• Chapitre 15

    Chapitre 15

    La partie de l'étudiant de cinquième année :

    Beaucoup de choses se sont passées pendant trois jours et deux nuits à Khao Yai. L'une d'entre elles a été ma relation avec Meen : Il est sur ma liste noire maintenant.

    Comment ce sale gosse peut-il être un tel emmerdeur ? Il m’a tapé sur les nerfs chaque minute que j’ai passé à Khao Yai, payant pour mon péché.

    Ce matin, le projet Life Skills fait encore des siennes. Les étudiants de première année m'ont demandé de les rencontrer tôt dans la journée, disant que nous devions terminer le rapport du projet et préparer la présentation. De toute façon, pourquoi ils veulent se rencontrer dans un café de l'hôpital ?

    Je porte habituellement ma chemise usée de l'atelier d'ingénierie pour assister au seul cours que j'ai en cinquième année. Et mon objectif quotidien est de flirter avec les étudiantes. Mais maintenant, à court d'idées, j'utilise ma vieille astuce maléfique en volant la blouse blanche de Pi pour la porter comme accessoire. Au moins, je peux me fondre dans la masse des étudiants de première année en sciences médicales.

    — C'est un dentiste en dernière année ? Il est sexy.

    — Oui, pourquoi je ne l'ai jamais vu avant ?

    Whoa ! Je ne fais que passer froidement et elles sont toutes sous le charme. C'est un acte de lâcheté. Viens me demander mon numéro comme le ferait un brave. Je suis prêt à te donner les dix chiffres.

    — Duuuean. Duuuean, juste ici.

    Mon humeur est ruinée.

    Il est là, l'esprit maléfique qui me hante. Il me fait signe, chassant mon envie de flirter avec les filles. Je me dirige vers le sale gosse aussi vite que possible.

    Son visage m'agace, mais j'ai envie de le taquiner.

    — Pourquoi tu fais autant de bruit, Meen ? Tu n'es pas gêné ?

    — Désolé. Je suis juste heureux.

    Il fait la moue si fort qu'on dirait que son visage rétrécit.

    — Heureux de quoi ? Tu es fou.

    — Tu as l'air tellement cool aujourd'hui, Duean.

    Ooh... Je sourirais jusqu'à en avoir mal aux joues si c'était une fille. Mais comme c'est un Meen, ça ne vaut rien. Ça me donne envie de sauter du bâtiment.

    — Je suis cool tous les jours. Tu n'as pas besoin de dire ça.

    — C'est vrai, mais quel esprit sain porterait une blouse blanche dehors ?

    Merde ! Je savais qu'il allait encore me faire chier.

    — Tais-toi, sale petit merdeux. Où sont tes amis ?

    — Ils ne sont pas encore là. Rentrons d'abord.

    Je le suis docilement. Quand je m'assois, le gars en face de moi n'arrête pas de me fixer. Merde, ne tombe pas sous mon charme et mon air séduisant, ok ? Je ne veux pas être le malchanceux choisi par toi.

    — A quoi tu penses, Duean ? 

    — Pourquoi est-ce que tu me regardes ? Tu n'as jamais vu un beau garçon ?

    — Oui, tu es très beau, Duean. Tu portes même une blouse blanche aujourd'hui. Bien que je ne sache pas pourquoi tu la portes, elle te va bien.

    — C'est un compliment ou une insulte ?

    — C'est un compliment. A qui est cette blouse blanche, d'ailleurs ?

    — A mon petit frère.

    — Ton petit frère a déjà une blouse blanche de dentiste ?

    — C'est celle de mon frère aîné. Je me suis trompé.

    C'était proche, Duean. Changeons de sujet avant que ton secret ne soit dévoilé. 

    — Tu veux commander quoi ?

    — Je veux du lait au caramel.

    — Hum, va en commander.

    — Hein ? Tu ne veux pas le faire pour moi ?

    — Pourquoi je le ferais pour toi ? Je demandais juste.

    — C'est bon, je vais le faire. Qu'est-ce que tu veux prendre, Duean ? Je vais te le commander.

    — Un jus de Turkey Berry (1).

    — Il y a vraiment quelque chose comme ça dans ce monde ? demande Meen, les yeux écarquillés. 

    Putain, j'ai envie de lui crever les yeux avec mes doigts, en signe d'irritation. La cantine de l'ingénierie vend ce jus. Il n'y a jamais goûté ? À cette pensée, ma tête est soudain pleine de plans pour embêter ce gamin.

    — Bien sûr. Je veux un smoothie aux Turkey Berry.

    — Hein ? Un smoothie aux Turkey Berry. 

    — Ouais, ils en vendent. C'est un menu spécial. Tu ne peux pas en commander un pour moi ?

    Il a l'air dubitatif. Je veux dire, c'est du bon sens. Qui voudrait mélanger des Turkey Berry avec du yaourt ?

    — Je vais commander le smoothie si tu veux le boire, Duean, mais est-ce qu'ils le vendent vraiment ?

    — Je t’ai dit qu'ils le font. Demande à n'importe qui ici si tu ne me fais pas confiance.

    J'essaie d'avoir l'air sérieux. Je ne peux pas le laisser savoir que je ris joyeusement à l'intérieur.

    — Je vais aller le commander, alors.

    Meen se lève et se dirige vers le comptoir. J'ouvre mon ordinateur portable et fais semblant de me concentrer sur le dossier du projet, les oreilles grand ouvertes pour tout écouter.

    — Puis-je avoir un lait au caramel et un smoothie aux Turkey Berry, s'il vous plaît ?

    Wow, sa voix est aussi tonitruante qu'une bombe nucléaire. Tout le monde dans le café se retourne et le regarde fixement.

    Putain ouais, je suis tellement fier de moi. Meen est plus stupide que moi.

    — Quel smoothie ? demande l'employé à l'air perplexe qui l’incite à répéter.

    — Un smoothie aux Turkey Berry.

    — On n'a pas ça.

    — Oh... C'est épuisé ? Quand le vendrez-vous à nouveau ?

    Bon sang !

    Il demande même avec un visage impassible. Il aurait dû s'en rendre compte quand elle lui a dit qu'ils n'avaient pas le smoothie. Eh bien, j'ai oublié que c'est de Meen dont nous parlons. C'est un alien.

    — Meen, viens là.

    Comme tout le monde le regarde, j'ai pitié de lui et je le rappelle parce que l'humanité est au centre de mon cœur.

    — Ton smoothie est épuisé. Qu'est-ce qu'on fait ?

    Étant le bel homme, gentil et vertueux que je suis, je décide de lui dire la vérité.

    — Argh, c'est une honte qu'il soit épuisé. Achète m'en un demain, alors.

    — Est-ce qu'ils le vendront demain ?

    — Demande à l'employé ici. S'ils ne le vendent pas, tu peux aller dans d'autres cafés, d'accord ?

    — D'accord.

    Il acquiesce. Putain de merde ! Il ne comprend jamais rien quand je l'embête. Comment il va survivre dans ce monde ?

    — Le lait au caramel est prêt, appelle l'employé. 

    Meen retourne chercher sa boisson tandis que les gens le regardent avec une expression amusée et bienveillante.

    En fait, c'est un gars adorable que tout le monde apprécie. Je suis le seul à être agacé par ce sale gosse.

    Quand il pose le lait sur la table, je lui arrache le verre et le bois comme le connard que je suis. Je te laisserai les glaçons, petit.

    — Duean, c'est mon lait.

    — Tu as mis ton nom dessus ?

    — Tu es méchant.

    — Tais-toi. Tes amis sont là.

    Alors je bois ce qu'il a acheté. Je suis ravi de voir sa moue. Je veux brutaliser ce gamin ! Mais mon humeur est à nouveau gâchée lorsque les étudiants de première année commencent à me saluer.

    — Bonjour, mes amis. Désolé d'être en retard. Commençons. Pour la présentation, je veux ajouter une photo de @$&(*&&)*!@#$฿...

    Et ils font tous des trous dans mon corps avec leurs idées.

    Pourquoi ne pas demander si les rides de mon cerveau peuvent saisir toutes ces informations ? Je n'ai pas passé le test d'admission pour être un érudit comme vous. Je suis Duean, le monstre, qui a été classé deuxième au test d'admission de l'ingénierie.

    Deuxième... en partant... de la... fin.

    Booooooo !

    — Je veux ajouter des faits sur la maladie, comme les origines de la maladie, l'anomalie de la tension, et les symptômes observables. Tu es d'accord ?

    Ah... Espèce de fils de pute !! Tu parles Klingon en ce moment ? Je pense que je suis dans l'USS Enterprise, prêt à décoller avec un moteur à propulsion. Vous me choquez les gars, mais je ne peux rien dire. Je me demande si c'est un sujet sur les compétences de vie ou la réunion de l'Organisation Mondiale de la Santé.

    Que quelqu'un me jette hors de ce vaisseau alien. J'ai envie de pleurer.

    Mon niveau d'anglais est nul. Je prononce toujours "bookcase" comme "bookclass". Waaaah.

    — Oui ! Je suis d'accord. Et toi, Duean ?

    — A toi de voir. Je suis d'accord avec tout.

    Je réponds sans réfléchir et m'appuie contre le dossier. Ma main est sur la souris, mais mes yeux se verrouillent sur ma cible.

    Elle est sacrément mignonne. Elle retourne aussi mon regard.

    — C'est réglé, alors. Trouvons d'autres informations et commençons à travailler sur le rapport.

    Mes oreilles écoutent les élèves de première année parler, mais mes yeux se fixent sur un autre endroit, laissant les enfants travailler. Cependant, je les entends encore marmonner.

    — Laissez-moi vous dire un truc avant que l’on commence à travailler. Un senior de ma faculté a partagé un post sur un étudiant pervers qui regarde la poitrine des filles et sous leurs jupes. C'est la forme la plus basse de l'immoralité. Pourquoi ces pervers ne disparaissent pas de ce monde ?

    Aïe ! Ça fait mal comme si j'avais été poignardé par une longue épée à travers mon estomac.

    — Pourquoi les gens sont si effrayants ?

    Meen donne son avis.

    — C'est vraiment effrayant. Heureusement que nos aînés ne sont pas comme ça, mais les autres…

    Les neuf d'entre eux tournent simultanément leurs regards vers moi.

    — C'est vrai, pourquoi le monde est rempli de pervers ? Nous sommes tous des humains. Pourquoi ils harcèlent le corps des autres ?

    Je baisse les yeux et déplace mon dossier porno dans un endroit secret. Je vais avoir des problèmes s'ils le repèrent.

    La question est... Pourquoi je suis contrarié ?

    Attendez une seconde ! Merde. La fille avec qui j'ai croisé le regard est en train de sortir d'ici.

    — Hé, les gars, commencez à travailler sans moi. Je reviens tout de suite.

    Je suis prêt à fuir.

    — Où tu vas ?

    — Tu peux pas t'occuper de tes affaires pour une fois ?

    Je réponds à Meen sans réfléchir. Je me lève et me précipite hors du café, utilisant mes longues jambes comme un avantage, et m'approche de la fille devant moi.

    — Hé, désolé de te déranger. Je m'appelle Duean…

    On ne peut plus s'arrêter de parler après ça. On discute et on se promène. Avant que je m'en rende compte, on est dans un restaurant. Oh... Comment c'est possible ?!

    Tu crois que je vais laisser passer cette chance ? Je dois obtenir son numéro ou son identifiant LINE. Quelle conversation amusante j'ai avec cette charmante personne. Quand je regarde l'heure, ça fait déjà une heure.

    J'ai laissé mes affaires au café et je n'ai pas fait mon travail, alors je dis à cette jolie fille que je l'appellerai plus tard. Je dois retourner en enfer avec ces étudiants de première année. Quand je suis de retour, je ne vois que Meen qui met ses affaires dans son sac. Sur la table, il ne reste que mon ordinateur portable et un verre de jus de fruit. Il me semble familier car je l'achète souvent à la cantine de l'ingénierie.

    — Oh, Duean, tu es de retour ?

    — ...

    — Je pensais que tu étais en colère contre moi. C'est le jus que tu voulais avoir, mais ça a fondu. Ce n'est même pas un smoothie. Je t'en achèterai un plus tard, d'accord ? Je m'en vais maintenant.

    — Meen.

    — Hmm ?

    — Tu es sorti pour acheter le jus de fruit ? Comment ?

    — J'ai marché jusque là-bas.

    — Jusqu'à ma faculté ? Tu es fou ?

    Je grogne. C'est si loin d'ici. Pourquoi a-t-il fait ça ?

    — Je m'inquiétais pour toi. Je voulais que tu boives ton jus préféré.

    Sa réponse me noie dans une mare de culpabilité. Alors que j'étais parti pour mon propre bonheur, quelqu'un est allé jusqu'à faire ça pour moi.

    — Merci.

    — Ce n'est rien.

    — Tu as encore cours ?

    — Oui. Au bâtiment central.

    Ce bâtiment est assez loin de l'endroit où on se trouve actuellement.

    — Je vais te déposer.

    — C'est bon. Je ne veux pas te déranger. Je vais appeler mon frère pour qu'il vienne me chercher.

    — J'ai dit que je t’y conduisais. Ne refuse pas.

    — Ce n'est pas comme si je voulais refuser. J'ai juste peur que tu me détestes. Je pense que tu me détestes depuis un bon moment maintenant. Tu peux me dire si j'ai fait quelque chose pour te contrarier. Je m'améliorerai.

    Merde, cet alien est passé en mode drame.

    Pourquoi tu ne me demandes pas, au cas où je voudrais que ce soit une comédie ? Comment je peux m'en prendre à lui quand il est comme ça ?

    Si c'était quelqu'un d'autre qui agissait comme ça, je partirais. Je ne peux pas faire ça à la personne qui est devant moi en ce moment. Je ne peux même pas détourner le regard. En cette seconde, le péché que j'ai commis il y a une heure devient une lourde culpabilité, si lourde qu'elle m'écrase presque.

    L'identification LINE, le numéro de téléphone, tout disparaît de ma tête.

    — Je ne te déteste pas.

    Honnêtement, je veux juste l'embêter.

    C'est ma grande gueule. Je dis parfois les choses sans filtre.

    — Um.

    — Vraiment, je ne te déteste pas. 

    — Je comprends ce que tu ressens envers moi. Tu dois être mal à l'aise quand je continue à parler et à poser des questions. Mais quand je te vois silencieux, j'ai beau être bavard, je ne peux jamais parler seul.

    — Ne réfléchis pas trop.

    Je ne sais pas combien de fois je dois m'expliquer. Rien à foutre s'il n'écoute pas, mais ma main me trahit, elle attrape la sienne comme si elle avait peur qu'il s'éloigne.

    — Pourquoi tu me tiens la main, Duean ?

    D'accord ! Admets-le, Duean. Tu ne seras pas capable d'avoir ton diplôme sans lui. Tu devra refaire une année de plus.

    — Je ne peux pas ?

    — Je peux marcher tout seul.

    — Tu boudes.

    — Non, j'ai peur que tu rejettes ma main quand tu croiseras tes amis.

    — ...

    — C'est assez pénible.

    Je ne sais pas comment le faire se sentir mieux. La seule chose à laquelle je pense est une vieille technique que j'ai utilisée tout au long de mes années de collège. Tout le monde rougit en l'entendant. Même la personne la plus insensible doit être ébranlée et me pardonner.

    — Meen, tu sais quoi ?

    — Quoi ?

    — Si je décide de tenir la main de quelqu'un, je ne la lâcherai jamais.

    — Duean...

    Comment c'est ? Abasourdi, hein ?

    — Tu ne me lâcheras pas même quand je vais aux toilettes ?

    Pauvre type ! Pourquoi tu n'es pas du tout romantique ? Il casse toujours l'ambiance.

    Je pense que Meen n'est pas vraiment un type innocent. Il s'en prend à moi pour se venger. Je te le ferai payer plus tard.

    La partie de l'étudiant de cinquième année se termine.

     

    Le talk-show de Sutthaya :

    Mes mains tremblent de manière incontrôlable.

    Je fixe l'écran de mon téléphone en me demandant ce que j'ai fait. J'ai décidé de changer ma photo de profil pour celle avec Pi sans en parler à personne. J'ai même oublié de réfléchir à ce qu'il ressentirait. Je l'ai fait sur un coup de tête, en pensant que cela arriverait un jour, et en fait, c'est aujourd'hui, que c’est arrivé.

    L'une des raisons est Neua.

    Le frère de Nan a lâché une bombe sur moi en envoyant une demande d'ami à Pi hier soir. Il m'a même envoyé un texto comme pour me déclarer la guerre avec une petite phrase... Il aime bien Pi.

    Il n'a pas tort, mais ça ne va pas bien se terminer si je continue à essayer de gagner du temps.

    Et ‘Bam’, mon amie d'une autre faculté, a fait une farce sur Facebook, déclenchant une nouvelle rumeur. Je ne sais pas ce qui lui a pris. L'incident m'a rendu anxieux. Je ne veux pas que Pi pense à tort que j'aime quelqu'un d'autre. C'est déjà assez difficile de m'expliquer alors qu’il pense que je suis attiré par Nan.

    Je l'ai attendu jusqu'à maintenant. Je n'ai aucune raison de reculer juste parce que mon rival s'est montré.

    Actuellement, je suis dans le café au même endroit où j'ai rencontré Pi, mais la personne assise en face de moi ce n'est pas lui.

    — Mork.

    Je lève les yeux. Le visage doux de Bam est orné d'un tendre sourire. Nous étions dans la même classe au lycée. On était très proches et on trainait toujours ensemble, les gens pensaient qu'on était ensemble.

    Elle est parfaite, jolie, riche, intelligente, séduisante, mais...

    — Mork, écoute-moi. Fais attention à moi, connard.

    Ouais, c'est son côté spécial.

    Si elle reste tranquille et sourit un peu, tout le monde pense que c'est un ange. Mais comme on se connaît depuis longtemps, je sais tout d'elle.

    — Bon. Qu'est-ce que tu as fait ?

    Je tourne l'écran vers elle.

    — Je t'ai taguée sur une photo avec une légende. Pourquoi ?

    — Ça n'a pas l'air bien, pas seulement pour nous, mais aussi pour toi.

    — Qui s'en soucie ? Ce n'est pas comme si nous avions quoi que ce soit à faire. Profites-en.

    — Bam.

    — Quoi ?

    — Je suis sérieux.

    — Tu es sérieux à propos de tout. Allez, dis-moi ce que tu as en tête. Je suis prête à y fourrer mon nez.

    — Comment faire pour que Pi me regarde ? Je me heurte à un mur.

    Je lui parle de mon inquiétude. Ma confiance en moi s'évapore rien qu'en pensant à son visage.

    — Arrête de l'aimer, alors. Enfuis-toi et tu seras libre de tout souci.

    — Je ne peux pas m'enfuir. Je suis tombé amoureux de lui.

    — Alors tu dois intensifier ton jeu. J'ai entendu dire que le frère de Nan aime aussi Pi.

    — Comment tu le sais ?

    — Nan me l'a dit. Trop lent, Futur Doc.

    — Arrête de raccourcir le mot.

    — C'est évident qu'il se moque de toi. Il ne fera pas un geste envers Pi.

    — Je suis quand même inquiet, juste au cas où.

    — Sérieusement, si Neua aimait vraiment Pi, sans se moquer de toi, qu'est-ce que tu ferais ?

    — Qu'est-ce que je pourrais faire ? C'est pas comme si Pi m'appartenait.

    — Quelle humilité. J'essaie de te provoquer pour que tu avoues tes sentiments. Ne sois pas lâche.

    — Comment je pourrais ne pas l'être ? En plus de Neua, certains de mes fans n'aiment pas Pi parce que je le fréquente trop.

    — Tu as vraiment besoin de te soucier de chacun dans le monde ? Il est impossible que tous aiment Pi et toi ensemble. Arrête de te préoccuper des petites choses et mets tout au clair.

    — Comment ?

    — Comment je peux le savoir ? Dans ma vie, je n'ai appris les bons conseils que dans les livres de citations. Écoute-moi, Mork.

    — ...

    — Tu n'avanceras jamais si tu ne prends pas de risques.

    Bam me tapote l'épaule en guise de soutien et joue sur son téléphone sans rien ajouter, me laissant réfléchir au passé.

    Qu'est-ce que j'ai fait pour lui ? Est-ce que j'ai fait assez d'efforts pour lui ?

    Si je me rappelle tous les souvenirs que nous avons partagés dans le passé, il me faudra plus de trois jours pour finir. Une chose que je ne peux pas oublier est le premier jour où nous nous sommes rencontrés.

    C'était un vendredi. J'étais un étudiant de première année au milieu du chaos. J'étais occupé à m'adapter à la vie universitaire et je me sentais épuisé par les études et les nombreuses activités. Et un jour, j'ai rencontré quelqu'un. C'était un étudiant en médecine dentaire avec de grosses lunettes, les cheveux en bataille et il avait l'air terriblement seul...

     

    — J'ai laissé la copie du rapport au magasin de photocopie du bâtiment central. Le magasin de notre faculté était bondé, alors j'ai dû aller la faire ailleurs.

    Au milieu de la cantine bondée de notre faculté, nous discutions de plusieurs choses, des activités de l'université aux travaux scolaires, ce qui était encore dans nos esprits.

    — Ce n'est pas grave. Merci beaucoup.

    Mes amis ayant oublié la copie d'un rapport sur un sujet important au magasin de photocopie, je devais finir mon repas plus vite que tout le monde, pour courir du bâtiment de médecine au bâtiment central et revenir ici pour étudier le comportement humain à treize heures. Ça me semblait assez difficile.

    Eh bien, je devais faire tous les efforts nécessaires la première année pour être habitué à les faire les années suivantes. Je n'aurais pas à pleurnicher comme mon mentor, qui disait tous les jours vouloir mourir.

    Je me suis dirigé vers le magasin de photocopies. Bien qu'ils aient dit que la boutique de notre faculté était bondée, celle-ci n'était pas différente. Le temps de me faufiler dans la foule, de récupérer ma photocopie, de la payer et d'attendre la monnaie, il était midi cinquante-cinq. Je ne voulais pas être en retard car le professeur du prochain cours était effrayant.

    Après m'être sorti de ce pétrin, j’ai commencé à courir, sans faire attention à ce qui se passait autour de moi. La seule chose que j'avais en tête était que je devais arriver à l'heure au cours.

    Finalement, j'allais y arriver.

    — E... Excusez-moi, bougez s'il vous plaît.

    — ...

    — Excusez-moi, bougez s'il vous plaît.

    La voix d'une autre personne a rempli mes oreilles. Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté et tourné vers le son. J’ai pensé que je courais si vite que personne ne pourrait me rattraper, mais ce type courait à une vitesse super élevée.

    Il courait derrière moi. Avant que je ne m'en rende compte, il m'a dépassé en montant les escaliers à toute vitesse. Ce n'était pas un étudiant en médecine. Son badge disait qu'il étudiait la médecine dentaire.

    — S'il vous plaît, bougez. Je suis pressé. Waaah…

    Il bafouillait. J’ai regardé son agitation pendant un moment, oubliant que je devais, moi aussi, assister au cours à l'heure.

    BOOM !

    — Woooooah !

    Beaucoup de gens se sont exclamés, moi y compris.

    Il est resté allongé. On aurait dit qu'il avait trébuché dans les escaliers du deuxième étage et était tombé la tête la première. Ses feuilles s’étaient éparpillées dans tout le couloir.

    Incapable de supporter la vue plus longtemps, j’ai couru dans les escaliers. Seulement, avant de pouvoir l'atteindre, j’ai raté une marche et je suis tombé à mon tour la tête la première dans les escaliers. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ce jour-là ?

    — Tu vas bien ?

    Tout s'était passé très vite. Ce qui m’a surpris, c'est que lorsque j’ai levé les yeux, l'élève aux grosses lunettes se précipitait vers moi et me questionnait, inquiet.

    — Je vais bien. Merci, ai-je répondu. 

    Il m’a soutenu alors qu'il n'arrivait même pas à se stabiliser lui-même. Et il a grimacé comme si l'accident précédent avait provoqué une vive douleur dans son corps.

    — Tu peux te lever ? a-t-il demandé encore.

    Ça m’a laissé perplexe.

    — Inquiète-toi plutôt pour toi.

    — C'est bon. Je ne suis pas blessé.

    C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un qui s'inquiétait des autres plus que de lui-même.

    — Je ne suis pas blessé non plus. Allons chercher tes feuilles.

    — J'avais oublié.

    Quand il s'en est rendu compte, il a baissé les yeux, ajusté ses lunettes, et s'est agenouillé pour rapidement les ramasser. Comment je pouvais juste le regarder ? Je me suis penché et l'ai aidé comme j'avais prévu de le faire au départ.

    — Tu es vraiment pressé par le temps ?

    — Oui, je dois apporter les feuilles à mes amis, a-t-il dit, la voix tremblante. 

    J’ai redressé la tête, avec plein de questions à l'esprit.

    — Tu as fait des photocopies pour tout le monde ?

    — Non. Seulement pour mes amis.

    — Quel mec sympa !

    — Ils ne disent jamais ça. Ils m'appellent toujours "poubelle mouillée".

    — Hé, qu'est-ce que tu fous ? Tes amis ont besoin des photocopies, a crié quelqu'un depuis les escaliers du troisième étage, l'air plutôt énervé, son ami je supposais.

    — Je dois y aller. Merci.

    J’ai hoché la tête, le regardant tituber dans les escaliers jusqu'à ce qu'il soit hors de ma vue.

    Ma mémoire avait capturé le visage de cette personne ce jour-là.

    Un étudiant en médecine dentaire avec de grosses lunettes, des cheveux en bataille et un appareil dentaire rose.

    Plutôt mignon.

    Même si je ne lui avais pas demandé son nom, mes yeux avaient vu les lettres sur son badge.

    "Pi."

     

    Au début, j'étais seulement "désolé" pour lui. Chaque fois que je le voyais, il était toujours seul.

    Je ne savais pas si c'était parce qu'il était introverti et qu'il gardait toujours tout pour lui que les autres refusaient de l'approcher. En outre, je voyais souvent ses amis profiter de lui. Je voulais les arrêter, mais comme ce n'était pas mes affaires, j'avais laissé faire au point de m'habituer à ces scènes.

    Par conséquent, le visage de Pi était resté gravé dans ma mémoire tout au long de ma première année.

    Bien sûr, au début, je n'avais aucune sorte d'attachement pour lui, mais il a commencé à occuper une place spéciale dans mon cœur lorsque j'ai appris à le connaître davantage. Pi pouvait sembler faible, mais il avait un cœur très solide. Il ne demandait jamais à personne de l'aider et n'éprouvait aucune rancune envers qui que ce soit, même si les gens continuaient à profiter de lui sans penser à le rembourser.

    J'avais pu voir qui il était vraiment le premier jour où on s'était rencontrés. Il s'inquiétait toujours plus des autres que de lui-même. Il était très attentionné mais n'avait pas d'amis ou quelqu'un à qui parler. Il se parlait à lui-même dans la salle du club, comme si ses sentiments étaient refoulés depuis trop longtemps. Son frère était le seul à tout gérer et à le protéger des autres.

    Un jour, je me suis demandé si on pouvait vraiment être seul dans ce monde. Comment vivrions-nous ? Que ferions-nous ? Tout au long de ma première année, j'ai découvert de nombreux faits sur Pi. Chaque jour, sa vie tournait autour des livres et du club de cichlidés, et il rentrait dans sa chambre immédiatement après les cours.

    La solitude... devait être son ressenti à ce moment-là.

    Il marchait seul, mangeait seul, regardait un film seul, et allait au centre commercial seul. Il hésitait même quand il voulait s'arrêter dans un magasin de chaussures. Une autre chose qui le rendait différent, c'est qu'il pouvait tout faire seul dans un travail à deux ou en groupe sans faire d'histoires.

    C'est là que j'ai su qu'il avait besoin de quelqu'un pour chasser sa solitude. Je ne sais pas quand ma pitié pour lui a disparu. Elle avait été remplacée par l'image de lui commandant un plat familial pour lui-même dans un restaurant ou lorsqu'il pédalait seul sur un bateau pendant une journée stressante. C'était un spectacle si mignon.

    Et Pattawee est vraiment une personne mignonne.

    Je me disais tout le temps de me comporter en homme et d'aller lui parler. Malheureusement, j'avais découvert la vérité.

    La vérité qui en un instant avait détruit ma confiance.

    "Pi aime Mueangnan". Il aimait mon ami proche...

    Pi appelait Nan son poisson dans le ciel, un amour impossible mais qu'il espérait toujours. C'était exactement comme le mien.

    J'avais laissé le temps s'écouler inutilement, le regardant de loin sans agir. Le temps a passé, et nous sommes devenus des étudiants de deuxième année. Comme j'avais pendant longtemps passé mon temps à observer Pi, j’ai décidé enfin de lui avouer mes sentiments.

    Aujourd'hui, je regrette d'avoir attendu si longtemps sans rien faire. J'ai fait des erreurs et beaucoup de choses stupides, mais je me suis promis de faire plus d'efforts. Je vais lui faire comprendre que tout ce que je dis et ressens est réel.

    Je ne lui ai jamais menti. Parce que peu importe le temps qui a passé, mes souvenirs de l'université...

    Sont toujours remplis de lui...

    "Le talk-show de Sutthaya" se termine.

     

    J'appelle Duean tout de suite après les cours. Il a dit qu'il emmènerait le Kitty Gang ici pour m'aider à avouer mon amour, mais ils me posent un lapin, me faisant attendre en vain sur le sol du sous-sol. Apparemment, on doit s'arrêter là et jeter nos plans aux toilettes parce que Goe et James ont rencontré un événement malheureux : Ils ont percuté la voiture de quelqu'un en plein milieu avec le pick-up. Ils ont fait une déclaration et sont allés à l'hôpital il y a une heure.

    Après avoir demandé de leurs nouvelles en m'inquiétant, il s'avère que Goe s'est fracturé la jambe et que James souffre d'une entorse des cervicales. Le Kitty Gang doit leur rendre visite à l'hôpital, et moi aussi. Duean continue sa vie populaire de merde, disant qu'il doit finir un projet avec les étudiants de première année.

    Je suppose que je dois y aller seul demain, ou je pourrais avoir besoin d'une aide supplémentaire de la part des membres disponibles du Kitty Gang. Tu te demandes pourquoi je ne demande pas à Pae de m'aider ? Il est très occupé ces jours-ci. Je ne veux pas le déranger.

    Nous n'avons pas eu de véritable conversation, et je n'ai aucune idée de la frénésie qui règne sur les réseaux sociaux depuis que je me suis coupé de tout.

    — Pi, Pi.

    C'est quoi ce bordel ?

    — Pi.

    Je me tourne vers cette voix et aperçois Liew et Tle qui arrivent avec un grand sourire. J'ai oublié de leur dire que Duean refuse de donner une interview.

    — Bonjour, Liew, Tle.

    Les mêmes vieux visages familiers.

    — Bonjour, Pi. Je veux savoir si tu as parlé à Duean de l'interview.

    — Eh bien... Je suis désolé. Duean ne peut vraiment pas donner d'interview.

    — Ah, oui ? Mais nous devons conclure rapidement.

    — Je suis désolé de ne pas vous l'avoir dit plus tôt, et je m'excuse à sa place. Il est occupé, pris dans un projet.

    — A qui on peut accorder une interview ? Nous n'avons plus beaucoup de temps.

    Liew s'agite, se tourne à gauche vers le photographe, puis à droite vers un cul inutile comme moi.

    — Pourquoi pas Aut, le petit ami de Nan ?

    C'est Tle qui a eu l'idée. Mes oreilles s'agitent. Mon poisson dans le ciel apparaît soudainement dans ma tête.

    Par anticipation, je regarde les seniors essayer de contacter le gars sexy du département d'administration des affaires avec une forte détermination pendant dix minutes. Leurs efforts portent finalement leurs fruits car le gars très occupé est libre demain. Et donc, les seniors doivent reprogrammer l'entretien.

    — Merci, Pi.

    — De rien.

    — Oh, j'ai oublié de te dire. Ce vendredi, il y aura une fête de clôture du magazine pour les chouchous du campus à Saranrom. Il faut que tu viennes, d'accord ?

    — Une fête.

    — C'est ça. Tu peux amener tes amis. Aut a dit qu'il y emmènerait Nan.

    — Hein ?! Vraiment ? Je ne vais pas rater ça.

    — Ok, à plus tard.

    La chance est de mon côté. Je dois me précipiter à l'hôpital pour élaborer un plan. Le Kitty Gang doit y être arrivé depuis un bon moment.

    Bon, cette fois, si mon poisson dans le ciel ne tombe pas pour moi, vous pouvez tous me donner un coup de pied au visage.

    Pattawee Panichapun

    Je suis si excité aujourd'hui. Je vais à une fête à Saranrom.

    Humain de la faculté voisine

    Et ?

    Pattawee Panichapun

    Tu n'es pas drôle, à nouveau. Je vais voir Nan, tu sais.

    Humain de la faculté voisine

    Ce n'est pas habituel ?

    Pattawee Panichapun

    Non, ça va être spécial cette fois.

    Humain de la faculté voisine

    Pourquoi ?

    Pattawee Panichapun

    Je vais lui avouer mes sentiments pour lui.

     

    Ça montre qu'il l'a lu. Mais au lieu de répondre tout de suite comme il le fait toujours, l'humain de la faculté voisine ne dit rien. Il pense que mon plan ne va pas réussir ?

     

    Pattawee Panichapun

    Hé, pourquoi tu te tais soudainement ?

    Tu es tombé dans les toilettes ?

    Humain de la faculté voisine

    Non. Aujourd'hui...

    Pattawee Panichapun

    Quoi ?

    Humain de la faculté voisine

    J'ai prévu de déclarer mon amour aussi.

    Pattawee Panichapun

    Merde, c'est inattendu.

    J'espère que cette personne te rendra tes sentiments.

    Humain de la faculté voisine

    Oui, je l'espère aussi.

     

    Je ne parle à cet humain anonyme que pendant un court moment dans la journée. On parle de tout, on se plaint, on maudit nos vies, on se raconte nos secrets, mais je n'ai jamais su qu'il avait le béguin pour quelqu'un. Il l'a caché.

    Je mets mon téléphone dans ma poche et me dirige vers la destination. Le bar est si animé et surpeuplé, avec une super ambiance. Heureusement qu'on a réservé une table. Pas de soucis pour les sièges.

    J'ai atteint le bar vers huit heures, en voyant Liew qui agitait sa main au milieu du bar, entourée des chouchous du campus. Je fourre mes mains dans mes poches, marche froidement vers la table et salue tout le monde.

    — AAAAAH, mon cher alcool ! Hic... Donne-m'en deux.

    — Deux bouteilles ?

    — Deux caisses !

    Putain, j'ai oublié que Yok et Yeen du Kitty Gang étaient aussi de la partie. Et Duean s'est enfui pour travailler sur le projet de sa vie, abandonnant les deux autres précieux amis suspendus à leurs jambes à l'hôpital.

    Avant d'arriver là-bas, je réalise quelque chose d'étrange. Les clients réguliers du Saranrom sont principalement des hommes. Le bar diffuse souvent du football en direct et des chansons country pour bercer leurs culs ivres, mais aujourd'hui, les filles ont complètement investi l'endroit.

    En m'avançant un peu plus à l'intérieur, je découvre que ce sont des fans des neuf chouchous du campus. Je suis aussi un fan, vous savez. Je soutiens Tid, qui aime et s'intéresse aux modes de vie, à la politique et à la question financière de l'économie.

    Bref, y a-t-il quelqu'un qui agite les lightstick du fandom Pattawee ? Si c'est le cas, je ferai la fête avec le Kitty Gang après avoir été un solitaire distant pendant longtemps.

    Oh, le voilà.

    — MorkPi !

    Bordel de merde, c'est Chili, la vraie fan de MorkPi.

    Elle a apporté un panneau LED plus grand que l'enseigne du bar. Elle me fait même signe. Merde, je ne sais pas comment me comporter, alors je lui fais signe en retour et je m'assois à la vitesse de la lumière.

    — Désolé d'être en retard, dis-je par courtoisie. 

    Ils ne semblent pas s'en soucier et continuent à boire. Ils ont fini la nourriture, ne me laissant que la bière à boire.

    Je ne suis pas doué avec l'alcool. J'étais bourré quand j'ai bu avec Nan ce jour-là. Cette fois, je promets de ne pas y toucher.

    — Passe-lui un verre. Des glaçons, aussi.

    — Ah, je...

    — Quel mélange ? Eau pétillante ou boisson gazeuse ? Oh, celui-là. Cola pour toi.

    Bon sang, vous ne m'avez pas demandé si je le voulais et vous vous êtes déjà occupé de tout.

    Je ne peux pas refuser car c'est Mueangnan qui me tend le verre. Il est assis à côté de moi, et je peux sentir son souffle chaud. Je n'ai pas remarqué que nous étions si proches l'un de l'autre car j'étais occupé à regarder Mork, qui est assis en face de moi avec une autre personne.

    Cette fille, une putain de belle fille.

    Je chasse cette pensée abrupte et bizarre de ma tête et je commence à m'hypnotiser.

    Concentre-toi, Pi. Concentre-toi sur ton poisson dans le ciel.

    — Tu me regardes. Il y a quelque chose sur mon visage, Pi ?

    Waaah, écoutez tous sa voix joyeuse.

    — Rien, je regarde juste un mec mignon.

    Ouais ! Je flirte enfin avec lui, mais je reçois un regard de mort d'Aut en réponse.

    Ce n'est pas ce que j'attendais. Je ne m'étais pas préparé à ça.

    — Tu es drôle. C'est pour ça que Mork...

    Chug... chug... chug.

    Non ! Je ne veux pas entendre ce nom. Je bois l'alcool sans me soucier de personne. Je retire ce que j'ai dit, à savoir que je ne toucherais pas à l'alcool. Je viens de finir un verre entier comme si j'avais soif depuis toujours.

    Plusieurs conversations remplissent l'air au point que je commence à être confus. L'un d'eux parle de quelque chose tandis que l'autre parle d'autre chose. Moi, qui écoute tout le monde, je me tais. Je ne sais pas quand Mork devient le sujet de leur conversation.

    — Mork, tu es vraiment quelque chose ces derniers temps.

    — Quoi ?

    Mork fronce les sourcils.

    — Ton Facebook, je veux dire. Tu as été actif tous les jours. Tu annonces ta relation ?

    — Peut-être.

    — Avec Bam ? demande Aut devant tout le monde à la table. 

    Je ne comprends pas pourquoi mes yeux se froncent quand il mentionne Mork avec la fille.

    — Non, avec quelqu'un d'autre.

    — Kyaaaaaaa !

    Et voilà. Prik crie depuis la table d'à côté. Ses amis rugissent comme l'armée spartiate, prêts à nous attaquer à distance avec leur capacité d'écoute.

    — Quoi ? Explique-nous, mec, demande un senior, en souriant.

    — C'est rien.

    — Il y a deux photos. Si ce n'est pas Bam, alors ça doit être l'autre avec une autre personne dessus.

    Voyant qu'ils m'ont impliqué, je riposte tout de suite.

    — C'était probablement une coïncidence.

    Mork me regarde dans les yeux. Le silence s'installe un instant avant qu'il ne prenne la parole.

    — Ce n'était pas le cas. Je l'ai fait exprès.

    — Woooooah, quelle audace.

     Wow, c'est quoi cette réponse ? Ce voyou ne fait qu'empirer les choses.

    Je lui lance un regard noir. Sous la table...

    Je lui égratigne le pied avec mes ongles d'orteil. Même s'il a ses chaussures, je ne vacille pas.

    — C'est quoi ça, mec ? Tu dois t'expliquer. Tout le monde est curieux.

    — Va demander à l'autre.

    FWIP !

    P... Pourquoi vous me regardez tous ? Je n'ai rien à voir avec ça. Regardez-la, cette jolie fille juste là.

    — Explique-nous, Pi. Il y a quelque chose entre vous deux ?

    J'ai envie de me retourner et de demander l'aide du Kitty Gang puisqu'ils ont l'ambition de faire réussir mon amour. Mais rien ne semble se passer comme je l'avais prévu, car certains seniors leur entourent le cou de leurs bras et leur versent de l'alcool dans la bouche.

    Comment pouvez-vous faire ça à l'adorable Kitty Gang ? Vilains !

    Je dois sauver mon propre cul.

    — Il n'y a rien entre nous. C'était une coïncidence, pas vrai, Mork ?

    Je serre les dents si fort que ma mâchoire me fait mal.

    — Comme tu veux.

    Heureusement pour moi, il joue le jeu. Je suis soulagé.

    — Puisque tous les chouchous sont là et que vos fans sont à côté de nous, jouons au jeu des questions. Commençons par MorkPi.

    — Oui ! Vas-y !

    — Faisons-le. MorkPi, MorkPi, MorkPi !

    Le feu est en train de s'éteindre, mais Liew verse de l'huile dessus. Si j'étais du porc, je serais brûlé vif et elle me ferait frire encore et encore.

    Je ne peux que regarder Mueangnan et secouer la tête, essayant de lui dire de ne pas laisser cela se produire. Mon poisson dans le ciel sourit et prononce quelques mots.

    — Faisons-le. Je suis curieux aussi.

    Arrrgh, Mueangnan est aussi du genre curieux.

    Ok, alors. Dissipons le malentendu. Je vous ai dit que j'allais avouer mes sentiments pour Nan. Vous pouvez me donner un coup de pied dans la bouche si j'échoue.

    — Est-ce que quelqu'un a une question ? Vous pouvez les poser maintenant. Vous deux, préparez-vous à répondre, commence Liew. 

    Le bar devient inhabituellement calme, si calme que j'ai peur...

    — Mork, tu n'es pas en couple avec Bam, n'est-ce pas ?

    La première question commence par le sujet brûlant.

    — Non. On est juste amis.

    — Tu ne mens pas !

    — J'ai quelqu'un que j'aime bien.

    — Qui c'est ?

    Ça vient des autres tables, très fort. Le monde s'arrête. Mork est silencieux, les yeux fixés sur moi, il ne cille même pas. S'il vous plaît, non... Je ne veux rien entendre.

    —  Qui est-ce que tu aimes, Mork ?

    —  Quelqu'un sur Facebook.

    —  Sois précis. Il y a des tonnes de gens sur Facebook. Qui c'est ?

    — J'aime bien Pi.

    — Kyaaaaaaaaaaa !

    Je... Je suis choqué, sans voix, incapable de protester. Bien que je sois déconcerté, mes oreilles fonctionnent encore très bien.

    — Pourquoi tu l'aimes ? Quelqu'un de plus parfait te courait après mais tu t'en fichais.

    — J'aime quelqu'un parce que je l'aime bien, pas parce qu'il est parfait.

    — Tu avais prévu d'avouer tes sentiments pour Pi aujourd'hui, pas vrai ?

    — Je l'ai fait il y a longtemps. Il ne m'a pas cru.

    — Tu ne le tromperas pas, hein ? Si quelqu'un de plus intelligent, meilleur et plus mignon te drague, tu ne le regretteras pas ?

    — C'est Pi que j'aime le plus.

    — Qu'est-ce que tu veux dire à Pi ? 

    — Il y a trois choses. Premièrement, pourquoi es-tu si mignon ? Deuxièmement...

    — ...

    — Je vais te draguer.

    — ...

    — Et troisièmement...

    — ...

    — Ouvre un peu ton cœur, tu veux bien ?

    — Kyaaaaaaaa !

    Au milieu des cris de tout le monde dans le bar...

    BAM !!!

    Je tombe en arrière comme un idiot.


    Notes
    (1) Turkey Berry, si Meen semble si surpris c’est parce que ce fruit se traduit littéralement par baie de dinde. Donc Meen pense que Duean commande un jus de baie de dinde.



  • Commentaires

    4
    Jeudi 13 Octobre 2022 à 15:34

    Chaque chapitre est 1 vrai plaisir, j adore ces persos ^^

    Merci, bises ^3^

    • Voir les réponses
    3
    Mercredi 12 Octobre 2022 à 22:44

    Encore un bon chapitre à lire =)

    Duean/Meen, ils sont adorables tous les deux, je les préfère en roman qu'en drama XD

    Mork, plus je lis, plus j'aime sa façon d'être... il est tenace mais réservé en même temps, soucieux des réactions de son Pi *o*

    Merci pour ce nouveaux chapitre.

    • Voir les réponses
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :