• Chapitre 2.

    Chapitre 2
    Les victimes en pleurs frappent le tyran.

    — Je pense qu’il y a certaines choses que nous devons clarifier. Rendez-vous à la porte de derrière après l’école.

    Il était plus de dix-sept heures maintenant. Il n'était pas en train d'attendre n’est-ce pas ? Yu Xi Gu utilisa une éponge pour nettoyer l’appareil devant lui, l'air absent. Du côté de la cuisinière, quelques plats étaient en train de cuire. La pièce était remplie de douces odeurs. 

    Ce genre de travail était mécanique, il n’avait pas besoin d’utiliser son cerveau. Il oubliait à chaque fois de faire attention aux perles dans la casserole, alors qu’il l'avait utilisée deux fois. Il s’en était seulement souvenu lorsque Lu Zhi Gang était venu voir la raison pour laquelle il n’avait pas fini de cuisiner, mais se manifesta de nouveau pour vérifier et éteindre le feu.

    — Si tu les fais bouillir comme ça, mes perles vont se transformer en boulettes de viande.

    Yu Xi Gu se rendit compte qu'il était distrait au travail.

    — Je suis désolé ! dit-il en se retournant rapidement pour éteindre le feu, mais Lu Zhi Gang fit un geste pour l’arrêter et l’apaiser en lui disant. Je l’ai déjà éteint.

    Comparé aux perles qui pouvaient être cuites et jetées, l’état des employés était ce dont il devait le plus se soucier. 

    — Que se passe-t-il avec toi ? Es-tu malade ? Tu es distrait.

    — Rien…

    Il ne lui avait pas dit ce qui s'était récemment passé à l’école. Ce n’était pas glamour. Qui plus est, Lu Zhi Gang était toujours inquiet pour lui ; s’il savait que celui-ci avait un problème, il voudrait en savoir plus. Cela serait la pire des situations pour Yu Xi Gu. Il ignora son désir de se confier et s'arrêta alors de parler, avant de réaliser que le regard de l'homme face à lui signifiait tout autre chose. 

    — Es-tu sûr que tout va bien ? Ou es-tu inquiet à propos de l’argent ?

    Lu Zhi Gang se souvint de son air inquiet quand Yu Xi Gu lui avait demandé d’autres services la dernière fois, puis il lui sourit. 

    — Non…

    Lu Zhi Gang le regarda dans les yeux et ne le crut pas jusqu’à ce qu’il le voit esquiver son regard par culpabilité. Cependant, l’homme resta calme et lui dit de ne pas garder ses problèmes pour lui. 

    — As-tu dîner? demanda Lu Zhi Gang inquiet et stupéfait en voyant Yu Xi Gu. 

    — J’ai un repas, je veux juste manger plus tard…

    — Je sais ! C’est la fin du service ! Si tu manges plus tard, tu n’auras pas faim demain matin. Personne ne peut manger deux repas en même temps comme toi ! dit Lu Zhi Gang avec un sourire impuissant.

    En fait, il n’était pas d’accord avec cette habitude, surtout que le jeune homme avait un mal de ventre récurrent. Non seulement il n’en prenait pas soin, mais il mangeait, en plus de ça, avant d’aller se coucher ce qui était vraiment très mauvais. Mais à la pensée de ceux qui vivaient comme ça pendant longtemps et du garçon qui était difficile à persuader, le résultat du dilemme était que lorsqu'il lui tendait un pain cuit à la vapeur, il le voyait refusé poliment. Après ça, il le regardait d'un air menaçant et lui demandait de rentrer chez lui plus tôt. 

    — Tu es un senior de troisième année maintenant, tu as beaucoup d'examens. Dépêches-toi de rentrer et d’étudier, dit Lu Zhi Gang. 

    Yu Xi Gu pensait encore que ce n’était pas correct. Il était en plein conflit. À la place, Lu Zhi Gang le poussa dans les vestiaires pour qu’il se change et quitte le travail.

    Plus tard, le jeune homme changea son uniforme pour partir. Il n’y avait pas de clients dans le magasin alors Lu Zhi Gang l’accompagna jusqu'à la porte. 

    — Rentre chez toi.

    — Bonne nuit, Frère Zhi Gang.

    Lu Zhi Gang le regarda partir et prit son temps avant de retourner dans le magasin. 

    Il y avait du vent ce soir et l’air n’était plus aussi chaud qu’il y a quelque temps. Tout en profitant du vent de la nuit, il regarda la rue devant lui et les piétons qui allaient et venaient. Il ne trouvait généralement pas ce genre de paysage très beau mais il s’y intéressa ce soir. 

    Il ne savait pas qu’en regardant cette scène devant lui, il deviendrait aussi une scène dans les yeux d’une autre personne. 

    Sun Bo Xiang se tenait non loin et regardait dans la direction de Lu Zhi Gang. Il lui était difficile de dégager son cœur de toutes ces émotions. Il savait juste qu’il avait été surpris en trouvant sa cible. Il avait ressenti deux choses : de la consternation en voyant Lu Zhi Gang rencontrer une autre personne et de la jalousie en le regardant interagir de façon trop proche avec celui-ci. Ces émotions, qu’il ressentait, étaient trop complexes, comme une corde autour de ses pieds. Ce qui le rendait incapable d’avancer.

    Sun Bo Xiang avait perdu la volonté de saluer Lu Zhi Gang. Il poussa son vélo sur le chemin du retour avec une expression lourde et une humeur dépressive.

    La scène devant lui, lui avait fait comprendre qu’il n’était pas le seul avec qui Lu Zhi Gang était gentil.

    Il ne le voyait et ne lui parlait que dans le gymnase de Sun Wen Jie et Lu Zhi Gang était très gentil avec lui. Il avait naturellement pensé qu’il était spécial, mais il avait oublié qu’il avait son propre monde, qu’il existait d’autres personnes qu’il ne connaissait pas et dont il ignorait l’existence. Il n’était que le cousin d'un ami qui l’aimait secrètement depuis longtemps. Qu’avait-il de si spécial ?

    Un jour, alors qu’il n’était pas venu aider son cousin au gymnase, il avait entendu dire que Lu Zhi Gang s’était renseigné sur lui. Il pensa que Lu Zhi Gang pensait à aussi lui. Maintenant, Sun Bo Xian pensait qu’il était un idiot. Quel était l'intérêt de lui manquer ? Il n’avait jamais vu Lu Zhi Gang le regarder avec des yeux si attentionnés. 

    Pour Lu Zhi Gang, il n’était que le cousin de son ami ? À cause de ça, il devait faire avec, n’est-ce pas ?

    — Ah ! N’y pense plus ! hurla-t-il en essayant de se débarrasser des émotions négatives. 

    Bien qu'il ait attiré l'attention autour de lui, l'effet de son cri était remarquable. Alors que le paysage venait de s'estomper, le visage de Yu Xi Gu apparu de façon très nette, ce qui le mit en colère. 

    — Yu Xi Gu ! Tu as volé la petite amie de A-Hao, puis tu voles frère Zhi Gang…

    Une nouvelle haine envers Yu Xi Gu surgit dans son cœur et s'ajouta à l'ancienne. Son poing lui faisant mal, il espérait le frapper au visage pour lui faire sentir la douleur. 

    Sun Bo Xiang avait toujours été impulsif, ce qui était quelque chose que même Xia En ne pouvait pas empêcher. 

    Cette nuit-là, son humeur eut des hauts et des bas à cause de l'ascenseur émotionnel qu'il avait vécu plus tôt. Ses nerfs sympathiques étaient hyperactifs ; il n'avait pas vraiment dormi de la nuit. Lorsque son réveil sonna, il se retrouva dans un état de transe, se demandant ‘Où suis-je et qui suis-je’. Il resta ainsi jusqu'à ce qu'il vit Yu Xi Gu à l'école.

    Les conséquences de la privation de sommeil étaient souvent imprévisibles.

    Lorsque Sun Bo Xiang revint à lui, il se tenait devant Yu Xi Gu pour lui barrer la route. 

    — Quelle relation as-tu avec frère Zhi Gang ? demanda-t-il et en voyant que son camarade stupéfait ne répondait pas et semblait confus et perplexe, Sun Bo Xiang devint furieux. Ne dis pas que vous ne vous connaissez pas, je vous ai vu hier soir !

    Yu Xi Gu ne répondit pas à la question car il ne comprenait pas comment le problème avec Xiang Hao Ting avait évolué vers cette nouvelle confusion, au point de créer un problème avec Lu Zhi Gang cette fois-ci. Pourquoi, de toutes les personnes possibles au monde, appartiendrait-il à Sun Bo Xiang ?

    Il n'avait pas envie d'être harcelé par Sun Bo Xiang. La fois d'avant lui avait suffi, alors il prévoyait de le contourner et d'aller en classe silencieusement. Qui aurait pu se douter de ce que Sun Bo Xiang allait faire comme histoire ? Il ne pouvait pas s'enfuir. Sun Bo Xiang lui saisit l'épaule et le força à s'arrêter.

    — Ce ne sont pas tes affaires. Que vas-tu faire ? Ne me dérange plus.

    Sun Bo Xiang regarda son expression fatiguée et son esprit se rappela alors de la scène de la veille.

    Après une nuit passée à ruminer, l'image avait été sérieusement déformée. À ses yeux, Yu Xi Gu était la personne que Lu Zhi Gang aimait le plus et il n'avait pas hésité à le faire venir à son magasin. L'attitude de Yu Xi Gu qui cherchait à l'ignorer et s'éloigner déclencha en lui une féroce envie de vaincre le plus faible ; c'était une question de fierté.

    — Qu'est ce qui ne me regarde pas ? Les affaires de mon frère Zhi Gang sont mes affaires ! s'emporta Bo Xiang sans retenir ses émotions alors que soudain lui vint une drôle idée qui le ravagea de tristesse. Aimes-tu aussi frère Zhi Gang ?

    L'aimer ? Yu Xi Gu ne s'attendait pas à ce que ce mot apparaisse. Il avait toujours été difficile pour lui de le gérer. Il fronça inconsciemment les sourcils, perplexe. Ceci, aux yeux de Sun Bo Xiang, apparut comme un regard ennuyé et la crédibilité de son hypothèse s'en trouva tout de suite ébranlée.

    — Laisse moi partir... dit-il en essayant de s'éloigner mais il était fatigué et ne pouvait pas bouger de contre le mur.

    — Il est à moi ! Personne n'a le droit de s'en mêler !

    — Je ne comprends pas de quoi tu parles... expliqua Yu Xi Gu qui avait envie d'hurler. 

    Pourquoi les pensées de ce genre de personnes n'étaient liées qu'à l'amour, au vol ou à rien ?

    Aucun des deux n'était prêt à faiblir. L'un luttait tandis que l'autre refoulait. Lorsque la scène s'apprêtait à se transformer en combat, une furieuse réprimande les arrêta. 

    — Sun Bo Xiang, que fais-tu ?

    Non loin de là, un professeur les vit et s'approcha rapidement. Sun Bo Xiang relâcha sa main à contrecœur et jura discrètement contre la façon dont il avait pu être attrapé si facilement. Pensant au fait que Yu Xi Gu était un élève important dans l'esprit de l'enseignant, il injuria sa ‘Bonne chance de chien’.

    Yu Xi Gu ne savait pas vraiment s'il s'agissait d'une bénédiction ou d'une malédiction. Bien qu'il était fatigué que Sun Bo Xiang vienne lui chercher des ennuis, il était encore plus effrayé à l'idée que le professeur découvre l'histoire et la raison du conflit ; il ne voulait pas prendre l'aîné Lu Zhi Gang à partie. Il continua d'éviter les yeux de Sun Bo Xiang car il avait peur que son erreur ne le rende malheureux. Il était prêt à lui raconter toute l'histoire à propos de son travail après l'école. 

    Quand Sun Bo Xiang vit qu'il n'était pas possible de donner une leçon à Yu Xi Gu, il ne put s'empêcher de le regarder avec fureur avant de s'éloigner.

    — Tout va bien, ? demanda le professeur avec inquiétude, quand il vit l'expression étrange sur le visage de Yu Xi Gu.

    — Non...

    — Si tu as besoin de quelque chose, s'il te plaît, dis-le moi.

    — Merci.

    Yu Xi Gu regarda le professeur partir et en fut soulagé. Heureusement, Sun Bo Xiang n'avait rien dit à propos du travail, parce que les élèves n'étaient pas autorisés à travailler et Lu Zhi Gang aurait eu des ennuis. 

    ----------------------------------------

    Il se dépêcha d'aller dans la classe 302 comme un fugitif en fuite. Il pensait pouvoir s'asseoir et respirer un peu, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il y ait un cercle de personnes autour de sa place.

    Ce matin, deux choses inattendues lui étaient arrivées comme une course de relais, ce qui fit que Yu Xi Gu, qui n'aimait pas le changement, se sentit un peu étourdi.

    — Mon bureau… ma chaise...

    Son bureau et sa chaise avaient disparu.

    La place où il était supposé s'asseoir était à présent vide. Le sourire des étudiants n'était pas feint. Xiao De ne put rien faire d'autre que de le regarder ; après tout, il avait assisté à la scène de ses propres yeux. 

    — Xiang Hao Ting dit que tu lui as posé un lapin, donc il a pris ton bureau et ta chaise en otages et  te demande d'aller le trouver au bâtiment X.

    Yu Xi Gu se sentit épuisé après avoir entendu ces paroles.

    Il leva les yeux et vit Xiang Hao Ting le regarder, tandis qu'il l'attendait dans un coin des escaliers. 

    — Peux-tu me rendre ma table et ma chaise ? demanda-t-il en arrivant au milieu des escaliers. 

    — Excuse-toi ! dit Hao Ting, dominateur et scandalisé.

    — Pourquoi devrais-je m'excuser ?

    — Tu n'es pas venu hier !

    Xiang Hao Ting était encore en colère rien que  d'y penser. Il était revenu à l'école pour l'arrêter mais se sentait ridicule de ne pas l'avoir fait. Il jura de faire en sorte que Yu Xi Gu s'excuse.

    — Je n'ai jamais promis que je viendrais.

    Hao Ting fronça les sourcils en regardant le visage de Yu Xi Gu se crisper. Il comprit alors que les menaces permanentes qu'il avait reçues de ces gars l'avait conforté dans son refus de s'excuser. Mais il décida d'agir en bonne personne et poursuivit jusqu'au bout, en prenant soin d'expliquer les causes et les conséquences. 

    — Mes amis ont dû nettoyer les toilettes par ta faute, dit-il.

    — Ils m'ont frappé.

    — Ils t'ont frappé parce que tu avais volé ma petite-amie, ajouta-t-il.

    — Je ne l'ai pas volé.

    Yu Xi Gu se sentait vraiment fatigué. Pourquoi le monde entier pensait qu'il voulait voler sa petite-amie ? Quelqu'un l'avait-il interrogé ?

    La réponse de Yu Shi Gu n'était rien aux yeux de Hao Ting, alors il lui montra la photo que Xia En avait prise et qui valait tous les discours du monde ; surtout qu'il y avait désormais deux nouvelles photos. Il ne pouvait plus le nier, n'est-ce pas ?

    Qui sait ?  Yu Xi Gu lui dit juste :

    — Elle s'est assise et m'a demandé de lui donner des leçons et elle a dit qu'elle aurait froid sans manteau.

    Ainsi que d'autres justifications dans ce genre et ceci sans aucune trace de culpabilité dans les yeux ; il semblait innocent. Mais Xiang Hao Ting ne pouvait pas croire à un malentendu quand il repensait à l'indignation de Xia En. Après avoir comparé les deux discours, il croyait davantage en ses amis. Il croyait fermement que Yu Xi Gu était le genre de mec qui refusait d'assumer la responsabilité de ses actes et qui n'avait aucun regret d'agir en ordure !

    En un clin d'œil, Hao Ting s'approcha de lui et le regarda fixement. Yu Xi Gu lui retourna son regard.

    — Es-tu un homme ? Pourquoi remets-tu la faute sur une fille ?

    Il attrapa soudainement le col de Yu Xi Gu et le souleva. La distance entre les deux se réduisit en un instant, au point qu'ils sentirent leur respiration et que leurs rythmes cardiaques se synchronisèrent.

    — Vous, les intellos, pensez peut-être que le monde vous tourne autour ? demanda-t-il d'une voix rauque. 

    — Je ne l'aime pas ! s'écria Yu Xi Gu en attrapant son encolure. 

    La baisse brutale d'oxygène se manifesta par une rougeur sur ses joues. On aurait dit qu'il allait s'arrêter de respirer à tout moment, malgré tout, il continua sur sa lancée.

    — Alors pourquoi es-tu si proche d'elle ?

    — Je n'en suis pas proche !

    Ces quelques mots eurent l'effet d'un ciseau sur Hao Ting, coupant la ligne de ses pensées rationnelles. S'il avait été un personnage de jeu vidéo, il aurait sûrement déjà fait un pas en avant pour le tuer sur le champ.

    — Peux-tu dire autre chose que non ?

    Après avoir rugi, il serra son poing et vint durement  frapper la poitrine de Yu Xi Gu.

    Bam ! Yu Xi Gu fut repoussé sur le côté de la balustrade, ses sourcils s'étaient  fortement plissés tandis qu'il haletait de douleur.

    — À quel point est-il difficile pour toi de t'excuser ?

    — Je ne suis pas en tort. Je ne m'excuserai pas.

    — Tu le dis à nouveau, dit Hao Ting d'une voix pressée, qui n'était pas le signe d'une accalmie mais bien le contraire ; quand il parlait ainsi, cela voulait généralement dire qu'il était furieux. 

    Mais Yu Xi Gu ne le comprit pas. Il savait seulement qu'il avait raison et ne pouvait pas s'incliner.

    — Je ne m'excuserai pas si je ne suis pas en tort !

    Hao Ting était tellement en colère qu'il serra de nouveau le poing.

    Le corps de Yu Xi Gu chercha instinctivement à se protéger, mais son amour-propre lui interdit de se retrouver à nouveau passif, alors il se redressa pour faire face à Hao Ting. Incapable de retranscrire l'ambiance, la vérité se déforma jusqu'à ce que le professeur, que Li Si Hao avait avertis, arrive pour mettre fin à la violence sur le campus.

    — Xiang Hao Ting ! Laisse-le partir maintenant ! menaça immédiatement le professeur. Si tu ne le laisses pas, j'appellerai tes parents !

    Hao Ting n'avait pas peur de ses parents mais il n'aimait pas laisser les choses en suspens. Yu Xi Gu, qui avait retrouvé sa liberté, manqua de chanceler et eut des difficultés à se redresser. Cependant, il s'obstinait à rester debout et ne voulait pas s'incliner.

    — Bien, tu peux retourner en classe, dit le professeur, avant de se retourner et crier à Xiang Hao Ting. Toi ! Suis-moi au bureau du proviseur !

    Merde ! Il ne pouvait pas admettre ses erreurs ! Hao Ting était en colère, mais il ne pouvait pas attaquer maintenant qu'il se rendait chez le proviseur. Il ne put que fixer le dos de Yu Xi Gu avec colère.

    Yu Xi Gu s'éloigna rapidement en serrant les poings. La lueur dans ses yeux ne brillait pas de colère parce qu'il était incompris, mais parce que son quotidien paisible avait été perturbée par Xiang Hao Ting et ses amis.

    Qui avait-t-il offensé ? Yu Xi Gu se creusa la tête et devina que tout ça avait été causé par la fille qui avait soudainement voulu devenir plus proche de lui. Au cours des prochains jours, il devait simplement éloigner Li Si Hao de sa vue autant que possible, sinon comment pourrait-il étudier ?  Après trois jours de menaces ou encore cinq jours sans table ni chaise ? Il ne fallait pas être stupide !

    ----------------------------------------

    — Très bien, lève toi, dit Mère Xiang qui était un peu angoissée de le voir ainsi. 

    — Encore trente-deux minutes, dit Xiang Hao Ting en regardant le compte à rebours du téléphone.

    Les bagarres de Hao Ting étaient parvenues jusqu'aux oreilles de ses parents. Son père, qui avait toujours détesté ses bagarres, le punissait directement en le faisant se mettre ‘à genoux’ dans le salon. Hao Ting était aussi têtu ; il ne demandait pas grâce lorsqu'il était agenouillé et profitait même de ce moment pour planifier de nombreuses choses. 

    — Ne blâme pas ton père pour être à genoux, cette fois-ci c'est vraiment ta faute ! Tu avais promis que tu ne te battrais plus.

    — Je m'en souviens ! Je l'ai seulement poussé et tiré vers le bas. Je n'ai rien fait !

    — Ohhh… Quel âge as-tu ? As-tu besoin d'être aussi déterminé alors que tu n'es qu'un étudiant ? Et  maintenant que tu as grandi, que vas-tu faire si tu soulèves quelqu'un et que tu lui fais mal ? dit Mère Xiang avec sérieux,avant de rajouter. La prochaine fois, il n'y aura pas d'exception.

    — M'man ! C'est une question de principe ! Et s'il prenait la première place dans toute l'école... gronda dédaigneusement Hao Ting. Il n'a aucun sens des responsabilités et il rejette tous les blâmes sur les filles ! Et il adore dénoncer. C'est le genre de personne que je déteste le plus !

    — Ce n'est pas facile, hein? dit mère Xiang avec un sourire. 

    — Tu n'as qu'à prendre la première place à l'examen et rendre ce garçon furieux, répondit-elle froidement.

    — La psychologie inversée ne marche pas sur moi.

    La mère de Hao Ting savait que son fils était toujours dur à persuader et lui rappela seulement de remettre en place la table et la chaise de l'autre garçon, mais elle fut aussi bouleversée lorsqu'elle vit son fils hocher la tête de manière distincte. 

    Ce n'est pas normal pour lui d'être si obéissant. Mère Xiang fronça les sourcils.

    Xiang Hao Ting rapporta la table et la chaise le jour suivant, mais sentit qu'il ne pouvait pas faire abstraction de son sentiment de colère, alors il passa un certain temps à dessiner des motifs musculaires sur la table et la chaise en écrivant trois mots. ‘Prends tes responsabilités.’ Si le proviseur ne l'avait pas obligé à les rendre tout de suite, il les aurait gardé quelques jours de plus pour pouvoir dessiner un homme musclé, afin que Yu Xi Gu sache qu'un homme responsable doit avoir la carrure pour supporter ses fautes. 

    Dans l'esprit de Hao Ting, cet évènement était terminé et un autre désir émergeait.

    Comment pouvait-il revoir à nouveau ‘cette’ expression sur le visage de Yu Xi Gu ? Cet homme têtu et colérique ne voulait pas admettre la défaite…. Xiang Hao Ting avait trouvé Yu Xi Gu vivant, différent de la personne froide qu'il était habituellement.

    Hao Ting savait que lorsqu'il montrait cette expression, cela signifiait qu'il avait réussi à marcher sur la queue de Yu Xi Gu.

    L'idée grandit de jour en jour ; une telle expérience était rare. Lorsqu'il s'en rendit compte, il entra dans la bibliothèque où il n'était jamais entré. Il regarda Yu Xi Gu de derrière une étagère et l'observa étudier avec attention, pendant un long moment. Xiang Hao Ting savait que ce qu'il faisait n'était pas normal. Au moins, il n'avait jamais observé quelqu'un dans le bureau du professeur de l'autre côté du couloir et il trouva l'inspiration pour savoir comment battre Yu Xi Gu. 

    Maintenant que sa décision était prise, il ne restait plus qu'à agir.

    Il attendit patiemment la fin des cours, passant délibérément devant la classe de Yu Xi Gu et saluant Xia De pour lui faire croire qu'il partait, puis il attendit devant la porte du lycée. 

    Dix-sept heures. Il y avait tellement d'étudiants qui entraient et sortaient du lycée qu'il en fut étourdi, les sœurs de ses camarades le voyant  ne cessait de crier afin d'obtenir son LINE. Dix-huit heures. Le nombre de personnes avait diminué et le ciel s'était progressivement assombri. Tous les visages étaient rouge orangé, mais on ne voyait toujours pas Yu Xi Gu partir. Après un long moment, Hao Ting sortit lentement de la bibliothèque et ne vit pas Yu Xi Gu assis à sa place habituelle.

    Il était 19h27.

    — Tu ne devrais pas t’en aller ? dit Xiang Hao Ting en fronçant les sourcils. Il est super tard….

    Il était encore dans la classe ? Presque toutes les salles de classe avaient leur lumière éteinte. Il n'y avait que la classe 302 encore éclairée. Il s'approcha discrètement et jeta un coup d'œil par la fenêtre pour regarder à l'intérieur. 

    Yu Xi Gu était toujours là.

    Alors qu'il réfléchissait à l'endroit où se cacher pour l'observer de plus près, il entendit des bruits de pas. Xiang Hao Ting s'empressa de chercher un endroit sombre pour se cacher, pour découvrir que c'était le garde qui patrouillait. Lorsqu'il vit Yu Xi Gu, il ne se fâcha pas mais expliqua simplement d'un ton aimable qu'il était temps de rentrer chez lui. Il semblait que ce n'était pas la première fois qu'il restait si tard. 

    — Ok, merci, répondit poliment Yu Xi Gu, se préparant à partir.

    Dès qu'il le vit partir, Xiang Hao Ting s'empressa de le suivre. Il resta à bonne distance pour ne pas se faire repérer mais assez proche pour ne pas le perdre de vue. De plus, Yu Xi Gu était très concentré lorsqu'il marchait, il ne vit pas qu'il avait été pris pour cible. 

    Ils marchèrent à bonne distance l'un de l'autre, s'approchant de nombreux arrêts de bus. Au moment où Xiang Hao Ting s'inquiétait de savoir comment éviter d'être vu dans le bus, il le vit passer directement à travers la foule qui attendait, marchant tout du long sans s'arrêter.

    — Combien de temps prend-il pour rentrer ? Pourquoi tu ne prends pas le bus ?

    Xiang Hao Ting ne le comprenait pas, alors il ne put s'empêcher de le suivre jusqu'à ce qu'ils tournent dans une petite ruelle et le vrai problème commença. Yu Xi Gu tournait à gauche puis à droite, comme s'il traversait un labyrinthe. Il était facile de perdre son esprit sans mentionner ses points de vie.

    Finalement, juste avant que les capacités cérébrales de Xiang Hao Ting ne s'épuisent, Yu Xi Gu marcha jusqu'à une porte du premier étage et cela mit fin à la traque.

    — Fiou..

    Il resta dans la rue, fixant le vieil immeuble jusqu'à ce qu'une des fenêtres s'illumine. 

    — Je te tiens, cria joyeusement Hao Ting d'un air satisfait.

    La chambre de Yu Xi Gu était assez ennuyeuse, à l’image de sa vie. Dans l'étroit espace, il y avait seulement un lit, une table et une armoire. Il n'y avait pas de jeux vidéo, de ballon de basket ou de comics que les jeunes aiment lire de nos jours, ni aucune distraction. 

    Après un simple bain, il retourna étudier. En plus de tout cela, sa vie était grise, comme un bassin d'eau stagnante. Le temps passait lentement et il ne s'endormit que lorsqu'il fut fatigué. Il ne comptait pas le nombre d'heures qu'il pouvait dormir par nuit. Son corps s'était habitué à se réveiller quand il le fallait. 

    -----------------------------------

    Le matin, il mangea le reste du pain cuit à la vapeur comme petit déjeuner puis prépara ses affaires et mit son uniforme. Il dit au revoir à son scarabée à corne, qu'il élevait, enleva la chaîne qui fermait sa porte et tira…

    — Pourquoi ça ne fonctionne pas ? se demanda-t-il alors qu'il n'arrivait pas à ouvrir.

    Yu Xi Gu fut d'abord stupéfait, pensant qu'il était coincé, alors il tira plus fort. La porte bougea un peu, mais se referma rapidement. Immédiatement, il pensa que quelqu'un pouvait être derrière la porte. 

    — Qui est-ce? demanda-t-il. 

    C'est à cet instant que le visage d'une personne apparut soudainement dans l'entrebâillement de la porte. Puis elle disparut aussitôt, sans attendre la réaction de Yu Xi Gu. Bien sûr, la porte ne s'ouvrit toujours pas, car Hao Ting faisait ça intentionnellement. Ce dernier pensa que, puisque Yu Xi Gu était si préoccupé par les résultats, alors il devait commencer à mettre le bazar dans sa vie en commençant par ça.

    — Xiang Hao Ting... dit Yu Xi Gu stupéfait. Ne fais pas ça, ce sont les examens de mi-semestre aujourd'hui.

    — Je sais, c'est la raison pour laquelle j'ai choisi ce jour !

    Il savait ? Et alors ? Une sensation de froid se répandit dans le  cœur de Yu Xi Gu ; il se dit que c'était une autre occasion pour Hao Ting de mettre les choses au clair. Mais Xiang Hao Ting, cette fois-ci, avait découvert son point faible. Il ne pouvait pas prendre son temps, comme il l'avait fait dans les escaliers. Il commença bruyamment et désespérément à frapper contre la porte.

    — Xiang Hao Ting ! Qu'essaies-tu de faire ?

    La porte ne bougea pas. Xiang Hao Ting était décidé à lui faire rater son examen. Vu la force que ce dernier  employait, il savait qu'il avait vu juste ; comme prévu, la chose la plus importante pour Yu Xi Gu était sa réussite, ce foutu excellent élève. 

    Voyant qu’essayer de le raisonner ne fonctionnait pas, Yu Xi Gu comprit que, quelques jours plus tôt, il avait offensé l'autre garçon en refusant de s'excuser.  Il décida de changer de stratégie.

    — Tu veux que je m'excuse, non ? Ok, je suis désolé. Je suis désolé. Je suis désolé. Ok !

    La porte ne voulait toujours pas s'ouvrir.

    Évidemment, ses excuses n'avaient pas été acceptées mais, pour l'instant, il n'avait pas d'autres solutions en tête. Le temps passait vite et s'il ne sortait pas, le plan de Hao Ting réussirait. 

    — Dégage du chemin ! Je veux sortir !

    La porte ne bougeait toujours pas. Yu Xi Gu était tellement en colère qu'il arrêta de parler et se concentra pour tirer la porte et partir.

    Bam !

    La force de traction était de plus en plus forte. À un moment, elle échappa à Hao Ting qui en fut surpris. Après un moment de réflexion, il lâcha simplement la poignée et entendit un grand et lourd ‘Boom’ derrière la porte. 

    Hao Ting regarda dans la pièce et vit Yu Xi Gu assis sur le sol, tremblant de partout. Il n'était pas difficile de deviner qu'il avait utilisé ses mains pour tirer désespérément sans habileté ni force. Heureusement qu'il ne s'était pas disloqué les mains.

    Hao Ting regarda l'homme qui était assis au sol et qui n'arrêtait pas d'haleter, essayant de trouver la force de se battre à nouveau. Il se sentit soudainement en transe. Il y avait beaucoup de gens qui tombaient et se relevaient rapidement, surtout ceux qui n'admettaient pas la défaite, mais… c'était juste un jeu, pas vrai ? Les examens de mi-semestre en valaient-ils la peine ? C'était mieux de les rater et d'aller aux rattrapages, non ?

    Juste au moment où il se posait ces questions, Yu Xi Gu saisit cette opportunité pour se relever, attraper son sac, pousser Hao Ting et se précipiter dehors, même si ses mains étaient douloureuses.

    À cette heure-ci, même s'il prenait le bus, il était condamné à être en retard. Mais il  savait parfaitement que, sans agent pour prendre un taxi, il ne pouvait que courir. Heureusement, il ne serait peut-être pas trop en retard. 

    Xiang Hao Ting sortit de son ahurissement et courut pour le rattraper. À son grand désarroi, il se rendit compte qu'il ne pourrait pas rattraper l'intello qui ressemblait à un nerd ; il put seulement regarder son dos. Lorsque Yu Xi Gu arriva aux portes de l'école, il trouva le portail fermé. Il jeta son cartable et sauta par-dessus. Dans les yeux de Xiang Hao Ting, son air désespéré fut remplacé par la surprise au point d'atteindre un royaume inimaginable.

    Que faisait-il ? Pourquoi se battait-il ? Xiang Hao Ting ne put répondre. Il ne put que le suivre et sa confusion grandit. 

    — Au rapport ! Professeur, je suis désolé d'être en retard. Je vais passer l'examen maintenant...

    À son arrivée, Xiang Hao Ting vit Yu Xi Gu qui suppliait d'entrer en classe pour l'examen. Les émotions, telles que la peur, le malaise, l'anxiété et la panique, inondaient son discours.

    — Elève Yu, une heure est déjà passée. Tu peux seulement attendre l'examen de rattrapage, dit le professeur impuissant.

    Il ne pouvait pas trouver d'excuses devant tous les élèves, même pour son préféré.

    Lorsque Hao Ting entendit cela, il hurla immédiatement un ‘Oui’ pour avoir atteint son objectif. 

    — S'il vous plaît, s'il vous plaît ! Professeur, s'il vous plaît !

    Yu Xi Gu continua à insister pour passer l'examen et baissa même la tête. Hao Ting, le visage lisse et renfrogné, perdit peu à peu le plaisir d'avoir atteint son objectif ; son sentiment d'étrangeté était extrêmement fort. Si la sensation avait été physique, sa bouche aurait vomi partout.

    Quand le professeur vit à quel point il était têtu et n'avait pas l'air bien il lui dit :

    — Ne dérange pas tes camarades, sort avec moi.

    Le professeur prit la tête pour sortir, vit Xiang Hao Ting dans le couloir et lui demanda. 

    — Pourquoi es-tu ici ?

    La réponse malicieuse de Hao Ting rendit le professeur tellement furieux qu'il failli lever son bâton d'enseignement pour le battre.

    À ce moment, Yu Xi Gu se précipita à l’extérieur et saisit nerveusement le bras du professeur tout en le suppliant.

    — S'il vous plaît, professeur, s'il vous plaît, je n'ai besoin que de trois minutes, trois minutes et j'aurai fini.

    — Les règles sont les règles. S'il te plaît, c'est inutile.

    — Oui ! répondit Hao Ting. 

    — Si tu continues, j'appelle le directeur.

    Les mots du professeur sonnèrent comme la foudre, étranglant le seul espoir de Yu Xi Gu. Il ne put même pas hurler. Après avoir fermé la porte de sa conscience, il s'agenouilla pour sauver sa vie. Ses yeux étaient trop hébétés pour se concentrer.

    — Hé ! Yu Xi Gu, lève-toi ! Tu te lèves, fais-le, je...

    — Si vous ne me le promettez pas, je ne me lèverai pas ! rugit Yu Xi Gu la voix étouffée. 

    Aux yeux des autres, c'était peut-être un grief mais aux yeux du professeur, c'était devenu une menace. 

    — Je ne peux pas te le promettre !

    Xiang Hao Ting n'avait jamais vu quelqu'un comme lui. C'était comme si… c'était la fin du monde.

    — Tu n'exagères pas un peu ? Tout le monde te regarde. Est-ce nécessaire de faire ça ? le prévint-il. 

    Dans son coeur, il pensa que le jeune homme n'accepterait pas de ne pas être à la première place. Après tout, la note de rattrapage serait réduite, ce qui le condamnerait à ne pas arriver en tête de liste. Mais cette raison était-elle vraie ? Xiang Hao Ting savait combien les questions qu'il se posait étaient difficiles.

    Dans ce monde, certaines personnes pouvaient casser la porte, tomber, se blesser et traverser la route en courant le risque de se faire renverser par une voiture. Ou même, s'agenouiller pour demander au professeur de passer l'examen de mi-semestre, alors que la plupart des gens préféreraient ne pas le faire. Quelle compétition était-ce ?

    Xiang Hao Ting n'avait pas de réponse, ses pensées étaient confuses, sans indice. Yu Xi Gu se leva et marcha vers lui. Sans prévenir, il leva son poing et le frappa au visage.

    — Ah !

    Hao Ting n'était pas préparé. La sensation de douleur était synchronisée avec les exclamations de la classe. Pas seulement les élèves, mais aussi le professeur étaient choqués. Personne ne s'attendait à ce que le meilleur étudiant frappe quelqu'un. De plus, Hao Ting prenait le coup avec fierté. 

    Aussitôt frappé, Hao Ting serra immédiatement le poing pour se défendre, mais il ne put rien faire car Yu Xi Gu pleurait.

    — Ahhhh...

    Il pleura si fort et si amèrement, comme si tout le désespoir du monde s'était abattu sur lui. 

    Pour Yu Xi Gu, c'était vraiment la fin du monde. Quoi de plus douloureux que l'impossibilité de passer ses examens, l'impossibilité de battre quelqu’un, l’impossibilité de faire une demande de bourse et la destruction de tout ce qu'il avait laborieusement préparé ?

    Xiang Hao Ting ne savait pas comment réagir. Qu'avait-il fait ? Pour le plaisir d'un moment, alors que Li Si Hao avait dit que le garçon n’était pas vraiment important pour elle, et au nom de ses amis qui avaient dû balayer les feuilles pour l’avoir frappé, qu'avait-il fait à Yu Xi Gu ?

    Il regarda son visage en pleurs, se souvenant du ‘Je suis désolé’ et de la puissance du claquement de la porte, qui n'avait laissé que le silence.



  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :