• Love me for who i am... (I'm Your King : August & Bright)

    Love Me For Who I Am

    J’ai l’impression d'étouffer, que mes poumons n'arrivent pas à m'apporter assez d'air. Je suis en train de réaliser que j'ai définitivement perdu celui qui était devenu mon ancre depuis des mois.

    Il y a presque un an, mes parents ont décidé qu'ils voulaient changer de vie. Ils voulaient tenter l'aventure aux Etats-Unis et peut-être vivre la grande vie, comme ils le montrent souvent dans les séries à la télé.

    Au début, même si cela voulait dire quitter mes amis et tout ce que je connais. J'étais excité à l'idée de les suivre, de découvrir ce pays fascinant. Je me voyais déjà rencontrer de nouvelles personnes, déambuler dans les rues New-Yorkaises et tout simplement grandir dans un nouveau pays.

    Mais ça, c'était avant que je ne comprenne que ma venue aux USA ne faisait pas partie des plans de mes parents. Eux s'exilaient et menaient la vie de leurs rêves sans moi. Je devais rester là, seul, finir mes études et ne pas me faire remarquer.

    Ils ont loué une chambre pour moi, puis ils sont partis sans se retourner. Je n'ai pas d'autre famille qu'eux et du jour au lendemain, je me suis retrouvé totalement seul. 

    Je n'aime pas attirer la pitié des gens, alors devant mes amis, je n'ai rien montré. Je ne leur ai même pas dit que mes parents ne vivaient plus en Thaïlande. Je sais que je peux avoir confiance en eux, seulement pendant quelques heures, au lycée je peux faire comme si tout était normal, comme si j'allais rentrer le soir et alors ma mère serait là pour m'accueillir et non pas le silence froid de mon petit appartement.

    Le sentiment d'abandon s'est tellement approfondi au cours des mois, que j'ai la sensation de me noyer. J'ai d'ailleurs fini par craquer il y a six mois, quand un professeur qui pourtant connaît ma situation, a demandé à voir mes parents pour discuter de la baisse de mes notes.

    Les larmes me sont montés aux yeux, j'étais incapable de les retenir. Personne n'allait venir discuter avec lui, puisque je n'ai absolument personne auprès de moi. Je me suis dépêché de quitter la classe, dans l'idée de fuir le lycée pour pouvoir laisser libre court à mon chagrin discrètement.

    Je n'avais pas pris en compte le fait que je bouscule New dans un couloir. J'ai tenté de fuir, de ne pas lui montrer mes émotions, ma tristesse, ma faiblesse. Je n'arrive pas à expliquer comment il s'y est pris mais, après m'avoir traîné dans une pièce vide, je me suis retrouvé à pleurer à chaudes larmes dans ses bras qui me maintenaient très fort contre lui.

    Il m'a gardé contre lui sans rien dire, sans me juger ou se moquer. Il m'a laissé évacuer ma peine, écoutant mon histoire entremêlée de sanglots sans tenir compte de sa chemise trempée par mes larmes. 

    Je suis incapable de dire combien de temps je suis resté dans ses bras, mais je me suis surtout rendu compte que je ne voulais pas les quitter. Quand j'ai enfin trouvé le courage de lever la tête pour le regarder, il s'est contenté de me sourire avec tendresse et mon cœur s'est emballé.

    Je n'ai réfléchi à rien à cet instant précis. Juste au bien-être de l'avoir près de moi et je l'ai embrassé. Si moi j'étais totalement clair sur ma sexualité, je n'avais aucune idée de ce que ressentait New. Un instant je me suis attendu à ce qu'il me repousse et me frappe, mais au lieu de ça, sa bouche a glissé contre la mienne et son étreinte s'est faite plus étroite. Là j'étais certain d'une chose, son baiser était la meilleure chose qui me soit arrivée et je ne voulais plus jamais que New s'éloigne de moi.

    Au fil des semaines notre histoire s'est renforcée, on s'est beaucoup rapprochés et j'étais sûr que nous nous aimions, que notre couple était fort.

    Moi, je voulais l'annoncer au monde entier. Lui tenir la main, l'embrasser entre deux cours au lycée et qu'il me prenne dans ses bras à chaque fois que la sensation d'étouffement se faisait trop présente. C'est mon rêve, mais lui est beaucoup plus réservé et timide. J'ai donc toujours accepté sa demande de ne pas en parler à qui que ce soit. 

    Aux yeux du monde, nous ne sommes que de simples amis. C'est pourtant avec lui que j'ai vécu la majorité de mes premières fois et même maintenant alors que je réalise certaines choses, je ne les regrette pas et je ne veux pas que New s'éloigne. Seulement, j'ai peur qu'il soit déjà trop tard.

    Je sursaute quand un bruit sourd retentit contre ma porte, me ramenant au moment présent. J'ouvre les yeux, mon regard baigné de larmes tombe sur la chambre louée par mes parents, elle est sens dessus dessous et les sanglots qui me font hoqueter redoublent.

    — August… 

    Sa voix douce et inquiète s'élève et je me sens trembler violemment.

    — Bright… va t’en…

    Je réponds faiblement. Ma voix est faible, rauque et cassée pourtant, je sais qu’il m’entend. Je pose mes poings contre mes yeux pour essayer de m'éclaircir les idées, pour oublier tout ce qui s'est passé depuis que cette soirée a complètement changé nos vies et nos relations.

    Bright continue de tambouriner à ma porte, me suppliant de le laisser rentrer et mon cœur accélère. Je l'ai toujours vu comme un ami, pas spécialement proche, mais je l'ai toujours apprécié, seulement depuis notre rendez-vous imposé, il a pris une place étrange dans ma vie et dans mon cœur.

    Je devais simplement l'aider à être plus à l'aise avec Som, la fille de sa classe pour laquelle il craque depuis des années maintenant. Les choses ont complètement dérapé pourtant et depuis, notre baiser se joue et se rejoue dans ma tête.

    Je me surprends à penser à lui, à le chercher du regard, à me demander ce qu'il peut être en train de faire. J'essaie de ne pas le faire, chaque fois je me rappelle que celui que j'aime c'est New, que celle qu'il aime c'est Som.

    Bright ne m'aime pas, comme il l'a toujours dit, il est attiré par les femmes, il aime Som et moi, je ne suis que l'attrait de la nouveauté, une nouvelle expérience. Je sais que maintenant qu'il a pu assouvir sa curiosité avec celui qui n'est que son ami, il va m'abandonner comme tous ceux qui sont censés tenir à moi. Il va retourner vers Som et les filles et cette idée fait redoubler mes pleurs.

    Cependant, même en sachant cela, je n'arrive pas à regretter la nuit que l'on a passée ensemble. Après qu'il se soit endormi, j'y ai réfléchi de longues heures. Je me sens coupable d'avoir trompé New, d'avoir laisser Bright me posséder, mais en même temps, j'ai encore envie de sentir la présence de ce dernier près de moi, contre moi, en moi.

    Je ne sais pas ce qui se serait passé si je n'avais pas lu le message de New sur le portable de Bright tout à l'heure. Ce message qui m'a fait comprendre que New n'a jamais été totalement avec moi, que pendant qu'il m'embrassait, disait m'aimer et me possédait, en fait son cœur battait pour un autre. 

    Ses paroles de la vieille m'étaient revenues en tête comme plein de petits poignards aiguisés. Il aime Pond, pas moi, je ne sais pas ce que je représente pour lui, au mieux un substitut. Je me suis senti craquer en me rendant compte qu'il n'avait aucune hésitation à me faire quitter sa vie.

    Bright était là, essayant de me soutenir, mais contre toute attente, je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état. Ce qui est vraiment idiot quand on sait comment il m'a retrouvé hier soir.

    Je l'ai mis dehors, ignorant ses supplications, ignorant la douleur de le voir s'éloigner. J'ai rapidement fermé la porte à clé derrière lui et je me suis laissé glisser le long du mur, incapable de m’éloigner de la porte, mes jambes ne me portaient plus et j’ai éclaté en sanglots.

    J'ai la sensation d'être brisé, celui qui maintenait mon cœur fragile entre ses mains depuis des mois, l'a lâché sans regret et maintenant il est complètement brisé. Je ne suis pas certain de pouvoir me relever un jour de ce nouveau départ, pas quand je me rends compte que je ne suis rien pour personne.

    Je n'ai qu'une seule envie, rester seul à jamais, me cacher sous ma couette et essayer d'oublier toute cette histoire. Je me demande vaguement si je peux demander à mes parents de changer de lycée, mais à cette idée je me mets a trembler comme une feuille, glacé malgré la chaleur environnante et je me remets à pleurer à gros sanglots.

    — Je ne partirai pas August…

    Je tourne brusquement la tête vers la porte quand il reprend la parole. Il ne tapait plus à ma porte depuis plusieurs minutes et je pensais qu'il s'était finalement lassé et qu'il était parti rejoindre Pond et les autres. Après tout, on n’est rien l'un pour l'autre, il ne me doit rien.

    Je ressens une sensation de chaleur au creux de ma poitrine qui allège légèrement ma souffrance. Sa voix est douce et réveille une nouvelle fois les souvenirs de la veille, légèrement flous à cause de l'alcool.

    Je ferme les yeux et si je ne lui réponds pas, mes pleurs se calment un peu. Repenser à notre nuit m'apaise, il a été là pour moi, il était inquiet pour moi et m'a donné un soutien sans faille. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à chercher plus, mais quand je l'ai embrassé je le désirais vraiment. Ce n'était pas de la vengeance ou pour oublier, je voulais juste être avec lui.

    Mon cœur accélère quand je repense à ce baiser et aux nombreux autres qui ont suivi. Je me suis offert à Bright, un abandon total et lui n'a pas juste pris ce qu'il voulait, non c'était un partage. En y repensant, je sais qu'il s'est aussi offert. 

    On a fait l'amour cette nuit, je ne peux pas le définir autrement alors que c'était tellement tendre et intense à la fois. Entre ses bras je me suis senti aimé, désiré et même si je ne veux pas comparer, chaque sensation avec Bright était plus forte, plus réelle que quand je faisais l'amour avec New.

    Tout se mélange dans ma tête, l’absence de mes parents, ma relation avec New, le départ de Pond, mes sentiments pour Bright, je vais sûrement devenir fou. 

    — ...Ouvre-moi s’il te plait.

    Son ton est suppliant et j'entends un sanglot s'étouffer dans sa gorge. Mon cœur se serre, je suis égoïste, je ne pense qu'à moi alors que je le fais souffrir aussi. Je me fiche qu'il me voit faible, je veux juste qu'il soit heureux. Je le veux près de moi, je veux le voir sourire grâce à moi. Oui, je veux avoir quelqu'un près de moi, ne plus être seul et c'est la raison pour laquelle je voulais tant avoir New à mes côtés, mais jamais je n'ai ressenti le besoin de le rendre heureux à tout prix.

    J'ai l'impression de me prendre une gifle alors que j'ai cette révélation. Je ne comprends pas encore bien ce que cela veut dire, mais je sens que je suis sur la bonne voie.

    Je tente une première fois de m'essuyer les joues, d'effacer mes larmes, mais elles se retrouvent rapidement humides à nouveau. Je prends une profonde inspiration avant de me redresser suffisamment pour atteindre la poignée et le verrou que je tourne pour que Bright puisse rentrer.

    Je me réinstalle contre le mur, les genoux contre mon torse. Je fixe mes doigts, me demandant si je prends la bonne décision, il ne m'a rien promis et je sais que le risque qu'il m'abandonne pour rejoindre Som est élevé. Je n'ai pas le temps de tergiverser davantage car j'entends la porte qui s'ouvre et je retiens ma respiration, nerveux.

    Mon cœur tape dans ma poitrine quand il entre avant de refermer la porte derrière lui. Je ne vois que ses jambes mais je n'ose pas lever les yeux pour croiser son regard. Je n'ose pas le regarder, j'ai peur d'y lire de la pitié et ça je sais que je ne le supporterais pas.

    Il règne un calme étrange dans la chambre alors qu'il s'approche de moi en silence. Il s’agenouille à côté de moi, passe sa main dans mes cheveux et je ferme les yeux car j’aime la sensation. Les larmes qui avaient commencé à se tarir reprennent de plus belle.

    — August, regarde-moi. 

    Il murmure comme s'il avait peur de lever la voix. Je secoue rapidement la tête et il soupire doucement. Il ne fait aucune remarque, pas de blague, pas de moquerie. Il se contente de s'asseoir contre le mur à côté de moi, puis il passe son bras autour de mes épaules et m’attire à lui. Je me laisse faire, je pose ma tête contre son torse, mon bras entoure son ventre et je savoure quand je sens son étreinte se faire plus forte.

    Deux sentiments se battent à l'intérieur de moi. Une sensation d'apaisement quand je me retrouve entouré par sa chaleur et une sensation de peine extrême quand je comprends que malgré ce que je veux, je dois laisser partir New.

    J'éclate en sanglots, je laisse éclater le chagrin qui m'accompagne depuis près d'un an et que je cache depuis bien trop longtemps.

    Sa main caresse mon dos en cercles lents. Il ne dit rien, il me laisse tranquillement exprimer mon mal être sans chercher à le réprimer. A plusieurs reprises je sens ses lèvres se poser sur le sommet de ma tête. Il me maintient serré contre lui alors que mes doigts sont agrippés à sa chemise, ne voulant pas qu'il s'éloigne de moi. Il ne montre aucune impatience alors que je reste un long moment à pleurer contre lui. 

    — Tout va bien se passer. Je suis avec toi.

    Il prend finalement la parole quand il sent que je me calme. Je prends une grande inspiration, je ne bouge pas, je me laisse bercer par les battements de son cœur que j’ai entendu si souvent ces derniers jours.

    Malheureusement, avec le calme revient le questionnement. Est-ce qu’il sera vraiment là pour moi ? Est-ce que ce que je ressens pour lui est réel ou bien je m’accroche à lui parce que je suis désespéré ? Je veux croire que ce qui s’est passé entre nous depuis la soirée est réel, que ce n’est pas juste de la curiosité pour lui, qu’il ne partira pas quand il l’aura assouvi. 

    J’ai tellement peur d’être encore une fois sur la mauvaise route, de confier mon cœur aveuglément et de le détruire un peu plus. C'est la raison pour laquelle je décide de lui offrir une porte de sortie. J'espère qu'il comprendra, que s'il le veut, je le laisse partir, il ne doit pas se sentir coupable. Il ne me doit rien et je ne lui en voudrai même pas.

    — Pond va t’attendre, tu devrais aller les rejoindre.

    Je ne reconnais pas ma voix, elle est l’ombre d’elle-même, elle me donne l’impression d’être éteinte. Malgré mes propos, rien chez moi ne montre que je veux son départ. Au contraire, j'ai tendance à me rapprocher de lui. D'ailleurs à peine les mots sortent de ma bouche qu'il resserre son étreinte autour de moi et je ne peux pas empêcher un petit sourire de soulagement d'apparaître sur mes lèvres. 

    — Je t’ai dit hier, que j’étais à tes côtés. Si tu restes là, alors je ne bouge pas. La seule chose que je veux, c’est que tu réussisses à leur pardonner avec le temps. Je ne veux pas que tu les détestes. 

    Sa réponse allège ma poitrine même si je ne peux pas m'empêcher de grimacer.  Je sais qu'ils n'ont rien fait de mal, qu'ils ne voulaient pas me blesser intentionnellement. Ils s'aiment et je ne peux pas leur en vouloir et c'est peut-être ça le plus difficile finalement. Je n'ai rien contre quoi diriger la colère qui bout en moi, je voudrais exploser de rage contre eux, leur faire du mal comme moi je souffre, mais je ne peux pas.

    Quand New s'est rendu compte de ce qu'il se passait, il en a parlé franchement avec moi et je sais qu'il doit s'inquiéter pour moi à l'heure actuelle. Il ne m'aime pas comme je l'aurais voulu, mais il tient à moi, ça j'en suis persuadé.

    Pour la première fois depuis qu'il est rentré dans l'appartement, je lève les yeux vers lui. Mon cœur rate un battement quand nos regards se croisent. Il y a de l'inquiétude dans le sien, mais aucune trace de pitié ou de moquerie.

    J'arrive à lui faire un petit sourire auquel il répond aussitôt de la même manière, mais avec de la tendresse en plus.

    — Mais lui, il t’attend. 

    Je murmure sans le quitter des yeux. Je ne sais pas pourquoi j’insiste tant pour qu’il parte alors que mon corps montre bien que je veux qu’il reste. Il me caresse un instant la joue et les lèvres et j'essaie de comprendre à quoi il pense. Seulement, à ce moment-là, il se redresse afin de saisir son téléphone qui se trouve sur le sol à côté de moi. Je ne lui ai pas rendu quand je l'ai mis dehors et je l'ai juste posé là quand je me suis effondré. 

    J'ai l'impression d'avoir le cœur au bord des lèvres car je suis persuadé qu'il rassemble ses affaires pour partir. Les larmes aux yeux, je tente de me relever dans l'idée de le laisser faire.

    — Ne bouge pas.

    Sa voix est ferme alors qu'il m'empêche de bouger davantage. Il me ramène contre lui et cette fois, mon dos est appuyé contre son torse, entouré de ses bras. Il tape rapidement un message que je peux lire en même temps car il ne cherche pas à le cacher.

    Bright : Je ne pourrai pas venir à l’aéroport. Bonne chance mec !

    Mon sourire s’agrandit quand je comprends ce qu’il écrit, je prends une grande inspiration alors que le poids sur ma poitrine vient de totalement disparaître. Il m’a choisi, je lui ai laissé le choix et il ne veut pas partir pour rejoindre notre ami, non, il préfère rester près de moi.

    Je ne sais pas quelle est notre relation pour le moment, amis, amants ou amoureux. C'est flou et je sais qu'il faudra que l'on en parle sérieusement tous les deux. Pourtant il vient de me prouver que j'étais important pour lui et ça me fait un bien fou.

    Nos yeux se croisent à nouveau et je me mordille la lèvre un moment alors que mon cœur accélère soudain. Il m'a demandé de ne pas les détester, que lui serait là pour moi et il vient de me le prouver. A moi maintenant de faire un pas vers lui, pour lui montrer que lui aussi compte pour moi et que je veux le choisir.

    — Je dois passer un appel. 

    Je prends rapidement ma décision sans trop y réfléchir. Ma voix est triste et fatiguée, mais elle n'est plus tremblante comme avant. Il ne me retient pas cette fois quand je me relève. Je réprime le petit frisson qui me parcourt le dos quand je ne suis plus au chaud contre lui.

    Je me sens un peu flageolant quand je fais quelques pas pour rejoindre mon téléphone que j'ai abandonné près de mon lit. Je mets ça sur le compte de la gueule de bois, de ma nuit blanche et de la tornade d'émotions qui ne s'apaise pas depuis deux jours.

    Je prends rapidement mon téléphone, ma main est ferme et c’est avec détermination que je compose le numéro de téléphone de celui qui est mon ami depuis de longues années. Je sens le regard de Bright sur moi et je lui tourne le dos pour pouvoir avoir le courage de dire les choses sans perdre le fil.

    [— Allo !] 

    Sa voix hésitante s'élève quand il décroche.

    — Je te laisse New. 

    Je n’avais pas prévu ce que j’allais lui dire, et je suis vraiment surpris que ce soit ce qui sort en premier dans la conversation. Pourtant ces mots sont criants de vérité. J'ai compris que me battre pour New ne servirait à rien. Il aime Pond et moi je ne suis même plus sûr de ce que je ressens pour lui. Si je venais à m'entêter, je briserais simplement cette amitié déjà mise à mal et je ferais du mal à tout le monde. 

    [— Je suis désolé…] 

    Il hésite un instant avant de s'excuser et un petit sourire douloureux se place sur mon visage. La situation est tellement absurde et je sais au fond qu’il ne voulait pas me faire de mal, qu’il n’avait pas programmé que les choses se passeraient comme ça, même si c’est dur à accepter. 

    — Prends soin de toi. Un amour longue distance, c’est dur à gérer dans le temps.

    C'est tout ce que je peux lui répondre. Une manière de lui dire que tout va bien, qu'il est mon ami et que je crois notre amitié assez forte, assez réelle pour surmonter cette épreuve. Dans le fond je veux qu'ils soient heureux, qu'ils se battent pour l'être tout autant que je vais le faire pour l'être également.

    [— Oui. Je suis désolé.] 

    Je soupire doucement, la situation est difficile et il faudra du temps pour que l'on se sente de nouveau à l'aise. Si ma voix est claire et presque joyeuse, mon menton lui tremble alors que je lutte pour ne pas craquer à nouveau.

    Je ne veux pas qu’il parte en s’inquiétant pour moi, après tout, je n’aime pas que les gens s’inquiètent pour moi, c’est pour ça que je ne parle jamais de moi. Alors je suis bien décidé à ce qu’il soit serein sur la situation et qu'il puisse profiter de ce qui sera le voyage de sa vie.

    — Combien de fois tu vas t’excuser ? Ne t’inquiète pas. 

    Je le gronde légèrement après qu'il se soit à nouveau excusé. Je me retourne pour faire face à Bright. Il doit arrêter de s’en vouloir et de s’inquiéter car au fond de moi, j’ai l’impression que tout va bien aller. Nos regards se croisent et il m’observe un petit instant avant de me faire un petit signe de tête pour m’encourager à continuer, pour me donner de la force et me montrer qu’il sera mon soutien.

    — Je vais super bien. 

    Je ne lui mens même pas, j'exagère peut-être mais dans le fond ça va. La bienveillance et la présence de Bright m'aident à mettre un terme à toute cette histoire. Je prends une profonde inspiration et je me tourne vers la fenêtre car je sens que malgré tout, je dois couper court à la conversation. Ma voix est en train de flancher,  je sens le contrecoup arriver et Pond ne doit pas assister à ça sinon ça n'aura servi à rien. 

    — Bien, bien. Prends soin de toi.

    [— Hum. D’accord.]

    Je raccroche sur ce dernier échange et mon bras retombe le long de mon corps. Je me sens plus léger et en paix avec moi-même, mais je sais que ça restera douloureux un certain temps.

    J’ai le regard perdu dans le vague, les yeux fixés sur l’extérieur. Je suis perdu dans mes pensées, ce coup de fil était là première étape. Bientôt, je devrai rencontrer New, discuter avec lui et mettre les choses à plat en espérant qu'il sera possible de sauver notre amitié. 

    Il y a aussi Bright, il faudra mettre des mots sur ce que l'on est l'un pour l'autre. Et le plus important, je dois prendre le temps de guérir, d'apprendre à ne pas être dépendant de l'affection des autres et d'être sûr de ma propre valeur. 

    Je ferme les yeux un instant, submergé par tout ce qu'il reste à régler. Je me sens légèrement tanguer et le contrecoup que j'apercevais au téléphone se fait puissamment ressentir. La fatigue prend le dessus, je me sens lourd et je veux simplement m'allonger et dormir quelques heures.

    Malheureusement, même s'il est encore très tôt, il y a cours aujourd'hui et je ne sais pas comment je vais réussir à tenir une journée entière, à faire semblant que tout va bien. Je ne m'en sens absolument pas capable.

    Je sursaute légèrement quand je sens deux bras s’enrouler autour de ma taille et que le torse de Bright se colle à mon dos. Je prends une profonde inspiration en essayant de détendre les muscles de mon corps.

    — Je suis fier de toi. 

    Il murmure près de mon oreille et je me sens rougir. Sa bouche se pose sur ma nuque et un frisson court le long de ma colonne vertébrale. Et je retiens difficilement un petit son qui veut sortir de ma gorge. 

    Certes, on n'est pas en couple, mais on n’est pas des amis pour autant. Des amis ne se comportent pas comme ça. Il m'enserre à nouveau dans un cocon de chaleur et je m'y sens bien. Il ne faut pas longtemps pour que je laisse ma tête tomber contre son épaule.

    — J’ai peur que tu te réveilles demain et que tu te rendes compte que c’est Som que tu veux.

    Je finis par avouer ce qui me tracasse encore. Il ne veut peut-être pas que notre relation aille plus loin, mais je dois en avoir le cœur net. Sans quoi, cette peur reviendra encore et encore jusqu'à devenir ingérable. Je veux savoir si je dois faire disparaître ces sentiments naissants ou bien si je dois nous laisser une chance de m'attacher.

    Je sens son soupir dans mon cou et quand il me fait pivoter pour que nous soyons face à face, je me laisse faire, un peu timide et gêné par ce qu'il va se passer. Ses bras se posent sur ma taille et il me serre fortement contre lui, nos visages sont proches l'un de l'autre et j'en ai le souffle coupé. 

    Je ne veux pas comparer les deux, mais une fois de plus je comprends que ma relation avec New n'était pas ce que j'imaginais. On se tenait la main, on s'embrassait et parfois on faisait l'amour, mais jamais il n'y a eu cette alchimie entre nous. 

    — Je ne peux pas te promettre que notre histoire durera jusqu’à la fin des temps, mais c’est toi que j’ai choisi, c’est toi qui a fait battre mon cœur et c’est avec toi que j’ai envie de construire quelque chose.

    Je ne le quitte pas des yeux pendant qu’il parle. Mon cœur bondit à plusieurs reprises dans ma poitrine. Il ne me fait pas de promesses impossibles à tenir, mais il veut tenter quelque chose avec moi. Je passe mes bras autour de son cou et je lui souris pour de vrai, pas ce sourire de façade de ces six derniers mois, un sourire franc et réel.

    — Je veux aussi construire quelque chose avec toi. 

    Je reprends ses mots pour lui montrer que je veux la même chose que lui. Je passe mes bras autour de son cou et je ne sais pas qui fait le premier pas, je pense sincèrement qu’on s’est avancé tous les deux en même temps, mais nos lèvres se retrouvent collées l’une contre l’autre et c’est un baiser doux et tendre. Aucun de nous ne cherche plus et je savoure juste les sensations qu’il éveille en moi.

    On pose nos fronts l'un contre l'autre et je ressens la tranquillité m'envahir. J'ouvre les yeux et je lui souris, apaisé, en lui caressant lentement les joues.

    — On va prendre notre temps toi et moi mais avant toute chose, tu dois te reposer.

    Il dépose un baiser sur mon front et je me sens soudain épuisé. Lentement, il me fait reculer vers le lit et je me laisse faire. Je sais qu'il n'a aucune idée derrière la tête. On s'allonge tous les deux, ma tête se pose sur son torse et je souris en coin quand j'entends le son de son cœur qui bat aussi rapidement que le mien. 

    — Bright, embrasse-moi encore.

    Je lève la tête vers lui en faisant cette demande. Il n'hésite pas une seconde et nos lèvres se scellent rapidement. Elles bougent l'une contre l'autre avec envie et je me sens heureux. Il s'éloigne beaucoup trop rapidement à mon goût et rit légèrement quand il voit que je cherche à retrouver ses lèvres.

    — Tu devrais dormir August. 

    Il me parle tout en posant plusieurs baisers sur ma bouche. Ensuite, il embrasse mon front, nos jambes s’emmêlent et je pousse un petit soupir de bien-être quand il pose la couette sur nous. 

    — Mais on doit aller au lycée.

    J'essaie de lutter au maximum contre le sommeil, de me montrer responsable. Bright en a décidé autrement cela dit, il commence à caresser lentement mon dos, à passer sa main dans mes cheveux et petit à petit je me sens perdre la lutte.

    — On ira demain, aujourd’hui on reste au lit. 

    Son ton est sans appel, il a décidé que l'on devait se reposer et je n'ai ni la force, ni l'envie d'aller contre. Il m'a serré dans ses bras de la même façon après que l'on ait fait l'amour cette nuit. Pourtant je n'en avais pas profité et dès qu'il s'était endormi, je m'étais levé pour me mettre sur mon petit fauteuil et le regarder dormir.

    Là, une chose est sûre, rien ne me fera quitter ses bras. Je me sens trop bien et le sommeil commence déjà à m'emporter. Enfin, seulement jusqu'à ce qu'une idée me traverse l'esprit et ne me force à me redresser.

    — Promets-moi que plus jamais on ne jouera au jeu du roi ? 

    Ce jeu m'a fait rencontrer celui qui semble être ma bonne personne. Mais à cause de ça on a failli perdre bien plus. Il rit doucement avant de me forcer à me rallonger contre lui. Il embrasse ma tempe avant de répondre.

    — Je te le promets.

    Je me détends complètement et me sens en sécurité dans ses bras. J'ai toute confiance en lui et en l’histoire que nous allons construire ensemble à l'avenir et je m'endors rapidement sans plus penser à rien d'autre.



  • Commentaires

    2
    Samedi 4 Juillet 2020 à 09:48

    Merci pour les fanfictions ! je vais les dévorer

      • Lundi 27 Juillet 2020 à 18:37

        De rien j'espère que  ça t'aura plus.

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