• Une parenthèse inattendue (Joss & Kokoy)

    Une Parenthèse Inattendue
    Petit Mot De L'Auteure
    Coucou tout le monde, je vous présente un chapitre bonus qui n'était de base absolument pas prévu. Avec les filles de ma team on participe à un jeu de Noel sur Amino, (Si vous ne connaissez pas, c'est un réseau qui permet de créer des communautés sur un sujet précis. Celui où je suis, bien évidemment, parle des BL. Je met le lien dans ma description ^^) l'un de nos défis a été de créer une histoire (Tout à été créer en une dizaine d'heure environ). Ceci est donc la collaboration entre Mulffin, Amelyma et Nirlaw et qui a remporté la première place du défi. Vous aurez aussi l'histoire que l'autre partie de la team à crée. Je vous souhaites donc maintenant, une bonne lecture et surtout de passer un très joyeux Noel.

    Je vérifiais une dernière fois que je n’avais rien oublié avant de prendre mon taxi pour l'aéroport, j’avais mon passeport, mon billet et une petite valise qui me suffirait amplement pour ce voyage. A la base j’avais prévu de partir avec mon ex petite amie, j’avais pris les billets il y a quelques mois déjà car j’avais prévu de la demander en mariage en haut des pistes de skis, j’avais tout préparé et cela devait être parfait. Nous aurions dîné le 24 au soir sur le toit de notre hôtel avec vue sur les descentes, à minuit j'aurais mis un genou à terre alors qu’un quatuor à cordes jouait notre chanson sur laquelle nous nous étions embrassés la première fois. Et je lui aurais fait ouvrir un écrin dans lequel se trouvait la bague de mon arrière-grand-mère, elle aurait été émue aux larmes et m’aurait dit un grand oui qui aurait fait exploser mon cœur. Mais tout ceci n’était resté qu’un beau rêve quand je l’avais retrouvé au lit avec une autre femme, ce jour-là j’avais perdu l’amour de ma vie et ma meilleure amie. 

    J’avais voulu tout annuler et me faire rembourser mais mon frère m’avait persuadé de changer d’air. Je m'étais donc seulement fait rembourser un billet et avec cet argent j’avais réservé une chambre dans un hôtel beaucoup plus luxueux de la station de ski où j’allais. J’avais bien trop de souvenirs ici, à Manille, que je voulais oublier et ce voyage ne pouvait me faire que du bien.

    Plus je m’approchais de l’heure de l’embarquement et plus le poids qui m’avait comprimé la poitrine ces dernières semaines commençait à devenir un peu plus léger. J’arrivai enfin à mon siège, mais un homme était assis à ma place. Je regardai plusieurs fois mon billet pour vérifier que je ne m'étais pas trompé de siège, mais il y avait bien écrit 48B sur mon billet. J'avais essayé d'attirer son attention en l'appelant, mais il avait ses écouteurs dans les oreilles et ne semblait pas m'entendre. Doucement je m'étais avancé un peu plus vers lui et j'avais tapoté son épaule pour lui signaler que je lui parlais. 

    — Monsieur, je crois que vous vous êtes trompé de siège. 

    — Je ne pense pas non, me répondit-il avec dédain.

    — Vous êtes sur le siège 48B et c'est le mien. Regardez mon billet!

    Il ne le regarda même pas et me tourna le dos. Je ne voulais pas appeler l'hôtesse de l'air, nous étions deux hommes civilisés et il n'y avait pas de raison que nous n'arrivions pas à régler ce problème entre nous. Je lui tapotais de nouveau l'épaule et quand il se retourna je vis de l'énervement dans son regard.

    — Bon, ça fait dix ans que je prends l'avion régulièrement, je sais encore lire un billet et sur le mien il est écrit 48B, alors je ne sais pas ce que vous avez lu sur votre billet et ce n'est pas mon problème.

    Je n'avais pas envie de laisser cet odieu personnage gagner alors je lui mis mon billet directement sous les yeux.

    — Alors si vous savez lire un billet, comme vous dites si bien, dites-moi ce qu'il y a écrit sur mon billet?

    Il lut enfin le numéro de siège et je vis son regard passé de l'énervement à l'étonnement.

    — Mais comment c'est possible?

    Il tira son billet de sa poche, regarda le numéro de siège et je vis qu'il ne savait plus quoi dire. Je regardai au-dessus son épaule et vu qu'il était écrit 148B. 

    — Vous savez peut-être lire les billets mais je vois que vous avez du mal avec les chiffres, me moquai-je.

    Il me regarda avec dédain, renâcla et prit ses affaires pour partir. Bien qu'il s'était trouvé bête devant moi, il était parti la tête haute et avait gardé cette belle allure naturelle que je n'avais pas remarqué lorsqu'il était assis. Je pus enfin me mettre à ma place et je soufflai de soulagement de ne plus jamais revoir cet homme imbu de sa personne.

    Malgré le petit incident du début, mon vol s'était vraiment bien passé, j'avais réussi à dormir et je n'avais plus refait ce cauchemar où j'ouvrais la porte de la chambre et où je retrouvais ma femme dans les bras d'une autre. Je récupèrai ma valise et sortis mon ticket du bus pour vérifier l’heure du départ, j’avais encore 1h30 de trajet à faire avant d'arriver à l’Alpe d’Huez. Je pris ma place et me posais en attendant que le bus démarre. Depuis tout petit je suis malade en bus, petit c’était un drame à chaque fois que nous partions en classe découverte avec l’école. Les professeurs devaient rester à côté de moi pour me tendre les sacs quand j’en avais besoin et beaucoup de mes camarades se moquaient de moi en m’appelant “vomito”, je secouais la tête pour faire partir ces souvenirs désagréables. Maintenant, il n’y avait qu’une chose qui me faisait du bien en bus, écouter de la musique et dormir. Ce que je fis dès que le bus démarra. Nous n’avions pas fait 100 mètres que celui-ci pilla et je me retrouvai le nez contre le siège de devant. Une voiture noire venait de nous couper la priorité et bien que le conducteur de notre bus klaxonna, le propriétaire de la voiture ne prit même pas la peine de s’excuser et redémarra au quart de tour nous laissant tous surpris par tant de mauvaises manières. 

    Le trajet jusqu’à l'hôtel se passa sans anicroche et je fus émerveillé de voir la neige qui recouvrait tout le paysage. J’avais l’impression d’être un enfant et j’avais juste envie de la toucher et de faire comme dans tous ces films de Noël où les gens font des anges dans la neige en bougeant leur pieds et leur mains comme des pantins. En sortant du bus, je regardais autour de moi, tout était d’un blanc pure et magnifique, les arbres eux, était recouvert de givre et on voyait de petites stalactites prêtes à tomber des branches nues.

    Nous n’étions pas beaucoup à nous arrêter ici et le bus s’en alla pour déposer les clients restants dans les différents hôtels de la station.

    Lorsque je montai la petite côte qui m’amenait jusqu'à mon hôtel, j'aperçus une voiture noire comme celle qui nous avait barrer la route plus tôt. C’était une coïncidence troublante mais la fatigue du voyage ne m’aidait pas à avoir l’esprit très clair.

    L'hôtel était vraiment magnifique, tout en bois et en pierre, on pouvait apercevoir derrière une énorme montagne recouverte de neige.  La façade était décorée de guirlandes lumineuses qui scintillaient comme des lucioles. A l’intérieur, il y avait un grand sapin aux couleurs de Noël avec une énorme pile de cadeaux en dessous. La décoration intérieure était si raffinée que je restais un moment sans voix avant que le réceptionniste ne m’interpelle.

    — Monsieur, Bienvenue à la résidence l’Alpenrose. J’aurais besoin de votre carte d’identité et de votre réservation s’il vous plaît.

    Je sortai les papiers et les lui tendis. Il regarda sur son ordinateur et je vis son air changer. Il semblait être embêté par quelque chose et n’osait pas me le dire.

    — Y a-t-il un problème ? osai-je.

    — Je vous prie de m’excuser Monsieur, je dois appeler mon supérieur.

    Il décrocha, composa un numéro et commença à parler français. Je ne comprenais pas un traître mot, j’avais juste appris la politesse et à commander un café ou du thé. J’avais même appris qu’une raclette ne servait pas qu’à faire du ménage mais que c’était un plat montagnard délicieux. J’étais tellement pris dans mes pensées que je n’avais pas remarqué l’homme qui était à mes côtés et qui parlait à un deuxième réceptionniste. J’allais tourner la tête pour le regarder lorsque le réceptionniste qui s’occupait de moi me parla.

    — Monsieur, je suis désolé mais la chambre a déjà été louée, dirent les deux réceptionnistes à l’unisson.

    Nous nous retournâmes tous les quatre comme un seul homme et tout ce que l’on entendit fut une exclamation de surprise.

    — Vous ? 

    C’était une blague, forcément quelqu’un me jouait un mauvais tour, ce n’était pas possible autrement. L’homme qui se tenait devant moi ne m’était pas inconnu puisque c’était l’homme qui m’avait pris ma place dans l’avion.

    — Messieurs nous sommes vraiment désolés pour ce désagrément, mais nous n’avons pas d’autre chambre de libre. 

    Je n’eus pas le temps de parler que l’autre homme, qui s’appelait Joss soit dit en passant, vociféra avec véhémence.

    — Vous vous foutez de moi ? J’ai payé la chambre et je la veux, impossible que je la partage avec cette personne, dit-il en me regardant avec dédain.

    — Regardez qui a fait la réservation en premier ! demandais-je. J’étais fatigué du voyage et je n’avais qu’une envie, c’était de prendre un bon bain chaud et de me mettre sous la couette.

     — Oui, faites ça! Et la personne qui a réservé en premier garde la chambre.

    Je soupirai d’agacement mais il avait raison, premier arrivé, premier servi et je n’avais pas la force de le contester.

    Le réceptionniste regarda sur son ordinateur et je lus la surprise dans ses yeux.

    — Messieurs, je suis désolé! Vous avez fait la réservation le même jour et à la même heure.

    — Non mais vous plaisantez, c’est une caméra cachée?

    — Non monsieur…

    — Est-ce que vous avez d'autres hôtels à me proposer ? demandais-je. Je voulais en finir au plus vite et ne plus revoir ce connard.

    — Nous sommes au mois de décembre et en pleines vacances de Noël. Je crains que vous ne soyez obligés de partager la chambre jusqu’à ce qu’une autre se libère.

    — Mais j’ai payé pour une chambre d’une personne ! s’énerva Joss , et j’ai pas l’intention de la partager.

    Après plus d’une heure de négociation, Joss avait accepté de partager la chambre avec moi jusqu’à ce qu’une solution nous soit proposée. En contrepartie, l'hôtel nous avait donné l’accès gratuit à leur spa. Je ne savais pas comment j’allais faire pour supporter Joss, avec un peu de chance, nous ne nous verrions pas beaucoup. Nous marchions l’un derrière l’autre dans le couloir lorsque Joss s’arrêta brusquement, encore heureux que j’avais de bons réflexes sinon je me serais sûrement cogné contre son dos.

    — Chambre 450. C’est ici ! Je suis pas si nul que ça pour lire les chiffres, me dit-il sans me regarder. Je me sentis rougir jusqu’à la racine de mes cheveux. Il n’avait pas oublié ce que je lui avais dit il y a de cela 14h et j’en fus franchement mal à l’aise.

    — Désolé, je…

    — Laisse tomber !

    Nous entrâmes tous les deux dans une immense chambre au milieu de laquelle trônait un énorme lit.

    — Je dors à gauche! me dit-il.

    Je répondis d’un simple ‘hmm’, je n’avais pas de préférence de toute façon et je voulais juste dormir, toutes ces péripéties m’avaient retourné et j’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil pour me remettre d’aplomb. J’avais prévu beaucoup d'activités et je ne voulais pas perdre la moindre minute pendant ces deux semaines de vacances.

    Nous prîmes une douche chacun notre tour et c’est dans un silence d’église que nous nous sommes glissés sous les draps, je soupirai d’aise et fermai les yeux pour me détendre.

    — C’est moi qui devrais m’excuser, je suis toujours stressé quand je prends l’avion et j’en deviens désagréable.

    — D’après ce que j’ai remarqué tu n'es pas désagréable seulement quand tu es stressé.

     Je me rendis compte de ce que j’avais dit et je regrettais aussitôt.

    — Je n’ai pas été désagréable avec le réceptionniste, si c’est ce que tu veux dire, je voulais ce qui m’était dû ! J’ai payé le prix fort pour une chambre seule, ce n’est pas pour me retrouver avec un étranger ! Et si je n’avais pas été si ‘désagréable’, il insista sur le mot, tu n’aurais pas un accès gratuit au spa de l’hôtel. Tu pourrais au moins être reconnaissant !

    Je ne sus que répondre alors je me tus. Il avait raison, si j’avais été seul, j'aurais sûrement accepté de partager ma chambre sans insister. Je n’aimais pas les conflits et ce depuis toujours. Pria, mon ex, m’avait souvent fait ce reproche auparavant, parce que je laissais tomber les batailles trop facilement. Je m’endormis le coeur lourd en repensant à cette partie de ma vie que je voulais oublier.

    Je dormais à point fermé lorsque je sentis un poids sur mes jambes et sur mon torse. Joss était presque complètement allongé sur moi et il avait pris toutes les couvertures pour lui. J’essayais de le repousser mais à chaque fois il me serrait encore plus fort contre lui. L’odeur de ses cheveux vint titiller mes narines, il sentait bon la rose et le bois de santal, une odeur que j’adorais. Je me relaxais doucement et arrivais enfin à me rendormir.

    Je me réveillais dans la même position que cette nuit mais cette fois nous étions tous les deux dans les bras de l'autre. Je n’osais pas bouger, j’avais peur qu’il se réveille aux moindres mouvements. Je ne sais pas combien de temps j’avais attendu mais, lorsque je vis qu’il commençait doucement à ouvrir les yeux, j’avais fermé les miens. J’avais trop honte de notre position pour le regarder dans les yeux alors j’avais préféré fuir. Il ne me repoussa pas comme je l’avais pensé, je sentais qu’il me détaillait et ce fut après quelque minutes qui me semblaient une éternité qu’il s’écarta et je me tournai de l’autre côté en faisant toujours semblant de dormir. Je l’entendis partir dans la salle de bain et je soupirai de soulagement. 

    Lorsque je me levai, il n’y avait plus personne dans la chambre. Je profitais d’être seul pour repenser à cette première nuit ensemble. C’était la première fois que j’avais dormi dans les bras de quelqu’un, qui plus est dans les bras d’un homme et c’était une sensation bizarre. Ça ne m’avait pas autant déplu que ce que j'aurais pensé.

    Nous avions passé les premiers jours sans vraiment nous voir, nous nous retrouvions seulement le soir et nous nous endormions chacun de notre côté du lit pour nous retrouver le lendemain matin dans les bras l’un de l’autre. C’était vraiment une sensation bizarre et cela me troublait franchement mais nous n’en parlions pas. C’était comme un secret honteux que nous préférions garder pour nous, par pudeur ou tout simplement par peur de ce que cela pouvait dire.

    J’avais pris quelques cours de ski avec un moniteur vraiment très gentil et pédagogue et je me débrouillais déjà très bien. La sensation de liberté que me procurait le glissement des skis sur la neige me faisait le plus grand bien, je ne pensais plus à rien et je me sentais léger comme l’air. Pourtant, un petit quelque chose me perturbait encore et je n’arrivais pas à poser de mots sur ce que je ressentais. J’étais en haut de la piste et je regardais le paysage autour de moi. J’allais mettre mes skis lorsque j’entendis un cri:

    — Kokoy, attention ! 

    Je n’eus même pas le temps de tourner la tête qu’un choc me fit perdre l’équilibre, je tombai lourdement au sol et je perdis connaissance. Je sentis seulement que quelqu’un me portait dans ses bras et qu’une voix que j’avais du mal à reconnaître me disait que tout irait bien puis ce fut le trou noir.

    Je me réveillais sur un matelas, je ne reconnus pas tout de suite où je me trouvais et il me fallut quelques instants pour remettre les images de ma journée dans l’ordre. Je tournai la tête et je me retrouvai devant un Joss assis sur une chaise à côté du lit, sa tête posée sur ses avants bras. Je fus parcouru d’un léger frisson et il n’en fallut pas plus à Joss pour qu’il se réveille.

    — Kokoy ! Ça va ? Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ? J’appelle le médecin ?

    — Doucement ! l’interrompis-je. J’ai mal à la tête ! Il s’est passé quoi ?

    Il se calma et reprit une respiration normale. Je vis une lueur de tristesse dans son regard et je ne savais pas vraiment pourquoi il se souciait autant d’un inconnu.

    — J’allais descendre la piste et je t’ai vu au loin. Tu allais mettre tes skis quand quelqu’un a commencé à dévaler la piste à toute vitesse vers toi. J’ai crié ton nom mais tu n’as pas eu le temps de réagir avant que cette personne ne te percute. Vous avez eu de la chance de ne rien avoir tous les deux, juste des petites égratignures et une commotion à surveiller. Le médecin passera d’ici quelque jours pour vérifier que tout va bien mais tu vas avoir besoin de repos. Interdiction de ski ou de sports extrêmes.

    — Pourquoi l’autre personne n’a pas réussi à s’arrêter ? demandai-je curieux.

    — Je ne sais pas, j’ai entendu parler d’un sabotage de skis, mais ils parlaient en français et mon français est vraiment très faible.

    Je restais au lit, mon corps me faisait mal à chaque fois que je bougeais. Joss m’apporta un plateau repas que je mangeais au lit avant de m’endormir.

    Ma première semaine de vacances était passée à toute vitesse, j’étais resté au lit ces trois derniers jours et Joss ne m’avait pas quitté d’une semelle. J’avais bien essayé de le faire sortir de la chambre mais il avait toujours refusé. Il se comportait avec moi comme un infirmier au chevet d’un malade. Je ne sais ni quand ni comment notre relation a évolué vers quelque chose de plus en plus intime. J’aimais qu’il soit là, sa simple présence me faisant me sentir comme sur un nuage. Il était doux et attentionné, complètement à l’opposé de l’image qu’il m’avait donné à notre rencontre. J’avais senti quelque chose changer entre nous et je n’osais pas lui demander ce que c’était car j’avais peur de la réponse. 

    Je me réveillai après une longue sieste et me retrouvai seul dans la chambre, j’entendais au loin l’eau couler dans la douche. Je m’étirais et me frottais les yeux avant de sortir du lit, Joss n’avait laissé qu’une petite lampe de chevet allumée, ce qui donnait à la pièce une atmosphère romantique et tamisée. J’allais vers le petit frigidaire pour me prendre une bouteille de soda, lorsque la porte de la salle de bain s’ouvrit sur un Joss vêtu seulement d’un caleçon. Mon regard se perdit sur ses abdominaux un instant, descendit sur ses cuisses fermes et musclées puis remonta doucement vers son visage. Joss était vraiment beau, je ne m’étais jamais arrêté sur le corps d’un homme auparavant mais, il était indéniable que Joss me plaisait et m’attirait. Je ne m’étais jamais senti comme homosexuel ou bi, je n’avais connu qu’un seul amour, Pria. Et pourtant, ce que je ressentais pour Joss n’était pas qu’une simple attirance, il y avait plus, beaucoup plus mais, je ne voulais pas me l’avouer, alors je pris les dernières forces qui me restaient et détournai les yeux, les joues rouges de honte.

    — Tu as bien dormi ?

    — Hmm, très bien ! répondis-je vaguement.

    — Tu es sûr que ça va, tu n’as pas l’air bien.

    — Ça va, je te dis ! Lâche-moi un peu !

    Je vis une brève lueur de tristesse traverser ses yeux, je voulais m’approcher de lui pour m’excuser mais il recula d’un pas et se détourna pour s’habiller. Pourtant je ne voulais pas que nous nous disputions alors je profitai d’un moment d'inattention de sa part pour m’approcher de lui et le prendre dans mes bras.

    — Je suis désolé, Joss. Je suis mal réveillé.

    Je sentais son cœur battre fort dans sa poitrine, il était à l’unisson avec le mien et je sus à cet instant que je n’avais pas rêvé, il y avait quelque chose entre nous. Une flamme qui commençait doucement à s’allumer et qui vacillait sous le souffle de notre désir.

    — Je m’habille et on sort pour manger. Tu en penses quoi ?

    — Tu es sûr que… commença-t-il inquiet.

    — Je vais bien, je n’ai plus de douleurs et je sors d’une sieste de deux heures. Alors, j’ai envie de profiter de cette soirée avec toi.

    Il acquiesça et après avoir fini de nous préparer, nous partîmes ensemble au restaurant de l’hôtel. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’y aller et j’avais envie de goûter au plat typiquement montagnard. On nous installa à une table un peu à l’écart, proche d’une immense baie vitrée à travers laquelle nous avions une vue dégagée sur les pistes de ski et les remontées mécaniques.

    — C’est beau ! m’exclamai-je.

    — Oui, c’est l’endroit que je préfère de cet hôtel.

    — Tu es déjà venu beaucoup de fois ici ? demandai-je curieux. 

    C’est vrai que depuis notre première nuit ensemble nous n’avions pas vraiment parlé à part pour nous dire quelque banalités, je ne savais donc pas beaucoup de choses sur lui.

    — C’est la troisième fois que je viens. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu la montagne.

    — Pourquoi?

    — Je suis toujours en train de travailler. J’ai monté une boite dans la création de jeux vidéo à Bangkok et nous avons une succursale à Manille depuis quelques mois.

    — Hmm, c’est pour ça que tu étais dans cet avion !

    — Oui ! dit-il en riant.

    — Personne ne m’avait vraiment remis à ma place comme tu l’as fait dans cet avion. me répondit-il en souriant. Ça m’a fait du bien qu’on ose s’opposer à moi. Depuis que je suis patron, plus personne ne me contredit, tout le monde me cire les bottes et je suis fatigué.

    Je comprenais mieux pourquoi il avait toujours cet air fermé sur le visage, ça ne devait pas être facile d’être toujours encensé et mis en avant. Je ne connaissais pas ce sentiment, je n’étais qu'un simple enseignant en école secondaire et je n’étais pas souvent mis sur un pied d’estale. Mes parents m’avaient, quant à eux, toujours fait ressentir que je n’étais pas assez bien.

    — Et toi, pourquoi es- tu venu ici ?

    — J’avais prévu de venir avec ma petite amie pour la demander en mariage.

    — Ah ! dit-il, l'air déçu. Et elle n’a pas pu venir finalement ?

    — Elle m’a quitté pour ma meilleure amie.

    Je vis le visage de Joss se décomposer, il ne s’attendait surement pas à ce genre de réponse, qui pourrait s’y attendre de toute façon.

    — Je suis désolé Kokoy! Vraiment ! dit-il en me prenant la main que j’avais posée sur la table. 

    Il croisa ensuite ses doigts avec les miens et je lui racontais toute mon histoire. Il me regardait compatissant mais je ne me sentais nullement jugé et ça faisait vraiment un bien fou. Lorsque le serveur arriva pour prendre notre commande, j’essayai d’enlever ma main, je ne voulais pas que le serveur se fasse des idées sur nous mais Joss la tenait fermement et ne me laissa pas la retirer. Lorsqu’il partit avec nos commandes, je plongeais mon regard dans les yeux de Joss et je pouvais y voir un feu ardent.

    — N’enlève pas ta main, Kokoy ! Restons comme ça un moment !

    — Mais et le serveur ?

    — Je m’en fiche Kokoy, je veux profiter de chaque instant avec toi, peu importe ce que peuvent bien penser les autres !

    Nous avions passé une excellente soirée, Joss était vraiment une personne drôle et pleine de vie. Nous avions dû lâcher nos mains lorsque nos plats avaient été servis mais pour ne pas perdre le contact de nos corps, nous avions croisé nos jambes sous la table et parfois mon corps se couvrait de frissons lorsqu’il caressait ma jambe de son pied. Il avait toujours ce sourire tendre sur les lèvres et un regard plein de promesses. Nous n’avions pas pris de dessert, bien trop pressé de pouvoir monter dans notre chambre. C’est avec sa main dans la mienne qu’il ouvrit la porte de notre chambre avant de nous engouffrer dans celle-ci.

    Il se retourna pour mettre la clé sur le boîtier disjoncteur et alluma les lumières. J'étais tendu à l'extrême, je ne savais pas ce que je voulais vraiment mais je n'avais pas envie de lâcher sa main. Alors qu'il essayait d'avancer, il sentit une résistance et se tourna vers moi avec un regard d'incompréhension.

    — Quelque chose ne va pas ? Pourquoi tu restes dans l'entrée ? me demande-t-il. 

    — Je… Je... essayais-je de répondre. 

    Mon cœur battait à la chamade, j'avais envie de lui dire plein de choses mais rien ne venait, mon cerveau avait planté. Je commençais doucement à avancer jusqu'à notre lit oú je m'assis. Il fallait que je reprenne mes esprits, Joss attendait une réponse et je ne devais absolument pas me louper. 

    — Je n'ai pas envie de te lâcher la main...

    — Alors ne le fais pas. me répondit-il en venant s'asseoir à côté de moi.

    Je souris timidement en regardant nos mains entrelacées avant de me souvenir de Pria. On s'était bien entendu déjà pris la main, en marchant dans la rue ou même à la maison, mais Joss me donnait une toute autre façon de voir ce simple contact. Je me rendais compte qu'avec elle je ne ressentais pas ce frisson qui partait du bout de mes doigts jusqu'à mon ventre. La peau de Pria était douce et lisse alors que celle de Joss était des mains maculine, douce mais aussi rugueuse. C'était des sensations que je n'aurais jamais pensé aimer. 

    Étais-je en train de réévaluer ma relation avec Pria ? Comment une simple rencontre dans un avion pouvait-elle me retourner autant ? J'avais pris ces vacances pour pouvoir me retrouver et cicatriser mais je ne pensais que cela se passerait si vite. Je ne savais plus quoi en penser, j’étais perdu mais en même temps j'avais envie de ces changements, je n'avais pas envie de me morfondre éternellement. Quelle ironie d'éprouver un pincement pour un homme après que mon ex-petite amie m'ait quitté pour ma meilleure amie. Un long moment de réflexion passa avant que je décide enfin à ouvrir la bouche. 

    — Je vais bien. Je viens de réfléchir à l'importance de ce séjour. Depuis que je suis parti, un poids énorme était sur mes épaules, je souhaitais évacuer le plus possible avant de rentrer à Manille dans ma vie monotone. Mais depuis que je t'ai rencontré, chaque jour, je me sens plus léger, tu me fais me sentir plus léger. Je pensais au début, qu'on ne s'entendrait jamais. m'expliquai-je en rigolant.

    — Il faut dire que notre rencontre était particulière. continua Joss en riant de plus belle. 

    — C'est vrai. Mais en passant ces quelques jours, j'ai découvert une autre facette de toi qui m'a plu.

    — Tu as beaucoup réfléchi en très peu de temps ! me dit-il avec un sourire espiègle. 

    Il savait que c'était un moment important et que je n’étais pas spécialement à l'aise avec le sujet, alors il essayait de me détendre. Cette seule phrase me fit comprendre combien j'avais raison, combien sa personnalité, son caractère, enfin tout, m'était essentiel. Pendant que j'étais en convalescence, sa présence m'apaisait, aujourd'hui, à ce moment, elle me donnait envie d'aller plus loin. 

    Le cœur battant à cent kilomètres heures, je commençais à lentement me pencher en avant, vers lui. Il me regardait mais ne bougeait pas d'un centimètre, comme s'il attendait que je change d'avis. Mais je n'allais pas le faire, j'étais résolu ! 

    Mon visage avançait lentement, très lentement, je voulais le voir de si près pendant encore longtemps. Mais j'arrivais enfin à destination, ses lèvres. 

    Le premier contact entre nos bouches se fit assez léger, à peine mes lèvres avaient-elles touchées les siennes que je commençais à me retirer. Mais avant même que je ne puisse aller trop loin, il poursuivit et entreprit le deuxième contact. Et quel contact…

    Nos bouches se touchèrent dans un effleurement qui mit à mal mon cerveau et mon coeur, avant qu'elles ne commencent enfin une danse lente mais enflammée. Lentement, je commençais à ouvrir la bouche et à demander l'accès à la sienne, de ma langue je lui caressais sa lèvre supérieure avant de la pousser vers l'avant et de sentir ses dents. Il comprit le signal ce qui me permit de m'engouffrer et d'explorer sa bouche à ma convenance.  

    Trop happé par ce baiser, je ne faisais attention à rien, seules les sensations qu'il me procurait, m'importaient. Mes mains remontaient le long de son corps, en passant par le haut de ses cuisses musclés, puis vers ses abdos bien dessinés avant d'arriver à son cœur qui battait à tout rompre. L'une de mes mains s'attarda sur cette partie de son torse, je sentais son cœur battre à l'unisson avec le mien. Cette constatation me boosta et j'approfondis le baiser, mais Joss se recula soudainement, me laissant pantois et plein de doute. 

    — Kokoy... commença-t-il d'une voix rauque et à bout de souffle, avant de poser son front sur le mien et de continuer à m'embrasser. 

    Sa main se posa sur ma nuque avant qu'il ne commence à approcher mon corps du sien, comme s'il voulait se fondre en moi. Je passais mes bras derrière sa tête ce qui permit à mes mains d'atterrir sur son dos, que je griffais presque à sang. Il y avait tellement de sensations différentes, d'un côté je sentais les mouvements de ses muscles sous mes mains, de l'autre je sentais le mouvement de sa langue et de ses lèvres. Chacun de mes sens étaient en éveil, c'était indescriptible. 

    Je n'avais jamais expérimenté de baiser aussi charnel aussi profond avec Pria, avec elle c'était plutôt lent mais doux sans extravagance. Alors que ce baiser était du sexe à part entière.

    Dans la pièce, les seuls bruits qu'on entendait étaient ceux de nos respirations laborieuses ainsi que le bruit mouillé de nos baisers. Il me semblait que ça durait depuis déjà des heures, mais nous n'avions pas ralenti pour autant, tellement pressé d'être ensemble, de se sentir. Nos dents se cognaient, chacun mordait la lèvre de l'autre au point ou dans un ultime baiser nous sentions du sang s'installer entre nous. Je le poussai un peu pour reprendre mon souffle et lui parler d'une chose importante.

    — Kokoy..

    — Joss.. dit-on en même temps, ce qui nous fit rire. 

    — Vas-y, qu'est-ce qu'il y a ? continua-t-il en essayant de reprendre sa respiration.

    — Que va-t'il se passer à la fin de notre séjour ? demandai-je le coeur de nouveau lourd. 

    J'aimais tellement les sensations que j'avais avec lui que je n'avais pas envie de le quitter. Je ne voulais pas rentrer seul à Manille et reprendre ma vie dans l'état de ruine où je l'avais laissé en partant. En rentrant, il faudra que je pense à chercher un nouvel appartement et à déménager, mais si j'avais ne serait-ce qu'un infime espoir de revoir Joss alors cette perspective serait beaucoup plus agréable. 

    J'attendais toujours la réponse de Joss qui me regardait d'une façon assez étrange, il avait l'air triste mais aussi confus et perplexe.

    — Tu te souviens, je t'ai dit que j'avais une entreprise à Manille, donc on pourra sûrement se voir là-bas.

    Trop heureux, je n'entendis pas le mot le plus important de la phrase….

    En entendant cette nouvelle, je souris de plus belle et commençait à me déshabiller pour me mettre dans le lit et peut-être continuer ce baiser sous les draps. En me voyant faire, Joss m'observa de la tête aux pieds comme il ne l'avait jamais fait, du moins je ne l'avais jamais vu faire. Il se leva, se déshabilla et se coucha à mes côtés tout en me regardant intensément. 

    Tout au long de la nuit, nous avions continué de nous embrasser, sauvagement, lentement, profondément, légèrement. Ces moments étaient magiques et j'avais hâte d'être demain. Mais les efforts que j'avais dû fournir aujourd'hui m'avaient épuisé et je m'endormis dans ses bras sans vraiment m'en rendre compte. Je dormis super bien, comme dans un cocon, les mouvements de Joss dans la nuit ne me dérangeait plus du tout et j'aimais me réveiller le matin dans ses bras.

    Pourtant le lendemain à huit heures, rien de tout ça n'était arrivé. Je me réveillais avec la sensation d'être léger et en effet, je ne sentais pas les bras ou les jambes de Joss en travers de mon corps alors sans lever les yeux je tapotai son côté du lit mais le trouvait vide.  

    Je tendis l'oreille pour entendre le bruit de l'eau ou n'importe quoi venant de la salle de bain mais là aussi, le silence me répondit, la chambre entière était plongée dans le silence. Depuis que j'étais arrivé dans cet hôtel c'était bien la première fois. Je me demandais où il pouvait bien être. 

    — Peut-être qu'il est descendu prendre son petit déjeuner, après tout il faut toujours qu'il le prenne avant huit heures, ces Thailandais sont si bizarres.

    Je commençais doucement à me lever et à prendre ma douche avant de m'habiller et d'aller le rejoindre au buffet du restaurant. Pour ne pas qu'il remonte pour rien, je pris mon téléphone pour lui envoyer un message avant de me rendre compte que je n’avais pas son numéro. En même temps pourquoi faire ? C'était juste le mec qui m'avait pris ma chambre et nous dormions ensemble, je n'en avais pas besoin. Un peu déçu et priant pour qu'il ne remonte pas par un autre ascenseur que le mien, je lui laissais une note avant de me décider à descendre. 

    Arrivé en bas, je me dirigeais vers le restaurant en cherchant Joss du regard, mais je ne le vis nul part, il était vraiment remonté dans la chambre par un autre ascenseur. J'espérais qu'en voyant ma note, il m'attendrait en haut, pour qu'on puisse passer ce dernier jour ensemble sur les pistes. 

    Je finis rapidement mon petit-déjeuner avant d'aller chercher Joss dans la chambre, mais arrivé devant celle-ci, un léger malaise me troubla, je mis ma main sur la poignée et entra. La pièce était silencieuse, la note que j'avais posée sur la table n'avait pas bougé d'un centimètre et c'est à ce moment-là qu'une évidence se fit dans mon cerveau. 

    Il n'y avait plus les affaires de Joss. Il n'y avait plus son ordinateur posé sur la table ou son téléphone qui trainait sur la table basse, ni son manteau suspendu au porte-manteau. Il n'y avait plus rien ! 

    — Mais… Joss ?

     Il ne pouvait pas être parti, pas vrai ? 

    Je descendis en vitesse à la réception pour savoir si cette hypothèse était en fait un fait réel. Trop pressé d'avoir des réponses, je bousculai une jeune femme avant de me confondre en excuse et de continuer jusqu'à la accueil où était installé le receptionniste qui nous avait donner nos clés en arrivant.

    — Monsieur, bonjour. Que puis-je faire pour vous ? me demanda-t-il professionnellement.

    — Bonjour, vous vous souvenez de la personne avec qui je devais partager une chambre ?

    — Bien sûr, nous sommes encore désolé pour ce malentendu, heureusement tout s'est arrangé, n'est-ce pas !

    — Que voulez-vous dire ? lui demandai-je perplexe.

    — Eh bien, on avait proposé une autre chambre à ce jeune homme mais il a décliné l'offre. 

    Je regardais le réceptionniste pendant un moment, d'un œil incertain. Joss avait vraiment décliné, alors pourquoi était-il parti ? Peut-être qu'il était arrivé quelque chose de grave. Mais alors il aurait quand même pu me prévenir. Je ne comprenais pas…

    — Monsieur ? Vous souhaitez quelque chose en particulier ?

    — Oui, savoir où il est !

    — Ah, eh bien il a rendu la chambre ce matin.

    — Quoi ?

    Ma voix était partie dans les aigus tellement j'étais choqué. Il était vraiment parti sans me le dire. C'était incompréhensif, hier tout allait très bien, il m'avait dit qu'il viendrait sûrement à Manille. Oh.

    En me souvenant de ses paroles, je fis attention à un mot, "sûrement". Il n'avait pas dit qu'il viendrait à coup sûr mais c'était plutôt un peut-être, en plus il ne m'avait pas inclus dans cette équation. je m'étais fait des films tout seul. 

    En réalisant ce qu'il avait vraiment dit, mon cœur sombra en miette au plus profond de ma poitrine, il était vraiment parti…

    Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais j'essayais tant bien que mal de ne pas le montrer, après tout, on ne s'était rencontré qu'il y a deux semaines, je ne devrais pas ressentir tout ça. Alors que je m'apprêtais à repartir me terrer dans ma chambre le cœur lourd, le réceptionniste m'appela.

    — Attendez, il a laissé une note qui vous est adressée. me dit-il avec un sourire de connivence alors que dans ma poitrine et mon cerveau j'étais au plus bas. 

    — Merci. répondis-je en français. 

    Je pris la note et je remontais dans ma chambre en essayant d'imaginer ce qu'il pourrait m'avoir écrit. J'espérais qu'il allait me dire qu'un proche était malade ou qu'il y avait eu un problème avec son entreprise. Arriver devant la chambre ma main tremblait tellement que je n'arrivais pas à mettre la carte magnétique dans la fente prévue. Après trois bonnes minutes ou j'essayais de me calmer, je réussis enfin l'exploit d'entrer. Je m'assis directement sur le lit et ouvrit rapidement l'enveloppe. 

    Mais mon dernier espoir s'évanouit aussi vite que la neige en été. Personne n'avait de problème, il était juste parti.

    Kokoy,

    Tu dois maintenant avoir compris que je suis parti. Désolé de ne pas t'avoir réveillé mais je ne pouvais te faire face. Ce qu'il s'est passé hier était incroyable, être avec toi, dans tes bras m'a fait comprendre que je ne pourrais pas retourner auprès de ma fiancée. 

    Notre séjour était magnifique, mais il restera une passade. On ne peut pas être ensemble.

    Je te souhaite le meilleur,

    Joss.

    Mes larmes tombaient en torrent sur la feuille, mon cœur en miette n'arrivait même plus à battre normalement. j'avais l'impression d'être dans un océan et de sombrer sans voir une seule lueur de lumière. Il m'avait aidé à remonter un petit peu la pente après la trahison de Pria, avait de lui même la savonner. 

    Je relus plusieurs fois la lettre pour être certain d'avoir bien compris mais à chaque fois les mots étaient les mêmes et à chaque fois, mon coeur sombrait un peu plus. J'avais envie de déchirer la feuille mais en même temps je voulais la garder. 

    Trop secoué pour sortir et m'amuser, je restais dans ma chambre à pleurer et à essayer de m'en remettre. Mais le temps passa vite et il était temps de partir de cet hôtel pour aller à l'aéroport. Je fis mes valises et je commençais à descendre avant de me rendre à la réception pour rendre la carte magnétique. 

    La réceptionniste m'accueillit avec un sourire colgate, je lui retournais un visage morne et déprimé tout en lui donnant la carte. 

    — Merci monsieur, au plaisir de vous revoir. me dit-elle. 

    — Ça m'étonnerait, je déteste ce foutu endroit... répondis-je doucement avant de partir prendre mon bus. 

    Le trajet fut long et affreux, des enfants braillaient et les parents ne faisaient rien pour les arrêter. Même en mettant mes écouteurs je ne réussis pas à dormir et je me sentis mal au point de vouloir vomir. 

    Foutu transport !

    Le bus arriva enfin à l'aéroport, je sortis, pris mes affaires et me dirigeais vers les toilettes. Je n'en pouvais plus, il fallait que je me rafraichisse. Après cet arrêt inespéré, je cherchais le check-in pour poser mes bagages avant de pouvoir m'installer et attendre mon avion. 

    Mais bien sûr, en plus du check-in, mes yeux scrutaient le hall du terminal dans l'espoir d'y apercevoir Joss, mais comme escompté, ils ne le virent nulle part. 

    Après plus d'une heure d'attente et de recherche, je pus enfin monter dans l'avion, étant donné que mon numéro et rang étaient le plus proche de l'entrée, je passais donc à la fin, ce qui me permit de voir tout le monde en arrivant devant ma place. 

    Je m'assis et attendis que les retardataires prennent place pour enfin me retourner et chercher Joss dans la foule de voyageurs. Mais encore une fois cet espoir s'envola. 

    Anéanti, je me tournais vers le hublot et regardais le paysage en contrebas s'éloigner de plus en plus. La pluie commença à tomber sur les vitres de l'avion en même temps que s'écoulaient les larmes sur mes joues… 


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  • Commentaires

    4
    Lundi 20 Juin 2022 à 01:31

    Coucou ! J'ai adoré cette histoire, avec un couple que je n'aurais jamais imaginer ! Mais il y a un souci, il nous faut une suite !!! On ne peut pas laisser Kokoy avec une fin comme celle-là, c'est un crime :p En tout cas bravo ! 

    3
    Lundi 28 Décembre 2020 à 20:06
    Hen oui ça serait génial, un happy end. Biz
    2
    Vendredi 25 Décembre 2020 à 15:23
    Mon dieu, c’est trop triste. Franchement j’adore. Mais si je devais choisir entre cette histoire et l’autre, je dirai aucune, car je n’arrive pas a choisir.

    Je m’explique: je préfère ce scénario ci à l’autre, mais ici c’est incomplet à mon sens. Ça va trop vite entre le moment je te hais et le moment je m’inquiète pour toi et le moment j’ai un air triste quand il dit lâches-moi un peu. Il manque qlq chose. On pourrait croire totalement à cette histoire, ce dire "c’est tiré d’une histoire vrai", si ces passages d’un moment à un autre avait été expliqués, ébauchés,... je sais pas trop comment le dire.

    Points négatifs et positifs dans les 2 histoires.

    Petit moment positif supplémentaire en ce jour.

    Merci quand-même à Amelyma, Nirlaw et Mulffin pour ce moment. Je suis sur que si vous faisiez un travail à vous 6, cela donnerait quelque chose d’extraordinaire vu vos compétences et vos idées. Biz à vous 3.
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