• Night and Rain

    Between Fear And Love
    Synopsis
    Voici une Fanfiction sur le ship Junhao (Jun x Minghao) du groupe Seventeen et qui s'articule autour de la chanson "Night and Rain", écrite et composée par Minghao. Ne vous inquiétez pas, même si vous ne connaissez pas ce boysband ou cette chanson, vous n'aurez aucun problème de compréhension au niveau de l'histoire !☺ Sur ce petit disclaimer, je vous souhaite une agréable lecture ! ♡
    A Savoir
    Auteure : Yoi Hikari

    Correctrice : //


    /!\ Lemon Sans Spoiler Histoire Terminée





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    Au Carrefour De Nos Vies

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    — Mince... J'aurai dû prendre un parapluie.  

    Minghao flânait le long d'une petite rue silencieuse, mains dans les poches, tandis que la nuit avalait lentement les dernières lueurs du jour. On pouvait entendre la pluie s'abattre en agréables clapotis sur le goudron, accompagnant l'écho des voitures qui passaient parfois au loin.  

    Tout en soupirant, il observa les lumières de la ville se refléter sur le bitume désormais humide. 

    Bientôt, ses lunettes de vue furent totalement recouvertes de gouttelettes et il ne vit presque plus rien. Il continua malgré tout d'avancer à l'aveuglette, mais s'arrêta subitement lorsqu'il devina une silhouette masculine se dessiner face à lui. 

    Son cœur fit un bond dans sa poitrine ; il s'empressa de retirer ses verres afin d'avoir un meilleur aperçu mais, rapidement, une moue de déception s'esquissa sur son visage.  L'inconnu face à lui le regarda d'un air étrange tandis qu'il le fixait, tout en poursuivant son chemin.  

    Ah... Que je suis bête. Ça ne peut pas être lui.

    Il sourit amèrement en constatant que des larmes venaient brutalement de s'abattre sur ses joues en un flot ininterrompu. Les cheveux trempés, il reprit alors son errance dans ces ruelles anormalement désertes de Shanghai.  

    Minghao marcha des heures sans but, jusqu'à ce que ses pensées ne le mènent à un carrefour bondé, où il observa les gens circuler. Chacun de ces inconnus possédaient leur propre histoire. Et ils traversaient tous ce grand carrefour avec empressement, poursuivant le cours de leur existence. 

     Le jeune homme s'arrêta un instant pour photographier ce spectacle. Il admirait tous ces gens ; ils effectuaient un pas devant l'autre avec tant d'insouciance…  

    Lui, n'avait aucune envie de traverser ce carrefour. C'était comme s'il était arrivé à un moment décisif de sa vie et qu'il n'avait plus que deux options : avancer ou faire demi-tour. Il était tellement effrayé à l'idée de savoir ce qu'il se passerait s'il choisissait d'avancer. Où ses pas le mèneraient-ils ? Il n'était pas prêt à faire comme tous ces gens; à poursuivre sa propre histoire. 

    Leur histoire… 

    Qu'y aurait-il au bout ? 

    Serait-il là, à ses côtés ? 

     

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    Un Retour Aux Sources 

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    3 mois auparavant :

    — Ça y est, on y est ! On est en Chine Minghao ! Youhou ! Youhou ! Youhou !  

    Jun sautillait sur son siège en pointant du doigt le paysage à travers le hublot. Il faisait de grands mouvements avec sa tête, la tournant de tous les côtés, comme un hibou.   

    Minghao le regarda faire, un sourire au coin des lèvres. Jun avait toujours été comme ça ; il faisait parfois des choses inexplicables, comme un enfant hyperactif.  

    D'un point de vue extérieur, la plupart des gens le trouvaient vraiment étrange, mais Minghao y était habitué. Ils se connaissaient depuis plus de quatre ans maintenant et, plus que de simples amis, ils étaient devenus une famille l'un pour l'autre.  

    Il faut dire qu'à leur arrivée en Corée, aucun d'eux ne parlait la langue du pays ; ils étaient de jeunes étrangers venus tenter leur chance dans cette agence. Tous deux chinois, ils s'étaient incontestablement bien trouvés et étaient rapidement devenus très proches l'un de l'autre.  

    Jusqu'alors, ils ne s'étaient plus quittés. C'est ensemble qu'ils avaient fait face à l'adversité, et c'est ensemble qu'ils rentraient désormais dans leur pays.  

    — Junhui, assieds-toi correctement, tu vas gêner les gens derrière ton siège. Et il est trop tôt pour se réjouir, on n'est loin d'avoir atterri.

    — Oui, chef Myung Ho ! À vos ordres !

    Minghao poussa un léger soupir en l'observant faire l'idiot. C'est vrai que son ami était étrange… Mais c'est aussi ce qui le rendait si unique. Minghao y réfléchissait parfois ; pour lui, il était évident que les étranges manies que Jun avait, lui procuraient un charme indéniable.  

    — Et puis, arrête de m'appeler Myung Ho ! Tu ne m'as jamais appelé par mon prénom coréen en Corée… tu ne vas pas t'y mettre maintenant qu'on est en Chine !

    Jun le regarda l'air mesquin, puis lui tira la langue. 

    — Non, je ne vais pas le faire. C'est juste pour t'embêter petit Ming' ! Par contre, il va falloir que tu m'appelles gēge(1) maintenant ! 

    Minghao ne releva pas et se contenta de souffler une mèche de cheveux qui s'était logée devant ses yeux. Il détestait quand Junhui lui rappelait qu'il était le plus âgé des deux. Surtout qu'il n'en avait absolument pas l'air ; c'était toujours Minghao qui se retrouvait à prendre soin de son aîné…

    Jun passa le reste du trajet à chantonner, tandis que Minghao essaya tant bien que mal, de se replonger dans la lecture de son bouquin. Et c'est finalement après plus d'une heure de vol, qu'ils atterrirent à Běijīng. C'était la première fois depuis cinq ans qu'ils revenaient dans leur pays, pour participer à l'émission "The Collaboration". 

    Le producteur du show télévisé ne voulait pas perdre de temps, ce pourquoi le début du tournage avait été fixé dès leur arrivée, en début d'après-midi. Les deux idols se pressèrent alors vers la sortie de l'aéroport et montèrent dans la voiture encadrés de leur staff, saluant au passage la foule de fans venus les accueillir.  

    Les flashs des téléphones et d'appareils photos les assaillaient de toute part, mais cela ne semblaient pas déranger les deux amis. Ils affichèrent, à l'inverse, un grand sourire ; ils étaient tellement émus d'être de retour chez eux ! Ils  allaient pouvoir profiter de ces deux mois et demi en Chine pour revoir leurs proches et, surtout, pour enfin se découvrir musicalement.  

    Car il fallait reconnaître que trouver sa propre identité musicale dans un groupe de treize membres s'avérait parfois compliqué… Tous deux envisageaient donc ce programme d'un très bon œil ; ce serait pour eux l'occasion idéale d'expérimenter de nouvelles choses.  

    Mais ils étaient bien loin d'imaginer ce qui allait réellement les attendre en participant à cette émission.

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    Apprécier L'instant Présent

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    Cela faisait maintenant plus de deux semaines que l'émission avait débuté. À leur arrivée, Jun et Minghao avaient eu la surprise de découvrir des visages familiers parmis les autres participants ; il y avait Yanan du groupe Pentagon et aussi Samuel et Fu Longfei, deux idoles qu'ils avaient côtoyé durant leurs années de training !  

    Depuis, tout se passait pour le mieux; ils avaient pu réaliser leur première performance pour l'émission avec brio, et s'entraînaient maintenant pour la seconde, qui aurait lieu dans deux semaines. L'anxiété aurait pu être au rendez-vous, mais les deux meilleurs amis ne s'en faisaient pas trop ; ils allaient performer ensemble sur scène, ce qui leur donnait suffisamment de courage. S'ils étaient là l'un pour l'autre, rien ne pourrait les ébranler.  

    De plus, l'émission les avait placés dans la même chambre; ils pouvaient donc aisément se confier l'un à l'autre sur leurs doutes et leurs craintes hors caméras. À l'étage d'en dessous se trouvaient également les chambres des autres participants, avec qui ils mangeaient souvent le soir, discutant ensemble de l'émission. Ces petits rendez-vous nocturnes leur avaient permis de rapidement se rapprocher les uns des autres ; ils formaient désormais une bonne bande d'amis et passaient du bon temps ensemble. Mais le temps le plus valable pour les deux jeunes hommes était celui passé à deux.   

    — Qu'est-ce que tu en as pensé ?

    Jun, à moitié avachi sur un fauteuil, piquait du nez depuis près d'une bonne heure. Mais il se redressa illico lorsque Minghao l'interpella. 

    — Hein ? Oh, ce que j'en ai pensé… C'était bien !

    Minghao leva les yeux au ciel d'exaspération, tout en affichant un petit sourire moqueur.  

    — Tu n'as pas du tout regardé les œuvres, hein ? Avoue. 

    — C'est faux… J'ai tout regardé avec attention, et j'ai particulièrement aimé la statue de la petite fille.  

    Minghao pouffa de rire avant de répliquer.  

    — Hmm, je vois. Sauf que cette statue était dans le musée précédent.  

    Jun, pris la main dans le sac, se redressa alors et essaya de paraître le plus digne possible, bien que le rouge lui était monté aux joues. Étant un être bien trop digne pour avouer sa mauvaise foi, il persista.  

    — C'est…C'est toi qui te trompe. Elle était dans ce musée, tu as dû confondre, c'est tout. Et si on allait manger un bout ? Je meurs de faim…   

    Minghao ne répliqua pas pour ne pas l'embarrasser davantage, et le suivit jusque dans un petit restaurant familial, au coin de la rue.  

    Tous les participants de l'émission passaient le plus clair de leurs journées à s'entraîner, mais ils avaient parfois des jours off. 

    Durant ces jours, Jun et Minghao en profitaient généralement pour sortir visiter Beijing et passer du bon temps, comme aujourd'hui.  

    Étrangement, cela ne leur faisait pas si drôle que ça de ne se retrouver que tous les deux. Ils étaient certes habitués à être entourés des autres membres de Seventeen, mais ils avaient toujours fait des activités en duo ;  les autres membres avaient rapidement perçu leur complicité et leur laissaient volontiers de l'espace.  

    Ils appréciaient tout particulièrement la compagnie l'un de l'autre, et d'autant plus maintenant qu'ils étaient de retour dans leur pays. 

    Visiter cette grande ville ensemble était un réel plaisir; chacun suivant avec plaisir les envies de l'autre.  

    Et c'est ainsi que Minghao avait aujourd'hui traîné Junhui dans de nombreuses expositions d'art et de musées, ce qui était une réelle corvée pour lui. Mais il ne s'en plaignait pas car il avait, lui aussi, emmené Minghao dans des karaokés et des jeux d'arcades à plusieurs reprises. Se sacrifier pour faire plaisir à l'autre n'avait jamais été un problème pour eux ; tant qu'ils étaient ensemble, ils passaient toujours de bons moments.  

    — Dis Minghao, et si on allait à notre endroit habituel pour manger une glace, après ? 

    Sortis de table, Jun et Minghao se promenaient maintenant dans une petite rue marchande, davantage afin de digérer leur lourd repas de midi, qu'afin de visiter. Minghao se frotta le ventre d'inconfort et fit les gros yeux.  

    — Une glace ?? Avec tout ce qu'on a déjà mangé ?

    Junhui le saisit par le bras et lui fit ses petits yeux de chien battu.  

    — Allez, tu sais qu'on n'a pas beaucoup de jours off en ce moment… C'est l'occasion ou jamais. Allez mon petit Ming, s'il te plaît ! S'il te plaît ! S'il te plaît ! 

    Minghao soupira et finit par accepter.  

    — Vraiment… Quel âge as-tu pour faire des caprices comme ça en pleine rue ? Tu n'as pas honte ?

    Jun resserra davantage son étreinte autour de son bras, avant de murmurer d'une petite voix diabolique.  

    — Je n'ai honte de rien quand je suis avec petit Ming' ! En plus… Mon chantage marche toujours sur toi !

    Ils déambulèrent encore une petite heure dans les jolis quartiers de Beijing, avant de finalement atteindre leur banc habituel, sur lequel ils venaient souvent s'asseoir en fin de journée. Les deux amis appréciaient tout particulièrement de s'y installer pour y déguster une glace, en observant le soleil se coucher.  

    Minghao prenait toujours une boule de glace à la framboise, et Jun à la pistache ; ils choisissaient intentionnellement le parfum préféré de l'autre car ils savaient, qu'au bout du compte, ils finiraient par échanger leur glace. C'était une de leurs vieilles habitudes qui datait de bien avant leur arrivée à Beijing et, bien qu'elle pouvait sembler idiote, tous deux ne s'en priveraient pour rien au monde.  

    — Alors ? Toujours aussi délicieuse ta glace ?

    Jun, qui en avait plein autour de la bouche, secoua énergiquement la tête de haut en bas, ce qui fit rire Minghao.  

    — Pfft ! Toi alors, tu t'en es encore mis partout ! Pire qu'un enfant. 

    Jun s'approcha de lui et lui fit un petit clin d'œil en répliquant : 

    — C'est fait exprès ! C'est pour que tu m'essuies la bouche, chéri.  

    Minghao roula des yeux avant de venir lui écraser un mouchoir sur les lèvres.  

    — Je vais faire comme si je n'avais rien entendu.

    Jun était particulièrement doué pour rendre son junior mal à l'aise. Il le savait très pudique ; Minghao n'aimait pas que l'on plaisante sur les sentiments, ou ce genre de choses. C'est pourquoi Jun le faisait, bien évidemment ! Voir son meilleur ami réagir à ses attaques était toujours une source d'extrême satisfaction pour lui. Il voulut continuer, en poussant encore un peu plus loin sa blague, mais Minghao ne lui en laissa pas l'occasion.  

    — Dis Junhui, est-ce que tu as déjà prévenu tes parents que tu leur rendrais bientôt visite ?

    Jun cessa alors de faire l'idiot et se mit à réfléchir, tout en léchant sa glace. 

    — Pas encore. J'hésite à leur faire la surprise. Et toi, tu leur as dit ? 

    Minghao passa sa main dans ses cheveux et soupira.  

    — Toujours pas… J'attends d'être totalement sûr que cela puisse se faire avant de leur en parler. Je ne voudrais pas leur faire de fausses promesses, ça les briserait. Surtout ma mère.

    — Hmm. Tu as sans doute raison. Mais je pense qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Après tout, il n'y a aucune raison pour que ça ne se passe pas comme on l'a prévu.

    Jun vint tapoter l'épaule de son ami pour le réconforter, sans un mot. Minghao parlait rarement de sa famille, car cela le rendait triste et il ne voulait pas se montrer faible aux yeux des gens. Qu'il prenne aujourd'hui l'initiative d'en parler montrait vraiment son inquiétude.  

    Depuis leur arrivée à Beijing, les deux jeunes hommes avaient eu l'occasion de revoir quelques-unes de leurs vieilles connaissances ce qui, à leurs yeux, n'avait pas de prix. Mais pour ce qui était de leurs parents respectifs, la situation était un peu plus compliquée. Aucun d'eux n'habitaient dans la région où ils se trouvaient actuellement.  

    Les parents de Jun habitaient à Shenzhen, près d'Hong Kong, tandis que ceux de Minghao habitaient à Haicheng, dans la province du Liaoning ; soit à plus de 2 000 kilomètres d'écart… Ce paramètre avait obligé les deux garçons à adapter leurs plans de séjour; ils ne rendraient visite à leurs parents qu'une fois l'émission achevée. Hélas, ils ne bénéficieraient que de quelques jours dans leur ville natale pour profiter de leur famille, avant de repartir pour Shanghai. Là-bas, Jun et Minghao avaient prévu de se rejoindre afin de rentrer ensemble en Corée.  

    Ils avaient pu penser par eux-mêmes leur périple de trois mois, et cela les ravissait de jouir d'autant de liberté pour la première fois depuis quatre ans. Ils étaient également excités à l'idée de retrouver leurs proches d'ici quelques semaines. Le seul point noir au tableau était le manque des autres membres de Seventeen ; ils n'avaient jamais été séparés aussi longtemps les uns des autres depuis leur début, et le vide qu'ils avaient laissé en partant se faisait ressentir des deux côtés.  

    Heureusement, ils s'appelaient régulièrement en visio et recevaient leurs encouragements chaleureux. De plus, Jun et Minghao pouvaient toujours compter l'un sur l'autre en cas de problème.  

    Et des problèmes, ils n'allaient pas tarder à en avoir… 

       

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    Croire En Ses Rêves

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    1 mois plus tard :

    — Ça va aller, Minghao ?

    Celui-ci hocha la tête, mais était au bord des larmes. Les beaux moments qu'ils avaient vécu avec Junhui à leur arrivée n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Depuis leurs débuts dans l'émission jusqu'à aujourd'hui, les choses avaient bien changé.  

    La compétition se faisait plus rude, et l'anxiété de tous les participants était montée en flèche. Jun et Minghao ne travaillaient plus ensemble et formaient désormais équipe avec d'autres artistes. Cela se révélait pour eux être une opportunité toute aussi bénéfique et excitante que difficile ; les divergences d'opinion avec leurs nouveaux partenaires émergeaient facilement.  

    C'était dans ces moments-là que Jun et Minghao prenaient conscience de leur excellente complicité et la facilité qu'ils avaient tous deux à se mettre rapidement d'accord lorsqu'ils travaillaient ensemble. Et aujourd'hui, Minghao en prenait tout particulièrement conscience, tandis qu'il était confronté à un nouveau problème de partenaire. 

    — Allez va, ne t'inquiète pas trop pour ça. Même si Jony J n'a pas voulu faire équipe avec toi, ça ne veut pas dire que tu es nul en tant qu'artiste, tu le sais ça ?

    — Je sais… Merci Samuel. Merci les gars d'essayer de me remonter le moral, mais je vais bien. Je peux surmonter tout ça, je vous assure.

    Après s'être fait rejeter en tant qu'artiste par un des participants de l'émission, Minghao avait été puissamment atteint dans son ego. Que l'on critique sa personnalité ne le dérangeait aucunement ; après tout, on ne pouvait pas être aimé de tout le monde. Mais qu'on le critique en tant qu'artiste et que l'on remette en cause son travail acharné… C'était plus qu'il ne pouvait le supporter. Et ses coéquipiers, qui commençaient maintenant à bien le connaître, le savaient. Ce pourquoi ils étaient tous venus le réconforter après le tournage d'aujourd'hui.  

    — N'hésite pas si tu as besoin de parler, on est là. Et oublie toute cette histoire avec Jony J, de toute façon il a quitté l'émission. Concentre-toi plutôt sur la suite du programme. Donne tout ce que tu as et, surtout, amuse-toi. 

    Minghao hocha de nouveau la tête, mais fut incapable de répondre quoi que ce soit cette fois-ci; il avait la gorge nouée. Jun, qui le scrutait de son regard inquiet depuis un bon moment maintenant, vit immédiatement qu'il était sur le point de craquer. Il se précipita alors vers lui et l'attrapa par la main.  

    — Merci les gars pour votre soutien… Mais je pense que Minghao est fatigué après tous ces événements, il faut qu'il se repose. On ne se joindra pas à vous pour manger ce soir, donc ne nous attendez pas, d'accord ?

    Sans laisser aux autres le temps de répondre quoi que ce soit, il tira Minghao par la main et l'entraîna jusqu'à leur chambre. Il savait à quel point celui-ci détestait pleurer devant les autres ; c'était quelqu'un d'aussi fier que pudique. De plus, Jun le connaissait sur le bout des ongles et savait pertinemment lorsqu'il était sur le point de fondre en larmes. Et il ne manqua pas son coup car, pas plutôt la porte de la chambre refermée, Minghao éclata en sanglots.  

    Jun l'attira alors à lui dans une étreinte serrée et ne le lâcha pas, malgré les protestations de ce dernier.  

    — Junhui... Lâche-moi, je vais bien…

    Le jeune homme ne répondit pas et se contenta de lui caresser tendrement les cheveux. Ce geste, pourtant d'une extrême simplicité, fit instantanément céder les dernières barrières que Minghao s'efforçait de maintenir. Il s'agrippa alors brusquement à la chemise de son aîné et se mit à sangloter contre son épaule avec rage.  

    — Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'il n'a pas voulu de moi ? Je ne suis pas assez bien pour lui ? Qu'est-ce qu'il a de plus que je n'ai pas… Dis-moi, Junhui ! Dis-moi pourquoi… 

    Jun poussa un profond soupir pour tenter d'alléger le poids sur son cœur, en vain. Il détestait par-dessus tout voir Minghao dans cet état-là ; celui-ci pleurait très rarement et, lorsqu'il le faisait, c'est qu'il était profondément blessé.  

    — Il n'a rien que tu n'aies pas déjà. Tu es tellement talentueux Minghao, si seulement tu pouvais t'en rendre compte…

    — Alors, pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas voulu faire équipe avec moi ? 

    — Il ne s'est sûrement pas senti à la hauteur. Tu fais des scènes incroyables pour lesquelles tu donnes tout… Que ce soit la musique, les paroles, la chorégraphie, les tenues ou les décors ; tu ne laisses aucun détail au hasard. Lui se contente de performer, sans forcément prendre en compte ce genre de choses. Crois-moi, tu vaux bien mieux que ça.

    Les sanglots de Minghao cessèrent finalement, après un certain temps. Il se détacha de son étreinte avec Jun et vint s'asseoir sur le lit, face à lui. Il le regarda de ses petits yeux encore humides et demanda, d'une toute petite voix : 

    — Tu le penses vraiment ?

    Jun vint le rejoindre, un sourire réconfortant dessiné sur les lèvres. Il glissa un bras autour de l'épaule de son junior et soupira avant de répondre.  

    — Bien sûr que je le pense ! Mon petit Ming, je te l'ai déjà dit, non ? De tous les artistes existant, c'est toi que j'admire le plus. Tu as tant à montrer au monde, mais tu n'as simplement pas encore eu l'occasion de faire tes preuves. Je sais ce qui sommeille en toi. Je sais ce que tu vaux réellement. Et, plus que n'importe qui, je comprends les rêves qui t'habitent. Alors ne laisse personne te dire qui tu es ou ce que tu dois faire. Continue de croire en toi, comme tu l'as toujours fait.

    Minghao poussa un profond soupir de soulagement et vint déposer sa tête contre l'épaule de Jun. Après un moment de silence, il dit : 

    — Merci Junhui. Personne ne me comprend aussi bien que toi. Merci de toujours être à mes côtés.

    Jun esquissa un sourire victorieux ; ses mots avaient visiblement aidé son meilleur ami à se sentir un peu mieux. Heureux et soulagé, il approcha instinctivement ses lèvres du front de son ami et y déposa un long baiser. Puis il se redressa et prononça, à demi-mots : 

    — Je serai toujours à tes côtés. Aussi longtemps que tu voudras de moi.

    Minghao sentit ses joues s'empourprer ; il était à la fois touché et embarrassé par ce geste. Jun avait certes l'habitude d'agir impulsivement en se montrant parfois tactile, mais c'était bien la première fois qu'il l'embrassait sur le front… Mais plus que de la gêne, c'était avant tout de l'apaisement qu'il ressentait actuellement.  

    Son meilleur ami avait une personnalité très enfantine, mais il savait se montrer mature quand la situation l'exigeait. Il avait toujours été doué pour réconforter les autres membres, mais Minghao n'aurait jamais soupçonné qu'il puisse l'être à ce point ; Jun avait immédiatement su trouver les gestes et les mots pour le calmer. Et maintenant, Minghao en redemandait, comme un enfant en manque d'attention. Il s'allongea alors sous les draps de son lit et demanda, d'une voix peu assurée : 

    — Junhui... Est-ce que tu voudrais bien t'allonger à côté de moi un moment ?

    À ces mots, le visage de Jun vira au rouge ; il se mit à entortiller nerveusement ses mains en envoyant son regard valser de tous les côtés de la pièce. C'était bien la première fois que Minghao lui faisait ce genre de demande et il ne savait pas bien comment réagir. Il se devait d'être à la hauteur ; Minghao était un des rares êtres en ce monde pour lequel il était prêt à tout. Il ne voulait absolument pas le décevoir. Et surtout, il voulait être là pour lui.  

    Son cœur se mit à battre violemment dans sa poitrine tandis qu'il vint s'allonger aux côtés de son meilleur ami. Il passa un bras hésitant autour de sa taille et lui tapota le dos, comme s'il réconfortait un enfant, tout en lui chuchotant : "Ça va aller." Minghao sembla apprécier cette attention puisqu'il vint se blottir contre lui comme un petit koala et s'endormit rapidement, le sourire aux lèvres. 

     

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    Un Tournant Inattendu 

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    Après cet événement fâcheux pour Minghao, les choses s'arrangèrent rapidement. Celui-ci s'était trouvé un nouveau partenaire, Victor, avec lequel les choses se passaient à merveille. Quant à Junhui, il faisait équipe avec Yanan de Pentagon et tous deux s'étaient rapidement trouvés de grandes affinités. 

    Tout semblait être rentré dans l'ordre, ou presque…  

    — Tiens, t'as changé de shampoing ?

    Minghao, qui jouait avec les cheveux de son meilleur ami, s'était penché pour les renifler. Celui-ci se laissa faire et répondit simplement.  

    — Non, j'utilise la même marque depuis des années.

    Minghao le regarda d'un air surpris.  

    — Vraiment ? Tes cheveux ont toujours senti aussi bons ?

    Le sourire aux lèvres, Jun se redressa et vint malaxer les joues de son junior ; ce qui semblait être son nouveau hobby des derniers jours.  

    — Et toi alors, tes joues ont toujours été aussi moelleuses ?

    Ce genre d'interactions était devenu des plus banales pour eux au fil des semaines. Après la nuit passée à dormir dans les bras l'un de l'autre, la relation qu'ils entretenaient avait été totalement chamboulée : les deux amis étaient devenus encore plus proches et fusionnels qu'auparavant, bien qu'aucun d'eux n'eurent cru cela possible.   

    Ils passaient désormais le plus clair de leur temps à se chercher du regard lorsqu'ils n'étaient pas ensemble, et à se taquiner lorsqu'ils l'étaient. Jun, tout particulièrement, aimait murmurer de plus en plus de  mots doux à l'oreille de son junior, aux moments où celui-ci s'y attendait le moins. Quant à Minghao, sa main se faisait plus baladeuse et se perdait avec facilité sur le corps de son aîné, afin de venir répondre à ses taquineries.  

    Leurs coéquipiers, qui assistaient parfois à leur petit jeu de séduction, s'étaient résignés à savoir s'il s'agissait d'une blague ou non, trop embarrassés pour oser demander. De plus, aucun d'eux deux ne semblait avoir conscience qu'ils poussaient leur petit jeu de flirt à l'extrême.  

    En réalité, tout ceci ne relevait pour eux que d'un grand besoin de se sentir proche l'un de l'autre, ne serait-ce qu'à travers un regard ou un toucher. Ils ne pouvaient plus se passer de la présence de l'autre ; leur proximité était la seule chose encore capable de réduire leur anxiété grandissante.  

    En effet, les prochaines performances auraient lieu d'ici trois jours, et la pression se faisait ressentir un peu plus à chaque instant. Minghao essayait de passer le plus de temps possible avec Jun pour le détendre, car il était le plus sujet au stress des deux. 

    Mais passer du temps ensemble devenait de plus en plus difficile, avec leurs emplois du temps surchargés des derniers jours. Tous les participants travaillaient d'arrache pieds jusqu'à tard dans la nuit pour peaufiner leur performance avant le jour J. Malgré ça, Minghao prenait sur son temps d'entraînement pour, chaque soir, venir chercher Junhui à son studio et passer un moment avec lui.  

    — Junhui, tu as fini de t'entraîner ?

    — Oh, t'es là ! Oui, je m'apprêtais à aller manger. Tu as déjà mangé ?

    Minghao lui sourit tendrement tout en secouant la tête.  

    — Non. Je t'attendais.

    Jun lui rendit son sourire puis se retourna ensuite vers Yanan, encore présent dans le studio.  

    — Yanan, tu veux venir manger avec nous ?

    En pleine répétition de danse, celui-ci répondit, essoufflé.  

    — Non... Je vais rester m'entraîner encore un peu, allez-y sans moi.

    Son coéquipier récupéra alors ses affaires au sol avant de lui adresser un signe de la main.  

    — D'accord, alors à plus tard, mon petit Yan' !

    Sur ces mots, les deux hommes se rendirent au dernier étage afin de rejoindre leur chambre. En entrant, Jun déposa ses affaires et se dirigea immédiatement vers la salle de bain.  

    — Minghao, il faut que je prenne une douche avant d'aller manger, j'ai transpiré comme pas possible ! Ça ne t'ennuie pas de m'attendre ?

    — Hmm.

    Minghao s'était assis sur un des lits, la mine renfermée. Il ne décocha pas un regard à son aîné, ce qui intrigua ce dernier.  

    — Qu'est-ce qu'il y a ? T'es fâché ?

    — Vas vite prendre ta douche.

     Jun fronça les sourcils et soupira.   

    — Ok, tu es définitivement fâché. Je prends ma douche et on en discute après, d'accord ?

    Jun détestait plus que tout les conflits, et encore plus lorsque ceux-ci concernaient Minghao. Il se doucha alors en quatrième vitesse et se dépêcha de retourner auprès de ce dernier, une serviette nouée autour de la taille. 

    Il vint s'agenouiller près de lui et déposa une main chaleureuse sur son genoux, le regardant d'un air qui trahissait son inquiétude.  

    — Tu veux bien me dire ce qu'il t'arrive ?

    Le cœur de Minghao se mit à battre précipitamment en constatant sa proximité avec son ami à demi-nu. Et il s'en sentit honteux ; après tout, c'était loin d'être la première fois qu'il voyait ce torse développé… Alors pourquoi est-ce que, subitement, il avait ce picotement au cœur ? C'était n'importe quoi… Il tenta de se concentrer mais n'y parvint pas.  

    — Junhui, habille-toi. On discutera plus tard.

    — Pas question. Dis-moi d'abord ce qui ne va pas.

    — Et moi je te dis de d'abord mettre un t-shirt.

    Jun soupira d'exaspération. Brusquement, il renversa Minghao sur le lit et lui grimpa dessus.  

    — Ma patience a des limites. Dis-moi ce qui ne va pas où je t'embrasse ici et maintenant !

    Minghao ne bougea pas, mais son cœur résonna avec violence dans sa poitrine ; c'était insensé. Il essaya de rassembler ses esprits et se dit, qu'après tout, ce n'était pas la première fois que Jun lui faisait ce genre de blague en menaçant de l'embrasser. Bien sûr, tout ça n'était qu'un jeu pour lui ; une autre de ses taquineries. Minghao inspira alors profondément et répondit, d'une voix aussi claire et assurée qu'il le put :  

    — Jun, je n'ai pas envie de rire. Maintenant relève-toi qu'on puisse aller manger.

    Mais celui-ci ne bougea pas d'un poil. Au fond de ses yeux, Minghao vit une étrange lueur danser. Cependant, il n'eut pas le luxe d'approfondir davantage la question car Jun approcha dangereusement son visage du sien. Et c'est, sous le coup d'une de ses impulsions habituelles, qu'il fondit subitement sur ses lèvres. Minghao, bien trop choqué pour oser ne serait-ce que respirer, resta de marbre. De longues secondes s'écoulèrent tandis qu'ils restèrent tous deux dans cette position, leurs lèvres plaquées l'une sur l'autre.  

    Jun se décolla finalement de lui pour mettre fin au baiser, mais ne se redressa pas pour autant. Il vint, à la place, planter son regard d'une profonde intensité, dans celui de son ami. Déconcerté, Minghao se perdit instantanément dans ce qu'il perçut dans les yeux de son aîné, comme absorbé, tandis que le monde autour d'eux sembla s'arrêter.  

    Lorsque Jun interrompit leur petit jeu de regard, ce ne fut que pour mieux replonger sur le visage de son junior. Il déposa à nouveau un baiser, d'abord sur son menton, puis sur son front. Ses lèvres se posaient toujours avec une tendresse infinie sur son visage ; il n'y avait rien de brutal ou de taquin. Mais, malgré sa grande délicatesse, Jun ne s'arrêta pas pour autant. Ainsi, après avoir embrassé le menton de son junior, il s'attaqua à ses joues, puis son nez et ses paupières, ne laissant aucune partie de son visage préservée.  

    Minghao ne réagissait toujours pas ; sa conscience l'avait déserté. Il ne lui restait plus que son cœur, qui battait à tout rompre dans sa poitrine, pour lui certifier qu'il était encore en vie. Son aîné, toujours dans un état second, ne s'arrêtait plus ; après son visage, il dévia progressivement vers la nuque de son ami, contre laquelle il déposa une myriade de petits baisers. 

    En embrassant cette peau brûlante, une sensation de chaleur lui titilla le bout des lèvres et il trouva ça incroyablement agréable. Il poursuivit alors son chemin de bisous, jusqu'à atteindre la clavicule de son junior. Jun vint la mordiller avec tendresse mais vivacité, ce qui valut à Minghao un sursaut de surprise. Immédiatement, ce petit tressaut de sa part lui fit retrouver ses esprits ; Jun se redressa alors instantanément.  

    Comme si rien d'inhabituel ne venait de se produire, il se releva en silence et s'éloigna du lit pour aller s'habiller. Minghao, toujours allongé, était en état de choc. Incapable de se relever, il se fit assaillir l'esprit de mille questions à la fois. Que s'était-il passé ? Venait-il de rêver ? Est-ce que son meilleur ami de toujours venait vraiment de l'embrasser ? Pourquoi donc ne l'avait-il pas repoussé ? Et surtout, pourquoi est-ce que son cœur semblait être à deux doigts de perforer sa poitrine ? 

    Jun, qui respirait le malaise de haut en bas, revint au bout d'un certain temps après s'être habillé. Il tendit une main maladroite à Minghao afin de l'aider à se relever, tout en ajoutant : 

    — Tu… as faim ? 

    Les circonstances étaient étranges et Minghao n'arrivait pas à penser droit; tout ce qu'il vit sur le moment fut la tête de Jun, aussi rouge qu'un pivoine. Il ne put s'empêcher de sourire tellement il était adorable ; il ressemblait à un petit chiot ayant commis une grosse bêtise. 

    Malgré son extrême confusion, Minghao perçut que Jun faisait actuellement tout son possible pour rendre la situation moins gênante, et dieu sait que ce n'était pas son fort. Il le suivit alors dans sa démarche, choisissant d'ignorer ce qu'il venait de se passer ; il n'avait, de toute façon, pas la capacité cérébrale à y réfléchir pour le moment. Se saisissant de la main que lui tendit son aîné, il se redressa alors et vint passer son bras autour de son épaule. 

    — Et si on allait manger ?

    Jun lui lança un sourire empli de reconnaissance. Il était visiblement aussi troublé que lui parce qu'il venait de se produire et ne semblait pas non plus vouloir en parler.  

    — Oui, allons-y !

     

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    La Couleur Des Sentiments 

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    Cela faisait bientôt deux mois que Jun et Minghao étaient arrivés en Chine. Les trois quart de l'émission avaient déjà été tournés, et il ne leur restait maintenant plus que sept performances chacun à effectuer avant la fin.  

    Le rythme intensif des entraînements était monté crescendo au fil des semaines, ce pourquoi Jun et Minghao n'avaient pas pris le temps de reparler de ce qu'il s'était passé cette nuit-là.  

    En journée, ils ne se voyaient quasiment pas. Il leur arrivait de se croiser dans les couloirs ou à la salle de réfectoire, mais leurs échanges étaient toujours brefs.  

    En revanche, la nuit venue, c'était une toute autre histoire. Lorsque les deux amis retournaient dans leur chambre pour se coucher, ils avaient pris pour habitude de dormir ensemble. Ils étaient tellement épuisés par leurs journées surchargées qu'ils ne s'adressaient même pas la parole, se contentant simplement de dormir l'un à côté de l'autre. Cela s'était fait d'une façon des plus naturelle.  

    Tout avait commencé par une crise d'angoisse de la part de Jun qui, tard dans la nuit, avait obligé Minghao à le réconforter pour le calmer jusqu'au petit matin. Et le même schéma s'était répété chaque nuit, encore et encore, jusqu'à ce que Minghao finisse par venir de lui-même dans le lit de son aîné afin de l'aider à s'endormir.  

    À défaut de se voir la journée ils pouvaient, de cette façon, être près de l'autre durant la nuit. Et Jun en avait réellement besoin ; il en était arrivé à un tel stade où ses crises de panique ne pouvaient être calmées que par la présence rassurante de Minghao.  

    Sans y faire attention, de petits signes affectueux s'étaient également instaurés dans leur nouveau quotidien, pour se donner du courage. Ainsi, il leur arrivait de plus en plus de s'enlacer l'un l'autre avant de s'endormir. Le matin, ils s'embrassaient parfois sur la joue ou le front avant de partir pour leur entraînement respectif. Ils avaient tous deux parfaitement conscience que leur amitié avait pris un étrange tournant et que de simples amis n'avaient pas pour habitude de faire ce genre de choses.  

    Cependant, ils n'avaient ni le temps d'y réfléchir, ni même l'envie de se confronter à leurs sentiments naissants. Pour le moment, tout ceci était encore très confus dans leur esprit ; ils se contentaient simplement de suivre leurs envies sur le moment ce qui, sans surprises, allait rapidement les perdre… 

     

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    L'éveil Du Désir 

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    La semaine suivante, le staff de l'émission les convia tous à un repas sur le rooftop de l'immeuble, à l'occasion de la sortie officielle du premier épisode. Au cours de cette soirée, les participants avaient  finalement pu décompresser un peu.  

    Hélas, les festivités avaient rapidement pris une drôle de tournure, due à la présence d'alcool. La moitié des participants s'étaient retrouvés totalement HS et dormaient à présent sur leurs chaises, tandis que Jun et Yanan chantaient à tue-tête, debout sur la table.  

    Minghao et son partenaire Victor avaient aussi bu mais étaient les plus raisonnables du groupe. Ils s'étaient assis en retrait et semblaient totalement plongés dans leur bulle à parler musique, comme à leur habitude.  

     Ce fut Samuel qui émergea le premier de son semi-coma et qui lança le mouvement de rapatriement vers les dortoirs. Bientôt, il ne resta plus que Jun, Minghao et Victor qui étaient restés pour ranger un peu le bazar laissé derrière eux. Mais Jun titubait et parvenait difficilement à garder les yeux ouverts. Minghao soupira en constatant son état lamentable.  

    — Junhui… Pourquoi est-ce que tu as autant bu ? Tu vas avoir une sacrée migraine demain. 

    — Tu peux parler… Tu as bu plus que moi ! 

    — Mais je tiens bien mieux l'alcool que toi. 

    Jun s'apprêtait à répliquer mais trébucha et atterrit au sol. Victor se précipita pour l'aider à se redresser, mais Minghao le devança. Il conseilla alors.  

    — Tu devrais le raccompagner jusqu'à votre chambre, je vais continuer de nettoyer. 

    Minghao passa le bras de Jun autour de son épaule tout en demandant, inquiet.  

    — Tu es sûr que ça va aller pour toi Victor ?

    Victor lui sourit avant de répondre.  

    — Ne t'inquiète pas, je n'ai pas bu autant que vous deux. Et puis, il ne reste pas grand chose à nettoyer. Allez-y.   

    Minghao remercia son partenaire d'un signe de tête et traîna tant bien que mal son ami jusqu'à leur chambre.  

    — Bon sang… Comment ça se fait que tu sois aussi lourd ?

    À bout de force, il le jeta sur son lit et s'assit à côté un instant pour reprendre son souffle. Mais Jun l'attrapa brusquement par le bras et l'attira à lui.  

    — Petit Ming…

    — Junhui… Tu es complètement soûl, lâche-moi…

    — Je ne le suis pas plus que toi… Tu tiens mieux l'alcool, mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas dans ton sang. Allez, laisse-moi te câliner un moment. J'en ai besoin…  

    Minghao souffla une mèche de cheveux devant ses yeux et capitula. Il s'allongea alors de tout son long à côté de son ami et vint déposer sa tête contre son torse. Il pouvait entendre son cœur battre la chamade, ce qui fit battre le sien en écho.  

    Depuis leur arrivée en Chine, Jun se comportait de façon beaucoup plus mature et entreprenante… C'était un côté de sa personnalité que Minghao lui découvrait et qui le déstabilisait profondément. Il savait, au fond de lui, que la façon dont il regardait son meilleur ami avait déjà changé ; et cela l'effrayait au plus au point.  

    Comme si Jun lisait dans ses pensées, il vint resserrer son étreinte autour de sa taille. Puis il vint murmurer, d'une voix anormalement sérieuse.  

    — Minghao… Il y a une chose qui me tracasse depuis quelques jours, alors j'ai besoin que tu me répondes.

    — Hmm. Dis moi ?

    Il avait essayé de paraître calme, mais Minghao appréhendait toujours les questions de Junhui, et plus particulièrement lorsqu'il était saoul et sans filtres, comme ce soir. 

    — La dernière fois, quand tu es venu me chercher à la fin de mon entraînement et que tu faisais la tête… C'était à cause de quoi ?

    Minghao soupira de désespoir ; comme attendu de sa part, Junhui avait le chic pour poser les questions qui le mettaient mal à l'aise. Malheureusement, il n'était pas non plus du genre à lâcher l'affaire et ne céderait pas tant qu'il n'aurait pas sa réponse. Minghao prit alors son courage à deux mains, l'alcool aidant, et répondit d'une toute petite voix, à peine audible.  

    — À cause de Yanan… 

    Jun se redressa illico, surpris de sa réponse, obligeant Minghao qui se trouvait encore sur son torse à faire de même.  

    — Yanan ? Pourquoi, qu'est-ce qu'il t'a fait ?

    Les deux amis s'installèrent en tailleur sur le lit et se firent face. Jun regardait Minghao de son regard inquisiteur tandis que celui-ci bafouilla.  

    — C'est… C'est parce que tu l'as appelé 'mon petit Yan' alors que, jusqu'à présent, ça a toujours été moi que tu appelais 'mon petit Ming'... Je me suis senti trahi. Non, plus que trahi, je dirais que je me suis senti… remplacé.  

    Jun le regarda, incrédule, avant d'exploser de rire.  

    — Pfft-ah, ah ! Ne me dis pas que tu étais fâché, simplement à cause de ça ? Tu n'es quand même pas… Jaloux, si ? 

    Minghao se gonfla ; comment est-ce qu'il pouvait avoir le culot de se moquer de lui, alors qu'il avait usé de tout son courage pour lui dire la vérité ? 

    Oui je suis jaloux, je le reconnais ! Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je le sois ? De toute façon, tu m'as déjà remplacé…

    Jun cessa de rire et devint instantanément plus sérieux. Il observa Minghao d'un regard  indéchiffrable pendant un long moment, avant de l'attirer brusquement à lui en le saisissant par la nuque. Ses lèvres se posèrent sur les siennes avec tendresse et Minghao, surpris, se laissa faire. Il ne comprenait pas bien ce qui était en train de se passer, ou même si ce qu'ils faisaient était bien ou mal. Mais une chose était certaine ; il ne voulait pas que ça s'arrête.  

    Alors, en voyant que celui-ci ne protesta pas, Jun se mit à effectuer de délicats mouvements contre ses lèvres. La main toujours dans le cou de son junior, il se mit à jouer avec ses cheveux à la naissance de sa nuque. Minghao, les joues en feu, ne mit pas longtemps avant de céder à ses caresses, et vint déposer ses mains contre ses joues toutes aussi brûlantes.  

    Ils restèrent ainsi, à s'embrasser dans la plus grande intimité, tandis que le son de leurs lèvres se caressant l'une l'autre meublaient le silence de la chambre. Ce n'est qu'après quelques minutes qu'ils s'arrêtèrent finalement, pour reprendre leur souffle. Jun dévisagea Minghao avec une tendresse infinie, avant de prononcer, du bout des lèvres.  

    — Et là, tu es toujours jaloux de Yanan ?  

    Celui-ci lui rendit son regard chargé d'émotions, avant de répondre, la voix tremblante.  

    — Je crois que je le suis encore un peu…

    Approchant à nouveau ses lèvres des siennes, Jun s'arrêta à quelques centimètres, laissant juste assez d'espace pour pouvoir prononcer, d'une voix moqueuse.  

    — Pas le choix alors, il va falloir remédier à ça.

    Puis il déposa de nouveau ses lèvres sur celles de son junior, avec plus d'intensité que précédemment. Leur raison s'égara rapidement, pour ne laisser place qu'à l'expression du désir qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. La tension était facilement palpable entre les deux amis, et elle monta encore d'un cran lorsque ce fut au tour de Minghao de faire le premier pas. Sans crier gare, il infiltra une langue timide à l'intérieur de la bouche de son partenaire.  

    D'abord surpris, Jun mit quelques secondes avant de finalement venir répondre à cet assaut. Leurs langues se mêlèrent alors avec passion, tandis que tout leur être se consuma de désir l'un pour l'autre. Un à un, ils réduisirent l'espace entre leur deux corps, comme deux aimants attirés l'un par l'autre, tandis que leurs langues poursuivaient leur danse effrénée. Bientôt, ils furent si proches l'un de l'autre que leurs torses se touchèrent.  À ce contact, Jun, renversa instantanément son junior sur le lit et le chevaucha.  

    Il releva avec empressement son t-shirt afin d'embrasser son torse puis, entre deux baisers brûlants, il lui aspira la peau afin de laisser une trace de son passage. Il ne lui fallut pas non plus très longtemps pour trouver le chemin jusqu'à ses tétons, qu'il lécha avec désir tandis que ceux-ci se durcirent au contact de sa langue. Il continua de les lécher et de les mordiller légèrement pendant que Minghao, déjà brûlant de désir, tentait de retirer le t-shirt de l'homme assis à califourchon sur son bassin.  

    Ce n'est que lorsque leur deux t-shirts furent finalement retirés, que leurs lèvres se retrouvèrent comme si elles ne s'étaient jamais quittées, reprenant à nouveau leur danse furieuse. Minghao vint enrouler ses bras autour des larges épaules de son aîné et descendit progressivement ses mains le long de sa colonne vertébrale, qu'il prit plaisir à explorer de ses longs doigts.   

    Dans le même temps, Jun s'affairait déjà à déboutonner le pantalon de son junior. Il réussit rapidement à s'infiltrer à l'intérieur de son caleçon, et vint déposer sa main contre son sexe chaud, qui se durcit instantanément à son toucher. Minghao poussa un râle de plaisir quand Jun commença lentement à bouger sa main d'avant en arrière.   

    — Ahh… Junhui, attends…

    — Tu veux que j'arrête ?

    Minghao le regarda, le cœur battant et les pupilles dilatées, avant de murmurer.  

    — Non, ce n'est pas ça… Laisse-moi juste nous déshabiller correctement. 

    Sur ces mots, Minghao se redressa et vint retirer son pantalon. Puis il s'agenouilla et vint s'attaquer à celui de son ami, dont il retira également le caleçon. Rapidement, son regard se braqua sur le long pénis en érection qui se dressa face à lui.  

    Comme hypnotisé, il s'en approcha doucement et se mit à le lécher sur toute sa longueur, avant de le saisir en bouche et de commencer à effectuer de petits mouvements de va et vient. Les joues de Jun s'empourprèrent instantanément au contact de cette chaleur humide contre son membre; il caressa les cheveux de Minghao, tout en le regardant lui donner du plaisir, ce qui l'excita davantage. De petits sons sortaient parfois de sa gorge, tandis que son junior accélérait la cadence.  

    Après plusieurs va et vient de sa bouche, Minghao fut stoppé par Jun qui le renversa de nouveau sur le lit, et vint frotter son sexe endurci contre le sien, tout aussi dur. 

    — Ming, je te veux…

    Jun plongea sur sa nuque qu'il lécha, avant d'y déposer de petits baisers brûlants. Puis il se saisit ensuite des jambes de son junior, qu'il plaça sur ses épaules.  

    D'une main, Jun entrelaça les doigts de son ami dans les siens. Puis, de son autre main, il vint jouer avec ses lèvres qu'il caressa de son majeur. Bientôt, de dernier glissa à l'intérieur de sa bouche et en ressortit recouvert de salive. Jun infiltra alors ce même doigt humide dans l'orifice de Minghao, qui gémit immédiatement d'inconfort en sentant ce corps étranger le pénétrer.  

    Il se redressa légèrement, inquiet.  

    — Est-ce que ça va ?

    Minghao hocha la tête et lui sourit avant de répondre.  

    — Ne t'arrête pas.

    Jun reprit alors, entamant de légers mouvements à l'intérieur de son anus. Après un certain temps, il vint y ajouter un second doigt. 

    Minghao ne bougea pas et se concentra sur sa respiration, tandis que Jun l'assaillait de baisers pour le distraire de la douleur. Ils pouvaient tous deux sentir la folie lentement s'emparer de leur corps et esprits; jamais ils n'avaient ressenti un besoin aussi intense de ne faire qu'un avec une autre personne auparavant.   

    Jun continua alors sur sa lancée. Lorsqu'il fut tout à fait sûr que l'orifice avec lequel il jouait depuis plusieurs minutes soit assez large, il y inséra un troisième doigt. À cette pénétration, Minghao broya la main de son aîné dans la sienne avec douleur. Pour le distraire une nouvelle fois de son inconfort, Jun vint replonger sur ses lèvres, qu'il embrassa avec chaleur. Minghao se détendit finalement après un long moment et vint alors répondre avec passion à ses baisers.  

    Le moment venu, Jun retira finalement ses doigts du trou désormais élargi. Il enleva également les jambes de Minghao de sur ses épaules, et s'écarta légèrement pour le surplomber. Tout en l'observant de ses yeux altérés par le désir, il lui demanda, d'une voix suave.  

    — Tu es sûr de vouloir continuer ? 

    Pour seule réponse, Minghao le dévisagea d'un regard empli d'ivresse, avant de l'attirer à lui. Il vint presser ses lèvres contre les siennes, et s'amusa à lui mordiller la lèvre inférieure, pour l'exciter. Ce qui fonctionna puisque Jun, ne pouvant plus se retenir, s'empara de son sexe et le fit lentement pénétrer dans l'anus de son partenaire.  

    Minghao laissa échapper quelques larmes de douleur au contact du long pénis contre son étroite paroi. Il se mit à gémir d'inconfort mais ne broncha pas pour autant. Tout en essayant de se détendre, il vint enrouler ses bras dans le cou de son ami. Celui-ci prit ce geste comme un feu vert et en conclut qu'il pouvait donc commencer à bouger tout doucement en lui, ce qu'il fit.  

    — Ça va, tu n'as pas trop mal ? Dis-moi si tu veux que j'y aille plus doucement.  

    — Ça va… Continue.

    Jun, que le désir tiraillait de plus en plus, agrippa les cuisses de son junior et les plaça de chaque côté, afin d'avoir une meilleure liberté de mouvement. Puis il vint se coller contre le torse de son ami, qu'il enlaça tendrement, avant d'entamer un va et vient plus rapide.   

    Le corps de Minghao se cambra tandis qu'il se faisait assaillir l'intérieur par ce membre rigide et enflé. Il noua ses jambes dans le dos de son aîné pour un meilleur  maintien, et tenta de trouver la position la moins désagréable pour lui.  

    Jun continua son va et vient, les muscles de son fessier se contractant avec force à chaque offensive. Il allait taper chaque fois un peu plus fort et un peu plus profond dans l'humide paroi, pour le plus grand bonheur de Minghao, qui se tordait désormais de plaisir. À cette magnifique vision, les yeux de Jun pétillèrent de désir et il se rua de nouveau sur sa bouche avec avidité.  

    Minghao finit rapidement par trouver la position parfaite, le sexe de Jun venant frotter pile contre la paroi où se trouvait son point G et avec dynamisme. Bientôt, leurs souffles brûlants se confondirent et Minghao griffa malgré lui le dos musclé de l'homme qui le culbutait depuis plusieurs minutes maintenant.  

    Progressivement, tout son intérieur s'embrasa ; une vague de chaleur s'empara de lui, tandis que son cœur se mit à battre la chamade. Il poussa un long cri de plaisir et Jun, heureux de le voir prendre son pied, vint loger sa tête au coin de son cou. Après que l'orgasme de son junior se soit atténué, il lui murmura à l'oreille :

    Laisse-moi te prendre par derrière.

    — D'accord…

    Aussitôt dit, il retira son sexe de l'orifice désormais béant et se saisit des hanches de son partenaire pour l'aider à se retourner. Une fois sur le ventre, Minghao s'empressa de se mettre à quatre pattes et courba légèrement le dos afin de faciliter l'entrée à son sexe. Jun reprit aussitôt son membre en mains et l'enfonça de nouveau en Minghao.  Avant de recommencer à bouger, il étreignit tendrement son junior par la taille, lui assénant de petits baisers brûlants le long de la colonne vertébrale. En approchant ses lèvres de son oreille, Jun la mordilla avant de murmurer : 

    — C'est tellement bon d'être en toi.

    Puis, sur ces mots, il se remit à le culbuter avec force. Bientôt, on n'entendit plus que le claquement de leur peau l'une contre l'autre, mêlés à leurs gémissements et au grincement du lit résonner dans la chambre. Minghao faisait des va et vient avec son bassin, afin de mieux ressentir le sexe de Jun taper contre sa paroi. Quant à lui, il agrippait avec force les fesses de son junior pour un meilleur maintien, tandis qu'il continuait à lui asséner des coups de bassin toujours plus violents. 

    Au bout d'un certain temps, Jun vint se saisir du sexe de son partenaire, qu'il se mit à masturber, tout en continuant à lui faire sauvagement l'amour. Tous deux continuèrent leur activité un long moment encore, jusqu'à ce que Minghao finisse par venir dans la main de Jun. Puis ce fut rapidement à son tour de n'en plus pouvoir.  

    — Minghao… Je vais jouir. Il faut que je me retire.

    Affolé à l'idée de se retrouver avec du sperm plein les murs et les draps, Minghao protesta. 

    — Non ! Ne te retire pas… 

     Jun le regarda avec étonnement et rougit en comprenant que celui-ci voulait qu'il vienne en lui.  

    — T-T'es sûr ? 

    Mais il n'eut pas le luxe d'attendre sa réponse que le liquide blanc s'était déjà répandu dans ses fesses. Ils restèrent ainsi, essoufflés, jusqu'à ce que Jun ne vienne s'écrouler sur le corps transpirant de son junior, son sexe toujours en lui. Après avoir repris son souffle, il murmura : 

    — Minghao… Je sais que le moment est sans doute mal choisi mais il faut que je te le dise. Tout de suite. Avant que mon courage ne s'envole… 

    Minghao ne répondit pas, se contentant de tourner légèrement la tête pour lui signifier qu'il avait toute son attention. Jun poursuivit alors, cherchant précautionneusement ses mots.  

    — Je… J'ai essayé de toutes mes forces de ne pas y penser ces dernières semaines, de ne pas réfléchir à… Tu sais. À nous. Mais malgré tout, j'ai fini par me retrouver face à l'évidence. Je crois que… Ou plutôt non, j'en suis sûr. Minghao… je t'aime. Mais pas simplement en tant que meilleur ami. Ce que j'essaie de dire c'est que… Je suis amoureux de toi.

    Minghao se figea face à cet aveu. Son cœur fit un bond si grand dans sa poitrine qu'il sentit son sang se glacer. Il n'était pas préparé à ça et resta sans voix, ne sachant que faire ni même quoi répondre. Jun ressenti instantanément sa détresse et s'empressa de rajouter : 

    — Tu n'es pas obligé de répondre quoi que ce soit, il fallait juste que tu le saches. Surtout après… Ça. 

    Sur ces mots, Jun se pencha pour attraper des mouchoirs sur la table de nuit et vint s'essuyer la main, toujours pleine du sperm de son meilleur ami. Puis il se retira finalement de Minghao avec précaution, pour ne pas que le liquide ne se répande sur les draps. Enfin, il se redressa et se dirigea vers la salle de bain, sans rien ajouter.  

    Minghao ne bougea pas d'un poil, essayant d'assimiler ce qui venait de se produire. Tout ceci lui paraissait irréel, si bien qu'il n'arrivait pas à y réfléchir concrètement. Épuisé, aussi bien physiquement que mentalement, il finit par tomber dans les bras de Morphée, tandis que Jun était encore sous la douche.

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    Une Patience À Toutes Épreuves 

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    — Ah, Minghao ! Est-ce que ça va ? Tu… Tu n'as pas trop mal au dos ? 

    — Ça va.

    Jun se mit à rougir avec violence et bafouilla. 

    — D-Dis, est-ce qu'on pourrait parler un moment de ce qu'il s'est passé l'autre soir ?

     Minghao, qui venait de se faire piéger par Jun près du distributeur de boissons, chercha à couper court à la conversation.  

    — Je… Désolé mais je dois retourner m'entraîner. Victor m'attend.

    Sans laisser le temps à Jun de répondre quoi que ce soit, il s'éloigna d'un pas rapide, ses deux boissons à la main.  

    — Fait chier ! Putain… 

    Jun vint donner un grand coup de pied dans la machine face à lui, avant de s'éloigner à son tour, les larmes aux yeux.  

    Trois jours s'étaient écoulés depuis qu'il avait couché avec son meilleur ami et qu'il lui avait avoué ses sentiments. Trois jours. C'était aussi depuis cette exacte durée que Minghao l'évitait. 

    Le matin où il s'était réveillé après leur nuit passée ensemble, Minghao n'était déjà plus dans la chambre ; ils n'avaient donc pas eu l'occasion d'en discuter. Depuis lors, son ami passait ses journées à l'éviter et ne mangeait même plus ses repas avec lui.  

    Le premier jour, Jun avait fait preuve de patience et avait attendu que le soir n'arrive, espérant pouvoir avoir une conversation avec Minghao avant d'aller dormir. Mais son junior n'était pas revenu dans la chambre ; il n'y avait plus jamais remis les pieds depuis ce jour-là.  

    Et pour cause ; celui-ci avait déménagé dans la chambre de Victor. Il avait prétexté que cela serait un gain de temps précieux pour leurs entraînements, mais Jun en connaissait la vraie raison et cela lui perforait le cœur.

     Il n'avait pas demandé à tomber amoureux de son meilleur ami, il n'avait pas demandé à ce que les choses se passent ainsi… Mais c'était arrivé, malgré tout. Et il n'en était pas l'unique responsable ; Minghao aussi avait ses torts. Lui aussi avait franchi la ligne plus d'une fois. Jun savait que tout n'était pas que dans sa tête ; il savait que Minghao le ressentait, lui aussi…  

    Alors pourquoi ? 

    Pourquoi agissait-il de cette façon ? 

      

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    Se Libérer Du Silence 

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    — Jun ? Ohé, je te parle ! T'es sûr que ça va ? 

    — Oh… Yanan, désolé. Je suis un peu fatigué aujourd'hui.

    Assis dans leur salle de répétition, Jun regardait dans le vide les sourcils froncés depuis une bonne quinzaine de minutes, avant d'être finalement ramené à la réalité par son coéquipier. Celui-ci le scruta de son regard inquiet et, après hésitation, il lui demanda.  

    — Ça fait trois jours que t'es comme ça, ne me fait pas croire que c'est uniquement dû à la fatigue. Je vois bien que tu es préoccupé par quelque chose. Est-ce que, par hasard, ça aurait un rapport avec Minghao ?  

    Jun releva ses yeux vers lui avec étonnement et Yanan sut qu'il avait touché en plein dans le mile. Il poursuivit alors.  

    — Écoute, je ne sais pas exactement ce qu'il se passe entre vous deux, mais… Sache que je suis là si jamais tu as besoin de parler.

    Jun poussa un profond soupir et s'entortilla nerveusement les doigts. 

    La voix tremblante et déformée par le chagrin, il répondit simplement. 

    — C'est que… Ce n'est pas facile d'en parler. Je ne sais pas comment m'y  prendre.

    Yanan, inquiet de voir son ami à l'air aussi grave, alors qu'il avait l'habitude de dégouliner de bonne humeur, vint lui caresser la tête en signe de réconfort.  

    — Ce n'est sûrement pas facile à expliquer… Mais que dirais-tu de quand même essayer ? Ça pourrait peut-être t'aider à te sentir mieux.

    Jun releva alors ses yeux remplis de larmes vers son ami et commença à vider son sac.  

    — Yanan… J'ai fait une bêtise. Une bêtise tellement énorme que je crois avoir perdu mon meilleur ami pour toujours et je…

    Sa voix dérailla brusquement et se transforma en sanglots, ce qui le  rendit incapable de poursuivre. Yanan, qui ne s'attendait pas à ce qu'il fonde en larmes devant lui, vint lui tapoter l'épaule en ajoutant, d'une voix proche de la panique. 

    — Mais non, ne dis pas ça. Tu ne l'as pas perdu pour toujours, on parle de Minghao  ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous deux, mais laisse-lui encore un peu de temps. Peu importe la gravité de votre dispute, je suis convaincu que ça finira par s'arranger. Allez, ne pleure pas, s'il te plaît… 

    — Il ne me pardonnera pas cette fois Yanan… C'est trop tard.  

    Yanan, désespéré ne sut que faire.  

    — Ah, bon sang ! Je suis vraiment nul pour réconforter les gens qui pleurent, je suis désolé…

    Dans un accès de détresse, il se contenta de lui faire une accolade en lui tapotant le dos. Et à son plus grand soulagement, cela fonctionna puisque Jun cessa finalement de pleurer.  

    Avant qu'ils n'eussent eu le temps de se défaire de leur accolade, Victor et Minghao entrèrent précipitamment dans la pièce.  

    — Oh ! Désolé les gars, on ne pensait pas interrompre. On aurait dû frapper… 

    Victor se gratta l'arrière de la tête, visiblement embarrassé, tandis que Yanan relâcha immédiatement Jun et se mit à rire nerveusement.  

    — Ah, non ce n'est pas ce que vous pensez ! Ah, c'est gênant… 

    Minghao vint brusquement couper court à la conversation, d'un ton sec.  

    — On voulait juste vous prévenir qu'il y avait une réunion avec le staff dans dix minutes, au premier étage. Ne soyez pas en retard.

    Sans adresser un regard à Jun, il poussa Victor à l'extérieur de la pièce et referma la porte derrière lui. Jun s'effondra alors de son siège et prononça d'une voix détachée, comme vidé d'émotions.  

    — C'est officiel, Minghao me déteste. 

    Yanan voulut dire quelque chose pour le réconforter et le convaincre du contraire, mais l'attitude glaciale qu'avait eu Minghao à l'instant l'en empêcha. 

     

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    Une Promesse Synonyme D'espoir 

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    — Le tournage commence dans vingt minutes, tenez-vous prêts ! 

    À l'avertissement du staff, Jun se dépêcha de sortir de sa loge pour se rendre à l'étage inférieur. Au passage, il se fit agripper l'épaule par Samuel, qui s'y rendait également.  

    — Alors, t'es prêt pour ce dernier jour de tournage ? Ça va faire drôle de se quitter après ces deux mois passés ensemble !

    Jun hocha la tête et afficha un sourire faussement joyeux. Samuel, qui le connaissait depuis ses jeunes années de training, remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas. Pour détendre l'atmosphère, il choisit de faire une blague, mais ignora qu'il venait de mettre les deux pieds en plein dans le plat.  

    — Est-ce que tu fais la tête parce que Victor t'as volé ton amoureux ? Ah, Ah ! Non mais sérieusement, tu les as vu ces deux-là ? J'ai même entendu le staff dire qu'ils formeraient un joli couple !

    Le visage de Jun s'assombrit davantage à cette remarque, tandis que deux autres participants arrivèrent derrière eux et se mêlèrent à la conversation.  

    — Joli couple ? Vous parlez de Minghao et Victor ? Pfft, sérieux on ne les sépare plus ces deux tourtereaux ! 

    Les trois amis continuèrent à plaisanter joyeusement, tandis que Jun resta en retrait, se renfermant de plus en plus sur lui-même. Même en plein tournage, il sembla absent ; comme un robot mis sur mode automatique, Jun se contenta de faire son job, un sourire plaqué sur les lèvres.  

    Mais intérieurement, les questions fusaient dans son esprit ; il avait remarqué que Victor et Minghao s'étaient effectivement beaucoup rapprochés au cours des dernières semaines. Ils avaient même passé leurs jours off ensemble et ne se lâchaient plus d'une semelle. Au début, il pensait que tout était dans sa tête, mais les autres participants avaient rapidement confirmé ses inquiétudes avec leurs remarques de tantôt. Maintenant, il ne pouvait pas s'empêcher de se faire toutes sortes de films.  

    — Êtes-vous devenus des âmes-sœurs au travers de ce programme ?

    Encore en plein tournage, Jun fut brusquement ramené à la réalité à l'entente de ces quelques mots. Son cœur se serra instantanément en comprenant que la présentatrice venait de s'adresser à Victor et Minghao. Ses yeux se posèrent alors sur la personne qui faisait souffrir son cœur depuis plusieurs jours maintenant ; la question qu'on venait de lui poser l'avait vraisemblablement mis mal à l'aise, puisque Minghao se mit à rougir légèrement.  

    — Nous sommes juste amis.

    Sa réponse ne contenait même pas de négation ; un simple "non" aurait suffit pourtant… Jun eut l'impression que tout le malheur du monde venait de s'abattre sur ses épaules ; après tout, peut-être que Minghao éprouvait réellement quelque chose pour Victor ?  

    Le tournage arriva finalement à son terme. Pour fêter ce dernier jour d'émission, le staff les avait de nouveau conviés à un dîner sur le rooftop. Cette fois-ci, ce serait le dernier événement passé tous ensemble, avant de définitivement se quitter. C'est, excités comme des puces après que la tension des dernières semaines soit retombée, que tous les participants se rendirent alors avec empressement dans leur loge, afin de se mettre quelque chose de plus décontracté sur le dos.  

    Quelques minutes plus tard, tout le monde vint se réunir dans le couloir et discuta tranquillement, attendant que chacun ait fini de se changer pour se rendre ensemble sur le toit. 

    — Alors les âmes-sœurs ? On a fini de se changer ?

    — Pff, taisez-vous !

    En apercevant Victor et Minghao arriver, certains ne purent évidemment pas s'empêcher de les taquiner, ce qui eut l'effet d'une flèche en plein cœur pour Jun. 

    Et malheureusement pour lui, ils continuèrent de les taquiner encore un moment, jusqu'à ce que les derniers participants manquant ne finissent pas les rejoindre.  

    — Tout le monde est là ?

    — Oui, on peut y aller ! 

    Le petit groupe au complet, ils se dirigèrent alors vers le toit, sauf Jun, qui resta en retrait. Discrètement, il vint retenir Minghao par le poignet, qui se trouvait également en bout de file. 

    — Jun, lâche-moi ! Qu'est-ce que tu fais ?

    Celui-ci attendit que les autres participants soient hors de leur vue avant de venir planter son regard dans celui de Minghao. Puis, brusquement, il le plaqua contre le mur du couloir.  

    — Est-ce que c'est vrai ?

    Minghao, paniqué, tourna la tête de gauche à droite avant de chuchoter nerveusement.  

    — Jun, arrête ça ! Quelqu'un pourrait nous voir !

    Celui-ci resserra la pression contre son poignet et vint déposer son autre main à côté de sa tête, pour l'empêcher de s'enfuir. D'une voix grave, il répliqua.  

    — Je me fiche qu'on nous voit. Je te demande si c'est vrai.

    Minghao commença à se débattre nerveusement.  

    — Mais de quoi tu parles ? Qu'est-ce qui est vrai ?

    Son aîné crut perdre patience. Il rapprocha alors son visage à quelques centimètres du sien et vociféra.  

    — Pour Victor ! Est-ce que c'est vrai que c'est ton âme-sœur ? Tu l'aimes ? 

    Minghao cessa instantanément de se débattre et le regarda, incrédule.  

    — Mais de quoi est-ce que tu parles, enfin ? Lui et moi on est juste amis !

    — Amis ? Alors pourquoi est-ce que vous passez tout votre temps ensemble ? Pourquoi est-ce que tout le monde vous croit en couple ?

    — Mais peu importe ce que les autres pensent de nous ! Je te dis qu'on est simplement amis. L'histoire s'arrête là !

    Jun, dont les larmes lui montaient aux yeux, explosa.  

    — Alors… pourquoi est-ce que tu m'évites si ce n'est pas à cause de Victor ? Si c'est à cause de ce qu'il s'est passé entre nous… Je ne mérite pas ce traitement de ta part. Après tout, je ne suis pas le seul fautif, on était deux cette nuit-là !

    Minghao passa nerveusement sa main dans ses cheveux avant de se mettre à éviter le regard persistant de son aîné.  

    — Je ne t'évite pas… Tu te fais des idées. Je voulais simplement me concentrer sur mon entraînement et rester loin des distractions, rien de plus. Pourquoi est-ce que tu dois toujours tout ramener à toi ?

    — Ne mens pas Minghao ! Tu ne m'adresses plus la parole et tu évites même mon regard, comme en ce moment. Alors, quoi ? Tu veux te débarrasser de moi maintenant que tu as Victor, c'est ça ?

    C'était la goutte d'eau de trop pour Minghao ; il vint repousser Jun de toutes ses forces, avant de serrer les poings de colère. Puis, il lui hurla au visage.  

    — Moi, me débarrasser de toi ? Pff, c'est la meilleure celle-là ! Ce n'est pas moi qui suis allé me jeter dans les bras de Yanan à la première occasion !

    — Ne change pas de sujet. On parle de Victor et toi, là !

    — Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Il n'y a pas de Victor et moi ! Contrairement à toi et Yanan.

    Jun crut s'arracher les cheveux tant il était en colère. Des larmes d'impuissance roulaient sur ses joues. Il fit un tour sur lui-même dans le but de se calmer. Puis, après un temps, il reprit d'une voix plus posée, bien qu'altérée par le chagrin.  

    — Je ne suis pas amoureux de Yanan, Ming… C'est toi que j'aime. Mais toi, qui est-ce que tu aimes, hein ?  

    Minghao avala sa salive, la gorge nouée. Les larmes aux yeux, il soupira longuement avant de prononcer, d'une toute petite voix.  

    — C'est… inutile d'en discuter maintenant. Nous sommes tous les deux énervés et la conversation ne mènera nulle part. Reparlons-en à tête reposée.

    Jun soupira profondément. Il vint doucement se saisir des épaules de Minghao et laissa retomber sa tête contre son torse. Tout en fermant les yeux, il répondit.  

    — D'accord… Si tu promets de ne plus me fuir, alors j'accepte d'attendre encore un peu. 

    Minghao, soulagé de sa réponse, retira ses mains de sur ses épaules et les laissa retomber dans le vide.

    Puis il effectua un pas en arrière pour se distancier de lui, tout en ajoutant.  

    — À Shanghai… Au retour de chez nos parents. Reparlons de tout ça une fois que l'on se sera rejoints là-bas.

    — Promets-le moi.

    — Oui, promis.

    Sans tergiverser davantage, Minghao essuya ses yeux humides d'un rapide revers de main et se dirigea d'un pas décidé vers l'escalier, afin de rejoindre les autres sur le toit.  

    Jun se retrouva alors seul et vint s'effondrer sur le sol, en plein milieu du couloir. Il ne savait plus quoi penser.

     

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    Des Questions Sans Réponses

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    Les écouteurs dans les oreilles, Minghao observait le paysage défiler sous ses yeux avec inquiétude. Soudain, il entendit la voix du conducteur de train annoncer leur arrivée en gare et son cœur se mit à battre la chamade. Il se releva alors nerveusement de son siège et récupéra ses bagages avant de sortir de sa rame.  

    Cela faisait plus de dix jours que l'émission s'était achevée. Après des adieux déchirants avec les autres participants, qui étaient devenus de précieux amis, Minghao s'était immédiatement précipité en gare pour prendre son train et rejoindre sa famille. Il n'avait même pas revu Jun avant son départ ; ils s'étaient tous deux quittés sur leur dispute.  

    Et cela l'avait préoccupé mais, heureusement, les retrouvailles avec ses parents et les quelques jours passés en leur compagnie lui avaient permis de mettre tous ses soucis de côté. Durant une petite semaine, il avait alors pu profiter de sa famille et se changer les idées. Revoir tous ses proches après six ans de séparation lui avaient procuré une source de joie indescriptible. Ses parents avaient même organisé une grande fête pour sa venue et il s'était fait cajoler par tout et chacun durant chaque seconde de son séjour.  

    Hélas, il était maintenant temps pour lui de retourner à la dure réalité. Tout en posant un pied sur le quai de la gare, il soupira ; ça y est, il était à Shanghai. Minghao se dirigea le plus lentement possible vers la sortie de la gare, afin de gagner un maximum de temps. Lorsqu'il monta finalement dans un taxi pour se rendre à l'hôtel, il tenta de se conditionner pour son arrivée. Après tout, dans moins de vingt minutes, il retrouverait Junhui.  

    C'est, le cœur battant, qu'il pénétra ensuite dans le hall de l'hôtel. Junhui était-il déjà arrivé ? Que devrait-il lui dire en l'apercevant ? 

    — Excusez-moi, mon ami a réservé une chambre pour deux au nom de Wen Junhui…

    La réceptionniste le dévisagea de haut en bas, avant de s'exclamer.  

    — Ah, c'est vous ! On m'a prévenu de votre arrivée. Voyez-vous, il y a eu une modification dans votre réservation ; votre compagnon a appelé pour dire qu'il ne viendrait pas. Alors, on vous a changé de chambre afin que vous n'ayez pas à payer le tarif deux personnes. J'espère que ça vous convient ? Tenez, voici votre clé.

    Minghao attrapa la clé que la jeune femme lui tendit avec incompréhension. Jun avait annulé sa réservation ? Qu'est-ce qu'il se passait ? Il monta ses valises jusque dans la chambre d'hôtel et son cœur se serra lorsqu'il aperçut le lit simple gisant au milieu de la pièce. Alors c'était vrai, Jun ne viendrait pas…

    Par chance, il n'eut pas le temps de broyer du noir en pensant à la situation, car son téléphone se mit à sonner.  

    — Allô ?

    — Salut Minghao, c'est Éric.

    Le jeune homme resta pantois devant son téléphone. Pourquoi est-ce qu'Éric Chou, participant de l'émission, l'appelait-il tout d'un coup ?  

    — Oh, Éric… Il te faut quelque chose ? 

    — À vrai dire, oui … Est-ce qu'on pourrait se voir dans l'après-midi ? Je suis aussi à Shanghai.

    Minghao accepta machinalement ; il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait. Il se dépêcha alors de défaire ses valises et ressortit de l'hôtel à la recherche d'un taxi. Une demi-heure plus tard, il rencontrait Éric dans un café. 

    — Tiens. Prends-la.

    Éric lui tendit une enveloppe blanche que Minghao attrapa d'une main hésitante.  

    — Qu'est-ce que c'est ?

    Le jeune chanteur but une gorgée de son café, visiblement gêné.  

    — Jun m'a demandé de te la remettre en apprenant que je serai à Shanghai en même temps que toi.

    — Je ne comprends pas… Où est-il ?

    — Ah, il doit être en salle d'embarquement à cette heure-ci. Il prend son avion pour rentrer en Corée. Il ne te l'a pas dit ?

    Le cœur de Minghao se serra à l'entente de ces mots.  

    — Je vois… Je n'étais pas au courant. Il ne t'as rien dit d'autre ?

    Éric se frotta la nuque, mal à l'aise.  

    — Non… Il m'a juste demandé de te remettre cette lettre. Il ne m'a pas fourni plus d'explications, je suis désolé.

    — Je vois…

    Après quelques heures à papoter de tout et de rien, Minghao et Éric se séparèrent finalement. Le soleil était encore haut dans le ciel et Minghao ne se sentait pas le cœur à retourner à l'hôtel. Il se rendit alors dans un petit parc, non loin du café duquel il sortait, et se promena un moment sous les arbres ombragés. Après un temps, Minghao vint s'asseoir sur un banc et soupira en levant les yeux au ciel ; entre deux arbres, il vit un avion passer. Le jeune homme dégaina alors rapidement son appareil et vint le prendre en photo.  

    — Junhui est sûrement dans cet avion… 

    À la prononciation de ces mots, ses yeux s'humidifièrent instantanément. 

    — On s'était pourtant fait la promesse de se retrouver à Shanghai… Je sais que je suis le premier à avoir pris la fuite.  Mais avais-tu réellement besoin de t'enfuir à ton tour ? Avais-tu besoin de partir aussi loin de moi, juste comme ça ?

    Après avoir rassemblé son courage, Minghao sortit la petite enveloppe de sa poche et plaça ses lunettes sur son nez. Il déplia nerveusement la lettre de ses mains tremblantes et se mit à lire. 

     

    Minghao, 

    Comment vas-tu ? 

    Les dernières semaines ont été éprouvantes pour tout le monde. J'espère que ton séjour chez les tiens t'aura redonné du baume au cœur. Pour ma part, je suis arrivé à Shanghai un peu plus tôt que prévu. J'avais besoin de réfléchir, de faire le point. Au moment où je t'écris cette lettre, je reviens d'une promenade nocturne ; Shanghai est si agréable de nuit, j'aurai aimé que tu sois là, avec moi. Tout à l'heure, j'ai regardé la pleine lune éclairer le ciel ; le spectacle était magnifique et j'ai pensé à toi. À vrai dire, je ne cesse de penser à toi. À chaque respiration, à chaque pas que je fais, tu es là, dans mon esprit. Tu résonne dans mon cœur et habite mes pensées. Minghao, mon amour. Je suis désolé, je rentre en Corée le premier. Mais sois assuré que tu es bien au chaud dans mon cœur et y restera éternellement. 

    Je t'embrasse tendrement, 

    Jun. 

     

    Minghao relut la lettre, encore et encore, jusqu'à ce que sa vision ne devienne toute trouble. Son corps était traversé par de violents soubresauts à cause de l'émotion. Était-ce vraiment les mots de Jun ? Lui avait-il vraiment écrit cette lettre ?  

    — Ah… Cette lettre ne peut pas être de lui. Jun n'écrirait jamais ça.

    Minghao se ressaisit finalement et vint essuyer ses larmes d'un revers de main, avant de replacer ses lunettes sur son nez. Plus il y réfléchissait, plus cette lettre ressemblait à une farce. Après tout, il était étrange que ce soit Éric qui la lui ai remise en mains propres. Lui et les autres participants n'avaient pas arrêté de le taquiner ; que ce soit sur sa relation avec Jun, ou avec Victor. Peut-être était-ce une de leur ultime blague, en guise d'adieu ?  

    Il resta des heures sur ce banc à réfléchir, se perdant dans le flot de questions qui lui assaillirent brusquement l'esprit. Lorsqu'il revint enfin à lui, le soleil se teintait déjà de pourpre à l'horizon. Minghao se releva alors mollement de son banc, dans l'intention de rentrer à l'hôtel, mais repensa subitement à ce que disait la lettre, au sujet de l'agréable balade nocturne dans Shanghai.  

    Il s'enfonça alors au hasard, dans les ruelles presque désertes, se laissant porter par ses pensées et ses émotions. Brusquement la pluie s'abattit en petits clapotis… 

    — Mince... J'aurai dû prendre un parapluie.

     

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    Dépasser Ses Peurs

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    Après plusieurs heures à être resté d'un même côté du trottoir, hésitant et submergé par le doute et la peur, Minghao avait finalement fini par traverser ce grand carrefour. 

    Il avait pris son courage à deux mains et effectuait maintenant un pas devant l'autre, le cœur battant. Il était temps pour lui de quitter l'embranchement et d'avancer ; il devait désormais faire face à ses sentiments.  

    Peu importe ce qu'il y aurait au bout du chemin, peu importe si Jun n'était pas là à l'attendre ; il ne fuirait plus par crainte et n'abandonnerait pas. Tout comme Jun s'était battu pour lui, il allait se battre en retour.  

    C'est, trempé de la tête aux pieds, que Minghao rentra quelques heures plus tard à l'hôtel. Après une douche bien chaude, il vint s'allonger dans son lit et tenta de trouver le sommeil, en vain. Son cœur le tiraillait de toute part ; c'était donc ça que faisait l'amour ? Il avait décidé de se battre mais il ne savait pas quoi faire, ni même par où commencer… C'est alors qu'il repensa soudain aux mots que lui avait dit sa mère, quelques jours auparavant.  

    — Mon fils, ta plus grande force, c'est ton art. C'est comme si tu avais trouvé la meilleure façon de t'exprimer au monde et d'être vraiment toi-même. Je suis si fière de ce que tu es devenu aujourd'hui, je suis si fière de ce que la musique a déclenché en toi. Surtout, quoi qu'il advienne, ne tourne jamais le dos à la musique, car c'est elle qui te compose.

    Tout s'éclaira brusquement dans son esprit ; il savait exactement ce qu'il devait faire. Alors, Minghao se leva de son lit et se précipita sur le petit bureau face à lui. Il sortit tout son matériel de création et se mit à griffonner des mots, à composer des notes et ce, sans s'arrêter, jusqu'au petit matin. 

       

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    Le Yin De Son Yang

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    — Excusez-moi monsieur, l'avion vient d'atterrir.  

    Minghao émergea subitement de son sommeil, réveillé par l'hôtesse de l'air, et mit quelques instants avant de comprendre où il se trouvait. Il n'avait pas fermé l'œil la nuit passée et c'est donc, sans surprises, qu'il s'était effondré de fatigue une fois monté dans l'avion. Il avait dormi comme un bébé, ce pourquoi le vol lui avait semblé être passé en un éclair. Il eut même du mal à assimiler le fait d'être déjà de retour en Corée du Sud.  

    Tout en s'excusant auprès de l'hôtesse, il se dépêcha de récupérer ses affaires et se précipita à l'extérieur de l'avion. Les yeux encore ensommeillés, il déambula dans l'aéroport et ne prit pas garde à son environnement alentour, ce pourquoi il sursauta lorsqu'une main vint se poser sur son épaule.  

    — Myung Ho !

    — Oh ? Leader !

    Minghao, à la fois surpris et heureux, vint sauter dans les bras de Seungcheol, tandis que celui-ci lui rendit son accolade, le sourire aux lèvres.  

    — Qu'est-ce que tu fais ici ? 

    Seungcheol l'aida à porter ses bagages, tout en répondant.  

    — À ton avis ? Je suis venu te chercher ! Vite, notre voiture nous attend.

    — Où sont les autres ?

    — Ils sont déjà partis pour Pusan. J'ai demandé à rester et à t'attendre pour que tu ne fasses pas le voyage jusque là-bas tout seul.

    Tout en montant dans la voiture qui les attendait à l'extérieur, Minghao se mit à réfléchir.  

    — Pusan ? Pourquoi est-ce qu'ils sont à Pusan ?

    Seungcheol pouffa en lui tapotant la tête.  

    — Pfft ! Je vois que ces mois passés en Chine t'ont dévariés. On va à Pusan pour la promotion de notre mini-album.  

    Minghao fit les gros yeux ; comment avait-il pu oublier une information aussi capitale ? Surtout que les autres membres n'avaient pas arrêté de leur en parler en visio; ils étaient tellement excités à l'idée de passer trois jours à la plage !  

    — Les autres membres voulaient aussi rester pour t'accueillir, mais le timing était trop serré et ils ont dû partir en premier. D'ailleurs, tout le monde pensait que tu rentrerais avec Jun. On a été déçu de le voir arriver seul…  

    Le cœur de Minghao se mit à battre la chamade ; il savait déjà ce que Seungcheol allait lui demander… 

    Celui-ci prenait son rôle de leader très au sérieux et veillait avec un intérêt particulier sur chacun des douze membres du groupe. Au fil du temps, il avait développé un réel instinct paternel ; rien ne lui échappait. En voyant que Jun et lui n'étaient pas revenus ensemble, il avait immédiatement dû sentir que quelque chose n'allait pas.

    Et Minghao ne se trompa pas car Seungcheol entra instantanément dans le vif du sujet.  

    — Jun et toi, vous vous êtes disputés pas vrai ?  

    Minghao soupira. Il aurait beau essayer de nier, cela ne servirait à rien. Son leader arrivait toujours à ses fins. Alors, il joua franc jeu.  

    — Oui… 

    — Je m'en doutais. Est-ce que Jun et toi… 

    Seungcheol laissa sa question en suspens et hésita un long moment avant de la terminer. Mais il finit par reprendre, déterminé à obtenir une réponse.  

    — Est-ce que vous êtes tombés amoureux l'un de l'autre ?

    Les mains de Minghao se crispèrent sur son jogging, tandis qu'il observa le paysage défiler par la fenêtre. Décidément, son leader était un peu trop perspicace à son goût… 

    Seungcheol prit son silence pour un oui et poursuivit alors.  

    — Tu sais… Ce n'est pas vraiment une surprise pour les autres membres et pour moi. À vrai dire, on en a souvent discuté ensemble, évoquant cette possibilité vous concernant, Jun et toi…  

    Minghao avala sa salive avec difficulté tout en scrutant son ami d'un regard interrogateur. Seungcheol continua son monologue.  

    — Depuis votre projet sur la chanson 'My I', on avait senti que quelque chose de fort se passait entre vous… C'est comme si vous étiez destinés à vous trouver, comme si vous étiez l'âme-sœur l'une de l'autre. Votre chanson évoque le Yin et le Yang et c'est exactement ce que vous êtes l'un pour l'autre ; vous vous êtes toujours complétés à la perfection. Alors forcément, pour nous ce n'était qu'une question de temps avant que vous ne preniez conscience de ce lien qui vous a toujours uni…

    Des larmes coulèrent le long des joues de Minghao. Cela le surprit ; elles étaient apparues sans crier gare, comme si les mots de son leader avaient brutalement réveillé une partie insoupçonnée de son cœur. Pour la première fois, Minghao prit véritablement part à la conversation.  

    — Ce séjour en Chine… Il nous a fait prendre conscience de tout ça. Mais sans doute trop tard pour moi, contrairement à Jun. Je l'ai repoussé et profondément blessé. J'ignore s'il voudra encore de moi. 

    Son leader se mit à pouffer, avant de lui tapoter la cuisse.  

    — Allez Myung Ho, on parle de Jun ! Il ne suffit que d'un mot de ta part pour qu'il ne te livre son cœur sur un plateau d'argent.  

    Minghao soupira, les sourcils froncés.  

    — J'aimerais que ce soit aussi simple… Mais je crois qu'il m'en veut vraiment cette fois. Il ne serait pas rentré sans moi, autrement.

    Le reste du trajet en voiture se poursuivit en silence car Minghao sombra à nouveau dans un profond sommeil. Quelques heures plus tard, les deux jeunes hommes arrivèrent finalement à Pusan, tandis que la nuit tombait.  

    — Oooooh, mais si c'est pas notre Myung Ho adoré que voilà ? 

    En apercevant Minghao pénétrer dans le dortoir accompagné de Seungcheol, tous les membres se jetèrent à son cou.  

    — Tu nous a manqué mec !

    Le jeune homme cru mourir étouffé sous tous les câlins et les questions qu'il reçut en même temps. Il était heureux de retrouver ses amis, ils lui avaient tellement manqué ! Mais ce n'est que lorsque ses yeux se posèrent sur le visage de Jun, qui se tenait les bras croisés à l'autre bout de la pièce, qu'il crut mourir de bonheur; celui-ci lui souriait !  

    Hélas, les autres membres ne lui laissèrent pas une seconde pour souffler de toute la soirée et il ne put malheureusement pas suivre les élans de son cœur, comme lui avait conseillé de le faire son leader. 

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    Des Intentions Cachées 

    · · · • • • ✤ • • • · · · ·  

    Le lendemain matin, tout le monde s'était levé de bonne heure, le programme de la journée étant très chargé.  

    Le groupe avait eu une séance photo en ville qui avait duré toute la matinée, chacun des treize membres ayant dû passer un par un pour un shooting individuel. Le midi venu, ils avaient mangé en vitesse dans un petit restaurant, avant de rapidement repartir pour la plage. Les jeunes idoles s'apprêtaient maintenant à effectuer une nouvelle séance photo, qui durerait jusqu'à la fin de la journée. 

    Depuis son arrivée hier soir jusqu'à maintenant, les événements s'étaient enchaînés à toute vitesse et Minghao n'avait toujours pas eu l'occasion de discuter avec Jun. Tandis qu'il se faisait coiffer et maquiller, il ne put s'empêcher de l'observer du coin de l'œil ; celui-ci semblait avoir retrouvé sa joie de vivre habituelle et ne semblait pas être préoccupé par l'état actuel de leur relation. Jun avait-il tourné la page et oublié ce qu'il s'était passé entre eux ? Minghao n'eut malheureusement pas le temps d'approfondir davantage ses réflexions, car Seungkwan l'attrapa brusquement par l'épaule.  

    — Myung Ho, on a décidé de faire passer la performance unit en première pour le shooting, alors prépare-toi.

    — Pourquoi ? Qu'est-ce que vous mijotez ?

    Minghao trouva immédiatement ça suspect ; d'habitude, les trois sous-unités du groupe se battaient toujours entre elles pour être les premières à passer en shooting. Cela leur permettait d'avoir du temps libre par la suite, plutôt que d'avoir à attendre parfois des heures avant de pouvoir être photographié. Cette situation était vraiment louche ; pourquoi est-ce que son unité avait été choisie pour passer en première avec autant de facilités ? Seungkwan vit sa méfiance et se mit à rire en lui tapotant l'épaule.  

    — Oh, allez ! C'est notre petit cadeau de retour pour Jun et toi, vous nous avez manqué !  

    — OK…

    Minghao était toujours sur ses gardes, mais ne chercha pas à creuser davantage. Il se dirigea alors vers le bord de mer, où avait lieu le shooting. L'ordre de passage de son unité avait été établie ainsi : Jun passait le premier, puis ce serait au tour de Dino, suivi d'Hoshi, puis finalement lui, qui passait en dernier.  

    En attendant son tour, il se tint debout derrière le staff et observa Jun se faire photographier. Son cœur se mit à battre à tout rompre ; il était tellement beau que c'en était déstabilisant. Après plusieurs longues minutes d'attente, son tour arriva enfin. En professionnel, il mit ses pensées personnelles de côté et se concentra sur le shooting. Mais lorsqu'il eut fini, Jun était hors de sa vue, ainsi que Dino et Hoshi.  

    — Les gars, où est passée ma sous-unité ? 

    — Oh, ils sont partis se promener après les rochers, là-bas. On en a encore pour un moment avec le shooting, tu devrais les rejoindre.

    — D'accord, j'y vais alors.

    En s'éloignant, il constata que tous les membres le dévisageaient, un sourire narquois dessiné sur les lèvres.  

    — Qu'est-ce que vous mijotez, tous ? Vous êtes tellement bizarres aujourd'hui…

    Jeonghan haussa les épaules d'un air innocent et répondit évasivement.  

    — Rien… Tu passes devant nous, alors on te regarde, c'est tout.

    Minghao passa sa main dans ses cheveux tout en soupirant ; il savait   pertinemment qu'ils lui préparaient un mauvais coup, mais il choisit de les ignorer, trop fatigué pour chercher à investiguer. Il s'éloigna alors du petit groupe mais, pas plutôt le dos tourné, il les entendit glousser.

    — Ah… Ce qu'ils sont pénibles.

    Bien qu'irrité par la situation, Minghao garda son sang froid et se contenta de poursuivre tranquillement sa promenade. Tout en marchant le long de la plage, il se demanda ce qu'il avait bien pu commettre dans une vie antérieure, pour mériter de se retrouver dans un groupe rempli d'escrocs tous plus vicieux les uns que les autres.  

    Un bon quart d'heure plus tard, Minghao constata qu'il avait  dépassé les rochers depuis un moment et qu'il n'apercevait plus le lieu de shooting.  

    — Je me suis peut-être un peu trop éloigné… Je ferais mieux de revenir sur mes pas.  

    Mais il n'eut pas le temps de joindre le geste à la parole, car deux mains se posèrent sur chacune de ses épaules.  

    — Ah, Myung Ho ! Tu nous as rejoints !  

    Dino et Hoshi le scrutèrent avec le même sourire narquois que les autres membres. Définitivement énervé, Minghao haussa quelque peu le ton.  

    — Bon, vous allez me dire quel mauvais coup vous me préparez tous avant que je m'énerve, compris ?

    Tout comme les autres membres, les deux amis jouèrent les innocents.  

    — De quoi tu parles ? On revient juste d'une promenade, pourquoi tu t'énerves ?

    — C'est vrai ça, il n'y a pas de quoi s'énerver. On veut simplement retourner sur le lieu du shooting, mais comme Jun s'est éloigné on ne peut pas le laisser seul, ce n'est pas prudent… Mais maintenant que tu es là, tu n'as qu'à aller le chercher, toi ! D'accord ?  

    — Quoi ? Mais…

    Minghao n'eut pas le temps d'en placer une, que ses deux amis s'étaient déjà éloignés en courant. Il les entendit crier au loin : 

    — Fighting Myung Ho ! Fighting Jun ! 

    À l'entente de ces mots, il comprit immédiatement la machination qu'avaient orchestrée les autres membres du groupe… Et il venait de tomber en plein dans leur piège. Minghao soupira profondément et s'apprêta à se remettre en marche pour partir à la recherche de Jun, lorsqu'il entendit une voix dans son dos.  

    — Minghao ?

    Subitement, tout son corps se figea tandis que son cœur se mit à battre la chamade. Il n'avait maintenant plus besoin de partir à sa recherche…  

    — Qu'est-ce que tu fais là ? Où sont Dino et Hoshi ? Ils étaient derrière moi il y a moins de cinq minutes…

    Minghao, n'osant pas se retourner pour lui faire face, prononça d'une voix tremblante.  

    — Ah… Eh bien, il semblerait qu'ils nous aient tendu un piège…  

    Il n'eut pas besoin de développer davantage ; Jun comprit instantanément ce qu'il insinuait.  

    — Ah… Ceux-là. Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne même pas ? Ils sont incapables de se mêler de leurs affaires… 

    Jun se frotta l'arrière du crâne, tandis que le silence retomba. Contrarié par cette situation inconfortable, il vint soudainement saisir Minghao par le poignet afin de le tourner face à lui.  

    — S'il te plaît… Ne me tourne pas le dos, Ming. Cette situation me tue, je ne le supporte plus. Ça fait des jours qu'on ne s'est pas parlé, et…Tu me manques. Dis quelque chose, s'il te plaît.

    Minghao releva soudain ses yeux vers lui et vint soutenir son regard, avec intensité. Son cœur battait à tout rompre, mais il prit son courage à deux mains et sauta le pas.  

    — J'ai… énormément réfléchi ces derniers jours. J'ai réfléchi à comment te confronter lors de nos retrouvailles, comment te dire toutes ces choses qui me tiennent à cœur et qu'il faut absolument que tu saches. Mais… je perds totalement mes moyens lorsqu'il s'agit de toi. Même maintenant, je suis totalement déstabilisé. Alors, au lieu de te le dire… j'ai préféré t'écrire une chanson. 

    Jun le regarda les yeux ronds d'étonnement, tandis que Minghao sortit son téléphone avant de venir infiltrer un écouteur dans son oreille. Lorsqu'il lança la mélodie, celle-ci vint instantanément le frapper en plein cœur. 

      · · · • • • ✤ • • • · · · · 

    Une Ame Sœur Pour La Vie 

    · · · • • • ✤ • • • · · · ·  

     

    Dans ces rues sur lesquelles la pluie s'est abattue,

    La foule se fait rare et les peu de passants ne s'arrêteront pas pour moi.

    Les voitures qui passent parfois attisent la pluie paisible.

    Un oiseau vient de prendre son envol, puisse-t-il être intrépide. 

     

    Aucunes des silhouettes dans ces rues ne te ressemblent, 

    Et je fais des allers-retours seul, 

    Dans ton attente, dans ton attente… 

     

    En cette nuit, j'ai besoin de toi chéri, 

    Ne me connais-tu pas ? 

    Ne me connais-tu pas depuis le temps ? 

    Qui est en train de chanter, qui est en train de prier, là, en silence ? 

     

    Seul toi comprends mes rêves laissés pour compte. 

    Toi, qui es parti si loin de moi et dont seul subsiste la silhouette indistincte. 

     

    Des gouttes de tristesse me parviennent de plus en plus en mémoire, 

    La vie faisant incessamment réapparaître ces morceaux de souvenirs brisés. 

    Avant l'aube, je ravalerai toutes ces ténèbres en moi pour faire face à demain. 

     

    Je ne veux pas pleurer, je ne veux pas me sentir inquiet. 

    Caché sous mes couvertures, je crie à pleins poumons, 

    Je n'admettrai jamais la défaite. 

     

    Jun retira l'écouteur de son oreille, les yeux remplis de larmes. Bouleversé, il articula difficilement.  

    — Ming, est-ce que tu essaies de me dire ce que je pense, ou je…

    L'émotion eut raison de lui et il ne parvint pas à terminer sa phrase. Le cœur battant, Minghao s'approcha alors de lui et l'enlaça.  

    — Désormais je me battrais pour toi, comme tu l'as fait pour moi.

    À l'entente de ces mots, Jun vint s'agripper à son t-shirt et se mit à sangloter, sa tête posée dans le creux de son cou. Minghao, le sourire aux lèvres, reprit alors.  

    — Pardonne-moi… Pardonne-moi d'avoir été aussi lâche et de t'avoir fui. En vérité, lorsque tu m'as dit que tu m'aimais ce jour-là… J'ai pris peur.

    La tête toujours lovée dans la nuque de son junior, Jun demanda, la voix altérée par l'émotion.  

    — Pourquoi quelqu'un aurait-il peur qu'on lui déclare l'amour qu'on lui porte ?

    Le cœur battant, Minghao resserra son étreinte et prononça, embarrassé.  

    — C'est parce que… Tu dis tout le temps que tu aimes le soleil, et pourtant tu mets chaque jour de la crème solaire. Tu dis aussi que tu aimes la pluie, mais tu utilises toujours un parapluie pour t'en protéger… C'est pour ça que j'ai pris peur quand tu m'as dit que tu m'aimais.

    Jun se défit soudain de son étreinte et vint planter ses yeux dans les siens, l'air très sérieux. Tout en l'attrapant par les épaules, il dit. 

    — Minghao… T'es vraiment qu'un idiot. Tu réfléchis beaucoup trop, bon sang ! Est-ce que tu sais seulement le courage que ça m'a demandé pour me déclarer à toi ? Toutes ces choses que j'ai dû mettre en jeu ; comme notre amitié, notre quotidien ensemble et notre carrière à tous, avec le groupe ? Tu crois vraiment que j'aurais risqué tout ça pour une simple amourette dont je me serais lassé au bout de deux jours ? Combien de fois encore va-t-il falloir que je te le répète pour que tu me croies ? Je t'aime idiot ! Je t'aime à en crever ! Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?

    — Alors… Pourquoi est-ce que tu n'es pas resté à Shanghai, comme on se l'était promis ? Je t'ai attendu…

    Jun soupira et se mit à faire de grands gestes avec ses bras.  

    — J'avais besoin de réfléchir. Tu sais que j'ai du mal à me connecter à mes émotions, et… J'ai eu peur de te blesser en agissant de façon trop impulsive, comme je l'ai fait à notre dernière dispute. J'avais besoin de mettre de l'ordre dans mes sentiments pour te faire face comme il se doit. J'ai fui parce que… J'ai eu peur de te perdre à cause de mes actes. Tu comprends ?

    — J'aurais pu comprendre… Si tu avais pris la peine de me l'expliquer. Pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit ? Tu as préféré me quitter comme ça, sans un mot… 

    — Mais pas du tout, je t'ai laissé une lettre ! Tu as bien lu ma lettre, n'est-ce pas ? J'avais demandé à Éric de te la remettre…  

    Minghao fit une moue de surprise et abaissa le regard, embarrassé.  

    — C'est que… j'ai cru que c'était une blague des autres participants de l'émission. Après tout, ça ne te ressemble pas d'écrire des lettres d'amour…

    Jun vint attraper le menton de son junior du bout des doigts, l'obligeant ainsi à relever les yeux vers lui.  

    — Il y a plein de côtés de ma personnalité que tu ne connais pas encore… 

    — Hmm. Tu as raison, je te connais visiblement très mal. Yanan doit bien les connaître, lui, ces côtés de ta personnalité.

    Jun se mit à rire en observant Minghao faire preuve de jalousie.  

    — Décidément, tu ne lâches pas l'affaire avec Yanan. Il faut que tu saches quelque chose… Le jour où tu nous a surpris dans les bras l'un de l'autre, Yanan était simplement en train de me réconforter, après qu'une certaine personne aie brisé mon cœur en mille morceaux.

    À cette révélation, Minghao se sentit coupable et vint s'entortiller nerveusement les doigts, ne sachant quoi répondre. Jun le regarda faire, un sourire affectueux dessiné sur les lèvres, puis il reprit.  

    — Pour ce qui est de ces différentes facettes de ma personnalité, sache que je ne les ai jamais montrées à personne auparavant… Et je ne compte les montrer qu'à un seul et unique être sur cette terre ; à savoir, la personne que j'aime. Et cette personne, c'est toi.  

    Minghao se mit à rougir instantanément et répondit, d'une toute petite voix chargée d'émotions.  

    — Je… T'aime aussi.

    — Qu'est-ce que tu viens de dire, à l'instant ?  

    Le cœur de Jun se mit à palpiter avec violence tandis qu'un sourire béat s'afficha sur son visage.  

    — Tu as très bien entendu… Ne me force pas à répéter.

    — Non, justement… je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu. Ou plutôt, je préfère être sûr d'avoir bien entendu pour éviter toute confusion… Ce serait vraiment gênant si j'avais compris ce que tu viens de dire de travers et si ce que tu voulais dire n'était en fait pas ce que j'ai compris… Je suis à un stade où je préfère ne pas me faire de faux espoirs en vain, parce que mon cœur ne vas pas pouvoir le supporter très longtemps et je…

    — Jun… Tais-toi, tu parles trop.

    Sans lui laisser le temps de terminer son monologue, Minghao le saisit par la nuque et déposa ses lèvres sur les siennes, avec tendresse. En se détachant de lui après un temps, il demanda. 

    — Le message est passé, cette fois-ci ?

    Jun cligna des yeux, incrédule, et se mit à bégayer.  

    — M-Message reçu 5 sur 5… Mais quand même, je pourrais en avoir un autre, histoire d'être vraiment sûr ?

    Minghao repoussa Jun de ses mains, tandis que celui-ci tentait de l'enlacer.  

    — Même pas en rêve chéri !  

    Jun se stoppa. Il regarda son junior les yeux pétillants de bonheur et sourit. Minghao se rendit compte de ce qu'il venait de dire et se mit à rougir avec force, tout en bafouillant.  

    — T-Tu n'as rien entendu. Oublie ce que je viens de dire, compris ?

    Mais Jun se jeta sur lui et l'enlaça tendrement avant de répliquer.  

    — Trop tard, j'ai parfaitement bien entendu cette fois-ci, CHÉRI ! Est-ce que ça veut dire que… Tu acceptes d'être mon petit-ami ?

    Minghao vint placer ses bras autour de la taille de son aîné, afin de lui rendre son étreinte. Puis il colla de nouveau ses lèvres aux siennes, dans un rapide baiser, et murmura.  

    — Hmm. On est ensembles à partir de maintenant. Je promets de ne plus jamais lâcher ta main.

    Jun, heureux à n'en plus pouvoir, souleva Minghao par la taille et se mit à le faire virevolter dans les airs.  

    — Youhou, Youhou, Youhouhou !! Dans ta face Victor ! Minghao, ton âme-sœur ? Pff, laisse-moi rire ! C'est MON petit-ami, t'as entendu ? Vous entendez tout le monde ? J'ai un petit ami ! Bordel ! Je suis tellement heureux que je pourrais mourir, là, tout de suite ! Je suis putain d'amoureux ! 

    Jun redéposa finalement Minghao sur le sol et se jeta sur sa bouche. Il l'embrassa avec passion, leurs lèvres se mêlant l'une à l'autre avec la même intensité que les vagues venant s'abattre derrière eux. Lorsque leurs lèvres se détachèrent finalement, tous deux restèrent à se contempler amoureusement, le souffle coupé. Puis Minghao vint appuyer son front contre celui de son amoureux, tout en murmurant.  

    — Je t'aime, Junhui.

    À ces mots, Jun replongea sur le visage de son amant dont il embrassa les moindres recoins, avec bonheur. Minghao se mit à rire en tentant de l'éloigner.  

    — Jun, arrête ! Ça chatouille !

    — Minghao, je t'aime. Je t'aime tellement, si tu savais. Je t'aime plus que le soleil et la pluie réunis. J'aime tes yeux qui me regardent avec amour. J'aime tes sourcils lorsqu'ils se froncent d'inquiétude. J'aime ta voix éraillée par le plaisir, lorsque je te touche. J'aime tes oreilles qui rougissent légèrement lorsque je te  complimente. J'aime ton travail acharné et ta détermination. J'aime ta pudeur déguisée en indifférence. J'aime la façon dont tu passes ta main dans tes cheveux lorsque tu es contrarié. J'aime ton odeur. J'aime ton rire. J'aime la façon dont tu te mordilles la lèvre inférieure lorsque tu es anxieux. J'aime la façon que tu as d'aimer la musique. J'aime l'image que tu me renvoies de moi-même. J'aime lorsque tu es concentré ou plongé dans la lecture d'un livre. J'aime te voir pleurer, tu es tellement beau dans ces moments-là. Et j'aime t'entendre me demander de te serrer fort dans mes bras. J'aime ton… 

    Minghao vint interrompre le monologue de son amoureux en plaçant ses deux mains contre sa bouche.  

    — Stop, ça suffit ! Je suis trop gêné… Un mot de plus et je m'enterre dans le sable.

    Jun retira ses mains de sur sa bouche et vint les embrasser tendrement, avant de les serrer entre ses paumes.  

    — C'est pour que tu prennes conscience de mes sentiments une bonne fois pour toute… Je ne veux plus jamais que tu doutes de mon amour pour toi. Regarde !

    Jun vint placer les mains de Minghao contre sa poitrine battante.  

    — Tu sens mon cœur palpiter ? Ce que je ressens pour toi, je ne l'invente pas.  

    — Je te crois…

    Minghao prit à son tour la main de Jun qu'il vint placer contre sa poitrine, tout aussi battante.  

    — Tu vois… Je ressens exactement la même chose que toi. Moi aussi je suis tombé éperdument amoureux de toi.  

    Il restèrent un moment à s'observer l'un l'autre, émus aux larmes. Puis, ne pouvant finalement plus contenir sa joie, Jun se mit à sautiller et à courir dans tous les sens le long de la plage. Il se mit à faire des roues et des galipettes dans le sable, faisant au passage d'étranges mouvements avec sa tête et ses jambes. 

    Minghao le regarda agir aussi étrangement qu'à son habitude, le sourire aux lèvres ; c'était exactement pour ça qu'il était tombé amoureux de lui. Et il n'était pas prêt de se défaire de cet amour. 


    Notes
    1/ *gēge : "frère aîné" en chinois (c'est un peu l'équivalent du "oppa" coréen). 

    Night and Rain


  • Commentaires

    2
    Samedi 3 Avril 2021 à 17:40

    Merci Yoi Hikari. Il faut que je trouve le temps de me poser et de l'apprécier.

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