Chapitre 9 - 2ème partie

La confusion du mardi matin a commencé. Je dois me traîner pour aller en classe comme d’habitude. Je suis fatigué parce que la répétition d’hier était intense au point que j’ai presque perdu ma voix. Ce matin, j’ai dû ramper hors de mon lit d’une manière pas très cool.

Je monte sur ma grosse moto, prêt à aller à l’université comme toujours, mais Too m’appelle avant que je ne démarre la moto.

“Je pars tout de suite. Tu n’as pas besoin de me presser.” Je sais pourquoi il m’appelle. Je roule moins vite ces derniers temps, alors le Gang Extrême m’appelle souvent pour me presser.

[Ce n’est pas pour ça. Peux-tu passer prendre Third? Bone et moi ne pouvons pas y aller parce que nous sommes déjà à l’université.]

“Hé, qu’est-ce qui est arrivé à Third?” Je demande, inquiet.

[Le radiateur a failli exploser. Il a dit que la fumée sortait quand il conduisait.]

“Ok, je vais aller le chercher. Où est-il?”

[Devant son appartement. Heureusement, il n’est pas allé loin. Tu ferais mieux de te dépêcher ou il va te maudire.] Too raccroche. Je vais immédiatement à l’endroit où se trouve Third. Je le vois se tenir avec le garde de sécurité à l’entrée. Mais quand je l’atteins, il me pose des questions sur quelqu’un d’autre.

“Où est Too? Je ne lui ai pas dit de venir me chercher?” C’est donc pour ça qu’il ne m’a pas appelé...

“Il est déjà à l’université, alors il m’a dit de venir à la place. Pourquoi le radiateur a explosé?”

“Je ne l’ai pas vérifié. J’ai trop conduit ma voiture.”

“Prends mieux soin de toi la prochaine fois. Le centre automobile n’a pas mis d’eau dans le radiateur?”

“J’ai oublié d’amener ma voiture au centre.”

“J’ai vraiment envie de te frapper.”

“Comment on va à l’université?” demande Third. Tu te moques de moi?

“Ma grosse moto, bien sûr. Tu crois qu’on va y aller en volant?”

“Mais tu ne laisses personne monter dessus, à part tes copines.” Ok, maintenant je comprends pourquoi il a demandé.

“C’était comme ça avant, mais plus maintenant.”

“Alors tu laisses aussi tes amis monter dessus en plus de tes amants? J’en ai la chair de poule.”

“Je ne laisse pas mes amis monter dessus.”

“...”

“Seul mon amoureux peut monter. Dépêche-toi. On va être en retard.” Je n’attends pas qu’il réfléchisse et lui donne un casque. Je démarre la moto, en attendant qu’il monte.

Third hésite un instant, mais n’ayant pas le choix, il décide de monter derrière moi. On dirait qu’il n’a pas l’habitude. Je le sens à la façon dont il respire sur ma nuque.

“N’aies pas peur. Je ne roule pas vite, juste à quarante.” Je le réconforte.

“Vingt, c’est suffisant.”

“Third, monsieur, on va en classe aujourd’hui? Même conduire à 40 m’a valu les insultes de tout le monde. N’aies pas peur.”

“Tu peux dire ça parce que c’est toi qui la conduit.”

“Accroche-toi à ma taille si tu as peur.”

“Euh, pas question.” Je ne l’embête pas et commence à avancer. Chaque fois que je regarde dans le rétroviseur, je vois Third tout tendu, en sueur. J’ai de la peine pour lui. Ce doit être la première fois qu’il monte sur Chawee. Il n’est peut-être pas le premier à monter dessus, mais il sera certainement le dernier.

“Alors accroche-toi plutôt à mes épaules. Je ne reviendrai pas te chercher si tu tombes.” Je le répète au cas où il céderait. Ça marche cette fois-ci parce qu’il met lentement ses paumes sur mes épaules en toute confiance.

Je vais faire un bon rêve cette nuit. Au moins, je suis un peu plus proche du fait que... je pourrais gagner le coeur de Third un jour.

Nous arrivons à l’université. La personne derrière moi a de la sueur qui coule sur son visage. Il ne dit rien, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir mal pour lui. On dirait qu’il est sur le point de pleurer.

“Est-ce que ça va?” je lui demande.

“J’ai failli mourir,” dit-il en expirant par la bouche.

“Je vais ramener ma voiture de chez moi.”

“Pourquoi? Tu veux montrer à quel point tu es riche?”

“Je ne veux pas que tu sois mal à l’aise.”

“Ne t’inquiète pas pour moi. Ce n’est qu’une fois.”

“Alors je dois être inquiet parce que ma devise est que la première fois mène à la suivante. Habitue-toi à cela.”

“Espèce d’enfoiré!”

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Le soir, j’essaie de persuader Third de ne pas se porter volontaire pour aider à la collecte de fonds de la faculté, en pensant que je devrais l’étouffer dans l’œuf. S’il ne rencontre pas Un, tout va bien. Leur relation ne se développera pas. Mais les choses tournent mal, car lorsque le dernier cours se termine à cinq heures du soir, une personne nous attend, assise dehors, nous faisant un large sourire.

Chen, je te déteste, putain.

Tu ne peux pas être la cinquième roue du carrosse à la place de ton ami comme ça!

Au final, je dois suivre Third au marché des étudiants. Et ces deux chers amis? Ils m’envoient de l’amour depuis un salon de massage. Ces connards me laissent me battre seul dans un combat à deux contre un.

Le marché des étudiants est un marché normal mais ouvert dans l’université. Plus important encore, seuls les étudiants peuvent vendre et acheter des choses ici. On peut voir qu’il y a beaucoup de choses étranges en vente, comme le stand à droite avec une jolie fille juste là. Elle vend ses robes de soirée qu’elle ne porte plus. Les mecs y affluent pour regarder ses seins.

D’autres amis de la même faculté et moi-même nous trouvons à l’endroit que nous avons réservé. Nous avons deux boîtes de dons et de nombreuses affiches pour faire de la publicité. Third et Chen portent chacun une boîte. Un et moi tenons des pancartes et nous sourions aux gens qui passent. Les autres annoncent l’événement de notre faculté.

“Third, merci de nous aider. Khai, toi aussi.” Et voilà. Qu’est-ce que Un, le diable, a en tête?

“Pourquoi nous remercies-tu? On doit s’entraider pour le travail de la faculté.”

“C’est vrai,” dis-je pour soutenir Third. Je vais me mettre en travers de son chemin. Je ferai tout pour l’empêcher de jouer avec Third. On dirait que je viens d’attiser les flammes. On se tire dessus en faisant notre travail.

“Hé, Third, il paraît que ta voiture est en panne.”

“Il est venu avec moi aujourd’hui.” j’interviens. Je sais que mon nom n’est pas Third, mais je veux répondre. Tu as un problème?!

“Oh, vous êtes venus ici ensemble? Tu devrais faire attention, Khai. Tu roules toujours vite, je ne peux même pas voir ton ombre.”

“Je roule plus lentement maintenant. Ne t’inquiète pas.”

“Si tu le dis.” ajoute Third doucement. Je me sens mal à l’aise, j’ai peur qu’Un propose de ramener mon ami chez lui. Je suis soulagé quand il ne dit rien.

“Envoie-moi un texto dès que tu rentres chez toi pour que je ne sois pas inquiet, d’accord?”

“D’accord.”

“...!” Je reste immobile, essayant de rembobiner la scène pour voir si j’ai mal entendu. C’est quoi ces messages? Vous êtes restés en contact pendant tout ce temps?

Mon esprit se vide à cette seconde. Un jour, Too m’a promis de vérifier le téléphone de Third, mais nous avons été trop négligents. Cela signifie que depuis plusieurs jours, alors que je pensais avoir une longueur d’avance, Third parle à Un en même temps.

Mes jambes ont failli lâcher.

Je me tais et j’écoute la conversation entre eux. En ce moment, Chen et moi semblons être complètement coupés de l’orbite de ces deux-là.

“Nous avons reçu beaucoup de dons aujourd’hui. Ça doit être à cause de Khai. Les filles ont versé leur argent comme de l’eau.” Je n’ai rien dit pendant presque une heure. Pourquoi il attise la flamme maintenant?

“Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça?” je lui demande, en essayant de l’énerver.

“Il n’y a pas de problème. C’est une bonne chose.”

“Ceci est aussi une bonne chose. C’est une de tes proies? Elle me semble familière.”

“Ça ne me dit rien. Ce n’était pas ton ex? Il y en a eu tellement que je ne me souviens pas.”

Putain! Si on n’était pas au milieu du marché, je l’aurais sérieusement frapper. Il y a quelques types de personnes que je déteste. L’un d’entre eux est celui qui utilise le passé des gens pour se faire bien paraître.

“Khai est exactement le type des filles.”

“Un bad boy, n’est-ce pas?” ajoute Third.

“Hum... comme si tu n’étais jamais tombé amoureux d’un bad boy.” Au moins, tu as déjà craqué pour moi une fois.

Après cette phrase, un silence de mort s’installe soudainement. Third comprime ses lèvres après que cette phrase soit sortie de ma bouche. La collecte de fonds est très soutenue. Lorsque nous arrivons à la troisième heure, mes deux jambes commencent à se sentir faibles, et nous décidons donc d’arrêter.

“Nous compterons l’argent à la faculté. D’ici là, n’hésitez pas à aller manger quelque chose.” dit Chen à tout le monde. Un vient et demande tout de suite à Third.

“Tu veux aller chercher quelque chose à manger?”

“Je viens aussi.” Ne voulant pas qu’ils soient seuls ensemble, je ferai tout pour me mettre entre eux, mais un bon gars rencontre toujours des obstacles quand le directeur à l’allure d’ours m’arrête.

“Khai, viens m’aider.”

“C’est quoi ce bordel, Chen? J’ai tellement faim. Je vais aller avec Third.”

“Alors Third, achète à ton ami quelque chose à manger. Je vais l’emprunter un peu.” Third hoche la tête et marche dans la foule avec ce senior. C’est quoi ce boooooooordel?!

“Putain, qu’est-ce que tu veux?!” je crie de frustration. Je suis tellement mal à l’aise que je ne peux pas rester tranquille.

“Rien. Je veux juste que tu restes loin de ce couple. Ils s’en sortent bien.”

“Pour quoi? Je ne te comprends pas.”

“Un est mon ami. Third est mon pote. Je pense que c’est assez logique.”

“Et moi, alors? Je ne suis pas ton putain de pote?” Je ne peux pas m’empêcher de jurer contre le senior. Comme ce sont les meilleurs amis, Un a dû lui dire ce que j’ai dit. J’ai dit que j’aimais bien Third et que personne ne pourrait jamais me le prendre, mais maintenant.

“Tu veux mon amour, hein? Là, là.” Chen est sur le point de me réconforter, mais je me détourne comme une femme dans un drama thaïlandais.

“Laisse-moi te dire que je suis contrarié.”

“D’accord, d’accord. Va te calmer à la faculté. Ces deux-là vont revenir bientôt. Ne sois pas si possessif envers ton ami.” Je ne suis pas du tout possessif envers mon ami, je suis possessif envers Third. Third est ma future femme.

Quand je suis sur le point de dire ce que je pense, un autre ami vient parler à Chen, alors je reste là, irrité. Chen revient vers moi, l’air sévère.

“Reprends-toi, espèce de punk. Les gens vont se sentir mal à l’aise si tu continues à grogner comme ça.”

“Tu ne comprends pas.”

“Si, et je sais à quel point tu es puéril. Khai... tu n’es pas le centre du monde. Tout ne tourne pas autour de toi.” Il me tapote l’épaule avec sa grande main. Ses yeux semblent si froids que j’en ai des frissons.

“Que veux-tu dire?”

“Third va de l’avant, et tu es le seul à le ramener au même endroit, l’endroit où tu sais que ton ami est malheureux d’être.”

“Comment sais-tu qu’il sera heureux s’il va de l’avant?”

“Personne ne le sait. Il peut être heureux ou non. Mais s’il sait qu’il sera malheureux s’il reste au même endroit, n’est-il pas préférable d’avancer?”

“...”

“Toi aussi. Ne retiens pas Third. Lui et Un iront bien si tu ne te mets pas en travers de son chemin.”

“Mais Third est mon ami. Ai-je tort de m’inquiéter pour lui?”

“Hum, tu n’as pas tort! Mais, réfléchis bien, tu t’inquiètes pour lui ou pour toi?”

Quinze minutes plus tard, celui qui me fait me sentir fébrile revient avec ce senior et de la nourriture. Chen va parler avec les autres. Je suis le seul qui se concentre sur le sac de saucisses qu’il me tend.

“C’est pour toi.”

“Tu m’as acheté ça?”

“Bien sûr. Oh! Encore une chose. Je pars avec Un après ça. On se voit à la faculté.”

“Pourquoi tu ne viens pas avec moi? J’ai roulé trop vite? Je roulerai plus lentement cette fois, c’est sûr.” J’essaie de le retenir, même si je n’ai aucune idée de ce dont ils parlaient quand ils étaient ensemble.

“Ce n’est pas ça. Je dois l’aider à déplacer les boîtes de dons et le matériel. On se reverra de toute façon.”

“Tu peux les déplacer avec ma moto.”

“C’est une moto. Tu sais que ça ne serait pas pratique. On se voit à la faculté.” Il s’en va avec le senior, me laissant là, vide, pendant dix minutes. C’est donc le sentiment de quelqu’un qui a été largué, le sentiment de quelqu’un qui fait tant d’efforts mais qui n’est pas aimé en retour.

Je ne peux que regarder son dos alors qu’il s’éloigne de plus en plus, incapable de l’arrêter.

Je me mets les saucisses dans la bouche en me dirigeant vers le parking. La bonne nouvelle aujourd’hui est que Third se souvient encore que j’aime les saucisses, mais il a oublié que je déteste la mayonnaise. Il en a mis tellement que j’en ai presque vomi.

L’atmosphère au rez-de-chaussée du bâtiment de la faculté est agitée car nous devons compter l’argent et le mettre sur le compte avant de pouvoir rentrer chez nous. Seules les seniors doivent s’occuper de cela, mais Third ne veut pas rentrer chez lui, disant qu’il partira quand Chen aura fini le travail.

N’est-il pas un si gentil garçon? La petite amie de Chen ne s’occupe même pas autant de lui.

“Il est déjà dix heures. C’est pas grave si on part avant.” dis-je, ne comprenant pas cette situation. J’admets que j’étais plus raisonnable dans le passé, mais je peux me transformer instantanément en idiot quand il s’agit de Third.

“Pars en premier. Tu n’as pas besoin de m’attendre.”

“Comment je peux faire ça? Nous sommes venus ici ensemble, donc nous partirons ensemble.”

“Chen et Un sont ici. Il peut me ramener chez moi. Ne t’inquiète pas.”

“Un est encore pire. Je ne veux pas qu’il t’embête.”

“Tu m’embêtes aussi.”

“C’est vrai! Je me déteste à ce sujet. Pourquoi je suis comme ça quand il s’agit de toi?”

“...”

Je passe ma main dans mes cheveux de frustration. Tout ce que j’ai refoulé à l’intérieur est sur le point d’éclater parce que j’ai peur de le perdre, peur... qu’il soit trop tard.

“Et pour les saucisses, as-tu oublié que je déteste la mayonnaise?”

“Un les a achetées. Je n’ai pas regardé.”

“Et puis tu me les as données? Pourquoi ce n’est pas toi qui les as achetées?”

“N’est-ce pas la même chose?”

“Comment? Le goût est le même, mais pas mes sentiments. Et ça... vous vous envoyez des messages?”

“A propos du travail.”

“Tu peux lui parler à la faculté.”

“Et de trucs personnels.”

“Laisse-moi voir ça. Je ne lui donnerais pas mon identifiant LINE si j’étais toi. Je n’ai pas confiance en lui.”

“Tu l’as donné à toutes les filles de l’université. Tu as le droit de me dire ça?”

“C’est vrai, je n’ai pas le droit de faire ça.” Je veux te garder pour moi. Je n’ai pas le droit de le faire, mais je suis toujours en colère. Je me tais et je me détourne de lui, en essayant de me reprendre du mieux que je peux. Third m’a oublié. Ce sera difficile de le faire m’aimer à nouveau. Être égoïste n’aidera peut-être pas.

Nous les attendons à la table du rez-de-chaussée pendant près d’une heure. Les seniors partent parler dans le bureau, laissant deux étudiants de troisième année assis ici mais se tournant le dos. J’essaie tellement de ne pas regarder derrière, mais je ne peux pas le faire au final.

“Third.”

“...”

“Que…” Je ferme rapidement la bouche. Le ‘Qu’est-ce que tu fais?’ s’éloigne de ma gorge quand je le trouve la tête baissée sur la table, endormi. Une de ses joues appuie sur son bras, ce qui lui fait ouvrir la bouche. Il ressemble à un enfant, mais je n’arrive toujours pas à le quitter des yeux.

C’est agréable quand tu dors. Au moins, je peux avoir plus de temps pour te regarder de près. Que ferai-je si tu appartiens à quelqu’un d’autre? Est-ce que je pourrai l’accepter? Je ne veux pas y penser du tout.

‘Khai, quand tu regardes un film, quelle est la meilleure façon d’exprimer l’amour à ton avis?’

‘Baiser, bien sûr.’

‘Va baiser dans ta chambre.’

‘Je plaisantais. Je pense que c’est un baiser?’

‘...’

‘Un baiser, puis se regarder dans les yeux.’

‘Trop mielleux.’

‘Mais tu aimes ça aussi.’

‘C’est pas normal? Tu n’aimes pas quand tu embrasses quelqu’un que tu aimes?’

‘Quand j’aimerai vraiment quelqu’un, je répondrai à cette question.’

Maintenant, je n’arrête pas de penser à embrasser, embrasser et embrasser encore et encore. Mes yeux sont fixés sur les lèvres de la personne qui dort sans défense. Elles sont si tentantes pour moi. Une fois, nous nous sommes embrassés si profondément, mais c’était sans amour. C’était un baiser forcé, plein de confusion.

Third a pleuré si fort à ce moment-là. Je ne peux pas effacer de mon esprit ses yeux, ses lèvres et ses sanglots de la nuit où nous étions terriblement bourrés.

Et aujourd’hui, je me sens avide d’en vouloir plus. Je veux que tout soit... mieux.

Le vice et la vertu se battent dans ma tête, et le vice gagne. J’en profite pour me lever afin de me rapprocher de lui. Je me penche, en déplaçant mon visage vers le sien. Je sens son souffle au bout de mon nez. À ce moment, je presse mes lèvres sur les siennes.

Juste le contact des lèvres. Je ne m’imposerai pas à lui.

Au léger contact de nos lèvres, la personne endormie commence à se réveiller. Tout se passe si vite, et je ne peux pas revenir en arrière.

Third ouvre lentement les yeux, mais, à cette distance, il doit être difficile de dire qui est qui. Je pense qu’il sait dans quel genre de situation il se trouve en ce moment. Mon cerveau essaie de trouver une excuse qui ne le fera pas crier sur moi.

“Euh…”

Je recule un peu, juste un peu...

Ce jour-là, quand on parlait, j’ai dit que je te le dirais quand j’aimerais vraiment quelqu’un. J’ai eu la réponse aujourd’hui: j’aime ça. Je t’aime, c’est pour ça que j’aime t’embrasser.

“Third, je…”

“Qui crois-tu que je suis?”

“...”

“Je ne suis pas une pute que tu aimes tant baiser.”

“...!!!”

C’est comme si j’avais été frappé par la foudre. Chaque partie de mon corps s’engourdit. Quand je me ressaisis, je m’éloigne lentement de la personne en face de moi. Mes pieds reculent même tout seuls.

Third essaie de se ressaisir. Quand ses yeux commencent à s’ajuster, il me voit me tenir loin de lui. Je... ne sais pas quel genre d’expression je dois afficher.

“Est-ce que je ressemble à une fille dans ton stock?” Sa voix est à peine un murmure, mais je l’entends clairement.

“Je t’ai embrassé à l’instant parce que je…” Je décide de dire la vérité.

“Ne fais plus jamais ça. Ne me fais pas mettre fin à notre amitié une seconde fois.”

“Third, en fait, je…”

“Tu es déjà assez dégoûtant pour moi.”

“... C’est ce que tu ressens?”

“...”

“Tu n’as jamais dit que tu étais dégoûté par moi. Pourquoi tu ne me l’as pas dit pour que je puisse me changer? Depuis combien de temps... suis-je une personne dégoûtante pour toi?”

Mon cerveau est terriblement vide, et mon visage est chaud. J’entends un cri venant de derrière. Les seniors sortent du bureau alors que je m’éloigne de mon meilleur ami.

“On a fini. Vous pouvez partir.” Après que Chen ait dit ça, je me tourne immédiatement vers Un, mais je ne peux rien faire d’autre que serrer les poings. On ne dit rien, et puis j’abandonne et je me retourne, allant directement au parking.

En ce moment, Third ne veut probablement pas rentrer chez lui avec une personne dégoûtante comme moi.

Il pense même que je l’ai pris pour une pute quand je l’ai embrassé. C’est tellement drôle, haha.

Je démarre ma moto sans perdre une seconde. J’accélère pour me tirer d’ici le plus vite possible. Je conduis ma moto dans l’obscurité de la rue qui m’aidera à effacer ce sentiment. Je ne connais même pas la vitesse à laquelle je roule. Je sais seulement que la chaleur de mon visage et de mes yeux est la preuve que ce qui vient de se passer a causé de graves dégâts.

Serons-nous les mêmes demain? Seras-tu toujours mon ami ou celui de quelqu’un d’autre?

Tout cela est de ma faute, car je m’en suis rendu compte trop tard. C’est ma faute d’avoir agi comme une ordure envers lui et de ne pas avoir pu tout arranger. Mais qu’est-ce que je peux faire? Pour moi, nous pouvons être seulement des amis.

‘Khai, si un jour je perds mon chemin, tu me quitteras?’

‘Pas question.’

‘Et si je suis triste, tu me réconforteras?’

‘N’importe quand.’

‘Tu as dit que tu ne me quitterais jamais.’

‘Je te le promets.’

BAM!!!

Ma vision bascule encore et encore. Tout mon corps s’engourdit, mais bientôt je peux sentir mon corps trembler, surtout mes mains. Une odeur âcre me remplit le nez. J’essaie d’ajuster mes yeux du mieux que je peux, mais je ne vois que les ombres vagues des arbres dans l’obscurité.

Le vertige est accablant, mais je me force à me lever, sentant la douleur engourdie se propager lentement dans mon corps.

Chawee est tombée et a glissé dans la rue. Je suis tombé assez loin de ma grosse moto adorée. Je ne me souviens pas pourquoi j’en suis tombé, car je ne pouvais pas me concentrer sur la conduite. Je pensais à quelqu’un.

Quelqu’un?

L’image de Third surgit dans mon esprit. J’essaie très fort de me lever sur mes jambes malgré leur tremblement. Je n’ai même pas la force de monter sur ma moto pour rouler avec. Mon uniforme d’étudiant est tout déchiré. Je ne peux pas dire à quel point il est sale parce qu’il n’y a pas assez de lumière pour voir.

J’essaie de retourner au trot dans la direction d’où je viens parce que nous nous sommes un jour fait une promesse, donc jamais je ne le quitterai...

Chaque pas est plus dur que l’autre. La douleur aiguë se répand comme si mes os étaient brisés. Un liquide qui s’écoule de ma tête commence à bloquer ma vision. Peut-être que ce sont mes larmes qui coulent? La vue devant moi est à moitié sombre, à moitié éclairée, c’est comme si j’étais tellement ivre que je perdais la tête.

Personne ne sait ce qu’il adviendra de Third et de moi demain, mais je ne veux pas le perdre, même si cela signifie que je dois devenir une personne dégoûtante.

Il est tard. Il n’y a que le silence qui m’entoure. Je continue à boitiller, à prier pour qu’il ne soit pas parti, parce que je dois aller bien jusqu’à ce que je fasse ce que j’ai promis.

Heureusement, après avoir boitillé un moment, la lumière du bâtiment de la faculté d’Ingénierie me guide maintenant. Je peux me voir clairement maintenant. Mon pantalon et ma chemise ont été déchirés quand je suis tombé sur la route, le sang s’infiltre dans le tissu et aussi dans mes paumes. Je peux dire, d’après le liquide rouge collant qui coule sur mes paupières, que je me suis ouvert la tête.

L’odeur âcre du sang me donne envie de vomir, mais je ne m’arrête pas avant d’avoir atteint le bâtiment de la faculté. Je vois soudain une silhouette sortir de l’entrée avec Un.

“Khai!” crie-t-il en état de choc. Je ne sais pas à qui appartient cette voix, mais ce n’est certainement pas celle de Third.

Il me regarde avec ces grands yeux mignons. Je ne peux pas dire ce que j’ai en tête en ce moment parce que je suis haletant, alors je m’approche de lui.

Et puis je rassemble ce qui reste de ma conscience pour le lui dire.

“Third... je suis venu te chercher.”

“...”

“Désolé de t’avoir fait attendre.”

“...”

“S’il te plaît, ne sois pas dégoûté par moi. Rentrons à la maison ensemble.”