• Chapitre 19

    Chapitre 19

    Professeur adjoint Boonlert Songsakdina, chirurgien cardiothoracique à la faculté de médecine de la meilleure école de médecine du pays.

    Mes mains tremblèrent lorsque je réalisai le statut social de cet homme. Je m'étais excusé pour aller aux toilettes afin de vérifier ses informations personnelles en ligne et de me calmer avant de retourner à mon bureau où il m'attendait. Je glissai mon téléphone dans la poche de mon pantalon et me cognai doucement le front contre la porte des toilettes. Je repris mon calme et ouvris la porte pour faire face à la vérité qui m'attendait à l'extérieur.

    Que faire ? Que devrais-je faire ? Si je pensais que gérer Bunn était difficile, son frère aîné semblait l'être encore plus. Je ne voulais même pas penser à l'ingéniosité de Boonlert.

    Je retournai à mon bureau. Le docteur Boonlert m'attendait déjà sur le canapé. L'homme avait l'air calme et bien plus mature que Bunn. Il était entouré d'une sorte d'aura qui exigeait le respect des gens sans avoir à prononcer un seul mot.

    — Désolé de vous avoir fait attendre, dis-je en me dirigeant vers le petit canapé pour m'y asseoir.

    — Ce n’est pas grave, dit Boolert les yeux fixés sur moi. Depuis combien de temps connaissez-vous Bunn ?

    — Eh bien... Je le connais depuis un certain temps.

     Je décidai de lui raconter des salades. Si je lui disais la vérité, à savoir que Bunn et moi ne nous connaissions que depuis une semaine, il pourrait avoir des soupçons.

    — Environ six mois.

    — Et avant qu'il ne disparaisse, où l'avez-vous vu pour la dernière fois ? Quand ?

    Je sentis le regard de cet homme me transpercer la tête. 

    — À l'hôpital. Je suis allé le chercher là-bas après le travail et nous avons dîné chez moi. Nous avons bavardé. C'était deux jours avant qu'il ne disparaisse, dis-je en lui jetant un regard inquiet. Je suis très inquiet. Je ne sais pas s'il est mort ou non. J'ai aussi entendu dire qu'il y avait des signes de lutte dans sa maison.

    — Etait-il en conflits avec quelqu'un ?

    Je secouai la tête. 

    — Je ne pense pas que Bunn soit en conflits avec qui que ce soit en particulier. Cependant, comme son travail implique toutes sortes de procès, je ne suis pas sûr qu'il n'ait pas énervé quelqu'un.

    — Je n'ai cessé de lui parler des risques professionnels liés à ce métier, acquiesça le Dr Boonlert. Mais il l'a quand même choisi et a décidé de travailler loin de moi.

    Il retira ses lunettes et les rangea dans sa poche de poitrine. Je remarquai que Boonlert et Bunn se ressemblaient énormément. Le visage de Boonlert présentait davantage de signes physiques de vieillesse. Je pouvais voir son regard inquiet. 

    — À part vous, savez-vous s'il fréquente quelqu'un d'autre ?

    — Ce que je sais, c'est qu'il avait Pert - et que ce type a disparu quelques jours plus tôt. Vous pensez qu'il y a un lien ?

     Je tentai de faire semblant, comme lorsque j'avais menti à Bunn pour qu'il me croie. 

    — Pert, le procureur, l'ami de lycée de Bunn, acquiesça Boonlert. Je ne sais pas s'il y a un lien entre les deux, mais je pense qu'il pourrait y avoir quelques connexions. Est-ce qu'il pourrait s'agir d'une affaire commune ? Ou des problèmes personnels ? Mais apparemment, j'ai appris que le dernier rapport d'autopsie que Bunn a remis à la police concernait la femme qui s'est pendue. Un jour après l'autopsie, l'hôpital m'a informé que Bunn avait été admis pour un traumatisme crânien. Le dossier médical indiquait qu'il avait été agressé, mais la police n'était pas au courant parce qu'il n'a pas porté plainte.

    Je déglutis. En quelques heures, le Dr Boonlert était entré dans cette province, avait réussi à déterminer avec précision où tout avait commencé et cela me faisait froid dans le dos.

    — Je me suis demandé s'il y avait un problème avec les résultats de l'autopsie pratiquée ce jour-là. J'ai demandé à un enquêteur et il m'a dit que le type de décès avait été déterminé comme un suicide. Cependant, Bunn venait de soumettre le rapport un jour avant qu'il ne soit porté disparu... Je pense que c'est étrange.

    — Pourquoi êtes-vous venu ici tout seul ? demandai-je en essayant de garder une voix posée. 

    Cet homme était vraiment intimidant.

    — Je veux juste trouver un indice par moi-même. Je pourrais tomber sur quelque chose qui pourrait être utile à la police, dit le docteur Boonlert en joignant les mains sur ses genoux. Tant que je n’aurai pas vu son corps, je penserai que mon frère est encore en vie. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il revienne. Quoi qu'il en coûte.

    Son ton me fit froid dans le dos. J'avais vraiment envie de lui dire que Bunn était toujours en vie et qu'il se cachait chez moi. Cependant, je ne savais pas si cette révélation affecterait nos plans. Je devais rentrer chez moi et mettre Bunn au courant, en le laissant d'abord analyser la situation. 

    — Je vous comprends. Si mes frères et sœurs avaient disparu, j'aurais fait la même chose.

    — Je reviendrai peut-être ici pour vous parler à nouveau. Êtes-vous ici tous les jours ? Ou comment puis-je vous contacter ?

    — Je vais vous donner mon numéro.

    Boonlert enregistra mon numéro dans son téléphone.

    Je raccompagnai le Dr Boonlert jusqu'à la porte. Il me remercia avant de se diriger vers sa voiture louée dans la province. Elle était garée devant l'école. Lorsque le véhicule fut hors de vue, je sentis soudain mes jambes faiblir. Je reculai pour m'appuyer contre la porte, en prenant une grande inspiration.

    Ce que je devais faire, c'était aller voir Bunn dès que possible. Je n'avais pas peur que le docteur Boonlert découvre mon rôle dans cette affaire, mais je craignais pour sa sécurité. Plus il en saurait, plus ce serait dangereux.



    — Boon ! s'exclama Bunn, après que je lui ai raconté ce qui s'était passé aujourd'hui. 

    Nous étions assis par terre près du lit. Bunn posa sur le sol le bol de porridge que j'avais acheté dans un magasin au bord de la route. Il avait l'air plus frais après s'être reposé pendant mon absence.

    — Que penses-tu que je doive faire ? Dois-je dire la vérité au Dr Boonlert  ? demandai-je à Bunn. 

    Franchement, je voulais que Bunn dise au Dr Boonlert qu'il était toujours en vie, car j'en avais marre de jouer la comédie pour brouiller les pistes.

    — Laisse-moi le temps d'y réfléchir… souffla Bunn, semblant très mal à l'aise. Pourquoi a-t-il pris l'avion pour venir ici ? Il va rendre les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà.

    —  Voyant à quel point il est déterminé, je ne serais pas surpris qu'il vienne chez moi et qu'il demande si tu es là, acquiesçai-je en frémissant à cette idée. Mais j'ai une idée. Tu veux l'entendre ?

    — Vas-y, balance, dit Bunn en me fixant de ses yeux attentifs.

    — Nous devrions lui dire la vérité. Qu'il sache que tu es en sécurité ici, avec moi. Explique-lui pourquoi tu te caches ainsi et convaincs-le de retourner à Bangkok. Plus il s'attarde ici, plus c'est dangereux. Le Dr Boonlert pourrait attirer l'attention de Paul. Plus il s'approchera de la vérité, plus il pourrait être la prochaine victime.

    Bunn resta silencieux pendant un moment. 

    — Boon ne partira certainement pas. Il restera dans les parages jusqu'à ce que tout soit résolu. Jusqu'à ce qu'il soit sûr que je sois en sécurité, dit Bunn en tendant la main pour saisir ma manche et secouant lentement la tête. Je n'arrive pas à trouver autre chose.

    Son cerveau devait être épuisé pour que son activité cérébrale devienne faible. Il me rapprocha de lui, se pencha en avant et posa sa tête contre ma poitrine. Je tendis la main pour lui caresser la tête, très lentement. 

    — Nous en reparlerons demain. Prends tes médicaments et dors.

    — Ne le laisse pas vivre ce que j'ai vécu. Fais ce qu'il faut pour qu'il soit en sécurité, murmura-t-il en fermant les yeux. S'il te plaît, tu dois le garder en sécurité pour moi.

    Je sentis mon cœur se réchauffer étrangement.

    — C'est noté. Je garderai un œil sur lui, dis-je en déposant un baiser sur le sommet de son crâne. Parfois, j'aimerais que tu restes malade comme ça pour toujours.

    Bunn ouvrit les yeux.

    — Pourquoi ?

    — Je me rends compte à quel point tu peux être câlin. Bunn, tu es plus affectueux que d'habitude, tu le savais  ? répondis-je, exprimant mes pensées à voix haute.

    — Je sais... C'est ce qu'on appelle l'art de la séduction, quelque chose qu'il faut posséder pour se glisser dans la peau des gens.

    La réponse à la fois poétique et directe de Bunn faillit faire s'arrêter les battements de mon cœur.

    — Seulement cela m'a tellement attiré vers toi que je ne pouvais presque rien faire.

    Pourquoi devait-il me faire ça ? Je l'attirai contre moi.

    — Je vais me coucher, dit Bunn en se détachant de moi. 

    Il se releva et s'assit à nouveau sur le lit. Je ramassai le bol - Bunn n’avait mangé que la moitié de son contenu, mais cela suffisait à me rassurer. Au moins, de la nourriture avait atteint son estomac. Bunn était mon bonheur au milieu de cette adversité stressante et dangereuse. Le moment le plus heureux de la journée avait été celui où, en rentrant du travail, j'avais vu Bunn toujours assis dans ma chambre - il n'était pas parti, en fin de compte.

    Je me précipitai dans ma chambre après avoir fait la vaisselle. Je pris une douche, enfilai mon pyjama et éteignis la lumière. Je me traînai jusqu'au lit, le lit dans lequel quelqu'un était allongé, complètement immobile, respirant de façon régulière. Bunn devait dormir. Je m'allongeai à côté de lui, regardant son dos dans la lumière tamisée.

    — Passe une bonne nuit... chéri.

    Le mot que j'avais le plus envie de lui dire s'échappa doucement de ma bouche. Je ne m'attendais pas à ce que Bunn l'entende. En fait, je n'avais pas le droit de l'appeler ainsi, car il n'y avait pas d'étiquette sur notre relation. Pour l'instant, nous restions ensemble parce que c'était sûr - nos vies étaient en jeu - ce n'était pas de l'amour ou quoi que ce soit d'autre.



  • Commentaires

    3
    Samedi 3 Février à 20:56

    ça y est, je viens de le lire (ainsi que les 17 et 18)

    je me souvenais plus que Bunn avait un frère... c'était dans le drama ? va falloir que je le revois du coup

    (la bonne excuse pour le revoir mdr)

    merci pour la traduction, je file vers le 20 o//

    2
    Vendredi 8 Décembre 2023 à 14:00

    Merci pour ce chapitre

    1
    Jeudi 7 Décembre 2023 à 22:09

    Hum... en voyant le titre "chapitre 19", je me rends compte que j'ai loupé les 17 et 18 ^^'

    va falloir que je me rattrape.

    Merci pour ce chapitre, je le lira plus tard du coup ;0)

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