• A Christmas Baby (Off & Gun)

    A Christmas Baby

    — Papii, tu es sûr que le bébé aura besoin de ça ? 

    Je soulève l’étrange objet entre mes deux mains pour que Off puisse y jeter un coup d'œil. J’ai beau l’observer et le retourner dans tous les sens, je n’arrive même pas à déterminer à quoi ça peut bien servir.  Off me regarde avec un air gêné, il passe la main sur sa nuque et avant même qu’il ne parle, je devine sa réponse. 

    — Je ne sais pas, la vendeuse a dit que c’était indispensable, alors je l’ai acheté mais… je ne sais pas à quoi ça sert. 

    Il me fait son petit sourire en coin qu’il fait à chaque fois qu’il est pris en faute et mon cœur bondit dans ma poitrine car il sait aussi combien ce sourire me fait craquer.

    Je lève les yeux au ciel, exaspéré, mais je finis rapidement par pouffer en mettant ma main devant ma bouche. Je pose l’objet qui terminera à coup sûr à la poubelle sur la montagne de cartons qui n'attendent plus que d’être ouverts. Puis je me dirige vers l’homme que j’aime depuis la première fois où nos regards se sont croisés. Notre histoire n’a pas été facile, mais aujourd’hui, je suis le plus heureux des hommes, alors je ne compte pas me fâcher contre lui comme je pourrais le faire pour autre chose. Il panique un peu en ce moment et au final, je le comprends, je suis un peu comme lui, même s’il vide tous les magasins de puériculture de Bangkok, je vais juste lui dire combien je l’aime et que tout va bien se passer.

    Je passe mes bras autour de sa taille et je me love dans ses bras, posant ma tête contre sa poitrine, juste sur son cœur, il bat la chamade et c’est l’un des bruits que je préfère au monde. Il m’entoure aussitôt avec ses bras et je me perds dans un océan de douceur. J’ai toujours aimé quand il me serrait de cette manière contre lui, je me sens en sécurité, rien ne peut m’atteindre. 

    — Le bébé aura besoin de nous et on s’en sortira très bien même sans tous ces gadgets.

    Il y a encore trois mois, la pièce dans laquelle on se trouve actuellement était notre bureau, on s’en servait rarement et il a été facile de la vider complètement. On l’a repeinte dans des couleurs pastels, les cartons au centre sont les meubles qui seront montés demain afin de pouvoir accueillir notre premier enfant dans quelques semaines. On voulait fonder une famille depuis un moment déjà, mais les démarches ont été longues et laborieuses, seulement voilà, depuis 8 mois, notre bébé est en route et même si l’histoire de la maman me fait de la peine, je me sens heureux, pressé et également terrifié. 

    — Tu crois qu’il va vraiment nous aimer ? 

    Ce n’est pas la première fois qu’il me pose cette question et je le serre un peu plus fort contre moi pour le rassurer.

    Il est anxieux à l’idée de devoir s’occuper de notre enfant, pourtant, il est merveilleux avec ceux des autres. Je relève la tête pour pouvoir le regarder et je lui fais un tendre sourire avant de m’étirer pour pouvoir embrasser son menton avant de poser une de mes mains sur sa joue pour qu’il baisse les yeux et que nos regards se croisent. 

    — Évidemment, on sera ses papas, il nous aimera autant que nous on va l’aimer.

    Je comprends ce qu’il ressent, c’est un tourbillon d'émotions que l’on ressent tous les deux, de la peur, de la joie, de l’exaltation face à cette nouvelle voie qui s’ouvre devant nous. Seulement, là où moi j’arrive à gérer mes émotions, Off a tendance à se laisser facilement déborder et c’est mon rôle de petit ami de l’aider et de le rassurer.

    Il soupire doucement avant de hocher doucement la tête et je sens ses muscles qui se détendent doucement. 

    — Je n'achèterai plus rien dans les magasins, promis. 

    Je lui souris en caressant sa joue. Cette promesse, il me l’a déjà faite, ce n’est pas la première fois qu’il est pris d’une crise d’achat d’objets inutiles, je sais que dans quelques semaines, il risque de recommencer, mais alors je lui ferai un câlin, je lui dirai les mots qu’il a besoin d’entendre et je sais que quand notre bébé sera avec nous, il sera déjà plus serein.

    Je me mets à nouveau sur la pointe des pieds et lui vole un baiser pour clore la discussion, il n’y a pas besoin d’en dire plus. Son étreinte me colle contre son corps et ses lèvres retrouvent rapidement les miennes avant qu’il ne me soulève dans ses bras et c’est instinctivement que j’entoure sa taille de mes cuisses. Son baiser devient bien moins innocent et quand nos langues se retrouvent je suis parcouru d’un long frisson le long de ma colonne vertébrale.

    Même après toutes ces années, mon corps répond et frissonne à chacun de ses baisers et chacune de ses caresses. Il sait exactement quoi faire pour me mettre dans un état second. Je pousse un petit gémissement quand mon dos rencontre le mur et que nos intimités se frottent l’une contre l’autre. Seulement, je finis par quitter ses lèvres pour reprendre ma respiration et aussi mes esprits. Je passe ma main dans ses cheveux avant de la glisser sur sa joue. 

    — Off, pas dans la chambre du bébé et puis… ils viennent tous nous aider demain, on ne doit pas…

    Ses lèvres m'empêchent de continuer, je devrais le savoir, il est têtu et quand il a une idée en tête, c’est difficile de le faire penser à autre chose. Ses lèvres glissent sur ma mâchoire laissant un sillon de baiser brûlant avant qu’il mordille la peau de mon cou me faisant frissonner. Soudain mes paroles me semblent beaucoup moins importantes, je gémis une nouvelle fois alors qu’il s’applique avec beaucoup d’attention à me laisser une marque sur la peau. Sa langue glisse sur la marque et mes cuisses se resserrent autour de sa taille pour lui montrer mon envie. Ses dents se saisissent de mon lobe d’oreille et je soupire alors qu’il chuchote doucement.. 

    — Allons dans notre chambre… et ne t’inquiète pas pour demain… Je te porterai si tu as mal...

    Je me mords la lèvre d’anticipation et je ferme les yeux, car je sais très bien ce qui va suivre et je gémis d’anticipation. Je ne montre aucune résistance quand, en continuant de me dévorer le cou, il m’entraine dans notre chambre. Je sais déjà que l’on ne va pas beaucoup dormir cette nuit, car en plus d’être têtu, Off passe toujours sa nervosité et sa peur en me faisant l’amour et on peut dire que depuis quelques semaines, on fait beaucoup l’amour, mais ce n’est clairement pas pour me déplaire.

    Comme je l’avais prévu la nuit a été très courte, mais je peux enfin me reposer dans la chaleur de la couette tout en sachant très bien que je le sentirai passé quand il s’agira de se lever. Off a été très inventif cette nuit et je suis certain d’avoir de nombreuses courbatures dans les prochains jours. Finalement, alors que le soleil n’allait pas tarder à se lever, j’ai dû le supplier de me laisser me reposer quelques heures. C’est pourquoi je suis allongé sur le côté, Off a collé son corps contre moi, mon dos reposant contre son torse et on dort tous les deux d’un sommeil réparateur.

    BOOM BOOM BOOM

    Je sursaute légèrement quand de violents coups résonnent dans l’appartement, pourtant, je n’émerge pas vraiment, je garde les yeux fermés et je me tortille pour m’enrouler un peu plus dans la couette. 

    — Off… il y a quelqu’un à la porte… 

    Je ronchonne sans trop articuler, pressé de me rendormir et de laisser Off gérer les abrutis qui viennent nous déranger au beau milieu de la nuit.

    Off se contente de me serrer plus fort contre lui dans son sommeil tout en déposant un baiser sur ma nuque. Comme moi, il est prêt à ignorer le vacarme pour replonger dans les bras de morphée. C’est alors que les coups contre notre porte d’entrée reprennent et que des voix bien connues s’élèvent. Les voisins vont finir par appeler la police pour tapage nocturne si ça continue. J’ouvre un œil en soupirant et regarde le réveil sur ma table de nuit, je fais alors un bond dans le lit, donnant sans le vouloir un coup à Off qui grogne en se réveillant. On n’est pas au milieu de la nuit, on a dormi plus longtemps que je ne le pensais et la matinée est bien avancée. Et donc maintenant que je suis un peu plus réveillé, je peux dire que c’est Tay le meilleur ami de mon petit ami qui frappe à la porte en s’égosillant.

    Je me tourne vers Off qui tente de me faire me rallonger, il veut continuer à me câliner et, un instant, l’idée est séduisante, seulement, je connais nos amis et ils seraient capables de défoncer la porte si on tarde trop à répondre. J’essaie d’oublier mon corps courbaturé et je le secoue vivement. 

    — Papii dépêche toi, on a trop dormi, Tay, Arm, Singto et Sing sont déjà là.

    Et voilà qu’il émerge enfin, il s’assoit dans le lit, les cheveux en bataille et je me mords la lèvre en me rappelant que c’est de ma faute s’ils sont dans cet état. Cette nuit, je me suis beaucoup agrippé à ses cheveux alors qu’il me faisait l’amour. J’oublie un instant ce qu’il y a autour de nous et la présence de nos amis et je l’observe. Mon cœur se gonfle d’amour pour lui alors qu’il tente de se recoiffer et de dompter ses mèches rebelles avec ses doigts. Il se frotte les yeux pour tenter en vain de chasser le sommeil, puis il se penche vers moi pour me voler un baiser et je souris en coin.

    — Prends le temps de te lever mon coeur, je vais leur ouvrir et m’occuper d’eux. 

    Il me caresse doucement la joue et voilà qu’il quitte le lit, rejetant les couvertures. Il s’étire rapidement et je laisse mes yeux glisser sur son corps avant d’éclater de rire alors qu’il ouvre la porte de notre chambre les yeux encore à moitié fermés. 

    — Tu ne penses pas que t’habiller serait une bonne idée ? 

    Je me laisse retomber sur le matelas alors que je n’arrive pas à m’arrêter de rire. Le connaissant, il ne s'est absolument pas rendu compte qu’il ouvrait à nos amis dans le plus simple appareil. Il se tourne vers moi, surpris, puis baisse les yeux sur son corps nu et marqué par notre nuit mouvementée. Il glousse alors avant de se passer la main sur la nuque avant de revenir vers le lit.

    — Ce n’est pas une mauvaise idée, sinon Tay n’aurait pas fini de me charrier avec ça. 

    Il fouille rapidement dans notre armoire, sortant des sous-vêtement, un jean et un t-shirt et moi, je reste allongé dans notre lit, je l’observe en me mordillant la lèvre alors que sa peau si désirable se retrouve cachée par le tissus et même si on a fait l’amour toute la nuit, son corps m’excite encore maintenant.

    — Si tu continues comme ça, je ne vais pas pouvoir aller leur ouvrir et je vais devoir faire quelque chose d’autre avec cette bouche… 

    Je rougis fortement alors que des images de ce qu’il pourrait faire faire à ma bouche me traversent l’esprit et..

    BOOOOM

    Je sursaute de nouveau et Off se fige en soupirant. 

    — Je crois qu’il faudra que tu m'expliques ce que tu veux faire avec ma bouche plus tard. Ils vont finir par entrer de force dans l’appartement et… je ne pense pas que tu aies envie qu’ils nous trouvent dans cette situation.

    On aime faire l’amour, on le fait souvent et plus d’une fois nos amis ont failli nous prendre la main dans le sac et ce n’est pas quelque chose dont nous avons envie. Il secoue la tête en pinçant les lèvres avant de rire doucement.

    — Non, je vais aller leur ouvrir, ce sera mieux pour notre tranquillité.

    Il ne peut pas s’empêcher de me voler un dernier baiser avant de se précipiter hors de la chambre pour ouvrir à nos amis alors que je reste allongé dans le lit à rêvasser quelques minutes et que plus loin j’entends Off ouvrir la porte et nos amis l’engueuler de les avoir fait entendre.

    Je souris en coin, réalisant combien on a de la chance d’avoir des amis pareils, même si parfois ils sont un peu trop intrusifs je ne les échangerais pour rien au monde. Je soupire légèrement, je suis bien dans le lit, mais je dois me lever et aller les retrouver, une grosse journée nous attend. Je bouge doucement les jambes et je grimace, comme je m’y attendais, j’ai mal partout.

    Je prends le temps de me dénouer les muscles en m’étirant longuement. On s’est lavé avant de finalement s’endormir, pourtant je sais que si je veux pouvoir marcher à peu près normalement et éviter les blagues idiotes de certains, une douche brûlante est nécessaire. Je reste un long moment sous le jet d’eau chaude me délassant et prenant en même temps le temps de me réveiller complètement. Je retourne dans la chambre avec juste une serviette enroulée autour de la taille et j’ai un petit sourire en coin quand je croise mon reflet dans le miroir. Mon corps est recouvert de suçons et griffures, témoins de l’incroyable nuit que nous avons passée dans les bras l’un de l’autre. Je finis par m’habiller rapidement, comme Off, un jean et un t-shirt.

    Je quitte alors le calme de la chambre pour me diriger vers le salon où des rires et le bruit d’une conversation s'élèvent. Ils sont tous assis dans les fauteuils et le canapé en train de boire un café en attendant que j’arrive. Ils se tournent tous vers moi quand j’arrive pour me saluer et je leur réponds avec un petit signe de la main.

    — Alors comme ça, on a eu une panne de réveil. 

    M’accueille Tay en haussant les sourcils à plusieurs reprises de manière équivoque. Et je sais qu’il s'attend à ce que je lui explique ce que l’on a pu faire cette nuit, même si je sais qu’il en a une très bonne idée.

    Je lève les yeux au ciel en rigolant et en me répétant une nouvelle fois que jamais je laisserai Tay jouer au baby-sitter avec mon bébé. 

    — La nuit a été un peu courte et on ne s’est pas réveillés. 

    Off répond très sérieusement en entourant mon épaule de son bras et, vu les rires qui se font entendre, je sais très bien que les blagues vont fuser toute la journée. Off lui s’en fiche complètement, il se penche alors vers moi pour parler proche de mon oreille. 

    — Tu veux manger quelque chose ?

    Je réfléchis une petite seconde avant de secouer vivement la tête. C’est vrai que j’ai un peu faim, mais maintenant que l’on est tous réunis ici, je ressens soudain ce besoin presque viscéral de finir la chambre et qu’elle soit prête pour accueillir notre enfant. 

    — Je veux qu’on installe la chambre. 

    Off doit sans doute me comprendre, car il me fait un petit sourire et se penche pour m’embrasser la tempe avec tendresse. C’est à cet instant qu’un flash nous surprend, pourtant, je ne devrais pas l’être car je sais que c’est Singto qui, depuis qu’on a annoncé notre désir d’adopter un bébé, a décidé de prendre en photo chaque moment important ou non concernant le chemin à parcourir avant de pouvoir le tenir dans nos bras.

    Nous n’aurons jamais de photo de grossesse normale à lui montrer, pas de ventre arrondi à afficher avec fierté, mais grâce à des amis en or, nous aurons un album rempli de souvenirs à lui raconter quand il sera un peu plus grand sur cette période douce et angoissante où l’on se préparait à l’accueillir.

    — Espérons que ce ne soit pas comme quand on a fait la peinture. 

    Arm intervient et de nouveau des rires s’élèvent dans le salon. Il a un petit sourire aux lèvres alors qu’il évoque ce souvenir vieux de la semaine dernière. Je pouffe à mon tour alors que je croise le regard de Sing qui est à présent gêné et que le bout de ses oreilles devient tout rouge.

    — Ce n’est pas de ma faute si l'escabeau ne tenait pas bien et que le pot de peinture s'est renversé. 

    Sing grommelle doucement alors que tout le monde rit à ce souvenir, il faut dire que la colère de Krist quand il s’est pris ledit seau sur la tête était mémorable. Je ne savais pas qu’il était capable d’avoir un langage aussi fleuri et il a continué de râler même en étant sous la douche. 

    Le pauvre Sing s’est fait tout petit après cet incident et de ce que j’en sais, il n’a pas encore recroisé le chemin de Krist. Heureusement, j’avais prévu le coup et j’avais protégé le sol, non parce que, mes amis, je les adore, mais ce sont des dangers ambulants.

    — Allons-y. 

    Je ne tiens pas en place, j’ai hâte de voir la chambre terminée, que les choses deviennent concrètes. Alors je prends Off par la main et je l’entraine vers la pièce, incitant les autres à nous suivre. J’ouvre la porte et comme à chaque fois, l’effet est le même, mon corps tremble, mon cœur bondit et la respiration se coupe et je dois presque me pincer pour m’assurer que je ne suis pas en train de rêver. Je me demande si ces émotions que je ressens, une mère qui porte son enfant les ressent aussi ?

    Je ne me sens pourtant pas mal, je suis même fier car même si je ne porte pas ce bébé, je vais le guider dans ce monde, l’élever, en faire un adulte et être près de lui à le soutenir dans toutes les étapes de sa vie. Si je reste là, à la porte de sa chambre, si je me concentre suffisamment, alors je peux déjà voir toutes ces images se dérouler devant mes yeux, je peux déjà percevoir notre avenir tous les trois et je me sens tellement heureux que je me demande si mon coeur ne va pas exploser sous le trop plein d’émotions. Off m’attire contre lui, mon dos contre son torse, ses bras autour de ma taille et sa tête contre la mienne, il sait ce que je ressens, j’ai souvent essayé de mettre des mots dessus avec lui et je sais qu’il ressent exactement la même chose.

    J’entends à peine le déclic de l’appareil photo, je suis dans mon petit cocon pour le moment. Cependant la voix légèrement moqueuse de Arm me ramène à la réalité. 

    — Bon les gars, on entre dans la chambre ou on continue de rêver devant ? 

    Je tourne la tête vers lui et malgré le ton de sa voix, je peux voir qu’il a un tendre sourire sur les lèvres. Je prends une grande inspiration, frotte les mains de Off et me souviens qu’aujourd’hui on a une mission importante. 

    — Allez on y va… Je suis pressé de voir ce que ça va donner. 

    Je quitte les bras protecteurs de l’homme de ma vie et me remonte les manches en entrant dans la chambre. Tout le monde me suit et rapidement c’est un joyeux chantier qui se met en place quand, par groupe de deux, on commence à monter les meubles qui sont encore emballés dans leur carton. Par moments, je ne sais pas si c’était une bonne idée de les inviter à nous aider pour aller plus vite. Sing manque de s’ouvrir le pied avec la visseuse, je ne comprends toujours pas comment il a fait son compte d’ailleurs, mais sa chaussure est trouée. Singto passe plus de temps son appareil photo à la main plutôt qu’avec un tournevis. Alors que Tay et Off en grands enfants qu’ils sont, trouvent toujours une bonne occasion de se défier et de jouer plutôt que de visser les meubles. 

    Heureusement, Arm et moi restons relativement sérieux, sinon je ne suis pas sûr que mon fils ou ma fille aurait un jour eu sa chambre terminée. Finalement, on réussit au bout de plusieurs heures à finir de monter tous les meubles et maintenant, il ne reste plus qu’à les positionner pour que tout soit parfait pour notre petit bout. Je me mets au milieu de la chambre et les garçons déplacent les meubles selon mes instructions. Le soucis, c’est que ça fait maintenant plus d’une heure que je leur fais bouger les meubles dans tous les sens, mais je ne suis pas vraiment satisfait.

    — Non, en fait le berceau irait mieux à droite et la table à langer sous la fenêtre. 

    Je mordille l’ongle de mon pouce nerveusement alors que je suis très concentré sur ce que font les garçons. En même temps j’essaie de visualiser le rendu dans ma tête, mais je trouve toujours que quelque chose cloche alors... 

    — Attendez, en fait…

    Je les entends soupirer et râler, du coup je stresse encore plus, pourtant, ce n’est pas dans ma nature d’être indécis comme ça. Soudain, Off lâche le berceau et Sing grogne à cause du poids. 

    — Pourquoi vous n’avez pas appelé Earth… il aurait soulevé ça sans problème. 

    Off me prend dans ses bras avant d’embrasser le sommet de ma tête et je n’attends pas pour passer mes bras autour de sa taille et cacher mon visage contre son cou.

    — On ne peut pas inviter Earth seulement quand on a besoin de porter des meubles Sing. 

    Répond Singto qui repose la table à langer qu’il est en train de porter avec Tay. Ils parlent de l’utilité des muscles de Earth, mais je leur suis vraiment reconnaissant de ne faire aucune blague ou remarque sur mon état et mon indécision. Ils ont compris que je suis nerveux et troublé et me laissent le temps dont j’ai besoin.

    Je me focalise sur la chaleur qui m’entoure, sur le bien-être que je ressens, juste à être dans ses bras alors qu’il caresse lentement mon dos. 

    — Mon coeur, tout va bien se passer, détends-toi. Prends une grande inspiration et tu vas trouver l’emplacement idéal.

    Il prend mon visage entre ses mains avant de m’embrasser avec douceur et tendresse. Je me sens complètement fondre, il n’y a pas à dire, il sait très bien comment faire pour que je me détende et que je retrouve mes esprits.

    On s’embrasse un long moment et ce sont les sifflements des nos amis qui nous rappellent que l’on n’est pas seuls dans la pièce. Je me recule en rougissant avant de me cacher contre Off un grand sourire greffé sur le visage. Après ça, il ne nous faut qu’une petite vingtaine de minutes pour placer tous les meubles et on vide les cartons remplis d’habits, de décorations et de jouets assez rapidement. 

    Ils partent peu de temps après et l’appartement semble soudain bien trop vide et calme sans leur présence. Je me laisse tomber dans le canapé avec un petit soupir, je me sens totalement épuisé à cause de la courte nuit que nous avons eu et de cette journée encore riche en émotions. Je ferme les yeux en savourant le calme en me demandant ce que peut fabriquer Off, il s’est enfermé dans notre chambre tout de suite après le départ des garçons.

    — Mon coeur ? 

    J’ouvre doucement les yeux, me rendant compte que je m’étais un peu assoupi en attendant qu’il sorte. Je me frotte les yeux doucement avant de sourire, un peu perdu quand je le vois poser un mini sapin décoré au centre de notre table basse.

    — Qu’est ce que c’est ? 

    Ok ma question peut sembler idiote, puisque je sais très bien ce qu’il vient de poser devant moi. La question est plutôt de savoir pourquoi il a ramené ce petit sapin. Je me laisse glisser sur le sol et je pose mes coudes sur la table basse pour mieux observer ce qu’il vient de ramener.

    — Et bien, on est le 24 décembre ce soir. C’est le réveillon de Noël dans une grande partie du monde et… je sais que tu aimes Noël, alors je t’ai préparé une petite surprise. 

    Il semble soudain nerveux alors qu’il s’assoit à même le sol juste à côté de moi et je ne comprends pas vraiment pourquoi, surtout que je trouve sa surprise tellement mignonne. 

    — J’ai deux cadeaux pour toi alors je me suis dit que les déposer en dessous d’un sapin serait bien.

    Est-ce que cet homme se rend compte de combien il est magnifique ? Il est non seulement beau physiquement, mais intérieurement c’est la plus belle personne que je connaisse. Il a toujours un petit mot gentil, un encouragement ou bien soudain une surprise pour montrer combien vous comptez pour lui. Cette surprise est douce et me remplit d’un amour fort pour lui.

    — C’est superbe. 

    Le petit sapin est décoré de toutes petites boules de toutes les couleurs et de guirlandes minuscules toutes douces et je touche les épines du bout des doigts en souriant comme un enfant. Je relève rapidement la tête vers lui quand il me tend une enveloppe et je trépigne alors que je saisis mon premier cadeau. Je l’ouvre fébrilement et entrouvre la bouche quand trois billets d’avion tombent sur mes genoux et je le regarde, surpris, quand je comprends qu’ils sont tous à destination de Paris.

    — On pourra partir cet été, le bébé aura quelques mois et je me disais que pour fêter son arrivée quoi de mieux que de l’emmener en voyage.

    — Mais il sera trop petit pour s’en souvenir Papii, il ne faudrait pas plutôt attendre qu’il soit plus grand pour organiser ça. 

    Je ne veux pas jouer les rabat-joie car je sais qu’il a passé du temps pour préparer ce voyage et organiser cette surprise. Mais un voyage comme celui-ci coûte très cher et comme ce sera un voyage en famille c’est dommage si notre bébé ne peut pas en garder des souvenirs.

    — Je sais, mais ce serait dommage qu’il ne soit pas présent à notre mariage.

    J’ai bien entendu les mots, je comprends leur signification, pourtant, je n’arrive pas à me projeter. Je suis stupéfait, je le regarde bouche bée, c’est presque au ralenti que je le vois sortir une boite de la poche de son pantalon. Il se redresse légèrement pour pouvoir se tenir devant moi un genou à terre et je sens mes yeux se remplir de larmes alors que Off me fait la plus belle des demandes. Pourtant, je lui ai toujours juré que je le frapperais si jamais il osait faire une demande en mariage de ce genre-là. A la place, je le regarde les yeux brillants et le cœur battant. 

    — Atthaphan Phunsawat, épouse-moi à Paris cet été.

    Lui qui a toujours été frileux en ce qui concerne le mariage, voilà qu’il vient de me surprendre en me faisant une demande romantique. Je suis un instant incapable de parler, j’ai la gorge nouée par l’émotion, alors je me contente de hocher vivement la tête en lui faisant un grand sourire. Quand on s’est rencontré huit ans plus tôt, rien n’aurait pu me laisser imaginer ce que nous étions en train de vivre ce soir. Je renifle un peu et prends une grande inspiration avant de penser être capable de parler.  

    — Oui. Je veux t'épouser. 

    Ma voix est tremblante, mais je n’hésite pas une seconde quand je lui donne enfin officiellement ma réponse.

    C’est une sensation et un sentiment puissant qui me saisit le corps quand, avec une infinie douceur, il passe la bague qu’il a choisie à mon doigt. J’ai un grand sourire sur les lèvres alors que je n’arrive pas à quitter l’homme en face de moi du regard. Ma main tremble quand j’opère les mêmes gestes avec son anneau assorti au mien. Je sens mon coeur se gonfler de joie en observant nos mains habillées de ces anneaux. 

    — Je t’aime Papii.

    Je ne lui dis pas souvent, enfin, pas assez selon lui et il me réclame souvent ces petits mots. Pourtant là, ils sortent d’eux même et n’ont jamais eu autant de force qu’à cet instant. Je capture ses lèvres juste après en le serrant le plus fort possible dans mes bras comme si j’avais peur que tout cela ne soit qu’un rêve qui pourrait m’échapper.

    Ce baiser nous mène à refaire l’amour, allongés à même le sol devant ce petit sapin. Je suis épuisé, j’ai mal partout et pourtant, je ressens le besoin de me lier à lui de la manière la plus intime possible, je ne veux faire plus qu’un avec lui, renforcer cette promesse de notre futur ensemble que nous venons de mettre en route. Off est doux dans sa manière de me posséder, il me fait l’amour avec tendresse, en prenant son temps et l’orgasme qui nous fauche est l’un des plus puissants qu’il m'ait été donné de ressentir.

    Je me suis endormi dans ses bras, sur le sol de notre salon, complètement épuisé par toutes ces émotions. Ainsi, quand je me réveille en sursaut quelques heures plus tard à cause de la sonnerie de mon téléphone, je suis surpris de me retrouver dans notre lit, bien emmitouflé sous la couverture. Je sens Off qui s’agite contre moi dans son sommeil, dérangé par la musique qui ne semble pas décidée à s’arrêter. Je me dépêche de me saisir de mon téléphone et de décrocher en voyant l’heure tardive et le numéro inconnu qui s’affiche sur l’écran.

    — Allo !

    — Monsieur Phunsawat ? Ici le Bangkok Hospital. Je vous appelle pour prévenir que Mademoiselle Somkid vient d’être admise. Le bébé est sur le point d'arriver.

    — Comment ça le bébé arrive, mais… c’est trop tôt.

    — Il faut venir monsieur, les médecins pourront vous en dire plus.

    — Bien… on arrive…

    Je reste assis dans le lit, immobile, je regarde mon téléphone alors que la peur me glace les veines. Je frissonne alors que l’idée commence à se faire une place dans ma tête, le bébé arrive avec un mois d’avance. Ce soir nous serons parents, un petit sourire commence à apparaître sur mon visage avant de disparaître brutalement. Est-ce que tout va bien ? Est-ce que le bébé a un problème ? Je me rends compte que je tremble quand les bras de Off entourent ma taille et que sa tête se pose contre mon omoplate. 

    — Gun ? Qu’est-ce qui se passe ?

    Il n’est pas bien réveillé, je dirais même qu’il pourrait se rendormir dans la seconde, mais il a entendu ma voix, il ressent mon stress et il se rend bien compte que quelque chose ne va pas. Le sentir près de moi me fait enfin réagir, l'hôpital nous attend, notre bébé arrive et on doit se bouger parce que finalement on n’aura pas à attendre un mois de plus pour faire sa connaissance. Je me tourne alors vers lui, le prenant par les épaules pour le secouer légèrement et le réveiller un peu plus. 

    — Il faut aller à l'hôpital, le bébé arrive !

    Et c’est sans attendre sa réaction que je quitte le lit. Soudain, l’excitation court dans mes veines. Je pioche rapidement dans l’armoire de quoi m’habiller, je me sens fébrile alors que la réalité me percute de plein fouet. Dans quelques heures nous serons parents, je suis habillé et je me rends compte qu’il est toujours assis dans le lit, à moitié endormi et qu’il n’a pas bougé, il n’a pas l’air de comprendre ce qui se passe. 

    — Papii lève-toi ! Le bébé va arriver.

    — C’est pas possible, c’est trop tôt, il ne doit arriver que le mois prochain. 

    Je suis en train de sortir ses habits quand je me stoppe, sa voix tremble. Je me retourne pour lui faire face et s’il est maintenant parfaitement réveillé, je me rends compte qu’il panique. Il est heureux de devenir papa, mais je sais aussi qu’il doute de lui et de ses capacités. Il pensait avoir encore un mois pour se préparer à le devenir, il n’a pas compris que jamais il n’aurait été prêt et le voilà maintenant mis face à la réalité.

    Je prends son visage en coupe entre mes mains, je le regarde avec tendresse, mes pouces lui caressant doucement les joues. J’ai peur aussi, mais de nouveau je prends sur moi pour rassurer mon fiancé. Je l’embrasse amoureusement, prenant mon temps alors que je le sens se détendre petit à petit et quand je colle mon front contre le sien, il prend une profonde inspiration. 

    — Notre fils ou notre fille a décidé que c’était ce soir qu’il venait au monde. Alors lève-toi, habille-toi et allons ensemble accueillir notre bébé. D’accord ?

    Ma voix est douce et calme et cette fois, je vois la joie pétiller dans le fond de ses yeux alors qu’il hoche la tête pour me faire comprendre qu’il va faire ce que je lui demande. Il se lève d’ailleurs sans attendre et c’est rapidement que nous finissons de nous préparer. On quitte l’appartement en se tenant la main, je tiens le petit sac contenant les habits que l’on prévoit pour le bébé et mon cœur accélère petit à petit alors que l’on se dirige vers le parking.

    Le trajet se fait dans le silence, on est tous les deux perdus dans nos pensées. C’est une tornade d'émotions qui me balaie au gré de ses envies. De la joie, de la peur, de l’excitation, de l’angoisse, tout se mélange en moi et je ne sais pas vraiment comment décrire comment je me sens à cet instant. On a beaucoup parlé de la venue du bébé, on s’est imaginé tellement de scénarios, on l’a souvent idéalisée, mais jamais on n’avait pensé à ce cas de figure, un mois en avance et au milieu de la nuit.

    Je souffle fort quand Off se gare devant l'hôpital, j’ai l’impression d’être collé dans le fond de mon siège. C’est finalement l’angoisse qui a gagné la place dans ma tête alors que le trajet m’a semblé horriblement long. Pourtant, avec le peu de trafic à cette heure-ci, il ne nous a fallu qu’une demi-heure pour arriver. Off descend rapidement de la voiture, mais cette fois-ci, je n’arrive pas à me contrôler et j’ai peur d’entrer dans l'hôpital et de faire face à notre futur. Heureusement mon petit-ami me connait autant que je le connais et sans un mot, il fait le tour de la voiture et ouvre la portière avant de passer la main dans mes cheveux. On n’a pas besoin de parler, il suffit que nos regards se croisent pour que je comprenne tout ce qu’il veut me dire. Je lui fais un petit sourire et saisis la main qu’il me tend, on entrelace nos doigts sans même y penser et on se dirige vers l’accueil où on est rapidement pris en charge et amené dans les couloirs de la maternité. Là, un médecin nous attend, je sens le rythme de mon cœur augmenter au fur et à mesure que l’on s’approche de lui.

    — Vous êtes les futurs parents ? 

    Il nous offre un petit sourire, loin des grimaces de dégoût que l’on a dû essuyer depuis que l’on s’est lancé dans l’adoption. Il ne nous juge pas, il ne fait aucune remarque, il se comporte comme avec n’importe quel autre patient ou parents. On est incapable de parler alors on se contente de hocher la tête en attendant qu’il continue de parler pour nous rassurer sur ce qui se passe. 

    — Le travail a commencé il y a quelques heures maintenant et le bébé devrait bientôt pointer le bout de son nez. Seulement, elle est très nerveuse et ça ne facilite pas les choses.

    Son discours est plutôt rassurant dans l’ensemble, pourtant, mon cœur de papa a besoin d’être totalement rassuré. 

    — Mais, il n’y a pas de problème, pour le bébé, il aurait dû arriver le mois prochain et…

    L’angoisse transparaît dans ma voix et il m’interrompt vivement d’un signe de main et avec un petit sourire rassurant. 

    — Le bébé va très bien, il est fort et en bonne santé, c’est juste qu’il est pressé de venir vous rencontrer. 

    Un grand sourire apparaît sur mon visage quand il finit de totalement nous rassurer sur la santé du bébé et je pousse un profond soupir de soulagement. Pourtant, à cet instant, je me rappelle aussi les paroles du docteur et je sens mon coeur se serrer. 

    Je me mordille un instant la lèvre, je ne sais pas si on aura le droit, mais je ne peux même pas imaginer ce qu’elle est en train de vivre actuellement. 

    — Est ce qu’on peut la rejoindre ? 

    Je ne sais pas si les parents adoptifs s'attachent de cette manière à celle qui met l’enfant au monde. Pourtant, l’histoire de Nicky nous a particulièrement touchés, elle vient d’avoir 17 ans et le père du bébé l’a quitté le jour où ils ont appris sa grossesse. Elle ne pouvait pas avorter et ses parents refusaient de l’aider avec un bébé, c’est pour ça qu’elle le fait adopter. Du coup je sais qu’elle est seule dans la salle, qu’elle doit traverser cette épreuve toute seule car aucun membre de sa famille ne sera présent. 

    Elle est en train de mettre notre enfant au monde et je ne veux pas qu’elle le fasse seule dans la peur et le stress, je veux lui tenir la main et la soutenir du mieux que je pourrai. Je ne sais pas si le médecin comprendra ça, pourtant, quand je pose la question, il semble un peu soulagé et son sourire devient plus franc. 

    — Bien sûr, allez-y. 

    On lui fait un signe de tête et on se dirige rapidement vers la chambre qu’il nous a indiqué et quand je pousse la porte après avoir frappé, je sens mon cœur se serrer encore plus. Elle pleure, nous on vit la nuit la plus fabuleuse de notre vie, alors qu’elle vit, elle, la plus terrible et elle n’a personne autour d’elle. 

    Je rejoins rapidement le tabouret près de son lit, on ne parle pas vraiment, à cet instant, il n’y a pas besoin de long discours, juste de notre présence et de notre soutien. Je saisis sa main en douceur et elle la serre à chaque fois qu’une contraction arrive, ce qui arrive de plus en plus fréquemment maintenant. Elle souffle, elle gémit, mais elle est forte et elle m’impressionne, je me demande si moi j’aurais été capable d’endurer cette douleur.

    Off est au petit soin pour elle, il lui éponge le front, il fait tout ce qu’elle demande et il arrive même à la faire rire et à la détendre. On n’est pas de sa famille, mais on fera tout pour l’aider à passer ces moments difficiles. Le temps passe, on voit bien qu’elle souffre de plus en plus et on est impuissant face à tout ça, je ne sais pas quoi faire pour l’aider et je me sens totalement inutile.

    Plusieurs heures passent, les sage-femmes viennent régulièrement, mais soudain tout s’accélère après un dernier examen. Le bébé est prêt à arriver et je sens mon coeur s’emballer alors que Off et moi on ne se quitte plus des yeux. Le médecin entre dans la chambre et je me raidis un peu, ce n’est plus le même médecin que tout à l’heure et celui-ci nous scrute d’un air froid. 

    — Messieurs, je vous demanderai de sortir, seule la famille peut rester. 

    J’ouvre la bouche, mais je ne trouve rien à dire sur le moment. Pourtant, je n’ai pas besoin d’intervenir. 

    — Noon ! 

    Nicky s’exclame fortement entre deux contractions, sa main se serre brutalement sur la mienne et je me demande si elle ne va pas finir par me la casser à force. Off passe son bras autour des épaules de la jeune fille pour la soutenir, alors qu’elle semble sur le point de craquer, pourtant quand elle reprend la parole, sa voix est claire mais elle tremble à cause des larmes qui baignent son visage. 

    — Ce sont les papas et je ne veux pas être toute seule, s’il vous plaît, laissez-les rester… je vous en prie.—  

    Je serre fortement les lèvres alors que les supplications de la jeune fille me font monter les larmes aux yeux, je pose ma deuxième main sur la sienne pour lui montrer ma présence et mon soutien. Le médecin semble ne pas vraiment bien comprendre la situation, il reste quelques secondes à nous regarder, son visage s’est un peu adouci et il faut que l’infirmière vienne lui chuchoter quelques mots à l’oreille pour qu’enfin son visage s’éclaire et qu’il se redresse en s’éclaircissant la gorge.

    — Oh ! Très bien, vous pouvez rester. 

    Je sens la tension diminuer dans mon corps et je soupire doucement. Notre situation n’est pas courante et une fois encore, tout le monde n’accepte ou ne comprend pas facilement ce qui se passe. Nicky continue de s’accrocher à ma main alors que Off recommence à lui éponger le front. Le médecin l’installe, lui donne les instructions et mon cœur semble vouloir sortir de ma poitrine la première fois qu’elle pousse. Bientôt le bébé sera avec nous et je me sens complètement heureux et perdu à la fois.

    — Vas-y Nicky, tu es forte, encore un peu.

    — Souffle profondément, on est là, près de toi.

    Off et moi l’encourageons alors que, contractions après contractions, elle tente de faire sortir le bébé. Seulement, l’excitation laisse rapidement place à la tension, car malgré tous les efforts de la jeune femme, le bébé n’arrive pas. J’essaie de ne pas poser mon regard sur l’équipe soignante, mais chaque fois que je le fais, je peux voir le sérieux dans le regard et je sais au fond de moi que ce n’est pas bon signe.

    Je sens la peur me grignoter l’estomac alors que je comprends un peu trop bien qu’il y a un problème, quelque chose cloche et quand je croise le regard de Off, je sais qu’il en a conscience aussi. Une fois encore, on est inutile, on ne peut rien faire tous les deux, juste être là à lancer des phrases inutiles et à lui tenir la main. Seulement, même ça, on ne peut plus le faire, car soudain, une alarme provenant des machines de surveillance se met à sonner dans la chambre. Je sursaute violemment et l’équipe médicale agit sans que je n’ai le temps de comprendre. 

    Cette fois, l’infirmière nous met à la porte et rien de nos demandes ou des supplications de Nicky ne change quoi que ce soit. La porte se referme sur nous et on se retrouve tous les deux dans le couloir sous le choc. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Est-ce qu’ils vont bien tous les deux ? J’ai le souffle coupé, les larmes finissent par couler le long de mon visage et j’ai l’impression que tout est en train de s’écrouler autour de nous. Tout était trop beau et parfait et maintenant j’ai peur de tout perdre avant d’avoir pu découvrir la joie d’être parent. 

    — Papii… 

    Ma voix est basse, étranglée et j’ai peur, ma main s’agrippe à son t-shirt et je peux voir qu’il est dans le même état que moi. Cependant, cette fois, c’est lui qui maitrise le mieux ses émotions, je me jette dans ses bras, j’ai besoin de son soutien, j’ai besoin de sentir sa chaleur autour de moi et j’aimerais qu’il me chuchotte que tout ira bien, que je n’ai pas à m’inquiéter, mais il est incapable de le faire.

    Lentement, il m'entraîne vers les sièges qui se trouvent un peu plus loin dans le couloir et c’est ainsi que commence alors une longue attente. J’ai l’impression que toute la joie a quitté mon corps, j’ai du mal à croire qu’il y a quelques heures je décorais la chambre du bébé en compagnie de mes amis et que maintenant on a tous les deux la peur au ventre qu’il se passe quelque chose de mal.

    J’ai la tête appuyée contre l’épaule d’Off, il a essayé de me convaincre de dormir un petit peu, mais je suis incapable de quitter cette porte des yeux. Je veux juste qu’elle s’ouvre sur le médecin et qu’il nous dise que Nicky et le bébé vont bien. Le soleil s’est levé depuis un moment maintenant, il y a eu plusieurs allers et venus, à chaque fois mon cœur bondissait dans ma poitrine en pensant que c’était des nouvelles pour nous, mais la déception était de plus en plus difficile à vivre. 

    — Messieurs, veuillez me suivre s’il vous plaît. 

    Je jette un coup d'œil à Off et ma main commence à trembler dans la sienne. Je ne comprends pas pourquoi on doit partir, qu’est-ce qui se passe bon sang. Je ne veux pas quitter mon siège, je veux rester ici et attendre que le médecin vienne nous parler du bébé et de Nicky. 

    — Ne vous inquiétez pas, tout va bien. 

    Elle nous sourit, mais je n’y arrive pas, j’avoue je suis un peu intrigué par son comportement, même s’il en faut bien plus pour me rassurer. Je finis par me résigner et c’est dans un silence pesant qu’on se laisse entraîner dans le couloir. On ne va pas très loin, juste trois portes plus loin. Elle nous fait entrer dans une salle qui pourrait être une chambre d'hôpital, mais il n’y a qu’un canapé à l’intérieur. 

    — Asseyez-vous, je reviens tout de suite. 

    Je la regarde partir sans comprendre ce qui se passe, on n’a même pas eu le temps de la questionner, alors je me tourne vers mon homme qui semble aussi perdu que moi. Je lève la main en saisissant le bas de son t-shirt.

    — Qu’est-ce qui se passe ? Tout va bien n’est-ce pas ? 

    Ma voix est rauque, je n’ai pas parlé depuis un moment et l’anxiété n’aide pas à détendre ma gorge. Surtout, je me sens au bord des larmes, je sens mon menton trembler et je le sais, je ne suis pas loin d’éclater en sanglots pour de bon.

    — Je ne sais pas mon coeur, mais on va bientôt nous expliquer d’accord ? 

    Il passe sa main dans mes cheveux avec tendresse avant de m’attirer à lui, il se penche alors pour se mettre à ma hauteur et nos fronts se touchent. Je ferme les yeux, laissant sa force m’envahir, on reste là, on n’a pas besoin de parler alors que je tente de rassembler tout mon courage pour affronter la suite.

    La porte s’ouvre rapidement et on se sépare pour regarder l’infirmière rentrer de nouveau dans la pièce. Je sens mon corps se mettre à trembler, la boule qui se trouvait dans ma gorge explose et cette fois mes larmes coulent sur mes joues. Je saisis la main de Off alors que l’autre se pose sur ma bouche où un sourire prend forme. L’infirmière pousse un petit lit juste devant elle où on peut voir un minuscule bébé en train de s’agiter, je n’arrive pas à croire que c’est la réalité, j’ai peur de m’être endormie dans ce couloir et de me réveiller. 

    — Félicitation, vous êtes les parents d’un magnifique petit garçon. 

    Sa voix est douce, joyeuse et je sens soudain toute la tension quitter mon corps, il ne reste plus que la joie. Mon cœur déborde littéralement de bonheur alors que je m’approche doucement du berceau pour y découvrir le petit être qui s’y trouve et elle a raison, il est magnifique.

    Pourtant, il reste une petite boule d’angoisse au creux de mon ventre et je ne pourrais pas savourer la naissance de mon fils tant que je ne serai pas rassuré. 

    — Comment va Nicky ?

    Je m’inquiète vraiment pour la jeune femme, elle a dû vivre une épreuve terrible et même si on voulait être là pour elle, au final, elle a dû l’affronter seule. L’infirmière soupire, je sais que normalement, elle n’a pas réellement le droit de nous en parler, pourtant, je sais que la voir seule en a remué plus d’un. 

    — Elle va bien, l’accouchement a été éprouvant et elle se repose. Sa famille a été prévenue et viendra bientôt la voir.

    Je ne peux rien faire de plus, cette jeune femme nous a offert le plus beau cadeau dont on pouvait rêver, mais pour le moment nos chemins se séparent là. Peut-être qu’un jour, on sera amenés à se recroiser, mais aujourd’hui, elle doit se reconstruire pour essayer de redevenir une adolescente et nous, on va vivre notre vie de famille, tous les trois.

    Je reste focalisé sur mon enfant, la main un peu tremblante, je l’approche et caresse sa joue avec délicatesse. Off a passé un bras autour de mes épaules et caresse doucement la petite main. Sa peau est douce sous mes doigts et je sens l’émotion me submerger, il est là, il est réel, notre bébé est avec nous maintenant. Lentement, avec des gestes un peu hésitants, on fait connaissance avec lui et Off finit par m’embrasser sur la tempe.

    Je ressens le besoin de le tenir dans mes bras, de sentir son poids dans mes bras, de déposer des bisous sur son visage. Seulement je n’ose pas le faire, quelque chose me retient et je n’arrive pas à expliquer ce que c’est. Je lève alors les yeux vers l’infirmière qui nous observe, un peu en retrait. 

    — Je peux le porter ? 

    Je sais que c’est étrange de demander la permission pour prendre mon fils, mais j’ai encore du mal à bien le réaliser. L’infirmière nous regarde avec un petit sourire compréhensif.

    — Bien sûr que vous pouvez. On sait que les parents adoptifs ont parfois besoin d’un peu de temps pour créer des liens avec le bébé. Alors je vous propose de faire du peau à peau avec lui.

    Je suis un peu surpris au début, pourtant, l’idée me plait beaucoup et je n’ai même pas besoin de demander à Off qui a déjà commencé à retirer son t-shirt, il est rayonnant et la vision de lui en train de se battre avec son vêtement me fait rire et élimine les dernières traces de stress. 

    — Installez-vous dans le canapé torse nu, je vous l’apporte.

    — D’accord. 

    Off trépigne d’impatience et me prend la main pour m’attirer vers le canapé, il est déjà torse nu et c’est limite s’il ne cherche pas à me déshabiller pour aller plus vite. Cette fois je ris plus franchement, je me laisse gagner par l’allégresse et je savoure chaque seconde quand, une fois installés, elle approche de nous tenant ce petit être qui est juste en couche. Avec précaution, elle l’installe sur mon torse, son ventre contre ma peau et je n’arrive pas à expliquer le sentiment de protection que je ressens soudain pour lui, je l’aime déjà, mon fils, mon bébé, l’être que je vais voir grandir au fil des années.

    — Papii… il est vraiment là.

    Off me serre dans ses bras et m’embrasse la joue alors qu’il pose doucement sa main sur le dos de notre fils. Je sens de nouveau mes yeux s’humidifier, je suis tellement heureux que j’en pleure presque. On est dans une bulle tous les trois, on fait à peine attention à l’infirmière qui nous couvre avec une couverture pour être sûr que le bébé reste au chaud avant de s’éclipser sans un mot pour nous laisser seuls en famille. Je me love un peu plus dans ses bras avant de lever les yeux vers lui. 

    — Il est magnifique Off, c’est le plus beau bébé du monde.

    Il rit doucement avant de hocher fièrement la tête.

    — Notre fils est parfait.

    Il m’embrasse alors tendrement, amoureusement et je suis sur un petit nuage. On reporte pourtant vite notre attention sur le nouveau membre de notre famille quand il s’agite doucement en faisant d’adorables petits bruits. 

    — Et on est toujours d’accord sur le prénom ?

    Le choix du prénom a été une chose assez difficile, déjà nous n’étions pas forcément d’accord, mais nos amis et nos familles nous faisaient parfois des suggestions étranges, je me souviendrai toujours de Drake qui avait suggéré TumcialATp comme mélange de nos deux prénoms et même au jour d’aujourd’hui, je n’arrive pas à déterminer s’il était sérieux ou pas. 

    Après plusieurs semaines de discussions parfois houleuses, on a finalement trouvé le prénom parfait que ce soit pour une fille ou bien pour un garçon. Je sens une émotion particulière me remuer l’estomac, quand en le regardant, je prononce à haute voix le patronyme de notre bébé. 

    — Yachai Adulkittiporn. Ce nom est parfait pour lui et on est toujours d’accord pour le surnom ?

    Off sourit alors que son regard déborde de fierté, il m'embrasse la tempe avant de baisser les yeux vers le bébé qui dort paisiblement contre moi. 

    — Heart Yachai Adulkittiporn. 

    Sa voix tremble à cause de l’émotion, alors que moi je soupire de bien-être me concentrant sur notre nouveau-né, détaillant ses traits fins alors que mes doigts effleurent les nombreux cheveux noir présents sur le sommet de sa tête. Je sens à peine bouger Off pendant qu’il sort son téléphone portable avant de le tenir au-dessus de nous. 

    — Mon coeur, souris. 

    Je lève la tête et mes lèvres s’étirent alors qu’il prend notre première photo de famille. 

    — Je crois que l’on peut annoncer à tout le monde que l’on est trois.

    Je repose ma tête sur son épaule et le laisse faire, je me sens serein et complet, j’ai déjà hâte de le ramener à la maison et de ne l’avoir rien que pour nous, même si je sais qu’au début nos amis et nos familles risquent d’être souvent là pour faire connaissance avec Heart, ils l’attendaient avec presque autant d’impatience que nous. Rapidement, Off attire de nouveau mon attention et me montre le message qu’il a écrit, je ris un peu avant de hocher la tête. 

    — C’est parfait.

    Cette année nous avons reçu un magnifique cadeau pour Noël. Heart Yachai Adulkittiporn nous a été livré au petit matin et il nous comble déjà de bonheur.

    Ci-joint, la photo de Off Gun et leur bébé. 


    Notes
    Yachai est un prénom signifiant Joli cœur en thailandais.


  • Commentaires

    4
    Lundi 20 Juin 2022 à 01:37

    Coucou ! J'ai adoré cette histoire. Une suite de leur histoire tellement possible est belle ! Quand on sait que les deux acteurs sont réellement ensemble, si j'ai bien compris la déclaration de Off il y a qu'elle que moi. En plus, parent, je trouve que cela leur correspond bien et voir les autres acteurs qui sont leurs amis, apparaître, j'ai adoré ! Super histoire ! 

    3
    Mardi 21 Décembre 2021 à 01:04

    Merci  beaucoup  un vrai plaisir  de te lire

    2
    Jeudi 24 Décembre 2020 à 15:03

    ho  *__* 
    j'ai trop aimé !!!!!!
    gunnounet et papi sont devenu papa 
    ce os est superbe merci!!!!!!!! :)

    1
    Jeudi 24 Décembre 2020 à 13:33

    OMG, je n'ai pas encore lu l'OS mais déjà en déroulant je vois les noms Off, Gun, bébé, Singto, Sing, Tay et je suis déjà à fond mdr XD

    A savoir que mes ultimes chouchous de la GMM sont Off, Singto et Sing :) (et j'adore bien évidemment Tay, Gun et tous les autres Ohm, New, Gunsmile, Toptap, Mike etc etc... ) Donc là un OS avec mes 3 favoris ça s'annonce top! Hâte de le lire (surtout que c'est tellement rare de voir apparaître Sing (´▽`ʃ♡ƪ)).

    Merci à votre team pour tous ces cadeaux de décembre et tout le boulot que ça a du vous demander ❤

     

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