• Striptease (Dome & Pavel)

    Striptease

    La salle est plongée dans la pénombre, je suis seul au milieu de la scène plongé dans le noir. Malgré le bruit provenant de la salle, je peux entendre mon coeur tambouriner dans ma poitrine. Je ne veux pas être là, je ne veux pas vraiment faire ça, mais je n’ai pas le choix, pas si je veux pouvoir offrir l’anneau à Dome. La voix du présentateur s’élève, me présente et je prends une inspiration discrète, je ne dois surtout pas leur montrer que j’ai peur, je ne dois pas leur montrer que je voudrais être partout sauf ici, soudain la lumière se fait et je suis complètement aveuglé par les spots de lumière qui sont tous braqués sur moi. Je dois absolument puiser dans tout le sex-appeal que je sais être capable de dégager et quand la musique commence mon corps ondule sur son rythme lent et suave. 

    Des sifflets se font entendre et je lance un regard sombre et perçant en me mordant sensuellement la lèvre inférieure. La musique langoureuse me force à avoir des mouvements lents et contrôlés et pour le moment, je me contente de bouger mon corps, je peux entendre quelques femmes crier alors je fais un petit sourire en coin aguicheur et je regarde les silhouettes qui se trouvent dans la salle et qui s’agitent.

    Je ferme un instant les yeux, mes mains remontent lentement sur mon ventre, soulevant le tissu en exposant ma peau et mes tablettes de chocolat, elles remontent sur mon torse et je rouvre les yeux, je fixe un point dans le fond de la salle et mes mains glissent sur la peau de mon cou. Je commence à me détendre, je laisse la musique m’envahir et guider les mouvements de mon corps. Je tourne sur moi-même, présentant mon dos au public, je me sens un peu ridicule quand je roule des fesses, mais les cris se font plus nombreux alors que lentement je fais glisser la chemise ouverte qui se trouve par-dessus mon t-shirt, elle permet de dévoiler mes bras et mes épaules. Elle glisse rapidement et échoue sur le sol de la scène.

    Juste en dessous, je porte un débardeur, il est échancré et laisse mes côtes apparentes, je bouge sur scène me déhanche le plus possible, mon regard est de braise, mon sourire coquin et il n’est pas rare que je passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier. Je sens la pression qui monte dans le public et je l’attise, tirant sur la bretelle de mon t-shirt, il laisse apparaître mon téton qui se dresse et je ne peux pas m’empêcher de passer mon pouce dessus alors que mes dents capturent ma lèvre et tirent doucement dessus.

    Il ne faut pas longtemps pour que mon débardeur passe par-dessus ma tête et aille retrouver ma chemise. Mes jambes sont légèrement fléchies et mes hanches vont et viennent lentement alors que mes mains me caressent le torse avec une lenteur folle. Elles descendent lentement, dessinant chaque muscles de mon ventre avant de heurter la ceinture de mon pantalon. Je prend le temps d’effleurer le cuir de la ceinture et les choses s’accélèrent doucement quand j’ouvre la boucle et que j’enlève la ceinture d’un coup sec, elle claque en atterrissant sur le sol déjà oublié. 

    La salle est en ébullition et je me laisse porter par l’atmosphère étrange qui se crée au fur et à mesure que je m’expose. Je passe une main sur ma cuisse, la descendant lentement, alors que l’autre remonte jusqu’à ma nuque et je laisse mon corps bouger langoureusement, me tournant régulièrement pour laisser les gens admirer mon corps, mes mains soulignant certains muscles et prenant des poses suggestives.

    J’ai l’impression d’être sur scène depuis des heures, alors que ça ne fait que quelques minutes. J’ai la tête vide, je ne pense à rien et surtout pas à Dome quand j’en arrive au clou du spectacle, je roule des hanches, mes mains agrippent la ceinture du pantalon fourni par la boite et j’ai juste à tirer dessus d’un coup sec pour arracher les scratchs pour qu’il tombe au sol, me laissant pour tout vêtement, un string noir.

    Je jette au sol le morceau de pantalon que je tenais encore en main et j’entame une nouvelle danse, essayant d’oublier que la seule chose qui m’empêche d’être totalement nu est un minuscule morceau de tissu qui cache mon sexe. Je caresse mon corps, il est brillant à cause de l’huile qu’on m’a demandée de mettre avant le show et de la transpiration qui apparaît parce que je bouge sous les projecteurs. Les hurlements sont assourdissants et je suis content car la chanson est bientôt terminée.

    Je finis par m'accroupir au sol, je creuse mon dos, m’étirant comme un chat faisant ressortir certaines parties de mon corps, avant que mes hanches ne bougeant lascivement évoquant un mouvement sexuel indécent. Je ferme les yeux, quand la musique s’éteint, je me retrouve à quatre pattes dos au public laissant une vue imparable sur mes fesses car la minuscule ficelle ne cache absolument rien et c’est avec soulagement que la lumière s’éteint.

    Je quitte rapidement le club après ça, je me sens mal, je n’ai pas honte de mon corps, mais devoir l'utiliser pour exciter ces personnes, pour les pousser à consommer plus, ce n'est pas des plus plaisant. J’aime plaire, je ne peux pas le nier, mais j’aime plaire à ceux que j’aime et pas à de parfaits inconnus. Je me demande si j’ai pris la bonne décision, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Au moment où je me pose cette question, je passe au même moment devant la bijouterie, celle où je m’arrête tous les jours depuis des semaines, pour regarder l’anneau dans la vitrine. 

    Comme à chaque fois que je prends le temps de l’observer, je vois déjà Dome le portant à son doigt, il ne me reste plus que quelques jours avant le réveillon. Oui, j’ai pris la bonne décision, juste quelques shows le temps d’avoir l’argent nécessaire pour lui faire ce beau cadeau, il le mérite. Je soupire avant de reprendre le chemin qui me ramène chez moi. Le trajet est court heureusement, j’ai hâte de me doucher pour enlever cette huile qui rend mon corps poisseux et brillant. J’espère juste que Dome n’est pas encore rentré de son travail, je n’aime pas lui mentir et je sais que jamais il n'accepterait que je me déshabille pour pouvoir lui faire un cadeau. 

    On n’habite pas officiellement ensemble, mais en fait, il dort chez moi  presque tous les soirs, je ne sais pas pourquoi il garde encore sa chambre d'étudiant d’ailleurs, peut-être parce que je ne lui ai jamais réellement demandé d’emménager définitivement. En tout cas, dans quelques jours à Noël,  je compte bien remédier à cet oubli.

    Je glisse la clé dans la serrure et grimace en entendant la télé en fond sonore, la chance n’est pas avec moi ce soir. Je soupire, l’odeur de l’huile qui m’embaume me rend un peu nauséeux et j’en reçois l’odeur à chaque mouvement que je fais. Je ne veux pas que Dome la sente, je ne veux pas qu’il me voit comme ça. Avant de lui parler, je dois effacer toutes traces de ce que j’ai fait ce soir. Alors je ferme la porte aussi discrètement que possible, mais il m’a déjà entendu. 

    Je fais alors une chose que je n’ai jamais fait encore auparavant. Je passe devant lui, alors qu’il arrive pour m’embrasser et me demander comment s’est passé ma journée. Je ne le regarde même pas, je me contente de me diriger vers la salle de bain, me sentant honteux, j’avais l’impression de l’avoir trompé et c’était vraiment une sensation désagréable que j’aimerais pouvoir extirper de mon crâne. 

    Je m’enferme dans la salle de bain en soufflant pour tenter d’évacuer la pression. J’allume l’eau afin qu’elle ait le temps de bien chauffer, je me déshabille rapidement et jette mes vêtements directement dans la machine à laver. Je me glisse enfin sous le jet d’eau bouillant, je pousse un soupir de bien-être en sentant mes muscles se délasser un par un alors que l’huile disparaît petit à petit de mon corps. 

    Je reste un long moment sous la douche où je me savonne au moins trois fois, avant d’avoir réellement l’impression que mon corps ne sent plus l’huile. Je mets, si longtemps que lorsque je ressors, l’appartement est plongé dans la pénombre et je retrouve Dome couché dans le lit, il est allongé sur le côté et me tourne le dos, je vois légèrement son profil et il a les yeux fermés. Pourtant, quand je l’observe attentivement, je peux voir que ses sourcils sont froncés et je soupire profondément par ma faute, il est inquiet et fait semblant de dormir pour ne pas avoir à m’affronter.

    Je me glisse entre les draps et je m’approche de lui, je me colle à lui en passant mon bras par-dessus sa taille, pour le serrer dans mes bras. Je pose ma tête contre la sienne, ma bouche juste à côté de son oreille. 

    — Je sais que tu ne dors pas. 

    Mon murmure le fait soupirer à son tour avant que lentement il ouvre les yeux. Il ne bouge pas, il fixe droit devant lui, mais de temps en temps, ses yeux se tournent pour essayer de m’observer et savoir comment je suis.

    — Tu n’es plus en colère ? 

    Je ferme les yeux une petite seconde, je me sens minable parce que sans le vouloir je l’ai blessé. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, j’aurais dû prendre le temps de discuter avec lui avant d’aller dans la salle de bain, au lieu de l’ignorer et d’y foncer. Je le connais pourtant, je sais que maintenant il va douter, il va chercher l’erreur qu’il a commise et je m’en veux car je veux qu’il ait confiance en lui et en nous. Ma main caresse doucement son ventre et je lui souris tendrement. 

    — Je ne suis pas en colère. 

    Je me penche pour capturer ses lèvres et lui voler un rapide baiser et je me sens apaisé alors que nos lèvres s’effleurent lentement. 

    — J’ai eu une journée difficile et j’avais besoin d’une douche chaude pour me détendre. 

    Lentement, il gigote et se tortille pour se retourner et se placer face à moi, aussitôt, je le reprend dans mes bras et notre étreinte se resserre alors que je le rassure. Ma réponse n’est pas vraiment un mensonge, les cours ont été pénibles, la soirée stressante et cette douche m’a vraiment aidé à me remettre les idées en place. Il ferme les yeux, son visage se pose contre mon torse et je le sers contre moi de toutes mes forces. 

    Je sais que ça peut sembler étrange, Dome n’a pas un physique que l’on qualifierait de délicat, au contraire, il est grand, massif et n’a généralement pas sa langue dans sa poche. Pourtant, dès que l’on gratte la surface, dès que l’on apprend à le connaître, on découvre une personne qui a énormément besoin d’amour, qu’il est hésitant, timide et qu’il a constamment besoin d’être rassuré.

    — J’ai eu peur d’avoir fait quelque chose de mal. 

    La chaleur de ses lèvres se posent sur mon pectoral et je soupire de bien-être. Ma main lui caresse lentement le dos, je prends le temps malgré la fatigue de le cajoler et de le rassurer.

    — Excuse-moi, tu n'as rien à te reprocher, ne t’inquiète pas. 

    J’embrasse sa tempe et je me dis que je dois préparer le terrain pour les prochains jours, je dois me déshabiller tous les soirs et je ne veux pas qu’il s’inquiète de me voir rentrer tard et que ses inquiétudes ne prennent pas le dessus. 

    — Je ne serais pas beaucoup présent le reste de la semaine, je vais rentrer très tard, je dois finir de préparer un exposé et faire des heures supplémentaires à l’épicerie. 

    — Je t’attendrais pour que l’on se couche en même temps. Et si tu as besoin d’aide je pourrais peut être t’aider ?

    Il frotte son nez sur ma peau et je me retrouve à sourire bêtement. Il est tellement adorable comment ne pas tomber amoureux de lui quand il fait ce genre de choses. Bon d’accord, j’aurais préféré qu’il me dise qu’il allait rester chez lui ou bien, qu’il irait se coucher sans m’attendre, je ne veux pas que ce qui s’est produit ce soir se reproduise, seulement, je ne veux pas lui faire de la peine, alors que tout ça c’est pour lui faire une surprise. 

    — Je n’hésiterais pas à te demander alors. 

    Je passe ensuite un long moment à embrasser ses lèvres avec douceur. Il me sert contre lui, répondant avec envie à chacun de mes baisers, j’aurais aimé lui prouver tout mon amour, lui donner du plaisir pour lui faire oublier l’incident de ce soir. Seulement on est tous les deux fatigués, alors je me contente de le serrer fort contre moi. Le silence s’installe dans la pièce et rapidement, je sens le souffle régulier de mon petit ami caresser ma peau, il s’est vite endormi alors que moi, malgré l’épuisement, je tarde à trouver le sommeil

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    Je soupire quand la porte d’entrée claque, ma poitrine se serre brutalement et je quitte l’écran des yeux pour regarder mes pieds. Je suis assis sur le canapé en l’observant se préparer du coin de l’oeil depuis tout à l’heure, mon moral qui n’était déjà pas bien haut, semble encore chuter lourdement. Depuis qu’il est rentré l’autre soir, les choses ne se sont pas vraiment arrangées. Comme il l’avait dit, il rentre tard chaque soir sans exception, seulement, je ne retrouve plus l’homme que j’aime, celui qui me regarde avec tendresse et amour.

    Quand il rentre la première chose qu’il fait, c’est de foncer se doucher, pas un regard, pas un mot, il se dirige vers la salle de bain et y reste près d’une heure à chaque fois. J’essaie de faire abstraction du sentiment de malaise qui me saisit de plus en plus à la gorge quand il fait ça, j’essaie d’ignorer la petite voix dans ma tête, mais elle se fait de plus en plus bruyante.

    Ce soir, il est parti sans même me regarder, ni m’adresser la parole. Il était concentré sur son téléphone depuis la fin de l’après-midi, je ne sais pas avec qui il parlait, mais chaque fois qu’il tapait un message, j’avais envie de saisir son téléphone et de le jeter par la fenêtre. Puis soudain, il s’était levé, il m’avait fait l’impression d’un clown qui jaillit de sa boîte, puis il était parti en claquant la porte. 

    Je me retrouve maintenant comme un con seul au milieu de son salon et je me permets de craquer. Je sais qu’il se passe quelque chose et c’est quand les larmes se mettent à couler le long de mes joues que j’ose enfin mettre des mots sur notre situation, Pavel me trompe. J’aurais pourtant dû m’en douter, on sort ensemble depuis longtemps, mais, je ne suis pas son premier choix, je ne suis pas celui qu’il aurait voulu près de lui, je suis juste le prix de consolation. 

    A l’époque il était amoureux de mon meilleur ami, il l’avait dragué pendant un long moment avant que les événements fassent qu’il ai eu pitié de moi, il m’avait soutenu pendant des semaines et un soir on avait couché ensemble. Deux jours après ça, il s'est présenté à moi pour me demander d’être mon petit ami.

    Pendant longtemps, j’ai cru qu’il avait couché avec moi par dépit, qu’il était resté avec moi pour ne pas me blesser. Il a passé près d’un an à me convaincre qu’il m’aimait, que je suis celui qu’il voulait et petit à petit je me suis laissé à y croire vraiment. Quand j’y pense maintenant, je me sens stupide, comment il a pu soudainement tombé amoureux de moi, on s’est cotoyé pendant des mois avant ça. 

    Des mois qu’il a passé à poursuivre celui qui est absolument tout mon contraire. Mon meilleur ami est petit, mince, doux et discret, tout chez lui donne envie de le protéger et de prendre soin de lui et puis surtout il ne blesse jamais les gens quand il parle. Moi je ne suis rien de ça et je ne le serais jamais, même si j’essayais, alors forcément, Pavel s’est lassé de moi, il a fini par rencontrer l’homme qui lui correspond, vraiment moins grande gueule et plus angélique.

    L’idée de Pavel tenant un autre homme dans ses bras me broie le coeur, me soulève l’estomac et je me recroqueville sur le canapé pour ne pas me briser complètement. Je sais pourquoi il ne m’en parle pas, pourquoi il ne me quitte pas. J’ai eu une relation avant lui, mon ex m’a complètement brisé, détruit et Pavel ne veut pas me blesser, alors il préfère se cacher, mais dans le fond c’est encore pire que s’il me quittait pour être heureux avec un autre.

    Je reste un moment immobile, les yeux dans le vague, me faisant du mal en essayant d’imaginer à quoi pourrait ressembler son amant et malgré moi, c’est toujours une copie de mon meilleur ami qui s’impose à moi. Ma respiration se fait de plus en plus laborieuse au fur et à mesure que je me rends compte que je suis en train de le perdre et que moi je l’aime comme un fou et je ne peux pas imaginer ma vie sans lui.

    Est-ce que je vais rester ici, à attendre que mon homme me quitte complètement ou bien est-ce que je vais me battre pour le ramener vers moi ? 

    Mon corps et mon coeur prennent la décision à la place de mon cerveau, puisque avant que j’ai le temps de comprendre, je suis déjà dans l’entrée, bien décidé à me rendre à son travail pour éclaircir la situation, je ne veux pas passer une autre nuit à ne pas dormir à force de penser à ça.

    La supérette où travaille Pavel n’est qu’à deux arrêts de bus de son appartement, le trajet est assez rapide et quand je pousse la porte du magasin mon coeur tambourine dans ma poitrine. Je fronce des sourcils quand en fixant la caisse, je ne vois pas Pavel, mais un de ses collègues. J’essaie d'étouffer la petite voix qui essaie de parler dans ma tête, il est peut être juste en train de travailler dans la réserve, il est obligatoirement ici, c’est impossible autrement. 

    — Bonsoir Phi. 

    Je m’approche de la caisse et salue le jeune homme par un Waii. Celui-ci me répond en fronçant les sourcils, Pavel n’a jamais caché notre relation à son travail, il n’a jamais cherché à faire de moi son secret. Alors forcément, il me reconnaît, il sait qui je suis et ma présence ici ce soir semble le dérouter.

    — Tu cherches Nong Pavel ? 

    Je lui souris quand il prend la parole et hoche la tête vivement. Il va l’appeler et dans quelques minutes on pourra avoir une discussion, tout arranger et bientôt tout ceci ne sera qu’un mauvais souvenir. 

    — Il est en vacances depuis quatre jours, il ne reviendra que le 26 décembre. C’est bizarre qu’il ne t’ai pas prévenu.

    J’ai l’impression que la Terre vient de s’ouvrir sous mes pieds pour m’avaler tout rond. Il n’est pas ici, il est en vacances depuis plusieurs jours et pourtant tous les soirs, il rentre tard en prétextant travailler ici. J’avale ma salive à plusieurs reprises pour tenter de maîtriser l’émotion et les larmes qui menacent de couler. 

    — Ah oui… je suis bête, je… Je viens de quitter mon travail et j’ai complètement oublié. Merci Phi, au revoir.

    Je me dépêche de trouver une explication bancale et de faire plusieurs Waii avant de quitter précipitamment le magasin. J’ai envie de hurler jusqu’à m’en casser la voix alors que je comprend que je l’ai déjà perdu. Les larmes finissent par gagner la bataille et je reprends la route pour rentrer chez moi. 

    Le chemin est difficile, car mes yeux sont brouillés par les larmes qui ne veulent plus s’arrêter de couler, mon monde s'effondre et je ne sais pas comment faire pour l’en empêcher. Je ne vois pas les regards sur moi, mais je peux les imaginer, après tout un grand gaillard en pleurs dans le fond d’un bus ça a de quoi surprendre.

    Je suis sous le choc, abasourdi, alors que mon cerveau se fait un malin plaisir à imaginer Pavel dans un Love Hotel en compagnie de cet homme, il n’a pas de visage, juste ce corps mince, cette petite stature qui se fait complètement dominer par l’homme que j’aime pendant qu’il lui fait l’amour encore et encore et à chaque fois je sens mon coeur éclater un peu plus, comme si chaque coup de rein imaginaire était un coup de poignard qui me détruit peu à peu.

    Mon corps prend de nouveau les commandes, il m’emmène jusqu’à mon petit appartement, je n’y ai pas remis les pieds depuis plusieurs semaines, il est sombre, froid et pourtant, je trouve qu’il accueille très bien mon état d’esprit actuel. Je n’allume même pas la lumière, je me laisse juste glisser contre la porte d’entrée, je me recroqueville sur moi même, mes bras entourant mes genoux. Dans cette position, je n’ai plus l’impression que je suis en train de m'effriter, je ne me sens plus comme si le moindre coup de vent allait m'éparpiller au quatre coins de la Terre. 

    Je ne pleure plus, je ne pense plus, je me contente d’être là, vide et immobile. Le temps passe et je ne sais pas ce que j’attends, je ne sais pas ce que j’espère. Je fais un bond quand mon téléphone abandonné sur le sol se met à vibrer. Je fais une grimace quand je sens mes muscles ankylosés me rappeler que je n’ai pas bougé depuis plusieurs heures.

    Je prends une profonde respiration et saisit mon téléphone, plissant des yeux sous la luminosité soudaine de l’écran. Pourtant, je regrette vite de m’y être habitué, mon menton tremble quand je vois qui m’appelle, quand sa photo avec ce petit sourire en coin si particulier apparaît sur mon écran. Un nouveau rappel qu’il n’est plus à moi, qu’il est devenu important dans la vie de quelqu’un d’autre.

    Les vibrations s’éternisent, je tremble aussi avant de souffler de soulagement quand l’écran affiche finalement, un appel manqué. Je sais que ça ne va pas durer, qu’il ne va pas se contenter de tomber sur la messagerie, après tout il doit jouer son rôle. Une nouvelle vibration me donne raison quand j’ouvre le message les mains tremblantes.

    Pavel : Mon coeur où est-ce que tu es ? Il est tard, tu rentres bientôt ?

    Je fixe sa phrase, je peux presque sentir l’inquiétude à travers ses mots, mais je n’y crois pas. Pas alors qu’il a passé la nuit à baiser avec un autre, pas alors qu’il me ment sciemment en me regardant droit dans les yeux. Pourtant, je dois lui répondre, sinon, il risque de débarquer ici et je ne suis pas prêt à lui faire face. Je suis sûrement lâche, mais je n’ai pas le courage de l’affronter, de lui demander la vérité parce qu’une fois qu’il m’aura tout avouer, le mince espoir au fond de mon coeur disparaitra définitivement et je le sais, pour le moment, c’est cet espoir qui me permet de ne pas craquer.

    Dome : Désolé, j’ai oublié de te prévenir, j’ai dû repasser chercher des affaires chez moi. Comme il est tard, je vais passer la nuit ici.

    Au début, j’ai écrit je t’aime à la fin de mon message, l’habitude, mais aussi parce que je l’aime plus que tout et que je veux le lui dire, comme si cela pouvait changer les choses. J’ai fini par l’effacer, pleurant à chaque fois qu’une lettre disparaissait, parce que c’était douloureux. La réponse ne se fait pas attendre. 

    Pavel : Je suis rassuré mon coeur. Passe une bonne nuit. Je t’aime, j’ai hâte de te voir demain tu me manque déjà.

    J’éclate en sanglots quand je lis son message, un instant, j’ai l’impression de retrouver l’homme que j’aime, celui qui prend soin de moi et me rassure depuis toutes ses années et j’ai envie d’aller le rejoindre, j’ai envie de me lover dans ses bras et de dormir bien au chaud dans son étreinte. Puis je me rappelle qu’il m’a menti, qu’il me trompe avec un autre et alors je sens la colère éclater au creux de ma poitrine. J’aime Pavel et je lui en veux de me traiter de cette manière, surtout qu’il sait très bien ce que m’a fait vivre mon premier petit ami. 

    J’ai déjà vécu ça, j’ai déjà pardonné et je me suis fait traîner plus bas que terre. Mais pas cette fois, cette fois, je ne serais pas celui qui est trompé, je ne serais pas celui que l’on abandonne sans jamais se retourner. Je prends une profonde inspiration qui se termine dans un sanglot sonore. Cette fois, ce sera moi qui partirai sans me retourner.

    Je ne veux pas souffrir quand il va bientôt m'annoncer avec un visage contrit et faussement triste qu’il me quitte. Je ne veux pas voir le visage de l’homme qui va me remplacer, avec son air victorieux d’avoir obtenu une perle rare. Je ne veux pas vivre tout ça, c’est pour ça que je pars, seulement, je suis un lâche, j’ai peur de l’affronter et de m’effondrer lamentablement.

    Le lendemain, j’ai attendu qu’il parte en cours pour me rendre à son appartement, je vis avec lui depuis plusieurs mois, ne retournant chez moi qu’occasionnellement, alors la plupart de mes affaires se trouvent ici. Sortir ma valise avait été la chose la plus difficile à faire, elle qui prenait la poussière en haut d’un placard. 

    Je pleure à chaque fois que je mets quelque chose à l’intérieur. Le pire est peut-être de décider quel objet je veux emporter et lequel je veux laisser derrière moi. Il me faut plus de temps que je ne le pensais pour vider l’appartement de mes affaires, pour laisser la place pour le prochain. Je tire ma valise dans l’entrée, cette fois j’y suis, je ne peux plus reculer, une fois que j’aurais passé cette porte, je ne pourrais plus faire marche arrière.

    Je prends mes chaussures prêt à les mettre, quand je suis assailli par le souvenir d’une peluche, non pas une peluche ordinaire, mais celle qu’il m’a offerte pour me demander de sortir officiellement avec moi. J’ai hésité à la prendre, elle trône fièrement sur la table de nuit, comme ça, chaque matin je peux la voir, me souvenir avec chaleur de combien j'étais heureux quand nous avons commencé à sortir ensemble. 

    Je retourne dans la chambre, j’ai encore du temps avant qu’il ne rentre à la maison, d’ici là, je serais parti et… Je ferme les yeux, je ne veux pas penser à l’après, je ne veux pas penser à son appel, à la conversation que l’on aurait et à ce que je deviendrais quand je serais vraiment seul.

    Je m’assois au bord du lit, prends délicatement la peluche entre mes mains et de nouveau mes larmes coulent. Je dois partir, je dois m’éloigner, mais je n’y arrive pas, c’est comme si elle m’empêchait de le faire, je ne veux pas l’emmener avec moi, mais je n’arrive pas non plus à la laisser ici. Je retarde juste l’inévitable, mais les souvenirs sont là, ils se bousculent dans ma tête et agissent comme un pansement contre la douleur.

    Mon meilleur ami et moi sommes en terminale maintenant, celle qui va clôturer notre vie d’enfant pour nous propulser vers l’université, vers le monde des adultes et tous les deux on en profite à fond, car l’année prochaine on ne va pas étudier aux mêmes endroits, alors on se verra bien moins souvent.

    Chaque vendredi on sort ensemble, on se promène un peu au hasard dans les rues et c’est lors d’une de ces virées en ville qu’on a rencontré Pavel. Il a tout du mauvais garçon, celui qui peut vous apporter des problèmes, voir même être le problème. Pourtant, il a tout de suite été sympa avec nous et puis il a cette sensualité innée en lui et dès que ses yeux sombres se sont posés sur moi, j’ai senti mon estomac se tordre et mon coeur accélérer brutalement.

    Si j’ai ressenti plus pour lui que de l’attirance et du désir, j’eus tôt fait de le faire disparaître, je réussis à me persuader à l’époque que je ne l’aimais pas. Car dès notre rencontre, il a commencé à flirter ouvertement avec mon meilleur ami. Je devais être stupide pour imaginer un instant qu’il puisse me regarder de cette manière. Vraiment qui voudrait d’un garçon grand, musclé aux traits si masculin et qui donne l’impression qu’il peut se défendre sans aucun problème. Personne n’est-ce pas ? Surtout pas quand juste à côté de lui se trouve un garçon adorable, à la peau clair et douce et qui semble avoir besoin d’être protégé.

    Si seulement les gens pouvaient se douter que ce garçon tout mignon est une véritable terreur. Qu’il n’hésite pas à se jeter dans la mêlee surtout quand son bon à rien, incapable de se défendre et immense ami est pris à parti. Je me demande toujours quelle serait leur réaction.

    J’ai toujours souffert de l’image que je renvoie, car mon physique n’est pas le reflet de ma personnalité, certes j’ai toujours eu une grande gueule, j’ai toujours dit ce que je pensais bien souvent sans filtre, ce qui m’a souvent apporté des ennuis d’ailleurs. Mais à côté de ça, je suis timide, doux, pas sur de moi et j’aime les câlins et la tendresse que l’on peut m’offrir.

    C’est peut être pour ça que quand l’ami de Pavel s’est intéressé à moi, qu’il s’est montré gentil, qu’il m’a fait des compliments et qu’il m’a embrassé, je l’ai laissé faire. Je pensais vraiment être amoureux de lui, je voulais être amoureux de lui, car c’est le seul qui me portait un tant soit peu d'intérêt. 

    Je pensais que notre histoire était belle et merveilleuse, même s’il n’était pas toujours tendre avec moi, même si nos rapports sexuels n’étaient pas forcément épanouis, je voulais le mieux pour lui. C’est pour ça que je lui ai pardonné la première fois qu’il m’a trompé, après tout, je n'étais pas mignon comme son amant l’était, je pouvais le comprendre.

    Je voulais le quitter la deuxième fois qu’il m’a trompé. Ma confiance en moi était déjà bien basse, mon meilleur ami n’était plus à côté de moi, je commençais l’université, et mon petit ami était froid et distant avec moi, mais c’était de ma faute après tout, je n’étais pas assez bien pour lui, pas comme son amant qui était d’une beauté à couper le souffle.

    Heureusement quand je suis entré à l’université, j’ai découvert que Pavel était un senior de ma faculté. Passer du temps avec lui a été une bouffée d’air frais, même s’il parlait en grande majorité de mon meilleur ami. Malgré tout, il a été d’une grande aide à ce moment-là, quand on se voyait, il était présent pour moi, il s'assurait que j’allais bien, que je suivais en cours et il m'interrogeait sur mes études. Chaque moment passé avec lui faisait naître une agréable sensation de chaleur dans mon torse qui devenait brûlante quand il posait ses yeux sur moi.

    Le jour où j’ai découvert qu’il m’avait trompé une troisième fois fût la fin de tout. Ce jour-là, je l'ai surpris en train d’embrasser un homme sur le parking devant ma faculté. Une fois de plus, son amant était tout mon contraire. Ce jour-là il laissa tomber le masque, fatigué de moi, il m’apprit qu’il me trompait depuis le premier jour de notre histoire. 

    Il parlait de ça comme si c’était moi le coupable, comme si je l’avais poussé dans les bras d’un autre parce que j’étais trop masculin et qu’il aurait préféré que je fasse des efforts pour être comme il voulait. A cet instant j’avais craqué, j’avais laissé ma bouche entrer en action, en larme je l'insultais, appuyais là où ça faisait mal, parce que comme d’habitude je ne réfléchissais pas avant de parler.

    Le coup a été rapide, violent et brutal, je ne l’ai pas vu venir et je n’ai rien pu faire. Je vacille, me retrouve les fesses sur le bitume et l’oeil gauche à moitié fermé. Comme je l’avais dit, celui qui sait se battre ce n’est pas moi, c’est mon meilleur ami. Quand mon ex me saisit par le col, la peur se diffuse en moi aussi vite que la douleur, alors que lui c’est la fureur qui déforme ses traits. 

    Il y a du monde sur le parking, pourtant personne n'intervient, je me fais frapper par mon ex petit ami, mais les gens préfèrent regarder, filmer et commenter plutôt que de l’arrêter. Mon oeil est à moitié fermé, ma lèvre est en sang et je sens ma pommette me lancer atrocement. Je me demande s’il va me frapper à nouveau quand Pavel le poussa rudement, le visage fermé, les yeux lançant des flammes de fureur.

    Ce jour-là, il a été mon chevalier en armure blanche, il m’a protégé, relevé et soigné. Pendant des semaines j’ai été au plus bas, je me sentais minable et peut être que j’aurais fini par faire une connerie s’il n’était pas resté à mes côtés. Il est venu me voir chaque jour, essayant de me faire rire, s’assurant que je mangeais et m’aidant même à étudier. Il ne parlait plus de mon meilleur ami, il était totalement concentré sur moi et rien que moi. Il m’a aidé à guérir, on a appris à se connaître et le soir où les choses ont dérapé, j’étais déjà sûr que j’étais amoureux de lui.

    Je ne sais pas comment on en est arrivé là, mais un soir on finit par faire l’amour, je découvris alors ce que voulais dire prendre du plaisir, se sentir chéri par son amant et s’endormir dans des bras rassurants. Le lendemain fût gênant, parce que je pensais que c’était juste un dérapage, qu’il ne voulait qu’oublier mon meilleur ami entre mes cuisses. C’était la seule explication possible à mes yeux.

    Alors quand deux soirs après, il est venu toquer à mon appartement, la petite peluche dans les mains, timide au possible, j’ai cru à un rêve. Pourtant, il s’est déclaré à moi et même si j’ai eu du mal à le croire, pendant deux ans, il s’est épuisé à me rassurer, à me prouver que j’étais l’homme qu’il aimait.

    Deux ans, c’est le temps qu’il lui a fallu pour se rendre compte que non finalement, je ne suis pas l’homme qu’il aime. Que finalement les hommes comme mon meilleur ami sont plus attirant. Je ne lui en veux même pas, parce qu’au fond, je le savais déjà que ça se finirait comme ça, c’est une chose que mon ex m’a imprimée dans la peau à force de coups de poing sur le parking de la faculté. Personne ne peut m’aimer comme je suis.

    Je suis toujours assis sur le lit, les larmes coulent librement sur mes joues, je ne cherche même pas à les essuyer, d’autres viendront les remplacer aussitôt. Je sursaute violemment quand la porte d’entrée claque et je me fige en regardant l’heure. Jamais il n'aurait dû rentrer à la maison à cette heure-ci, j’avais encore du temps. Le silence s’étire un long moment avant que sa voix ne s'élève, m'appelant avec une note désespérée dans son timbre. 

    — Dome !

    ---------------------------------------

    Je n’ai presque pas dormi de la nuit, ne pas avoir Dome près de moi, ne pas sentir son corps se presser contre le mien, m’a tenu éveillé. Je trouve étrange qu’il soit resté chez lui hier soir, mais le plus étrange est qu’il ne m’a pas prévenu avant que je parte, tout comme sa réponse à mon message était courte et froide. Je m’assombris en pensant justement à la manière dont je suis parti, ce travail me mine plus que je ne le pensais, je ne supporte pas le regard des gens, je me sens utilisé et sale. Le souci c’est qu’au lieu de laisser tout ça derrière moi, je m'éloigne de Dome, je fais tout ça pour lui, pour au final me comporter comme un connard avec lui.

    Je parlais de tout ça avec Benjamin, le seul au courant de mon projet, le seul qui essayait de me faire arrêter. Pour lui c’est de la folie et Dome ne va pas apprécier. Si au début je pensais qu’il exagérait, maintenant je savais qu’il avait eu raison. Complètement pris dans ma conversation, je me suis levé, j’avais mis mes chaussures et je suis parti en claquant la porte derrière moi. 

    Ce n’est qu’une fois sur scène que ça m’a frappé. Je ne l'ai pas regardé, je ne lui ai pas souri, pas embrassé ou souhaité une bonne soirée. Je l’ai traité comme s’il était un simple inconnu, comme s’il était comme ceux qui venaient dans cette boite pour me regarder me déshabiller. Je me sentais coupable, je n’avais qu’une hâte, rentrer et le prendre dans mes bras pour lui dire combien je l’aimais.

    Trouver l’appartement vide quand j’étais rentré, ne pas pouvoir le prendre dans mes bras pour m’endormir, je me suis senti vide et plus d’une fois j’ai eu envie de le rejoindre chez lui. J’ai passé ma journée de cours à penser à lui, à le retrouver et à me faire pardonner. C’est pourquoi j’ai décidé de sécher la dernière heure de cours, c’était un cours important, seulement rien n’était plus important que Dome.

    Même aujourd’hui, je ne comprends pas comment j’ai pu être aveugle à ce point, comment j’ai fait pour ne pas le remarquer comme il était dès le jour de notre rencontre. En fait, je me souviens que ce jour-là je ne l’avais pas vraiment regardé, j’ai été ébloui par son ami. Une petite pile électrique, un rayon de soleil qui laissait ce grand gaillard au sourire un peu timide, légèrement effacé et qui ne parle pas beaucoup dans son ombre sans le vouloir. Enfin, si je me souviens de la première fois où Dome s’était mis à engueuler quelqu’un, j’étais resté bouche bée, mais là encore, je n’ai pas compris ce qu’il était.

    Pourtant, avec le recul, je me rends compte que j’ai toujours gardé un oeil sur lui, que instinctivement je le cherchais du regard quand je savais qu’il était dans le coin et j’avais détesté le voir dans les bras d’un autre homme, même si à ce moment là, il s’agissait encore de mon ami.

    J’ai cru que j’allais perdre la tête quand j’ai vu celui que je pensais être mon ami battre Dome dans ce parking. Si ce dernier n’avait pas été au sol en pleurant, j’aurais pu le tuer, mais je me contentais de l’aider à se relever, en me notant dans un coin de ma tête que j’aurais une discussion en tête à tête avec ce connard. J’étais en train de soigner ses plaies, quand nos regards se croisèrent réellement pour la première fois depuis notre rencontre. J’eus le souffle coupé, tout sembla fade à côté de lui, mon coup de coeur pour son ami oublié d’un claquement de doigt car ce que je ressentais pour Dome était définitivement plus fort que ça.

    J’étais resté à ses côtés pendant des semaines, une présence amicale pour qu’il se remette des ravages qu’avait fait son ex. Je ne me lassais pas de le regarder, d’apprendre à connaître ses expressions et petit à petit comprendre que je l’aimais et ceci depuis bien plus longtemps que je ne le pensais. J’essayais de lui laisser le temps de se remettre, mais l’envie et le besoin d’être proche de lui était de plus en plus difficile à cacher. C’est comme ça qu’un soir on finit par faire l’amour. Cette nuit-là fut magique, intense, il s’offrit corps et âme à moi et je lui offris toute la tendresse et l’amour dont je fus capable.

    Je me sentis stupide avec cette peluche dans les mains à venir sonner chez lui, déjà à cette époque j’aurais voulu lui offrir le monde. Je l’aime comme un fou, je voulais le meilleur pour lui et quand il accepta de sortir avec moi, quand on échangea un premier baiser, j’ai su que jamais rien ne pourrait me faire détourner les yeux de cet homme.

    Il est l’amour de ma vie et même si ça n’a pas toujours été facile, je comptais passer le reste de mon existence à le lui prouver.

    Cette conviction n'a jamais faibli, c’est pour pouvoir lui offrir le monde que chaque soir je me déshabille. Alors quand j’ouvre la porte de mon appartement et que les deux premières choses que je vois ce sont les chaussures de Dome, puis sa valise posée contre le mur, je sens mon coeur se serrer avant de pulser rapidement dans ma poitrine. Non je ne dois pas avoir peur, il doit juste… Je ne trouve pas de bonne explication pour cette valise, alors  je m’exclame avec de la peur dans la voix.  

    — Dome !

    Je crois que je n’ai jamais vraiment su ce qu’est la peur avant cet instant, alors qu’elle me tord les entrailles. Aucune réponse de la part de mon homme, je retire rapidement mes chaussures et me dirige vers la chambre, je ne comprend pas ce qui se passe, je ne comprend pas pourquoi il est assis sur notre lit en pleurs en tenant cette peluche qui ne l’a jamais quitté depuis que je lui ai offerte il y a deux ans.

    — Dome qu’est-ce qui se passe ? 

    Je m’approche de lui, est-ce qu’il y a un problème avec sa famille ? Je cherche à lui prendre la main pour lui apporter mon soutien, mais je panique un encore plus quand il s’éloigne brusquement de moi et que son regard me fuit.

    — C’est fini Pavel...  

    Sa voix n’est qu’un murmure, sa voix est cassée à cause des larmes qu’il tente de retenir et moi je ne comprends rien à ce qui est en train de se passer. 

    — ... tu m’as rendu heureux pendant deux ans et… et… je te remercie pour tout ce que tu as fait.

    Je fronce les sourcils au fur et à mesure qu’il parle, je ne comprends rien, pourquoi il dit ça, pourquoi est-ce qu’il veut que l’on se sépare alors que tout va bien entre nous. Je prend son visage entre mes mains, le forçant à me regarder dans les yeux, je suis perdu et son regard l’est tout autant. Il semble résigné, triste et pourtant déterminé. 

    — Mon coeur, je ne comprend pas… qu’est-ce que tu racontes ?

    — Je sais que tu me trompes.

    Mes oreilles se mettent à siffler alors que j’entrouvre la bouche pas sur d’avoir réellement entendu. Comment peut-il imaginer un instant que je pourrais désirer quelqu’un d’autre que lui. 

    — Je suis allé à ton travail hier et … tu me mens Pavel, tu me cache des choses. Je suis sur que tu as rencontré un autre homme sinon… Comment expliquer ton comportement de ces derniers temps…” 

    Je suis abasourdi, je n’arrive pas à réagir tout de suite, alors que sa voix prend de l’assurance, je peux entendre la colère sous-jacente dans le ton qu’il emploie.  Avec le recul je comprends qu’il pense ça, tout semble indiquer que j’ai un amant, en connaissant son passé, je sais qu’il essaie de se protéger, de ne pas revivre ce que l’autre enfoiré a fait. Je sens les larmes me monter aux yeux, la culpabilité explose, alors qu’il se lève brusquement et moi je reste assis comme un con alors que je cherche à trouver comment réparer mes conneries. 

    — Je… je ne peux pas revivre ce qui c’est passé, alors… c’est fini, je pars. 

    Sa voix se brise, s’éteint et sans me regarder il se met en mouvement dans l’idée de quitter la chambre. Je n’arrive pas à réagir, j’ai l’impression d’être en train de m’enfoncer dans des sables mouvants. Je le sens passer à côté de moi et je ne fais pas le moindre mouvement pour le rattraper. Mon regard est happé par tous les endroits dans la chambre où ses affaires ont disparues. Du moins jusqu’à ce que mon regard tombe sur la peluche qu'il a abandonnée sur notre lit. Je suis en train de le perdre. C’est ma faute, je le savais au fond de moi que je faisais une erreur et pourtant, j’avais continuer. Je me lève sans réfléchir, je dois juste l’empêcher de quitter l'appartement et je le rattrape alors qu’il est près de quitter la chambre. Je l’enlace dans le dos, le serre contre moi de toutes mes forces. 

    — Ne pars pas… ce n’est pas ce que tu crois. Je t’en supplie ne me quitte pas Dome.

    Je n’ai même pas honte de le supplier, pas quand la peur me tenaille et me fait trembler. Je le sens se raidir contre moi alors que je le sers plus fort, mes mains contre son ventre. Ma tête est collée contre son épaule. 

    — Jamais je ne pourrais te tromper, je t’aime, il n’y a que toi et rien que toi. Je t’en supplie fais moi confiance.

    Je ne peux même pas me battre contre les larmes et des sanglots paniqués passent la barrière de ma gorge, alors que je suis à deux doigts de le perdre. Le silence retombe entre nous, j’ai peur qu’il essaie de lutter pour me faire lâcher, mais son corps se relâche petit à petit et je veux prendre ça pour un bon signe. 

    — Pourquoi tu m’as menti… tu as pris des vacances et pourtant… pourtant, tu es sorti tous les soirs en me disant que tu allais travailler.

    Il renifle doucement, sa voix est basse et je comprends alors qu’il me laisse une dernière chance de lui expliquer la situation. J’ai une chance de ne pas le perdre, mais pour cela je dois être complètement honnête avec lui. Pas question de chercher des excuses.

    — C’est bientôt Noël tu sais et… je voulais te faire le plus beau des cadeaux. 

    Je tente de parler d’une voix calme et douce et je le serre un peu plus contre moi. 

    — Je… je voulais te demander de vivre officiellement ici et pour ça je voulais… je voulais t'offrir un anneau. 

    Je ferme les yeux alors que je le sens se mettre à trembler contre moi, sans même y penser mes mains caressent doucement son ventre pour essayer de l’apaiser, comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire. 

    — J’ai… j’ai dû trouver une manière de gagner l’argent pour l’acheter et … 

    J’hésite un instant, mais je sais que  si je ne dis pas toute la vérité alors je le perdrais. 

    — J’ai trouvé une place dans une boite de … strip-tease.

    Le silence retombe dans la chambre, je reste coller contre lui, je lui laisse le temps de digérer l’information, j’ai tellement honte de moi à cet instant, j’aurais vraiment dû écouter Benjamin dès le début, alors nous n’en serions pas là. 

    —Tu… tu ne m’as pas trompé…

    — Jamais je pourrais faire ça, je t’aime Dome, tu es le seul qui compte. 

    Je veux juste qu’il enlève cette idée de sa tête. Il garde la tête baissée et je n’arrive pas à savoir s’il est encore en colère ou pas. J’imagine qu’il doit être surpris en tout cas. Alors je lui laisse le temps dont il a besoin et je me contente de le tenir dans mes bras.

    — Tu… tu… tu veux qu’on vive ensemble pour de vrai ? 

    Je souris en coin car j’ai l’impression que je ne vais pas le perdre finalement. Je me laisse même poser à mes lèvres contre sa nuque et je soupire en le sentant frissonner contre moi.

    — Je voulais te faire une belle demande romantique. Je voulais te dire combien je t’aime, combien tu es devenu ma vie et que je n’envisage pas mon avenir sans toi. 

    C’est sûrement la pire déclaration du monde, là dans cette chambre alors que sa valise est prête dans l’entrée, mais moi je n’ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie.

    Il se retourne brusquement dans mes bras et je recule d’un pas sous la surprise. Son regard est sombre, son visage fermé et je sais que j’ai réellement des ennuis quand il croise les bras devant son torse. Je sais qu’il va déverser sa colère, je le connais bien maintenant. 

    — ET TU CROIS QUE TE FOUTRE A POILS DEVANT DES PUTAINS D’INCONNUS DE MERDE VA ME RENDRE HEUREUX.

    Il me crie dessus et je me mordille la lèvre pour ne pas sourire, seulement, je le trouve tellement mignon quand il s’énerve comme ça. Je sais que je mérite ses remontrances et je les accepte toutes, tant qu’il reste près de moi, je peux entendre tout ce qu’il a à dire. Je me sens juste bien à cet instant, car il ne semble plus triste et malheureux et c’est tout ce qui compte pour moi. 

    — C’est pour ça que je ne voulais pas t’en parler. 

    Je baisse les yeux et sens de nouveau la culpabilité me saisir, maintenant je sais que je vais devoir me faire pardonner et vivre avec l’idée que j’ai failli tout gâcher.

    — Je n’ai pas besoin que tu m'offres un anneau hors de prix si tu es obligé de faire ce genre de chose. 

    Il pose sa main sur ma joue et me sourit avec tendresse un moment, avant de fortement me pincer la joue ce qui ressemble totalement à ce que mon homme ferait. 

    — Ne recommence plus jamais ça… personne à part moi, n’a le droit de voir ton corps tu m’entends ?

    Ma réaction est étrange, parce que malgré la douleur que je ressens dans la joue, je ne peux pas m’empêcher de rire et de sourire en même temps.. 

    — Dome.. arrête… ça fait mal… Je te le promets… Dome…

    Je le tiens par la taille essayant de le faire lâcher, je ne sais pas comment on fait notre compte, mais on tombe lourdement au sol tous les deux, lui sur le dos et moi sur lui. Ma joue me fait atrocement mal et j’aurais sûrement une marque demain, mais je pense que je l’ai bien mérité cela dit. 

    — Pavel ne recommence jamais ça d’accord. Le plus beau cadeau que tu m’as fait depuis qu’on est ensemble, ce ne sont pas ceux qui coûtent cher, c’est cette peluche. Elle représente tout pour moi, je pensais que jamais personne ne pourrait m’aimer, comme je suis, que tous préférais des hommes plus petits, plus discrets et plus mignons et toi, ce jour-là tu m’as prouvé le contraire."

    Je n’ai jamais réussi à le faire parler de ce  qu’il ressent, par rapport à ce qu’il pense, mais aussi à ce qui s’est passé avec l’autre enfoiré. A chaque fois que je tente d’aborder le sujet, il me dit toujours qu’il va bien et change de conversation. Au cours de ses deux dernière année, j’ai deviné ce qui le blessait et ce qu’il pouvait imaginer sur son compte, mais il n'a jamais rien dit de lui-même. Je caresse doucement sa joue et ses cheveux en le regardant droit dans les yeux, ses mains se sont sagement posées sur ma taille et je lui souris avant de me pencher pour l’embrasser avec une extrême tendresse. 

    — Je sais que tu doutes de ce que je peux ressentir pour toi, parce que je l’ai dragué avant de me déclarer à toi. Dome je t’aime comme tu es, je t’aime pour ce que tu es. J’aime pouvoir te rassurer chaque jour et puis, que le jour où moi je vais mal, tu me prennes dans tes bras et  me donnes le sentiment d’être en sécurité près de toi. J’aime la force que tu montres devant tout le monde et que le soir tu me laisses prendre soin de toi. J’aime t’entendre dire tout ce qui te passe par la tête sans avoir peur de froisser les gens et te retrouver dans notre canapé à pleurer devant tes séries. Je ne regrette absolument pas une seule seconde d’être à tes côtés et de partager ta vie, mon seul regret, c’est d’avoir été aveugle et de ne pas l’avoir reconnu plus tôt.

    J’ai pensé qu’il savait que la manière dont je le voyais était une belle manière, c’est vrai que je n’avais jamais pris la peine de lui expliquer avec des mots, mais il me semblait que mon comportement et mes actions parlaient pour moi. Ses yeux sont lumineux et humides de larmes, mais son sourire grandit au fur et à mesure que je parle. Sa main se pose sur ma nuque et m’attire avec force contre ses lèvres, le baiser est ardent et fougueux et il n’attends pas avant de me faire basculer pour prendre l’avantage sur moi. Je pousse un petit soupir, après avoir failli le perdre, je me sens en sécurité quand il me prend dans ses bras alors que son poids pèse sur moi et qu’il me surplombe.

    — Je suis désolé… j’ai laissé ma peur prendre le dessus. 

    Je passe ma main dans ses cheveux avant de la poser sur sa nuque et de l’attirer à moi pour l’embrasser avant de le serrer contre moi.

    — Je ne te cacherais plus jamais ce genre de chose, je te le promets. 

    Il soupire et cache son visage contre mon cou, frottant son nez contre ma peau et je l'entend respirer plus fort, il cherche mon odeur, je sais que ça le rassure. Ma poitrine s’allège et je me détends, car je  je sais que quand son côté mignon ressort comme ça, c’est qu’il n’est plus en colère et à juste besoin d’être rassuré. Je passe un long moment à lui caresser le dos, à passer ma main dans ses cheveux et à embrasser le sommet de sa tête. On serait mieux installé dans notre lit ou sur le canapé, mais je n’ai pas envie de bouger, je savoure juste sa présence sur moi et je l’entoure de toute la tendresse que je peux alors que je suis passé à deux doigts de le perdre.

    -------------------

    — Pavel où est-ce que je pose ce carton ? 

    J’entends la voix du meilleur ami de Pavel provenant de l’entrée. J’ai un sourire jusqu’aux oreilles alors que je suis en train de vider un carton dans la salle de bain. 

    — Dans la chambre. 

    Je pouffe un peu en entendant la réponse de mon petit ami et mon coeur bondit dans ma poitrine. Je me sens tellement heureux à cet instant. On est le 24 Décembre, ça fait deux jours que j’ai failli quitter Pavel, deux jours qu’il m’a expliqué avoir fait des strip-teases pour me faire un cadeau de Noel. J’ai encore un peu de mal avec cette idée, je n’aime pas que des gens aient pu le voir quasiment nu, qu’ils aient pu fantasmer dessus et même… non je ne préfère pas continuer dans cette idée là c’est dégoûtant, un long frisson me parcours le corps et une grimace déforme mes traits.

    Hier Pavel a insisté pour que j'emménage officiellement chez lui, il ne veut plus attendre, il veut que notre situation soit claire et aujourd’hui je me sens particulièrement joyeux. Je n’ai plus peur, j’ai l’esprit et le coeur léger car maintenant, je suis sûr de moi et des sentiments de Pavel.

    — Mon coeur ? 

    Je me redresse pour lui faire face alors qu’à peine entré dans la salle de bain il me prend dans ses bras pour m’embrasser avant de me serrer contre lui, depuis notre dispute, il est encore plus câlin, mais ça aussi je ne vais pas m’en plaindre, je préfère savourer ces moments qui m’ont beaucoup trop manqués. 

    — On a remonté tous les cartons. Je peux te laisser un moment je dois aller voir mon patron à la supérette pour ma reprise.

    — Pas de soucis, je vais finir de ranger et si tu veux je peux nous préparer un bon repas.

    — On pourra fêter ton emménagement comme ça, je rapporte une bouteille ça te va ?

    — C’est parfait. 

    Je l’embrasse à mon tour. Il fait rapidement grimper la température entre nous, je le laisse me faire reculer contre le lavabo alors qu’il se colle contre moi. Je caresse son torse à travers son t-shirt et je pousse un petit gémissement quand il me soulève pour m'asseoir sur le lavabo et j’enroule mes cuisses autour de sa taille. J’oublie le monde, j’ai l’impression d’être de la guimauve quand sa langue s’enroule autour de la mienne. 

    — Hmm ! Hmm ! J’ai rien contre vos séances de bécotage les mecs, mais Pavel, si tu veux pas rentrer trop tard pour pouvoir vraiment profiter de ton homme, on ferait mieux de partir maintenant.

    Je relève la tête et rougit en croisant le regard de Benjamin, alors qu’il est appuyé contre le chambranle de la porte avec un petit sourire en coin qui en dit long sur ce à quoi il est en train de penser. 

    — Il a raison, à tout à l’heure mon coeur. 

    Il dépose un dernier baiser sur mes lèvres avant de quitter la pièce en compagnie de son ami. Je reste immobile, assis sur le lavabo et je tends l’oreille, ils discutent entre eux, rigolent et finalement, la porte d’entrée claque, me laissant seul à la maison.

    Le silence retombe et je souffle, autant pour reprendre le contrôle de moi-même que par l’absence des deux vraies piles électriques qui ont bougé mes affaires. Je me laisse retomber sur mes deux jambes, m'étirant légèrement avant de reprendre mon activité de la journée, qui consiste à déballer les affaires que l’on a emballées hier à la hâte dans mon ancien appartement. 

    Je range encore un long moment mes affaires, avant d’arrêter pour préparer le repas, j’ai hâte que Pavel rentre à la maison et que l’on passe notre première soirée, en tant que couple vivant officiellement ensemble. Pour oublier mon impatience, je me plonge totalement dans ma recette pour ne pas trop y penser.

    Le claquement de la porte me fait sursauter alors que je suis occupé à remuer le repas. Il ne faut que quelques secondes pour que deux bras forts entourent ma taille et qu’un corps se colle contre moi. 

    — Hmm Soupe Tom Yam c’est ma préférée.

    Il m’embrasse dans le cou et ses mains caressent mon ventre, j’arrête de remuer la soupe, bien trop obnubilé par ce qu’il est en train de faire. Malheureusement, il s’arrête bien trop vite,pour me faire tourner afin que je puisse le regarder en face. Je hausse un instant les sourcils quand je remarque ses yeux brillants et son sourire excité. Je le connais bien, je sais qu’il prépare quelque chose, car s’il y a bien une chose qu’il faut savoir sur Pavel, c’est qu’il ne sait pas garder un secret. 

    — Tout va bien ?

    — Je voulais attendre la fin du repas pour te l’offrir, mais je ne peux pas attendre plus longtemps. Viens. 

    Il me tire par la main et j’ai à peine le temps de couper le feu sous la casserole que je suis assis dans le canapé, une fois installé, Pavel s’assure que je ne bouge pas, puis il retourne rapidement dans l’entrée. Je le regarde quand il revient dans le salon, un sac à la main. 

    — Qu’est ce que tu fais ?

    — Je… je voulais vraiment te faire un cadeau, de base c’était pour te demander officiellement de vivre avec moi. Mais avec ce qui s’est passé, je voulais t’offrir un cadeau pour fêter ton emménagement.

    Il est nerveux je peux le voir, car il essuie ses paumes sur son pantalon à plusieurs reprises. Il revient s'asseoir à côté de moi avant de tendre le sac. Je reste immobile sans bouger pendant un petit moment, avant de prendre avec lenteur le sac.

    J’ai les mains tremblantes, mais il y a une bonne raison à ça, c’est que je n'apprécie pas particulièrement qu’il me rappelle ce qui s’est passé. Pavel me fait un petit sourire d’encouragement et c’est avec un petit soupir que j’ouvre le sac. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres quand j'aperçois le doux pelage et qu’après y avoir plonger la main, j’en ressors une peluche presque identique à celle qui a retrouvée sa place sur ma table de nuit.

    Je me sens heureux qu’il m'ait fait un cadeau si simple, ça me touche et… Je fronce les sourcils quand je remarque un anneau étincelant accroché autour de son cou par une ficelle de satin orange et qui retient un papier roulé. 

    Je sens une soudaine bouffée de colère monter en moi, il n’a quand même pas osé utiliser cet argent de malheur, gagné en montrant son corps à de parfait inconnus. Je sens tout mon corps se contracter, ma mâchoire se serrer et je pense que si c’est ça, ce n’est pas avec un simple pincement de joue que ça va se régler. Pavel à un petit rire en voyant l’expression de mon visage s’assombrir de la sorte et il comprend rapidement ce qui me passe par la tête. Il me caresse doucement la joue dans le but de m’apaiser.  

    — Dome enlève-toi cette idée de ta jolie petite tête. J’ai placé l’argent du club et je ne m’en servirai jamais pour te faire de cadeau, je te l’ai promis. Regarde le papier.

    Il reste calme, détendu et serein pendant que j’enlève le ruban autour de l’anneau. Il me faut un peu de temps, car mes mains tremblent toujours, le fait qu’il me masse la nuque ne m’aide pas non plus à me calmer.  Je prends le papier et le déroule avant de prendre le temps de le lire une première fois, puis une seconde pour être sûr de tout comprendre. 

    — C’est pour ça que tu es allé voir ton patron ?

    Il hoche la tête avec un petit sourire en coin et je peux voir combien il est fier de lui. 

    — J’ai fais ce que j’aurais dû faire dès le début. Je suis encore une fois désolé Dome, vraiment. 

    Je sens mon coeur se serrer je n’aime pas le voir dans cet état surtout que dans le fond, je ne lui en veux pas tant que ça. Je ne réponds pas tout de suite, parce qu’il a pris l’anneau avant de prendre ma main. 

    — Je voulais attendre Noël pour te faire ce cadeau, je voulais que ce soit un beau souvenir pour nous, mais je me suis planté. J’espère que tu voudras quand même bien porter cet anneau, parce qu'à partir d’aujourd’hui, toi et moi et on ne quitte plus.

    Il le passe lentement à mon doigt et c’est un fourmillement d'émotions qui me saisit. Surtout quand je fais attention à ses doigts, et que je constate qu’il porte exactement le même anneau que celui qu’il vient de me passer au doigt. Mon estomac se contracte agréablement, et mon coeur bondit dans ma poitrine. Je saisis sa main et embrasse doucement le métal froid. 

    — Je ne t’en veux pas Pavel, je comprend ce que tu as voulu faire et je t’aime beaucoup trop pour ne pas passer au dessus. 

    Je me mordille alors ma lèvre inférieure sachant très bien comment finir de dédramatiser la situation une bonne fois pour toute. 

    — Pavel, comme c’est Noël, tu crois que tu pourrais me faire un show privé, rien que pour moi.

    Son regard s’embrase aussitôt, puis il m’embrasse langoureusement avant de se lever pour prendre son téléphone afin de lancer une musique sensuelle. Il se tient là devant moi et je sens la température monter d’un cran juste quand il fait sauter le premier bouton de sa chemise. Je n’arrive plus à le quitter des yeux, la sensualité qui se dégage de lui me rend déjà dingue et je suis certain d'une chose, je lui demanderai souvent des shows très privés à l’avenir.

     



  • Commentaires

    5
    Lundi 20 Juin 2022 à 04:41

    Coucou ! Merci pour cette super histoire, sur un des couples que malheureusement 2Moon2 n’auras pas beaucoup exploité, même si c’est toujours que 2Moon. Pourtant, leur alchimie était au top ! 

    4
    Mardi 15 Décembre 2020 à 13:04

    Je ne connais pas encore ces acteurs/perso donc je pouvais bcp moins me les imaginer comparé à d'autres histoires mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier cette lecture.

    J'ai trouvé l'histoire hyper touchante et prenante, tu as bien réussi à retranscrire ces terribles sentiments de doute et de trahison qui finissent par ronger de l'interieur!! cool Fort heureusement plus de peur que de mal au final, ouf, nos ptis coeurs sont préservés  ~\(≧▽≦)/~

    (ps: j'ai plus qu'à regarder 2moons2 maintenant mais j'ai tellement aimé le cast de la saison 1 que j'ai peur de ne pas m'habituer à ce cast ci ^o^)

    Bonne journée ❤

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    3
    Dimanche 13 Décembre 2020 à 07:04

    Encore un beau OS. ^^

    J'ai beaucoup apprécié ma lecture.

    Merci pour cette belle surprise. :)

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