• Chapitre 8: Alter Ma Jeeb

    Chapitre 8
    Alter Ma Jeeb

    Je fixe mon téléphone, les pensées se bousculent dans ma tête. Je ne peux que dire... c’est quoi ce bordel!

    “Pas besoin de m’aimer à ce point. Pourquoi seulement moi? Je ne veux pas être tué par les filles.” Je dois protéger ma vie. Le groupe des épouses de Sarawat est terrifiant.

    “Je me suis abonné à toi parce qu’on est amis. N’y attache pas trop d’importance!”

    Quel genre de réponse c’est, ça?

    “Alors, pourquoi ne t’es-tu pas abonné à tes Lions Blancs?”

    “Arrête de poser autant de questions. Ou peut-être que tu veux être plus qu’un ami?”

    “Qu’est-ce que ça veut dire?”

    “Être ma maîtresse.”

    Je gémis et lui fais une grimace. Je n’ai pas l’intention d’en dire plus. Il m’ignore et pianote sur son téléphone, apparemment pas du tout gêné par tout le monde qui lui crie dessus comme une meute de loups affamés.

    “Sarawat! S’il te plaît, aime la photo sur laquelle je t’ai tagué!” “Sarawaaat!”

    “Fais-le. Je pense qu’elle est folle de toi.”

    Sarawat me jette un regard mais ne dit rien. Jusqu’à ce que...

    “Awwwww! Sarawat vient d’aimer ça! Les gars! Je vais vous donner des polaroïds de Sarawat! Gratuitement! Venez les chercher demain!”

    Je pense que c’est la signification de l’expression ‘Le bonheur est partout’. C’est fou de penser qu’ils seraient tellement heureux juste parce que Sarawat a appuyé sur like. Il l’a fait avec le même doigt qu’il utilise pour se curer le nez, tu sais.

    “Pourquoi tu fais cette tête?” me demande-t-il.

    “Quoi?”

    “Ton Instagram.”

    Il me montre une photo de mon flux. C’est une photo que j’ai moi-même aimée - bonne humeur, bonne ambiance, super endroit. C’est le cliché parfait!

    “Je sais que je suis sexy.”

    “Tu as l’air stupide.”

    “Pardon? Beaucoup de gens aiment cette photo, tu sais?”

    Quand j’ai vu cette photo pour la première fois, j’ai dû me demander si l’appareil était particulièrement bon ou si j’étais juste si beau. Et j’ai eu presque 500 likes sur cette photo. Pourquoi il a dit que j’avais l’air stupide? Espèce d’idiot! Sarawat!

    “Pourquoi tu poses toujours sur tes photos?”

    “Tout le monde ne peut pas être aussi impeccable que toi. Tu peux péter toute la journée et les filles vont quand même te sauter dessus.”

    “Mais tu ne le ferais pas?”

    “Non.”

    “...”

    “Honnêtement, je m’en fous si tu craques pour quelqu’un. Tu n’as pas à suivre seulement mon compte, sauf devant Green. Compris?”

    “Finis de manger.”

    “Pourquoi tu ne me dis pas simplement qui c’est?”

    “Je t’ai déjà dit que mon crush est celui que j’ai suivi.”

    “Merde! Je veux dire dans la réalité. Peu importe, je ne te demanderai plus rien.”

    Le silence s’installe. Je ne trouve rien à dire, mais pour une raison quelconque, je ne me sens pas gêné par cette situation. Je suppose que c’est le genre d’amitié que nous avons. Même un silence soudain ne me rend pas nerveux quand je suis avec Sarawat.

    “J’ai essayé de comprendre Instagram pendant des jours, mais je viens seulement de réaliser qu’on ne peut pas sauvegarder les photos.”

    “Eh, comment peux-tu être si bête? Tu aurais dû comprendre ça le premier jour.”

    “Je l’ai juste découvert hier. Man me l’a dit.”

    “Bon, tu essaies de sauvegarder des photos en ce moment?”

    “Je fais des captures d’écran.”

    “Quoi? Un gars comme toi ferait ça? Allez, laisse-moi voir de qui sont ces photos.”

    “Quelqu’un qui aime beaucoup poser.”

    “Qui c’est?”

    “Toi, Nuisance.”

    “...”

    “C’est ta faute si je manque d’espace mémoire.”

    Je sais que je viens de dire que parce que nous sommes amis, je ne me sens jamais mal à l’aise. Mais peut-être qu’on n’est pas si proches après tout, parce que là, mon souffle est coincé dans ma gorge. Mon cœur...

     

    Être l’esclave des seniors des cheerleaders est la plus grande misère de ma vie. Ils nous ont fait répéter encore et encore, sans relâche, et j’ai dû faire la même chanson plus de 10 fois.

    Maintenant, il est presque vingt-trois heures.

    Ils ne veulent toujours pas nous laisser partir, Sarawat et moi. Il est assis tout près, il m’attend. Il a l’air fatigué, mais il doit rester parce que les seniors le veulent. Ou en fait, il peut simplement se lever et partir, et je ne sais pas vraiment pourquoi il ne le fait pas. Peut-être qu’il aime juste se vautrer dans sa gloire.

    “Nong Tine, lève tes bras... plus... plus... c’est ça.”

    Dès que la senior me tourne le dos, mes bras retombent. Je n’en peux plus!

    “Excuse-moi! Tine baisse les bras!”

    “Nong Tine!”

    Sarawat! Espèce de connard!

    J’ouvre la bouche, je veux l’insulter. Aucun son ne sort.

    “Tine, refais-le.”

    “Oui, ma’ame!”

    “Tu viens de manger, n’est-ce pas? Tu devrais être plus énergique.”

    “Ah, un moustique m’a piqué!”

    C’est vrai!

    “Ok, quand cette chanson sera terminée, vous pourrez partir. Mais s’il vous plaît, faites plus attention.”

    “Oui!”

    Ok! C’est la dernière fois! Tout le monde fait de son mieux. Les seniors nous applaudissent brièvement avant de se tourner vers Sarawat. Est-ce une blague?

    “Nong Tine, tu peux rentrer chez toi.”

    “Je dois prendre mon sac.”

    Sarawat a mon sac, donc je ne peux aller nulle part.

    “Je dois partir,” dit Sarawat aux seniors en se rapprochant de moi.

    “Tu rentres chez toi?”

    “Oui.”

    “Prends soin de toi.”

    Sarawat hoche la tête. “Donne-moi mon sac,” je lui aboie dessus.

    “Viens avec moi, je te conduis chez toi.”

    “J’ai ma propre voiture.”

    “Alors je vais te ramener à ta voiture.”

    “Tu me prends pour un bébé?”

    “Un petit enfant,” il tend la main pour tapoter doucement ma tête avant de prendre ma main.

    “Tu as peint ta chambre?” je demande.

    “Non.”

    “Tu as dit que tu le ferais aujourd’hui.”

    “Eh bien, tu n’es pas venu. J’ai besoin d’un serviteur.”

    “Trou du cul!”

    “Viens m’aider demain.”

    “Non. Demain c’est samedi. Je dors jusqu’à midi.”

    “Si tu viens, je te laisserai toucher ma poitrine.”

    “Je ne suis pas intéressé par une poitrine plate.”

    “Je t’achèterai à manger.”

    “Je ne suis pas un cochon.”

    “Je ferai tes devoirs.”

    “Nous n’étudions même pas les mêmes matières.”

    “Je t’apprendrai à jouer de la guitare.”

    J’ouvre la bouche juste pour la refermer. Il a réussi à m’offrir la seule chose que je veux vraiment. Si je deviens bon à la guitare, je pourrai l’utiliser pour flirter avec Prae. Je le regarde. “A quelle heure?”

    “On se voit à six heures. Réveille-moi quand tu seras là. Conduis prudemment.”

    Ma mâchoire tombe, mais il est parti avant que je puisse protester. Conneries! Six heures du matin? Je déteste ce type! Il ne m’a même pas laissé une chance de protester.

    Je m’arrête devant ma voiture, fouillant dans mon sac pour trouver les clés. A la place, je trouve un spray anti-moustique et une clé bizarre à laquelle est attachée une poupée Luffy. Elles doivent venir de Sarawat. Est-ce que je dois dire merci? Merci de m’avoir acheté un spray anti-moustique, mais pourquoi ne pas me l’avoir donné pendant l’entraînement?

    DING

    J’atteins à peine la voiture qu’un message arrive.

     

    Ducon

    - Nourriture: 10 boc 350 bat

    - Boisson: 10 bouteiles 80 baht

    - Un spray: 35

    Tu me dois 456 baht.

     

    Sérieusement? Je n’arrive pas à le croire!

    Il est tellement gourmand. Et il fait toujours autant de fautes de frappe. Un type aussi horrible que lui ne rendra probablement pas Green jaloux du tout. Oh mon coeur...

     

    Alors vous pensiez que j’allais faire ce qu’il m’a dit? Y aller à six heures, c’est ça?

    Je me suis réveillé à sept heures et j’étais prêt à y aller à huit heures. J’ai décidé de frapper poliment à la porte quand je suis arrivé chez lui, mais apparemment l’homme à l’intérieur était mort. Aucun bruit. J’ai trouvé la clé Luffy.

    J’ai ouvert la porte pour...

    “C’est quoi ce bordel!” je crie, perdant presque l’équilibre sous le choc.

    Son corps nu est horrifiant. Il savait très bien que je serais là le lendemain matin, et il s’est quand même couché nu? Il n’en a vraiment rien à faire. Faisons une tendance avec les hashtags #NakedSarawat #BigSarawat #SarawatExpo.

    Je dois arrêter mon esprit pervers quand il se redresse, à moitié endormi. Pour ma part, je me sens bien réveillé!

    “Tu es là?”

    “Espèce d’abruti! Pourquoi tu n’as pas de vêtements sur toi?”

    Je prends une couverture pour le couvrir.

    “Au lit?”

    “Tu ne portes jamais de vêtements au lit?”

    Il secoue la tête. C’est vrai? Je suis paralysé pendant une seconde. Je veux lui crier dessus bruyamment, mais je ne peux pas.

    “Tu dois porter quelque chose, quelqu’un pourrait te voir.”

    “Je suis seul. Qui pourrait entrer?”

    “Je viens juste d’entrer…”

    “Ok, si tu veux que je le fasse, je le ferai.”

    Pourquoi est-ce que j’agis comme sa mère?

    “Va prendre une douche.”

    Il ressemble à un petit chaton, il hoche la tête et ne discute pas. Je suppose qu’il n’est pas encore complètement réveillé.

    Pendant que Sarawat est sous la douche, j’écoute de la musique. Je regarde autour de sa chambre. Il a déplacé ses affaires. Ses meubles sont au milieu de la pièce et sa guitare est sur le lit.

    Je range un peu les affaires éparpillées dans la pièce avant de vérifier la couleur de la peinture qu’il a achetée pour les murs.

    C’est du gris. Je suppose que tout est mieux que le noir.

    “Sarawat!” Je crie à la porte de la salle de bain.

    “Huh?”

    “Qu’est-ce que tu veux manger? Je sors!”

    “Tu es fou? J’ai des trucs dans le congélateur. Il fait un milliard de degrés dehors en ce moment.”

    “D’accord, putain,” je lui réponds en hurlant. Je ne fais rien alors. J’attends juste qu’il ait fini, en écoutant la musique.

    Ne vous avisez pas de l’imaginer sortir tout mouillé et sexy. Il est sorti de la salle de bain tout habillé.

    Sarawat porte un caleçon et un t-shirt blanc avec ‘Save Water, Drink Vodka’(1) écrit sur la poitrine. C’est bizarre de le voir comme ça alors que je n’ai l’habitude de le voir qu’en uniforme ou en tenue de foot. “Qu’est-ce que tu regardes?” Il lève un sourcil.

    “Rien.”

    “Tu as faim?”

    “Un peu.”

    Il ouvre le frigo pour prendre de la nourriture surgelée qu’il place dans le micro-ondes.

    “Je n’ai que du Kra-Phao(2).”

    “Peu importe. Comment va ta main?”

    “Je sais que tu t’inquiètes pour moi.”

    Je laisse échapper un gémissement. “Je te l’ai dit, je m’inquiète juste pour le club.”

    “Tu ne m’as jamais permis de toucher ta poitrine, alors ça fait toujours mal.”

    “Ne commence pas.”

    On rigole tous les deux, on passe l’heure suivante à manger et à s’enquiquiner à tour de rôle.

    Je sais que je vais avoir une leçon de guitare professionnelle en échange du travail que je suis sur le point de commencer, mais pourquoi le prix doit-il être aussi élevé?

    Nous sommes seulement deux à essayer de trimballer une énorme échelle. On pourrait penser que Sarawat aurait appelé plus de gens pour nous aider, mais il prétend qu’aucun de ses amis ne sait comment venir ici. Apparemment, je suis le seul à connaître l’emplacement de sa chambre secrète.

    Nous commençons à peindre. J’ai la tâche facile de déplacer les choses tandis que Sarawat fait tout le travail difficile en peignant tout. Cette répartition du travail me convient parfaitement, sauf lorsque le meuble à chaussures de Sarawat se renverse et que je dois remettre toutes ses chaussures en place. Pourquoi dois-je faire ça? Je ne suis pas sa femme!

    Je parcours ses chaussures du regard.

    Nike, Adidas, Reebok, Vans, New Balance et, attendez! Chang Dao? Il y a trop de Chang Dao ici!

    “Hé, c’est à qui tout ça?” Je montre les tongs bleues de la marque Thai.

    “Elles sont à moi.”

    “Tu en as trop!”

    “Elles sont confortables.”

    “Je vais le dire à tes fans! Je suis sûr qu’ils t’en achèteront d’autres.”

    “Je n’utiliserai pas les trucs des autres.”

    “Whew! Quel homme fier!”

    “Mais si tu les achètes pour moi, je les mettrai.”

    “Pourquoi je voudrais faire ça?”

    “Ne déplace pas celles qui sont près de la porte dans le meuble.”

    “Je suis ton esclave?”

    “Oui, tu l’es.”

    Merde! Il est impossible!

    Je me dirige vers le coin pour déplacer les chaussures qui se trouvent là, au milieu de la pièce, au lieu de l’étagère. Les chaussures, c’est un peu exagéré - elles sont tellement usées que je préfère les appeler des déchets. Le reste de ses chaussures ont l’air toutes neuves, mais pas ces Converse et Onitsuka. Pourquoi ne changerait-il pas de chaussures de temps en temps?

    Nous continuons à travailler dur. On discute et on écoute de la musique. Puis un coup frappé à sa porte nous interrompt.

    TOC! TOC! TOC!

    “Un ami à toi?” je demande, mais Sarawat secoue la tête.

    TOC!

    “Vas-y, réponds à la porte,” m’ordonne-t-il. Je m’avance pour ouvrir la porte.

    “Salut! Mon garçon! Oh... tu es un ami de Sarawat?” demande une femme devant moi, surprise.

    “Maman.”

    Awww! Sa mère est si jeune! Sans doute tient-il son apparence d’elle.

    “Ah, euh, b-bonjour!” Je la salue en bredouillant.

    “Pourquoi tu n’as pas appelé avant?” se plaint le gars sur l’échelle sans se détourner du mur qu’il est en train de peindre.

    “Si je t’avais appelé avant, ça n’aurait pas été une surprise, n’est-ce pas? Et tu aurais probablement caché une fille ici.”

    Sarawat secoue la tête en signe d’exaspération.

    “Ne sois pas comme ça! Je ne fais que passer!”

    Je panique un peu, même si sa mère semble si sympathique. Elle se dirige vers le réfrigérateur pour y fourrer un sachet de fruits avant de s’asseoir sur le lit de Sarawat. Ses yeux alternent entre lui et moi. “Comment tu t’appelles?”

    “Je m’appelle Tine.”

    “Un ami de Sarawat, c’est ça?”

    “Oui.”

    “C’est bizarre! Tu ne reçois jamais personne chez toi.”

    “Ce n’est pas bizarre,” insiste Sarawat. Sa mère acquiesce et se tait en jetant un coup d’œil dans la pièce. La mère de Sarawat est manifestement très facile à vivre, mais il y aura toujours une sorte de mur entre les adultes et les adolescents. Une sorte de respect tacite.

    “Aide-moi à peindre cet endroit! Arrête de t’inquiéter!”

    J’ouvre la bouche pour m’opposer à l’ordre de Sarawat, mais je la referme rapidement quand sa mère arrive à côté de moi.

    “Tu dois jeter ça, chéri, c’est de la camelote.”

    “Ah, Mère(3)! Ce sont mes chaussures…”

    “Oh! Ce sont celles de Tine, je croyais que c’était celles de Sarawat,” rigole doucement la petite femme. Pardon? J’ose dire que les chaussures de votre fils sont un peu plus abîmées que les miennes!

    “Alors, pourquoi peins-tu ta chambre? Tu n’as jamais aimé une autre couleur que le noir.”

    “Quelqu’un n’aime pas ça.”

    “Qui? Ta petite amie?”

    “Mon ami.”

    “Oh, mon cher garçon, pourquoi n’as-tu toujours pas de petite amie? Es-tu impuissant?”

    “Maman…”

    Apparemment, un joli visage n’est pas la seule chose qu’elle a donné à son fils. Elle est aussi franche que lui.

    “Tine, je vais te dire une chose. Sarawat n’a jamais eu de petite amie.”

    “Oh, vraiment?” Je demande, curieusement surpris. Je me demande s’il n’en a vraiment jamais eu, ou s’il ne lui a simplement jamais dit.

    “Quand je nettoyais sa chambre, je n’ai jamais trouvé d’affaires de filles, juste du porno.”

    “Ce n’était pas à moi. C’était à papa,” objecte bruyamment Sarawat.

    “Alors, Tine, tu as déjà eu une petite amie?”

    “Oui!”

    “Combien?”

    “Oh, beaucoup!” Je rigole. Je suis un vrai Casanova.

    “Pourquoi n’aides-tu pas Sarawat à trouver une petite amie? Il ne s’intéresse à rien d’autre qu’à…” Elle s’arrête au milieu de sa phrase et prend une grande inspiration.

    “...”

    “Sarawat, je sais que je t’ai perdu ce jour-là…”

    “...”

    “... le jour où tu as acheté ta première guitare est le jour où tu m’as oublié.”

    Je fais de mon mieux pour ne pas rire trop fort. La mère de Sarawat passe la prochaine demi-heure à parler, expliquant qu’ils sont partis de Bangkok parce que le père de Sarawat a des affaires gouvernementales à Chiang Mai. Elle nous a donné des pommes et des KitKats avant de partir.

    À présent, la chambre n’est plus noire, mais d’un gris cool. C’est le style américain que j’aime!

    “Hé, je veux savoir quelque chose.”

    Sarawat est assis sur le sol, épluchant des pommes que je mange ensuite. “Quoi?”

    “Ta mère a dit que tu n’as jamais eu de petite amie, c’est vrai?”

    “Elle a raison.”

    “Vraiment? C’est dingue!” C’est dur de croire que quelqu’un comme lui n’a jamais eu de copine. Peut-être que c’est juste parce qu’il est trop ennuyeux. “Alors, quel genre de fille aimes-tu?”

    “Pourquoi?”

    “Je vais t’aider à trouver une petite amie.”

    “Ce ne sont pas tes affaires.”

    Bon sang, ça fait mal! Mais je suis habitué à ça maintenant.

    “Dis-moi!”

    “...”

    “Ok, alors hoche la tête ou secoue la tête.”

    “Une jolie fille?”

    Il secoue la tête.

    “Une fille intelligente et mignonne?”

    Il secoue encore la tête,

    “Riche?”

    et encore,

    “Ok, est-ce que tu aimes les filles au moins?”

    et encore,

    “Quoi? Tu aimes les garçons?”

    et il secoue toujours la tête.

    “Tu n’aimes rien du tout? Tu aimes les crétins ou quoi?”

    “Ouais, je t’aime bien.”

    Putain de merde! Cette putain de réponse!

    “La prochaine fois, dis juste que je suis un crétin au lieu de dire que tu m’aimes bien.”

    Qu’est-ce qui m’arrive en ce moment? Pourquoi mon cœur tremble-t-il?

     

    Le week-end est passé. La vie de Tine TheChic est toujours la même. Je suis avec le Star Gang, je joue de la guitare, j’assiste à certains cours et en sèche d’autres. Green me suit toujours comme une puce et dit à tout le monde que je suis content de ce qu’il m’a acheté.

    Sérieusement?

    Je parle à Prae presque tous les soirs, mais pour un court moment seulement. Pas parce qu’elle se couche tôt, mais à cause de Sarawat. Il m’appelle toujours et nous interrompt.

    Et maintenant, au lieu d’emmener une fille en rendez-vous chez le marchand de glace vendredi, je dois aller au club pour préparer quelques trucs pour l’Alter Ma Jeeb ce samedi. Prae est là aussi, mais elle part tôt pour aller au bâtiment de médecine. Je me retrouve avec... Green.

    “Tine, et si on faisait un spectacle tous les deux…”

    “Quel spectacle? Non!”

    “On leur montre notre amour. Les gens vont réaliser le grand pouvoir de l’amour.”

    “Je ne suis pas d’humeur, va-t’en.”

    “Quand changeras-tu d’avis?”

    “Quand arrêteras-tu de me harceler?”

    “Je ne peux pas.”

    “Tu m’épuises.”

    “Allez, ne t’énerve pas.”

    “...”

    “Et Sarawat? C’est ton ami? Vraiment?” Je ne sais pas où est Sarawat. Aidez-moi!

    “Ce ne sont pas tes affaires.”

    “J’ai vu que Sarawat n’est abonné à personne d’autre que toi. Mais ... il n’y a rien entre vous deux, non?”

    “Il me drague.”

    “Ne me mens pas. Tu as dit aux autres que vous étiez juste amis.”

    Après que Sarawat ait suivi mon Instagram, j’ai soudainement eu beaucoup de nouveaux abonnés qui m’envoyaient des messages privés. Ils ont presque tous posé des questions sur notre relation. J’ai copié et collé ‘Nous sommes juste amis’ à chacun d’entre eux, ce qui est probablement ce à quoi Green fait référence. Je commence à être à court d’idées. J’ai eu un faux flirt, un faux rendez-vous et j’ai même essayé de simplement l’ignorer, mais rien de tout cela n’a pu le faire renoncer.

    “Je vous ai fait venir pour tout mettre en place, pas pour vous asseoir et parler. Green, va chercher les tambours. Et toi, Tine, aide les autres à préparer les stands.”

    Dieu a envoyé M. Dissatat pour m’aider à m’éloigner de Green!

     

    Le festival de musique annuel de notre club, le ‘Alter Ma Jeeb Fair’, est l’un des plus grands de l’université. Il a lieu dans le stade en plein air. Nous l’organisons avec la faculté de musique et tout le monde joue de la musique alternative des années 80 et 90.

    Je traverse la scène principale qui est en train d’être montée par des étudiants de première et deuxième année. Je suis censé placer des bottes de foin qui serviront de chaises.

    Sarawat apparaît à côté de moi, me tapotant. “Aide-moi à choisir une chanson.”

    “Hé! Où étais-tu? Je ne t’ai pas vu.”

    “Entraînement. On a un match de foot qui arrive.”

    J’ai momentanément oublié que j’avais passé la veille à la répétition des cheerleaders pour la même raison.

    “Qu’est-ce que tu disais?”

    “Aide-moi à choisir une chanson.”

    “Quelle chanson?”

    “La chanson que je vais jouer sur scène.”

    “Pourquoi tu ne demandes pas aux membres de ton groupe?”

    Chaque année, beaucoup d’étudiants forment des groupes pour se produire pendant le festival. Le groupe de Sarawat est le représentant des étudiants de première année.

    "Donne-m'en juste une.”

    Il est toujours aussi agaçant, mais je passe quand même un moment à essayer de penser à une de mes chansons préférées. “Une chanson de Scrubb.”

    “Tu es la femme de Scrubb?”

    “Eh bien, à quoi tu t’attendais?”

    “J’ai besoin de chansons des années 90. C’est une fête de la musique alternative, d’accord?”

    “Mais les seniors ont dit qu’on n’était pas obligé de jouer des chansons des années 90, tout est bien.”

    “Alors choisis-en une.”

    “Scrubb.”

    “Non, une autre.”

    “Scrubb.”

    “Autre chose?”

    “Scrubb.”

    “J’ai dit non.”

    “Alors va demander à P’Aoy et P’Chod(4)!”

    “Qui sont P’Aoy et P’Chod? Tes mentors seniors?”

    Oh, mon Dieu... Je ne peux plus supporter sa tête d’idiot. Apparemment, il ne connaît même pas les émissions célèbres.

    “Oui, mes mentors. Mais elles diront Scrubb aussi.”

    Sarawat appuie un doigt sur ma tempe avant de se retourner pour repartir. Il est venu juste pour se disputer avec moi?

    Lorsque le festival de musique Alter Ma Jeeb commence, la musique forte et les lumières romantiques rendent l’atmosphère exactement comme dans les années 80 et 90. Je suis au milieu d’une foule d’étudiants en mouvement. Il y a des stands joliment décorés qui vendent des desserts et de la nourriture partout.

    Au départ, je suis venu ici avec mon Star Gang, mais nous nous sommes séparés pour faire nos différentes tâches: je dois aller installer un système de sonorisation derrière l’une des scènes, et eux doivent s’assurer que Green reste loin de moi. Lorsque nous avons fini de tout installer, je demande à Prae de m’accompagner pour acheter de la nourriture. Nous discutons pendant près d’une heure jusqu’à ce que le groupe de première année du club de musique monte sur scène.

    Sarawat est très beau aujourd’hui.

    Dès qu’ils s’avancent vers la scène, une foule de gens qui crient se forme rapidement autour d’eux.

    “Wheeeeeew! Sarawat!” “Sarawat est si beau!”

    “Viens ici, Sarawat! Je vais acheter tout ce que tu veux!”

    Les voix stridentes continuent. Prae et moi sommes repoussés de plus en plus loin, mais ça ne me dérange pas vraiment. Je peux encore distinguer clairement le grand type qui monte sur scène, une guitare à la main. Il porte un T-shirt blanc avec ‘Alter Ma Jeeb’ imprimé dessus.

    “Salut tout le monde! Nous sommes Ctrl S!” La voix suave de Thame, le chanteur de la faculté d’Architecture, fait hurler le public encore plus fort.

    Vous vous demandez peut-être qui a pensé à nommer un groupe ‘Ctrl S’. Je ne le sais pas non plus. J’ai entendu dire qu’ils avaient dit que Ctrl+S est le raccourci pour sauvegarder des choses sur un ordinateur, et le nom signifie qu’ils veulent être gardés sur votre disque dur pour toujours.

    “Je suis Thame, un étudiant en première année d’architecture.”

    CRIIIIIII!

    “Et à la basse, c’est Jan! Le pianiste, c’est Non. A ma droite, Sarawat, le guitariste!”

    “Wheeeeew! Sarawat! Awww!”

    “Et à la batterie, nous avons Boom.”

    Les acclamations bruyantes continuent et Thame présente la prochaine chanson alors qu’ils commencent à jouer les premiers accords de celle-ci, “Cette chanson est pour ceux qui sont tristes en amour.”

    “Moi! C’est moi! Je suis célibataire, Sarawat!”

    “Et ceux qui sont seuls…”

    “...”

    “Parfois on veut oublier quelque chose, mais les vieilles histoires ne disparaissent jamais... même en été.”

    CRIIIIIIIII!

    Ils commencent à jouer Reudooraun de Paradox. Le rythme fun fait danser tout le monde. J’espère que Prae dansera avec moi, mais je suis déçu.

    “Tine.”

    “Qu’est-ce qu’il y a?”

    “Je dois rentrer.”

    “Euh? Pourquoi? Tu as besoin d’un chauffeur?”

    “Ma mère arrive. J’espère que tu t’amuseras! A plus!”

     

    Je me suis perdu dans la foule, je suis tout seul après ton départ. Le ciel est différent de d’habitude. Un été sans toi ne sera jamais le même.(5)

     

    Je me sens seul pendant un moment jusqu’à ce qu’ils jouent la prochaine chanson, et je danse dessus. En plus de Reudooraun, Ctrl S joue une reprise de Kwan Jang La de Desktop Error et une chanson intitulée Korn du groupe Moderndog. Alors qu’ils sont sur le point de jouer leur dernière chanson, Thame fait râler tout le monde, “En fait, nous allons maintenant jouer une chanson suggérée par Sarawat…”

    “...”

    “...mais il n’a pas gagné notre dispute, donc, nous sommes désolés!” Thame rit.

    “Aaawww!”

    “Ne vous inquiétez pas! La prochaine chanson que nous allons jouer vous rappellera votre premier amour. Avant que le ciel soit clair, avant que la chaleur du soleil soit…”

    La dernière chanson se termine avec de belles notes se mêlant aux cris des fans de Sarawat. Les filles le filment de manière obsessionnelle. Quand c’est l’heure du prochain groupe, je me dirige vers les coulisses pour aider.

    “Vous avez faim?” je demande aux garçons qui descendent de la scène. Ils hochent tous la tête, sauf Sarawat, “Où est la nourriture?”

    “Je n’ai toujours rien acheté. Tu veux y aller?”

    “Oui.”

    “Viens.”

    J’attrape son poignet, mais il semble peu enclin à bouger.

    “J’ai vu ce qui vient de se passer,” dit-il.

    Je fronce les sourcils, prenant une seconde pour comprendre ce qu’il veut dire. Puis je réalise qu’il parle de Prae. Je m’énerve, “Tu sais très bien que j’essaie de la draguer, mais tu dois quand même faire semblant de me draguer. Green pourrait devenir fou envers elle.”

    “Tu flirtes avec moi, pas avec les autres.”

    “Arrête de dramatiser. Tu es censé me draguer, mais je ne te drague pas, d’accord?”

    “Je ne vois aucune différence.”

    “C’est juste pour faire semblant, ne prends pas tout ça si sérieusement.”

    Sarawat est silencieux. Je tiens à nouveau sa main comme si j’étais sur le point de m’excuser. Comment en suis-je arrivé là? Je suis sur le point de demander le pardon d’un lion!

    “Je veux manger des boulettes de viande.”

    “Alors achètes-en.”

    Quoi? Pas besoin d’être si grincheux! Tu es ma femme?

    “Paye pour moi, s’il te plaît!”

    “Où sont tes amis?”

    “Fong se fait faire un tatouage. Puek prend des photos de la nourriture pour les partager sur sa page. Et Ohm est là-bas.” Je désigne l’homme qui est maintenant en train de rire parmi un groupe de filles. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait de Green, mais je ne le vois nulle part. Puis je le repère à côté de P’Dim, tenant un tambour.

    “Bon. Alors allons-y.”

    Je lance un regard dans sa direction, “Tu n’as pas joué la chanson de Scrubb.”

    “Non.”

    “C’est pas grave. Thame a une belle voix, alors je te pardonne.”

    “Pourquoi?”

    “Hein? Tu ne penses pas que c’est un bon chanteur?”

    “Pourquoi?”

    “Je pense qu’il a fait un très bon travail.”

    “Pourquoi tu n’arrêtes pas de l’admirer? Je suis juste là!”

    “Quoi? Tu es un enfant? Pourquoi as-tu toujours besoin d’être rassuré en permanence?”

    Il repose ses yeux sur moi avec un air indifférent.

    “Celui-là! Celui-là!”

    Je tapote l’homme à côté de moi alors que je m’arrête devant un stand de boulettes de viande.

    “Combien?” demande la vendeuse.

    “Sarawat, combien tu en veux?”

    “Deux.”

    “Je peux en avoir quatre alors?” Je commande, en essayant de ne pas remarquer que la vendeuse et ses amies ricanent. Elle met sept boulettes de viande dans le sac.

    “Euh, j’ai dit quatre.”

    “Ah! C’est gratuit pour Tine et Sarawat.”

    “Merci!”

    “Mais... Je peux prendre un selfie avec Sarawat?”

    Je me sens plutôt stupide en regardant l’homme à côté de moi. Il garde toujours le même visage apathique.

    “Sarawat.”

    “Quoi?”

    “Elle veut un selfie avec toi.”

    “J’ai besoin de chier. Je vais aux toilettes.”

    Attends, quoi? Je dois m’excuser au nom de Sarawat quand il tourne les talons et disparaît. Je le trouve assis sur une botte de foin près d’un stand de Pad Thai. “Voilà tes boulettes de viande. J’ai dû toutes les payer à cause de toi.”

    “Bien sûr. En fait, tu dois payer quand tu achètes des choses,” il ricane.

    “Tu me fais toujours honte. Boulettes de viande. Musique. Tout le temps.”

    “...”

    “Où est ma chanson de Scrubb?”

    “Peu importe.”

    Je devrais être habitué à être grondé par lui maintenant, mais je ne le suis pas. Je m’assois à côté de lui pour manger nos boulettes de viande, mais je remarque une fille un peu plus loin de nous. On dirait qu’elle est sur le point de prendre un selfie, mais il n’est pas difficile de voir ce qu’elle est en train de faire.

    “Hé, cette fille est en train de prendre une photo de toi,” je dis à Sarawat et il se retourne pour la regarder.

    “Awwwww!” Elle éclate de joie, et je fronce les sourcils. “Sarawat a souri! Il m’a souri!”

    “Pourquoi aurais-tu souri?”

    “Tu m’as dit qu’elle prenait une photo.”

    “Mais tu as refusé de prendre une photo juste avant, non?”

    “Je veux cette photo.”

    “Quoi? Pourquoi? Tellement de gens te taguent sur Instagram tout le temps et tu ne te soucies jamais de ces photos, pourquoi voudrais-tu celle-là?”

    “Parce que tu es dessus avec moi.”

    “...”

    “C’est difficile de trouver une photo de nous où tu n’essaies pas de poser.”

    “...”

    “Tu es mignon.”

    BADUMMM!

    Mon cœur est en train de battre la chamade.

     

    J’ai survécu à la quasi-crise cardiaque. Les amis comme Sarawat me fatiguent vraiment. Il flirte avec moi même quand Green n’est pas là.

    Nous passons notre temps à manger pendant presque tout le festival. Le dernier groupe, celui de P’Dim, se prépare à jouer. Il mène son groupe Smoky Bite sur la scène. Sarawat et moi essayons de nous insérer dans la foule pour écouter le dernier groupe ensemble.

    “Salut, les gars!” Le chanteur salue le public qui répond bruyamment par des cris. Il présente les membres du groupe avant qu’ils ne commencent à jouer. Nous dansons au rythme de Sqweez Animals et bougeons lentement notre corps sur une reprise d’une chanson de Pruu. Ils ne jouent que dix minutes, mais ce sont les dix meilleures minutes de ma vie.

    “Ce sera notre dernière chanson…”

    Je n’entends plus ce que dit P’Dim, car Sarawat me tape doucement sur le bras. Je tourne la tête et fronce les sourcils quand je vois qu’il tend un écouteur vers moi.

    “Tu as dit que tu voulais écouter une chanson de Scrubb, non?”

    “Euh, ouais? Mais tu ne l’as pas jouée.”

    “Mes amis ont refusé.”

    “Je sais.”

    “Et maintenant le festival est presque terminé…”

    “Ouais?”

    “Viens, on va écouter Scrubb ensemble.”

    Il met l’écouteur de droite dans sa propre oreille et je prends l’autre pour le mettre dans la mienne. Le groupe joue sur scène, mais je ne les entends pas vraiment. Tout le monde autour de nous chante en même temps que leur musique. Sarawat et moi nous balançons doucement au rythme de la chanson dans nos écouteurs.

    Nous sommes les seuls à l’entendre.

    C’est la chanson Everything. Je reconnais l’intro.

     

    “Tout le monde chante ensemble! Agitez vos mains!”

    Sarawat chante comme P’Dim nous le dit, mais il chante notre chanson.

     

    “Je ferai tout... pour que tu te sentes au chaud dans ton coeur

    Nous venons de nous rencontrer, mais juste regarder dans tes yeux

    Me permet de savoir comment les choses seront

     

    Peu importe qui tu aimes, regarde-moi

    C’est tout, c’est tout ce qu’il faut pour me rendre heureux.”

     

    Je chante avec lui.

     

    “Je me fiche de qui tu aimes, la réalité n’a pas d’importance.

    Tout ce que je sais, c’est que tu es la seule dans mon coeur.(6)

     

    C’est ainsi que j’ai finalement pu écouter Scrubb au festival de musique Alter Ma Jeeb.


    Notes

    (1) ‘Sauvez l’eau, buvez de la vodka’

    (2) Kra Phao: plat thaï de poulet au basilic

    (3) En Thaïlande, c’est respectueux d’appeler les parents de quelqu’un d’autre “Mère” et “Père”. C’est l’équivalent de “Monsieur” et “Madame” en français.

    (4) Présentatrices de l’émission Club Friday.

    (5) Paroles de “Reudooraun” (Summer / été) de Paradox

    (6) Took-Yang” (Everything / tout) de Scrubb


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