrange de ma meilleure amie, ni le fait qu’elle ne boive que des jus de fruit et que Sing semble particulièrement attentif à sa femme et encore moins les regards que Tay me porte à chaque fois que j’avale une gorgée d’alcool.

    — Bon les amis, je ne peux plus me taire plus longtemps. En fait, si on a décidé de venir ici ce soir avec vous, c’est parce que Sing et moi on a quelque chose à vous dire.

    Je sursaute légèrement quand après avoir fini de chanter, Ton se laisse tomber sur un canapé avant de prendre brusquement la parole. Elle sourit, elle est resplendissante et elle ne tient que le temps que son mari la rejoigne pour finalement exploser. 

    — Vous allez être tonton les gars !

    Un grand silence accueille sa nouvelle avant que l’on comprenne. Ton est enceinte, dans quelques mois, ils formeront une famille et un instant j’oublie mes problèmes, juste pour me réjouir pour eux. Je me lève et rejoins ma meilleure amie avant de la prendre dans mes bras.

    — Félicitations. Je suis tellement heureux pour toi.

    Après que Krist, mon ami du lycée, soit sorti de ma vie, Ton est devenue mon pilier, la personne sur qui je peux toujours compter et la savoir heureuse me comble de joie.

    — J’espère que tu trouveras vite ton bonheur toi aussi.

    On n’a jamais discuté franchement de ma vie amoureuse, mais elle sait et son murmure me fait du bien, il me donne de l’espoir qu’un jour, Tay sera derrière moi et que je pourrais rencontrer une personne qui m’aime réellement. Je n’arrive pas à lui répondre, à la place, je prends son visage entre mes mains et je dépose un baiser sur son front. Un geste qui vaut bien mille mots à mon avis.

    — Et bien, puisqu’on est dans les bonnes nouvelles, c’est peut-être aussi le moment pour nous de vous dire quelque chose.

    La sensation de bien-être que Ton avait réussi à créer en moi s’alourdit brusquement quand Tay prend la parole. Je ne veux pas entendre ce qu’il a à dire. Pitié que quelqu’un lui dise que ce n’est pas le moment, que l’on est là pour Ton et Sing, pas pour eux.

    Je fixe Ton du regard, la suppliant de faire quelque chose. Elle se mordille la lèvre cherchant rapidement ce qu’elle pourrait faire.

    — Phi ! Non, on n'est pas obligés.

    Un instant, je remercie Nong Jane, pour une fois que son intervention va dans mon sens, je voudrais presque la remercier. 

    — Ne dis pas n’importe quoi, ils vont être heureux pour nous.

    Ton me serre la main, me soutient alors que Sing demande plus de détails.

    — Jane et moi on va se marier, dans trois mois.

    C’est encore pire que je ne le pensais, entre l’imaginer et l’entendre, il y a un monde et moi je viens d’être projeté dans un précipice sans fin. Je me mords violemment à l'intérieur de la joue pour ne pas réagir, pour ne pas montrer ma détresse.

    Sing et Ton les félicitent, alors que moi je reste immobile, incapable de réagir, j’ai la tête qui tourne et je ne sais pas si c’est à cause de l’alcool ou de la nouvelle. Je prends une profonde inspiration tremblante et douloureuse et même si j’essaie de toutes mes forces, je n’arrive pas à sourire et à faire semblant de me réjouir pour eux. Je me tourne vers Tay, je ne vois que lui et quand nos regards se croisent, je sens que je craque, que je ne tiendrai pas plus longtemps, mon masque va tomber et je ne veux pas qu’un seul d’entre eux le voit. 

    — Je dois partir.

    — New, attends…

    Ton m’appelle, mais je l’entends à peine. Je sens une main se poser sur mon épaule, mais il me suffit d’un mouvement ample pour retrouver ma liberté. Je suffoque, j’ai envie de vomir, je tremble, je voudrais que la terre s’ouvre et m’avale sans laisser de trace. Je suis aveugle et il me faut un moment pour comprendre que ce sont les larmes que je réprime alors que cette fois, c’est définitif, il ne m’appartient pas, il ne m’appartiendra jamais, il partagera sa vie avec cette femme et…

    Mes jambes me lâchent et je me laisse glisser le long d’un mur d’un couloir sombre, je ne sais même pas où je suis, en fait, je m’en fiche complètement. Je pose mes mains sur ma bouche pour retenir le cri de désespoir qui me brûle la gorge. 

    — New !

    Je repousse l’homme que j’aime et que je viens de perdre, je ne veux pas le voir, je ne veux plus le voir, ça fait beaucoup trop mal.

    — Laisse-moi !

    J’arrive à me relever et je tangue, j’ai vraiment trop bu ce soir, je suis en train de perdre pied. Je veux rentrer chez moi, me mettre dans mon lit et tenter d’oublier ce qui vient de se passer, je suis sûr qu’avec la quantité d’alcool dans mon sang, il y a une chance pour que je n’en garde aucun souvenir.

    Je me tiens aux murs, je ne marche pas droit, mais je suis déterminé à trouver la sortie de cet hôtel. 

    — Tu ne peux pas partir New, tu es complètement ivre.

    Je le pensais parti, retourné auprès de sa fiancée mais non, il est toujours là, à côté de moi, assistant à ma descente aux Enfers. Je devrais sûrement me plaindre, il y a un souci avec les sols de l'hôtel, ça fait plusieurs fois que je manque de tomber et pas un instant, je ne mets ça sur mon état.

    Quand je manque de tomber une troisième fois, des bras forts m’encerclent et je n’arrive même pas à le repousser. Je me sens soudain décoller du sol et je ne peux que m’accrocher à son t-shirt alors qu’il me trimballe sur son épaule dans les couloirs. 

    — Lâche-moi Tay, je ne veux pas y retourner.

    Il ne me répond pas et je sens la colère qui monte soudain en moi, c’est comme une éruption, je veux qu’il souffre, je veux qu’il ressente ne serait-ce qu’un dixième de ce que je ressens depuis bien trop longtemps à cause de lui. 

    — Laisse-moi partir !

    Et je lui frappe le bas du dos aussi fort que je peux, encore et encore jusqu’à ce qu’il me lance soudain. Sauf qu’au lieu de m'écraser lamentablement sur le sol, je tombe sur le moelleux d’un lit.

    — Calme-toi maintenant.

    Je ne l’écoute pas, je veux partir et je me relève sans attendre dans l’idée de quitter la chambre. Seulement, je ne fais pas deux pas qu’il m’attrape par le bras et me colle contre un mur, se plaçant devant moi il me supprime la moindre possibilité de repli et je craque à nouveau, frappant son torse en espérant le faire reculer.

    — Laisse-moi partir, retourne la retrouver et laisse-moi, tu entends.

    Les larmes coulent abondamment sur mes joues. Je remarque rapidement qu’il se laisse frapper, il ne cherche pas à esquiver ou m’en empêcher et je lève les yeux vers lui, le suppliant de faire cesser la douleur du regard et de me laisser m’échapper. 

    — New, respire doucement, calme-toi, s’il te plait.

    L’inquiétude se lit dans ses yeux, sa main se pose sur ma joue et mes pleurs redoublent. Je me sens pathétique, je ne devrais pas craquer comme ça, je devrais être fort et accepter ce que je savais depuis longtemps. Seulement l’alcool m’aide à vider mon sac, à lui dire ce que je cache depuis maintenant trop d’années.

    — Je ne peux pas… je t’ai perdu alors que tu n’as jamais été à moi, mais… ça fait tellement mal, Tay.

    Je m’embrouille, je ne suis pas très clair, mais je ne contrôle plus rien, les émotions se bousculent dans ma tête et sortent pêle-mêle de ma bouche.

    — Je t’aime, depuis le lycée, mais je n’ai jamais rien osé te dire. Je ne peux pas te le dire, ma famille, nos amis… toi… personne n’aurait accepté que je t’aime comme un fou.

    — New, je…

    — Tu as été mon premier baiser.

    Je ne sais pas pourquoi soudain cette information me semble si importante, mais je me livre complètement. J’ai arrêté de le frapper et mes bras pèsent une tonne alors qu’ils pendent de chaque côté de mon corps.

    — J’aurais voulu que tu sois toutes mes premières fois.

    Nos regards se croisent et je suis surpris par ce que je trouve dans ses yeux, seulement, je ne peux plus reculer maintenant, c’est trop tard, je ne peux pas laisser un stupide espoir me faire replonger. 

    — Je t’en prie, aide-moi… aide-moi à ne plus t’aimer, à ne plus souffrir, à …

    Il m’interrompt dans ce monologue qui finit par n’avoir ni queue ni tête en posant ses lèvres sur les miennes. Ma respiration se coupe et aussitôt mon corps s’allège, je revis quand nos langues se trouvent et qu’après plus de deux ans, il m’embrasse pour la première fois. Au fond de moi, je sais que c’est mal, il est fiancé, il n’est pas à moi, mais je n’arrive pas à le repousser.

    Je veux être égoïste, ressentir le bien-être d’être dans les bras de celui qu’on aime, même si au fond, je sais qu’il n’y aura rien de plus, pour le moment, il étouffe la souffrance et c’est tout ce dont je suis capable de penser, ça et ses mains qui se posent sur ma taille m’attirant à lui comme on a rarement été aussi proche. 

    Ce baiser, cette étreinte, elle a un goût de paradis en plein enfer et je me jette dans cette parenthèse aussi minuscule soit-elle, ainsi, quand ses mains attrapent mes cuisses, je le laisse me porter et m'entraîner vers le lit sans me poser plus aucune question.



  • Commentaires

    2
    Samedi 11 Décembre 2021 à 17:03

    Quel chapitre  j'aurai pu penser que New souffre d'un amour à sens unique mais avec le comportement ambigu

    de Tay c 'est vraiment l'enfer, on ne sait pas sur quel pied danser celui là

    j'aime beaucoup ce genre d'histoires avec  amour contrarié 

    Continues comme ça hâte pour la suite :)

    1
    Samedi 11 Décembre 2021 à 12:58

    Merci pour ce 3ème chapitre! C'est super prenant et tu nous as bien retransmis tte la douleur que ressent New cool Et j'aime bcp ces sauts temporels entre chaque chapitre, d'une part ça surprend donc c'est top mais en plus ça accentue ce sentiment de tristesse et de douleur, c'est un super choix scénaristique! 

    J'ai trop hâte de lire la suite!! Et trop chou de savoir notre pti Sing marié :') 

    Bises à demain <3

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