• Fake Boyfriend (Copter & Bas)

    Fake Boyfriend

    — Copter, quand est-ce que tu vas nous présenter ta petite amie ? 

    Je soupire profondément en tenant un peu plus fermement mon téléphone dans ma main. Je jette un coup d’oeil gêné à mon meilleur ami qui se trouve juste à côté de moi et qui entend forcément toute la conversation.

    — Maman… tu sais très bien que ce n’est pas comme ça… 

    Ma mère m’a accepté comme je suis, pourtant à chaque période de Noël, c’est la même rengaine, peut-être parce que son anniversaire tombe au même moment et qu’elle se sent vieillir, mais depuis que j’ai quitté ma ville natale pour m’installer à Bangkok, c’est chaque année le même coup de téléphone.

    — Oui je sais, je sais, mais… je veux avoir des petits-enfants avant de mourir. 

    Est-ce que je vais vraiment devoir lui faire un cours d’anatomie. Je frissonne d’épouvante rien qu’à cette idée et me frotte le visage. Puis je soupire longuement avant de répondre sur un ton fatigué.

    — Maman… tu en as déjà deux. Souviens-toi que tu as une fille aînée qui a eu deux magnifiques enfants. 

    Tee pouffe de rire à côté de moi, essayant d’être le plus discret possible, mais il ne m’aide pas à garder mon sérieux. Il faut dire toute la conversation est complètement dingue. 

    — Et tu sais que je ne pourrais pas avoir d’enfant… 

    Oui c’était dur à dire et peut être à entendre, mais en aimant les hommes, il sera quasiment impossible pour moi d’avoir un enfant un jour, il faut vraiment qu’elle se mette cette idée en tête.

    Le silence s’éternise à l’autre bout de la ligne, tant et si bien que je finis par jeter un coup d’oeil à mon téléphone pour être sûr que la conversation n’a pas été coupée. Elle doit être en train de réfléchir à sa prochaine phrase et finalement elle se lance. 

    — Mais je me sentirais tellement plus rassuré si tu avais quelqu’un dans ta vie pour prendre soin de toi tous les jours. 

    Je ferme les yeux en soupirant une nouvelle fois, ses répliques je les connais par coeur, comme un vieux rodéo que l’on pratique depuis des années maintenant. Seulement, mon taureau s’enraille soudain et je chute quand je réponds excédé, sans même réfléchir à ce que je réponds 

    — Maman, je n’ai pas besoin que l’on prenne soin de moi, mon petit ami n’est pas mon employé de maison. 

    Un bruit de verre brisé me fait sursauter et je me tourne vers Tee sans comprendre sa réaction, alors qu’il me regarde les yeux écarquillés.

    — Je le savais mon fils… tu as un petit ami… Oh c’est merveilleux ! 

    Je sursaute une nouvelle fois quand elle s’exclame d’une voix aiguë et je suis toujours perdu, je ne comprends pas ce qui est en train de se passer. Comment est-on passé de je n’ai personne dans ma vie à une mère hystérique qui s’émerveille à cause de mon… petit ami.

    — Quoi ?

    Tout va trop vite, c’est quoi ce délire, je regarde Tee le suppliant de m’aider à comprendre, mais il peut juste se frapper le front avec sa main d’un air incrédule. Et moi je n’arrive pas à expliquer à ma mère qu’elle se trompe, elle ne m’en laisse pas le temps.

    — Tu voulais me faire la surprise quand tu l'amènerais à la maison pour fêter Noël. Promis mon chéri je ferais semblant d’être surprise. Je t’aime, j’ai hâte de le rencontrer. Bisous. 

    Une tornade vient de me passer dessus alors qu’elle raccroche sans me laisser le temps d’en placer une. Elle coupe la conversation et je me retrouve comme un con avec le téléphone contre l’oreille. 

    Je lève les yeux vers Tee qui éclate de rire quand il voit mon expression. Je me repasse lentement la conversation avec ma mère dans ma tête pour essayer de comprendre à quel moment les choses ont dérapé.

    — Je suis pressé de voir qui tu vas présenter à ta mère. 

    Il est presque à se rouler par terre tellement il rigole, mon meilleur ami ne m’est actuellement d’aucune utilité. Je pince l’arrête de mon nez entre mon index et mon pouce sentant la migraine arriver.

    — Mais… Tee, je n’ai jamais dit que j’avais quelqu’un dans ma vie. Pourquoi elle a cru ça ?

    — Oh si, si tu lui as bien dit. Il n’y avait pas plus clair et ta mère attend ça depuis des années. Tu as donc… deux jours pour trouver un mec à ramener chez toi. 

    Il s’approche de moi et me tapote l’épaule avec un petit sourire en coin et un regard compatissant. 

    — Je voudrais tellement être une petite souris pour voir la tête de ta mère quand tu vas débarquer seul. Dommage que je travaille ce jour-là.

    Je ne veux même pas imaginer l’enfer que deviendra ce repas de famille si je débarque seul. Je dois trouver une solution, et vite, car elle n’acceptera jamais l’excuse, du ‘désolé il n’a pas pu venir, il avait trop de boulot.’ ou ‘désolé maman, mais on a rompu juste avant de monter dans la voiture pour venir.’ Je suis un homme mort si je ne trouve pas un petit ami rapidement.

    Mon regard s’illumine soudain alors qu’une idée brillante me passe par la tête. 

    — Tee ! Sors avec moi, soit mon petit ami. 

    Je l’attrape par le bras le tenant face à moi et le supplie du regard, pour un peu je me mettrai à genoux pour qu’il accepte. Tee soupire en posant ses mains sur ses hanches avant de me regarder en haussant un sourcil. 

    — Copter ? Je sais que tu es mon meilleur ami, mais… tu penses sérieusement que ta mère à qui j’ai présenté mes trois dernières petites amies et lui loue mon amour pour les poitrines va croire que soudain… je préfère… le pénis de son fils ?

    Je sais qu’il a raison, ma mère connait Tee depuis des années maintenant et jamais elle ne pourra croire que soudain on est fou amoureux l’un de l’autre. 

    — Ok, ok ! Aide-moi à trouver quelqu’un ! Je t’en pris.

    — Très bien, laisse moi regarder dans mes contacts. 

    Il se laisse tomber dans le canapé et tient son téléphone à la main 

    — Qu’est ce que tu penses de Phi Time ?

    Je grimace, je suis peut être désespéré mais pas à ce point là quand même. 

    — Tu rigoles, il me court après depuis des mois. Si je lui propose ça, il va se faire des films et ne plus me lâcher du tout.

    On continue comme ça pendant un long moment, il me propose des noms et je les rejette tous pour X ou Y raisons. Il arrive au bout de sa liste en soupirant. 

    — Tu te rends compte qu’on te cherche pas un vrai petit ami quand même ? 

    Je rougis à sa remarque, j’essaie de me reprendre en repassant tous les noms qu’il m’a déjà cité, mais je n’arrive pas à m’imaginer les présenter à ma famille, même si c’est juste pour faire semblant. 

    — Peut-être que Nong Bas pourrait le faire

    — Tu laisserais ton petit frère le faire ? 

    Je m’imagine présenter Nong Bas à ma mère et au reste de ma famille et je dois dire que l’idée est plutôt plaisante. Bas est mignon, gentil et toujours souriant et comme on se connait déjà bien, ce sera plutôt facile de faire croire que l’on sort ensemble.

    — Il suffit de lui demander tu sais. 

    Je suis quand même surpris que Tee propose son frère comme ça, lui qui habituellement, le protège d’absolument tout. 

    — Je l’appelle, je suis sûr qu’il sera heureux de t’aider.

    Je soupire de soulagement et je me détends alors que Tee s’éloigne pour discuter avec son frère. Je dois être dans ma ville natale dans deux jours et si tout se passe bien, alors Bas sera près de moi et ma mère me laissera tranquille quelque temps.

     

    Les deux jours sont passés à une vitesse folle, mais alors que la voiture s’engage sur l’autoroute quand je quitte Bangkok, je suis serrein. Je tourne rapidement la tête sur le côté pour voir le jeune homme qui se trouve à côté de moi et qui observe le paysage en silence et j’ai un petit sourire au coin des lèvres. Je reporte mon attention sur la route et me dis qu’il nous reste maintenant un peu plus de deux heures pour mettre au point notre histoire.

    Bas avait cours et on n’a pas pu se voir avant de partir, alors on ne s’est pas encore mis au point. Et on a intérêt d’être bon, parce que ma mère ne laissera passer absolument aucun détail sur notre rencontre et notre vie ensemble. 

    — Merci pour ton aide. Ma mère… s’est emballée et je sais que rien de ce que je dirais ne lui fera entendre raison.

    Du coin de l’oeil, je peux voir le jeune homme se tourner vers moi avec un petit sourire. Il est calme, pas anxieux et ça m’aide à me détendre un peu plus. 

    — De rien Phi. Je suis content de pouvoir t’aider.

    Le silence retombe un moment et c’est agréable, je ne ressens pas le besoin de obligatoirement combler les blanc et c’est apaisant. Pourtant au bout d’un moment j’y suis obligé sinon ce week-end sera un véritable désastre.

    — Je pense qu’il ne faut pas mentir et juste enjoliver la vérité.

    — Ce sera plus simple oui, surtout si un jour Tee parle de moi à ta mère. Avec lui, on ne sait jamais ce qui peut se passer. 

    — Donc tu es le petit frère de Tee, on se connait depuis des années, mais on s’est rapprochés il y a peu de temps. 

    Finalement, broder une histoire autour de nous deux n’est pas si difficile que ça, le plus dur sera peut être de se comporter comme un couple et j'espère qu’il ne se sentira pas trop mal à l’aise avec tout ça. 

    — On aurait pu se rapprocher quand tu m’as aidé pour mon stage de fin de semestre (1). C’est vrai qu’on a passé beaucoup de temps ensemble à ce moment-là. 

    J’ai un petit sourire en coin, Bas suit le même cursus que moi et quand il a eu des ennuis il y a quelques semaines, je l’ai aidé pour qu’il puisse continuer son année et c’est vrai que j’avais beaucoup apprécié le temps passé en sa compagnie. 

    — C’est une bonne idée, j’ai beaucoup parlé de toi à ma mère quand c’est arrivé, elle ne sera pas surprise. 

    Une fois encore je parle sans vraiment réfléchir et je ne me rends pas compte de la portée de mes mots. 

    — Tu as souvent parlé de moi à ta mère ?

    Je me sens rougir alors que je tourne rapidement la tête vers lui et que je le vois sourire en coin, je sens une bouffée de chaleur me saisir. Je ne peux pas dire que Bas me laisse indifférent, il est mignon, très mignon, mais c’est le frère de mon meilleur ami, alors je n’ai jamais laissé mes pensées dériver vers quoi que ce soit.

    — Non enfin… si, un peu. 

    Je me tais alors parce que mes bafouillements ne m'aident absolument pas et je me concentre un peu sur la route. J’ai toujours apprécié le jeune homme et je me sens bien en sa compagnie pourtant, il arrive à me faire perdre mes moyens bien trop souvent et bien trop facilement.

    — Donc on sort ensemble depuis le mois d’octobre… et il y a d’autre chose que l’on doit savoir ? 

    J’ai un petit sourire en coin, l’entendre exposer les choses de cette manière est plutôt plaisant. Surtout que les mots lui viennent naturellement et je sais que ma mère ne pourra pas remettre en doute ses paroles, surtout s’il continue de sourire de manière aussi mignonne.

    — Il va falloir apprendre le minimum l’un de l’autre, ma mère risque de nous faire passer un véritable interrogatoire.

    Il rigole un petit peu, mais je pense qu’il ne se rend pas compte qu’il est en train de se rendre dans un véritable nid de guêpe et que rester deux jours dans ma famille ne sera pas de tout repos, ni pour lui, ni pour moi.

    On profite des deux heures qui suivent pour en apprendre le plus possible sur l’autre et il n’y a pas de temps mort dans notre conversation. On parle de tout, de rien, on laisse échapper des anecdotes et des informations qui nous semblent utiles et je me rends compte que j’aime l’entendre parler de lui, de son enfance, de sa vie avec son frère. Toute une facette de lui que je n’aurais jamais imaginée et qui me plait beaucoup.

    Je suis surpris quand le panneau annonçant le nom de ma ville surgit soudain au bord de la route. Je n’ai absolument pas vu le temps passé et je me sens soudain nerveux et je pense à une chose que l’on a absolument pas abordé encore. 

    — Hum, Bas ?

    — Qu’est ce qu’il y a ? 

    Il se tourne vers moi en me présentant une bouteille d’eau et une paille et je bois une gorgée sans même y penser. Un peu surpris quand même de nous voir interagir si naturellement l’un avec l’autre.

    — Est ce que… tu es sûr que… me tenir la main et toutes ces choses-là ne te dérangent pas ? 

    J’hésite un instant sur la formulation de ma phrase, je ne me sens pas forcément à l’aise avec tout ça et j’espère juste que nous n'aurons pas à faire une démonstration de notre affection l’un pour l’autre. Pas que ça me dérange, mais je ne veux pas avoir à pousser la mascarade trop loin non plus.

    — Oh ça ne me gène pas Phi ! Ne t’inquiète pas, je suis sûr que tout se passera bien. 

    J'aperçois son petit sourire innocent et je sens mon corps qui se réchauffe alors que l’on rentre enfin dans la ville. Bas regarde partout autour de lui, découvrant ainsi la ville qui m’a vu grandir et finalement, une fois encore, je me rends compte que je suis vraiment heureux que ce soit lui qui découvre mon passé de cette manière. 

     

    J’étais confiant quand on s’est garé devant chez moi, on est plutôt facilement rentrés dans notre rôle et j’étais content de lui tenir la main alors que l’on remontait vers le perron. Je n’ai pourtant pas le temps d’ouvrir la porte, que celle-ci s’ouvre à la volée pour laisser apparaître ma mère. 

    — Copter mon chéri ! 

    Elle m’attire aussitôt vers elle et me serre bien trop fort dans ses bras.

    Elle me berce énergiquement et je soupire en la laissant faire, ce serait encore pire si je tentais de résister. Je tiens toujours la main de Bas dans la mienne et il attend tranquillement un peu en retrait que ma mère ait terminé. 

    — Mon bébé tu m’as tellement manqué.

    — Maman ! 

    Bon d’accord, il faut quand même essayer de limiter un peu les choses, parce que ça va finir par devenir gênant cette histoire. Elle me relâche et je peux souffler tranquillement alors qu’elle se tourne vers mon — petit ami— .

    — Oh ! Bonjour, vous êtes un ami de Copter ?

    Je lève les yeux au ciel, alors qu’elle joue la carte de la surprise, comme elle l’avait suggéré. Elle pense réellement que son jeu fait que l’on y croit ? J’ai presque envie de rire, mais une maman vexée serait bien pire à gérer que tout le reste.

    — Maman ! 

    Je soupire en lui lançant un regard qui je l'espère lui fera comprendre qu'elle n'a pas besoin de faire ça. Je tire Bas vers moi, son corps se collant au mien quand je passe mon bras autour de ses épaules. Je ressens soudain le besoin de le protéger des délires de ma mère, j’aimerais éviter qu’elle ne se montre trop familière envers lui qui est là pour m’aider et n’a rien demandé à personne. Ce dernier fait un grand sourire, place son bras autour de ma taille et j’ai l’impression que ma mère va faire une syncope alors que ses yeux se mettent soudain à scintiller.

    — Mon bébé est amoureux ! 

    Je soupire avant de regarder autour de nous, je suis sûr que tout le voisinage est au courant maintenant.

    — Maman, laisse-nous entrer. 

    Elle a un petit rire et me fait un petit sourire d’excuse auquel je ne crois absolument pas. On dirait une adolescente qui vit ses premiers émois. J’aime vraiment ma mère, mais son comportement est vraiment étrange en ce moment. Elle s’efface pour nous laisser entrer et je guide Bas dans la maison de mon enfance pour l’emmener dans le salon où mon père nous attend comme toujours je me demande comment deux êtres aussi diamétralement opposés peuvent vivre une histoire d’amour aussi calme et paisible. Mon père est comme souvent dans son fauteuil près de la fenêtre, il est en train de lire.

    — Bonjour papa. 

    Il se lève et me prend dans ses bras en répondant à peine. Mon père est un ours qui vit dans une caverne dont il ne sort que très rarement. 

    — Je te présente Bas, c’est… mon petit ami.

    — Content de te voir Copter.

    Il observe Bas un long moment, je n’ai jamais vraiment su comment il se situe par rapport au fait que j’aime les hommes, il n’a jamais rien dit à ce sujet, alors je me sens un peu nerveux d’un coup, mais son visage se fend d’un grand sourire. 

    — Si jamais il ne se comporte pas bien avec toi, frappe les genoux, c’est son point faible.

    Quoi ? Sérieusement ? Mon père vient réellement de donner ce genre de conseil à mon petit ami. J’aime ma famille, profondément, ils sont géniaux, mais ils sont tout aussi dingues. Je soupire dépité, mais Bas entoure ma taille de ses deux bras et se colle tout contre moi. 

    — Ne vous inquiétez pas, votre fils prend bien soin de moi.

    Il dépose un baiser sur ma mâchoire et je me sens rougir avant de devoir me répéter à plusieurs reprises que rien de tout ça n’est vrai et surtout que c’est le petit frère de Tee, je ne dois pas faire le con, je dois rester correct sinon, je suis un homme mort.

    — Bas, tu es tellement mignon, je suis vraiment heureuse que mon fils ait croisé ta route. 

    Bas se tourne vers ma mère et s’incline vers elle respectueusement en faisant un Waii.

    — Merci Madame.

    Je n’arrive pas à calmer les battements de mon coeur alors que je vis la fausse présentation de mon petit ami à ma famille idéale.

    — Ne m’appelle pas comme ça, appelle-moi Maman voyons.

    Je m’étouffe avec ma salive, alors que ma mère semble avoir totalement adopté le jeune homme et soudain, je me demande si c’était une si bonne idée tout ça. Comment allait-elle vivre notre rupture qui interviendrait dans quelques semaines quand elle m'appelera à nouveau. Je sentis une pointe de peur, mais il était trop tard pour faire demi-tour maintenant.

    — D’accord… Ma...man.

    Bas hésite, il n’est pas à l’aise et je le comprends, je dois calmer les choses avant que ce ne soit hors de contrôle. Voilà, c’est ça le mot pour ce week-end, le contrôle.

    — Maman, laisse-lui le temps s’il te plait, tu vas lui faire peur… 

    J’entraine le jeune homme vers le canapé où l’on s’installe confortablement. Instinctivement, je prend sa main et entrelace nos doigts avant de les poser sur ma cuisse.

    — Désolée fils, c’est juste que… je suis tellement heureuse de savoir que tu n’es plus seul. 

    Je soupire, mais rien ne semble pouvoir entamer sa bonne humeur quand elle finit par poser une tasse de thé fumant devant nous. 

    — Allez racontez-moi absolument tout, je veux tout savoir sur votre rencontre.

    Et nous y voilà, à peine arrivé que déjà elle cherche à en apprendre le plus possible, pourtant on est prêt et notre histoire risque de la décevoir tant elle est simple. 

    — Et bien, Bas est le petit frère de Tee. J’ai dû l’aider avec la faculté et… 

    Je tourne la tête vers Bas et le fixe droit dans les yeux, en sentant une tension étrange m’envahir alors que notre histoire amélioré sort de ma bouche. 

    — Je suis tombé amoureux de lui.

    Je fixe sa bouche un instant, je ne sais pas à quoi je pense, mais cette fois je remercie ma mère d’être celle qu’elle est puisqu’elle me ramène vite à la réalité.

    Son petit cri de souris me fait sursauter et je quitte le regard de mon faux petit ami pour reporter mon attention sur elle. 

    — Il faut que j’appelle Tee, vous êtes trop mignon, mais il doit venir pour que Bas soit aussi avec sa famille.

    — Non maman, attend, Tee travaille ce week-end, il ne pourra pas.

    — Je suis sûr qu’il pourra se libérer. 

    Autant parler à un mur, ma mère me désespère, déjà elle a son téléphone collé à l’oreille et elle quitte le salon pour pouvoir discuter tranquillement avec mon meilleur ami. Je soupire fortement, mais je ne cherche pas à l’arrêter, autant laisser Tee se débrouiller avec ça.

    — Ta mère risque d’en avoir pour un moment. 

    La voix de mon père me surprend, elle est calme, douce et surtout il ne quitte pas son livre des yeux, comme si le sujet ne l’intéresse pas le moins du monde. 

    — Tu devrais emmener Bas dans ta chambre, prendre le temps de vous installer. 

    Oh, voilà un paramètre que je n’avais pas pris en compte… j’avais pensé que mes parents ne nous laisseraient pas dormir ensemble cette nuit. Ils avaient fait la même chose avec ma soeur jusqu’à son mariage, mais… il y avait peu de chance que l’un de nous tombe enceinte, non ? Alors ils ne s'inquiétaient pas de la même façon de toute évidence. 

    — Ta soeur vient pour le dîner, alors prenez un peu de temps pour vous deux… ils dorment à la maison ce soir.

    — Merci papa. 

    Je me lève rapidement, je ne lâche pas la main de Bas qui me suit sans rien dire, plongé dans ses pensées. Je récupère nos sacs qui attendent dans l’entrée et je le guide jusqu’à ma chambre, je lui lâche la main et souffle dès que je referme la porte derrière nous. 

    — Je suis désolé, ils sont un peu… bizarres.

    Je lui tourne le dos pour poser nos sacs sur mon lit et je suis surpris quand je sens ses bras s’enrouler autour de ma taille et qu’il me serre contre lui. Je suis troublé, je ne pensais pas qu’il aurait ce genre de geste avec moi, surtout quand on serait tous les deux, mais je me laisse aller dans ses bras surtout quand son menton se pose sur mon épaule. 

    — Ils ont l’air très gentil et… même si ta mère est un peu envahissante, je suis un peu jaloux.

    Mon coeur se serre, je sais que c’est nul de ma part de me plaindre de ma famille, quand on sait pour celle de Tee et Bas. Je tourne la tête pour le regarder et nos visages sont tellement proches que je peux sentir son souffle échouer sur mes lèvres. Je l’observe sérieusement et je n’aime pas du tout l’expression triste qui vient de se peindre sur son visage. Ma main se glisse dans ses cheveux et je colle nos fronts l’un à l’autre en soupirant. 

    — Tu le sais, que je suis votre famille maintenant à tous les deux.

    Il ferme les yeux en soupirant et me serre plus fermement contre lui, j’apprécie notre étreinte et je sens qu’il se nourrit de ce moment pour recharger ses batteries. La famille de Tee et Bas a été dévastée quand ils étaient encore petits quand leurs deux parents sont soudainement décédés. Ils se sont retrouvés à l’orphelinat pendant plus de six mois, avant d’être chacun adopté par un couple et il ne se sont pas vu pendant près de dix ans. Ils s’étaient retrouvés un peu par hasard il y a quelques années et depuis, ils se protégeaient l’un l’autre.

    On reste un long moment comme ça, dans les bras l’un de l’autre, je lui laisse prendre toute la tendresse qu’il a besoin avant qu’il ne se redresse lentement avec un petit sourire, les joues un peu rouge et mon coeur loupe un battement, car là, il n’est pas mignon, il est beau. 

    — Merci Phi.

     

    La soirée s'est bien mieux passé que je ne le pensais, mon neveu et ma nièce ont tout de suite adopté Bas et ne l'ont pas lâché de la soirée, mais ce dernier était plus qu’heureux de s’occuper d’eux. Ma soeur m’a été d’une précieuse aide en détournant l’attention de ma mère quand celle-ci se montrait un peu trop envahissante, du coup, mis à part quand mon neveu nous a demandé ce que ça faisait d’embrasser un garçon, il n’y a pas vraiment eu de moment très gênant. 

    Finalement, on est tous allé se coucher et me retrouver dans le même lit que Bas est une chose étrange, être couché dans la pénombre avec lui à mes côtés me rend fébrile sans que je sache pourquoi. Alors je me contente de fixer le plafond les yeux grands ouverts, écoutant sa respiration calme. 

    — Phi ?

    — Hmm ?

    Je suis surpris quand sa voix brise le silence, il me tournait le dos depuis tout à l’heure et je pensais qu’il s’était endormi depuis un moment. Je suis curieux de savoir de quoi il veut parler maintenant.

    — Comment tu as su ? Que tu aimais les hommes ? 

    Très bien, voilà une question à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Il se retourne dans le lit et se rapproche, de sorte que je peux maintenant voir son visage dans la pénombre.

    Je reste un moment silencieux, prenant le temps de réfléchir et il ne me presse pas de répondre, il se contente de m’observer alors que je bouge à mon tour, je me tourne sur le côté pour pouvoir lui faire face. 

    — Je ne sais pas vraiment. Je crois… que j’ai toujours su au fond de moi, mais j’en ai eu la certitude quand j’ai embrassé un garçon pour la première fois. 

    Je n’avais jamais eu de grande remise en question, je ne m’étais pas réveillé un matin pour me rendre compte que je n’aimais pas vraiment les femmes. Je l’avais toujours su et accepté, et puis au lycée, il y avait eu mon sénior. J’avais un crush sur lui depuis plusieurs mois et un après-midi, alors que l’on s’occupait du club tous les deux, on avait fini par s'embrasser. C’était un baiser maladroit et enfantin, pour moi ça avait été une révélation, mais pour lui, c’était juste de la curiosité et il m’avait annoncé ne pas avoir aimé. J’avais eu du mal à l’accepter quand il s’était brusquement éloigné, prenant de la distance de peur qu’être pris pour un gay alors que personne n’était au courant.

    — Je n’ai jamais embrassé personne… 

    La voix de Bas est timide, elle ne lui ressemble pas vraiment et je sors de mes souvenirs en le fixant droit dans les yeux. Je me demande où va nous mener cette conversation, mais je continue de l’interroger. 

    — Tu penses aimer les hommes ? 

    Je ne lui avais même pas posé la question en fait, son frère est un hétéro pur et dur et j’ai bêtement associé son frère à ce fait. Je voulais l’imaginer hétéro, dans les bras d’une jolie fille, c’était plus facile de ne pas craquer comme ça.

    — Je ne sais pas, peut-être. 

    La tension apparaît de nouveau dans la pièce, notre souffle se fait entendre un peu plus alors que je me demande si je dois oser. Il m’aide, alors peut-être que je pourrais l’aider à mon tour. Ma main se pose doucement sur sa joue, je la caresse lentement avec mon pouce et j’attends de voir sa réaction. Il frémit puis pose sa main sur la mienne et nos regards ne se quittent plus du tout alors que l’on se rapproche doucement l’un de l’autre.

    De nouveau nos souffles s’entrechoquent, nos visages sont très proches et la tension dans l’air se fait plus forte quand finalement, nos lèvres se posent l’une contre l’autre et que l’on souffle fort à cause de la sensation qu'on a tous les deux. Ses lèvres sont douces, tendres et j’aime la manière dont elles m'accompagnent, suivant le rythme lent que je lui impose. Ma main quitte finalement sa joue pour se poser sur sa hanche et je l’attire contre moi. 

    Nos jambes s'emmêlent, nos corps sont collés, on s’accroche l’un à l'autre et nos bouches restent soudées. Je n’ai pas le souvenir d’avoir embrassé quelqu’un de cette manière, en me sentant transporté quand nos langues timides se rencontrent. Ses doigts s'agrippent à mon t-shirt pour m’empêcher de reculer, mais je n’en ai pas l’intention. Je sens la tension monter petit à petit et moi, qui parle de garder le contrôle, je sens qu’on est en train de le perdre. Je dois me faire violence pour ne pas le faire basculer pour le surplomber et aller plus loin.

    Je reprends le contrôle quand je me rappelle soudain, que c’est le petit frère de Tee, qu’il me tuerait sûrement, s’il apprenait ce qui est en train de se passer. Le baiser perd en intensité, avant que finalement, je l’embrasse chastement à plusieurs reprises et que mes lèvres se posent sur le bout de son nez, son front et sans attendre, il vient poser son visage contre mon cou. Je reste un long moment les yeux fermés, je n’arrive pas à redescendre sur terre et mon étreinte ne se desserre pas un instant autour de son corps.

    Bas ne semble pas s’en plaindre, puisque je le sens bouger un peu pour mieux s’installer contre moi avant de rester immobile à son tour. Le calme se fait peu à peu quand nos respirations reprennent un rythme normal. 

    — Je suis sur maintenant… j’aime un homme.

    Sa voix toujours contre mon cou est légèrement étouffée et je me surprends à éprouver de la jalousie pour cet homme qui a la chance de se voir aimer par Bas.

    Je retiens difficilement le soupir qui se précipite dans ma gorge et prend le temps d’avaler ma salive pour être sûr que ma voix reste stable. 

    — Je suis content que tu sois sûr. 

    Ma main continue de lentement lui caresser les cheveux et c’est dans cette position que le sommeil nous surprend.

     

    Un flash de lumière me sort du sommeil et j’ouvre les yeux surpris, pour voir ma mère au pied du lit en train de nous prendre en photo. 

    — Votre première photo de couple à la maison. Vous êtes adorables.

    Ma mère est de pire en pire, j’essaie de me redresser dans l’idée de lui expliquer qu’elle doit se calmer, mais un poids sur mon torse me bloque et quand je baisse les yeux, j’oublie complètement ma mère car Bas est toujours lové contre moi, sa tête posée sur mon épaule. Je l’observe avec un petit sourire aux lèvres, lentement je remets une mèche de cheveux en place et…

    — Vous êtes tellement mignon.

    — Maman ! S’il te plait sors maintenant. 

    Je l’avais complètement oublié complètement pris par l’observation du jeune homme et je me retrouve à rougir comme un imbécile. Ma mère éclate de rire et Bas s’agite un peu contre moi alors que le bruit est en train de le réveiller.

    — D’accord, d’accord ! 

    Elle lève les mains en signe d’apaisement, mais son petit sourire satisfait n’apaise absolument rien. 

    — Réveille-le, le petit déjeuner est prêt. 

    Elle sort rapidement après et je souffle d’agacement. Je n’en veux pas spécialement à ma mère, habituellement, je la trouve plutôt drôle même, mais j’ai l’impression d’un poids inexpliqué sur ma poitrine depuis que je me suis réveillé et ce n’est pas la tête de Bas qui en est à l’origine.

    — Bas ! 

    J’appelle son prénom doucement, ma main caressant sa joue doucement avant d’arriver à la commissure de ses lèvres. J’avale rapidement ma salive, me rappelant notre baiser hier soir et je ne résiste pas. Lentement, avec l’index je caresse ses lèvres, essayant de me rappeler des sensations que j’ai éprouvé en les sentant bouger contre les miennes. Cependant, je retire rapidement mon doigt quand le jeune homme bouge en marmonnant dans un demi-sommeil et je ne peux pas m'empêcher de me pencher vers son oreille. 

    — Il faut te réveiller, ma mère nous attend pour le petit déjeuner.

    — Encore un peu s’il te plait. 

    Je rigole doucement quand il ronchonne en cachant son visage un peu plus contre mon cou. Je le secoue doucement par l’épaule pour l’aider à se réveiller, mais je n’obtiens qu’un vague grognement de sa part.

    — Bas… ma mère est déjà venue nous prendre en photo… Je ne sais pas ce qu’elle va inventer la prochaine fois. Il vaut mieux te réveiller. 

    Il entrouvre difficilement un oeil et me regarde à moitié endormi. Mon coeur s’emballe, mais je reste immobile à le regarder en souriant en coin. 

    — Tu as bien dormi ?

    Il hoche doucement la tête, avant de s’étirer doucement. 

    — Tu es confortable. 

    Il se redresse lentement en se frottant les yeux et en regardant autour de lui. 

    — Je n’ai pas si bien dormi depuis longtemps. Tu me laisseras encore dormir avec toi ?

    Je rougis fortement, je dois dire que moi non plus je n’avais pas si bien dormi depuis longtemps, je ne sais pas si c’est de sentir le jeune homme dans mes bras, en tout cas, c’était agréable.

    Seulement, je me souviens de son aveu hier après notre baiser. Il aime un homme, alors je suis sûr qu’il dormira bien mieux dans ses bras. Ma gorge se serre à cette idée et je me tend légèrement.

    — Hmm, on verra.

    Il me jette un petit coup d’oeil surpris, j’ai peut être été un peu plus froid que je ne le pensais dans le ton de ma voix.

    — Allons-y avant qu’elle ne revienne. 

    On est les derniers à arriver dans la cuisine autour de la grande table. Tout le monde est affairé à se servir dans les plats et je vois avec soulagement, que ma soeur s’est placée juste à côté de ma mère. Pour le moment, elle est plutôt calme et elle mange en silence, alors je savoure mon repas. Bien sûr, le répit est de courte durée. 

    — Bas, j’ai vraiment hâte de faire connaissance avec toi. Alors tu pourrais m’aider pour préparer le repas de ce soir ?

    — Maman ! Bas est notre invité, c’est la première fois qu’il vient ici, tu ne vas pas lui faire faire les tâches ménagères quand même. 

    Je regarde ma soeur la bouche entrouverte alors qu’elle vient d’aller ouvertement à l’encontre des plans de ma mère. 

    — Laisse plutôt Copter et lui profiter de la journée pour visiter la ville et se promener en amoureux.—  

    Maman soupire, il est évident qu’elle avait d’autres idées pour aujourd’hui et que ma soeur vient de lui couper l’herbe sous le pied. Je suis soulagé en tout cas, ce sera plus simple de passer la journée hors de la maison. 

    — Très bien, mais ne rentrez pas trop tard. Tee doit arriver en fin d'après-midi. Et toi… tu vas m’aider à préparer tout le repas. 

    La dernière phrase est destinée à ma soeur qui lève les yeux au ciel avant de se tourner vers moi et de me faire un clin d’oeil discret ce qui me fait rire.

    — Mamie, moi aussi je vais t’aider, tu vas voir je suis fort maintenant. 

    Mon neveu se fait entendre alors qu’il vient de terminer de manger, déterminé à faire connaître sa présence à tout le monde ici.

    — Tu as terminé Bas ?

    Je me désintéresse de la conversation entre ma mère et son petit-fils et me tourne vers celui qui est très calme et discret depuis que l’on est sorti de la chambre. 

    — Tu veux aller faire un tour en ville après la douche ?

    Il repose sa cuillère dans son bol et soupire en posant la main sur son ventre. 

    — Je ne peux plus rien avaler, c'était délicieux. 

    Du coin de l'œil je peux voir le sourire fier de ma mère voyant sa nourriture appréciée. 

    — On peux y aller, j'ai hâte de découvrir où tu as grandi.

    On se lève rapidement, prenant soin de débarrasser notre table avant d'aller rapidement se préparer après avoir salué tout le monde. On sort de la maison moins d'une heure plus tard après avoir pris le temps de nous laver. On marche en silence tous les deux, je ne prends pas la voiture, j'ai envie de prendre le bus pour l'emmener visiter.

    — Il y a des endroits que tu veux visiter ? 

    La ville n'est pas très grande, c'est la campagne par ici et il n'y a pas des millions de choses à faire comme à Bangkok, alors j'ai peur qu'il ne s'ennuie rapidement.

    — Montre-moi tes lieux préférés. Je veux en savoir plus sur toi. 

    Stupide cœur qui s'emballe soudain, je prend une profonde inspiration quand on arrive à l'arrêt de bus pour ne pas m'emballer. Cette histoire de faux petit ami me trouble plus que je ne l'aurais pensé.

    — J'en ai quelques-uns, j'espère que ça te plaira et que tu ne t'ennuieras pas trop.

    On se fixe un moment dans les yeux et, quand ses joues se colorent, je le trouve trop mignon. Le bus arrive au même moment et cela l'empêche de me répondre. Je paye pour nous deux et il choisit une place tout au fond. Le bus est quasiment vide, mais il faut dire qu'il est encore tôt et que c'est le week-end.

    On reste un moment silencieux à observer les rues qui défilent à travers la vitre. Nos épaules se touchent, mais on évite tout autres contacts et je me demande s'il est gêné à cause de cette nuit, on en a pas reparlé mais s'il aime quelqu'un, il aurait peut être préféré que son premier baiser soit avec lui plutôt qu’avec moi.

    De nouveau je ressens un poids sur la poitrine et je pose ma main dessus en espérant pouvoir l'apaiser. Je suis curieux, je veux en savoir plus et avant que je ne réfléchisse bien à la situation, ma bouche s'est mise en action. 

    — Est-ce que tu vas te déclarer... auprès de lui ?

    Je regarde mes mains en posant la question alors que je peux sentir son regard se poser sur moi. Le silence s'éternise et je me demande un instant s'il va me répondre. 

    — Je ne sais pas, il... ne me regarde jamais de manière qui fait penser qu'il peut m'aimer.

    Je lève les yeux vers lui surpris et croise son regard voilé de tristesse. Comment on pourrait ne pas tomber amoureux de lui. 

    — Tu ne devrais pas baisser les bras avant d'avoir essayé. Fais tout pour qu'il te remarque, qu'il ne voit que toi et... tombe amoureux.

    Ma voix s'étrangle un peu sur la fin alors que le poids s'alourdit sur ma poitrine alors que je le conseil pour draguer un autre homme.

    Heureusement le bus finit par arriver à destination, je me lève et me dirige vers la porte, il me suit et nous voilà rapidement dans la rue, dans le centre ville. 

    — Alors je dois le regarder dans les yeux...

    Je tourne la tête un peu surpris quand il reprend la parole et nos yeux se croisent pour ne plus se lâcher.

    — et lui dire que je trouve qu'il est l'un des hommes les plus beaux que je n'ai jamais rencontrés.

    Je me sens troublé, par son regard, par ses paroles et j’aimerais qu’elles me soient destinées. J’ouvre la bouche pour prendre la parole, mais je reçois une notification sur mon téléphone. Je le sors rapidement de ma poche et déglutis, voilà pourquoi ses paroles ne doivent pas être pour moi. C’est Tee qui m’envoie un message pour me prévenir qu’il sera là vers 18h et qu’il espère que je m’occupe bien de son petit frère. Je soupire et reviens à la réalité, Bas n’est pas pour moi.

    — Allez viens, je t’emmène dans le premier lieu que j’aime particulièrement. 

    Je ne réponds pas à sa déclaration de tout à l’heure, Bas n’est pas pour moi, mais ce n’est pas une raison pour le pousser dans les bras d’un autre homme. 

     

    — Non attends, pas comme ça, tu n’y arriveras jamais. 

    J’éclate de rire en le voyant louper le panier de plusieurs dizaines de centimètres. On est entré dans la salle d’arcade depuis un moment maintenant et Bas s’est mis en tête d’essayer chaque jeu disponible. Est- ce que ça m’ennuie ? Absolument pas, au contraire. Cela me permet de me souvenir de moi il y a quelques années, quand je passais toutes mes après-midi ici et que régulièrement ma soeur devait venir me chercher par la peau du cou pour me ramener à la maison.

    Seulement, là on est devant le jeu de basket depuis un moment et il n’arrive pas à mettre le moindre panier. Alors je finis par décider de l’aider, car il est têtu et il ne bougera pas tant qu’il n’aura pas réussi. Je me glisse dans son dos, je colle nos corps l’un à l’autre et j’accompagne tous ses mouvements. 

    — Il faut que tu prennes le temps de bien viser et ensuite tu le lances du bout des doigts. Tu accompagnes la balle. 

    On lance ensemble et il marque son premier panier. Je sais que notre position est plutôt intime et que je ne devrais pas rester trop longtemps coller comme ça à lui, seulement, mon menton est posé contre son épaule et l’odeur de son parfum embaume l’air et me fait un peu perdre mes moyens.

    — Phi, moi aussi j’adore les Bubble tea, je suis content que tu m’amènes ici.

    Il me fait un sourire alors que j’ouvre la porte et la tiens pour le laisser passer devant. On entre dans mon deuxième endroit préféré, je passais presque autant de temps ici qu’à la salle d’arcade. Je n’y ai pas mis les pieds depuis des années, mais je me souviens des longues heures à étudier pour mes contrôles et mes examens tout en buvant beaucoup trop de bubble tea.

    — C’est grâce à cette boutique que j’ai si bien réussi au lycée. J’y venais tout le temps réviser. Viens, ma table est libre.

    Je lui saisis le poignet et l'entraîne vers le fond, là il y a une petite table près de la baie vitrée et je m’y installe en soupirant. 

    — Tu veux boire quoi ?

    Il se tapote le menton en réfléchissant et quand il se décide je le laisse un instant, le temps d’aller chercher notre commande. Pendant que j’attends pour récupérer nos boissons je ne peux pas m’empêcher de jeter un coup d’oeil vers lui, il ne s’en rend pas compte, il est trop occupé à observer chaque coin de la petite boutique pour me voir alors j’en profite.

    — Tiens, j’espère que tu vas aimer. 

    Je m’assois près de lui et pose son gobelet juste devant lui.

    — Merci Phi. 

    Sans attendre, ses lèvres entourent la paille et il aspire le thé et les billes de tapioca en poussant un petit soupir de satisfaction. 

    — Hum ! C’est trop bon. 

    Il parle très vite avant de prendre une nouvelle et longue gorgée. 

    — C’est ce qui m’a manqué le plus à l’orphelinat et après avec ma famille d’accueil.

    Je le regarde surpris qu’il m’en parle, c’est un sujet difficile pour les deux frères et Tee ne veux même pas y penser.

    — C’était difficile à ce point là.

    Je suis un peu curieux, je sais qu’ils ont souffert, que ses années là ont été difficiles et j’aimerais savoir comment il se sent maintenant.

    — J’étais jeune quand nos parents sont morts et je n’ai pas vraiment de souvenir de cette période là. Tee a toujours tout fait pour me protéger et que je ne me rende pas compte. 

    Il parle sans trop se faire prier et moi je suis suspendu à ses lèvres. Il regarde dans le vide en racontant son histoire et en sirotant toujours sa boisson. 

    — L’arrivée à l’orphelinat à été plus difficile, on n'était pas dans le même groupe, il ne pouvait pas me protéger et moi… je ne savais pas vraiment me défendre.

    Sa voix meurt et je le vois pris d’un violent frisson, il prend soudain ma boisson entre mes mains, avant d’en boire plusieurs gorgées directement avec ma paille. 

    — C’est bon aussi. 

    Il repose le gobelet devant moi et je le vois légèrement rougir, je le trouve vraiment beaucoup trop mignon. Je ne pense pas qu’il va reprendre, ce n’est pas comme si je lui demandais de me raconter ses vacances dans un parc d’attraction. 

    — Ceux qui m’ont adopté ne voulaient pas vraiment d’enfant, ils avaient une petite ferme, j’étais de la main d'œuvre pas trop cher alors je devais travailler en échange de leur soin.

    Il soupire avant de me tendre la paille dans une invitation à goûter.

    — Merci. 

    Je bois une gorgée de sa boisson avant de lui sourire. Je remarque qu’il est un peu pâle et je regrette d’avoir posé la question. Je voulais que l’on passe une bonne journée et le voilà à revivre de mauvais souvenirs par ma faute. Je n’ai pas le temps de m’excuser et de chercher comment lui changer les idées qu’il reprend.

    — Et puis un jour j’ai retrouvé Tee, je ne pensais pas le revoir, tu sais, je pensais que c’était impossible. 

    Il a un petit sourire en coin et son visage s’illumine quand il parle de ses retrouvailles avec son frère.

    — Il s’est occupé de moi et ensuite, il m’a présenté à toi Phi et depuis, je me sens très heureux.

    Je caresse doucement ses cheveux, touché par ses propos et je lui souris avec tendresse. 

    — Je suis heureux aussi de t’avoir rencontré Nong. 

    Son sourire me transporte et le temps que l’on passe dans la boutique à boire un deuxième bubble tea est heureusement plus léger.

    — Je te montre mon dernier endroit et ensuite il faudra rentrer.

    Il bougonne légèrement, mais me suit sans rechigner le long du trottoir. La journée est passé à une vitesse folle et j’ai tout juste le temps de l’emmener au belvedère, il est là au milieu d’un parc à moitié caché par la végétation. Il ne paye pas de mine, fait tout en bois, un peu délabré, presque personne ne vient s'asseoir ici pour se rafraîchir à l’ombre.

    Pourtant, adolescent, je trouvais l’endroit très romantique, je me voyais bien venir ici avec mon petit ami pour passer un moment ensemble. Alors finalement, venir ici avec Bas me semble lourd de sens. Il n’est pas mon petit ami et ne le sera peut être jamais. Pourtant, j’ai beau lutter contre ce que je ressens, je dois me rendre à l’évidence, j’aime un peu trop le petit frère de mon meilleur ami.

    — Phi pourquoi tu ne me demandes pas ? 

    Je tourne la tête vers lui surpris par sa question, je hausse les sourcils pour lui faire comprendre que je ne sais pas où il veut en venir. 

    — Pourquoi tu ne m’as pas demandé de qui j’étais amoureux.

    — Oh ! 

    Je me creuse la tête pour trouver quoi lui répondre, mais je me retrouve à le fixer bêtement, la bouche entrouverte. C’est encore pire quand il me prend la main avec les deux siennes.

    — Quand Phi Tee l’a découvert, il n’a pas arrêté de me poser des questions pour apprendre son identité. 

    J’avale difficilement ma salive, j’ai encore moins envie de parler de ça que de lui avoir fait se souvenir de son enfance. J’essaie de trouver une parade, un autre sujet de conversation, mais j’ai la tête complètement vide.

    — Je… je ne veux pas te déranger avec ça… et puis… je suis désolé pour la nuit dernière. 

    C’est le bon moment de s’excuser il me semble, de lui expliquer que je ne voulais pas profiter de la situation. 

    — Non Phi… je voulais que tu m’embrasses. Je le veux encore.

    Il se penche vers moi et ma gorge s'assèche complètement quand je comprends que si je ne fais rien, il va m’embrasser à nouveau. Je brûle de sentir ses lèvres contre les miennes mais je sais que ce n’est pas correct, pour l’homme qu’il aime, mais aussi par rapport à son frère, je ne peux pas trahir sa confiance comme ça.

    Je fais alors la seule chose qui me semble correcte à cet instant, je détourne la tête et je pince mes lèvres fortement l’une contre l’autre pour m’empêcher de venir moi-même goûter les siennes. 

    — Je ne peux pas Nong… je suis désolé.

    Si seulement j’avais levé les yeux à ce moment-là, j’aurais pu lire la tristesse dans son regard, j’aurais pu deviner son coeur brisé sur son visage et alors cela nous aurait éviter de vivre des moments douloureux pas la suite.

    — Je vois… 

    Sa voix est sèche et triste et mon coeur se serre car j’en suis responsable. 

    — On ferait mieux de rentrer. 

    Sans même attendre de savoir si je vais le suivre ou pas, il se lève et se dirige vers la sortie du petit parc. Jamais je n’aurais imaginé après ce doux réveil, après ses heures à jouer et ce moment à déguster des sucreries, que le retour se ferait dans une silence de mort et un froid polaire.

     

    Maman ne comprend pas ce qui nous est arrivé, mais heureusement, malgré son regard plein de questions, elle n’en pose aucune. Quand on est arrivé à la maison, Bas a poliment salué mes parents, puis il est parti s'enfermer dans sa chambre. Il n’a même pas pris le temps de saluer son frère qui était pourtant là dans le salon.

    Je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer pour que ça dérape de cette façon, alors pour essayer de faire le point, je suis sorti dans le petit jardin à l’arrière de la maison et je me suis assis sur le vieux banc bancal que mon père a construit il y a des années. J’ai passé un long moment à regarder la nuit gagner du terrain sur la journée sans rien faire d’autre que me rembobiner encore et encore ce qui s’était passé sous ce belvédère. 

    Un chuintement léger m’apprend que quelqu’un vient de me rejoindre et un instant j’espère que c’est Bas, mais je déchante rapidement quand en levant la tête je croise le regard sérieux de Tee. Il tient deux bières à la main et m’en tend une quand il s’assoit à côté de moi. 

    — Tu veux me raconter ce qui s’est passé ?

    Il est sérieux, mais pas agressif, il veut attendre de comprendre la situation avant de décider s’il doit passer aux poings ou pas. Je bois une gorgée de bière pour me donner du courage et je me lance pour enfin livrer ce que je ressens depuis si longtemps et que je cache enfoui au fond de moi en espérant qu’il se montrera indulgent.. 

    — Je… j’ai fait une bêtise Tee, je suis désolé. 

    Je préfère regarder l’horizon plutôt que son regard, il ne pose aucune question, il attend que je me décide à tout lui raconter. 

    — J’apprécie beaucoup ton frère, je sais que c’est nul et j’essaie de le voir comme mon petit frère, mais… je n’y arrive pas.

    Je m’attends à des remontrances, à ce qu’il s’énerve, en me disant que mes sentiments étaient honteux et que jamais il ne les accepterait. Cependant, il reste silencieux sirotant sa bière et quand je lui jette un coup d’oeil je le trouve détendu et serein. 

    — Hier… quand on s’est couché, on… on s’est embrassés et il m’a avoué qu’il aimait un homme. 

    Je me sens rougir de l’évoquer à haute voix, même si c’est avec mon meilleur ami. J’ai toujours été timide quand il s’agissait de parler de mes propres sentiments, d’ailleurs, c’est peut être bien la première fois que l’on a ce genre de conversation lui et moi. 

    — J’ai été jaloux de cet homme, je voulais être à sa place en sachant que je ne pouvais pas. Alors tout à l’heure… quand il a voulu m’embrasser de nouveau… je l’ai repoussé.

    Je ne comprends toujours pas pourquoi il voulait m’embrasser moi alors qu’il en aime un autre. Je… 

    — Aie… mais qu’est-ce qui te prend ? 

    Je me frotte vigoureusement  l'arrière du crâne alors que Tee vient de me sortir de mes pensées en me mettant une claque puissante derrière la tête. Je tourne la tête vers lui et enfin, la voilà l’expression énervée que j’attendais depuis le début. 

    — Il me prend que mon meilleur ami est le plus grand crétin que la Terre ait jamais porté. Merde ! 

    Je le regarde bouche bée, alors qu’il explose, m'insulte et au final je ne sais même pas ce qui le met réellement en colère. 

    — Tu penses vraiment que je préférerais confier le coeur de mon petit frère à un parfait inconnu plutôt qu’à celui à qui je confierais ma propre vie ?

    J’ai perdu l’usage de ma bouche, je suis incapable de formuler une seule phrase alors que Tee s’est soudain levé pour me faire face afin de me donner sa bénédiction, mais aussi me faire l’un des plus beau compliment. Ce qu’il dit à du sens cependant, si j’avais un petit frère ou une petite soeur, je préférerais qu’il sorte avec une personne que je connais et en qui j’ai confiance. Je me demandais si j’aurais eu une chance avec lui, si je m’en étais rendu compte plus tôt car, malgré tout, ça ne change absolument rien. 

    — Il aime quelqu’un d’autre Tee, je… Aie, mais arrête de me frapper bordel.

    Il vient encore de me frapper à la tête et cette fois bien plus fort que la première fois et je peux voir la colère dans son regard. 

    — Tu crois que je me serais cassé le cul à mettre tout ça en place avec ta mère, si Bas aimait quelqu’un d’autre ? 

    Sa voix claque dans le silence et je sursaute. Hein ? Organiser quoi ? Avec ma mère ? Je le regarde sans comprendre et il soupire fortement en se pinçant le nez entre l’index et le pouce me faisant bien comprendre ce qu’il pense de l’état presque végétatif de mon cerveau. 

    — Je sais que Bas t’aime depuis des semaines, j’ai remarqué les regards que tu lui lances à chaque fois que vous êtes ensemble. Alors pour vous donner un coup de pouce, ta mère et moi on a créé cette situation et si tu avais été moins crétin, tout irait bien maintenant.

    — Alors cet homme qu’il aime… c’est moi ? 

    J’ai un sourire qui apparaît sur mon visage quand finalement je me rends compte de ce que j’aurais dû comprendre depuis bien longtemps. Je me sens rougir alors que je savoure l’idée que Bas m’aime, qu’il me veut moi et pas un illustre inconnu.

    — Abruti, au lieu de sourire bêtement, va le voir et arrange les choses. 

    Je me lève d’un bond du banc, j’ai le coeur qui va exploser dans ma poitrine et je n’ajoute rien, je sais que si je dis une connerie, Tee va finir par me faire vraiment mal, mais je l’aurais sûrement mérité. Je n’attends pas et je me dirige vers la porte dans l’idée de rejoindre ma chambre pour aller lui parler. Seulement à ce moment-là, elle s’ouvre toute seule pour laisser apparaître ma mère qui a un air inquiet sur le visage.

    — Les garçons… Bas est parti pour la gare. 

    Sa voix n’est plus survoltée, je retrouve la voix de ma mère et c’est un soulagement de savoir qu’elle n’avait pas perdu la tête. Seulement, ce qu’elle dit me fait l’effet d’un coup de poing bien plus douloureux que les coups de Tee

    — Quoi ! Quand ? Pourquoi tu ne m’as rien dit.

    Pour un peu je la saisirais par les épaules et la secouerais pour la faire répondre plus vite, mais je me contiens, pas sûr qu’un discours sur comment se comporter avec ma mère soit le plus urgent pour le moment. 

    — Je viens de m’en rendre compte… je lui apportais du thé pour lui remonter le moral et j’ai juste trouvé un mot.

    Je n’écoute plus ma mère, je fonce, je n’ai plus qu’une idée en tête quand je monte dans la voiture, empêcher Bas de quitter la ville. Je conduis rapidement à travers les rues et je suis heureux cette fois de vivre dans une petite ville car contrairement à la Capitale, le trafic est fluide. J’ai l’impression que je vais vomir tellement j’ai l’estomac qui fait du grand huit dans mon ventre à l’idée que je pourrais arriver trop tard. Je me gare n’importe comment sur le parking, mais je m’en fiche totalement, je veux juste retrouver Bas et tant pis si j’ai une amende ou que l’on m’enlève la voiture.

    Je ne suis pas des plus sportifs, pourtant, je cours sans m’arrêter jusqu’aux grands panneaux annonçant les départs et mon coeur se serre alors que j’ai du mal à respirer. Il ne me reste plus que quelques minutes avant que le train pour Bangkok ne quitte la gare. Je ne prends pas le temps de réfléchir et je reprends ma course, mes poumons me brûlent, mes tempes pulsent, mais je n’écoute pas mon corps qui me supplie de ralentir, je veux juste le retrouver.

    J’arrive hors d’haleine sur le quai, le train est déjà là, les portes sont fermées et je me retrouve à remonter toute la longueur du train, sautant pour essayer de l'apercevoir dans un des wagons à travers les fenêtres. Je crie régulièrement son nom, comme si les passagers pouvaient m’entendre à l’intérieur avec le vacarme ambiant, je le sais que c’est inutile, mais je ne peux pas m’en empêcher, pas quand le temps joue contre moi. Le train se met en marche et je cours après comme si j’avais la moindre chance de le battre à la course.

    Petit à petit je ralentis avant de m’arrêter, les mains sur les genoux pour essayer de reprendre mon souffle et je m’insulte de tous les noms, en relevant juste la tête pour voir le train disparaître dans un tournant. Je pourrais le laisser partir, me dire que je l’ai perdu parce que j’ai été stupide, mais je ne peux pas abandonner, je ne peux pas le perdre alors que je viens tout juste de comprendre.

    Le train sera à Bangkok dans un peu plus d’une heure et demi, j’ai par la route plus de deux heures de voiture, mais si je pars tout de suite, que je roule un peu plus vite qu’autorisé, alors j’ai une chance d’être sur le quai de la gare quand il descendra du train. Je suis prêt à tout risquer pour lui 

    Ma décision prise, je fais demi-tour en sortant mes clés de voiture, la détermination se lit sur mon visage et pourtant au lieu de courir jusqu’à ma voiture, je me fige complètement. Mes yeux s’écarquillent alors que Bas se trouve juste derrière moi, m’observant curieusement en tenant son sac de voyage à la main. 

    — Bas !

    En trois pas je me suis rapproché de lui, je l’ai attrapé par les hanches avant de l’attirer dans mes bras pour le serrer contre moi. Soudain ma respiration se fait plus facile, la peur s’efface et je me sens plus léger comme si un poids disparaissait soudain de ma poitrine. 

    — Ne pars plus jamais comme ça.

    Mes bras sont solidement accrochés autour de sa taille et l'empêchent de s’échapper de mon étreinte. J’ai peur qu’il fasse tout pour me faire lâcher, alors c’est de nouveau un soulagement quand ses bras s’enroulent autour de mon cou et qu'il soupire doucement. On reste un long moment à se serrer l’un contre l’autre avant qu’il ne prenne la parole, son souffle chatouillant mon cou.

    — Pourquoi es-tu venu ?

    — Je ne pouvais pas te laisser partir. 

    — Pourquoi ? 

    Sa voix est hésitante et je finis par me redresser pour pouvoir le regarder dans les yeux. Je remarque ses yeux rouges et un peu gonflés et je sens une vague de culpabilité me traverser le corps car je sais que c’est moi qui l’ai fait pleurer. Je prends son visage en coupe et mes pouces passent lentement sous ses yeux, comme si je pouvais tout effacer de mon toucher, en me jurant que plus jamais je ne serais la cause de ses larmes.

    — Parce que je suis l’homme que tu aimes. 

    Ma voix est douce, basse, pourtant, je sais qu’il m’a parfaitement entendu quand ses yeux s’écarquillent et qu’il rougit doucement. Je me penche lentement vers lui pour capturer ses lèvres, comme ça aurait dû se passer cet après-midi sous le belvédère. Je me fiche complètement d’être en plein milieu d’une gare et que l’on pourrait nous voir, je veux juste être avec l’homme que j’aime. Je prends le temps de savourer la douceur de ses lèvres et de frissonner quand ses doigts glissent dans mes cheveux. C’est un baiser doux et fiévreux à la fois, il exprime des années de sentiment que l’on a chacun de notre côté nourri et tenter d'étouffer en même temps. 

    Je recule mes lèvres et frotte mon nez contre le sien avec un petit sourire. Maintenant, on sait tous les deux qu’il est amoureux de moi, mais je dois aussi être honnête avec lui, je ne peux pas le laisser dans le flou, je dois lui retourner mes sentiments et je le fais d’une voix plus claire qu’avant mais, mais tremblante d’émotion. 

    — Et tu es l’homme que j’aime.

    Il me fait un petit sourire timide alors que ses yeux se remplissent d’étoiles et de larmes. Le monde autour de nous devient flou, il n’y a plus que lui sur Terre, les autres n’existent plus alors que l’on savoure l’instant en se perdant dans le regard de l’autre. Soudain, il appuie sur ma nuque et nos lèvres se retrouvent pour une nouvelle danse, la première d’une longue série qui durera toute notre vie et on a même pas conscience que l’on est pas seul, que ma famille et Tee se trouvent quelques mètres plus loin, ils ont tous un air rassuré et ravi sur le visage, même mon père sourit pour nous. 



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    4
    Mercredi 29 Juin 2022 à 12:42

    Très belle histoire sur un couple que l'on n'a pas vu dans les drama, mais qui vis dans les fan miting hahaha ! Tellement tactile les deux ensembles ! Merci beaucoup ! 

    3
    Lundi 14 Décembre 2020 à 20:54
    Alors là, j’ai vraiment rit. Je n’en pouvait plus je me suis tapée des barres toute seule. Mes enfants mon prise pour une folle. J’ai eu une montée d'adrénaline au moment de bas et la gare, mais pour le reste c'était vraiment trop chou et rigolo. Génial aussi la mère et le super pote. Merci , c'était super cool. Pleins de bisous pour ça. ♡♡♡♡
    2
    Lundi 14 Décembre 2020 à 09:46

    C'est tellement mignon. :)

    Merci pour ce nouveau petit OS. 

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