• Christmas Is A Love Trap (Joss & Tay)

    Christmas Is A Love Trap
    Petit Mot De L'Auteure
    Coucou tout le monde, je vous présente un chapitre bonus qui n'était de base absolument pas prévu. Avec les filles de ma team on participe à un jeu de Noel sur Amino, (Si vous ne connaissez pas, c'est un réseau qui permet de créer des communautés sur un sujet précis. Celui où je suis, bien évidemment, parle des BL. Je met le lien dans ma description ^^) l'un de nos défis a été de créer une histoire (L'histoire à été créer en une dizaine d'heure). Ceci est donc la collaboration entre Johanne, Baby Binnie et moi (On est arrivée deuxième *fière*). Vous aurez aussi l'histoire que l'autre partie de la team à crée. Je vous souhaites donc maintenant, une bonne lecture et surtout de passer un très joyeux Noel.

    Je remonte rapidement mes lunettes sur mon nez, tout en me concentrant fortement sur mon écran d'ordinateur, il y a une erreur dans le système que l'on a mis au point et tout le service est en effervescence pour comprendre d'où vient l'erreur. J'essaie de faire abstraction du bruit ambiant pour me concentrer sur mes lignes de codes, mais quand une main, grande et chaude, se pose sur mon épaule, je perds le fil. Je ne me fâche pas, car quand je tourne la tête, je tombe sur deux magnifiques orbes foncés et brillants, les yeux de Joss me fascinent et je dois souvent me retenir de les fixer comme je suis en train de le faire actuellement. 

    — Tu vas t'abîmer les yeux, si tu continues à fixer l'écran comme ça, Phi.

    Il me fait son beau sourire et je lui réponds en retour sans même y penser. Si Nong Gunsmile était venu me faire la même réflexion, je l'aurais sûrement envoyé balader sans aucune hésitation, mais là c'est différent, c'est Joss. 

    — J'aimerais trouver l'erreur, sinon le patron risque de nous empêcher de partir et ce serait dommage avec la soirée que l'on a prévu.

    Je ne sors pas beaucoup et cette soirée, proposée par notre collègue venant de l'étranger me fait vraiment envie. On est en plein mois de décembre et Nolan nous a invité chez lui pour partager une soirée de Noël à l'occidental. Joss pose sa main dans mes cheveux et les ébouriffe un peu en continuant de sourire.

    — Pense à cligner des yeux alors, tu vas avoir mal après. Tu veux boire quelque chose ?

    Joss a beau être mon Nong, dans ces moments-là, j'ai l'impression que c'est moi le plus jeune et qu'il prend soin de moi.

    — J'ai tout ce qu'il me faut, merci. 

    Je lui montre alors ma tasse remplie d'un thé fumant, il hoche la tête avant de me caresser la tête une nouvelle fois, puis il se redresse et retourne devant son ordinateur pour se remettre au travail.

    Ce n'est qu'à ce moment-là que je remarque le silence qui règne soudain dans la pièce et je lève les yeux pour regarder autour de moi. Je trouve quatre paires d'yeux braquées sur moi et je sursaute légèrement. 

    — Phi, c'est tellement mignon la façon dont vous vous comportez tous les deux. 

    Nong Neen me fait un étrange sourire et j'entrouvre la bouche un instant, ne sachant pas quoi répondre. Je ne peux pas lui parler comme je le ferais avec Nong Pluem et Gunsmile, mais je ne peux pas non plus rester silencieux.

    — Ne dis pas n'importe quoi Nong et maintenant retournez travailler si vous ne voulez pas passer la nuit ici.

    Je tente d'avoir une voix autoritaire, mais je sais que ça ne marche pas vraiment, ma voix est douce et au lieu de retourner vers leur bureau en courant, ils me fixent avec un sourire étrange qui finit par me faire rougir sans que je comprenne pourquoi.

    — Arrêtez de le taquiner vous trois, retournez travailler, prenez exemple sur Phi Nolan.

    La voix de Joss me fait soupirer, sans effort, il fait preuve d'autorité et nos trois amis et collègues partent travailler sans même chercher à discuter. Je les entends vaguement râler à propos de Joss qui serait mon preux chevalier, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi ils disent ça.

    Je souffle de soulagement quand finalement l'erreur est réparée, quand enfin on peut partir de l'entreprise et comme tous les jours, Joss part en même temps que moi, c'est une habitude que l'on a prise il y a longtemps maintenant, je ne sais même pas comment c'est venu, mais j'aime passer ces quelques minutes juste lui et moi avant qu'il ne rejoigne sa voiture.

    — Tu veux que je vienne te chercher Phi, on pourrait aller chez Phi Nolan ensemble.

    — Je ne veux pas te déranger, ça ne me gêne pas de prendre un taxi." 

    Ce serait mentir que de dire que je n'ai pas envie qu'il passe me prendre, mais il habite à l'opposé de chez moi et je ne veux pas qu'il soit fatigué.

    — Ne dis pas n'importe quoi, je passerai te prendre à vingt heures ça te va ? 

    Il me donne un petit coup d'épaule et on rigole ensemble en se dirigeant vers sa voiture. Comme tous les soirs, il a ce petit geste envers moi qui me donne des frissons quand il me caresse doucement la joue. Je souris en reculant d'un pas avant de lui faire un petit signe de la main.

    — A tout à l'heure Joss.

    J'ai, comme à chaque fois, du mal à faire demi-tour, mais finalement, j'y arrive et je ne me rends même pas compte du sourire qui reste imprimé sur mon visage alors que je me dirige tranquillement vers mon arrêt de bus pour rentrer chez moi.

    Je suis en train de finir de me préparer quand j'entends une notification venant de mon téléphone et aussitôt je souris quand je déverrouille mon téléphone.

    Joss : Je t'attends en bas.

    Je me regarde une dernière fois dans le miroir et je prends mes affaires avant de partir à sa rencontre. Je monte rapidement dans la voiture et on se met en route en bavardant de tout et rien, avec Joss, c'est toujours facile de discuter, je ne me sens pas nerveux, je ne me force pas et il me fait beaucoup rire.

    D'ailleurs, j'éclate de rire alors qu'il se gare devant chez Nolan et qu'il m'observe ensuite du coin de l'œil, je me tiens le ventre qui est en train de devenir douloureux à force de rire et essuie une larme qui menace de couler.

    — Mais comment tu as fait pour enflammer la perruque du surveillant de ton lycée ?

    Il claque la langue contre son palais, faisant semblant d'être en colère à cause de mon hilarité, mais je ne me fais pas avoir, pas alors que ses yeux brillent de cette façon.

    — C'est tout un art Phi et j'étais très doué pour ça à l'époque. 

    Il reste encore sérieux quelques secondes, puis finit par éclater de rire à son tour. On descend de la voiture tout en rigolant, mais on se calme rapidement, fronçant les sourcils. Je regarde même l'heure quand je me rends compte qu'il n'y a pas les voitures de nos collègues devant la maison, alors qu'on est légèrement en retard. 

    — On s'est trompé dans l'heure Nong Joss ?

    — Je ne crois pas non... allons voir, il y a peut-être eu un problème.

    Je soupire un peu et le suis quand il se dirige vers la porte d'entrée et sonne. Nolan ouvre rapidement la porte avec un sourire un peu crispé, ce qui ne lui ressemble pas vraiment, lui qui est toujours calme et détendu.

    — Hey les gars, entrez. 

    Il s'efface et on entre avant d'avoir une petite exclamation en regardant la décoration qui me donne l'impression d'avoir été transporté dans un salon occidental en passant juste une porte.

    — Whao... c'est magnifique Phi. 

    Joss est le premier à réagir et moi je me contente d'hocher la tête en regardant partout autour de moi, on se croirait dans un magazine étranger qui présente les plus beaux salons au moment des fêtes.

    Je suis ébahi devant le sapin immense et richement décoré qui trône dans un coin de la pièce et même si ce n'est pas très poli, je m'avance pour l'observer de plus près. Je laisse mes doigts glisser sur une boule toute rouge et scintillante avec un petit sourire, j'ai déjà vu ces décorations dans les rues et les magasins, mais j'avoue que dans une maison, ça ne donne pas du tout le même ressenti.

    — Les gars, je dois aller rejoindre les autres, c'est Nong Pluem qui devait les amener et leur voiture est tombée en panne. 

    Je quitte la contemplation du sapin pour me tourner vers Nolan qui tient son téléphone dans une main, alors qu'il est en train de mettre ses chaussures de l'autre. 

    — Comme ça peut prendre un peu de temps, commencez à regarder le premier film, on arrivera sûrement à la fin et on pourra reprendre le programme à ce moment-là.

    — On peut venir avec toi, on ne va pas te laisser seul quand même. 

    Je me dirige déjà vers l'endroit où j'ai laissé mes chaussures, prêt à le suivre, mais Nolan me fait signe de m'arrêter.

    — Non, non, on ne va pas tous y aller, c'est pas la peine, profitez de la soirée tous les deux, on revient vite.

    J'ouvre la bouche pour essayer de le retenir, mais il a déjà fermé la porte derrière lui et on se retrouve seul Joss et moi, à se regarder sans comprendre ce qui vient de se passer.

    — On est d'accord, c'était un peu bizarre hein  

    Je reporte mon attention sur la porte maintenant close et je hoche la tête. Est-ce que l'on devrait vraiment regarder le film comme il l'a dit, ou bien devrait-on attendre qu'ils reviennent ? Joss prend la décision pour moi, sa main saisit la mienne et je frémis en sentant la chaleur qui émane de nos deux mains liées. 

    — Allons nous installer.

    Je le suis jusqu'au canapé et malgré la place qu'il y a sur l'immense assise, on se retrouve collés l'un contre l'autre, on se regarde en souriant avant de détourner les yeux et je n'arrive pas à déterminer ce que son regard me fait ressentir à ce moment-là. Alors, pendant qu'il bataille avec les télécommandes, je prends un coussin qui se trouve à côté de moi et le serre dans mes bras.

    Le premier film que Nolan avait prévu est un film américain de 1947, Miracle sur la 34ème rue. Si je suis dubitatif au début, je me laisse rapidement prendre par le film et je ne peux plus décrocher mon regard de l'écran, même quand Joss passe son bras autour de mes épaules et qu'inconsciemment je me cale un peu plus confortablement contre lui.

    Je me sens bien à cet instant, être dans ses bras me parait naturel et je finis même par poser ma tête sur son épaule pour être mieux installé. Je n'aime pas particulièrement que les gens me touchent, mais quand il s'agit de Joss, je ne me sens pas mal à l'aise, bien au contraire, je pousse un petit soupir en le sentant caresser lentement mon épaule.

    Je pourrais presque m'endormir et c'est seulement parce que le film me captive que je garde les yeux ouverts. On est en plein milieu d'une scène qui me remue et je dois me forcer pour ne pas pleurer, je ne veux pas que Joss voit que je pleure devant les films. C'est pile à ce moment-là que l'écran devient tout blanc et je fronce les sourcils en me redressant un peu.

    — Tu as éteint ?

    Je lève les yeux vers Joss et un petit sourire prend naissance sur mes lèvres quand je vois une larme glisser le long de sa joue. Alors je me rends compte que je ne suis pas le seul à être sensible et ça me rassure. Il baisse les yeux vers moi en reniflant un peu, comme moi, il est surpris.

    — Non je n'ai touché à rien, je...

    — Coucou les gars... 

    On tourne tous les deux la tête vers la télé alors que la voix de Nolan vient de s'élever et on ne comprend pas pourquoi soudain tous nos collègues apparaissent à l'écran.

    — J'espère que le début du film vous a plu, mais on a un message à vous transmettre tous ensemble, parce que vous devenez tellement désespérants tous les deux que l'on doit vous mettre un coup de pied aux fesses.

    — Donc... ils ont saboté le film pour nous insulter. 

    Joss commente et je ne peux pas m'empêcher de rire alors que Nong Neen prend la parole à l'écran.

    — Vous ne vous rendez pas compte de la manière dont vous vous comportez tous les deux, alors, voici un petit film pour vous en faire prendre conscience. 

    Elle fait un sourire tendre et ils disparaissent de l'écran, le bras de Joss se resserre autour de mon épaule et on voit apparaître la première scène.

    Plusieurs moments s'enchaînent, il n'y a pas de son, juste Joss et moi à l'écran à différents moments de la journée. Quand Joss m'apporte un café en me caressant doucement les cheveux. Quand je le raccompagne à sa voiture et que l'on discute quelques minutes. Quand je lui demande de se pencher vers moi pour pouvoir lui remettre une mèche de cheveux en place. Quand je rougis parce qu'il est beaucoup trop proche de moi. Quand il me caresse délicatement la joue au moment de se dire au revoir. Quand mon regard se fait tendre alors qu'il ne me regarde pas.

    Je regarde les images défiler, les moments de tendresse, de douceur et les regards échangés me troublent au plus haut point. Je n'avais pas imaginé que je le regardais de cette manière. Je me mordille la lèvre inférieure en me sentant rougir fortement, mon cœur s'emballe et mon cerveau commence lentement à comprendre certaines émotions que je peux ressentir quand il est dans la même pièce et que seul lui déclenche.

    Timidement, je lève les yeux vers lui, nos regards se croisent, mais il détourne rapidement le sien, gêné. Son étreinte ne se relâche pas pour autant et le silence dure un moment jusqu'à ce que la voix de Nong Pluem s'élève en provenance de la télé.

    — On espère que ces vidéos vont vous aider à comprendre que vous n'êtes pas juste amis ou collègues. On sait que ça vous a peut-être troublé alors Nolan vous a préparé un dessert de Noël à partager tous les deux, c'est dans le frigo. Alors savourez-le et on se voit bientôt.

    Le film reprend soudain, mais je n'arrive pas à me concentrer sur les images qui défilent en noir et blanc. Dans ma tête, je ne vois qu'une chose, la manière dont Joss et moi on se comporte ensemble.

    — Tu veux aller voir ce que Nolan a préparé ? 

    Je murmure sans réellement savoir pourquoi, mais j'ai l'impression que parler à voix haute gâcherait ce moment et même si c'est un peu étrange pour le moment, je n'ai pas envie que ça change.

    — Allons-y.

    Joss semble dans le même état de transe que moi, comme si la série de vidéo de nous l'avait transporté ailleurs. Il se redresse en m'entrainant avec lui et contrairement à d'habitude où il m'aurait lâché une fois debout, il garde son bras autour de mes épaules. Timidement, je passe mon bras autour de sa taille et me tenir si près de lui ne me semble pas étrange.

    La cuisine de Nolan n'est pas différente des autres cuisines thaïlandaises, quand on y rentre, on quitte un peu ce que les occidentaux appellent la magie de Noël et je me surprends à regretter la douce chaleur qui se dégage des lumières du sapin. Il a déjà préparé la table, deux petites assiettes et deux cuillères nous attendent sagement et je me demande depuis combien de temps nos collègues préparent cette soirée.

    J'ouvre le frigo, pleinement conscient de la présence de Joss juste derrière mon dos et je me sens frissonner, sauf que contrairement à d'habitude, j'arrive à mettre un nom sur ce que je ressens et je me demande comment j'ai pu ne pas m'en rendre compte plus tôt. Du désir, c'est un frisson de désir de le sentir si proche de moi.

    — Tout va bien Phi ?

    Je sursaute quand sa voix s'élève, proche de mon oreille, et que son souffle chaud frappe ma peau. Je suis obligé de m'éclaircir la voix pour être sûr qu'elle ne tremble pas au moment où je lui réponds.

    — Oui, désolé, je me suis perdu dans mes pensées.

    Je tourne la tête pour le regarder, il me fixe du regard et là aussi je me rends compte que sa manière de me regarder a changé. Son regard est plus lourd, plus vif, plus conscient et il m'attire, d'ailleurs je dois faire preuve d'une grande volonté pour ne pas bouger quand il passe sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. 

    — Là, ça doit être ça.

    Il désigne une boîte qui trône au centre du frigo avec un post-it accroché dessus. Je lui fais un petit sourire avant de la prendre avec mes deux mains. Je prends une profonde inspiration quand j'échappe à son regard, je ne m'étais pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration tout ce temps.

    On s'assoit l'un en face de l'autre et mes yeux s'agrandissent quand il ouvre la boîte, dévoilant une magnifique bûche de Noël. J'en ai souvent vu dans les films américains que l'on voit à la télé, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'en manger une encore.

    — J'ai hâte d'y goûter. 

    J'ai l'impression d'être un enfant à cet instant et pendant que Joss découpe des parts, je me saisis du petit papier que je lis à haute voix.

    Les amis, le temps de Noël est le temps du partage et de l'amour. Alors, pendant que vous dégustez la bûche, dites à l'autre cinq choses que vous aimez chez lui.

    Mon ventre s'entortille à l'idée de devoir dire à haute voix ce que j'aime chez lui et je me demande s'il ne ressent pas la même chose que moi à cet instant car il s'est figé en fixant son couteau.

    — Tu n'es pas obligé de le faire si tu n'en as pas envie, tu sais. 

    Je le rassure d'une voix douce et calme, même si dans le fond, j'aimerais bien qu'il m'explique ce qui lui plait chez moi.

    — Non... je vais le faire.

    Il me répond en déposant une part dans mon assiette et en me souriant tendrement. Je lui souris à mon tour en le remerciant avant que l'on se concentre sur le dessert. 

    — Bon appétit, Phi.

    Sa voix se fait comme une caresse à mon oreille, c'est doux et sucré à la fois et mes joues rosissent à cause de l'émotion qu'il suscite chez moi.

    — Merci, Nong, toi aussi.

    Je prends la cuillère et c'est presque dans un synchronisme parfait que l'on goûte à une première bouchée. 

    — Whaou, c'est super bon. 

    Je lève les yeux vers lui avec un petit sourire alors que mes yeux s'agrandissent de surprise et que je laisse la crème fondre lentement sur ma langue pour en apprécier le goût.

    Joss a le même comportement que moi et on rigole tous les deux en savourant cuillère après cuillère la douce patisserie. Un instant on a oublié la consigne laissée par Nolan tant on est appliqué à dévorer ce qu'il y a dans notre assiette. 

    J'aime ton sourire. 

    Il me surprend quand il reprend la parole, surtout quand sans prévenir, il me dit ce genre de choses. J'ai l'impression que mon corps gagne soudain quelques degrés.

    C'est mon tour maintenant, je dois lui donner une chose que j'aime chez lui et la réponse est toute trouvée quand je suis de nouveau happé par son regard. Je prends une profonde inspiration pour trouver le courage de le dire à haute voix sans bégayer.

    — J'aime tes yeux.

    On n'entend plus que nos respirations, cette fois c'est le reste de bûche qui est oublié et un petit souffle m'échappe quand il pose sa main sur la mienne, la serrant légèrement. 

    — J'aime tes mains. 

    Son pouce caresse un instant le dos de ma main, mon cerveau se vide complètement et c'est sûrement grâce à ça que je réussis à dire une chose qui me plait chez lui sans rougir.

    — J'aime tes abdos. 

    Une expression de surprise se peint sur son visage et je me mords la lèvre inférieure. Je n'ai pas souvent eu l'occasion de les voir cela dit, mais chaque fois, les tablettes de chocolat bien dessinée laissant place à ce V qui descend sous sa ceinture me laissent rêveur.

    Il s'éclaircit bruyamment la gorge en rigolant et je reviens sur terre en me rendant compte que je bave légèrement en imaginant son ventre parfait. Maintenant, il a un air joueur sur le visage et j'ai légèrement peur de ce qu'il va faire par la suite. J'ai d'ailleurs raison d'avoir peur car je ne suis pas prêt quand il lève sa main et que lentement, avec son pouce, il caresse mes lèvres.

    — J'aime tes lèvres.

    Est-ce qu'un léger gémissement vient réellement de passer la barrière de ma bouche quand il m'a caressé de cette manière ? Je rougis brutalement, mais je ne m'éloigne pas, pas quand son pouce continue son geste et que ses yeux pétillent de malice.

    — J'ai... j'ai... j'aime ta... ta voix.

    Je suis troublé, beaucoup trop pour réussir à parler sans bafouiller à moitié, mais ma réponse à l'air de lui plaire. Je respire quand son doigt quitte mes lèvres, mais il n'arrête pas de me toucher pour autant, puisque son index reprend le flambeau et il suit les rougeurs présentes sur mes joues. Je ne m'en rends pas compte, mais on est penché en avant l'un vers l'autre, on s'est rapproché autant que la table nous le permettait.

    — J'aime ta timidité.

    Pour moi, ma timidité, n'est pas ce que l'on peut aimer chez moi, je l'ai toujours vu comme un défaut, mais quand il le dit, je n'imagine même pas le contredire. D'ailleurs, je pense à une chose particulière chez lui, son humour. Il me fait toujours rire, surtout dans les moments où je ne vais pas bien, il va me raconter toutes sortes de choses jusqu'à ce que je souris ou rigole. 

    — J'aime ton humour.

    Son regard s'éclaircit quand il m'entend, il faut dire, je suis sûrement le seul au bureau à rire de ses blagues et il bougonne souvent à ce sujet quand les autres se moquent de son humour. D'ailleurs, je n'aime pas quand ils font ça, je n'aime pas le savoir blessé, même si c'est pour une si petite chose. Sa main se déplace sur mon visage et il caresse doucement entre mes sourcils, je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais en train de les froncer.

    — J'aime ton sérieux.

    Je lui fais un sourire avant de récupérer sa main entre les miennes, je me contente de la tenir et il ne cherche pas à la retirer, ce qui me fait plaisir. Je les observe, sa main est immense à côté de la mienne et j'adore la voir faire disparaître la mienne dans sa poigne. 

    — J'aime ton assurance. 

    Quand je vois la manière dont il m'a touché, alors que moi j'ose à peine lui prendre la main. On a dit chacun cinq choses que l'on aime chez l'autre, le silence retombe et on ne fait rien d'autre à part se regarder. On est tous les deux perdus dans nos pensées et dans ce que l'on ressent. Je ne m'étais pas rendu compte que j'aimais autant de choses chez lui et j'en suis sûr, si je devais y réfléchir un peu plus, il y aurait encore de nombreuses choses que j'aime chez lui. Je ne pensais pas non plus qu'il aimerait tant de choses chez moi et je me sens rougir encore une fois, mais cette fois je ne maudis pas ma timidité, puisqu'il a dit que lui, il l'aimait.

    Je réalise maintenant que notre relation, que ce que l'on ressent l'un pour l'autre est sûrement plus fort que de l'amitié, mais est-ce que c'est réellement de l'amour ? Je pense que je le saurais si j'aimais quelqu'un, non ? Nos doigts se sont entrelacés et nos pouces caressent la peau de l'autre. J'ai besoin de réfléchir à ce que je ressens vraiment, à ce que je veux pour de vrai, là c'est trop soudain et intense et je ne peux pas prendre une décision sans d'abord y réfléchir attentivement.

    — Phi...

    — Tu ne penses pas qu'ils devraient être arrivés maintenant ?

    Je vois la déception dans son regard quand je change soudain de conversation après l'avoir coupé. Il ne dit rien, il sait comment je fonctionne et s'il insiste maintenant, je risque de me braquer. Il se contente de soupirer et de baisser les yeux.

    — Je vais les appeler. 

    Sans lâcher ma main, il sort son téléphone et appelle Gunsmile en mettant le haut parleur et le pose sur la table entre nous deux.

    — Yo ! Joss, alors comment se passe votre soirée ? 

    La voix enjouée de Gunsmile retentit dans la cuisine et je me mords la lèvre quand j'imagine qu'ils doivent tous attendre qu'on leur annonce que l'on est amoureux, mais... c'est trop tôt, trop brutal pour le dire maintenant.

    — La soirée est intéressante, mais Phi s'inquiète de ne pas vous voir revenir. 

    Joss rit un peu en lui répondant, effectivement, cette soirée est intéressante, mais je serais heureux de les voir revenir pour pouvoir souffler et prendre le temps nécessaire à la réflexion.

    — Oh ça veut dire que vous êtes en couple alors ? 

    Je rougis furieusement et je n'ose pas regarder Joss en face, je veux même retirer ma main de la sienne, je panique un peu et il doit resserrer sa poigne pour m'empêcher de le faire.

    — Phi a besoin d'un peu de temps, Gunsmile, on... on en rediscutera plus tard tous les deux.

    Un long silence accueille la déclaration de Joss, moi je suis touché qu'il ait compris mon besoin, qu'il ne cherche pas à me mettre la pression pour savoir ce que j'en pense et je relève timidement la tête en lui souriant. Il m'observe et je vois que son expression est calme. Quand il voit que je le regarde, il me sourit et me fait un petit clin d'œil.

    Le silence s'éternise et je me demande un instant si la communication n'a pas été coupée, je fronce les sourcils et me penche pour regarder le téléphone. C'est à cet instant que la voix de Gunsmile retentit fortement, me faisant sursauter. 

    — Alors ça ne va pas être possible. On connaît Phi Tay, on sait qu'il va passer des semaines à se triturer le cerveau et ne pas avancer d'un pouce.

    J'ouvre la bouche pour dire que je ne suis absolument pas d'accord avec la manière dont il me dépeint, mais je la referme rapidement. Il n'a pas tort, je vais réfléchir un long moment et puis quand je serai décidé, je n'oserai pas aller lui parler et on en restera au même point. Je lève les yeux vers Joss et je comprends qu'il le sait déjà, il ne compte pas me pousser, tout en sachant que cette situation pourrait durer un long moment.

    — Gunsmile, ne t'inquiète pas...

    Joss tente encore de calmer les choses et moi je me sens vraiment coupable. Si seulement je pouvais être assez sûr de moi, de ce que je ressens, alors j'oserais faire face à tout ça et me lancer car au fond je le sais, notre relation est une évidence, même s'il aura fallu l'intervention de nos collègues pour nous ouvrir les yeux.

    — Je vous propose un dernier jeu le temps que l'on arrive. Enfin, vous n'avez pas le choix, je vais vous poser des questions, et vous allez y répondre en même temps et sans réfléchir.

    Je me sens un peu nerveux, car je connais bien Gunsmile et il est parfois un peu étrange.

    — D'a...d'accord. 

    Je lève les yeux et observe Joss qui ne semble pas forcément ravi par la situation, mais il finit par soupirer et hoche la tête même si les autres ne peuvent pas le voir.

    — Alors c'est parti, première question et on ne réfléchit pas, on dit la première chose qui vous vient à l'esprit. Slips ou caleçons ? 

    J'aurais dû m'en douter qu'il poserait ce genre de questions, je soupire, mais décide de jouer le jeu.

    — Caleçons.

    — Caleçons.

    On n'a même pas le temps de penser à la réponse que l'autre a donné que Gunsmile enchaîne. Joss et moi on se regarde dans les yeux en se tenant toujours la main comme pour se donner du courage. 

    — Dormir nu ou en pyjama ?

    — Pyjama.

    — Nu.

    La réponse de Joss me fait devenir tout rouge et son sourire en coin ne m'aide pas à garder une certaine contenance. 

    — Seul ou accompagné ?

    — Accompagné.

    — Accompagné.

    J'aime ce petit frisson qui prend naissance dans ma nuque alors que l'on répond exactement la même chose au même moment. 

    — Cornichons au chocolat ou à la crème glacée ?

    — Chocolat.

    — Crème glacée.

    On éclate de rire quand on répond chacun avec des mines dégoûtées à l'idée de manger une telle chose. Je ne sais pas où Gunsmile va pêcher ses questions, mais il continue à les débiter sans nous laisser le temps de respirer.

    — Parler comme Yoda ou respirer comme Dark Vador ?

    — Parler comme Yoda.

    — Parler comme Yoda.

    J'ai du mal à rester sérieux et concentré, entre les questions étranges, le regard de Joss qui est malicieux et sa main qui presse la mienne régulièrement, je ne sais plus où donner de la tête. 

    — Mettre des chaussures de deux tailles au-dessus ou de deux tailles en dessous ?

    — Deux tailles au-dessus.

    — Deux tailles au-dessus.

    Je me frotte le front en me demandant si les questions ont réellement un sens ou bien s'il se moque de nous pour faire passer le temps. 

    — Qu'est-ce qui est le plus utile, avoir trois bras ou trois jambes ?

    — Trois bras.

    — Trois jambes.

    On se regarde dans les yeux en souriant, essayant de comprendre ce à quoi l'autre pense, je suis tellement focalisé sur Joss que j'entends la dernière question sans trop y faire attention et y réponds de la manière la plus honnête qui soit. 

    — Est ce qu'il est un ami ou un amant ?

    — Un amant.

    — Un amant.

    On se fige tous les deux, se regardant droit dans les yeux alors que Gunsmile ricane au téléphone. 

    On est là dans deux minutes. 

    Il raccroche aussitôt, mais de toute façon aucun de nous ne l'écoute, on est de nouveau dans cette petite bulle rien qu'à nous.

    C'est vrai... c'est ce que tu voudrais ?

    Je lui demande d'une petite voix, je ne suis pas à l'aise d'avoir répondu si franchement à une question si personnelle. Il se lève alors de sa chaise pour faire le tour de la table et venir près de moi. Je me lève lentement et ferme un instant les yeux quand ses mains caressent mes cheveux.

    — Je ne m'étais pas rendu compte, Phi. 

    Sa voix est douce à mes oreilles, aussi tendre que ses gestes envers moi. 

    — Je pense à toi quand je me lève le matin. Je me demande comment tu vas jusqu'à ce que je te vois au bureau. Je veux toujours être en contact avec toi, que ce soit en te touchant la joue, les cheveux ou en te tenant la main. J'aime quand tu prends le temps de me raccompagner jusqu'à ma voiture et que l'on peut passer juste quelques minutes toi et moi. Quand je me couche le soir, je pense à toi et je me demande toujours quelle sensation ce serait que d'embrasser tes lèvres.

    J'ai l'impression d'avoir une boule dans la gorge alors que mot après mot, il dévoile l'étendu de ce qu'il ressent pour moi, toujours avec assurance, toujours avec ce feu dans les yeux et toujours avec des gestes qui me font respirer un peu trop vite. Quand il finit de parler, ses mains entourent mon visage, ses yeux fixent mes lèvres et soudain moi aussi je veux découvrir les sensations que je ressentirais si l'on venait à s'embrasser.

    Le temps semble suspendu et lentement, je lève les mains et les pose sur ses épaules, je me mets sur la pointe des pieds et même si je tremble un peu, j'essaie d'oublier ma timidité pour déposer mes lèvres sur les siennes. Ce n'est pas vraiment un baiser, parce que je me fige, je suis incapable de faire plus. Il va me prendre pour un idiot, il va rire et...

    Ses mains saisissent mes hanches et il me colle contre lui, resserrant notre étreinte et me faisant couiner. Je raffermis ma prise autour de son cou et doucement, comme pour ne pas me brusquer, il bouge ses lèvres, un premier baiser doux, tendre, à notre image. La sensation est grisante, divine et dans un coin de ma tête, je remercie Gunsmile de ne pas m'avoir donné l'occasion de réfléchir.

    Sa langue glisse sur mes lèvres, me demandant plus et je n'hésite pas une seconde avant d'entrouvrir la bouche. Je le laisse envahir ma bouche et m'offrir un long frisson quand nos langues se rencontrent pour la première fois. Je suis complètement perdu dans ses bras et je ne veux pas que ce soit le seul baiser qu'il m'offre, je veux plus, je veux être avec lui.

    Nos lèvres se séparent et il me serre contre lui, comme s'il avait peur que je recule et demande du temps pour réfléchir. Je suis rouge, j'ai les joues en feu et mon cœur frôle la crise cardiaque, mais je ne cherche pas un instant à quitter ses bras.

    — Nong Joss, je ne veux pas réfléchir, je suis sûr de moi, de ce que je veux.

    — Et qu'est ce que tu veux ?

    Il me questionne sans me regarder, l'étreinte est agréable et on n'a pas envie de s'éloigner pour le moment, surtout quand il se met à me caresser lentement le dos. Je me mordille la lèvre quand il me questionne et un instant, je me demande si je vais oser lui dire. Je place mon visage tout contre son cou, la chaleur qui se dégage se confond avec celle de mes joues et son odeur m'apaise et me donne le courage de mettre des mots sur ce que je souhaite vraiment.

    — C'est toi que je veux.

    Le silence retombe et il ne réagit pas, je sens tout de suite la peur me tordre le ventre. J'ai été stupide, ce n'est pas ce que lui veut et maintenant je vais être incapable de le regarder en face. Je n'ose même pas bouger, alors que je devrais quitter ses bras, chercher une excuse, m'enfuir loin, démissionner et...

    Sa main saisit mon menton délicatement, il me force à quitter mon refuge et je ne pense plus à m'enfuir au pôle nord quand je croise son regard intense et son sourire heureux. 

    — Je te veux aussi.

    Il tire un peu sur mon menton, son intention est claire et j'ai hâte qu'il m'embrasse à nouveau, mais au moment où nos lèvres s'effleurent, le son d'une toux nous fait nous reculer et nous tourner vers nos collègues qui sont tous à l'entrée de la cuisine.

    — Ça valait vraiment le coup de tourner pendant deux heures dans Bangkok pour trouver une branche de gui. 

    Nong Pluem râle en croisant les bras et je peux voir une branche dépasser de sa main.

    — Vous auriez pu patienter encore cinq minutes.

    — Ce sont mes questions qui ont tout déclenché, je suis trop fort, qu'est-ce que vous voulez.

    Gunsmile a un grand sourire et fait semblant de polir ses ongles sur sa veste, fier de lui. Pluem lui met une petite tape derrière la tête pour montrer son mécontentement et ça se serait sûrement fini en bagarre si Nolan n'était pas intervenu.

    — Calmez-vous, allons dans le salon regarder un film, on l'a bien mérité. Et vous, rejoignez-nous quand vous en aurez envie. 

    Je sens qu'il se retient de nous faire un clin d'œil et je rougis avant de me cacher contre Joss qui rigole en me serrant plus fort. Nolan entraîne tout le monde à sa suite, mais juste avant de sortir, Nong Neen se retourne et nous souris.

    — Je vous l'avais bien dit que vous étiez trop mignons ensemble.

    Elle nous fait un petit signe et s'enfuit rejoindre les autres que l'on entend s'esclaffer dans le salon. Je ne sais pas comment réagir maintenant qu'ils nous ont surpris sur le point de nous embrasser, je ne sais pas comment je pourrai les regarder en face et je sais surtout que je peux toujours rêver maintenant pour avoir une once d'autorité envers eux. 

    — Phi, lève la tête. 

    Je secoue la tête, toujours caché contre son épaule et ma réaction le fait rire avant qu'il ne se penche pour pouvoir me parler à l'oreille.

    — Est-ce que mon petit ami veut aller voir le film ou bien il préfère que l'on s'éclipse discrètement ?

    Je m'étouffe avec ma salive et redresse aussitôt la tête pour le regarder dans les yeux, plus que sa proposition, c'est la manière dont il m'a appelé qui me trouble le plus. 

    — Petit ami ? 

    Alors est-ce que l'on est en couple ? Est-ce que j'ai envie qu'on le soit ? Il fronce soudainement les sourcils et fait une petite moue boudeuse. 

    — Quoi, tu ne veux pas être mon petit ami ? 

    J'entends à sa voix qu'il n'est pas vexé ou en colère, il cherche juste à me faire dire les choses et je finis par sourire tendrement.

    — Si je veux l'être.

    Ma réponse lui plaît car tout son visage s'illumine soudain, il pourrait presque faire concurrence au sapin dans le salon tant il est lumineux. Il ne dit plus rien, il se contente de fondre sur mes lèvres et on s'embrasse à en perdre haleine. Je n'aurais jamais imaginé que ma vie prendrait ce tournant en venant à cette soirée, mais j'ai l'impression que, pour Joss et moi, la magie de Noël a fonctionné et nous a permis d'ouvrir les yeux pour vivre la plus fantastique des histoires alors que l'on s'éclipse discrètement par la porte de derrière. 



  • Commentaires

    3
    Lundi 20 Juin 2022 à 01:34

    Coucou ! J'ai adoré cette histoire. Je n'ai pas encore vu, le drama qui leur est consacrée, mais après une super histoire comme celle-là, je ne vais pas tarder à craquer hahaha

    2
    Dimanche 27 Décembre 2020 à 18:31

    Bravo ! et merci beaucoup

    1
    Vendredi 25 Décembre 2020 à 14:30
    Ooohhhhh, c'est vraiment tout mignon. Super travail à Johanne, Baby Binnie et Néphély. Merci à vous 3. C'est un petit moment de bien dans ma journée.
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