• Chapitre 20: Les grandes choses commencent par un esprit impitoyable

    Chapitre 20
    Les grandes choses commencent par un esprit impitoyable

    Je récompense donc les deux frères avec le "Prix du pervers".

    Je suis sans voix. Phukong continue de me draguer et n'arrête pas de me lancer ce regard affamé. Ça me met mal à l'aise et les gens ici commencent à chuchoter, peut-être à cause du post Instagram gênant de Sarawat.

    — Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? demande Phukong. 

    Je suis sûr qu'il essaie de me taper sur les nerfs avec son visage inexpressif.

    — Est-ce que tu as des pensées cochonnes à mon égard ?

    — Je te taquine juste. Pourquoi es-tu si sérieux ?

    C'est lui qui a l'air sérieux, pourtant. C'est pire que Sarawat qui demande à toucher ma poitrine, et maintenant Phukong demande à me lécher parce que son grand frère lui a dit de le faire. Putain ! Est-ce que demander quelque chose comme ça est vraiment si facile pour vous ?

    — Bien sûr, je suis sérieux. Ton visage montre que tu es sérieux aussi.

    — C'est si évident ?

    Vous voyez… ?

    — Reste assis et tais-toi.

    — S'il te plaît, ne me trompe pas.

    — C'est quoi ce bordel ?

    — Je suis ton petit ami. Sarawat approuve.

    — Depuis quand ?

    — Nous sommes frères. On se comprend même sans se parler.

    Je pense que j'ai un nouveau surnom pour Phukong. Comme il aime imaginer des choses, je devrais l'appeler "Phukong 4D".

    — Honnêtement, tu as déjà eu un faible pour quelqu'un ? Ou tu es juste aussi vicieux avec tout le monde.

    Il arrête de boire à sa paille et me regarde.

    — Non, je suis supposé le faire ?

    Je m'arrête un instant. Il répond comme si je venais de lui demander pourquoi les humains ont besoin de nourriture. Comme si nous parlions non pas de ce que quelqu'un devrait avoir, mais de ce dont quelqu'un ne peut pas se passer.

    — Oui, c'est important. Tu n'as jamais aimé personne du tout, n'est-ce pas ?

    — Pas vraiment. Je ne parle pas vraiment ou ne deviens pas ami avec qui que ce soit. C'est fatigant de s'adapter à eux et pourquoi je voudrais rendre ma vie encore plus épuisante avec un crush ?

    Ça me rappelle quelque chose. Sa réponse est exactement la même que celle de son frère.

    — Aimer quelqu'un rend la vie plus colorée.

    — Colorée ? Je ne veux pas de maux de tête. La vie est belle comme elle est. Sarawat est celui qui ne peut pas vivre en paix et qui ne cherche que des ennuis.

    — … 

    Suis-je les 'ennuis' dont il parle ? Wow. Je vais l'aimer. Quel frère de merde.

    — Tu vas pleurer ? Si moche.

    — Ça suffit. Ça fait mal.

    — Je suis honnête. Pourquoi ça fait mal ? Tu aurais dû le savoir dès le début.

    — Si je suis moche, pourquoi ton frère m'aime-t-il ? Hein ?

    J'ai le dessus. Je suis un cheerleader de l'équipe universitaire. J'ai le visage de la victoire. Si on enlevait Sarawat de l'équation, je serais le plus populaire.

    — L'apparence n'est pas le problème ici. Sarawat s'intéresse à plus que ça. Il y a des gens bien plus beaux qui n'ont pas la langue bien pendue.

    Ouch ! J'ai l'impression d'être poignardé directement dans mes poumons. Ça coupe profondément.

    — Alors pourquoi est-ce qu'il m'aime bien ?

    — Ce n'est pas quelque chose que je dois te dire. Demande à Sarawat toi-même.

    — Pourquoi faut-il que ce soit un secret ?

    — Quel secret ? Je ne sais tout simplement pas.

    — … !

    Merde. Je l'ai surestimé. Je pensais qu'il savait tout sur son grand frère.

    — Mais il n'y a pas tant de raisons possibles. Laisse-moi te poser une question. Quand tu veux faire pousser des roses, quelle est la première chose que tu regardes ?

    — La couleur et le type.

    — Pourquoi ?

    — Pour que quand elles grandissent, elles soient belles.

    — Tu espères que dans le futur, elles seront belles, non ?

    — Bien sûr. Si tu fais pousser des roses, tu ne t'attends pas à ce qu'elles soient belles ?

    — C'est comme ça pour la plupart des gens. Mais mon frère, il ne voit pas les choses de cette façon. Il choisirait les types de roses qui ont des racines solides plutôt que les belles, parce que s'il y a une énorme tempête un jour, les racines solides seraient toujours capables de soutenir la fleur et de survivre. Elles ne tarderont pas à fleurir et nous pourrons les admirer plus longtemps. Contrairement à celles qui ne sont pas solides, elles pourraient tomber et mourir après la tempête. Elles ne sont pas pareilles.

    — Tu veux dire que je suis comme les racines d'une plante ?

    — Oui. Putain de racine.

    — Merde.

    — Grossier.

    — Tu es grossier.

    Tout comme son frère. Agaçant comme l'enfer.

    — Tu es là. Je te cherche depuis des siècles, Tineeeeeeeey !

    Une troisième voix appartenant à quelqu'un qui vient d'entrer fait disparaître mon irritation. Je me tourne pour regarder la porte d'entrée, d'où un grand type, Green, vient en courant vers moi avec un sourire radieux sur le visage. Pourquoi dois-je affronter une telle chose dans ma vie ? Je ne comprends pas. Nom de Dieu !

    — Qu'est-ce que tu fais là ? laissé-je échapper, mais il ne répond pas.

    Il  se contente de s'asseoir à côté de moi et m'attrape le bras plus fermement qu'un péché d'une vie antérieure.

    Ça fait longtemps que je n'ai pas parlé à Green. Depuis que P'Dim s'est déchaîné sur moi et m'a agressivement averti de ne pas m'en prendre à sa femme. Je n'ai plus mis les pieds dans la jungle des salopes. Qui l'a laissé sortir du zoo aujourd'hui ?

    — J'ai vu Tiney entrer, alors je t'ai suivi jusqu'ici, dit-il en frottant sa joue contre mon bras. 

    Ma chemise est tachée de son fond de teint. Comment je vais pouvoir l'enlever ?

    — Enlève peut-être ton visage de ma chemise d'abord ?

    — Tu me manques.

    — Tu es agaçant. Va t'asseoir là-bas.

    Green lève les yeux vers moi en faisant la moue, mais il remarque soudain que Phukong est assis en face de moi. Une flamme s'allume dans ses yeux à cette vue. Wow. Il détourne instantanément son visage de ma chemise.

    — Oh mon diiiiieu. Oh mon diiiiieu. Pourquoi si appétissant, si mignon ?

    Je l'ai enfin trouvé. Merde. J'ai trouvé mon successeur.

    — Qui es-tu ?

    — Je suis ton âme sœur. Mon Dieu. Pourquoi tu sens si bon ? 

    Green va s'asseoir à côté de Phukong à la place. Sa quête pour me conquérir est enfin terminée et il se lance dans sa nouvelle mission menaçante : draguer férocement l'autre gars. Il avalerait probablement Phukong tout entier s'il le pouvait. Je m'assieds tranquillement en regardant les deux. Celui qui meurt en premier est le perdant.

    — Tu es un ami de Tine ?

    — Yepppp.

    Il y a une seconde, il me draguait.

    — Tu veux commander quelque chose ? Je vais commander pour toi.

    — Non, c'est bon. Je vais le faire moi-même. Mon nom est Green.

    — D'accord.

    — Comment tu t'appelles ?

    — Phukong(1).

    — Ahhhh. Est-ce que j'aurai des problèmes pour avoir manipulé des biens de la police ?

    — … 

    — Tu as une assurance vie  ?

    — … 

    — Si tu as des problèmes d'argent, viens me voir dans ton uniforme d'écolier et je te traiterai bien.

    — Mais si tu as de vrais problèmes, viens me voir en rampant et je te mettrai sous perfusion.

    Merde ! Voldemort veut du sang.

    Green sursaute et lâche Phukong. Il sourit au nouvel arrivant. Tu es mort, mon grand. Dissatat est une personne très sévère.

    — Hé, P'Dim. Qu'est-ce qui t'amène ici, si discrètement ?

    — Si je t'avais prévenu, je n'aurais pas eu l'occasion de voir quelqu'un écarter les jambes si volontiers.

    — Je le taquine juste.

    — C'est ce que tu appelles taquiner ?

    Le sourire de Green disparaît et ses yeux s'agrandissent. Un combat épique entre mari et femme a commencé. Le visage de Phukong n'a toujours aucune émotion alors qu'il regarde le feuilleton sans dire un mot.

    — Je n'ai rien fait. Watty m'a dit de garder un œil sur Tine.

    — Pour quoi faire ? Tu es son chien de garde ?

    Méchant. C'est juste méchant. Je te jure que si j'avais un copain comme ça, je me tuerais ou je m'enfuirais en enfer immédiatement.

    Je suis sûr que Green a essayé de faire la même chose mais n'a pas pu car la magie de notre Voldemort est trop puissante. Peu importe où tu es, il peut toujours te ramener pour être son esclave.

    — Eh bien, Watty a peur que son petit frère ne drague Tine.

    — S'il ne peut pas le gérer lui-même, alors qu'il aille se faire voir. Pourquoi tu te mêles de leurs affaires ?

    — Watty m'a supplié.

    — Il t'a supplié ou tu lui as proposé ?

    — … 

    Silence. J'attends juste une scène. Fais-le. Bats-toi. J'aime ça.

    — On peut y aller ? J'ai faim.

    — D'accord.

    — C'est un bon garçon. Tine, on y va.

    Je fais un petit signe de tête à P'Dim. Green est tiré du canapé et tous les deux se dirigent vers la sortie. Phukong les suit des yeux et fronce les sourcils comme s'il se demandait quelque chose.

    — Mon frère est si dur que ça ?

    — Pourquoi ?

    — Il ne pouvait pas venir alors il a envoyé quelqu'un d'autre pour me bloquer. C'est ridiculement possessif.

    Mes sourcils s'agitent à chaque mot que Phukong dit. Je ne comprends pas vraiment pourquoi il est si excessif. Je veux dire, on parle de son frère après tout.

    — Ne le provoque pas. 

    Je le préviens. J'ai vu à quoi ressemble un Sarawat en colère. Je me souviens quand il a réduit en bouillie cet ingénieur senior, l'envoyant à l'hôpital… 

    — Comme c'est amusant. Je n'ai jamais vu Sarawat comme ça.

    — Je ne vais plus te parler.

    Phukong me regarde en haussant les épaules et boit l'Americano qui se trouve devant lui. Il ignore les notifications Instagram qui ne cessent de s'afficher sur son écran. Je n'ai même pas besoin de deviner ce qu'elles contiennent, car je les vois aussi sur mon propre téléphone.

     

    Green_kiki Watty, P'Dim est venu me chercher. Je suis vraiment désolé. T^T

    Sarawatlism @Sarawatlism Pulong, réponds-moi.

    Sarawatlism @Sarawatlism Puuuuutain je peyx pas me concentrer en clasde.

    Sarawatlism @Sarawatlism Phukonf. Connzrd.

     

    Rrrrrr… 

    Le téléphone de Phukong sonne soudainement. Le grand type lève la tête avec un sourire mauvais avant de décliner immédiatement l'appel.

     

    Sarawatlism @Sarawatlism Réponds au téléphonr maintenant.

    Man_maman S'il te plaît, Phukong. Ton frère est en train de piquer une colère terrible sur son bureau.

     

    Sarawat agit comme un possédé. Il semble vraiment sérieux. Je décide de lui écrire moi-même pour l'empêcher de commenter la photo.

     

    Tine_chic @Sarawatlism Ne sois pas stupide. Concentre-toi sur le cours.

     

    Après cela, Sarawat n'envoie plus de messages.

     

    Deux heures plus tard, mon fil d'actualité se met à nouveau à jour. Cette fois, c'est Man. Il a téléchargé une vidéo de Sarawat boitant dans l'allée de leur immeuble avec ses amis qui l'aident en riant. La légende dit...

     

    Man _maman

    Mon ami ne m'a jamais dit qu'il voulait tester la dureté du terrain. Il y a des outils pour ça. Tu n'es pas censé utiliser tes genoux. Mais ne vous inquiétez pas, les gars. Sarawat continue. Il ne peut pas rester tranquille car il ne peut pas laisser sa femme se faire dévorer par quelqu'un d'autre.

    P.S. Wat a déjà une femme.

    P.P.S. La femme de Wat est un garçon chic.

    P.P.P.S. Man est toujours célibataire. Hehe.

     

    Après l'avoir lu, tout ce que je peux dire, c'est… Espèce de meeeeeeeerde… Je vais pleurer. Mon Facebook devient fou avec les messages des femmes de Sarawat.

    Je n'ai pas vraiment besoin que tout le monde soit au courant de la relation entre Sarawat et moi. S'ils me le demandent, je leur dirai, mais que nous publiions un message disant que nous sommes ensemble, c'est un non pour moi. En fait, je pensais que quelqu'un comme Sarawat serait d'accord, mais c'est les Lions Blancs. Je ne peux jamais prédire ce qui va se passer dans ma vie. Comme maintenant.

    J'essaie de m'hypnotiser.

    Non, ne regarde pas ta boîte de réception, sinon tu ne pourras pas t'endormir.

    N'ose pas, Tine.

    N'ose pas, n'ose pas.

    Clic !

    J'ai vraiment envie de regarder, et je suis choqué de trouver une avalanche ininterrompue de messages de quatre mille personnes. Je n'en lis que quelques-uns car je sais déjà qu'ils seront tous identiques.

     

    'Tu sors avec Sarawat ou avec son frère ?'

    'Tine, je ne le découvre que maintenant. TT'

    'S'il te plaît, donne-nous des nouvelles. Tout le monde veut savoir si tu sors vraiment avec Sarawat.'

    'Mes rêves s'effondrent. Tu dis toujours que tu es juste ami avec lui. Je trouvais ça un peu suspect, mais je ne pensais pas que ce jour viendrait…'

     

    Voilà, mesdames et messieurs. Tout ce que je peux faire, c'est de leur répondre par 'Hahahahahahaha'. C'est la réponse la plus appropriée en ce moment.

    Je ne sais pas vraiment comment répondre, alors je copie et colle la même chose à tout le monde.

    Moins de dix minutes plus tard, Man et compagnie apportent la cause du problème dans la boutique. Le type bronzé boitille pour s'asseoir à côté de moi sans dire un mot.

    — Tu as mal au genou ? Tu as apporté des médicaments ? demandé-je, inquiet.

    — Ça fait tellement mal.

    — Je peux regarder ?

    — Allons dans ma chambre pour le faire.

    — Tu vas devoir raccompagner ton frère de toute façon et mon ami va venir me chercher ici, alors faisons-le ici.

    — Ça ne fait pas mal. Je fais juste semblant.

    Quoi ?

    Tout le monde ici nous regarde. Je dois dire que Sarawat et Phukong se ressemblent beaucoup. Maintenant qu'ils sont assis à la même table, les gens commencent même à sortir leurs téléphones pour les prendre en photo.

    — Ton petit ami est mignon, dit Phukong, rompant son silence uniquement pour semer la pagaille. 

    Sarawat se tourne si vite que l'on pourrait craindre que son cou ne se brise. 

    — Je l'ai laissé pour que tu t'en occupes. Ne sois pas un pervers.

    — Qui est le vrai pervers ? Tine, Sarawat m'a dit une fois que tu étais si mignon qu'il voulait essayer une position difficile avec toi.

    — … !!

    — Il veut te baiser.

    — … 

    — Son but ultime est de te ravager jusqu'à ce que tu sois si endolori que tu ne puisses plus te lever. Fais attention.

    — Ferme ta gueule, grogne Sarawat en frappant la tête de son frère.

    — Quoi ? J'ai tort de dire la vérité ?

    Je m'éloigne et les regarde tous les deux avec horreur. Sarawat. Espèce de monstre. Cette famille a beau être dotée de beauté, elle n'a vraiment aucune vertu.

    Est-ce qu'il fantasme sérieusement sur moi comme ça ? Qu'est-ce qu'il entend par "position difficile" ?

    — Si tu aimais vraiment quelqu'un, tu comprendrais.

    Awww ! Je crois que je vais pleurer !

    Si m'aimer fait de toi un psychopathe, alors s'il te plaît ne m'aime plus. Je suis prêt à disparaître pour toi.

    — Je ne veux pas comprendre. Ça me fait peur de voir comment tu as changé.

    — Je n'ai pas changé. Je suis toujours le même avec mes amis, mes seniors et ma famille. Je suis seulement différent avec mon petit ami.

    — C'est ce que je voulais dire ! Tu as renoncé à tant de toi-même pour une seule personne.

    — Un jour, tu comprendras.

    — … 

    — Tu seras prêt à tout abandonner juste pour être avec cette personne.

    — … 

    — Tu commenceras à parler davantage, et à faire de réels efforts. Tu demanderas soudain conseil aux autres et tu les écouteras vraiment. Tout ce que tu n'as jamais fait, tu le feras soudainement. Et d'une certaine manière, tu ne seras pas embarrassé par ça.

    — … 

    — Rien que l'idée de l'aimer vaut déjà tellement le coup, non ? termine-t-il en se tournant vers moi. 

    Il ne laisse rien transparaître sur son visage, mais il fait quand même s'emballer mon cœur tout d'un coup.

    — Je ne sais pas. 

    Je réponds si doucement que c'est à peine perceptible.

    — … 

    — Avant, je n'avais aucune attente en matière d'amour. Mais maintenant, je commence à penser que tout cela en vaut la peine.

    De donner son cœur à quelqu'un… 

     

    Sarawat dit que Phukong est comme lui. Si vous les connaissez vraiment, aucun d'entre eux n'est aussi calme ou timide qu'il n'y paraît. Maintenant que je fais partie de la vie de Sarawat, je peux aussi être proche de son petit frère.

    Pour quiconque ne le connaît pas, Phukong semble construire des murs autour de lui si hauts qu'ils l'empêchent de tomber amoureux facilement. Il aime reprocher à son frère d'être un loser parce qu'il est lâche et qu'il a trop peur de flirter avec quelqu'un qui lui plaît. Quand il tombera enfin amoureux de quelqu'un, il comprendra enfin.

    Je ne pense pas que Phukong soit si différent de Sarawat. Peu importe son courage, quand il trouvera enfin quelqu'un qu'il aime, il ne sera toujours pas assez courageux pour lui parler. Il se transformera en lâche et agira comme un loser avec cette personne. Au final, je suis sûr qu'il aura besoin de quelqu'un pour l'aider à faire partie de la vie de cette personne.

    J'ai besoin d'une grande gorgée de soupe après avoir pensé à tout ça. Je n'ai jamais eu ce problème ; je ne suis ni discret ni timide. Au lycée, j'ai simplement saisi l'occasion quand elle se présentait. Je ne me suis jamais senti seul. Lorsque je romps avec quelqu'un, je peux facilement trouver quelqu'un d'autre. J'utilise mon argent plutôt que mon cœur, donc je les divertis généralement plus que je ne les comprends.

    C'est pourquoi il est si difficile de commencer à utiliser mon cœur avec quelqu'un comme… 

    — Le porc croustillant est délicieux, non ?

    — Arrête. Si tu veux en manger, commandes-en.

    — Te le piquer lui donne meilleur goût. Tiens, prends des légumes en échange.

    — Je n'ai pas besoin de tes petits morceaux de basilic.

    — C'est bon. Je veux partager.

    Depuis qu'on sort ensemble, je déteste quand le mot "partager" sort de la bouche de Sarawat. Je suis ravi lorsque nous trouvons un plat délicieux, mais lorsqu'il veut que je goûte à sa nourriture pourrie, j'ai plutôt envie de pleurer.

    Un jour, nous marchions ensemble dans un marché de nuit. Il a acheté des insectes frits et m'a forcé à les goûter, en disant que s'ils étaient affreux, on s'en sortirait ensemble. Maintenant, à chaque fois que je vois un ver, j'ai envie de vomir. Ne vous trouvez pas un petit ami comme lui. Vous allez devenir fous. Malheureusement pour moi, ma seule option est de m'y habituer.

    — Tu veux qu'on aille étudier ensemble à la bibliothèque ? demande-t-il.

    — Tu n'étudies pas avec tes amis ?

    — Oui, mais je veux que tu viennes aussi.

    — J'y vais avec mes amis.

    — Je vais m'asseoir avec toi.

    C'est évident qu'il n'y a aucun moyen de l'arrêter. Il a passé les deux dernières semaines à se déplacer avec des béquilles jusqu'à ce qu'il s'en débarrasse il y a trois jours. Maintenant qu'il peut marcher sans difficulté, il devient arrogant. Avant, il trébuchait comme un fou.

    Ses amis ont étudié et joué au football. Ils exhibent même leurs chaussures de foot. Sarawat arbore sa nouvelle paire de Chang Dao que sa mère lui a envoyée de Bangkok. Elle m'en a même donné une paire et j'ai failli pleurer. Elle a dit que nous serions adorables en les portant ensemble comme chaussures de couple. Sommes-nous un couple de caoutchouc, maman ?

    En portant ces claquettes, on a l'impression de marcher avec des pierres de dix tonnes sous les pieds. Elles sont lourdes ! Et elles n'arrêtent pas de frapper tes plantes de pieds quand tu marches. La seule bonne chose, c'est qu'elles ne sont pas glissantes - elles sont collées au sol au point qu'on peut à peine les soulever. Normalement, marcher jusqu'à la cantine en face de mon dortoir me prendrait trois minutes, mais avec ces chaussures, c'est plutôt dix minutes.

    — Je viendrai te chercher à 8h30, alors prends une douche.

    — Je sais. Dis-toi juste ça à toi-même.

    — Prends un pull aussi, la clim est basse.

    — Ouais.

    — Apporte aussi des sandwichs, au cas où on aurait faim.

    — Commandes-en alors.

    — Ils ont du thon ?

    — Oui.

    — Alors je vais prendre le sandwich au porc effiloché séché.

    — … 

    Pourquoi demander du thon ?

    — Tu veux écouter de la musique ? Je vais en télécharger sur mon téléphone pour toi.

    — Quelque chose de Scrubb.

    — J'ai déjà tous leurs titres.

    — N'importe quel groupe alors.

    — Tu pourrais ne pas les comprendre.

    — Eh bien, j'essaie de comprendre.

    — Est-ce que ça serait bien si on apportait la guitare ?

    — On va étudier ou débuter en tant que nouvel artiste ?

    Sarawat me regarde intensément avant de me tapoter la tête et de me décoiffer. Il est tellement pénible.

    Nous mangeons encore un peu avant de nous séparer pour aller dans nos dortoirs. Je prépare mes affaires, je me douche et je m'habille avec un t-shirt, un short et mes claquettes en caoutchouc préférées. J'ai vécu à Chiang Mai assez longtemps pour m'adapter à la façon de vivre ici et ne pas être trop exigeant. Le minimalisme est le mieux.

    Sarawat se présente chez moi à huit heures, délibérément en avance pour avoir une raison de traîner chez moi. Il porte un maillot de foot bleu et un short assorti, ainsi que ses Chang Dao adorées. Tout est prêt alors on peut y aller. La nourriture et les boissons ont été préparées. Normalement, la bibliothèque ne vous laisse pas apporter de la nourriture à l'intérieur, mais Sarawat est expérimenté. Il mange toujours en secret et maintenant il m'attire dans sa chute aussi. Il dit qu'il a peur que j'aie si faim que je ne puisse pas me concentrer sur mes études. Mais Sarawat, j'ai honnêtement plus peur d'être trop plein pour me concentrer.

    — Tu vas rentrer chez toi après les examens ? demandé-je alors que nous sommes dans la voiture, la musique jouant doucement pendant que nous conduisons.

    — Oui, pendant environ une semaine. Je dois revenir pour continuer à répéter avec le groupe pour la compétition.

    — Uh-huh, marmonné-je en hochant la tête.

    — Tu veux rentrer avec moi ? Tu manques à maman. Et à Phukong aussi.

    Quand j'entends ce nom, je tressaille immédiatement. S'il te plaît, ne me force pas à choisir.

    — On peut rentrer ensemble, mais une fois à l'aéroport, on se séparera.

    — Tu ne vas pas me présenter à ta famille ?

    — Pas encore. Je ne suis pas prêt. J'ai peur qu'ils ne l'acceptent pas.

    Sarawat reste silencieux un moment avant de poursuivre.

    — Ils n'accepteront pas que tu aimes les hommes ?

    — Non, j'ai peur de ne pas pouvoir l'accepter s'ils te détestent.

    — Ce qui doit arriver arrivera, petit buffle. Ils doivent comprendre ce qui te rend heureux.

    — Mais ces jours-ci, quand je suis avec toi, je ne suis même pas heureux. J'ai juste des maux de tête.

    — Excuse-moi ?

    — Excuse-toi ?

    — Quoi, petit ami ? Tu veux te battre ?

    — Quoi ? Tu en veux ?

    — Donne-m'en autant que tu veux.

    — Sarawat, espèce de pervers.

    C'est toujours comme ça. Chaque fois que je suis préoccupé par quelque chose, il arrive à m'énerver. Mais je ne m'inquiète pas trop. Ma mère est une personne ouverte d'esprit. Elle m'a déjà dit que sortir avec quelqu'un de différent des autres, c'est bien. Et contrairement à Sarawat, mon père n'est pas un homme de haut rang. Mais je ne m'inquiète que pour une seule personne. Mh… 

    Une certaine personne.

     

    Pendant la période des examens, la bibliothèque est ouverte 24 heures sur 24 et est toujours bondée de monde. Beaucoup d'entre eux se tournent pour nous regarder, Sarawat et moi, puis se retournent pour chuchoter et faire des commérages joyeusement. Comme vous le savez, nous n'avons pas annoncé que nous étions ensemble, mais la plupart des gens le savent probablement déjà grâce aux rumeurs et à notre attitude.

    Je ne suis pas collé aux personnes que je fréquente, Sarawat non plus. Nous passons parfois du temps ensemble, principalement pour prendre des repas, aller au cinéma, faire des promenades, et le reste du temps est consacré à nos amis. Sarawat passe son temps à jouer au football et à des jeux avec ses amis, à faire la fête et tout ça. Je traîne avec le Star Gang. De ce point de vue, rien n'a vraiment changé et je suis sûr que c'est pour le mieux.

    Mais quand il boit… Ne me laissez pas commencer. Je dois toujours le surveiller. Comme vous le savez, quand Sarawat est ivre, c'est un désastre. C'est pourquoi je ne peux pas juste le laisser faire.

    — Ton ami est là ? demande Sarawat après être entré dans la bibliothèque.

    — Pas encore. Ohm vient de m'envoyer un message disant qu'il prenait une douche. Il nous rejoindra plus tard. Et les tiens ?

    — Toujours en train de dîner. Ils nous demandent de réserver une table.

    Nous n'avons pas réservé de salle d'étude privée, donc nous devons trouver des sièges publics à la place. Après avoir marché dans la bibliothèque pendant un moment, nous avons finalement trouvé assez de sièges pour nous tous au troisième étage. Oh, wow. L'air froid de la climatisation me souffle directement sur la tête.

    Je m'assois dans un coin. Sarawat s'assied à côté de moi, pose son sac sur la table et fouille dans ses feuilles de cours. Il n'a que deux stylos, un bleu et un rouge, et un autre crayon. Il n'a pas un de ces sets My Color comme les autres. Ce type est trop paresseux pour les transporter avec lui.

    Je lui ai acheté une boîte de douze couleurs l'autre jour. Je veux dire, pensez-y - il y avait douze couleurs différentes et il n'utilise toujours que du noir. Mais il a toujours de bonnes notes, donc je suppose que les couleurs n'affectent pas vraiment sa mémoire.

    — Tu as quel examen lundi ? demande-t-il.

    — Anglais et un cours majeur.

    — Tu as apporté un pull ?

    — Oh, j'ai oublié.

    — Tu vas mourir de froid alors.

    Bon sang, il n'a jamais été gentil avec moi. Il est exactement comme il était. Affrontons ensemble mon destin d'escalader l'Everest. La clim ici n'a vraiment pas de pitié pour ma belle peau humaine.

    — Eh bien, j'ai oublié.

    — Je te l'avais dit. Je l'ai fait juste avant qu'on parte.

    — Je ne t'ai pas entendu.

    — Tu n'arrêtais pas de jouer avec ton téléphone.

    — Parce que quelqu'un nous a encore tagué tous les deux sur Instagram, donc je devais jeter un coup d'œil.

    — Pourquoi tu te préoccupes des autres ?

    — Je ne le fais pas, mais je me soucie de mon visage sur leurs photos.

    Je suis bien mieux dans la vraie vie.

    — Tu adores te disputer, n'est-ce pas ? Une fois les examens terminés, je ferai en sorte que tu ne puisses même pas te lever.

    — Tu… 

    Il transforme toujours tout ce dont on parle en quelque chose de sexuel. Mais oui, je ne m'en sors jamais. Quand il n'y a personne, il écrase mes lèvres et ma langue pour en faire une purée. Il est obstiné et sadique. Et il n'a jamais été dans une relation. Il y a eu de nombreuses fois où j'ai voulu être le leader, mais il a toujours réussi à me devancer.

    Je parle de baiser, pas d'autre chose.

    — Hé, je peux avoir la clé de la voiture ? J'ai oublié des livres à l'intérieur.

    J'ai réalisé que j'avais oublié de les mettre dans mon sac avant d'entrer dans la bibliothèque.

    — Je vais descendre les chercher pour toi.

    — Ils sont sur la console, d'accord ?

    — Ouais. 

    Le grand type attrape la clé de voiture sur la table, puis s'en va. En l'attendant, je sors mes notes de cours pour les revoir. Puis quelqu'un s'approche de moi.

    — C'était rapide… 

    Je marque un temps d'arrêt en voyant que la personne en face de moi n'est pas Sarawat comme je le pensais.

    — Salut, Tine.

    — P'Mil. 

    Je marmonne en voyant le senior en architecture et ses amis se tenir devant moi. Il a amené la bande d'ingénieurs qui étaient ennemis avec les Lions Blancs. S'il te plaît, ne fais pas ça. S'il te plaît, ne commence pas à faire des acrobaties à la bibliothèque.

    — Hé, vous pouvez tous vous asseoir. Je veux lui parler un petit moment, dit P'Mil en s'asseyant en face de moi. 

    Il me fixe avec un sourire hostile.

    — Qu'est-ce qu'il y a ?

    — Je voulais te demander avec qui tu es venu ici ?

    — Des amis.

    — Tu veux venir t'asseoir avec nous ?

    — Non, merci.

    — Tu as froid ? Tu as la chair de poule.

    — Non. Tu as besoin de quelque chose ? Je dois étudier et d'autres de mes amis vont venir.

    — Alors je vais m'asseoir ici jusqu'à ce que tes amis arrivent.

    Il est tellement têtu. Pars juste tout de suite. Je sais que P'Mil n'a pas de problème avec moi, mais malheureusement, je sors avec Sarawat, alors maintenant c'est la guerre.

    — C'est bon. Je peux m'asseoir seul.

    — Ok, je suppose que tu as besoin de te concentrer. Je vais y aller.

    Ce qu'il entend par "y aller" n'est pas du tout loin. Il se déplace vers la table derrière moi. De plus, avant de le faire, il laisse derrière lui sa chemise d'ingénieur, maintenant posée sur ma tête.

    — Je vois que tu as froid. Utilise-la, elle est assez chaude.

    Quelle putain de tendresse ! Je pense qu'il a regardé trop de séries télévisées. Comment cette minuscule chemise va-t-elle me donner de la chaleur ?

    Malheureusement, certaines personnes ne peuvent pas échapper à leur malheur. Avant que je puisse jeter la chemise à son propriétaire, le grand corps de l'homme inexpressif apparaît.

    Lorsqu'il voit la chemise sur ma tête, son visage devient soudainement hargneux. Il marche rapidement pour s'asseoir à côté de moi et demande avec amertume.

    — A qui est cette chemise ?

    Putain ! Il n'est pas content du tout !

     

    SARAWATLISM SOLO (Point de vue de Sarawat)

    Je suis allé chercher les livres et en moins de dix minutes, les ennuis sont arrivés. J'ai cru voir quelqu'un parler à Tine quand je suis passé devant le coin des livres de thèse. Et quand je me suis approché, j'ai immédiatement reconnu le senior qui est une de mes némésis. Et le pire, c'est qu'il a osé mettre sa chemise sur mon petit ami. C'est tout simplement offensant.

    — Un… ingénieur senior.

    — Lequel ?

    — P'Mil.

    — Pourquoi tu l'as prise ?

    — Je ne l’ai pas prise… 

    Je n'attends pas que la personne en face de moi finisse sa phrase. Je prends la chemise grise d'ingénieur des mains de Tine et lui lance ma chemise marine à manches longues avant de me précipiter vers le senior assis derrière nous. Je pose la chemise juste devant le propriétaire sans dire un mot.

    Je n'ai pas envie de créer des problèmes pour l'instant et la bibliothèque n'est pas non plus un lieu propice aux bagarres physiques.

    — Ton petit ami avait froid, alors je lui ai prêté une chemise. Il n'y a rien de mal à ça, non ?

    L'autre personne commence la conversation en premier, je ne peux donc pas l'éviter.

    — Je lui ai déjà apporté une chemise, pas besoin de te déranger.

    — Bien. Prends soin de ton petit ami. Beaucoup attendent pour te le voler.

    — Beaucoup… tu veux dire d'autres personnes ou juste toi  ? demandé-je, cherchant les ennuis. 

    Je déteste son regard. Je déteste tout de lui depuis que j'ai découvert qu'il en avait après Tine. En plus, son ami a frappé Nuisance, le blessant.

    — Calme-toi. On va régler ça en gentlemen. Finissons-en comme des gentlemen.

    — Ce n'était pas très gentleman quand tu t'en es pris à moi, lèche-bottes.

    — Connard !

    L'un des aînés de la table s'est levé en criant et tout le monde autour s'est retourné pour regarder. Tine a marché pour attraper mon poignet afin de me faire retourner à notre table. Je ne nie pas que je suis agacé. S'ils ne s'en prenaient pas à Tine, je ne serais pas aussi énervé.

    — Ne t'énerve pas.

    — Il t'a fait autre chose que de te donner une chemise ?

    — Non, n'y pense pas trop, dit Tine en me serrant la main. 

    Pendant que nous attendons, je deviens plus calme. Mes amis et la bande de Tine arrivent tous. Nous continuons à étudier et à lire tranquillement. Nous sommes nombreux et nous sommes bruyants de temps en temps. Le plus évident est Man. Il n'arrête pas de me taper du pied après avoir vu l'ambiance meurtrière de la table derrière nous. "C'est tellement pénible. Je n'arrive pas à me concentrer," dit-il, montrant à quel point il est fort avec ce genre de remarque qui ne peut que lui valoir un coup de pied au cul.

    — Quand tu es stupide, tu as beau lire, ça ne va pas s'infiltrer dans ta tête. C'est une perte de temps !

    — Boss, tes paroles débiles vont te valoir un coup avec ce livre. Tais-toi !

    — Est-ce que j'hallucine ? J'ai l'impression d'entendre des chiens aboyer et hurler par ici.

    — Quoi, Wat ? Tu as trouvé un senior qui ressemble à un chien ?

    — … 

    — Woahhh. Je suis déçu d'avoir des seniors comme ça. Quelle vie incroyablement misérable à mener !

    — Qu'est-ce que tu veux, bordel ?

    — Étudiants ! Si vous avez l'intention de faire du bruit et de déranger les autres, veuillez sortir, aboie la bibliothécaire en frappant bruyamment une table près de nous.

    Le grand groupe de seniors en ingénierie et architecture qui était debout doit soudainement s'asseoir pacifiquement. On dirait que seul mon ami, Man, est plus heureux que les autres.

    — Je vais bien, dit-il en levant les sourcils.

    — On aurait pu tous se faire virer de la bibliothèque.

    — Tu crois que j'ai peur ? Ils ne sont pas de ma faculté. Et aussi, qu'est-ce qui ne va pas avec Tine ? On dirait qu'il est sur le point de pleurer.

    Je me retourne pour le regarder et ses yeux sont vraiment larmoyants.

    — Qu'est-ce qui ne va pas ? demandé-je, en lui tapotant légèrement la tête.

    — J'ai peur que vous vous battiez tous. J'ai peur pour mon visage… 

    Mon cerveau est soudainement vide. Il n'est pas du tout inquiet pour moi, seulement pour son propre visage.

    — On ne va pas se battre. C'est la bibliothèque. On étudie.

    — Ouais.

    — Tu veux écouter de la musique ?

    Il hoche la tête. J'ai remarqué que dernièrement, lorsque Tine écoute de la musique en étudiant, il semble mieux se concentrer que d'habitude. Je suppose que c'est en partie parce qu'il ne fait pas attention aux gens qui l'entourent et qu'il ne perd pas de temps à écouter ses amis dire des bêtises.

    Je récupère les écouteurs emmêlés dans mon sac, trouvant une playlist sur mon téléphone et le laissant passer du temps avec elle.

    — Je veux Scrubb.

    — Je choisis pour toi.

    Tine prend mon téléphone et le pose à proximité sur la table. Il attrape ensuite un crayon et retourne à ses feuilles. Mes amis et le Star Gang discutent joyeusement. Ils parlent surtout de filles, de dessins animés, de porno et de faire la fête après les examens.

    — Après les examens, allons fêter la fin du premier semestre. 

    Puek lance le sujet. Soudain, les yeux de chacun quittent leurs livres. Ils aiment vraiment les conneries.

    — Où ? dit Big avec un visage joyeux.

    — Pourquoi pas à Tha Chang ?

    — Non, trop de monde. Le bar de P' Tee est mieux. Je suis ami avec lui. 

    Il dit qu'il est ami avec tous les propriétaires de tous les bars.

    — Si Tine se saoule, tu pourras lui donner ça, Wat, dit Man en me donnant un coup de pied dans la jambe. 

    C'est un emmerdeur. Il voit que mon copain écoute de la musique et n'arrête pas de parler.

    — Lui donner quoi ? Une partie de jambes en l'air ?

    — Je voulais dire l'emmener à son dortoir. Tu as l'esprit mal placé.

    — Non, mais ton esprit va loin.

    — Vraiment ? Que dit mon visage ?

    — … 

    — Bang, bang, bang, bang, bang, bang, bang !

    — Woooooooohooo.

    Tout le monde à la table commence à applaudir et un professeur nous engueule pour la deuxième fois. Tine continue à faire une grimace et me regarde comme s'il me demandait si quelque chose s'était passé. Man donne un coup de coude à Tine et continue de répéter le même mot.

    — Tine. Bang, bang, bang, bang, bang, bang. Compris ?

    — Quoi ? Encore ?

    Il n'a probablement pas bien entendu. Il enlève les écouteurs et prête une véritable attention.

    — Je parle de la nourriture. Est-ce qu'elle est délicieuse ?

    — Oh, le dîner est délicieux, dit-il en remettant ses écouteurs. 

    Il a soudainement l'air si innocent parmi mes amis. Ses propres amis participent à tout ça. Ces idiots.

    Je suis toujours heureux de les avoir comme amis même s'ils sont comme ça. Sans eux, je ne peux même pas imaginer dans quelle partie de la vie de Tine je me trouverais.

     

    Quand on a enfin été réunis… 

    — Man, je l'ai trouvé. Je l'ai enfin trouvé !

    — Qui ? Un crétin ? Parce que j'en vois un en ce moment. Regarde Team, ou peut-être Big ?

    — Non ! Je parle du gars dans mes rêves.

    — Merde. Où l'as-tu trouvé ?

    — Dans le bâtiment de la faculté. Mais j'ai accidentellement lâché que j'allais l'embrasser jusqu'à ce qu'il tombe. Qu'est-ce que je dois faire ?

    — Stupide ! Pourquoi tu l'as déjà dragué ? C'est bon, je vais t'aider.

     

    Quand j'ai appris son nom pour la première fois… 

    — Je connais enfin son nom.

    — Vraiment ? Bien joué. Comment tu l'as découvert ?

    — Il m'a envoyé un e-mail. Il s'appelle Tine. Quel putain de joli nom. Merde, je crois que je vais mourir. Tine… Tine… Tine… 

    — T'es trop nul pour taper. Je m'en occupe.

    Man m'a pris mon téléphone pour taper et ce n'est qu'après que j'ai vu les textos sarcastiques qui ont été renvoyés. J'avais l'impression que mon cœur allait se briser. Mes mains tremblaient sans arrêt et j'avais l'impression que ça ne s'arrêterait jamais.

    — Putain ! C'est foutu ! Tout est foutu !

     

    Quand j'ai pu garder son portable… 

    — C'est bien d'avoir son téléphone. Juste pour fouiner.

    — Tu es sûr que c'est une bonne idée ?

    — Ouais, bien sûr. Tu te souviens du mot de passe ?

    — Ouais, je regardais.

    — Bien. Il est temps de commencer le plan de séduction.

    Et le conseil de l'équipe avait préparé le terrain pour le statut qui disait 'Un gars si délicieux. J'ai juste envie de Sarawat'.

     

    Quand Tine n'a pas pu s'inscrire au club de guitare… 

    — P'Dim, tu peux m'aider pour quelque chose ?

    — Quoi ?

    — Tu peux accepter un autre membre ?

    — Qui c'est ? Il est si bon que ça pour que tu le veuilles comme membre ?

    — Non, il ne sait pas jouer de la guitare.

    — Alors pourquoi je l'accepterais ? On a déjà assez de membres, Wat.

    — Mais… c'est quelqu'un que j'aime bien. S'il te plaît, aide-moi.

    — Tu as quelqu'un que tu aimes bien ? Merde ! Est-ce qu'un fantôme te possède ? Amène-le moi.

    — Ok. Je l'amène tout de suite, mais fais comme si on n'avait jamais eu cette conversation.

    — Quoi ?

    — Merci.

     

    Quand j'ai dû ravaler ma fierté et retourner demander de l'aide… 

    — Tine m'a demandé de flirter avec lui parce que quelqu'un le harcèle.

    — Qui ?

    — Ta femme.

    — Merde ! Il doit vouloir mourir. Quelle pute. Je vais m'occuper de lui !

     

    Quand j'ai commencé à utiliser les médias sociaux… 

    — Boss, comment fonctionne Instagram ?

    — Est-ce qu'un fantôme t'a possédé ? Pourquoi tu veux soudainement utiliser Insta ?

    — Je veux créer un compte pour flirter avec Tine.

    — Tu dois trouver un nom pour ton compte.

    — Aide-moi à réfléchir. Je ne sais pas quel nom utiliser.

    — Pourquoi pas love_Tine_forever ?

    — C'est un peu trop excentrique, tu ne crois pas ? Man, une idée ?

    — Moi ? Est-ce que yedTine2016 est bien ? C'est un moment prometteur, donc tu peux le faire pour cette année.

    — Putain.

    — Pourquoi pas Sarawatlism ? Parce que tout le monde t'aime bien.

    — Bonne idée, Tee. T'es d'accord avec ça, Wat ?

    — Ok, ce nom alors.

     

    Quand je suis devenu si protecteur avec lui que ça m'a fait bouillir le sang… 

    — Je ne veux pas que Tine se maquille. Il est à moi !

    — Qu'est-ce que ça a à voir avec toi ? C'est un cheerleader, donc se maquiller est normal. C'est mignon.

    — C'est ça. Parce que c'est mignon.

    — C'est bien d'être mignon.

    — Je n'aime pas ça. Beaucoup de gens vont le regarder. Ugh, c'est tellement énervant.

     

    Quand on s'est mal compris… 

    — Tine a demandé à faire une pause avec moi. Il pense que j'aime Earn.

    — Tu vois, c'est ce que je pensais aussi.

    — Mais Earn est déjà en couple.

    — Mais est-ce que Tine est au courant ? Il est juste en colère contre toi. Je suis sûr qu'il a déjà un faible pour toi.

    — Quel putain de faible ? Ne plus me parler, comme ça.

    — En fait, c'est bien d'être amis car les amis ne se larguent jamais.

    — Je ne m'attends pas non plus à larguer quelqu'un avec qui je suis en couple, d'accord ?

    — … 

     

    C'est donc ça. Avant aujourd'hui, tous mes amis et mes seniors ont dû beaucoup m'aider. Tout ça n'est pas arrivé par coïncidence. Notre rencontre était la seule coïncidence - le reste était planifié. Je n'ai pas l'intention de le dire à Tine. Je ne veux pas recevoir son pied dans la figure.

    Une légère pression de la main de la personne à côté de moi me sort de ma rêverie. Je me tourne pour regarder son visage et il se tourne pour rencontrer mes yeux pendant un moment. Puis il se baisse pour regarder le nom de la chanson sur l'écran du téléphone.

    Le fichier s'appelle "Smile". C'est une chanson de Scrubb que j'ai enregistrée en jouant de la guitare et en chantant, en espérant qu'un jour il l'écouterait. La chanson a été enregistrée l'année dernière, deux jours seulement après avoir rencontré Tine au concert de Scrubb. C'était un peu comme un journal intime pour garder le souvenir de la première fois que nous nous sommes rencontrés.

    Je prends un côté des écouteurs de Tine et le mets dans mon oreille pour revenir à ce jour-là.

     

    'Phukong, tu enregistres ?'

    'J'ai déjà appuyé sur le bouton. Parle.'

    'A toi… Je m'appelle Sarawat. Je n'ai pas de surnom et je… t'ai vu au concert de Scrubb.'

    '…'

    'Je veux te connaître, mais je n'en aurai probablement jamais l'occasion. Alors aujourd'hui, je veux chanter une chanson pour toi. Une chanson qui me rappelle ton sourire. Euh… je n'arrive pas à comprendre ce que disent mes notes, alors je vais juste commencer à chanter…'

     

    Le message vocal commence à devenir saccadé et se transforme en un son de ma guitare Takamine Pro Series préférée. Le fichier n'a pas été enregistré en tant que vidéo, il n'y a donc que du son, ce qui est une bonne chose car je n'ai aucune idée de la façon dont mon visage devait être drôle.

     

    ‘Ton sourire, juste une fois,

    m'a fait oublier tout ce qui s'est passé avant

    m'a fait réaliser ce qui est plus important que

    Ce que rien ne pourrait remplacer

     

    Ta voix, juste une fois,

    m'a fait m'envoler très loin

    Il y a plus que ce que j'ai déjà vu

    Plus que je ne pourrais décrire

     

    Si j'essaie de fermer les yeux maintenant, je vois toujours la même image.

    Je veux juste arrêter le temps

    Juste pour un court instant

    si tu es d'accord pour dire que ce n'est pas aussi facile qu'avant.

    Je veux juste garder ton sourire pour l'instant.

    Je sais qu'il a une certaine signification.

    Je veux juste qu'on pense à ce moment.(2)'

     

    Quand la musique s'arrête, il y a juste un moment de silence, mais le temps restant sur le téléphone montre que l'enregistrement n'est toujours pas terminé. Puis j'entends à nouveau ma propre voix.

     

    'Euh… ça ne va pas sembler si bien que ça. Je n'ai… jamais fait ça avant.'

    '…'

    'Mais il y a une chose que je veux te dire… je ne sais pas si tu auras la chance de l'apprendre, alors tout ce que je peux faire c'est te le dire à travers ce téléphone pour que tu saches que…'

    '…'

    'Je… t'aime bien'

     

    Tine se tourne vers moi pour me sourire. Il pose sa tête sur mon épaule et prononce doucement, pour que seuls nous deux puissions entendre, "Je le savais déjà."

    — … 

    — Je t'aime bien aussi.

     

    Notre session de révision pour les examens s'est bien passée. Mes amis et moi invitions toujours Tine et son groupe à venir étudier avec nous. Quand on restait tard, j'en profitais pour dormir chez lui. Certains jours, quand j'avais la flemme, je le conduisais chez moi pour qu'il y passe la nuit.

    Il y avait quelques avantages, comme des câlins et des baisers, mais pas beaucoup car nous étions tous les deux assez fatigués. Fatigués d'avoir étudié dur, parce que la date des examens approchait.

    Après les examens, nous avons tous fait la fête comme nous l'avions prévu, puis chacun est rentré chez soi à Bangkok.

    Je suis resté une semaine et je suis revenu pour répéter pour le concours de musique. J'appelais Tine tous les jours. Ce semestre, je me suis inscrit au même cours que lui. J'étais tellement excité et j'avais peur de ne pas pouvoir m'inscrire à temps, mais finalement j'y suis arrivé, grâce à Phukong. Il s'est inscrit pour moi, car quelqu'un qui est aussi nul en technologie que moi ne pourra jamais se battre contre 50 personnes pour avoir ma place à côté de Tine.

    Dans la période qui a suivi mon retour à Chiang Mai, j'ai beaucoup appelé ma famille et Tine. Je voulais déménager dans un nouvel appartement avec une chambre assez grande pour deux. Tine et moi étions d'accord pour dire qu'il était fatigant de faire sans cesse des allers-retours entre nos dortoirs, car ils sont très éloignés l'un de l'autre.

    J'ai commencé à faire mes bagages avec l'aide des Lions Blancs et de mon frère. J'ai un double de la clé de la chambre de Tine, alors j'ai emballé ses affaires aussi pour que nous puissions tout déménager en même temps. Nous avons obtenu un grand lit et Man nous a conseillé de prendre un appartement avec un jacuzzi, car cela serait pratique pour mes moments de bonheur avec ma femme.

    Et le jour est enfin arrivé. L'université commence dans une semaine et aujourd'hui Tine revient.

    — Woahhhh. Cet endroit est tellement spacieux.

    — Tu l'aimes ?

    — Bien sûr.

    — Je parle de moi, ça te plaît ?

    — Très drôle. 

    Il se promène, explorant la pièce avec des yeux pétillants. Nous avions déjà convenu de partager le loyer en deux, de sorte que personne ne profite de l'autre. Nous vivons ensemble et acceptons de nous soutenir mutuellement au lieu de laisser une personne s'occuper des factures.

    Je pense que c'est juste. Nous vivons ensemble et partageons les moments heureux comme les moments tristes. Nous nous aidons mutuellement à résoudre différents problèmes. C'est génial.

    Tine entre dans la chambre, jette son corps sur le lit moelleux et ferme les yeux. Comme c'est mignon. Je m'agenouille sur le sol et lui enlève ses chaussettes. Et puis Nuisance s'énerve ou je ne sais quoi, ce qui m'énerve à mon tour, alors je rampe pour l'embrasser… 

    — Ahhhhhhhh.

    Quand il n'était pas là, j'avais l'impression de mourir. Mais maintenant que j'en ai l'occasion, laissez-moi l'écraser de façon sadique pour une fois.

    — Ne bouge pas ou je te retourne. 

    Je l'avertis alors que je tiens tout son corps. De dessous moi, il me regarde avec des yeux endormis, alors j'arrête.

    — J'ai sommeil. Je vais m'endormir.

    — Je sais. Pourquoi es-tu si grincheux ?

    — Je suis tellement fatigué. Le vol a été retardé d'une heure et j'avais tellement faim. Je voulais vraiment manger le congee de Nimman.

    — Alors tu as sommeil ou faim ?

    — Les deux.

    — Tine.

    — Ouais ?

    — Tine.

    Pendant les vacances, Man m'avait entraîné à fond pour que je puisse mettre fin à la guerre avec mon petit ami. Mais comment le demander ? C'est le problème… 

    — Quoi ?

    — On peut ?

    — On peut quoi ?

    Maintenant, il est immobile. Il semble soudain réticent, puis me repousse. Il se déplace pour s'asseoir sur le lit avec un regard indéchiffrable sur son visage. Depuis que nous sommes ensemble, c'est aujourd'hui qu'il a l'air le plus effrayé.

    Mais j'ai aussi pitié de moi.

    — On peut essayer de faire l'amour ? répété-je encore une fois. 

    Son visage est maintenant tendu. Oh non. Man a dit que cette phrase serait la plus douce. Mais comment se fait-il que le gars qui la reçoit ne semble pas du tout intéressé ? Ou devrais-je juste me précipiter et partager ma langue avec lui ? Alors peut-être qu'il ne résistera pas.

    — Tu as bien réfléchi ? C'est pas comme si tu pouvais le faire comme ça.

    — On peut essayer ensemble.

    — C'est pas que je n'y ai jamais pensé, mais j'ai aussi peur.

    — Je comprends.

    J'étais nerveux aussi quand je pensais à Tine gémissant sous mon corps. Je mourrais probablement et reviendrais à la vie encore et encore. Ce serait vraiment très intense.

    — Quand je suis rentré à Bangkok, je n'arrêtais pas de penser à ça. Je me branle tous les jours.

    — Pervers.

    — … 

    — On devrait faire des recherches d'abord ?

    — Man m'a déjà formé.

    — Merde ! T'es pressé, hein ?

    Je me sentais si solitaire quand j'étais seul. Les Lions Blancs continuaient aussi à m'exciter. Qui se soucie si je tombe du wagon ? Être seul faisait que mon esprit partait dans tous les sens. J'en rêvais même parfois. Je devais utiliser mon temps libre pour m'entraîner avec le groupe et jouer au foot avec mes amis, sinon je passais mon temps à être obsédé.

    — Je plaisante. Pourquoi es-tu si sérieux ?

    Je dois mettre fin à cette conversation. Je ne veux pas le blesser. Je l'aime et je le protège, mais j'ai aussi envie de le faire pleurer. C'est déroutant, non ? Je ne le comprends pas non plus.

    — Essayons d'aller au centre commercial ensemble demain.

    — Quoi ?

    — Préservatifs, lubrifiants, outils de nettoyage, pommade et médicaments. Il y en a tellement. Merde, ne le faisons plus.

    — Sérieusement ?

    Je suis confus.

    — Je suis paresseux. C'est tellement compliqué.

    — Pourquoi m'as-tu donné de l'espoir ?

    — Ce n'est pas si facile d'aimer quelqu'un. Je n'ai aimé que des filles toute ma vie et maintenant, soudainement, je sors avec toi. Ma vie a changé, putain, et c'est beaucoup. Je ne sais pas comment l'expliquer.

    Je me rapproche de lui et pose mes mains de part et d'autre de ses épaules.

    — Tine… tu me fais confiance ? Essayons d'abord. Si ça ne va pas, alors nous pourrons arrêter.

    — Pourquoi dois-tu faire ce visage de chiot triste devant moi ?

    — … 

    — Oui, on peut essayer. Mais tu dois faire des recherches aussi, comme… comment le rendre doux.

    Comment le rendre doux ?

    Comment le rendre doux ?

    Comment le rendre doux ?

    Woahhhhhhhhhhhhhhhhh. Je suis vraiment prêt à être totalement doux. Mais attendez ! On va vraiment essayer ? Je peux seulement y penser dans ma tête parce que j'ai trop peur de lui demander de répéter. Je vais supposer que c'est un oui alors.

    — Hé, mec, t'es où ? On va jouer au foot !

     

    Et le temps avant que la douceur puisse arriver devient difficile.

    — Ces types de préservatifs sont acceptables ? demandé-je, en saisissant la boîte pour aller la montrer au type qui se tient à un mètre de là. 

    Le visage de Tine devient de plus en plus rouge. Je ne sais pas si je dois me sentir mal pour lui ou si je dois rire. Il fait semblant de s'en moquer parce que tout le monde autour de lui regarde, mais j'exige qu'il réponde.

    — Non, je n'aime pas le genre texturé.

    — Tu aimes ce genre ?

    Je lui tends une autre sorte.

    — Pas cette saveur.

    — Lesquels tu aimes ? Viens les choisir toi-même.

    — Je ne sais pas. Je ne sais pas, je ne sais pas. Je ne sais pas. Je suis tellement gêné, putain.

    — Ok, je vais les choisir moi-même. Regardons les lubrifiants. J'ai cherché sur internet, cette marque est bonne.

    — A toi de voir.

    — Comment ça peut dépendre de moi ? Je vais l'utiliser sur toi.

    — Ne le dis pas si fort, crétin !

    Son visage rouge a pris la couleur du sang maintenant. Il ne peut soudainement plus rester en place et se déplace vers une autre section du magasin.

    Malheureusement, il rencontre mes fourbes amis Man et Tee. Son visage triste se transforme alors en visage coupable, même s'il n'a rien fait de mal.

    — Tine. Wat. Qu'est-ce que vous faites ici ? demande Man d'un ton taquin.

    — Je l'ai emmené déjeuner. 

    Mes amis hochent la tête et me regardent en clignant des yeux. Je les déteste vraiment parfois.

    — Alors, si tu es là pour déjeuner, pourquoi tu te promènes près des boîtes de préservatifs ?

    — Je ne peux pas passer devant maintenant ? 

    Tine parle maintenant, même s'il n'arrive pas à parler doucement. Je me sens mal. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre que moi le taquine.

    — Ok, je te crois. Hé, Wat, je dois te parler de quelque chose.

    — Dis-moi.

    — Tine est là, tu es sûr que c'est bon ?

    — Quels secrets as-tu avec moi ?

    Immédiatement, Man et Tee me prennent le bras et me tirent hors de là. Ils agissent de façon si suspecte. Mon petit ami est déjà très curieux, alors bien sûr, il suit le mouvement.

    Et Man est un vrai psychopathe. Il essaie de parler fort pour que le gars derrière lui puisse tout entendre. Je me sens mal pour Nuisance tout d'un coup et je n'ai même pas la moindre idée du genre de tours que mes amis sont en train de jouer cette fois.

    — Wat, tu te sens mieux ces derniers temps ?

    — Quoi ? dis-je si doucement qu'on dirait presque un chuchotement.

    — Je comprends tout à fait. Les hommes ont ces sentiments et Tine le comprend bien, parce que c'est aussi un homme. Mais si tu ne peux pas le supporter, dis-le-moi.

    Merde ! Regardez-le déblatérer. C'est un plan bizarre et stupide que Tee a concocté pour se débarrasser de Tine.

    — Ouais.

    — Avant, quand tu faisais du foot et de la musique, ça ne marchait pas, hein ? Tu veux consulter un médecin ?

    — Va te faire foutre. Je n'ai pas de maladie.

    — Ton petit ami, Tine ! S'il ne te le donne pas, ne lui en veux pas.

    — … 

    — Je comprends. Je comprends tout à fait.

    Il se frappe la poitrine. Wow. Je lui accorde cent millions de points pour son jeu d'acteur.

    — … 

    — On se voit au bar ce soir ?

    Puis il fait semblant de chuchoter à mes oreilles, mais il ne dit rien.

    — Hé, Man, on doit y aller. Wat, à plus.

    — Ok, n'oubliez pas le bar ce soir. Je vais te trouver des filles sexy. Je te garantis que tu vas les adorer.

    Ils s'éloignent, laissant Tine debout et me regardant avec un visage boudeur. Il se retourne ensuite vers la zone des préservatifs devant laquelle nous sommes passés plus tôt pour tout balayer - le lubrifiant, la crème et les médicaments. Pendant tout ce temps, il marmonne, disant que je le trompe avec quelqu'un d'autre.

    Il a fallu un long et fatigant moment pour mettre les choses au clair. Merci à Man et Tee d'avoir laissé cette bombe derrière eux.

    — Sarawat, espèce de con, si tu…, marmonne-t-il après qu'on soit rentrés des courses et du dîner. 

    Je viens de finir de me doucher et l'autre type est assis sur le lit, les sourcils froncés.

    — Qu'est-ce qu'il y a ?

    — Si tu ne peux pas le supporter. Comme… toi… 

    — Dis-moi juste.

    — Tu vas au bar ?

    — Ouais.

    Eh bien, en fait, je n'y vais pas. On n'a même pas parlé de se rencontrer là-bas. Man l'a juste sorti de nulle part et maintenant mon copain est paranoïaque.

    — Tu peux ne pas y aller ?

    — Pourquoi ?

    — Je… pense juste que… si tu joues au foot, fais de la musique, ou bois de l'alcool et que tu veux toujours le faire, tu peux te défouler sur moi.

    — Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Je ne te vois pas comme une chose sur laquelle on peut se défouler. Je veux juste t'aimer comme je le veux.

    Je commence à comprendre le plan de Man, mais ça a clairement énervé mon petit ami. Il a l'air si triste que je me sens un peu mal pour lui.

    — Ouais, ça. Je vais te laisser faire. Je vais aller prendre une douche, dit-il, puis il descend du lit. 

    Il court vers la salle de bain très vite. Honnêtement, je ne sais toujours pas de quoi Tine parlait. Tout ce que j'ai vu, c'est qu'il se parlait à lui-même, puis il a couru.

    Il est revenu de la salle de bains une heure plus tard, vêtu d'un peignoir. Il lève les yeux vers moi et va s'asseoir sur le coin du lit en tremblant. Je fais semblant de ne pas y prêter attention et continue à changer de chaîne à la télévision. Pourtant, mon cœur bat la chamade et j'ai envie de le mordre. J'ai envie de me jeter sur lui. Je veux le dévorer.

    L'odeur du gel douche se répand dans toute la pièce. Le beau gosse s'avance sur le lit et me regarde fixement. Il m'embrasse alors hardiment sur les lèvres, me prenant au dépourvu. Sa langue chaude et humide pénètre ma bouche. Nos langues se touchent et s'enroulent et je ne peux presque plus respirer.

    De la salive claire coule sur nos lèvres. Je frotte ma main droite sur sa hanche à travers le peignoir blanc. Mon autre main est sur sa nuque et nous passons tout notre temps à nous embrasser.

    Mon petit ami embrasse si bien.

    Wow. C'est un meneur. Bien, je vais suivre.

    Voir Tine prendre le dessus est hilarant. Je sais qu'il ne veut probablement pas être inférieur, même juste en embrassant. En plus, il est sorti avec plusieurs personnes avant. Je dois lui donner du crédit là où il en a.

    Et plus on s'embrasse, plus nos sentiments nous emportent.

    J'ai déjà entendu dire que lorsque quelqu'un est dans cet état d'esprit, sa tête se vide. Ils ne sont pas capables de penser à quoi que ce soit, mais c'est le contraire de ce que je ressens. Je ne me sens pas du tout vide.

    Je ne ressens qu'une chose… je veux le faire.

    Et merde, je ne me retiens plus. Ce soir est la nuit où je vais ravager ce corps au point qu'il n'aura plus la force de quitter le lit.

    Mon souhait est réalisé. Retenez bien ce que je dis… je vais embrasser mon mec jusqu'à ce qu'il tombe.


    Notes

    (1) Phukong veut dire Lieutenant.
    (2) Roy Yim “Smile” (Sourire) de Scrubb.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 17 Août 2022 à 19:18

    Rah la la, voir les choses du point de Wat est intéressant et mignon XD

    Merci pour ce nouveau chapitre !

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